ppp

http://www.lasainteethique.org/psybakh/2012/htm/pleche-presence-philo.htm#20120731104000

 
 
 
 
 
 
 
 
   En réponse (à Jean-Marc) sur cette "race utopique". Le 'grand homme' dont parle Sénèque est probablement le même qui fait l'interrogation ultime de Freud quand il annonce, au terme de sa carrière, qu'il n'a pas réussi. La psychologie collective est selon lui, restée hors d'atteinte. Il soupçonne que la clé de ce domaine soit dans la psychologie du 'grand homme'. Pour suivre la prescription de Freud généralement négligée par ses disciples, j'ai abordé la psychologie collective en fonction de la cybernétique qui l'envahissait. La psychologie du grand homme est alors simplement devenue une psychopathologie banale. Mais tandis que de ce côté la question se dégonflait, le problème émergeait de l'autre. C'est dans mon livre de synthèse (La Sainte Ethique) que je l'ai traité.

   On admet que l'être humain n'existe qu'en reconnaissance respective avec d'autres semblables. Si nous faisons nôtre cette ontologie nous devons l'envisager au regard de l'espèce. L'idée darwinienne ne suffit pas à cette reconnaissance parmi les animaux. La prétention que nous puissions reconnaître Homo Sapiens est un affront à la logique. Homo Sapiens ne peut pas se connaître de lui-même. Il aura fallu ruser...
   Avant cet affront, à partir du moment où l'être humain s'est considéré distinct dans la nature, il a trouvé une solution saine : sans autre, l'être était "fils de..". Mais cette solution n'était qu'un pis-aller (un pari, dira Lacan, du père au pire). Sans autre qu'elle-même, l'espèce humaine ne pouvait que vivre d'une identité utopique. Certes Sapiens était né - la science l'a déniché - mais il ne le savait qu'au motif d'une race utopique. La psychologie individuelle décline très bien cette constitution qu'on appelle le Stade du Miroir. Elle nous apprend aussi que lorsque Homo Sapiens a été identifié, son utopie pré-réflexive n'a pas été dénoncée, mais qu'elle devait être refoulée.
   Tous ces processus se passent donc avant la conscience et/ou dans l'Inconscient. Avant la conscience d'Homo Sapiens et de sa tronche de singe, sous la nomination des fils l'image nécessaire au 'moi' était indiquée au motif du grand homme et manifestée par l'homme au pouvoir. Cette preuve incarnée de l'espèce humaine n'était pas encore défiée, jusqu'à ce que le darwinisme n'arrive à fournir suffisamment cette preuve au motif de chaque bipède mammifère capable de frotter des cailloux. A l'aube de la modernité, chaque individu devenu sa propre preuve, la distinction de l'espèce n'en restait pas moins sans reconnaissance ; l'homme au pouvoir qui (sous le couvert de la religion) n'avait été jusqu'alors que le faire valoir (du 'moi' de la race utopique) allait devoir l'incarner. En théorème dudit Stade du Miroir, cette phénoménologie est aussi attestée par la psychologie individuelle au titre de ce qui surgit, dit-on, parfois dans son réel. Cette race utopique avant qu'à la conscience, forclose aux premiers regards, est devenue réelle avec les temps modernes. Mais il ne faut pas trop vite déclarer que l'homme au pouvoir qui en faisait l'alibi maintenant la constitue (paranoïa de l 'élite) ; car en tant que 'représentant' de la race utopique maintenant bien affirmée - autant qu'on peut affirmer une hallucination - c'est toute la civilisation qui s'identifie au chapitre d'Homo Pouvoir.
   Homo Pouvoir est donc ce qu'on appelle un syndrome. Puisque c'est, par constitution, le refoulé d'Homo Sapiens, je me suis permis au terme de La Sainte Ethique de l'appeler par son symptôme, seul apparent et toujours désavoué, en l'écrivant «homopouvoir». Psychanalytiquement, l'homopouvoir, c'est grosso-modo l'image du moi de la personne humaine contemporaine. Il y a des graphes et formules, principalement de Lacan, qui fondent ou appuient sa démonstration. Et pour finir, j'en ai déduit dans La Sainte Ethique, qu'il allait être dissipé par la cybernétique en même temps qu'elle le mettait en lumière. En résumé, on peut se fixer sur cette idée qu'une personne ne peut se représenter elle-même et qu'en sachant que notre espèce est Homo Sapiens, nous ne pouvons au mieux que refouler quelqu'autre que nous serions (à moins qu'une réalité virtuelle nous seconde, comme un miroir en son temps fut, pour chacun de nous l'instrument de service. Dans ce cas que la cybernétique fournit, la nosographie de l'homme au pouvoir est disponible).

DWT@20120812103500

Jean-Marc GHITTI jean-marc.ghitti@wanadoo.fr
13:02 (Il y a 7 heures)

à moi, FEUERSTEINBert., christianefont., nathalieaurand, descours, jeanlucpleche
Juste une brève réaction avant d'y penser davanatage.

Tout en demandant à William de préciser ce qu'il entend par "race utopique", je réponds à Bertrand que la liberté individuelle n'est peut-être qu'un leurre dans la mesure où la pastorale écclésiale, qui est l'avant dernière forme massive de direction des consciences (avec prescritions alimentaires, sexuelles, relationnelles, etc.) a été supplantée par une pastorale moderne, qui se veut effectivement du mot-dernier sur l'homme occidental, qui passe à travers la publicité, les magazines, la télé et autres vecteurs de contionnement des masses où se trouvent subtilement mais massivement prescrit tous les aspects de la vie humaine, du comportement sexuel le plus intime aux vêtements qu'il faut porter selon les modes, aux loisirs qu'il faut avoir, aux mots qu'ils faut prononcer, jusqu'à la prescripition des bonnes valeurs et des bonnes pensées.

Cette pastorale médiatique, qui s'illustre chez la plupart des gens qu'on rencontre, prospère d'exclure évidemment la philosophie telle que la concevait Sénèque. Par quoi l'on voit, pour répondre à Thérèse, que le métier d'homme est l'un de ces métiers obsolètes, comme celui de souffleur de verre à Murano par exemple (clin d'oeil à Nathalie), rendus caduques par l'industrie de vivre qui standartise tellement nos contemporains.

Les effets psychiques de ces dispositifs de pouvoir et de la domination, qui font que l'homme est moderne sans le savoir ni le vouloir (réponse à Thérèse), et qui font que la vie privée (réponse à Thérèse) est un leurre où l'imperium tente de se dissimuler (d'où le projet de GERMES) sont évidents. Parmi ceux de ces effets qui m'ont le plus frappé ces derniers temps, dans mes relations personnelles, j'en cite deux. Le premier tient aux métamoprhoses du sur-moi contemporain. La loi prend désormais la forme (à vrai dire très contraignante et mortifère) de l'injonction de jouir et de l'injonction du développement personnel (avec ce que cela comporte de narcissisme et d'individualisme). Si vous voulez une illustration de cela sans quitter le Puy, allez à la Biocoop d'Aiguille et voyez la "culture" new age qu'on y diffuse. Le deuxième effet se donne dans une féminisation des relations sociales, mais il serait trop long ici de la développer. En tout cas, ce développement va dans le sens de ce que dit William: aux yeux du pouvoir, tout ce qui résiste relève du symptôme tandis qu'aux yeux du résistant le pouvoir n'est qu'une folie de masse. La psychiatrie a bien de quoi être perdue puisqu'elle est née et qu'elle est institutionnellement destinée à renforcer la domination. On est bien tous le fou de quelqu'un mais entre la folie des uns et celles de autres passe la ligne de la Domination. En tous cas, c'est peut-être ces effets psychiques de la pastorale médiatique qui nous rendent Sénèque inactuel.

Maintenant, je ne sais pas si je peux croire, à l'instar de William, que la révolution d'internet est susceptible de changer la donne et de nous faire sortir de l'imperium, dont on vient de discerner un visage : celui de l'imperium californien colporté par le new age. En réalité, il ne s'agit pas de croire ou pas, mais de l'éprouver, et précisément par l'expérience de ce modeste échange que nous mettons en place entre nous. Peut-il ouvrir un espace de dissidence, où le stoïcisme de Sénèque retrouverait une actualité ? C'est l'enjeu qui justifie le temps que nous y passons.

 
Bonjour,

   Je remercie Bertrand pour faire part de ses doutes ; je m'étais moi-même bloqué en ayant écrit un post avant de me retenir de l'envoyer. Je me rendais compte d'un décalage. Le questionnement de Bertrand vient à propos. Il se demande si Sénèque & Lucillius ne sont pas "à côté de la plaque" ou si ce n'est pas nous en notre temps qui introduisons ce décalage. L'impression d'un décalage quant à moi était également double - ou bien moi vis à vis de Sénèque ou moi vis à vis de mon temps. Comme Bertrand ose le dire, je suis poussé à m'exprimer aussi. Je le ferai en m'appuyant sur cette actualité et deuxièmement en reprenant le fil au moment où je le perdais.

   Nous avons l'opportunité d'être modernes - j'emploie ce mot 'moderne' dans son sens de "mot dernier" ; autrement dit, ou bien nous n'en avons plus pour très longtemps et ce sera nos derniers mots - ou bien nous pouvons commencer à parler. Il n'y a pas de dernier mot en effet qui n'ouvre à la vérité. Lorsque j'ai débuté ma carrière de modernier, il était très difficile d'y croire et j'en doutais en colère d'avoir un si mauvais jeu. Puis en une dizaine d'années (de 1985 à 1995) s'est produit ce qu'on pensait devoir prendre au minimum cent ans. Encore dix ans et j'étais dépassé et je rejouais un coup plus extravagant que jamais: en 2007 je me préparais pour ressusciter dans un monde virtuel. Je pensais m'être enfin débarrassé de tout espoir.
   Le montage que je dessinais devait me permettre de rencontrer Képler, l'astronome. Ce n'était pas ma préoccupation première mais je la mentionne car elle explique la raison pourquoi j'en parle ici ; nous devons nous préparer à rencontrer Sénèque beaucoup plus précisément qu'en lisant ses textes. Je me permets également de le dire parce qu'un organisme récent publie le programme daté de l'aboutissement de ce projet (http://2045.com).

   Ce qui nous concerne dans l'actualité relève de la résistance. Mon serment professionnel m'a dicté d'y concentrer mon attention. Jean-Marc confirme ce que j'ai observé. Mais de mon point de vue médical, j'objecte à ce que l"imperium soit implacable. Comme je suis voué à en guérir, je n'ai pas de meilleur objectif que le discours qui déclare être sans prise avec ledit 'impérium'. C'est pourquoi la psychologie, psychiatrie ou psychanalyse, rejoignent la philosophie. Au moins des trois 'psy' la psychanalyse s'habilite à cette thérapie du monde. Comme l'article de Jean-Marc y pointe il s'agit d'un traitement du gouvernement - et comme il l'écrit il passe par la compréhension des lois de la domination. Cette compréhension réalisée (au minimum Lacan/Discours du Maître) il aura fallu établir un diagnostique. Lacan aura été trop vague avec sa "fondation paranoïaque de la connaissance humaine". Je crois être parvenu au pas suivant - mais il m'aura fallu décrire un syndrome, celui d'une race utopique. Cette notion vient à la place de l'Utopie, qui reste une cause imaginaire comme il se doit ; par contre une race utopique habite certainement la notion réelle de l'autre. Je lui ai donné le nom d'Homo Pouvoir. Il s'agit d'une fiction d'Homo Sapiens. L'appel à une fiction d'Homo Sapiens au demeurant est une nécessité logique - mais j'ai pu la garantir de la nosographie psychiatrique qui s'applique à l'homme au pouvoir. C'est donc en terme de symptôme que ce dernier livre enfin sa clé. Il la livre objectivement, pour qu'on s'en délivre ; mais à l'instant présent de ces phrases que j'écris c'est à Sénèque qu'il faut venir.

   Une inégalité entre Sénèque et Lucillius dont parle Bertrand rejoint le refus de Sénèque d'identifier Lucillius comme son ami - ainsi que Jean-Marc l'a noté. C'est bien l'homme-au-pouvoir que Sénèque indique lorsqu'il prescrit régime alimentaire et tenue vestimentaire, indiquant même qu'il en jouit «je me plais tellement à éprouver la fermeté de ton âme que, comme de grands hommes l'ont prescrit, à mon tour je te prescrirai d'avoir de temps à autre certains jours où te bornant à la nourriture etc.. (lettre.XVIII)» ; bien plus tard Freud se demandera encore quelle est la psychologie du "grand homme"? A ce propos le diagnostique de la psychiatrie était encore à vérifier (par le gouvernement par les machines), mais Sénèque en continuant et critiquant la jouissance, dans cette lettre appelle alors au moins à la fraternité.

DWT

de: FEUERSTEIN Bertrand PREF43 bertrand.feuerstein@haute-loire.gouv.fr à: Jean-Marc GHITTI <jean-marc.ghitti@wanadoo.fr> cc: christiane fontvieille <christiane.fontvieille@laposte.net>, nathalie aurand <nathalie.aurand@wanadoo.fr>, williamtheaux <williamtheaux@gmail.com>, descours <descours.therese@wanadoo.fr>, jeanlucpleche <jeanlucpleche@live.fr> date: 10 août 2012 14:56 objet: Re: groupe de philosophie morale envoyé par: haute-loire.gouv.fr

Bonjour

Je m'étais fixé comme objectif la lecture de 5 lettres par jour avec des relectures pour certaines.

Cependant j'ai du mal depuis quelques jours à poursuivre la lecture et ce pour plusieurs raisons :

1) Il n'est nullement question dans les lettres de discuter de points de doctrine et ce n'est d'ailleurs pas l'objet d'une direction de conscience : mais Lucillius peut il être qualifié de philosophe ( celui qui aime la sagesse .. et qui donc la recherche comme un amoureux sa bien aimée...) s'il n'a pas reçu préalablement une formation philosophique ?. On peut en douter et si la réponse est non quelle valeur alors accorder à sa conversion au portique ? . .. ou plus largement à la philosophie?.Et dans ce cas quelle inégalité entre Sénèque et Lucillius !

2) Les conseils de Sénèque vont très loin pour régler la vie de son correspondant : comment se comporter lors d'une fête populaire , comment se vêtir , que manger etc... cela déconcerte, très ( trop,? ) attachés à ce que nous nommons liberté individuelle.

bertrand

    20120806154000   En précisant deux trois choses sur la cybernétique, une série d'information plus large pourra résulter. «La transparence totale qui consiste à tout confier à Internet» ressemble bien à la protreptique cynique mais elle a aussi une raison scientifique que j'ai traitée ../../../leparti/2012/htm/20120623170700_transparence_0.htm à l'adresse de politiciens, car elle a aussi sa raison politique. "Tout confier à Internet" n'est qu'un acte de conscience - car avant d'y tout confier, Internet aura préalablement permis aux polices de tout enregistrer. Cacher quoique ce soit sur Internet est, sans aucun déplacement, strictement la même chose que de porter le voile dans certaines cultures - ce qu'il faut réaliser pour admettre que c'est pour de très nobles raisons. Le port du voile est certainement respectable, autrement ce serait intégriste de ne pas le tolérer. Les bonnes raisons que certaines cultures garantissent en portant un voile sont celles qui soustraient de l'exposé public ce que l'Etat surveille. La culture particulièrement qui se dénomme "démocratie" répond à une gestion du Savoir Collectif (qui est la gestion de la démocratie et de la science) quand la surveillance est enchaînée à la manipulation et à la propagande. Pour ne pas arriver à l'esclave qui est immédiatement suivant, une politique de sou-veillance a été proclamée, d'abord par des artistes puis éventuellement par des positions politiques. Puisque nous sommes surveillés par la partie policière d'un système déshumanisant, nous pouvons soit refouler cette prise de conscience et nous en remettre à Dieu, soit en prendre acte par l'exposé intégrale de ce que le regard inquisiteur voudrait partialiser. Il convient pour ce faire de tout exposer et de l'exposer à tous.

   A la fin du dossier sur la Transparence (lien ci-dessus) j'indique les règles à disposition monacale si besoin. Mais la religion n'est pas nécessaire pour la même prise de conscience puisque les Stoïciens cyniques ont montré cette tenue de la raison philosophique. Cependant il est une mise à jour qu'il faut vérifier. A côté des stoïciens modernes les Sophistes ont également réglé leur comportement ; ce dont la psychanalyse a alerté en annonçant Un Nouveau Sophisme.
   Comment ne pas d'abord douter qu'on puisse introduire quelque chose de 'nouveau' dans l'ordre aussi fréquenté de la pensée et depuis si longtemps. C'est certainement impossible et la suite montra qu'en 1945 Lacan s'était abusé, avant qu'il ne révèle lui-même en 1972  un blason milanais de la Renaissance où son "assertion de certitude" avait été au moins anticipée. Que reste-t-il de 'nouveau' dans la clé que la psychanalyse apporte dans le trousseau du Temps (puisque ce 'nouveau sophisme' réglait pour Lacan Le Temps Logique)? Puisque rien n'a changé avec la psychanalyse, il faut le trouver dans ce qu'elle a refoulé.

    La troisième information qui puisse nous servir, tient d'un élève de Lacan, milanais précisément. Puisqu'au moment où il faisait jaillir la psychanalyse dans une véritable transformation du monde, il fut arrêté et emprisonné jusqu'à ce qu'il faille à l'Europe dire à l'Italie qu'il fallait cesser cette condamnation infondée, nous sommes, du reste, fondés à chercher là ce refoulé, autrement que par ces bizarreries inapparent. Cet élève disputait à Lacan la découverte d'une identification de l'être humain qui n'avait pas été précédemment apparente. Et celle-ci - contrairement au sophisme - pouvait être qualifiée de "nouvelle" - d'abord parce qu'elle est objective et ensuite parce qu'on en connaît la cause. Une fois l'identification au signifiant, à l'idéal ou à l'imago, déchiffrée, la psychanalyse nomma "semblant" qui allait motiver la suivante. Or cette identité n'apparaît qu'avec la cybernétique - comme par exemple la vision des lunes de Jupiter n'apparaît qu'avec la lunette astronomique. Lacan l'a refoulé et son élève, Verdiglione, a été interdit - la psychanalyse s'arrêtait à la séduction (Transfert) notée par Jean-Marc déjà des sophistes.

   Cependant cette rapide histoire apporte une réponse à sa question ; à qui s'adresse la parrhésia ? Dans la circonstance Internet, elle s'adresse à ce qui est nouveau. Mais c'est aussi à ce qu'on refuse (la surveillance Internet est placée pour empêcher toute nouveauté d'intervenir). Puisque le vrai s'adresse au nouveau qu'on refuse, il ne saurait s'adresser qu'au futur (le lieu où la résistance est dépassée). C'est sans doute pour ce type de raison que Sénèque s'adresse encore à nous. Mais les trois lettres de Jean-Marc rappellent également la vitesse. La sou-veillance dont je fais l'expérience permet de parler, non seulement de tout exposer mais forcément, de dénoncer. Je ne savais pas que la philosophie n'avait pas de prise sur l'impérium. Avant qu'au futur, la sou-veillance saisit la psychopathologie du leader, de l'homme au pouvoir qui prescrit la surveillance. La catégorie psychiatrique du crétinisme est appelée, précisément à cette place. La gestion écologique par les responsables (des nations) n'a pas besoin de cette spécialité pour qu'on le sache - mais c'est la puissance de la médecine qui est appelée pour en guérir. Ainsi le franc-parler ne s'adresserait-il qu'au futur, intervient au présent du message au surveillant qu'il révèle, incapable d'entendre.

de: therese descours descours.therese@wanadoo.fr à: William Theaux <williamtheaux@gmail.com>, FEUERSTEIN Bertrand PREF43 <bertrand.feuerstein@haute-loire.gouv.fr> cc: Jean-Luc PLECHE <jeanlucpleche@live.fr>, nathalie.aurand@wanadoo.fr, Jean-Marc GHITTI <jean-marc.ghitti@wanadoo.fr>, christiane.fontvieille@laposte.net date: 5 août 2012 18:26 objet: Re: groupe de philosophie morale

bonjour
l'idée de Nathalie de copier coller pour ceux qui savent le faire est une bonne idée ...je n'ai qu'un petit poche pour les lettres ,quelle est votre reference.?je n'ai pas tout suivi ,lu(4871 mails don,t 2081 non lus!) et ne peux repondre à tout préferant pour cela le rapport direct (ai du mal avec les mails, la "machine" ,...°...pas "moderne"!!?
je ne comprends pas tout (developpements sur Huxley et Wells) mais c'est à l'intervention de Bertrand que je veux réagir d'autant plus qu'il me cite!
je suis d'accord et j'aime beaucoup l'expression "le métier d'Homme", le "chemin de l'Homme) qui me parait effectivement nondependant du temps et des techniques...ni de la science et des savoirs...et qu'au contraire , la complexité des savoirs, l'envahissement des machines nous entravent plutôt...nous éloignent souvent de l'essentiel...(il y a plus à ôter qu'à ajouter...)
ce n'est pas à la psychiatrie de faire de la direction spirituelle ...et cela ferait sauter au plafond la majorité de mes confréres...mais en tant qu'"Homme" en chemin, "Personne" je suis entière ,corps , âme ,esprit (pour certains :seul corps intellect),en face de l'autre en face de moi...donc , parfois , si lui aussi est avec son esprit en quête , nos deux esprits se rencontrent(pour moi :âme = psyché, esprit = spiritus)...et eventuellemnt dialoguent...
autre aspect : pour moi , certains
troubles psychologiques sont secondaires à un trouble de l'esprit ...si cela n'est pas identifié...tous les medicaments et entretiens vont chroniciser le trouble...l'entretenir...tiens! l'entretien entretient!!!
j'aimerai lire la lettre concernant la Nature et le temps ...d'où besoin de la reference du livre complet à votre disposition...

je ne serai pas le 11 avec vous ...et l'exercice par intermediaire de l'ordi n'est pas tres confortable pour moi...je demande indulgence par avance!

cordialement

de: Jean-Marc GHITTI jean-marc.ghitti@wanadoo.fr répondre à: Jean-Marc GHITTI <jean-marc.ghitti@wanadoo.fr> à: date: 5 août 2012 11:09 objet: parrhésia

A la lettre 29 du livre III, Sénèque évoque un ami, Marcellinus, qui ne vient plus guère le voir parce « qu’il appréhende d’entendre la vérité ».

Au début des années 80, lorsque j’allais écouter Michel Foucault au Collège de France, il avait introduit dans ses cours la notion de « parrhésia », à savoir le « parler franc » du philosophe, en se référant précisément au stoïcisme. Est-ce que la parrhésia est ce qui fait peur chez le philosophe et ce qui risque de détourner les autres de lui ? Pratiquer la parrhésia, est-ce s’exclure ou s’extraire du jeu social ? Ou est-ce les autres qui s’excluent et s’extraient de la parole de vérité au point de bannir celui qui parle ?

Sénèque en profite pour s’expliquer avec les Cyniques à qui il reproche de trop user de la parrhésia : « à propos de Diogène et, plus généralement, des Cyniques, qui usaient indistinctement de leur franc parler et faisaient la leçon à tous venants, on en est souvent à se demander s’ils devaient procéder ainsi ». Pourtant, la protreptique a été beaucoup pratiquée par les stoïciens grecs : elle consiste à exhorter le tout venant pour qu’il adopte une vie philosophique. Chez les Cyniques, cette exhortation pouvait prendre la forme d’une interpellation publique.

Ce qui gêne Sénèque chez les Cyniques, c’est qu’ils marginalisent le philosophe : celui-ci s’exclut de manière trop visible des mœurs habituelles et il risque de susciter l’inquiétude, la peur, le rejet. C’est ce qu’il développe dans la lettre 5 : « L’objet de la philosophie, sa première promesse, c’est l’autorité du sens commun, la culture humaine, le rapprochement social. Se différencier signifiera que l’on s’exclut de l’engagement ». Pour enseigner, il faut inspirer confiance, paraître proche, ne pas faire peur. Cela n’est pas pour autant de la séduction. La séduction, c’est le comportement des Sophistes. Il s’agit plutôt de faire semblant d’être comme tout le monde. C’est une idée que retrouvera Merleau-Ponty, dans son Eloge de la philosophie : le philosophe est à la fois dedans et dehors.

Le philosophe doit savoir régler les occasions de se taire et les occasions de parler. Faut-il s’adresser au tout venant, comme le font les Cyniques, avec l’idée que sur le lot il y en aura au moins un ou deux qui entendront ? Sénèque répond que non : « Le bel effet, si vous vous mêlez d’admonester les sourds, les muets de naissance ou par accident ! ». Et plus loin, à propos du philosophe : « son autorité s’effrite ; elle perd de son poids, alors que, moins galvaudée, elle redresserait les âmes » (lettre 29). Le philosophe doit savoir reconnaître les personnes prédisposées à l’entendre, celles qui auront une oreille ouverte. Il doit choisir à qui il s’adresse.

Dans sa lettre 3, Sénèque avait déjà soulevé la question : « Certaines personnes débitent à tout venant ce qui ne se confie qu’à l’amitié ; toute oreille leur est bonne pour y déposer le secret qui leur pèse. D’autres inversement tremblent de se découvrirent à ceux qu’ils chérissent le plus. S’ils le pouvaient, ils ne se fieraient pas à eux-mêmes ; tout ce qui ressemble à un secret, ils le refoulent en leur fin fond. Evitons ces extrémités : c’est un tort de se confier à tout le monde ; c’est un tort de ne se confier à personne ; mais je dirai qu’il y a plus d’honnêteté dans l’un, plus de sûreté dans l’autre ». Remarquons, au passage, qu’il y a indiscutablement dans ces phrases une anticipation de la découverte freudienne du refoulement.

Ces questions sont pour nous essentielles pour peu qu’on prenne la peine de les actualiser, comme nous nous sommes promis de le faire.

1 – La cybernétique. La transparence totale qui consiste à tout confier à internet, càd au tout venant, est-ce de la parrhésia ? Est-ce tomber dans l’erreur des Cyniques ? Quel usage d’internet découle de la position de Sénèque ? Un échange avec des personnes choisies, comme nous faisons ici ? Mais comment pratiquer la protreptique stoïciennne ?

2 – L’enseignement. Aujourd’hui, on demande à l’enseignant de s’adresser au tout venant, à tous les élèves. Il n’a pas la possibilité de choisir les âmes qu’il veut former. En classe, doit-il concevoir son enseignement philosophique comme une protreptique, une interpellation à la cantonade ? Ou bien doit-il taire ce qui fait le cœur de la vie philosophique, la sienne, et se contenter de dispenser des « contenus » de savoir ? Si par ailleurs, comme j’essaie de la faire, il pratique la parrhésia dans ses livres, est-ce que cela ne nuit pas à son autorité institutionnelle ?

3- L’amitié. D’abord, il faut avoir conscience que les conditions sociales de l’amitié ont radicalement changé depuis Sénèque. Dans l’Antiquité, l’amitié se pratique entre hommes. Aujourd’hui, le fait que les femmes participent aux pratiques de l’amitié jette une confusion permanente entre amitié et relation amoureuse. Au point même que l’amitié se pratique tantôt dans le cadre de la relation amoureuse, tantôt non. Et souvent la question de la relation amoureuse vient empêcher ou détruire l’amitié. L’amitié philosophique est une pratique d’enseignement mutuel. Si l’on y écarte la sophistique de la séduction, comment trouver l’équilibre entre la parrhésia qui peut faire peur et faire fuir, à la manière des Cyniques, et la nécessaire honnêteté de l’échange ? Que faire avec l’ami(e) qui, à l’instar de Marcellinus, après s’être engagé dans le jeu de la vérité, s’en retire ? Jusqu’où faut-il poursuivre l’exhortation à son égard ?

de: Jean-Marc GHITTI jean-marc.ghitti@wanadoo.fr répondre à: Jean-Marc GHITTI <jean-marc.ghitti@wanadoo.fr> à: date: 3 août 2012 17:43 objet: l'amitié

Cet aveu saisissant du philosophe, lettre 35, livre IV:

"Quand je te demande si instamment de t'adonner à la philosophie, je travaille pour mon compte. Je veux avoir un ami, ce qui ne peut m'advenir que si tu continues à pousser ton perfectionnement. Pour le moment, tu ne fais que m'aimer, tu n'es pas mon ami" Sénèque.

La philsophie est la vie à part. Le philosophe soutient autant qu'il peut la solitude éthique. Enseigner pour transformer ce qui pourraient nous aimer en amis véritables. Le philosophe repousse le vulgaire. Certains se risquent à l'aimer mais toujours pour de mauvaises raisons. Il ne peut trouver un ami qu'en produisant face à lui un deuxième philosophe. L'aveu de Sénèque est émouvant, non ?

     20120810154700     Jean-Marc GHITTI    13:27 (Il y a 2 heures)   à moi, FEUERSTEINBert., Jean-LucPLECHE, nathalie.aurand, christiane.fon., descours.there.

Le stoïcisme est un gouvernement de soi qui renonce à gouverner le monde et qui refuse de pénétrer dans les arcanes du Destin. Mais les Lettres à Lucilius montrent que ce gouvernement de soi s'ouvre également à un gouvernement de l'autre dans le cadre de ce qu'on peut appeler une éducation ou une direction de conscience: gouverner l'élève, le disciple, l'ami. Sénèque montre également, en tant que conseiller du Prince, que la philosophie peut tenter d'accéder au gouvernement du monde. Entre ces trois gouvernements, la vie de Sénèque est en tension.

Cependant, comme toujours, la philosophie échoue quand elle cherche à avoir prise sur l'imperium. L'Utopie existe bien avant Wells ou Huxley, elle est aussi vieille que la philosophie, je veux dire qu'elle remonte à Platon. Platon n'a-t-il pas cru, à un certain moment, que la philosophie pouvait ouvrir un New Age ?

Cependant, ce que montre l'Histoire, c'est que l'Utopie se heurte d'une part à la logique implacable de l'Imperium = la Domination et, d'autre part, aux tours et détours du Destin.

La Science ne peut mener le monde, comme l'ont cru certains esprits (du moins à l'âge de leur opitimisme car après ils ont déchanté), de Platon à Wells.

Si importante que soit la technique dans l'organisation de la Domination (voir la médiologie de Régis Debray), la Machine ne gouverne pas le monde, comme a pu le croire Werner. C'est pourquoi nous appelons science-Fiction tous les modèles qui posent la réduction de la Domination aux pouvoirs de la Machine. La drogue, comme intrusion directe dans le cerveau, ou la manipulation génétique comme transformation chirurgicale de l'humanité, ont, selon mon humble avis, peu de chances de détruire la logique propre de la Domination: elles demeureront des moyens au service d'une logique qui trouve ailleurs ses principes. L'imaginaire de la science-fiction ne peut remplacer la philosophie politique, qui est une tentative de comprendre les lois de la Domination (et celles-ci sont en grande partie liées à l'Histoire, comme l'ont vu Hegel et Marx). Toutefois, il est bien possible que, comme l'a pensé Heidegger, à l'arrière du développement historique de l'Impérium, il faille rendre au Destin son obscurité sacrée.

C'est pourquoi j'ai tendance à voir (mais je peux me tromper et ne demande qu'à être éclairé sur ces questions) chez des auteurs comme Wells ou Huxley des avatars du courant utopiste et à leur objecter la logique de la Domination (je veux dire l'Imperium comme Logos) et l'obsciruté du Destin.

Les Lettres à Lucilius nous sont précieuses. Puisque le monde se gouverne sans nous, comment vivre ce "nous", qui ne se laisse réduire à une juxtaposition de "soi". Entre nous, qu'est-ce qui passe de l'un à l'autre, dont internet n'est qu'un moyen, s'il est vrai que l'homme, sur le métier, s'engendre non de soi-même mais de la Trame ?

     20120803101800        Le lapsus de Bertrand ajoute à l'observation de Jean-Luc que l'Inconscient non seulement laisse au 'moi' le temps de se dédire mais qu'il lui laisse aussi la liberté, puisqu'il ne laisse savoir si s'agissait du Meilleur des Mondes et de A.Huxley ou de la Guerre des Mondes de H.G.Wells. Or ce choix peut-être lui-même une illusion car bien qu'à d'époques très différentes, trente ans d'âge seulement séparent les deux auteurs. Qu'est-ce que cette liberté sans cause laisse sur sa grève? L'examen du flux et du reflux doit bien éclairer ce double sens. Il est exclu que Wells le socialiste et Wiener, le père de la Cybernétique, n'aient été en communion ; l'Etat-monde du premier et la machine à "le" gouverner sont sans différence - la théorie des jeux de guerre le confirme. Là où Wells fut aussi précurseur, la "théorie des jeux" fut du temps de Wiener la seule preuve de la viabilité de sa machine. Neuman seconda Wiener, suivis de Sakharov pour le prouver avec la dissidence soviétique puis la solution de Gorbatchev.

  Quand Wells s'éteignait avec la Seconde Guerre mondiale, Huxley avait encore une vingtaine d'années à vivre. Son brave monde moderne (Brave New World ed.1931/ traduit Le Meilleur des Mondes) avait donné l'alternative de l'idéalisation à la guerre narcissique des deux mondes. Huxley décrivait l'existence de l'individu dans un monde totalisé (Wells celle du mari dans deux mondes). Dans les deux cas la clé tenait dans une minuscule molécule, vivante pour Wells (il s'agissait d'un virus), divine pour Huxley (il s'agissait de la drogue).

   Autre plan de leur comparaison : la surdétermination de Wells par le temps (sa carrière d'écrivain commence par une nouvelle sur le temps et son premier roman est La Machine a Explorer le Temps) - et celle de Huxley par la chimie ; ce dernier la vécut sur le paradoxe. Son Brave Monde fut le premier livre politique que je lus ; Huxley à mon sens décrivait un univers auquel il était favorable, mais la réputation de cet ouvrage mondialement célèbre est celle d'une critique du monde moderne, matérialiste et automatisé. Or des deux piliers, l'eugénisme et la drogue, du Meilleur des Mondes Huxley fit du second son credo. L'année précédant sa mort il publia Ile où, sur une mélodie balinaise, il décrit la salvation que ce même monde procure par un sacrement hallucinogène. Il allait mourir d'un cancer et son épouse lui servit le sacrement à l'instant de son dernier souffle. Il était prévu que cette agonie divinisée par le LSD devienne un signal que les médias allaient diffuser de par le monde moderne qui oscillait ces années-là devant l'option de rétablir la religion première alchimique. Mais l'assassinat du président JFK eut lieu dans les mêmes heures et éclipsa le projet politique.
   Les deux évènements cependant n'étaient pas sans rapport. Le LSD avait également convaincu le président Kennedy et le projet des église californiennes continua sur sa lancée jusqu'à la candidature de Timothy Leary au gouvernement de la Californie contre Ronald Reagan. Quelques mois plus tard, Leary était condamné à 20ans de prison et on peut considérer que ce jugement marquait la fin de l'organisation d'état du nouveau monde (New Age) de Huxley. A partir de cette année 1970, la théorie de la Guerre Froide fut reprise et régit l'administration jusqu'en 1990. C'est à ce moment que l'Internet parut à la disposition des masses, ouvrant les mass-media à une ère tout à fait nouvelle. On peut estimer qu'à ce moment le New Age a trouvé l'instrument nécessaire à sa condition..

   L'analyse du lapsus de Bertrand que j'instrumente également, correspond bien à la question philosophique. Le dénommé New Age est strictement la reconduction d'un courant qui s'est placé comme au "double sens" situé ci-dessus, au cœur d'un choix illusoire entre "le Meilleur" ou "la Guerre", lorsque l'Hermétisme reliait la religion et la philosophie. Ce qu'on connaît aujourd'hui entre la psychiatrie et la philosophie est cet hermétisme qui porte le nom du nouvel âge. C'est cet interface où je trouvais l'animal, la biologie ou la cybernétique, durant mes courriers précédents et que je précisais encore comme l'objet pulsionnel. A l'instant la confusion entre le Meilleur ou la Guerre des mondes, ou bien entre Wells et Huxley permet de préciser encore. La drogue, que les psychiatres connaissent bien mais dont ils ne s'autorisent que du règlement d'Etat, est cet objet éminent du chiffre ; ce que la Voix laissait entendre (puisqu'elle aussi on la déchiffre à priori pour l'entendre) confirme donc la dépendance gagnée de la biologie à la cybernétique. Wells le pressentait dans son Ile du Docteur Moreau. Huxley montra son potentiel religieux. Mais l'accès de l'animal à la pensée religieuse - c'est  à dire de l'humain à la spiritualité comme le dessine le bouddhisme - est encore soumis à l'approbation de la philosophie. Son déni de la condition cybernétique est peut-être ce rapport à la drogue sans que j'en sois bien sûr. C'est pourquoi j'interroge Jean-Marc à savoir si dans le Menon j'ai bien lu que Socrate doit se rendre à une cérémonie dont Menon décline l'invitation.

DWT 20120803101200

http://www.lasainteethique.org/psybakh/2012/htm/pleche-presence-philo.htm#20120803101800

FEUERSTEIN Bertrand PREF43 bertrand.feuerstein@haute-loire.gouv.fr
14:15 (Il y a 8 heures)

à Jean-Luc, nathalie.aurand, Jean-Marc, christiane.fon., moi, descours.there.
Bonjour,

De retour de 3 semaines en Italie , sans ordinateur ni télé ... mais avec la climatisation allumée, signe de ma faiblesse face à cet élément naturel.

Merci à tous pour vos intéressantes contributions.

1) Sur les angoisses de William sur le rétrécissement des plafonds et des murs :

Le stoicisme enseigne qu'il y a des choses qui dépendent de moi et des choses qui ne dépendent pas de moi ; ce qui est extérieur à moi ne devrait pas avoir de prise sur moi ;
Un ordinateur , un portable , une télévision , une radio sont des objet extérieurs et ma liberté me permet de les débrancher et de retrouver le silence ;une des conditions pour permettre l'étonnement devant les choses qui apparaissent et la réflexion philosophique.

Je partage donc le positionnement de Jean Marc sur ce point.

Cependant débrancher ces objets omniprésents, c'est courir le risque de ne plus être un" homme moderne" , d'être "décalé" par rapport à l'immense majorité des gens ?..sans doute car je le sens bien lorsque je vais téléphoner dans une cabine... des amis se moquent gentillemment de moi : mais que nous importe d'être des" hommes modernes" ? on nous demande de rechercher et de pratiquer au mieux notre seul métier d'homme , et ce métier me semble indépendant des époques et des techniques.

Je remarque que internet ne change pas fondamentalement les choses :

a) dans un librairie de gare ,comme su les web, nous trouvons les grands classiques de la littérature ( rarement de la philosophie ) à côté des pires ouvrages et revues ...

b) dans la communication , ce qui compte c'est la qualité des interlocuteurs ( leur égalité?) et du contenu de ce qui est échangé , et non pas la vitesse.
je crois me souvenir que les stoiciens considéraient qu'il pourrait exister une communauté de sages qui communiquerait même sans parler ni écrire , du seul fait de la reconnaissance de leur sagesse commune.

2) Sur la fonction thérapeutique de la philosophie ( Jean Marc)

La psychologie , la psychiatrie , la psychanalyse ( et donc aussi des charlatans et sectes) ont effectivement pris le relais de la" guidance au niveau des comportements" et de la direction spirituelle qu' assuma la philosophie il y bien longtemps.

Pourquoi cette disparition ? demande justement Jean Marc.

est - ce le rôle de ces disciplines que de faire de la direction spirituelle ? .. Je ne le crois pas, Thérèse pourrait utilement me contredire sur un point que je connais mal.

Je pense que les hommes ont peur de la liberté : la philosophie, qui est faite de discussions, amène le doute et souvent à l'aporie : ce sont choses difficiles à vivre car la plupart des gens cherchent d'abord dans leurs lectures ou des Directeurs de conscience ( des gourous aussi parfois) des certitudes face à leur mal être. Sur la peur de la liberté lire le bel article de DODDS dans "les grecs et l'irrationnel" ,1959 , collection Champs Flammarion.

Et il est plus facile d'aller voir un" psy" que de chercher soi même , à travers des lectures parfois pas faciles.

Et attention à la fonction thérapeutique de la philosophie sans Directeur de conscience ! : " la philosophie renforce les esprits forts et affaiblit les esprits faibles". Je crois que c'est de C Rosset et cela me semble vrai

Plus prés de nous je constate le succès " grand public"de certains ouvrages de philosophie , ce sont des recettes de bonheur qui sont proposées , comme en proposent les masses d'ouvrage qui envahissent les librairies sous le rayon " développement personnel" . Ce type de littérature peut nous apprendre beaucoup sur les attentes de l'homme moderne.

L'apprentissage du métier d'homme que propose le stoicisme me semble inaudible pour l'immense majorité des hommes modernes ( l'épicurisme leur conviendrait mieux) car il enseigne que l'âme doit devenir raisonnable et que la raison individuelle doit se conforme à la raison universelle et donc accepter de bon coeur ce qui arrive : la pauvreté , les maladies , la mort... on est très loin des recettes du bonheur que recherchent nos contemporains . Marc Aurèle dit quelque part que la maladie est un cadeau des dieux , envoyé pour nous rendre meilleurs.... je crains le lynchage .

En philosophie la direction de conscience me semble très difficile et délicate à mener entre un maître et un disciple : le premier n'a pas pour objectif de faire absorber des doctrines et des connaissances mais d'amener d'abord le disciple à devenir un homme , autre chose qu'une plante , une bête , et à dépasser l'enfance ( voir l'avant dernière lettre de Sénèque à Lucillius).

certains dialogues de Platon me donnent un malaise sur ce point : l'interlocuteur se contentant de répondre OUI ou NON aux démonstrations du maître : je suppose que Socrate n'agissait pas ainsi et mes dialogues préférés sont aporétiques.

Si la psychologie , la psychiatrie , la psychanalyse ont pour seul but de guérir de maux et non de nous aider à tenter de faire métier d'homme , c'est déjà bien mais ce n'est pas suffisant et la philosophie nous manque.

Sur les lieux intacts ou se conserve la présence divine

Jean Marc me demande mes réactions à la lecture de la lettre 41.

Je remarque que la nature n'existe plus depuis le néolithique, partout dans les paysages que nous traversons nous rencontrons l'homme et non pas Dieu ou les dieux.
Philosopher entre deux rangées de mais transgéniques ou entre deux rangés de douglas destinés à la scierie ( j'apprends qu'en HL ils partent en Chine et reviennent sous forme de parquets... ) ne change rien.

Le bois sacré dont parle Sénèque dans cette lettre est lui même le fruit d'une décision de l'homme puisque personne ne l'entretien.

En mer on perçoit peut être la présence divine mais j'apprends dans les journaux qu'il existe désormais des océans de plastiques ...

On peut toujours essayer de regarder les astres, feux vivants qui sont des dieux d'après nos stoiciens...mais il y la pollution lumineuse qui témoigne de l'homme ...

Jean Luc a il senti cette présence divine sur la mer ?

Pour ma part

La lettre 1 est consacrée au temps qu'on nous vole et que l'on perd par négligence, alors que le temps est une condition essentielle à la philosophie.
L'homme moderne, plein d'occupations , n'a plus le temps de la lecture, de la relecture et de la méditation de ces textes.

Parmi ces occupations, le travail prends depuis 200 ans une place énorme , et ce pour tous ,contrairement à une minorité d' anciens qui pouvaient pratiquer l'otium , que l'on traduit par loisir studieux, Sénéque en parle dans plusieurs lettres , les six derniers mois de sa vie , il aurait fermé sa porte pour le pratiquer.

Si l'apprentissage du métier d'homme passe par la philosophie, si la philosophie réclame du temps; si le travail ne le permet plus, alors l'homme moderne est bien mal armé pour apprendre à être autre chose qu'une machine pour pratiquer les loisirs organisés par les pouvoirs publics et les commerçants.

Et ce qu'on nomme "culture" est devenue une industrie comme les autres, il s'agit de" biens culturels " qui ont d'abord pour objectif d'être vendus.

Pour comprendre l'homme moderne relisez" le Meilleur des Mondes " de Wells

A bientôt

Bertrand

 
    20120731104000     Un petit essai aventureux à la suite de JLP_27-Jul. Non pas 'aventureux' du fait de la compagnie qu'au contraire je pense rassurante et qui, précisément, m'incite à me lancer dans l'essai, aventureux en-soi. La compagnie permettra donc que je propose l'idée bizarre qui suit :
   En tant que neurologue (les psychiatres le sont un peu) j'ai la notion que les bases biologiques permettent une notion de distance dès le développement fœtal. L'écart entre les doigts, entre les membres inscrit déjà dans les procédés neuraux en formation, des informations de nature suffisante à baser un critère perceptif de distance - de même que le court espace entre la paroi amniotique et la peau du petit corps flottant ; déjà la langue dans la bouche etc.. Mais ces rudiments de base à l'apport de données de distance sont évidemment considérablement améliorés après que le fœtus soit venu au monde. En qualité, quantité et complexité, de nouvelles données vont fournir leur contingent à la notion cérébrale de distance, puis bientôt à ses symbolisations subjectives. Or c'est à ce moment qu'aussitôt gagné, ce nouveau régime d'information s'avère d'emblée quasiment occulté. In status nascendi. Toute la structure qui ferait ce qu'on attend de l'espace pour matérialiser cette conscience de distance, est, dès l'origine comblée. Le son, et particulièrement la voix occupe l'espace de la distance comme l'eau occupe l'océan qui, comme on le pense, n'aide pas bien les poissons à savoir ce que c'est que le sec! Dans notre cas le son et particulièrement celui de la voix occupe et occulte immédiatement et en tout lieu les données de la distance.
   Nous savons (un peu) combien la voix est captivante pour l'être subjectif que nous aspirons à vivre. La Distance promise à mon conscient se donne si facilement à la Voix, comme une femme facile à un maître, que voilà l'époux légitime trahi.
   Cet essai sur cet objet pulsionnel (la voix) est associé à la réflexion d'un autre bord écrivant d'une "parole paternelle sachant mettre une mère à bonne distance". Et je reviens à JLP et à propos de la distance qu'abolit la technique télécom. Là encore, je vais nager dans le vague mais je crois qu'il y a matière: on sait que Freud invente la psychanalyse au moment où on installe chez lui le téléphone. Bientôt il travaille d'une manière qui isole singulièrement la voix. Il y a certainement un jeu qui, là, avec la distance abolie, permet d'isoler l'objet qui l'occupait, voire y convolait. Mais la technique informatique provoque encore un autre saut, aussi énorme et qui démultiplie celui déjà gigantesque du téléphone. Car l'informatique ajoute un calcul, immédiat lui aussi ou, si l'on veut à une vitesse prodigieuse. Or ce calcul va réouvrir une distance, là où il n'y en avait plus. Pour le dire de manière quasiment poétique il s'agit d'une nouvelle distance, creusée dans l'abolissement de la précédente et Lacan l'a distinguée d'un objet (nommément celui qu'il nomme d'une lettre algébrique : 'a'). Mais il est encore plus stressant de le dire de manière pratique. Cette distance que creuse l'informatique dans le monde, la mondanité et la pratique du monde compacté, s'appelle en gros au titre de réseaux neuronaux, c'est une distance de circuits cybernétiques. Aussi rapide qu'elle soit l'information fait des sortes de nœuds, qui ne sont pas si serrés car finalement on y trouve des choses relativement grosses. Cette distance nouvelle, creusée dans l'abolition, est appelée fente et synapse. Or là-dedans, ce n'est plus du signifiant, de la voix, qui va s'étendre, mais du code ; il s'agit de la drogue lorsqu'on le manipule. Les psychiatres sont sensibles au fait qu'on chiffre actuellement nos comportements (on ne cherche plus à les déchiffrer comme le faisait la psychiatrie dite 'française') - et savent que si on les chiffre ainsi, c'est pour correspondre, et régler le chiffre de la drogue que l'on prescrit en médicament. Il faut être un peu proche de la psychiatrie pour voir cela ; mais à une bonne distance laïque on voit déjà très bien que l'informatique a créé l'espace interneuronal (qui n'est d'ailleurs que de peu distinct de celui du noyau où l'ADN s'apprête à répondre du chiffrage de la génétique par l'informatique).

   Je me suis lancé dans ces essais, où j'arrive à dire que la logique de la distance ne se trouve qu'au jeu des drogues (ce que j'appelais précédemment les animaux http://www.lasainteethique.org/psybakh/2012/htm/20110129093400_flog-22.htm#20120705074600 ) . Comment préciser cela au grès de "lapsus et désir" que JLP décline précédemment le 27 juillet ? L'exemple du rendez-vous (que l'on a pris et que l'on manque parce qu'on oublie de s'y rendre) s'entend côté distance, du fait qu'on aurait pris un rendez-vous, d'abord et essentiellement, pour créer une distance. Si je prends un rdv "dans 8jours à 8 kilomètres" que j'e m'y rende ou pas, j'aurai indiqué dans les deux cas cette distance "8.8". Et si j'oublie le rdv c'est qu'entre la rencontre et la distance, celle que je préfère est la distance. En oubliant mon rdv et en manquant la rencontre, j'aurai doublement montré et souligné que ce que je désirais était une distance.
   Si je tire un peu par les cheveux cette première observation - je peux en sortir l'idée de ce qu'il y a dans cette distance : l'objet du plaisir serait selon mes essais, l'animal ou la voix, l'objet pulsionnel que loge la distance. Mais mon symptomatique oubli aurait-il caché encore que c'était cette rencontre avec le pur plaisir de la chose dont je me suis privé ?

DWT


Jean-Luc PLECHE jeanlucpleche@live.fr      RE: Groupe de réflexion     27 juil. à moi, nathalie.aurand, Jean-Marc, christiane.fon., bertrand.feuer., descours.there.


Bonjour à tous,

le texte de DWT/16 juil. 2012 m'amène à quelques reflexions:

- lapsus et désir. Peut-on voir dans le lapsus - comme dans l'acte manqué, la prise du pouvoir par l'inconscient qui, arrivant soudain sur le devant de la scène, montre (enfin ?) son désir: moi conscient j'exprime un faux désir, intolérable pour mon inconscient qui me contredit ?
Exemple d'un rendez-vous auquel j'oublie d'aller : j'oublie de m'y rendre parce qu'au fond je ne veux pas de ce rendez-vous. Pourquoi alors l'avoir pris ? C'est à ce moment que j'aurais dû décliner l'offre de la rencontre, au lieu de l'accepter et de me rendre ridicule en l'oubliant. C'est à ce moment que mon inconscient aurait dû me tirer par la manche. Oui, franchement, il aurait pu me prévenir avant...!

- Informatique, téléphone et distance.
On dit en effet que les techniques informatiques abolissent les distances.
Abolir c'est supprimer. Supprimer la distance c'est faire en sorte (p. ex.), que deux personnes préalablement séparées maintenant se touchent. Pourtant, quand je téléphone à ma femme à l'autre bout du monde elle ne se trouve pas soudain contre moi. La distance qui nous sépare demeure, elle est même renforcée dans son évidence douloureuse quand la possibilité de se parler brandit l'impossibilité de se toucher.
Et comment pourrais-je l'embrasser ? Il y a une distance du baiser. Une distance qu'aucun système informatique ne pourra abolir. Heureusement : le baiser perdrait beaucoup à devenir virtuel...
Qu'en est-il alors ? Je dirais - mais avec sans doute moins de poésie, que l'informatique n'abolit pas les distances, elle augmente considérablement la vitesse de propagation de l'information. Elle n'abolit même pas le temps (de transmission) qui, aussi bref soit-il, reste fini et mesurable.

- la distance.
La distance c'est d'abord le lieu : là où je suis, où je voudrais être, là où je ne suis pas, où je serai peut-être; et j'appréhende ces lieux par la distance qui les sépare. Il n'y a de distance qu'entre des lieux, qu'entre des personnes, qu'entre des choses. C'est cette distance qui sépare qui aussi unit. C'est elle qui fait lien, c'est elle qui permet le transfert de l'information, qui autorise la communication. La distance qui nous sépare nous fait exister l'un par l'autre. Si elle est nulle, il n'y a - comme disent les couples qui se quittent, il n'y a plus rien entre nous. Pas de distance, rien, le néant, et nous cessons ainsi d'exister l'un par l'autre, l'un pour l'autre.

Mais il y a une autre situation, plus heureuse, de distance nulle : deux personnes sont en contact, leur corps se touchent, elles se parlent, il y a une réalité charnelle : on ne peut plus dire que ces personnes n'existent pas l'une pour l'autre. Il doit donc y avoir entre elles une distance. Il me faut alors en imaginer un autre aspect, une autre nature.

Notre corps se compose pour nous tous des mêmes éléments : bras, jambes, etc, et nous nous distinguons pourtant les uns des autres, autant par notre corps que par notre esprit. Nous sommes en quelque sorte semblablement différents. (Je ne crois pas qu'il puisse exister deux êtres strictement identiques, et que ceux que nous appelons sosies représentent en fait une approche suffisante de l'identique qui dépasse l'acuité de notre perception). Nous nous ressemblons, donc, et nous sommes différents. Ce serait alors dans cette différence que résiderait cette autre distance, non chiffrable celle-là et pourtant bien réelle. Je pourrais la nommer distance d'être.

- "Une mer qui sépare et un bateau..."
Là encore il s'agit pour moi de distance. Et de toutes ces années vécues en mer, je lui garde l'idée de lien plus que de séparation. Je me sépare de ce que je quitte, mais dès que le départ est accompli la destination m'attire. Ainsi, quand nous parcourons la distance - peu importe la vitesse, nous créons le lien, nous unissons : j'en veux pour témoin le sillage, sillon liquide, que laisse après lui le bateau. Il atteste de l'espace et du temps, les deux attributs de la distance.
Là encore, la mer qui nous sépare nous unit. Elle sépare et unit aussi les continents, elle demande seulement un autre cheminement.

Il s'agit donc bien de cette même distance, celle qui est par le lieu et par l'humain, celle qui fait l'inter-dépendance des lieux, des humains, des lieux avec les humains, celle qui en séparant unit : c'est le paradoxe vital.

A vous lire,
Jean-Luc PLECHE

 

 
Bonjour,

J'ai élucidé l'erreur que j'avais faite. Je cherchais la lettre 71 au CXXI. Comme si le 'C' valait "cinquante". J'étais donc à la lettre 121. Je connais la numérotation romaine. Mon erreur était un lapsus et je chercherai à en assumer le désir ; c'est à dire que je resterai un instant sur la 121 avant de venir là où je devais aller (à la LXXI , 71). Ma 121 a pour titre : QUE TOUT ANIMAL A LA CONSCIENCE DE SA CONSTITUTION. Lorsque j'en ai joint mon commentaire à notre correspondance 5 juillet 2012 08:43, j'ai rapproché l'ANIMAL de la machine cybernétique. En faisant ce rapprochement j'ajoutais que la machine (ou l'animal) nous encerclait de manière de plus en plus serrée. Nous arrivons même à ce qu'elle nous touche à présent, de manière intime. A un tel point, la machine devient la question philosophique de premier ordre ; elle devient la question sans laquelle on ne peut plus parler de philosophie. C'est du moins la conclusion où j'ai abouti.

   Comme c'est une "conclusion", je ne vais pas essayer de la démontrer (ce serait la re-démontrer). Je ne vais pas non plus la défendre mais je vais tâcher de la soutenir.

   Je vais présentement bâtir un soutien local, sur l'argument de la distance (la 'distance' qui sépare Sénèque de son élève, cette 'distance' que l'informatique, le téléphone etc.. abolissent et aussi cette 'distance' en terme de lieu pour suivre JLP/10 juillet 2012 16:50 et son «Le lieu. Autant que l'absence de lieu. C'est pour moi une grande question.»).
   S'agissant de l'interprétation , la distance serait néfaste si l'on en croit le second psychanalyste (Lacan) qui résume «l'interprétation doit être preste pour satisfaire à l'entreprêt». Personne n'a manqué de se demander ce que signifiait "entreprêt" ! mais ça ne se trouve pas dans le dictionnaire et il a fallu conclure que "ça veut bien dire ce que ça veut dire" (selon l'expression consacrée). C'était donc une belle formule pour exprimer quelque chose qui se signifiait sans intermédiaire ni distance, immédiatement.
   Mais est-ce que le conseil, l'aide, doit être aussi immédiat et intemporel ?

   Une mer qui sépare et un bateau qui prend son temps livreraient autre chose qu'une interprétation. Pour savoir ce que ce serait on les condense ; au mieux cette mer est un écran et le bateau un processeur informatique. L'ordinateur est l'interface entre le philosophe et l'élève. Si c'est exact, c'est un lieu et c'est celui que JLP questionne. Mais aussi, si la cybernétique est ce qu'elle devient, c'est un animal. J'en déduis que la distance qui sépare le philosophe de l'élève est un animal. C'est une drôle de façon de soutenir que la cybernétique (ou l'animal) est la question philosophique de premier ordre.

   Je dois donc faire appel à mon expérience : une telle conclusion n'est pas audible (sauf si on fait excessivement attention parce que l'animal, par exemple, est classiquement mis en question philosophique - la lettre CXXI précisément en témoigne). Je dois donc appeler en renfort les autorités.
   Le dénommé Heinz von Foerster est un des cybernéticiens notoires. Il est le théoricien de la Cybernétique Seconde. C'est à dire de la cybernétique de la cybernétique. Autrement dit encore du moment où la cybernétique gagne la question de l'Ethique. Il énonça ce qu'il appelait le théorème suivant «Les lois de la nature sont écrites par l'homme, celles de la biologie doivent s'écrire elles-mêmes». Si cela est exact, l'animal (ou la cybernétique) est bien le lieu par excellence (le lieu lui-même) et c'est le lieu du savoir (où les lois s'écrivent et les conseils se donnent).

DWT

a) Egalement suivant Nathalie/5 juillet 2012 09:55, la cybernétique (la biologie ou l'animal) serait le lieu honnête = au net, sans honte & vers toi (mais il faudra ici entrer dans la linguistique de la cybernétique)

b) A propos du lieu/absence j'ai correspondu avec le philosophe Claude Stéphane Perrin http://claudestephaneperrin.blogspot.com/2010/06/philosopher.html#comment-form sur la question du 'neutre' ; en terme de lieu, il parlait, lui, d'un "point de retrait".

de: Jean-Luc PLECHE jeanlucpleche@live.fr
à: nathalie.aurand@wanadoo.fr,
Jean-Marc GHITTI <jean-marc.ghitti@wanadoo.fr>,
christiane.fontvieille@laposte.net,
williamtheaux@gmail.com,
bertrand.feuerstein@haute-loire.pref.gouv.fr,
descours.therese@wanadoo.fr
date: 10 juillet 2012 16:50
objet: RE: groupe de philosophie morale

Bonjour à vous,

de vos textes je retiens essentiellement deux idées: l'inquiétude - peut-être même l'angoisse, et le lieu.
L'inquiétude face au pouvoir de la machine, et le lieu comme lieu de vie et comme signifiant.
Je n'en ferai pourtant pas de commentaires, je crois que je ne peux à peu près bien parler que de ce que j'ai bien vécu, le reste est pour moi questionnements. Je ne suis pas sûr d'ailleurs d'attendre vraiment de réponses, nous avons aujourd'hui trop de réponses aux questions mêmes que nous ne posons pas. Et pour être tout à fait honnête, je pourrais poser un point d'interrogation au bout de bien de mes certitudes.

Quelques réflexions, donc.

Les machines et leurs pouvoirs, faut-il nous en inquiéter ?
Je pense à deux pistes alternatives:
- notre pouvoir de penser, nos sentiments, nos émotions, nos désirs, nos angoisses, nos rêves,... sont le produit de la chimie synaptique, seulement.
Alors sans doute la machine nous dépassera, peut-être nous asservira. Nos murs et nos possibles se rétréciront singulièrement, notre conscience sera cybernétique.
- nous sommes aussi autre chose qu'une mécanique biologique, nous avons des intuitions, nous sommes capables d'irrationnel, nous nous nourrissons à de multiples sources, nous aimons
parfois le silence, nous pouvons nous aimer. Une machine peut-elle avoir là sa place ?
Je n'ai pas vraiment d'inquiétude sur ces questions. Je suis près de penser que les objets techniques, pas plus que les découvertes des sciences n'ont de valeur en soi. Ils ne sont rien en eux-même, ils deviennent ce que nous en faisons par la place et la mesure que nous leur donnons dans notre vie, pour le meilleur comme pour le pire. On le sait. Qu'as-tu fais de tes talents ? Je n'ai d'inquiétude que de la confiance que je me fais.

Le lieu. Autant que l'absence de lieu.
C'est pour moi une grande question.
Mon chez moi, mon lieu est celui que je ne connais pas encore.
Nous pourrons un jour en parler.

Cordialement,
Jean-Luc PLECHE

 

de: Jean-Marc GHITTI jean-marc.ghitti@wanadoo.fr
répondre à: Jean-Marc GHITTI <jean-marc.ghitti@wanadoo.fr>
à: William Theaux <williamtheaux@gmail.com>
date: 6 juillet 2012 16:15
objet: Re: groupe de philosophie morale

Chers amis, je remercie ceux qui commencent à contribuer, ceux qui « s’y mettent ».

Il me semble que l’un des problèmes que pose DWT, c’est celui de la différence qu’on doit faire entre le conditionnement de l’opinion des masses et la direction spirituelle qui est une relation très personnelle qu’on ne peut pratiquer que dans le cadre de ce qu’on appelle « l’amitié ».

On est devant le paradoxe suivant. La retraite philosophique, aujourd’hui, c’est assurément de se tenir en dehors de ce qu’on appelle « l’information », et qui n’est en réalité qu’un conditionnement psycho-intellectuel. « Débrancher », comme on dit, débrancher la télé, l’ordinateur, et ne plus lire les journaux. A un degré supérieur, on peut sans doute lire et écouter mais sans y croire, quoique ça reste plus risqué. Mais le paradoxe, c’est qu’on peut aussi construire une communication/communauté philosophique par l’ordinateur, comme on l’essaie ici. D’où l’on voit l’ambiguïté de l’informatique.

Je ne crois pas, cependant, qu’on soit à ce point enfermé dans la médiation technologique. Je puis assuré que la pratique quotidienne, à tout heure du jour ou de la nuit, de la marche dans la campagne est un puissant remède contre cet enfermement dont parle Nathalie, et un remède des plus simples. Les choses viennent à notre secours, les choses qui ne sont pas des machines (voir Heidegger). C’est pour cette raison concrète et essentielle que je propose que nous puissions introduire des moments de marche dans nos réunions, qui deviendraient du coup péripapéticiennes. C’est pour cette raison que je tiens à ancrer nos rencontres, comme l’autre jour à Malrevers, dans le contexte de la campagne, càd d’un lieu à proximité des choses. Je ne lâcherai pas le référent géographique au profit du référent machinique. Et je crois que c’est ce qui va se comprendre dès que paraîtra, dans deux ou trois semaines, mon prochain livre intitulé : Malrevers, méditation géographique. Il pourra être lu aussi comme une réponse tant à la cybernétique qu’à l’enfermement dont parle N.

A JLuc, qui demandait une congruence entre ce qu’on pense et la manière dont on vit, je répondrais que le choix de son lieu de vie est essentiel à cette congruence : est-ce que je vis dans un lieu conforme à mes pensées ?

A Thérèse, à qui j’ai lu récemment la lettre 2 du livre I (et j’espère qu’elle s’en souvient) de Sénèque à Lucilius, je dirais qu’évidemment, ne plus changer de place suppose qu’on ait trouvé ce que le poète Yves Bonnefoy nomme « son vrai lieu ». Mais cette lettre cependant porte sur ce qui nourrit notre désir de courir le monde, désir sur quoi notre capitaine au long cours doit en savoir un bout, désir sur quoi la rupture entre T. et un certain psychanalyste fut autrefois consommée !

Enfin, à Bertrand, je demanderai ce qu’il peut bien penser, lui qui s’occupe souvent des problématiques d’environnement, de la lettre 41 du livre 4 où Sénèque évoque tant de lieux intacts où se conserve la présence divine, par quoi l’on voit que le stoïcisme de Sénèque semble plus proche d’une topique telle que j’ai pu la définir dans un livre que de la cybernétique dont DWT a parfaitement raison de dire qu’elle caractérise notre monde présent.

C’est pourquoi, en introduisant, par le livre qui va sortir, un nouveau signifiant, Malrevers, dans l’ordre de ma vie et de mon langage philosophique, j’apporte ma réponse personnelle et concrète aux problèmes ici soulevés.

JMG

PS : je remercie DWT pour son « afâme » qui fait beaucoup penser, notamment sur la relation entre notre faim (j’ai faim, en latin, ça se dit libido) et notre âme. Il y a deux ânes en notre étable : si l’on nourrit l’un, c’est l’autre qui crève de faim. Soit c’est la femme, soit c’est l’a-femme. Et il est vrai qu’on rêve souvent de sortir de cette dichotomie par la fâme, où se conjoigne la femme et l’élève, mais c’est justement un rêve.

 

de: Nathalie AURAND nathalie.aurand@wanadoo.fr
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date: 5 juillet 2012 09:55
objet: re: groupe de philosophie morale

Bonjour à tous , lecteurs de ce texte qui peut nous servir de support de réflexion: je remercie ceux qui se sont jetés à l'eau pour nous envoyer quelques signaux de leur conscience phare active sur l'ocean de la cybernétique où surfent tant de gens qui ne savent néanmoins nager sans doute ....

Pour ma part, je ne suis pas entrée linéairement dans cette correspondance mais au grè des titres des lettres, au grès fianlement des besoins de ma conscience, de mon besoin de conseil à l'instant T de la consultation...je propose que nous remettions les lettres ou extraits ayant suscité pistes de réflexion, réactions diverses sous nos yeux par un copier/ coller ( les lettres sont dispo à partir de wikipédia)-simple suggestion...

 

 

LETTRE LXXI. Qu’il n’y a de bien que ce qui est honnête. Différents degrés de sagesse./ extrait

Tu ne cesses de me consulter sur tel ou tel détail de conduite, oubliant que la vaste mer nous sépare. Comme le grand mérite d’un conseil est d’être donné à temps, il doit arriver que sur certains points mon avis te parvienne lorsque déjà l’avis contraire est préférable. Car un conseil doit s’adapter à l’état des choses, et les choses humaines sont emportées ou plutôt roulent sans fin. Le conseil doit donc naître au jour du besoin ; et un jour, c’est encore trop long : il doit naître, comme on dit, sous la main. Or comment le trouver, le voici. Quand tu voudras savoir ce qu’il faudra fuir ou rechercher, que le souverain bien, que les grands principes de toute la vie soient devant tes yeux. Là en effet doivent se rapporter toutes nos actions ; ordonner les parties est impossible quand l’ensemble n’est pas arrêté. Jamais peintre, eût-il ses couleurs toutes prêtes, ne rendra la ressemblance, s’il n’est fixé d’avance sur ce qu’il veut représenter. Nos fautes viennent de ce que nos délibérations embrassent toujours des faits partiels, jamais un plan général de vie. On doit savoir, avant de lancer une flèche, quel but on veut frapper : alors la main règle et mesure la portée du trait. Notre prudence s’égare, faute d’avoir où se diriger. Qui ne sait pas vers quel port il doit tendre n’a pas de vent qui lui soit bon. Comment le hasard n’aurait-il point sur notre vie un pouvoir immense ? Nous vivons au hasard.

(...)

"comment les consciences peuvent s'aider ?" oui, s'aider et non pas céder lorsque les interlocuteurs sont "égaux"/ Pour ma part le conseil est nécessaire et fait partie du dialogue sur la vie mais l'on sait tous que même s'il nous semble avoir reçu un bon conseil, ce n'est pas pour autant qu'on va le mettre en pratique...on peut peut-être mettre cela en relation avec cette citation de cette même lettre 71: "Qui ne sait pas vers quel port il doit tendre n’a pas de vent qui lui soit bon"...un conseil ne serait utilsable et profitable que pour celui qui saurait dans quelle direction se diriger (qui en aurait une conscience minimum)or il n'en est rien pour tous: un tel se laissant aller aujourd'hui au grè de son humeur noire, tel autre choisissant ce matin de dépasser ses limites etc...

Dans cette lettre, deux mots reviennent sans cesse auxquels Sénèque semble accorder une importance fondamentale: "vertu"/ "honnêteté": ces deux notions recouvrent quoi excatement pour chacun de nous? en quoi elles peuvent effectivement participer de la consolidation de notre voie où les conseils nous seraient alors profitables?

Bien à vous, Nathalie

 

de: William Theaux williamtheaux@gmail.com
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date: 5 juillet 2012 08:43
objet: Re: groupe de philosophie morale

Bonjour, je vais 'comme' rester dans mon rôle - parce qu'il ne s'agit pas de ça. Je vais parler de cybernétique et ce n'est pas de rôle.. Cependant je peux m'expliquer. Je pense à ces films ou ces romans fantastiques où le plafond s'abaissait, ou les murs se rapprochaient. Le héros allait finir n'ayant même plus de place pour respirer. Notre situation m'inspire cette comparaison. Nous sommes cernés, de plus en plus à l'étroit. Il n'y a pratiquement plus un geste que nous puissions faire sans y toucher. C'est à dire toucher le mur de la cybernétique. Mais peut-on s'évanouir encore et rêver?
Au comble de la claustrophobie on pouvait d'autant mieux rêver que ces murs étant des miroirs, leur étroitesse grandissante n'apparaissait pas facilement. Mais à un moment, comme c'est arrivé pour l'enfant, ça devient physique. On s'y cogne. Même avec le monde virtuel de ces purs miroirs qui m'entourent, je ne peux plus éviter le contact derrière moi de la glace, qui me fait froid dans le dos, la proximité de cet autre miroir devant le nez qui fait de la buée. Je me heurte les genoux et les coudes. Je ne peux plus ignorer la cybernétique qui m'emprisonne.

Au moment où mes images se referment sur moi, je ne peux trouver d'ailleurs que mon souvenir. Je me souviens, il y a quelque chose comme trente ans, on mit en compétition, pour diagnostique et pronostique des ordinateurs et une population de chirurgiens. Les ordinateurs ont gagné. C'était il y a trente ans. Je le répète parce que depuis.. rien. Il n'y a à disposition du corps médical aucun programme d'aide à la décision - tandis qu'il y a trente ans déjà il était plus rassurant d'être diagnostiqué et de connaître les pronostiques des choix thérapeutiques en suivant les conseils d'un ordinateur. On peut imaginer quelle amélioration on aurait atteint aujourd'hui si on avait continué à perfectionner le système expert. Ça ne s'est pas produit ou.. du moins, je n'ai pas vu! les parois de ma caverne se rapprocher.

Quand la perception gagne ce point de rencontre ce n'est plus un rôle mais on dirait : c'est la cybernétique qui parle. La question de l'aide alors se précipite. La machine nous aide en tout. Son conseil supplantent en tout celui du maître (notamment lorsque le temps, pris par la vaste mer, est lui-même englouti, par la vitesse informatique). L'impératif moral est alors de s'en remettre à la machine, ou sinon de s'y mettre. Et un chant de désespérance de l'afâme s'élève* : «nous ne voulons pas faire l'amour par ordinateurs, nous voulons la cour et faire la cour» (pas sans songer à "cours toi!" sans à "faire l'accours!") - et pour revenir à Sénèque et à son chaste rapport : «ne voulons être maîtrisés, ni plus conseillé par les ordinateurs» (depuis trente ans qu'on s'en empêche c'est assez manifeste). Cependant ils ont déjà gagné et la cour est celle des récréations (sordides ces derniers temps) où le rat quête et la meuf nike.

On dirait bien le pressoir de la salle de torture que j'ai décrite ici commencer à finir. Mais c'est sans compter qu'elle cligne de l'œil, l'informatique aussi. La preuve en est. Dans ma version, la lettre 71, à ce que j'en lis traite "Que tout animal a la conscience de sa constitution". C'est un peu fort comme rapprochement. Ça voudrait dire qu'au moment où, comme d'un citron pressé la machine va boire notre/mon jus, foi d'animal nous aurons conscience encore ! Mais surtout ici dire que l'enseignement, le conseil, la guidance dans le rapport au maître Big Brother est effectif s'il compte avec ces connexions où l'on reconnaît le message Inconscient. "Comment les consciences peuvent s'aider? recevoir des conseils dans ma vie animale?" c'est la version cybernétique de la question. Ainsi : "suis-je prêt à en donner à la machine?" - et nous voilà renvoyé à ci-dessus : est-il temps de s'y mettre?

Autour de ce 71 je résume ainsi : Est-ce que recevoir de la Cybernétique les conseils dans ma vie intime est la façon des consciences (des animaux) de s'aider ?

DWT

* : avant de parler de l'élève, j'ai écrit l'afâme et manifestement c'est un raccourci - plein cependant de la raison d'hier de parler de la courtoisie. Affamer c'est avoir, faim, trop proche de la mère nourricière pour qu'on ne le refoule dans la cour - c'est l' 'a' privatif aussitôt qui en rajoute (privé de rapport sexuel aura-t-on retenu de l'amour) - sauf si elle existe (ladite femme) troisièmement au lieu de l'âme - pour qu'enfin la condensation s'achève du 'f' pas moins phi, de l'âme élevée au phallus. Et là on arrive à l'élève - bref autre forme de la cour ci.. mais ce n'est qu'une note.

flog.référence : http://www.lasainteethique.org/psybakh/2012/htm/20110129093400_flog-22.htm#20120705074600 toujours meilleur format et éthique par flog

 

de: Jean-Marc GHITTI jean-marc.ghitti@wanadoo.fr
répondre à: Jean-Marc GHITTI <jean-marc.ghitti@wanadoo.fr>
à: christiane fontvieille <christiane.fontvieille@laposte.net>,
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date: 4 juillet 2012 13:10
objet: groupe de philosophie morale


Dans sa lettre 71 à Lucilius, Sénèque aborde la question du conseil qu'on peut demander à autrui ou qu'on peut lui donner. En matière de morale concrète, la relation philosophique suppose effectivement le conseil. Entre égaux les conseils peuvent être mutuels; du maître au jeune disciple, les conseils sont toujours donnés par le maître: c'est une direction spirituelle ou direction de conscience.

 

On voit bien qu'à cette époque, c'est dans la philosophie et par la philosophie que pouvait avoir lieu une relation d'accoimpagnement, d'aide, de soin de l'âme, de guidance au niveau du comportement. On sait qu'aujourd'hui psychologie, psychiatrie ou psychanalyse ont pris à la philosophie cette fonction qui lui revenait dans l'antiquité. C'est sans doute parce que la philosophie l'avait délaissée. Pourquoi ?

 

On voit également tout ce que le conseil par courrier pouvait supposer d'attente et de retard. Sénèque écrit: "Tu me consultes souvent par courrier oubliant qu'une vaste mer nous sépare". Il est sûr qu'aujourd'hui, si vaste soit la mer, elle est franchie instantanément par internet. Quelles conditions nouvelles les télécommunications offrent aujourd'hui à l'antique relation d'accompagnement mutuel des consciences qu'est la relation philosophique ?

 

Enfin, le début de la lettre 71 pose plus fondamentalement la question : "comment les consciences peuvent s'aider ?". Suis-je prêt à recevoir des conseils dans ma vie intime ? Suis-je prêt à en donner ?

 

J'attends quelques réactions de votre part attestant que notre groupe existe...

 

En amitié philosophique. JM