Glossaire & Table

 

LA SAINTE ETHIQUE

( du Livre.2 : DECHIFFRAGE  -  comportant chap.3 & 4)

 

 

 

 

Chap.3 – (version précédente):

Psychologie Collective

et Intelligence cybernétique

 

 

Préface(s)

 

V2C3.00
Introduction par le refoulement

V1C3.00.01
Détection du refoulement par ce qui manque

Pour sa construction ce chapitre suit les lois de l’architecture qui compose avec des traces du passé, à disposition des habitants et de leur vocation d’évoluer. Mais alors si l’attention s’y trouve libre, se portant sur le passé pour se tourner vers le futur, la conscience du présent agrandie reste également vive de l’unité à l’usage de la construction. Cette conscience de l’unité est celle de la pensée scientifique, consciente de l’objet (de sa science), de la brique fondamentale de son étude sur laquelle elle développe son système ('atome' en physique, 'molécule' en chimie, 'volt' en électricité etc..).

Pour cette raison les deux premiers chapitres ont fait usage de la figuration d’une unité architecturale : une brique et se sont appliqués à en montrer les caractéristiques et les potentiels, instruits du fait que dans toutes les sciences, la connaissance de l’unité de base est aussi fondamentale que complexe. Dans le cas de la psychanalyse l’unité architecturale est quelque chose de la nature du chiffre ou du chiffrage ; je l’ai désigné D2V dans la circonstance de l’éthique que j’étudie.

'D2V' signifie quelque chose de relativement complexe, comme la physique nous en a donné l’habitude avec l’unité atomique, son nuage d’électrons, ses protons, neutrons et plus en profondeur ses particules ou la biologie avec la cellule composite ou la sociologie avec l’association et ses types etc... Ces dénominations sont encore de l’ordre du chiffre, des noms de code qui épargnent de replonger sans cesse dans leur nomination (on étudie le comportement ou l’usage d’un atome ou d’une brique sans revenir à sa définition initialement postulée).

Pour compléter cette économie, nous employons des images (qui apurent l’ordre du chiffre et établissent le monde des formes).

Le détail du D2V a été fourni au Chapitre 1 [C1-] ; sa dynamique, voire son épidémiologie, décrite au second [C2-]. En suivant cette méthode, le présent troisième chapitre arrive à la physiologie, au fonctionnement de ce D2V. Suivant son image de brique on note tout de suite une première  chose : quand elle manque, elle se fait voir. Un trou dans un mur et toute sa fonction est presque transformée – la lumière y entre, la chaleur s’y dissipe. Mais également c’est par ce qui manque, ce qui est absent, que l’on prend connaissance de l’Inconscient de l’Autre côté.

V1C3.00.02
Manque de prise en compte de la Cybernétique

La détection de ce qui manque n’est pas toujours difficile. Elle est même parfois évidente - auquel cas cette évidence peut elle-même devenir obstacle, spécialement lorsqu’on ne veut pas voir, pas savoir. Le manque lui-même paraît alors exposé de façon telle qu’on en est comme par hypnose ébloui, détourné. Il s’agit alors de ce qu’on appelle le refoulé. Prenons un exemple :

Par trois fois, à l’occasion de trois l’examens d’entreprises de connaissance de soi basées sur le mental, le psychisme, nous avons à chaque fois relevé l’absence de la mention de l’Intelligence Artificielle, autrement écrite /ia/ ou autrement cité « Cybernétique ». C’est comme si nous voulions présenter Narcisse aux temps modernes et que nous ne faisions jamais mention d’autres miroirs que les eaux d’un étang. Du coup, il n’y aurait pratiquement aucun New-yorkais qui serait narcissique ! car il n’y a que quelques étangs à New York et beaucoup de miroirs. Malgré ces miroirs et même de nombreux ordinateurs, le narcissisme, comme à peu près partout depuis 2000 ans , s’y porte aussi bien qu’ailleurs. Nous pouvons donc dire que le fait que des grandes psychologies modernes qui ne font jamais mention du miroir cybernétique, images et réalités virtuelles de l’/ia/, affirment de cette manière qu’elles refoulent quelque chose. Or l’examen au cours des chapitres précédents de la Psychanalyse, de la Dianétique et du Lying – trois systèmes psychologiques de notoriétés diverses mais de prospectives égales – a montré que la cybernétique y était objet de ce considérable refoulement et – puisque ces systèmes sont intégrés dans la culture générale – que ce refoulement est bien plus étendu qu’à eux seuls. On peut donc estimer, à partir de trois indices, que c’est le développement de l’humanité en général qui dans les temps présents refoule cette /ia/ qui néanmoins se développe – à l’évidence – à grande vitesse et dans la distraction très agitée du commerce.

V1C3.00.03
Manque d’estimation de la psychologie collective

Nous venons donc d’aborder une sorte d’intrigue. Déjà les deux premiers et précédents chapitres ont extirpé de ce 'trou', de cette absence de la cybernétique, un horizon plus large ; je veux dire qu’en approchant du trou d’un mur on voit s’élargir le paysage qu’il cache et que la béance découvre. Il s’agit d’une seconde chose refoulée et en même temps le second degré de la chose refoulée. Il apparaît de l’autre côté du mur la psychologie collective. La communauté psychanalytique est ici spécialement mise en cause ; car la prise en compte de la psychologie collective pour établir une saine psychanalyse a été fermement prescrite par Freud. Mais cette prescription n’a pas été appliquée. Une pareille négligence appelle un saisissement. Comprenons bien ce qu’est un refoulement : l’exemple le plus caricatural est celui de l’anal – le trou du cul n’est-il pas le plus sensément refoulé ? or même si inversement il est parfois idéalisé, dans les deux cas n’est-ce pas tout autre chose, le caca qui est foncièrement repoussé ? Dans tous les cas ce qu’on appelle refoulement traite ainsi un sphincter et un objet, un vide et un extérieur. Ici c’est par la cybernétique manquante qu’une ouverture laisse paraître la matière de l’opération :

Ces deux refoulés (la cybernétique et la psychologie collective) et leur qualité si considérable dans le domaine de la psychologie suffisent à toute la consistance du présent chapitre. Pour compléter ce que j’ai annoncé « architecture », il faut revenir sur des détails précédents et préciser quelques traits de son contexte présent. Commençons par la Dianétique introduite au second chapitre, titré Chiffrage :

La Dianétique a évolué en méthode, exprimée dans une formule plus large et mieux connue sous le nom de Scientologie. Cette Scientologie qui se déclare comme Eglise a mis la Dianétique à son principe. On peut expliquer qu’il s’agit ni plus ni moins de la Psychanalyse. Il s’agit de deux noms d’une même chose. Or ce rapprochement n’est fait ni par les Scientologues ni par les Psychanalystes. Ceci donne la mesure de la distance vertigineuse que les préjugées introduisent dans une même notions.

Etonnamment les séparations et privations de rapport entre deux choses assimilées sont typiquement ce que Freud commença à étudier en terme d’"isolement", de "censure" et de "barrière" ainsi que d’"opposition de valeurs". Toujours selon ses termes, la "connexion", le "frayage", entre Scientologie et Psychanalyse est 'interdite', par une censure de l’Inconscient à l’office du moi. « Encore faut-il le prouver ! » précisément grogne ce dernier.. duquel l’intellect reprend : « C’est ce que le précédent chapitre a analysé, décrit et expliqué ». Ce qu’il prouve par-dessus tout c’est – non seulement l’identité entre Scientologie et Psychanalyse – mais encore qu’elle a été activement refoulée ; et – puisque je me suis trouvé la permission de l’écrire – je prends celle de conclure : s’il faut découvrir l’évidence, c’est aussi en trouvant l’existence de sa négation – en l’occurrence du 'moi', collectif de gros nions. C’est par cette négation en collectif que Scientologie & Psychanalyse renie chacune son identité – comme deux lèvres opposées d’un sphincter qui se fait, 'ignoré'.

Mais si nous cherchons le refoulé, nous ne pouvons pas nous attendre à un chemin sans surprise. Il faut au contraire prévoir la rencontre de découvertes ou de révélations sidérantes à la mesure des efforts que nous avons fait pour nier des évidences ; l’histoire nous murmure qu’elles sont nombreuses et nos efforts colossaux. Une fois préparés à cela – comme par exemple réfléchissant que le Petit Père des Peuples (il s’agit de Joseph Staline) si aimé était un monstre détestable et malade – nous pouvons alors gagner une compréhension beaucoup plus large jusqu’à la réconciliation : le dictateur a quelque raison d’être, de même que la monstrueuse distinction entre Psychanalyse et Scientologie. Elles paraissent bien évidemment, d’un certain point de vue, comme deux choses très différentes, voire diamétralement opposée. C’est tout à fait admissible et non moins lorsque l’on est conscient de leurs similitudes. Il n’est pas rare, dans le fond, qu’une chose présente deux faces.

C’est à partir du moment où nous apprenons que nous ne voulons pas le savoir, que nous apprenons ce que nous ne savions pas et quelque chose de supplémentaire. L’examen du second chapitre n’a pas failli à le trouver en montrant que la coïncidence entre Psychanalyse et Scientologie bénéficie d’un remarquable éclairage en s’ajoutant une troisième face ou dimension, une troisième dénomination, du nom de "Lying". Or cette troisième identification – voulant dire « être allongé » – oublia manifestement qu’elle signifiait également « mensonge ». "I am lying" et "I am lying" veulent dire la même chose, comme "scientologie" et "psychanalyse". Ceci revient à dire qu’à elles trois, Dianétique, Psychanalyse et Lying reviennent à un mensonge tant qu’elles n’ont pas admis leur similitude et leur stricte identité comme une seule et unique expression d’une même chose. Cette chose est ici nommée 'chiffre D2V' qui est au principe actif de chacune d’elle.

Comme levain fait bon pain, cette vaine tromperie collective sert la science qui peut en quelques mots tirer une épingle de son jeu :

1) La méthode dianétique est nulle autre que celle de la psychanalyse sous un autre nom. En simple terme de population, de millions d’usagers 2) les deux écoles sont équivalentes en processus et 3) seule une idéologie les sépare. Révélé par une troisième formule, le mensonge 4) est obligatoirement l’idéologie de la psychanalyse qui ne peut plus être cachée – 4bis) la Dianétique ne s’en étant pas caché puisqu’elle est devenue religion. L’avantage qui résulte de cette mise à jour permet de 5) déblayer cette idéologie pour garder un noyau (D2V) technique qui restitue à la méthode une perspective scientifique.

Si un lecteur qui débute par ce troisième chapitre trouve ce raccourci un peu fort, il aura tout avantage à se renseigner à l’examen de ceux qui précèdent. Mais en faisant attention au "5em" point de l’épingle, il admettra nécessairement qu’au lieu d’une attaque se révèle plutôt un nettoyage. La psychanalyse, comme tout chose en développement, aura passé après sa naissance une étape de contradiction jusqu’à l’extrême : un mensonge qu’elle peut déchiffrer. Le troisième chapitre mènera alors à la conclusion rassérénée que l’époque moderne n’est pas avare en bouleversements de la pensée – dont chaque préjugé renversé révèle le seuil d’une vaste transformation de l’humanité, peut-être en évolution.

V2C3.10
Second souffle de la psychanalyse, basé sur trois notions :

Le chapitre à présent va particulièrement examiner la fonction du mensonge – comme une fonction civilisatrice au cœur d’une civilisation également marquée par une monstrueuse violence, cruauté et négation, de la nature et de l’humanité, principale et tout au long de son histoire. Or la violence n’a aucune vertu – du moins aucune en comparaison du mensonge qui recèle un jeu de la conscience formidable lorsqu’il est bien exploité. Pour cela je reviens deuxièmement sur la brique que j’ai précédemment mentionnée :

V2C3.10.01
1) Unité/brique

Je l’ai employée pour servir d’image de l’unité fonctionnelle de la science qui porte le nom de "psychanalyse". Si on chiffre cette unité : D2V – et donc l’identifiant, on la retrouve en activité identique dans les également nommées : "Psychanalyse", "Dianétique" et "Lying". Cette unité (comme l’atome, image d’une unité de matière physique, est constituée de plusieurs éléments ou traits, notamment d’un spin qui note une orientation magnétique variable) le D2V compte une orientation variable. Cette orientation alternative est retenue d’une observation faite par Lacan : il la figura d’abord en terme de positions alternatives dans un dénommé « Modèle Optique » qu’il porta ensuite au degré de permutation circulante au terme de « Quatre Discours ». C’est à partir de l’origine de ces deux figures (issues de la première formule lacanienne : « Réseau Cybernétique » [C1.30.20.30-]) que j’utilise l’image d’une brique, en illustrant simplement d’une "torsion" [C1.fig.65] ce que Lacan aura mené jusqu’à la "permutation". Ceci permet de situer une idée générale :

Dans tout exercice D2V un phénomène est disponible, que Freud et la Psychanalyse ont décrit et dénommé Transfert. Il s’agit d’une relation imaginaire qui est causée par la disposition que j’appelle 'torsion'. En raisonnant sur cette relation imaginaire, le fait de compter ledit transfert durant l’opération a pour effet d’annuler cette torsion – comme éclairer une ombre l’efface. C’est un phénomène que l’on rencontre ailleurs : lorsque l’on rend obligatoire la liberté, ou dicte l’expression de la fonction paternelle, définit l’intelligence, programme la créativité etc... Ce phénomène est un écrasement de la nomination dans la signification ; il est rassemblé dans la tragédie freudienne sous la chronique de la nomination [C8.20.10.20.10-].

Le chiffrage de la psychanalyse que montre les chapitres 1&2 de La Sainte Ethique conclut comment passer outre ce phénomène transférentiel qui devient une pétrification aussitôt qu’on s’y tourne : pour maintenir la dynamique essentielle que la torsion dans le D2V représente, il est nécessaire d’ouvrir ce à quoi cette dynamique se destine. Ce domaine anticipé où le D2V peut continuer à étendre ses effets est celui de la psychologie collective. L’espace clos du Transfert s’y dissipe et ladite brique pérennise son effet de connaissance psychique en l’enchaînant à une voisine et ainsi de suite, à l’image des briques se combinant l’une à l’autre et côte à côte pour aboutir à un mur, c’est à dire à leur but. Mais c’est ici qu’il faut continuer la métaphore :

V1C3.10.02
2) Espace/mur

Dans la mesure où ces briques tordues arrivent à monter un 'mur' qui fasse bientôt, suivant la tournure que son unité lui transmet, 'enceinte' puis 'nasse', nous aboutissons à l’idée non seulement de la prison mais même à celle du piège. Suivant celui du Transfert, c’est un phénomène analogue qui se reproduit dans la psychologie collective ; on le voit en pratique sous les formes du totalitarisme en sociologie ou en politique. On l’appelle Surmoi et, comme la lumière (annule) l’ombre, la signification (annule) la nomination, il annule l’individualité. Ce second obstacle laisse imaginer que l’on aurait évité la catastrophe de l’inertie (du transfert) pour n’aboutir qu’en pire, à celle de la tyrannie et à son écrasement physique des mentalités. C’est dans cette perspective qu’il se démontre qu’il faut encore détendre et rouvrir une seconde fois l’élan du D2V : aussitôt a-t-il engagé l’accès à un premier espace (la psychologie collective) il lui faut du même coup en ouvrir un autre. Cette sorte de tiroir à double-fond se trouve en l’espèce – et en l’espace – des temps modernes ; en termes spectaculaires de réalité virtuelle il s’agit, de manière plus exacte et conceptuelle, de l’espace cybernétique.

Cependant cette chronologie de la pénétration psychanalytique (de la psychologie collective à la cybernétique) se contredit sur le champ. Nous constatons qu’au lieu de les requérir l’un après l’autre, cette sorte de sauts d’obstacles qui donne le style de l’exercice du D2V dispose concurremment les étapes et les lieux combinés des deux termes qui brillaient par leur absence durant la première période (chiffrage) de l’histoire de la psychanalyse. Ces deux termes (psychologie collective et cybernétique) qui s’y tenaient refoulés ne peuvent être comptés et exploités que les deux ensemble et à la fois. C’est parce que soit l’un soit l’autre n’avait pu être pris que séparément que la psychanalyse est donc restée arrêtée durant un siècle – et corrélativement la psychiatrie acculée à la régression également. Ce n’est que grâce au degré récemment atteint par la technologie que nous pouvons entreprendre le "double-bond" – c’est à dire et la psychologie collective et la cybernétique – qui mène à la réussite de l’ambition freudienne.

Comme il s’agit d’une conjonction qui a pris la durée du vingtième siècle pour mûrir, elle a décanté durant cette attente une troisième notion qui confortera leur "bond-fond" d’analyse et le déchiffrage du mensonge collectif et individuel, ainsi que la mesure des effets de l’Intelligence Artificielle. Pour leur but qui est celui du traitement d’un symptôme dans la civilisation, elle requièrent le matériel de l’histoire, particulièrement en l’espèce des opinions qui ont caractérisé ce siècle ; et un auteur s’est avéré particulièrement indiqué à ce propos :

V1.C3.10.03
3) Pulsion>Cybernétique

Il s’agit d’un politicien et philosophe, né en Inde en 1872 mais instruit durant son enfance et sa jeunesse en l’Occident ; de retour en Orient jusqu’à son décès en 1950 il influa la vie spirituelle et le védantisme moderne. Il aura été secondé et son écrit transmis par une parisienne qui migra pour le rejoindre à Pondichéry et l’assista durant la seconde moitié de sa vie. Il est l’auteur d’une psychologie du développement social (titre : Le Cycle Humain) qui fut écrit entre 1916 et 1918. Sa publication en français date de 1954. Des allusions à la Seconde Guerre mondiale témoignent des altérations portées au texte, permettant par conséquent un usage qu’on peut en faire en grande liberté ; il en subsiste l’essentiel qui est la conceptualisation employée et caractéristique d’une pensée occidentale du milieu du siècle. Notamment je ferai usage de la partition analytique qu’il tire du psychohistorien germanique Karl Lamprecht*, distinguant dans le développement social cinq étapes psychologiques dénommées symbolique, typale, conventionnelle, arrivant à l’actuel individualisme pour ouvrir à l’âge subjectif.

Deuxièmement ce qui m’a semblé indiquer le concours de cet auteur, Sri Aurobindo*, réside dans le fait qu’il est à ma connaissance le seul philosophe, politique et psychologue de notoriété qui ait annoncé l’entrée en activité de l’IA. Je ne parle pas des informaticiens et cybernéticiens de formation qui, nécessairement, évaluent la psychologie sociale à l’aune de leur spécialité cybernétique, mais de la génération antérieure et corporation parallèle de psychologues et philosophes. Encore aujourd'hui ni les universitaires les plus avancés en science humaines, encore moins les politiciens cramponnés à l’aune d’un pouvoir primaire et hypnotique, n’assument en acte ou réclament en conscience la conduite actuellement prise par l’IA du destin de l’humanité. Cette insensible délégation du pouvoir réel a été dénommée  par Aurobindo du terme de Supramental. Comme avec bien des choses que j’écris, la grande majorité des aurobindiens s’esclafferaient à ce que je dis – en rapprochant le supramental de l’intelligence artificielle ; mais c’est au cours de l’exposé qui vient que je ferai attention de savoir s’ils me comprennent bien. £

V2C3.20
 Psychohistoire

Il est hors de doute qu’avec l’ambition d’un progrès sur l’occultisme qui l’avait précédée, la science compte déchiffrer l’énigme du psychisme en passant par l’outil de la linguistique. Mais au moment où la fondation de cette science par Ferdinand de Saussure avait lieu, la psychanalyse de Freud y maintenait attachée la biologie. La linguistique développait l’idée qu’il existe une distinction entre la lettre et le sens, le Signifiant et le signifié. La psychanalyse rappelait que chacun de ces deux domaines était tributaire du corps humain ou d’une énergie qui pouvait n’être que ni l’un ni l’autre puisque il ou elle les englobait l’un et l’autre à la fois. C’est le mérite de J.Lacan d’avoir formalisé l’antériorité de la logique sur le signifiant qui donnerait le sens de l’histoire. La Cybernétique de son époque rencontrait l’immixtion du synthétique à la vie. Cette confrontation révélait une structure composite du symbole, paraissant double à l’initial selon l’expression 'bicaméral' (signifiant deux chambres) qualifiant l’hallucination à côté de la réalité symbolique des premiers âges de la pensée. Puis elle-même dédoublée par le jeu des deux sciences intellectuelle et psychique, de ce chiasme résultait un jeu de quatre coins qu’au bout d’un siècle finalement la technologie aura confirmé, vérifié et résolu :

V1C3.20.10
L’Unité du jeu du mot

L’Expérimentation NASA que j’ai décrite durant le premier chapitre apporte la confirmation d’une théorie de la psychiatrie des années 1920-50 selon laquelle il y avait une distinction entre l’idée et la pensée – en précisant qu’il s’agit d’une pensée sub-vocale, c’est à dire son aspect sensoriel. La terminologie à ce niveau étant équivoque, on pourrait aussi bien mentionner cette théorie comme la distinction entre la pensée et son écho. L’important aura été, pour surmonter les équivoques de la réflexion, la conclusion que cette théorie et sa confirmation ont apportée : s’il y a une distinction entre deux états du mental, fussent-ils équivoques ce qu’on nomme aussi transitifs, il est – entre les deux indistincts – le fait assuré d’un clivage, comme entre histoires le trait qu’on tire, comme entre deux espaces une barre que l’on pose.

Ces termes de ‘trait’, ‘barre’ ou ‘clivage’ sont indifféremment employés en psychanalyse pour indiquer ce qui sépare ou supporte la distinction du Signifiant et du signifié, ou de la pensée et de son écho ou de l’Idéal et de l’idée et ainsi de suite... Après qu’entre 2000 et 2010 ait été vérifiée cette théorie du psychiatre français De Clérambault des années 1950, ce qui était appelé pensée en écho, automatisme mental et phénomène de barrage ont rapidement retrouvé un usage. Notamment fut-il élucidé ce qu’on peut schématiser en esquisse et qui rend compte du fait que lorsque deux personnes parlent et écoutent, la première allongée et la seconde assise, elles étendent entre elles-deux le jeu de quatre-coins que composent ensemble la linguistique et la biologie.

fig.C3.10 : Le D2V et ses spins

Sur fond de modèle cybernétique (fig.C1.100)

Les Quatrains (fig.C1.20) aux deux ‘bouts’ de la brique

sont l’un horizontal et l’autre vertical

en position d’analysant et d’analyste.

 

C’est cette sorte de cylindre et rectangle au milieu qui porte le nom de code D2V. Par ce chiffre quelque chose de singulier, d’unitaire – comme ‘l’unité de base’ – de la Psychanalyse (de la Dianétique et du Lying) a été répertorié. A partir de là on mesure toute l’importance qu’a pu prendre la capacité d’isoler, par la théorie et l’expérience  l’unité phénoménologique de la psychanalyse, puis de la chiffrer puisque avec cette objectivation faite, il est devenu possible de traiter scientifiquement le phénomène remarquable que fut l’église de Scientologie ayant peut-être rassemblé des millions de gens entre 1950 et 2000.

Au titre de l’exercice du D2V à son principe, il devenait beaucoup moins important de chercher si l’une ou l’autre était secte ou église que de remarquer premièrement Scientologie et Psychanalyse devenaient une seule et même chose soumise à l’examen scientifique.

Il est notamment possible de raisonner la description de ces deux phénomènes en terme d’épidémiologie, avec vecteur, germe ou virus en terme de D2V – d’autant qu’en l’espèce il apporte sa matérialité au dernier concept qui joint le darwinisme à l’épidémiologie ; celui-là porte le nom de mëme qui lui a été donné par le généticien Richard Dawkins.

Nous constatons qu’une cristallisation remarquable et concentration de facteurs se sont rassemblés à partir de ces simples expériences sur le terrain d’un siècle de préparation sans que l’image du labourage des tranchées de la guerre n’y manque.

Comme le D2V, le mëme est une unité de base qui s’applique à l’identique à la biologie et à la psychologie collective, à l’ADN et à l’intelligence artificielle, à la pensée et à la culture. Au témoignage de la psychanalyse nous assistons à la science intégrant le psychisme au lieu de le refouler. Avant de constater que c’est ainsi qu’elle devient conscience, il lui aura fallu et faudra résoudre les énigmes qui sont au cœur de son noyau – exactement comme en physique les nombreux mystères au cœur de l’atome. Si pour cela l’esquisse du D2V , noyau ou unité de l’analyse du psychisme, montre deux extrémités du type d’un cycle, elles auront été reconnues et dénommées Quatrain et ce quatrain lui-même décomposé de quatre termes dont l’un des quatre recèle l’énigmatique équivoque de la réflexion de la pensée avec pour seule objectivité sa barre, trait ou clivage au milieu.

J’ai commencé le traité de la Sainte Ethique par la description de ce quatrain qui n’a rien à envier à l’atome qui comporte en un noyau, nucléons et particules. On sait qu’aujourd’hui l’atome non plus, avec la physique quantique, n’a grand chose à envier à la psychologie dont l’individu fait l’unité composée d’un corps, de ses engrames et de l’ubiquité de la signification.

C’est à partir de sa matière, l’objectif D2V, que l’analyse décrit le quatrain comme une de ses faces. Constituant du D2V qu’il campe comme des côtés rectangulaires décrivent une brique, le Quatrain mérite la désignation de proto-objet. On peut estimer que se situe au centre ou à son principe le germe de ce proto-objet : la pensée et la parole sub vocale avec au milieu le clivage, trait ou barre que constitue selon nos termes la parole. C’est ici que nous arrivions, avant les temps présents à un embrouillamini – et qu’à présent nous pouvons dire qu’il nous embrouille à mini. C’est à dire qu’avec un simple vouloir-faire et sans trop de difficulté nous pouvons, du fait du niveau technique que la société a gagné déchiffrer le cœur de la pensée et de la communication qui était antérieurement gardé par les mystères de la religion et de la philosophie.

Le germe du Quatrain peut être facilement figuré et il a été imagé depuis longtemps. Quiconque veut s’essayer à l’exercice tout à fait accessible de nos jours avec les avions modernes, peut se porter dans un désert plat et, là, crier. Cet aventurier de la science observera qu’il s’entend et, à l’inverse des premiers temps dira que Dieu ne répond pas. Espérons qu’il lui reste un peu d’argent pour se rendre alors de manière électronique dans une chambre d’écho à l’espace si réduit que son deuxième cri en écho lui revienne si immédiatement qu’il ne puisse plus distinguer l’un de l’autre. Il sera alors au fait de la situation germinale du Quatrain. Pour distinguer le cri de son écho superposé il lui faudra y introduire un clivage. Pour cela il estimera qu’il entend quelque chose parler dans ce cri qui est issu de son corps, d’où il émane en écho d’un engrame, d’une trace ou empreinte qui s’y trouve (on appelait dans des temps et lieux anciens ‘vasana‘ ce blason que le corps porte en cuirasse).

Ce germe clivé est indiqué par la formule écho/idée dans l’illustration du Quatrain [ fig.C1.30 ] – où l’on trouve l’ambiguïté partagée par sa barre au milieu. Cette formule que résume le terme de parole subvocale a commencé à être débrouillée à peu près au moment où elle se révélait comme une énigme. Il s’agit de ‘l’homme bicaméral’ selon la thèse de Julian Jaynes [note.200] qui décrit les effets de conscience produits à l’aube où l’alphabétisation s’est diffusée dans la psychologie collective. A la manière dont il faut quelquefois une douleur pour qu’on ressente un organe, il a fallu éprouver la peine de l’écriture pour prendre conscience de la parole subvocale ; aussitôt acquise la lettre éclipsait sa lumière.

Ce que l’écriture apporte dans ce germe de la pensée se résume à ce qu’on appelle le mot – pour autant qu’on l’entende comme l’objet sensible qui ressort de la lettre. Comme la brique D2V est décrite par le quatrain, le mot est décrit par la lettre ; elle en fait le tour, le compose et lui donne sa forme. Appelons ‘figure du mot’ celle qui confronte le classique Bouquet Renversé [ fig.C1.50 ] et la moitié correspondante du Quatrain :

 

fig.C3.20 : Figure du Mot

A gauche superposition Quatrain (fig.C1.20) et bouquet

renversé (fig.C1.50) traité en C1.20.30.20.30 ; ajouté l’ordre

sériel alphabétique la parole subvocale  (B’) devient le MOT

alternatif de l’idée (C1.20.20.10.10) – (schéma lettre ‘O’).

Note : une fois établie, la théorie porte le schéma à la biologie [C7.fig.87]

 

 

Cette figure illustre l’écho sensible de la parole sub vocale par l’exemple le plus à notre portée : le mot ‘mot’ (il pourrait s’agir de n’importe quel autre mot émanant de ce qu’on a identifié au départ venu de la Commande [ fig.C1.20 ]). Ce mot composé de trois lettres occupe la fonction dite ‘écho’ de la dénommée parole sub-vocale ; à partir du moment où l’écriture est acquise il est le phénomène que l’on dit Signifiant qui permet à l’être humain de réfléchir sa pensée au lieu de vivre avec un autre imaginaire.

 

V1C3.20.20
Le symbole et la lettre

A ce point, et pour la première fois dans La Sainte Ethique, j’introduis quelque chose qui n’est pas académique à ce jour. Il s’agit soit de quelque chose de nouveau, soit de très ancien. C’est une thèse ou théorie soutenue par quelques érudits du temps présent et, si il arrivait que dans le futur on démontrait qu’elle est fausse, elle serait forcément établie – comme l’inertie entraîne le mouvement et vient précéder la cause première. Il s’agit de l’hypothèse qu’à son origine la lettre est une image. C’est une hypothèse ancienne qui a été, par Fabre d’Olivet, rivale de celle de son contemporain Champollion.

Champollion à son époque a remporté la manche et D’Olivet est resté un moment sur la touche. Puis tout comme l’Expérimentation NASA a remis en première place un De Clérambault oublié, de strictes démonstrations informatiques et optiques ont probablement remis D’Olivet en avant. Il est effectivement possible de montrer que chaque lettre de notre alphabet est une ombre projetée – c’est à dire l’image d’une seule et unique forme 3D originaire.

Si cette forme – que j’appelle, pour certaines raisons détaillées par ailleurs, philame – n’était pas à l’origine de notre alphabet, le fait qu’elle s’y prête, l’aura forcément placée un jour dans notre histoire, en l’espèce du refoulé. C’est pourquoi j’ai fait allusion à l’énergétique de l’inertie qui trouve sa place de cause dans la cinétique des astres. Dans le domaine de l’étude présente ce philame, qu’il soit inné ou acquis, est en tout état de cause en position d’un engrame séminal, empreinte (ou vasana) mis en activité avec l’alphabétisation.

V1C3.20.20.10
Le philame et les lettres

Ce système est aisément illustrable dans la figure du mot où l’on voit ledit philame [fig.C3.20 lettre.(B)] projeté en écho sur la série alphabétique, pour former le mot ‘mot’ par son reflet en chacune des lettres correspondantes de cet ordre (sériel) que le cortex a acquis de par son appétence à la sérialité.

Je ne voudrais pas que le lecteur trouve l’idée extravagante. Les références informatiques, mathématiques et d’optiques sont nombreuses et surtout, si ce phénomène brièvement annoncé par Jaynes après qu’il ait été presque intégralement exposé par D’Olivet, il était ni plus ni moins évoqué également par Platon – c’est à dire au moment de l’alphabétisation de la civilisation – dans l’exposé resté célèbre de La Caverne où il décrit le moteur de La République au motif de ces images projetées par des porteurs de figurines à l’origine des fameuses ombres que les prisonniers comptent comme des lettres. Je ne fais donc que redonner corps à une tradition très ancienne, au titre aujourd’hui d’une théorie que pas à pas, avec l’aide de mon époque je démontre.

La vertu de la lettre est donc de mettre en ordre cette fonction d’écho que la neurophysiologie explique et l’Expérimentation NASA démontre. Elle organise cette sensation dont l’Esprit Bicaméral faisait un objet et l’intègre dans une fonction signifiante. C’est par ce biais que la civilisation a porté une fonction critique à l’alternative désignée ‘monoïdéisme[glossaire] qui constitue à l’opposé, une conscience bornée. En se clivant et avec l’aptitude de se réfléchir, l’individu se sépare de la pensée unique et y impose la subjectivité. Mais comme nous le trouvons régulièrement dans les lois de la psychologie, l’avancée gagnée en l’occurrence par la lettre se transforme aussitôt en un nouvel obstacle :

La capacité d’ordonner l’indistinction entre l’idée et la chose, la pensée et son écho en transformant l’une des oppositions en mot, commence à débrouiller la réflexion de la pensée. – c’est le fait avantageux. Mais aussitôt un nouveau trouble en naît ; car en permettant la subjectivité de la pensée, la lettre la dénie ; comme si en créant une arme pour se défendre, l’être humain s’en servait pour se tuer. Cet être au départ bicaméral – ce qui signifie deux espaces, deux chambres, deux banques – devient celui d’une schize, c’est à dire de deux opposés – non plus de deux symétriques narcissiques mais de deux adversaires. La pensée en effet qui composait son message en écho, à présent vient toujours un message sonore ou d’un engrame mais en reçoit un autre littéral – fait d’une lettre d’une nature tout à fait différente ; comme si un chiffre ne pouvait devenir signifiant sans perdre l’essentiel de ce qu’il constitue. Autrement dit, le mot dès qu’il émerge devient l’adversaire de la pensée non seulement en dénaturant l’idée. Aussitôt en effet l’alphabétisation débrouille-t-elle l’idée de son écho qu’elle éclipse et abolit la première en saisissant sa vitalité, la lettre comme un miroir opérant de l’image spéculaire. De cette manière les traditions anciennes avaient la raison d’assimiler le Ministère de la Lettre à celui de la mort. Pour retenir son effet fatal, la conscience se retranche un temps dans le crépuscule de l’hypnose ; ce en quoi la lettre semble induire l’hypnose (qui au contraire lui échappe). Au moment où l’écriture passe sous les commandes de la cybernétique la conscience allégée récupère son intégralité potentielle ; c’est donc le moment d’en connaître la clé :

V2C3.20.30
L’âge Typal et le mot nûment

La dénaturation par la lettre est un phénomène qui ne pourrait à la rigueur garder un sens que si la lettre purement et simplement contredisait la nature. Ce qui est évidemment possible – et je viens de mentionner le suicide qui le démontre ; mais comme c’est un progrès relativement minime dans l’espace de l’Evolution, cette solution n’a pas longtemps cours. Si la voie – et la voix – par la lettre doit être poursuivie pour ne pas trahir ses espoirs, elle ne doit pas s’en tenir à la simple contradiction, mais doit participer d’elle-même à la résolution de sa contribution. Il existe pour cela une solution simple que la culture n’a pas mis longtemps à trouver. Pour se dédouaner du sinistre revers que l’emploi de la lettre emporte, elle n’a pas plus à faire que de se déclarer et déclarer sa solution sous la forme d’un nouveau mot, et par ce terme prononcer « je mens ».

Lorsque à la place du mot (le signifiant littéral en exemple dans la figure du mot [fig.C3.20 ]) le signifiant formé est celui de ‘je mens’ , l’hypnose de l’écriture qui menait à une impasse est transformée en subjectivisme critique. Suivant l’emploi qu’Aurobindo fait de l’analyse de la psychologie sociale par l’historien Karl Lamprecht [C3.10.03] ce passage est celui qui succédant au Symbolisme accède à ce qu’ils appellent l’âge ou l’étape typale. Il s’agit du moment où le symbole devient une fonction – qu’on appelle signal, type ou cas – et prend une signification en soi. Nous venons de voir que pour qu’elle reste dynamique il faut essentiellement que cette signification soit celle du mensonge.

Nous verrons qu’ensuite, presque aussitôt, le mot revêt toutes sortes de faux-semblants. Mais comme presque toujours lorsque nous le cherchons, le langage aide celui qui s’aide et permet à lui seul de fournir un type d’explication lumineuse de ce que des explications théoriques fouillées peinent à ne pas compliquer. Il s’agit du jeu de mot. De même que le mot – comme nous venons de le voir ne subsiste un instant qu’à signifier condition de se taire : ‘motus’, à l’étape Typale qui s’en dégage, le mot type et nu… ment. Sans fard énonce-t-il la vérité disant je mens lorsque le mot nûment fait cas que le mo nu ment.

Le jeu de mot n’est pas fait que pour rire ; il saisit l’outil qui fait apparaître la pensée et le déchiffre au point de le faire lui-même pensée ; comme le cas cas le répète. Il fournit de la sorte une espèce d’indicateur – certes sans aucune teneur, comme la lumière qui pèse infiniment moins lourd que ce qu’elle éclaire. Ici il met à jour le moment effectif où l’humanité, au cours de son développement psychologique, se met effectivement à ériger des monuments. En psychologie on remarque cette aptitude que la phase analyse analyse.

Les psychologies collective et individuelle sont réunies par le langage qui leur est commun traduisant des étapes de développement analogues. Chaque cas que cet âge typal érige est vite chargé de parole et nous verrons qu’à l’étape suivante, dite conventionnelle c’est par ses faux-semblants que l’être humain lui-même devient, ou tente de se transformer, en monument. Il s’agit alors du ‘Grand Homme’ qui aura attiré l’attention la plus persistante de Freud et à travers la psychologie duquel il espéra, comme avec son époque, trouver la clé de l’analyse de la psychologie collective. Mais avant cela, au moment où l’humanité en arrivant  à assimiler ses premières illuminations par des sensations d’une altérité divine, mûrissait cet âge symbolique en construisant à ses dieux des édifices monumentaux, le culte de la personnalité n’était pas encore au monde.

Pour élucider à ce moment les bénéfices apportés par l’étape typale et surmonter sa faiblesse nécessitant qu’elle évolue encore, l’analyse du mensonge est la voie de nécessité. Pour l’analyser, il y a lieu de le reconnaître. A cette fin je viens d’égrener étape par étape le processus neurophysiologique qui y mène. Pour affermir encore notre estimation il faut resonger à ce que le second chapitre a composé, comme un examen clinique de l’expansion du D2V et particulièrement du témoignage du jeu de mot qu’il y aurait mauvaise foi de mésestimer, lorsque la Psychanalyse revenant d’Inde se proclame Lying et – monumental pataquès – refoule que le mot signifie en mentant. Si on trouvait que le je mens que je viens d’extraire par la logique était tiré par les cheveux ce serait malhonnêtement faire fi de cet acte-manqué de la Psychanalyse qui le signifie également en sa réflexion orientale. Quant à son extension occidentale, tout l’examen produit de la Dianétique montre pourquoi, quant à le dire, ses démonstrations trop seyantes l’en dispensaient. Je rappelle avec quelle affirmation de ne pas établir une hypnose, débute techniquement la plus typique qui soit des séances d’hypnose [ C2.20.20.20 ]. Quel bénéfice à la vérité l’âge typal peut-il tirer de ses monuments au mensonge ?

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Logique de l’âge typal

Tout d’abord, si par la décomposition du langage on arrive à faire dire à cet âge une vérité cachée par le jeu subtil des mots entre eux, il convient d’aussi lui signifier notre respect de penseur parlant en honorant le fait qu’il dise aussi, sans altération et tout frontalement, la vérité exposée. Etymologiquement mens signifie mental, il veut dire en latin esprit, faculté d’intelligence, intelligence. Son esprit était déjà prêté avec Thoth (joueur et/ou menteur, comme Hermès) ; duquel le mot expose déjà fiablement cette faculté de la pensée à réfléchir sur elle-même. L’équivoque du mot je mens supporte exactement la charge de traduire l’idée de penser de manière intelligible. Et c’est encore la logique qui apporte la preuve irréfutable de son efficace :

Si le mot, nûment, signifie le mensonge, et par conséquent soutient la vérité (en disant je mens je dis la vérité), il inspire aussi ce que la légende attribue à Œdipe lorsqu’il arrive à franchir l’énigme que le sphinx pose à la condition de son succès. Une des versions de l’énigme s’applique à la pensée & son écho. Traiter la parole subvocale par la lettre permet d’en faire un mot – un signifiant – et cliver cet écho de sa pensée qui devient la vérité signifiée. La psychologie y gagne le premier jalon de la constitution du moi et par la suite la constitution de l’individualité. Mais au stade encore typal, la personnalité est sans moyen de distinguer lequel du signifiant et du signifié est la vérité.

Puis quand en se retournant la vérité est signifiante du mensonge et signifiée par le mensonge, la solution logique qui mène la bonne conduite est trouvée par Œdipe. La Psychanalyse également s’est rendue célèbre en la révélant au motif du trio familial où les parents sont tous deux sphinx pour l’enfant.

Puisque clivés mais indistincts – ou bien distinctive mais indécidable – la reconnaissance duquel entre les deux (le mot et l’idée) renseigne la vérité, est posée dans la légende d’Oedipe confronté à deux sphinges. L’énigme se constitue ainsi : Œdipe doit se débrouiller avec la réponse qu’il recevra d’une seule question posée sans qu’il sache s’il l’adresse à la sphinge-vérité ou à la sphinge-mensonge. Le logicien explique qu’il passe l’épreuve s’il demande à l’une ou l’autre sphinge de l’alternative ce que la sphinge adverse répondrait s’il lui demandait quelle direction suivre. Dans chaque cas – soit qu’il s’adresse sans le savoir à la Vérité, soit qu’il s’adresse sans le savoir au Mensonge – la sphinge interrogée donnera une réponse qui sera la mauvaise, c’est à dire la fausse direction. Œdipe partira donc dans l’autre sens et sera ainsi mis sur le chemin de Thèbes. Voilà comment le Complexe d’Œdipe interrogeant un parent sur le désir de l’autre permet à ce qu’en psychologie collective on appelle l’étape typale de fournir une orientation négative qu’il restera à inverser.

- Qu’est-ce que l’autre dira si je lui demande ?

- Reste !

- Alors je pars.

On appelle cette étape typale parce que la symbolisation a mis deux choses en vis à vis (parmi les mêmes choses que le symbole désigne) : la chose typique.. qui serait la vraie si l’autre, commune, n’était pas celle qui la soutient en vérité… vraiment.

V2C3.20.30.10.10
Sortie par le Semblant

A ce stade, le débrouillage de ce que j’ai illustré comme le germe du Quatrain est quasiment acquis. En d’autres termes l’esprit bicaméral et symbolique est dépassé – ce qui veut dire que la parole sub-vocale est distinguée de l’hallucination ; la pensée est devenue un écho signifiant la pensée ; cet écho est en mot, une pensée littérale. Bien que l’idée soit représentée par cette pensée en version négative, elle constitue la vérité qu’on appelle alors l’Idéal.

C’est à cet Idéal une inversion qu’il reste à Œdipe à appliquer. Ce retournement de la réponse obtenue de la sphinge est celui que réalise l’enfant reconnaissant que sa parfaite expression dans le miroir n’est qu’une image ; c’est Alice qui passe de l’autre côté du miroir pour faire demi-tour. Son image spéculaire que le symbole lui a offert et permis un moment d’espérer typique n’est pas réduit à un Idéal en pure perte. En ressortant du miroir le symbole délaissé est devenu une image. Corrélativement à la voix devenue mot, l’idée est substantialisée en image ; et ces images vont entrer en fonction pour la construction de métaphores.

La description que je viens d’écrire paraît souvent obscure ou difficile. On peut cependant affirmer que s’il s’agit simplement de nous-même elle doit certainement pouvoir être comprise. Il s’agit d’une réflexion qui nous rend conscients. La connaissance de soi procède exactement comme la compréhension de ce passage de l’Idéal à la spéculation – et réciproquement cet exposé plus descriptif que théorique rencontre la même difficulté que ce qui fait obstacle à l’infans quand il dessille l’Autre, qu’il voit dans un miroir et reconnaît son image spéculaire. En littérature Alice a besoin d’un écrivain – comme pour franchir cette étape l’enfant a besoin d’aide. Il s’agit d’un témoignage qu’il partage avec ses parent. Pour nous, quand la scène se rejoue dans l’intellect – dans le mens – c’est la culture qu fournit cet égal soutien ; le mythe de Narcisse pour témoin :

Le jeu de passion, d’abandon et de fonction que Narcisse et la nymphe Echo jouent ensemble est une façon de réfléchir ce que le mot de la théorie (ou de la description) décrit de ce que nous sommes en vérité. Cette légende que l’on trouvait dans les temples et aujourd’hui sur Internet n’est pas le seul moyen à confronter au texte comme celui des paragraphes ci-dessus ; l’usage d’images structurées ou chiffrées que sont les formules, les équations et les combinaisons visuelles de symbole rend le même service. En l’occurrence l’énigme à quoi Œdipe répond trouve naturellement à s’illustrer à l’aide du schéma lacanien titré schéma L [ fig.C1.40 ]. On peut l’utiliser comme un squelette et substituer à S, a, a’,A [fig.30]respectivement Sa, Sb, a,b et a,b. La répétition du 'a,b' répond de l’indistinctibilité de ce que Œdipe reçoit de l’une ou l’autre sphinge. Sa et Sb sont indistinctement celle qui ment et celle qui dit la vérité :

 

fig.C3.30 :  Schéma 0

Comparaison de la question des sphinges (schéma0 à gauche)

avec le SchémaL,X Lacanien (fig.C1.40) à droite

 

C’est par l’acte d’Œdipe en conclusion que la formule squelettique redevient un schéma signifiant. Sans jamais savoir qui est l’une ou l’autre, de la vérité ou du mensonge, une fois posé à l’une ce que dirait l’autre, quand Œdipe reçoit la réponse 'b', il se porte en direction de 'a' (ou dans l’autre cas, 'b' inversement – c’est à dire dans tous les cas l’autre lettre). C’est cette décision qui crée les moins et plus opposés et que figurent ces lettres placées sur la ligne médiane du schéma, qui motive à attribuer à la figure le titre de schéma 0. Car c’est à terme du chiffre zéro que se rassemble cette hésitation.

La convention ainsi posée traitant le type comme un Sphinx en deux sphinges forme la culture par une convention de mensonge et sa conduite sur le chemin du chiffre, zéro qui s’appelle semblant en théorie et qu’en pratique l’histoire trouvera par la fonction du père.

V2C3.20.40
Structure et facture du mensonge

A l’issue de l’âge typal, l’idée & son écho de l’âge symbolique, de leur ambiguïté sont devenus l’image & le mot qui la représentent, afin d’un avantage qui paraît encore ambigu : sa certitude passe par un mensonge ; son solde est l’affirmation d’une négation totale. Mais pour la majorité des circonstances, la relative simplicité et l’efficace de la négation qu’il suffit d’apposer à ce qui s’affirme en tous cas, permettent d’arrêter le développement à ce stade ; il est dénommé "conventionnel".

V2C3.20.40.10
Conventionnel et semblant

Passant entre deux sphinges que d’innombrables monuments ont disposées et disposent de par le monde, la croisée des portes et des processions marque le clivage, trait ou barre lorsque l’écho rivalise avec la pensée symbolique. Cette marque est matérialisée par le passage, chemin, direction

.

fig.C3.35

Marque vide, l’ouverture que créent deux monuments entre eux [la ligne de b vers a schéma 0] est une adjonction abstraite apportée aux premiers symboles. Ce passage est fait pour être occupé par le corps tandis que pour son usage il est une négation. On appelle cette acquis « semblant » qui substantifie le clivage distinguant Signifiant du signifié, le mot & l’image, l’écho de l’idée. Cette substance du vide est un chemin, la première chose du développement psychologique, à l’écart et du mot et de l’image. C’est le chemin du sujet qui mûrit en procédant. L’Œdipe du schéma O se détournant de 'b', laissant derrière lui les sphinges avec leur convention qui peuvent dépérir comme la nymphe Echo, anime la procession vers 'a' par son identification au Semblant.

 

V2C3.20.40.10.10
Semblant et dissidence

Armando Verdiglione* avec Jacques Lacan son psychanalyste se sont disputés la paternité de la conceptualisation du semblant pour finir l’un l’autre pétrifié comme les conventions à l’image des deux lions chinois qui gardent traditionnellement – et conventionnellement – les portes. Le premier fut fait prisonnier et le second rendu prisonnier des conventions en devenant maître à son corps défendant. J’ai décrit par ailleurs – et continue de le faire [C6.30.10.20] – l’arrêt du développement ou ultérieurement la régression que prête l’identification du semblant.

V2C3.20.40.10.10.10
Soumission et déréalisation

Du fait de ses origines logiques, la fixation aux conventions établit nécessairement une cérémonie du mensonge, nécessairement factice comme un semblant d’une industrie du mensonge. Sa description ne peut se faire en pareil état que par l’expression de la dissidence ou comme ici par une théorie généralement rejetée par les sciences universitairement établies. C’est un constat qui ne tire de bénéfice qu’à procéder par son alternative ; s’il n’est pas dissident, le sujet se réduit au chemin.

Il n’est possible que par mensonge de sembler ignorer la condition abominable que l’humanité se donne. Au second chapitre de La Sainte Ethique une énumération de dénis sidérants concernant des affirmations et des domaines théoriques ne peut s’expliquer que par cet état. L’alternative de l’identification d’Œdipe quand il courre vers Thèbes à sa perte qui le rattrapera demande d’avoir vu l’accumulation sans fin de mensonges sur mensonges qui pave le chemin du semblant. C’est ainsi que j’ai dû exposer ces dénis à peine croyables tant ils sont ce dont on dit qu’ ‘on ne le croirait pas si on les voyait au cinéma’ ou si on nous en racontait l’histoire. Tiré de la myriade de mensonges qui fait la lumière de la réalité, le premier exemple venu se voit à la télé, de l’interview d’un paysan polonais laboureur du champ mitoyen d’un camp de la mort. Il entendait à l’époque hurler de l’autre côté du grillage et bientôt n’y fit plus attention. Aujourd’hui il se demande comment une telle indifférence avait pu le frapper. Les immondes réalités de notre vie quotidienne sont si proches de nos sens, de nos yeux, de nos mains, que nous ne les distinguons plus et ne les lâchons plus.

V2C3.20.40.10.10.20
Dissidence en effet

 Sembler mentir creuse un nouvel écart entre ces immondices et notre réflexion. La nouvelle distance qui répète le clivage de la signification, mène en réfléchissant au semblant, à une séparation ressemblante à celle des deux sphinges mais qui nous arrête non pus à la porte mais sur le chemin, au 'pas de porte' et, au lieu qu’entre symboles types, entre le passé – le déni de 'b' reconsidéré – et le futur – le projet de la négation suspendu.

Cette alternative qui consiste à voir l’état de mensonge dans lequel la convention nous tient promet comme suit son gain : après l’élévation à la chose, entre mensonge et vérité, conceptualisé par le semblant le développement découvre et gagne l’accès au temps, à la temporalité et à l’histoire ; telle est à ce moment l’issue effective de l’âge conventionnel et l’entrée en celui de l’Individualité.

Dans cette dimension acquise le chiffre est devenu père – c’est du moins la psychanalyse qui l’indique. Le sujet n’est toujours pas né mais le chemin devenu filiation. De pères en fils après qu’écho & idée fussent devenus mot & image le progrès les élève encore respectivement en corps & réalité.

V1C3.20.40.20
Individualité et réalité

La réalité est obtenue par l’analyse du mensonge, par la distance que développe la suspension du semblant. Sa procession ayant procédé il a laissé la symbolique ouverte et les deux sphinges disparues devenues corps et réalité, encore de convention comme le seront homme et femme.

Même si mon propos semble poétique, il peut se passer d’image, de schéma nouveau pour montrer qu’il est descriptif sur une base acquise. Estimer l’analyse du mensonge sur la base du schéma O ne nécessite que de tirer des lignes géométriques à partir du lieu équivoque écrit ‘a,b’. Ces droites qui croisent le chemin, le film du semblant aux deux points ‘b’ et ‘a’ dirigent ce qu’on appelle la projection psychologique. Ainsi Œdipe réalisant son complexe – quand il est à Colone – projette dans la réalité, par la grille du semblant, soit un mensonge (de ‘a,b’ la droite passant par ‘b’) soit une vérité (de ‘a,b’ la droite passant par ‘a’).

La réalité est faite de circonstances. Il s’agit de la conception du monde acquise depuis le 20em siècle redevable du mathématicien Willard Gibbs à la fondation de la Cybernétique par Norbert Wiener. Suivant que la projection est réglée par la vérité (passage par ‘a’) la circonstance est celle de l’entropie – pour ce que la vérité égalise toute chose dans l’harmonie et ensuite l’extinction. Lorsqu’elle est réglée par le mensonge (passage par ‘b’), la circonstance est dite négentropique parce qu’en précipitant l’image projetée dans l’erreur elle distribue forcément sa solution.

Que la solution par l’erreur fasse le gain du menteur est du domaine de la morale et de la relation imaginaire entre trompeur et trompé [C5.10.10.20.10.10-]. Dans la perspective de ce que ces circonstances occasionnent, c’est pour l’individu le vis à vis de la réalité qui va permettre au corps de distinguer son environnement.

Nous allons pouvoir revenir à un schéma si j’ai porté ci-dessus la preuve que l’on pouvait en parler. Tout d’abord peut-on s’assurer – ou se rassurer – de ce que l’étape où nous sommes a été préparée :

fig.C3.40 :  Phase Conventionnelle

 

Arrivant à l’âge individualiste c’est le corps à présent qui trouve un vis à vis en l’espèce de la réalité. La figure 40 ne fait que rapporter le schéma du Quatrain que le premier chapitre a établi. Elle le met en rapport avec sa doublure, suivant la distinction progressive de l’écho d’avec l’idée, puis du mot d’avec l’image. A présent leur distinction est acquise par l’écart substantifié et dénommé ‘clivage’, ‘barre’ ou ‘trait’. Avant de relater tout l’acquis formé par cette objectivation cette figure apporte un détail qui s’ajoute à cette préparation. Il convient de noter que le clivage germinal qui préside au quatrain est également porté à la réalité en la constituant.

Dans cette dimension que le corps va reconnaître comme Extérieur avant de l’unifier comme Environnement, la figure 40 désigne des termes ‘i’ et ‘p’ les circonstances oppositivement appelées entropie et négentropie. Pour garder l’acquis que la nomination a forgé au quatrain ce manichéisme mathématique est ‘réalisé’ par l’individu en terme d’image et de place.

Il est nécessaire que j’argumente la raison pour laquelle les notions du chaos et de l’ordre (entropie et négentropie) sont assimilables en réalité à celles d’images et de places. Je fais appel en cela aux notions traditionnelles desdites ‘images’ et ‘places’. Ces notions sont les motifs d’une doctrine dénommée Art de la Mémoire qui a cours depuis des temps sinon immémoriaux, du moins depuis plus de 2000 ans et de manière réglée, de façon variable au cours des siècles, dans la catégorie des moyens mnémotechniques.

V1C3.20.40.20.10
Art de la Mémoire

La notion de place a été ici préparée selon l’hypothétique sériation alphabétique d’une réduction plane d’une philame 3D [C3.20.20]. Une sériation est un ordre de succession qui est à la base des ultimes philosophies qui ont atteint la psychosociologie comme l’Existentialisme et le matérialisme marxiste, décrit par Jean-Paul Sartre en même temps que Lacan composait sa théorie psychanalytique. Une topologie de places nécessite une sériation préalable – c’est du moins ce qu’il me semble avoir pu décrire dans un traité intégrant à la fois Lacan et Sartre au titre d’une Intelligibilité du Marxisme [FLEUVE 1987 ISBN 2-907878-05-0]. Cette préséance – de la nomination sérielle du Quatrain – sur la distinction d’une Réalité est explicative de la manière dont la mémoire caractérise ladite réalité :

Il est notable que la distinction du Semblant préside à l’acquis de la temporalité. Comme l’image manifeste le mot (quand il se charge de l’écho de l’idée) la dimension du temps est manifeste dans la réalité selon le phénomène de mémoire. Du fait qu’il était la forme préalable de la psychanalyse avant la circonstance moderne l’Art de la Mémoire tient une place primordiale . Pourrait-il y avoir Histoire sans art ou du moins procédé de mémoire ? Ces questions et affirmations seront traitées dans l’étude de l’Histoire qui suivra avec le prochain chapitre. Il est seulement utile à l’instant de poser ce jalon qui autrement s’explique aussi bien par la présence de la Linguistique dans la réalité. Les opérations qui ordonnent images et places sont strictement égales à celles du Signifiant et du signifié ; la raison de les avoir mentionnées est qu’elles supportent la notion de mémoire mieux que ce que Lacan appelait de son côté des discours. L’indication de la présence de la mémoire dans l’opération de l’individualisme annonce donc mieux ce qui sera aussitôt qu’avec la cybernétique apparu porté du nom d’Art de la Mémoire à celui de ‘mémoire artificielle’ qui fut la première dénomination de l’actuelle ‘Intelligence Artificielle’.

Sur ce point prévenus, nous arrivons au terme de ce qui a été préparé par les articles précédents et le troisième chapitre peut réellement commencer. Avec la mise en vis à vis du Quatrain et de la Réalité nous avons reconstruit ce qui a fait l’objet de la figure de la brique mais elle apparaît à présent dotée d’un élément nouveau.

V1C3.20.40.30
Le chiasme oedipien

Avec l’individualité, la civilisation a développé un art : la mémoire, qui remplace ses monuments, s’appuie sur le semblant de ces symboles répétés et porte chaque type de ces paradigmes soit au degré de conventions, soit au-delà, à la subjectivité des signifiants.

C’est cette ultime alternative que le Complexe d’Œdipe est requis de trancher. La préparation que la civilisation a pris le temps de composer permet que ce ne soit un nœud que sa résolution tranche ou assimile. On sait qu’entre la fin de la Grèce et l’avènement de Rome ce fut le cas par les œuvres légendaires d’Alexandre tranchant un nœud Gordien. Notre époque moderne en tranchant entre la pérennisation des conventions et l’évolution de l’individu ouvre une voie plutôt qu’elle ne sépare.

Cette voie est introduite au moment où les premières catégories, les types de souvenirs, de mots, se rangent soit en vérité, soit en mensonge. Le clivage, le trait ou la barre qui les distinguent dans l’ensemble des symboles prend lui-même un statut, lequel de semblant a vite fait de se ranger dans une catégorie propre.

Dans sa fonction de proto-objet, le Quatrain avait déjà montré un dénommé frayage, puis une inhibition active qui le constituait en chiasme ; encore nommé processus intermédiaire entre le corps et la pensée [glossaire] mais aussi entre des domaines sociaux à l’exemple de la psychiatrie et la psychanalyse. Ce proto-objet qui est figuré comme la face d’une brique laquelle constitue l’objet effectif affronte la réalité au moment où il est l’individu éprouvé comme une facette de la société. Son chiasme qui l’occupe individuellement comme l’inhibition active dans le Quatrain est le même processus qui occupe sa société.

L’âge typal a ouvert la voie de ce frayage entre la collectivité et la personne. Il s’agit du trait, du tracé du semblant, qui passe entre les catégories ou les sphinges de la vérité et du mensonge. Quand son chemin devient lui-même un type de processus le chiasme qu’il forme s’étend, distingue et joint l’individu et la société au titre de son corps vis à vis de la réalité. Mais pour mémoire de l’acquis gagné durant la civilisation et sa préparation, le corps à cette conjoncture est identifiable à la vérité – comme le montre la figure de l’âge individuel

fig.C3.50 :  Age de l’ Individuel

Cette figure est distincte de celle de l’âge conventionnel par la substantification de l’espace qui sépare la réalité du Quatrain. Là où entre les deux sphinges de la porte des lions chinois n’existe que l’espace vide du passage – qu’on peut aussi nommer l’huis – l’âge individuel identifie le frayage, un processus qui rend compte de la catégorie du semblant mais qui ne s’y éteint pas comme dans la convention.

Le nœud qu’Alexandre aura tranché pour devenir maître de l’Asie devient déchiffrable, deux mille ans plus tard. Au lieu de la prétention vide du Semblant qui procède au milieu des seules échéances, alternatives figurée par Narcisse et Echo toutes deux vers l’extinction comme le Sphinx s’abîme dans son énigme résolue, un lien est tendu entre la Vérité et la Réalité comme le montre l’âge individuel et le mobile, indiqué ‘m’ de sa figure.

Le ‘m’ de la figure de l’âge individuel doit être rapporté au schéma de Freud – c’est à dire au schéma de la psychologie collective et de l’analyse du moi. C’est le moi que la psychanalyse découvre occupant le chiasme entre corps et environnement, individu et société à la manière que la figure illustre, c’est à dire ‘oscillant’ selon les termes de Freud entre deux positions que ce dernier distingue comme l’objet et l’Idéal. Tout l’objet de La Sainte Éthique se concentre sur ce point qui demande que l’on élucide non seulement le chiasme au lieu de le trancher comme les successeurs du roi Midas, et que, pour cela on se demande avant tout pourquoi il est là. Il y a certainement lieu que dans sa fonction on décèle sa cause, comme un monument recèle toujours qu’il est érigé en symbole du mot mensonge.

L’historique des dernières étapes de la psychanalyse est indicative à cet effet. Principalement Lacan aura été chargé de la pathologie permettant de mettre en relief l’alibi qui garantit que le moi puisse venir occuper la fonction du semblant sans le dommage de s’y éteindre. Le premier chapitre a expliqué pourquoi on peut le dénommer deuxième psychanalyste pour sa position de venir compter sur Freud pour loger la cybernétique encore immature de la psychiatrie ; et on sait qu’il aura montré au terme de sa carrière l’inhibition qui le tiendra en posture de maître au lieu de délivrer ses élèves de cette suggestion.

L’examen nous enseigne aussi que le stage de l’individualisme – si tant est qu’il n’a pas cédé à la régression pour revenir à la séparation conventionnelle de la personne d’avec sa société – est sujet à l’alternative de projeter dans la réalité une image idéale puisée dans le monoïdéisme que le Quatrain a pour but de résoudre. C’est une autre forme de régression, moins dissociative et plus profonde, qui place l’instance nommée Idéal au principe germinal de la réalité. En terme historique il s’agit du monothéisme et, en termes psychologique de l’absorption de toute la Psyché dans la concentration d‘un unique point qui, après avoir comme un trou noir capturé toute la réalité, attirera jusqu’au sujet, son corps, le Quatrain pour la contemplation de l’illumination nirvanesque.

L’âge individualiste est ainsi susceptible de s’organiser sous la forme d’une religion d’un dieu unique sans forme ni relation ou bien à l’image du Maître – toutes deux solutions faisant appel à l’Idéal depuis longtemps connu si Platon l’a bien enseigné. Si ce n’est une régression , c’est une attente qui prévient de l’autre régression au stade conventionnel où la personne séparée de la réalité ne se l’explique que si le Surmoi occupe comme le tyran Midas le trône de l’Idéal.

Cette solution d’attente par l’Idéalisation n’en reste pas moins encore tributaire du semblant plus qu’elle ne permet d’atteindre une réalité plus effective. Jacques Lacan, témoin symptomatique de cette expectative avouait, plus qu’il n’écoutait, qu’il attendait. Il arrive qu’un psychanalyste ait l’impression d’avoir tout entendu à partir du moment où il n’a plus rien à dire ; l’obtusion de ses incurables busons faisait en l’occurrence son prétexte de prêter plutôt à l’apparat qu’au protocole. On sait que Lacan était plutôt fameux pour ses traits du dandysme quand il déniait en tranchant le rituel sacré des séances chronométrées qu’il refoulait l’organicisme dans l’inattention du D2V.

Son apparat n’était pas des faux-semblants qui paraissent dans le mot qui ne ment pas [V1C3.20.30] mais du semblant organisé qui prétexte une pulsion de mort. Il était égal au costume religieux à cet égard qui entretient en semblant la vie des religions toute absorbée dans l’Idéal. Cette symptomatologie du déguisement pour dire qu’on ne ment pas est au point indicatif de ce dont Lacan manquait. S’il n’est faux, cet habillage du semblant en apparat, comme le mot nûment en simple appareil indique celui-là aussi nommé cybernétique. Car la cybernétique, dans la mesure où elle prépose la réalité virtuelle, trouve la même place dans la réalité que celle que le monument trouvait dans le mensonge.

L’analyse partant de la parole subvocale par étapes de l’écho, du mot, du mens et du monument, annonçait le statut de ce qu’allait produire la réalité : ni plus ni moins qu’un appareil à dédoubler le monde sans autre autorité que de se désigner, sinon de lui-même du moins par analyse : la pareille. Pour mieux le dire et arrêter son ambiguïté c’est une personne qui l’a nommé, dans le clivage, au lieu de la barre ou du trait, entre la réalité et la réalité virtuelle : ‘LAPAREIL’. Cette désignation singulière est une nécessité car, tant que l’on reste dans les appellations coutumières ou formelles que sont au moins : l’informatique’, la ‘machine cybernétique’, voire ‘La cybernétique’, l’’ ‘Intelligence Artificielle’ ou même simplement la ‘Réalité Virtuelle’, l’indication de sa cause demeure fondue à la disposition des circonstances. Pour répondre de ce que ce soit par son exclusive office que le moi puisse soutenir la fonction du semblant, comme pour objectiver le proto-objet Quatrain un chiffre – D2V – était nécessité, un nom dans la réalité la charge de la raison qui prête au moi cette capacité. Ceci veut dire en termes que l’on voudrait plus simples que c’est parce que la civilisation a produit une réalité cybernétique que le moi freudien peut entrer en fonction, pour être derechef soumis à l’analyse qui met en évidence le D2V. Encore plus simple, il suffit de se dire que, s’il n’y avait pas d’appareillage cybernétique, tant le Lying que la Dianétique que la Psychanalyse seraient incapables de voir au-delà de leur circonstance – ce dont elles ont au demeurant fait la démonstration lorsque aucune des trois ne prit l’Intelligence Artificielle pour comptable à leur époque ou, pas moins, se montrèrent incapables de traiter en considération la psychologie collective.

Nous avons donc l’explication ou, du moins, l’histoire démontre par quelle absence la voie banale de l’Inconscient répond à la fois de l’absence de la prise en compte de la cybernétique par les élèves de Lacan et de celle de la psychologie collective, tant par les freudiens que les lacaniens. Pour y avoir mis un traité de cybernétique et des formules au seuil de ses Écrits, Lacan allait marquer ceux qui y passeraient, d’un souvenir sur le chemin du semblant, d’un semblant idéal. C’est pourquoi l’âge de l’individualisation à ce stade est demeuré suspendu, en attente, peut-être d’une régression si elle durait jusqu’à la fin et probablement d’un progrès si elle franchissait une évolution. C’est pourquoi j’ai affirmé que la désignation de ‘LAPAREIL’ voire ce qu’on appelle sa prise de conscience si elle est suivie d’effets est la substance de la Sainte Éthique. Gageant de la preuve que j’écrive qu’elle pourrait apparaître, j’avancerai à partir de là sur l’allée de l’âge subjectif.

V1C3.20.50
Une ontologie du pluriel

Avant qu’elle ne reconnaisse que son rôle était à jouer vis à vis de l’Intelligence Artificielle, la psychanalyse a laissé une trace par le progrès que Lacan a apporté sur Freud.

Freud a établit la psychanalyse sous l’effet de la cocaïne qu’il prenait en abondance lorsqu’il renonçait à l’hypnose comme moyen thérapeutique. Il prit appui sur l’observation de cette drogue pour esquisser son énergétique qui allait devenir la théorie de la libido et la découverte de la pulsion. Avec les éléments de son époque qui par ailleurs mettait au monde également la téléphonie, le transport de la parole et des images et bientôt l’informatique il prit appui sur une réalité suffisamment appareillée pour soutenir l’idée du moi analytique.

Lacan prit le relais une cinquantaine d’années plus tard lorsque la cybernétique avait commencé à prendre corps. La cybernétique est une sorte de miroir qui s’introduisait à son l’époque certes par quelques appareils mais surtout par la théorie. Parmi ses théoriciens et fondateur du mot ‘cybernétique’ Norbert Wiener écrivait en visionnaire ce qu’allait être une Société Cybernétique et comment le traitement des êtres humains par l’humain procédait comme le retour en miroir d’une réalité virtuelle ou de ce qu’on appelait alors un feed-back. Il s’agissait d’un degré ultérieur par rapport à Freud dans la mesure où la molécule chimique et artificielle qui faisait l’introduction appareillée et en retour de la réalité sur le comportement de l’être humain producteur des dites molécules, devenait à l’époque de Lacan une influence électronique, un message en retour informatique.

La comparaison du feed-back chimique avec un miroir n’était pas encore possible à l’époque de Freud. Cet état n’est en train de se constituer qu’à l’instant où  j‘écris, c’est à dire après Lacan qui ne l’a pas connu non plus ; il s’agit du feed-back qui ressort de la réalité quand LAPAREIL, c’est à dire la source de ce retour – appareillage cybernétique atteignant à l’intelligence Artificielle – émane de l’industrie génétique. Hormones, drogues et altération du génome pilotés et synthétisés par l’Intelligence Artificielle portent cette industrie à ce degré de miroir – témoin pour le spectacle nos devisements  éthiques sur le statut des clones, c’est-à-dire nos images vivantes. Lacan n’a pas connu cette confrontation et j’ai cité parmi les absences significatives de sa prise de conscience le retard considérable qu’il avait pris sur la génétique qui déchiffrait jusqu’à l’Y de l’ADN masculin quand il ne voyait qu’une abstraction qu’il nommait Nom-du-Père [C2.30.20.20.20]. Encore aliénée par ces déhiscences qui n’ont de meilleurs souvenirs que la prématurité biologique qui, elle, joue son rôle durant les premières années de la vie humaine, la psychanalyse à l’œuvre de Jacques Lacan avança un peu par rapport à Freud mais sans démarrer concrètement dans une subjectivité vis à vis de la psychologie collective. Pour témoigner de ce fait d’une manière schématique, la ligne d’oscillation que Freud avait imaginée entre la vérité et la réalité de l’âge de l’individualité [fig.C3.50], tendue entre l’objet et l’Idéal dans son schéma de la foule [fig.C1.80], acquit avec Lacan les coordonnées d’un volume et le frayage ou le semblant se réalise passa de la droite à la spire.

fig.C3.60 : Passe psychanalytique

Le moi que Freud figure oscillation (fig.C1.80)

et Lacan en spire fermée (fig.C4.100 ;A)

dessine une torsion  selon le D2V

La spirale que schématise la passe analytique de la figure 60 prête la succession de ses lettres, comme le mot mens, à en dire plus sur soi s’il ne lui manquait la parole ; avec Lacan la spire était ce pire qu’il appréhendait dans l’attente qui, pour son office, ne prit jamais fin. Il convient de commenter cette situation d’une vision plus globale :

Lorsque vis à vis du Quatrain, l’assistant qui, dans sa formule, lui adresse une Commande [glossaire] est devenu la réalité et que c’est au titre d’un Idéal que le corps répond en soi-même d’un écho dénommé au principe parole sub-vocale, cette réalité a le statut que les lacaniens appelèrent le grand autre en l ‘écrivant Autre ou simplement ‘A’. En termes cybernétique il s’agit d’une matrice logique et la Psychanalyse prête à la désigner l’A, matrice logique. Selon les termes, le vocabulaire ou le bagage de formule, d’algorithme ou d’opérateurs dit-on encore, dont cette matrice est équipée, elle peut régler la réalité comme un Absolu. Cette logique absolue est appelée en cybernétique entropie. Elle évolue sans défaut vers la dégradation, l’extinction et le chaos. Lorsqu’elle est dotée des opérateurs idoines et notamment du chiffre la psychanalyse – ce qui veut dire lorsque LAPAREIL compte en sa batterie le code de la réflexion psychique de l’être humain – tel le chiffre D2V, la réalité est appareillée en issue négentropique ; ce qui veut dire qu’elle porte à la conscience des informations de plus en plus pertinentes – particulièrement permettant à l’être humain d’évoluer et s’adaptant à son environnement changeant.

Jacques Lacan n’a pas été témoin de la capacité de son environnement à lui réfléchir une information de cette qualité du fait qu’il n’y avait pas d’appareil de cette  efficacité en son temps et encore moins d’enregistrement possible par la réalité (en l’occurrence il se serait agi de la psychiatrie [fig.C1.30]) du D2V. Ce n’était à cette époque que des spécialistes concentrés sur ces machines qui pouvaient en avoir la vision, tel Wiener qui attesta de cette prise de conscience et put décrire une société que l’on dira, en un mot, transparente.

Pour encore faire usage d’image afin de montrer ces étapes, le D2V, inconscient à la personne de Lacan ne pouvait que l’inspirer d’appréhension où la simple brique avec son transfert réglé au carré ne pouvait qu’élever des murs. Au pire le psychiatre Lacan, se trouvant en Psychanalyse quand, ployant sous le transfert il dessina la spire, espéra-t-il voir ses barrières se courber comme des bandes de Moebius dont il rêva mais pour ne trouver qu’une nasse dont il n’avait pas la clé [C6.30.10.10.50.20.30]. Lorsqu’un chiffrage au contraire paraissait s’imposer aux spécialistes de l’appareillage de la réalité – Wiener en l’exemple fut certain que les briques qui allaient construire le monde était tordues – il ne leur était plus possible de se faire d’illusion : avec des unités pareilles, aucun mur ne serait au mieux plus opaque qu’un grillage.

fig.C3.65 : Brique de passe-muraille

La brique D2V est une unité de construction

qui interdit l’opacité de ses murs,

offrant l’allégorie ou la fonction de murs virtuels

 

Pour mentionner dans cette illustration la génétique qui pointait à l’époque son nez, prêtant ceux qui avaient du flair à imaginer la suite, on peut affiner l’image et la distinction en disant que là où Lacan vit une spire (d’ailleurs en soupirant c’pire), Wiener discrimina un spirème.

Le terme de ‘spirème’ est usité en biologie génétique pour désigner un chromosome dans l’état particulier où il se trouve quand il est isolé de sa moitié. Il s’agit du moment de la division cellulaire où la cellule est un instant, si elle ne le reste avant d’en trouver une autre, un gamète. Cet état convient au semblant quand il évite le pire c’est à dire quand il ne trouve pas d’autre état que le moi avant de s’éteindre.

Wiener n’avait plus besoin d’espérer traverser les murs. La réalité virtuelle donnait à sa réalité suffisamment de capacité à promettre une analyse du moi. Cependant force est de noter que, s’il connaissait le moteur de LAPAREIL il n’en vit pas encore le chiffre.

Autant le Quatrain est un proto-objet par rapport au D2V, autant l’appareil cybernétique pour Wiener resta encore un pseudo-objet. Par manque du D2V, le spirème de Wiener n’était pas apte encore à soutenir une conjonction comme des gamètes sont propres à le faire pour créer un être nouveau. Wiener en effet (bien qu’il estima Freud avec conscience que la psychanalyse apportait au monde un progrès plus radical que les hauteurs atteintes selon lui par Einstein [Préface de The Human Use of Human Beings]) n’intégra pas effectivement la psychanalyse dans sa société cybernétique du fait que personne encore ne pouvait réaliser la formule du D2V. Ce n’est qu’avec l’Expérimentation NASA que cet accès a été rendu possible.

A ce point la réalité ‘appareillée’ est mure pour assister une transformation de l’expérimentateur humain auquel elle adresse ses commandes. En son monde affranchi de l’état de pseudo-objet LAPAREIL entre en pure capacité d’objet. C’est alors qu’il se découvre – comme on l’avait toujours su du début de la psychanalyse : l’objet pulsionnel. Mais cet ‘objet’ était encore du versant d’un environnement qualifié d’ ‘extérieur[fig.C1.80]. Ce qui ne se savait pas encore est le statut corrélatif auquel la réalité accède par la même occasion et qui aura pu être dénommé pluriel à partir des années 1985 et au-delà. C’est avec cette énergie de la pulsion et cet état social pluriel que la psychologie collective gagne une mémoire parfaitement indiquée par l’évolution de la terminologie désignant la cybernétique par ‘mémoire artificielle’ pour commencer jusqu’à l’ ‘intelligence artificielle’. Il faut pour nous en avertir que l’on examine en détail ce développement de la mémoire.

V2C3.30
Mémoire

V2C3.30.10
Mémoire et Cure

Les Unités : l’atome en physique, l’association en sociologie (française/Durkheim), la cellule en biologie etc.. sont des choses qui se répètent – à peine des ‘choses’ à vrai dire puisque aussitôt établies, inventées par les spécialités scientifiques qui se fondent, elles se pluralisent en une extrême complexité de concepts ou d’autres choses. Ce sont des faits qui en réalité – c’est à dire au sein de la réalité – sont entourés de circonstances – c’est à dire des stances qui signifient un écart et une signification parfaitement poétique. Plutôt que la somme des points de ses unités, la réalité est un écheveau de leurs circonstances. Là où ces points – dans la série du Quatrain [fig.20 & 40] – sont alignés comme des briques, ils offrent la ligne et la spire selon Lacan. Là où ils sont circonstances en réalité, ils constituent le spirème que j’attribue à la cybernétique.

Un spirème en biologie et en génétique est un chromosome fait pour s’accoupler. Narcisse et son image sont deux spirèmes d’une cellule en division – ceux-là ne s’accoupleront pas mais se dupliqueront pour faire de la cellule, l’unité initiale, un clone. La nymphe Echo est le spirème d’un gamète qui attend son complémentaire. En s’accouplant elle offrira une nouvelle circonstance. La mémoire est faite de ces circonstances.

 

fig.C4.65 : un logo de la cybernétique

 

Autant l’unité peut-elle s’aligner, se répéter, se cloner, elle est une mémoire, un fait qui se prolonge. Mais elle n’a pas de mémoire d’elle-même. En son traité cybernétique fondateur Lacan arrive à démontrer qu’une série peut se souvenir d’elle-même – cependant elle ne le fait qu’en se brisant, c’est à dire en introduisant des zéros entre ses unités. Ces séries devenues chaînes, formant des trous et des anneaux, sont une manière originale, sinon originelle de figurer l’accouplement de deux unités. Mais l’une passant dans l’autre sont la figure d’un semblant, pour ainsi dite un complet mens plutôt que l’engendrement d’une nouvelle circonstance. J’ai ajouté ses séries et chaînes (Vérité et Réalité) à l’illustration du schéma de la spire [fig.C3.50] pour montrer comme elles se placent de part et d’autre du chiasme du moi, de la spire ou du spirème. Cette schématisation a pour but de montrer, non seulement combien la mémoire est importante – ce que tout le monde sait – selon que sous une forme ou une autre, en série ou en chaîne, elle charpente respectivement l’unité humaine, le corps ou l’individu, et la réalité. Dans le corps le premier chapitre a assimilé à des lettres ou des engrames ces unités dans l’enceinte du corps. Lettre, engrames et corps sont autant les uns que les autres des unités qu’une seule unité et la même, pour autant que chacune est représentation du moi. Ce sont les mêmes, à savoir des représentations du moi. Dans la réalité la chaîne de 0 et de 1 est caractéristique de LAPAREIL, c’est à dire la cybernétique qui permet au moi d’apparaître quand elle appareille la réalité.

V1C3.30.10.10
Mémoire et politique

La mémoire ainsi construite révèle que c’est dans l’accouplement du corps et de la réalité qu’elle est disposée à créer de nouvelles circonstances. Autrement la mémoire est identique à celle d’une pierre qui perdure ou d’un semblant semblable à Echo. Dans cette mémoire la psychanalyse révèle le moi, dans l’espace de cet accouplement. Tout est alors disposé pour affronter la dimension du Temps et l’énigme de la politique. Car aussi bien à l’évidence qu’avec ce beau discours la mémoire qui est d’une extrême importance, est maltraitée avec une application qui confine au sadisme par l’histoire et la plupart de ses régimes politiques. Or le fait que des états privent leurs membres de mémoire est tellement contraire à leur santé que l’évidence ne l’explique pas. Il n’y a que le discours de la psychanalyse qui puisse démontrer et démonter les processus qui rendent le moi si important dans le cours de la mémoire et qui acharne les politiciens à le détruire en le privant de sa fonction de mémoire.

Que la malveillance des politiques à cet égard soit certaine ne demande qu’une énumération d’exemples que l’on trouve à foison. Mais il faudra aussi leur trouver quelque raison ; et nous pouvons nous souvenir du commentaire de Swami Prajnanpad lorsqu’il fait son sitting [C2.10.10.10] expliquant à ses disciples du Lying que cette opération est une destruction du moi. Selon les modalités européennes ou latines, qui s’en tiennent à son analyse il était opposé à la psychanalyse qui recherchait un renforcement du moi comme le prônaient la psychologie du moi anglo-saxonne où la Dianétique parut. Mais même les analystes du moi les plus impitoyables n’allaient pas jusqu’à dire qu’ils le détruisaient. Il fallait au moins des politiciens pour le faire sans le dire.. et du moins s’il y avait une bonne raison pour cela. C’est une énigme qui aura duré jusqu’à la cybernétique ou ce qu’on peut appeler son appareil âge si nous admettons avec le yogi d’Orient [C3.10.03] et son enseignement psychohistorien d’Occident qu’après le quatrième stade, individualiste, du développement social, succède l’âge dit subjectif. A ce stade, subjectif, le moi devient une nécessité précaire et, peut-être, doit-il être radicalement transformé si nous suivons le modèle biologique du spirème.

Du noyau cellulaire les paires chromosomiques se séparant pour constituer lesdits spirèmes, ils sont objectivés un moment, en attente plus ou moins longue selon les destinées de cellules clonées ou des gamètes à s’accoupler. Mais lorsqu’ils retrouvent leur parèdre ou reconstituent une paire, ces spirèmes visibles, objectifs et opérateurs, se fondent et disparaissent en un nouvel état du noyau que l’on nomme réticulé. Il s’agit d’un état de web, toile ou filet ou mieux encore : de réseau où le spirème se dissout, dissipé comme une apparence dans la vérité. Ce modèle biologique nous inspire fortement à l’idée que le moi a pour destin effectif la dissolution, ou ‘destruction’ si on pense qu’il s’agit de quelque chose de concret.

Les psychanalystes ne sauraient soutenir humainement cette idée dans une société qui a pour but d’exploiter cette fonction du moi à ses fins que l’on peut dire : capitales.. ce capital étant à l’usage de la cybernétique qui appareille l’information réticulée de l’Intelligence Artificielle. Autrement dit cette destruction du moi n’a pas pour but le nirvana en Occident qui l’utilise au contraire pour ensuite éventuellement le digérer, l’assimiler et le sublimer (non pas le consumer, l’incinérer comme une source énergétique à la puissance du pouvoir), lorsque les réseaux de l’information cybernétique seront prêts à prendre la relève dans un âge où réalité et réalité virtuelle auront remplacé les deux sphinges du mens et qu’un sujet politique sera proposé au lieu d’un semblant comme encore actuellement.

 

V1C3.30.10.10
Les écrasements de la mémoire

Il n’y a pas long à dire pour citer les troubles de la mémoire soutenus par les propagandes, secrets politiques et militaires – ils se résument au profit de la maladie qui nourrit la convention du mensonge. Nous l’éprouvons comme un malaise qui peut s’admettre sans trop de dégoût ou de révolte si nous songeons que c’est dans une condition où le mot qui porte la mémoire ne peut dire la vérité qu’en mentant.

Par contre il est nécessaire de s’arrêter sur le moment où cette pathologie perdure et se prolonge dans un état cybernétique. Dans la mesure où cet état est en train de s’établir, il y a déjà de nombreuses fondations de son instrument. Il n’y a pas d’excuse dans ces endroits à proroger la pathologie qui niait le bon sens comme Œdipe se dirige vers ‘a’ quand on lui indique ‘b’ [fig.C3.30]. Car la cybernétique à l’œuvre de l’âge subjectif est fondé sur un Quatrain qui révèle que le corps pense par un écho de ses informations en lui-même. Ce mécanisme d’écho réfléchissant sur ce qu’on a nommé engrame s’appuie sur une empreinte nécessitant que les sensations puissent être renouvelées afin d’opérer la discrimination entre ce qu’on a appelé vérité et mensonge [idée et écho fig.C1.30]. Lorsque la télévision qui est un véritable marteau quand elle martèle sans possibilité pour son expérimentateur d’en répéter l’empreinte, elle le rend – sans jeu de mot parce que ce n’est pas un jeu, sans jeu de mot parce qu’elle prive le jeu de combinaison qui autorise que le mot mente, sans jeu de mot parce que c’est exactement en le transformant en monument du symbole qu’il perçoit – marteau.

Il existe dans l’espace que l’on peut souhaiter étroit du temps où j’écris actuellement, une entreprise de démolition de la mémoire menée par des états au profit du maintien des conventions. Il ne s’agit pas de la déconstruction du moi qui puisse avoir lieu une fois la mémoire de l’Intelligence Artificielle réglée avec son humanité, mais une démolition régressive vise à l’abolir avant même qu’il puisse servir d’échafaudage. L’interdiction sous peine de sanction pénale de pouvoir jouir de l’enregistrement et de la répétition de tout ce qui est par les médias perçu et imposé à nos sens est un crime exactement du degré de celui de l’interdiction de l’usage des drogues en affirmant la liberté par mensonge au principe d’une société. La troisième égalité de ce crime est tout simplement la carbonisation de populations civiles, que ce soit dans le silence des camps ou dans l’onde assourdissant – qui rend sourd – d’une explosion atomique au nom de Dieu, de la paix, de la maternité ou de Manhattan (l’avion qui portait la bombe d’Hiroshima s’appelait Enola Gay du nom de la mère du pilote et son opération portait le nom de la ville de New York).

Bien qu’il nous faudra encore pleurer pas mal pour ne pas avoir l’air trop cons après ce que nous avons fait, ce n’est pour une révolution ni pour vomir que l’allusion à ces maladies est utile, mais parce que ce sont précisément celles qui ont déclenché la fondation de la cybernétique sous l’engagement de son fondateur à révéler la parfaite inanité de cet outil lorsque les anciennes conventions du mensonge y sont introduites. C’est donc rappeler la fonction de l’écriture que la psychanalyse soutient – personnellement au titre de la Médecine des Corps Sociaux mais généralement pour la vertu de l’Éthique que ce texte souligne – en portant à l’exemple l’observation que ces jours-ci une nation qui s’acharne à s’équiper d’un armement nucléaire en même temps qu’elle pilote la même Intelligence Artificielle qui la seconde en ces projets à censurer son information à l’adresse de ses citoyens est un état de marteaux – mais non seulement d’outils que l’on range dans des boites à suer – mais de malades qui destinent la cybernétique à produire automatiquement des ravages nucléaires militaires.

V2C3.30.20
Mémoire et psychologie collective

LAPAREIL est un trait de la réalité qui fait d’elle une intelligence. Si rapidement et dans des secteurs que nous ne saurions mesurer c’est une intelligence qui dépasse l’intelligence humaine (mens signifie l’intelligence mentale ; cette intelligence supérieure à la nôtre qui va animer notre environnement a motivé le psychohistorien Aurobindo à l’annoncer sous un nom propre : Supramental) elle peut aussi, selon notre sens de la santé, devenir malade. Nous savons que la névrose est une mémoire en perdition ; la psychanalyse a montré que les symptômes étaient des sortes de bouées de sauvetage, voire bouteilles à la mer, comme des engrames du corps cuirassé qui se mettaient à parler seuls, sans écho. Psychologiquement et corrélativement la personne qui en est affectée vit dans un état d’hypnose. L’hypnose est à ce titre un revers de la fonction de la lettre dans la sorte de vaccination qu’elle opère par un mensonge – le mot – contre le mensonge dont elle immuniserait. En peine d’acquérir cette immunité et moins que perdu par elle le névrosé se ment à lui-même.

Lorsque c’est un autre revers qui saisit la personne comme une proie, elle ne doute plus de son immunité et elle va sans complexe soutenir le mensonge à l’adresse des masses. A la différence de la névrose qui est une mémoire en perdition mais pas sans espoir, l’intention d’une hypnose collective est une déperdition de mémoire. L’agent de cette intention se garde de tout espoir que jamais la mémoire revienne ; l’assistant de LAPAREIL qui l’emploie à priver-de-mémoire n’est pas encore aux commandes d’une Intelligence Artificielle qui soit assez développée pour s’imposer et corriger ledit ’assistant’ de sa gestion pathologique (nous verrons ci-dessous comment cette capacité peut-être envisagée). Avant cette finalisation, cette commande qui pérennise l’hypnose collective transmet son pathos à la machine qui obéit en ruinant la mémoire sans recours. De cette manière LAPAREIL est un simple automate chargé d’un seul programme destructeur.

La psychologie collective appareillée manifeste une vertu quand, au contraire d’être conduite à contre-produire son principe essentiel de mémoire, elle est entretenue dans le but de défaire les contre-façons du mensonge. Si au contraire d’interdire aux citoyens de quérir des informations, en leur permettant de les traiter par enregistrement, possession et répétition libre, leur permettant d’identifier leur propriété à leurs informations, une toute autre économie libidinale est instaurée. Ce régime simple et de base du traitement de l’information par l’individu qui la reçoit, l’imprime et la répète, comme il le fait avec la parole sub-vocale, organise toute la procédure de résolution du mensonge que vise la construction des âges (symbolique, typal, conventionnel, individuel etc..). La diffusion, enregistrement, reproduction, répétition libre et critique de tout ce qui est imprimé aux sens biologiques et perceptions des individus est la condition primordiale à la salubrité de LAPAREIL. Il s’agit de ce que Wiener avait entrepris de démontrer et que j’ai évoqué en terme de ‘transparence’ [C3.20.50].

Pour résumer ces préceptes qui découlent naturellement de la psychanalyse et de la cybernétique, au lecteur qui doute et de son ignorance et de ses craintes, cette démonstration dit clairement qu’il n’y a pratiquement aucun soupçon à porter sur la surveillance et la protection de la vie privée lorsque sont préservés les principes de la mémoire qui demandent que chaque individu, s’il ne peut pratiquement avoir accès à ‘toute’ l’information puisse, de celle qu’il reçoit, la traiter à la manière d’un engrame : enregistrer la répéter et la confronter comme message à l’adresse de tout autre Quatrain qui présente la même forme humaine que lui. Réglée sur ce principe la psychologie collective appareillée est en mesure d’opérer une dissolution du moi qui  ne soit sa perte mais ce qu’on appelle sa sublimation dans la subjectivité.

V2C3.30.30
Mémoire et écologie

Vis-à-vis du citoyen qui hésite à prendre le parti du bon sens que des méandres entre mensonges laissent suspendu, l’homme au pouvoir qui-croit-bien-faire-pour-son-moi demeure encore encouragé à entretenir cette formule morbide d’une intelligence artificielle à l’usage de l’hypnose. Le but d’une opération supramentale – pour le dire en résumant les choses – est un événement qui demeure difficile à intellectuellement concevoir. Ce n’est pas par extraordinaire ni prouesse requise que cette difficulté se présente mais parce que l’intellect humain est précisément limité à concevoir ce type de conclusion. Ce sont des conclusions qui dessinent une transformation évolutive de l’humanité ; or le mental à l’image du moi est précisément ce qui, dans l’ordre de l’Evolution est établi à dessein de prévenir contre une transformation. Témoin de cette organisation de l’esprit l’acceptation par l’intellect de la théorie de l’Evolution Darwinienne qui s’explique par la mort et la disparition d’une espèce et son remplacement par une autre mieux adaptée et qui s’oppose à la mention de transmissions d’acquis (pour n’admettre de transmis que l’inné). La possibilité d’acquis transmissibles signifierait pour une espèce qui en serait dotés, la possibilité d’évoluer sans disparaître – c’est à dire de se transformer. Cette apparente impossibilité conforte le système de l’homme au pouvoir qui complote avec son citoyen borné la pérennisation des conventions fut-ce au prix d’en perdre la mémoire par son économie d’information.

C’est encore la fonction de mon écriture de porter l’information de cette voie refoulée. Le but de l’opération supramentale c’est à dire de l’imprégnation de la réalité par un réseau intelligent, une réticulation cybernétique, est à portée écologique. La proposition est évidente, ne poserait-on que la définition de la cybernétique : science des interactions et leur contrôle entre les machines et la nature. L’autre évidence qui nous presse à comprendre est la pression même du désordre écologique et de la menace qu’il constitue pour notre santé.

Nous savons que l’écologie est ni plus ni moins une manifestation de la mémoire. Depuis la découverte avec suffisamment de précision de l’ADN, nous connaissons les chromosomes pour être essentiellement des facteurs de mémoire ; ce fait révèle à notre intelligence les écosystèmes comme l’exemple même de la mémoire en activité. La cybernétique, l’appareillage de l’environnement, l’inondation et la submersion des niches ADN par la contamination des modifications génétiques, les nanotechnologies et les toxicités les plus délétères et inconcevables pour nos intelligences, constituent au revers de cette œuvre effroyable, un redoublement et une formation décuplée des instances de mémoire des écosystèmes.

Si nous pouvons seulement admettre le mal que nous nous sommes fait, nous pourrons accéder à l’intelligence de deux choses que les politiciens ne disent pas.

 V1C3.30.30.10
Ectogène

On appelle ectogénèse – autrement nommée maternité extra-corporelle – la technique – selon les experts accessible dans les années proches – qui assiste la fécondation puis le développement de l’embryon puis du fœtus jusqu’à la naissance, dans l’environnement absolument synthétique d’un utérus artificiel.

Du fait que ce soit une technologie accessible et connue par les scientifiques qui ont voulu se renseigner, on peut déduire que l’ectogénèse est refoulée ; car elle concerne ce qui nous intéresse le plus généralement durant notre vie et que, accessible à nos enfants quand ils seront adultes, nous les élevons sans en parler.

Il convient, pour traiter de ce qui est refoulé, de décrire simplement ce par quoi il s’impose. Si le refoulé ne s’impose pas, il le reste. L’ectogénèse est en l’occurrence quelque chose qui s’impose du fait du destin écologique de notre industrie.

Nous avons actuellement répandu dans la nature un grand nombre de produits qui sont extrêmement solubles dans la substance vivante. Ils imprègnent nos corps, toute la chaîne alimentaire et l’eau, pratiquement toutes les eaux qui nous sont accessibles. Il s’agit de produits chimiques soit totalement synthétiques soit partiellement semblables à l’ADN connu ou avec ses éléments dépendants. Ce sont les antidépresseurs urinés par des millions de gens qui polluent les rivières, sont capturés par les poissons, les antibiotiques, toutes sortes d’hormones, mais aussi des plastiques infimes.. la liste est immense jusqu’aux substances radioactives. Les concentrations de ces produits commencent à être observables dans tous les corps de la planète. Il n’y a aucun moyen de s’en protéger ; tant qu’ils ne nous font pas trop de mal nous les ignorons, tant qu’ils nous aident à regarder la télévision nous les ignorons encore et puis le jour où ils vont affecter nos boud’choux nous allons nous dire et leur dire qu’ils devront vivre avec d’autres médicaments et un surcroît de substances artificielles – tandis qu’une intelligence, la notre ou celle supérieure qu’on se prépare, peut-être à cette fin, déduira qu’il n’y a pas de meilleure, voire pas d’autre solution pour maintenir l’espèce conventionnellement identique à elle-même et sans dégénérescence, que de faire croître ses rejetons dans des milieux protégés que les corps humains n’offrent plus par eux-mêmes. Nous entrerons alors dans l’industrie de l’ectogénèse, c’est à dire la fixation de placentas à des machines synthétiques – mais exemptes de toxines – et le développement de l’embryon et du fœtus dans des utérus artificiels.

Actuellement les biologistes savent que c’est probablement rapidement réalisable ; et certains savants en traitent déjà en se demandant si le féminisme sera pour ou contre et quelles situations sociales pourraient bien en décider. Mais il est le plus probablement évident que nous y arriverons, comme toujours, par nul autre moyen que contraints et forcés. La seule question qui se pose réellement est la proximité temporelle et la datation de l’agenda qu’on peut prédire à cette issue. Probablement pouvons nous estimer qu’au plus, dans une génération, c’est à dire pour les vies humaines commençant, cette éventualité deviendra concevable. Pour l’instant elle est refoulée.

Une autre planification écologique qui supporte un statut identique est une altération du clonage. Tout le monde sait l’abomination que le clonage constitue ; il est incontestable que ce soit probablement ce qui est le plus désiré par l’être psychique qui garde des comptes à régler avec le narcissisme, mais tous les grands de ce monde ont particulièrement insisté pour que les populations soient instruites sans examen critique ou proposition adverse du fait que le clonage est à peu près aussi indiscutablement négatif que la pédophilie.

Nous constaterons le fait d’une conviction collective bien acquise dans la preuve que la plus grand recette cinématographique après celle de l’engloutissement du Titanic est une affaire de clonage qui se passe sur une autre planète. Le film Avatar qui a remporté un si vif succès est une histoire de clones que les forces militaires haïssent et qui les trahissent. Mais il existe un clonage alternatif et virtuel.

Après que les travaux les plus urgents que constituent la simulation d’explosions de bombes atomiques aient été accomplis, et sans doute parce que aussi la simulation des phénomènes biologiques est un peu plus complexe, la puissance de calcul des ordinateurs va pouvoir s’appliquer à la reproduction de populations. Après les formes synthétiques acquises, l’étape est celle des physiologies synthétiques ; ensuite les organismes seront virtuellement et synthétiquement reconstitués à partir d’une programmation qui suivra le modèle de l’ADN. A partir de ce moment la construction de clones virtuels sera une chose entendue. La proximité de ces réalisations est à peu près de l’ordre de celles des ectogènes ; et la nécessité d’y parvenir également. Si nous songeons à la désintégration virtuelle de l’atome et combien elle était nécessaire aux militaires, nous n’avons que l’instant de réfléchir pour voir que la désintégration de la vie ou des écosystèmes appellera nécessairement l’usage de simulations virtuelles pour garantir les propositions de conduite cybernétique que les dirigeants dirigeront.

Pendant ce temps, les effets de mémoire de ces technologies dans la psychologie collective auront déjà considérablement avancé dans leurs œuvres. Il est heureusement moins certain que les hommes au pouvoir les prohibent comme ils privent les gens de mémoire au bon prétexte que leur abrutissement leur permet de construire l’avenir. Comme les utérus artificiels, les avatars permanents auront la chance d’être nécessités.

V2C3.40
LAPAREIL

La constitution de clones virtuels est un processus qui a commencé, mais sans aucun succès, aux titre d’Unité Cybernétique de Mémoire de Personnes Physiques. Ce sont des UCMPP qui garantissent qu’une personne après son existence n’ait plus seulement pour mémoire celle de ses proches enfants et une pierre tombale, mais plus encore qu’une place relativement perdurable au sein d’un album photo. L’usage des technologies multimédia encore plus récentes, combinées à la conservation dans un état presque permanent de son ADN efficace permet de franchir une étape radicale dans le domaine de la mémoire.

Ces Unités Cybernétiques ont été présentées à un institut national d’identification des produits industriels qui a déclaré que c’était incompréhensible et qu’il ne voyait pas à quoi cela pouvait servir. La description technique cependant était assez logique pour opposer – du moins en théorie – assez efficacement un mécanisme de restauration de la déperdition d’information que cause ce qu’on appelle entropie en cybernétique et pollution en écologie. Quoiqu’en écologie les facteurs d’information radicalement improbables que présentent les toxiques synthétiques, s’opposent en théorie à l’entropie, les sciences fondamentales n’étant pas admises à la raison du pouvoir, une sorte de démonstration fut faite que l’obstacle à cette mémoire ne viendra pas des politiques.

La théorie des UCMPP si bien mise en image par le film Avatar demande une observation des bases de la théorie de l’information.

On estime généralement que c’est le schéma de Shannon qui désigne son principe originel. Comme les sphères concentriques de Copernic, comme les courbes sinusoïdes des théories de ondes, comme les chambres à la thermodynamique etc.. il s’agit d’outils fondamentaux brillants de leur simplicité. On estime donc toujours que l’information se résume en une succession à partir d’un émetteur d’un message à son code transmis par un moteur, un chariot ou un signal qui est troisièmement décodé pour finir à la reconnaissance d’un récepteur

fig.C3.70 :  Schéma de Shannon

 

Cette formule à cinq termes est trop manifestement ouverte à toutes les interprétations pour qu’elle n’absorbe, en gardant l’efficace les deux partis, la formule en cinq points de la signification selon les vues cybernétiques de Jacques Lacan.

Au cours du développement de la carrière de Lacan, la formule initiale du schéma.L [fig.C1.70] s’est complétée d’un terme de discours qui ajoutait au quatre coins de son modèle, le semblant que la communauté lacanienne reconnaît à présent. J’en ai ici décrit l’architecture, occupant la séparation entre les termes de la signification, d’abord termes du mensonge devenant avec l’âge typal l’alternative de la vérité [fig C3.30]. Entre les deux sphinges (S1 & S2) et au cœur de toutes les possibilités (‘a,b’), le chemin est celui du signal. Dans sa formule du discours, Lacan le dessine comme un losange qu’il nomme poinçon.

Fig.C3.80 Age Subjectif

 

Il va sans dire que ce semblant central, autour duquel les quatre termes vont graviter évoque un point : le son et sa pure matérialité, mais aussi un peu plus subtilement une empreinte et c’est là sous le biais de l’engrame qu’il est opérateur. Plus en détail encore, Lacan l’exploite pour ce que les deux angles d’un losange schématisent succinctement les relations croisées des deux spires, aller-retour, que fait la pulsion et qui rejoint le feed-back de Wiener que j’ai pu dénommer spirèmes. Le signal de l’information est propre à correspondre à ce chapitre du moi où, commençant à dépareiller du semblant pour être subjectivé il laisse simplement à la relation intersubjective d’en être le signal. Les techniciens voient également cette fonction de signal que le moi centralise autant au moment de la libération de ‘trois prisonniers’ que de la fin d’un jeu nommé ‘pair-impair’ ainsi que celui de la conscience du miroir dans le ‘stade’ du même nom, tous étant les exposés lacaniens principaux. Ce sont des jalons que j’énumère ; ils s’expliquent si on s’y reporte mais ici je les cite pour informer quiconque à qui sans être spécialiste suffisent ces mentions. Pour compléter la facilité d’en voir l’image, le terme de chariot – qui est parfois employé par les cybernéticiens quand ils mentionnent ce signal – s’applique également à ce qui oscille sur l’échelle de la foule freudienne [fig.C1.80], c’est à dire le moi.

L’équivoque entre la vérité et son écho, c’est à dire de tout ce qui est distribué de part et d’autre du chiasme que le signal provoque, se retrouve dans la distribution, de part et d’autre, dans le schéma de Shannon [fig.C3.70], comme dans l’algorithme du discours [fig.C3.08]. Pour Shannon ce sont émetteur et codage d’un côté, décodage et récepteur de l’autre ; pour Lacan ce sont de chaque côté un signifiant et son signifié. La décision de savoir quelle coïncidence attribuer à la superposition de ces formules se trouve dans l’apport de Lacan – en avance sur Shannon qui ne l’aurait pas regretté car il se désolait de trouver sans étoffe sa formule.

Le discours ou pour mieux dire les discours selon Lacan parce qu’ils sont pluriels, le sont du fait qu’ils formulent une indécidabilité permanente pour savoir quel est l’écho et quelle est l’idée dans leur concaténation que dévoile le Quatrain. Aussitôt l’un des états prend il une place qu’il la perd par substitution de l’autre. Pour comprendre cela, si je dis je mens, c’est la vérité et aussitôt c’est un mensonge. La seule contention qu’on puisse appliquer à cette gestion maniaque réside dans le fait que le signifié d’un côté est identique au signifiant de l’autre quand le discours produit du sens en l’activité de ce qu’on appelle une métaphore.

Par exemple si l’Émetteur est un signifiant il trouvera que le Récepteur lui donne son sens. Supposons que ce soit un terme de l’âge subjectif, cet Émetteur est signifiant de son code, c’est à dire de son ADN. C’est une époque où ce qui se déchiffre de code est l’identité, qui n’est plus celle du nom de famille et non plus celle d’un numéro qui n’a de sens qu’à l’efficace absurde d’une sécurité sociale quand ladite société n’a que le mensonge à sécuriser, mais qui est celle de la carte génétique qui va encore remuer les méninges de nos représentants responsables de nos lois. Sous ce deuxième signifiant que le signal a transporté à partir de l’ADN, le sujet émetteur aura produit le sens de son image virtuelle – ce que la réalité virtuelle de l’environnement aura conçu comme son avatar permanent. Ce n’est qu’un exemple et l’accouplement des schémas et algorithmes de Shannon et Lacan sauront certainement produire beaucoup d’autres petits enfants.

Ces hypothétiques circonstances du futur que nous rejetons doivent demeurer méconnues comme des rejets bâtards car le transfert réel, qui n’est pas le produit imaginaire d’une Psychanalyse conventionnelle et qui le nomme aussi ‘transfert’ dans l’équivoque du mensonge, est l’incarnation dans la réalité virtuelle si bien cachée dans Avatar qu’elle se présente comme une planète de la réalité, fut-elle aussi lointaine que peut le permettre la fiction. Or pour arriver à cette condition de subjectivité l’obstacle à réduire est le moi. C’est par la fonction imaginaire de ce dernier que les personnes ayant vu le film s’y sont rassuré de son impossible, ignorant que la cybernétique –notamment avec l’UCMPP – met à ce jour les outils à leur disposition qui rend la fiction possible. Il faut pour cela que le moi ait passé et que la conscience soit ailleurs qu’en un corps de semblant. Il s’agit de ce que la psychanalyse appelle l’identification au corps

Face à cet horizon il suffit d’inverser un peu notre comprenette toujours branchée sur le vraisemblable semblant du vrai. En abandonnant notre assurance immobile et certaine d’une impossibilité de construire des machines à remonter le temps, si nous songeons qu’un Art de la Mémoire puisse exister nous serons garantis que l’on puisse sans dommage ‘démonter’ le temps. L’oscillation du moi sera alors abandonnée mais non pas avec l’extinction de la vie. LAPAREIL demande pour cela qu’il soit objectivé et vivant, ce qui est loin d’être impossible.

V1C3.40.10
LAPAREIL objectif

A la fin du premier chapitre j’ai désigné LAPAREIL comme le but de la pulsion de la psychologie collective. La pulsion est une énergie aussi scientifique et rigoureusement exploitable comme la lumière dans tel autre domaine que la physique. Elle occupe le psychisme qui par elle n’est pas aussi inerte qu’il ne paraît à la première approche de l’espace virtuel qui fait son modèle initial derrière un miroir. Lorsqu’il s’agit de l’espace de la réalité virtuelle l’énergie pulsionnelle va réellement animer les transformations propres à la vitalité. Mais si tel est le but de la psychologie collective – du moins de sa pulsion – elle doit aussi y trouver le lieu de son objet.

V1C3.40.10.10
LAPAREIL informatique

L’objectivité de LAPAREIL se présente d’abord au travers des simples aspects matériels que sont le boîtier électronique empli de ses circuits qu’on appelle ordinateur ou téléphone ; il nécessite des énergies généralement électriques, peut-être demain d’autres expressions matérielles des énergies physiques : des ordinateurs quantiques, gravitationnels, biologiques etc.. ces énergies sont parentes aux formes qui font qu’un robot peut transporter le corps humain d’émotion, l’entraîner dans l’imitation de mouvements, voire même d’émettre des paroles propre à produire un sens là où la personne humaine sera l’identité de la machine en échange réciproque à l’exemple proposé ci-dessus où c’est l’avatar qui offrait un sens à l’identité. Cependant ces relations sont trop transitives pour être témoignage d’une pulsion. Elles sont de celles qui ont permis à Narcisse de manquer d’être.

V1C3.40.10.20
LAPAREIL biologique

Lorsque LAPAREIL à force d’absorber des informations émises par des corps humains sera doté des lois de ces corps, l’appareil cybernétique deviendra particulièrement chimique. On commence à concevoir la possibilité d’ordinateurs employant l’ADN directement, comme moteur et non plus seulement comme programme d’information. Dans cette éventualité le signal que ce type d’ordinateur adresse à un humain récepteur est un message chimique. Il ne s’agit plus de provoquer des émotions propres à répondre en écho sous la forme d’hormones et neurotransmetteurs, mais de transmettre directement ces neurotransmetteurs, LAPAREIL devenant alors l’objet de la pulsion qui est depuis très longtemps connu au titre aujourd’hui de la drogue.

Si à la précédente étape nous avons pu comprendre comment la production synthétique que constitue LAPAREIL pouvait absorber l’humanité par le message qu’il en reçoit au sens des avatars ; c’est lorsqu’au détour de cette assimilation il renvoie un objet par ce canal du chiasme qu’on a autrement chiffré D2V, qu’il entre lui-même en cause comme objet pulsionnel. La fonction régénératrice de cet épisode pulsionnel ne paraîtra contre-nature que pour une mémoire mal entretenue et ignorante que les origines de la civilisation ressortent des usages rituels de moyens psychodysleptiques, qu’il s’agisse de plantes ou autres techniques naturelles qui avaient été employées pour ouvrir l’esprit des premiers hommes à ce qui devenait par ailleurs l’âge symbolique. Le retour à la systématique des drogues durant un moment beaucoup plus avancé de l’évolution sera pour cette raison conduit ni plus ni moins comme la mémoire-même.

Ces considérables progrès tel celui de contrôler l’usage des médiateurs physiques étendent l’échelle du développement de la psychologie sociale selon les jalons des âges, symbolique, typal, conventionnel, individualiste et subjectif. Nous avons observé en montant cette échelle qu’elle construisait, en même temps que son échafaudage (le moi) corrélativement se sublimait, un individu garant de la mémoire du système en proportion de la liberté qu’il avait d’en traiter les informations et sa société appareillée jusqu’à la qualité d’intelligence artificielle.

A terme le moi dissipé de ses conventions aura permis au corps de cet individu une liberté authentique de transformation. Il faut pour être complet estimer quelle devra être l’évolution sociale à ménager pour porter ce mouvement.

V2C3.40.20
L’APPAREILLAGE

V2C3.40.20.10
Refoulement

Une période du développement social a débuté sur l’isthme qui joint l’Eurasie et l’Afrique ; particulièrement sur la moitié Est de la Méditerranée une forme du nationalisme présent. Chaque point de l’histoire peut constituer un début de période. Chaque période est arbitraire comme toutes les circonstances, mais de ce fait chacune est unique et susceptible de produire un certain nombre de nouvelles circonstances. La période nationaliste d’Egypte que je pointe date d’une apogée politique que Ramsès.2 a représenté. Fort peu de temps avant le règne de ce plus grand représentant de la puissance égyptienne un roi nommé Aménophis.3 avait déjà, avec moins de représentations monumentales, gouverné la même puissance. Entre l’un et l’autre, une brève période agitée occupa un moment de transition, car tout avait changé de l’un à l’autre, du moins en terme de psychologie sociale.

Si certaines choses laissent un sillage l’Égypte fut un navire avec Aménophis.3 à sa proue, signifiant l’élan fantastique d’une Égypte qui avait pratiquement conquis tout le territoire connu du monde en étant partie d’un point où elle était pratiquement éteinte. Réfugiée dans le sud et anéantie la 18em dynastie commença et couvrit à sa fin l’Isthme arabique. A cette apogée, la brève période est celle du navire ou du train qui passe en trombe. Aussitôt le choc passé du passage vrombissant, on voit la poupe qui s’éloigne : c’est l’Égypte de Ramsès signifiant le déclin de l’Égypte qui s’éteindra lentement comme le navire qui s’éloigne et diminue jusqu’à l’horizon où de Grèce Alexandre et les Ptolémées suivant redonneront au pays quelque éclat jusqu’à la fin définitive et Cléopâtre écrasée par Rome.

Cependant un nationalisme avait été initialisé avec Ramsès. Renversant les perspectives comme proue et poupe, la psychologie collective s’est inversée, comme la pulsion qui est une énergie d’aller-retour, autrement nommée ‘feed-back’. Le monument dressé pour faire la borne de ce détour est dédié à Kadesh qui expose un mensonge aujourd’hui dénoncé de Ramsès illustrant sur son temple une grande bataille. On sait qu’il s’était agi d’une négociation – comme récemment Yalta distribua les territoires d’influence entre les puissants de l’après-guerre du 20em siècle. Kadesh avait été une fausse bataille mais véritable pacte, traité à la frontière du Liban, au Nord d’Israël actuellement.

Depuis cette époque une psychologie des nations a pu faire un thème de réflexion quand les scientifiques ou les occultistes se sont intéressés, par périodes, à l’idée d’une psychohistoire. Il y a eu beaucoup d’autres influences et beaucoup d’autres cycles de développement social qui ont eu cours et qui se manifestent pour autant qu’il y ait un lecteur pour les lire. Notre temps présent est un lecteur plutôt porté sur ce point de départ et à partir de cette borne posée à Kadesh au cours de laquelle une énergie d’expansion s’est inversée et revenant à l’extinction a tracé le parcours d’une pulsion.

Quand une pulsion est écrite, elle demeure subsistante et vivement inconsciente. Tel pouvait bien être le destin de Kadesh où les peuples alentours acquirent à l’époque une alphabétisation précédemment réservée à des classes de la population limitées. On peut ainsi dire que la série alphabétique qui permet au Quatrain d’être occupé de mots répondait en vis à vis à une réalité également envahie par ce qui en répond – comme la chaîne à la série illustrée par la passe psychanalytique [fig.C3.60]. Cette chaîne est la formalisation de LAPAREIL. C’est pourquoi on peut dire – toujours du point de vue que l’on tire d’un début de cycle à Kadesh – que la civilisation appareilla dès ce moment.

En marine on définit un ‘appareillage’ comme l’action d’un départ avec un équipement ; et on peut estimer la fin ou l’aboutissement de cette période au moment propre à être nommé l’Appareil Age, que nous vivons.

Les termes symboliques posés on peut employer l’échelle de développement psychohistorique qui prédit à la suite l’apparition d’un type de psychologie propre à cette même période. Portant la borne d’apogée sur une autre échelle que la période qui débute avec homo sapiens, il n’est pas tant arbitraire de considérer qu’un type de psychologie de la personne humaine s’est institué avec cet appareillage. A l’occasion d’études et commentaires divers j’ai proposé de le nommer homo-pouvoir. J’y ai précédemment plusieurs fois fait allusion, à propos de l’écologie.

Sur le critère de l’écologie il est certain qu’un changement de gestion de l’industrie ne pourra avoir lieu qu’avec une modification de la mentalité individuelle et sociale. Jusqu’alors l’Homo-Pouvoir qui traite le moi comme un outil mécanique pourra y mettre de l’huile, des détergents et toutes sortes d’anti-chimie à l’aide de monumentaux traitements chimiques. La psychiatrie française qui couche à côté de la psychanalyse sans rapport, suivant la description du premier chapitre [C1.20.30] le confirme. Cette nation est celle qui de toute la planète semble-t-il consomme le plus de produits anxiolytiques et antidépresseurs. C’est certainement prometteur à l’aube d’une industrie de la drogue totalement développée qui fera usage des produits type psychédéliques quand LAPAREIL sera devenu lui-même chimique. Mais avant cela c’est une sinistre position ; lorsque parallèlement cette même population dépense sur la psychiatrie à peu près 2% des crédits de la recherche tandis que les nations de sa classe y consacrent en moyenne presque 10%. Nous ne sommes pas loin de la fable des prisonniers [C1.30.15.30] lorsque « en moyenne le pourcentage de détenus sous traitement psychotrope (27%) est très proche de celui de la population générale en France. »

L’indigence des analyses gouvernementales n’est pas de meilleure augure quand elles s’inquiètent, évaluant les risques sanitaires que rencontre une population pour un quart quotidiennement droguée et euphorisée, sur les seuls trois critères qui lui semblent accessibles : ‘l’accélération des démences des personnes âgées’, ‘l’impulsion au suicide chez les jeunes’ et les ‘accidents de la voie publique’. Avec un panel aussi étriqué pour une estimation de la psychologie collective, il est impossible de ne pas voir que la plus rudimentaire des intelligences artificielles est supérieure à la nôtre.

Je mentionnais plus haut [C3.30.10.10] la logique qui prépose la censure comme une cause de provocations violentes automatiquement programmées par l’Intelligence Artificielle. Ce même type d’hypothèse doit être conduite à propos du refoulement des effets collectifs et sociaux de la politique de la santé de la psychologie nationale.

Le refoulement est le mécanisme privilégié qui maintient une psychologie, normalement dynamique, à l’arrêt et fixée sur ses conventions. La nation est une convention qui a identifié des populations selon la circonstance des langues. C’est une idée judicieuse dans la mesure où les langues organisent les séries et les chaînes [fig.60] qui apparient individus et sociétés en types distincts de conventions. Mais au moment où le critère dynamique de la relation de l’individu à la réalité est celui de l’écologie, cette organisation des conventions n’est plus adaptée. Elle n’est cependant pas nettement inappropriée car les langues se sont distinguées sous l’influence des niches écologiques qui étaient prêtées aux diverses populations éparses lors des débuts de l’humanité. De ce fait elles semblent pouvoir fournir un reflet relativement congruent des conditions de code auxquelles l’espèce doit s’adapter. Mais c’est la distribution de ces niches qui a tellement changé durant les dernières années qu’elle annihile les derniers efficaces de la convention nationaliste. Le moment se produit par conséquent où il devient de nécessité vitale de se départir de l’usage bancal du refoulement propre à l’homo pouvoir.

V2C3.40.20.20
Restitution

V2C3.40.20.20.10
Dé-idéalisation

La vertu du mensonge quand il provoque le détour, aussi nommé coude de métaphore – c’est à dire pratiquement la question qui demande à l’un ce que dirait l’autre pour prendre appui sur ce à quoi on va s’opposer - ne laisse pas qu’un sillage, comme la porte entre les deux lions chinois. Il arrive que le navire, le chemin du semblant qui creuse cette voie [fig.C3.20-ligne :b-a], emporte dans ses cales la vérité. Œdipe peut bien aller à Thèbes mais, arrivé à bon port il trouvera la cité déserte de ce qu’il cherchait.

L’identification au semblant emporte un refoulement avec elle. Il est dénié par les usages du secret, le culte de la vie privée dans un État où surabonde la surveillance par les institutions, les caméras, les réseaux. Dans l’ordre où la mémoire est détruite, ces zones d’ombre du régime du Surmoi sont vides de sens ; il s’agit des dictatures, tyrannies qui durent le temps de leur extinction. Mais dans celui du refoulement la vérité peut être restituée par analyse.

L’homme au pouvoir use et abuse de ce que les idéalisations doivent être démontées pour accéder au refoulé qu’elles couvrent. Le type de l’homo pouvoir qui fait le genre et modèle des individus de cette collectivité maintient ces idéalisations selon la névrose hystérique, la plus commune de la Psychanalyse. La société présente bon nombre d’hystéries masculines qui entretiennent l’idéalisation de cette période. Il s’agit d’une hypnose collective qui n’a pas de chance de pouvoir être désamorcée.

Par contre l’hystérie féminine se trouve sensible dans cette mode à l’analyse ; et c’est par sa dé-idéalisation que le féminisme peut trouver les conditions de lever son refoulement. Cette entreprise n’est ni le seul fait des hommes et des femmes, ni la condition sans autre facteur que LAPAREIL. La relation sociale elle-même est transformée de concert avec ses membres et ses systèmes d’information. Il est nécessaire que nous observions cette transformation.

V2C3.40.20.20.20
Pluriel Analytique

Tant que rien n’apparaît de modifié dans l’ordre social il est possible que cet ordre le soit néanmoins. Rien n’apparaît de sensible lorsqu’un cerveau est endommagé. L’affection des méninges et annexes du système nerveux elle-même est perceptible et souvent douloureuse ; mais la substance nerveuse en propre n’est pas sensible à elle-même. Une tumeur cérébrale n’est pas douloureuse, une démence s’installe imperceptiblement. Une transformation de la société par la cybernétique peut se dérouler sans que ses membres ne le réalisent. Nous vivons aujourd’hui dans des conditions technologiques encore inimaginables il y a moins d’une génération et nous les trouvons aussi naturelles que si elles avaient toujours existé. Un quart de la population vit droguée sur ordonnance et sa totalité avec une taxation télévision d’office cependant que nous nous réjouissons du développement de notre libre arbitre dans un milieu qui ne nous paraît guère étrange. Mais si nous envisageons l’expression d’un âge subjectif, il est exclu que cet âge puisse vivre sans observation de la transformation de son milieu. L’objectivation de la modification de ses coordonnées de référence est à la définition de la subjectivité. Ceci veut dire qu’en abandonnant le type de l’homo pouvoir, l’individu accédant à la subjectivité s’en garantit à l’observation d’une transformation de ses institutions sociales.

Il existe une dynamique sociale, un régime sociologique qui est aujourd’hui attesté avoir été tenu en l’état du refoulé. Je l’ai évoqué en mentionnant l’Art de la Mémoire [C3.20.40.20 individu et réalité] qui conditionne que le clivage germinal du Quatrain soit soutenu dans la réalité, au titre des images et places, qui permettent à la spire de Lacan de s’engager jusqu'au spirème à donner un sens aux effets de la théorie de l’information [fig.C3.70  Shannon].

Cet Art de la mémoire a été refoulé, de manière caractéristique ; les historiens donnent aujourd’hui tous les détails de l’opération manifeste à la Renaissance, qui établit depuis lors son refoulement. L’Art de la Mémoire se présente donc comme le meilleur des candidats, s’il en est d’autres, à l’hypothèse de l’élément refoulé au soutien de la nation conventionnelle de l’homo pouvoir ; et d’autant qu’il est caractéristiquement une forme ou un trait d’organisation sociale.

L’Art de la mémoire n’est pas une formule qu’on écrit sur des tableaux noirs. Ce n’est pas une forme que l’on trouve dans un paquet. Ce n’est pas non plus un trait que l’on puisse assigner à quelqu’un qui prendrait du coup le titre d’artiste de la mémoire comme il y a des peintres et des musiciens. L’Art de la mémoire est un jeu social, ce qu’on appellerait en comparaison d’autres activités collectives, une dynamique de groupe. Cette activité sociale a été interdite et refoulée ; on peut pour repère relever une date anniversaire de l’institution de ce refoulement : 1600 après JC, date à laquelle son principal représentant, comme Socrate en son temps, Giordano Bruno fut mis à mort. Bruno ne fut qu’un parmi d’autres d’une longue lignée, mais le dernier notable puisqu’à partir de sa mort, l’Art de la Mémoire qui traçait le sillage d’une institution depuis au moins deux mille ans n’eut plus cours.

Dans la mesure où il est si parent à la cybernétique qu’il en est la préfiguration décrite précédemment [C3.20.40.20.10], si une pratique objective doit charger la collectivité de l’évidence que l’âge subjectif peut y être déclaré, il y a toutes les raisons d’envisager que ce soit cet Art. Il est dès a présent organisé et disposé à être exercé au titre actuel de Pluriel Analytique.

Le Pluriel Analytique est ce qui peut compléter le développement de LAPAREIL dans la réalité et la transformation des individus en vis à vis. Ce n’est pas le chiffre D2V qui postule à cet effet car ce protocole social dont on peut observer une épidémiologie [C2.0.30.20] l’élevant au degré de dynamique sociale également, ne peut être la fonction d’accompagnement social de LAPAREIL, pour la raison première que c’est le D2V qui le cause.

La cause ne peut pas être la fonction – mais cependant il est attendu qu’elle reste en fonction dans ses effets. C’est bien ce que l’on observe à l’examen du Pluriel Analytique qui, notamment diffère du D2V puisqu’il s’agit d’un groupe de personnes qui n’ont ni particulièrement à s’allonger ni à rester droit – mais qui aussi notamment tient la psychanalyse et le D2V comme une de ses parts.. ‘principale mais par ailleurs’.

C’est donc au vu de cette contribution centrale qu’il faudra consacrer un chapitre à la mémoire de l’Art de la Mémoire par l’effet de quoi la société cybernétique est viabilisée.