exercice philosophique - Épicure

 

 

Épicure

Situation :
(un siècle après la mort de Socrate, 400avJC) en 300avJC, Épicure a 40ans (il est contemporain de la fin d'Aristote - Epicure a 20a - et naquit peu après la mort de Platon) - instruit de Platonisme auquel il s'oppose, il est plutôt aristotélicien et surtout démocritéen.

En 300avJC, un Zénon également fonde le Stoïcisme
(non pas le Zénon pré-socratique qui déjà désigne la
supériorité de la philosophie dans le mépris de la mort)

Conceptions :
Ataraxie (absence de trouble), conceptualisé par Démocrite (commun à l'épicurisme, au stoïcisme et au scepticisme) qui fait la nique au Clinamen (la dérive des atomes, associable au drive pulsionnel).
 

 

par DWT

 

   On m'a demandé de parler de La Mort à travers la lecture d'Épicure. Épicure en parle, en effet - à la différence des Stoïciens qui disent qu'il faut s'y préparer - disant qu'il faut l'ignorer, mais 'ignorer' non pas dans le sens d'une négligence, mais parce qu'elle n'a d'existence que par la peur qu'elle inspire [*d'Épicure d'après Lucrèce]. A Ménécée il écrit : <<Accoutume-toi à penser que la mort avec nous n'a aucun rapport>> {sans rapport, il n'y a plus de désir d'immortalité concevable et, de là, nul temps inaccessible}

   A ce point, nous pouvons actualiser Épicure à l'argument de Lacan qui table qu' il n'y a pas de rapport sexuel.
  
Mais nous n'observerons pas le paradoxe de Lacan tant que nous n'aurons pas actualisé Épicure plus profondément, à l'heur de Freud et sur le principe de plaisir.

   A Ménécée écrit-il encore <<Le plaisir est le principe et la fin de la vie>> {..de la vie bienheureuse, précise-t-il}. A partir de ce point, nous pouvons raccorder Épicure au 20em siècle.
   Si nous le joignons à Freud, Épicure ne dispose-t-il cependant aucun Principe de Réalité au-delà de celui du Plaisir, mais il théorise cet unique principe de plaisir à la condition du langage et de la répétition. Bien que dans le peu de documentation directe restant d'Epicure, il y ait peu de référence à la 'prénotion' - ou prolepse - il est clair par ce qu'on en sait par ailleurs, que fut essentiel à sa philosophie ce prolepse qui rejoint intégralement la catégorie du Signifiant selon Lacan (et son principe d'assertion anticipée) jointe à une représentation de la sensation qui perdurera jusqu'à l'Occultisme de Rudolph Steiner.

   a) Qu'y a-t-il donc, alors, qui distingue Épicure des plus modernes contemporains?
   A vue de nez peut-on répondre : la notion de mort ; car ces modernes ne la traitent pas pour l'ignorance mais la destinent à une loi fondamentale (Freud/Pulsion de Mort).
   Allons plus profond encore dans l'Antiquité, à résoudre cette énigme par les racines d'Épicure ; nous trouverons en Égypte, un millénaire avant, l'Atonisme qui pose le même traitement, par l'ignorance de la mort, aussitôt suivit du premier monothéisme nominal qui engage au contraire le Ministère de la Mort. Il y aurait donc une piste de résolution dans l'identification de Moïse. Comme elle est en travaux et fermée par la politique, nous passerons par une autre. Nous nous servons alors de la notion d'âme qu'Épicure prend, par contre, au sérieux.

   Pour Épicure, l'âme est une notion physique. Elle est faite d'atomes entretenus avec le corps. Lorsque le corps se décompose, l'âme se désagrège avec. Cette notion n'est pas du tout en accord avec la pensée moderne - non pas que les modernes désavouent la notion d'âme comme Épicure désavouait celle de la mort ; mais du fait que les modernes conservent la notion d'âme, maquillée en terme de psychisme (Freud, avant d'intituler sa méthode psychanalyse avait pensé l'appeler analyse de l'âme) et qu'ils réfutent, sinon qu'elle se décomposât, qu'elle fut tant conditionnée au corps qu'elle ne lui pré-existât pas (Lacan affirme la notion du sujet préexistant à sa naissance dans l'Autre). L'âme, du point de vue contemporain, désigne quelque chose qui perdure au travers de l 'Autre - ainsi que décrite par la science de l'occulte, qui perdurant au travers du corps psychique - et survivant à l'agrégat, autrement dit au corps sensoriel épicurien.

  Mais si encore cette chose dure-t-elle, reste-t-il à déterminer si c'est quelque chose de dur, de physique ou matériel. A cette dernière question nos modernes répondent par la négation. Nous aboutissons donc à cette croisée : pour Épicure, l'âme est une notion physique, mortelle - de nos jours l'âme est une notion métaphysique, immortelle ; elle ne se désagrège pas après la décomposition du corps et on fait bien d'y faire attention pour le jour qu'on la relâchera, pleine de qualités dans l'Autre monde. Évidemment le lecteur de ma lecture aura bien compris que j'arrive à une conclusion oiseuse, sinon ironique, voire catholique. Sommes-nous donc passés de la philosophie à la religion? et n'avons-nous su répondre à Épicure, ou d'Épicure, qu'en le niant doublement : «l'âme n'est pas physique & son être est immortel?» A ce questionnement il est possible de répondre différemment.

   Au lieu de rompre intégralement avec la tradition épicurienne et/ou philosophique, il est tout à fait possible de b) garder un lien affirmatif et continu à Épicure tout en corrigeant certaines de ses bévues. En gardant ce lien, nous gardons une continuité dans l'histoire intellectuelle qui est autre que dénégation ; et la correction de sa bévue se fait de la sorte : l'âme peut être une notion physique et la science fait en sorte qu'elle soit immortelle.
   Cette assertion est très épicurienne - si elle est immortelle, l'âme est propre à suivre et garantir le précepte épicurien de négliger la mort. Mais encore faut-il que l'on démontre cette capacité d'immortalisation qu'offrirait la science. C'est, à ce qu'il me semble, possible. Il n'est pas vain de s'attarder et de tenir à la notion épicurienne et de Démocrite son prédécesseurs, tablant de la physique sur la notion d'atomes. Peut-être ceux-là sont-ils réductible à un vide quantique, mais leur capacité d'agrégation en molécules fixe aussi bien leur existence qu'une prolepse. Ils en font la démonstration dans la molécule dénommée ADN, qui illustre le principe du gène, ce dernier réglé par une Loi, mémétique, mise à jour par les darwiniens, et cette loi rejoignant celle du Signifiant. En bref la génétique défend-elle mieux que tout avocat, mais par sa preuve même, la notion d'âme épicurienne. Il ne reste alors, pour conclure cette démonstration par le bon sens, que la preuve par l'expérience que l'ADN soit immortel, ou immortalisable. C'est cette preuve que nous venons d'acquérir depuis une dizaine d'années avec la Cybernétique. Nous pouvons donc absolument donner raison à Épicure, à ceci près que le soin de l'âme n'est plus de combattre le trouble de la pensée (ataraxie) mais de maintenir la fonction de la mémoire (art de la mémoire).