Message transmis à P.Pignarre
qui n'a pas répondu

note : 20140304105400 ; sauf incident d'acheminement, l'absence de réponse renseigne le statut (et donc sur les diverses strates d'enseignement à y trouver) de l'entreprise Pignarre (catégorie intellectuelle) - elle-même de l'ordre du placebo, alibi ou encore quelqu'autre inversion de sa signification

 

 

 

-----Message d'origine-----
De : DWTheaux [mailto:williamtheaux@gmail.com]
Envoyé : dimanche 9 mars 2008 11:15
À :
Objet : RE: Philippe Pignare

Mon cher confrère,
   merci pour ces indications ; en effet ces articles sont particulièrement intéressants. J'aimerais que le commentaire que je vais tâcher d'en faire soit transmis à P.Pignarre ; je doute qu'il ait du temps pour s'assurer de sa qualité  - car les arguments sont peu communs et longs à évaluer sans être particulièrement spécialisé dans leur domaine étroit. Mais il est indiqué que tout du moins leur notion - voire seulement leur existence lui soit transmise.
   Je ne prétends, quant à moi, à aucune certitude sur les hypothèse que je vais décrire - sauf une seule certitude : celle de leur possibilité, voire probabilité que l'on pourra estimer élevée. Certains ouvrages universitaires - Prof Dan Merkur du Canada et d'autres anthopologues, biologistes et agronomes peuvent être mis en avant ; des notions psychanalytiques d'autre part sont de mon domaine que je saurais tenir. Voici donc ce que je souhaite exposer - dans un cadre restreint, car vous verrez vite qu'il s'agit de matière qui ne serait pas bien reçue dans une large étendue médiatique.
 
 
   L'approche de Pignarre est excellente. L'aide qu'il trouve dans le concept de tautologie concernant la dépression et la fabrication des anti-dépresseur est une fondation tout à fait bonne - voire précieuse. Tel est mon point de vue. Cependant je le mettrais en défaut de n'aller pas plus loin. En fait il s'aventure et c'est encore à son honneur, sur le terrain de la psychanalyse qu'il place avec raison en premier lieu dans le débordement nécessaire à sortir de la nasse tautologique ; mais il s'aventure sans ouverture.
   A ce propos, je n'ai pas trouvé qu'il cite ou fasse référence à un des premiers articles de la carrière de J.Lacan - Propos sur la causalité psychique - où celui-ci débat avec ses collègues psychiatres français pourtant très qualifiés en subtilité (organo-dynamisme de Henri Ey). Dans cet article Lacan soutient très bien la valeur alternative de la psychanalyse à la médecine du "double-insu" (désignation de Pignarre) même si à l'époque elle était encore dasn les limbes. On y adminera ce qu'il décrit longtemps avant qu'on découvre les aujourd'hui dénommés "neurones-miroirs" - et de surcroît toute la démonstration faite de la pulsion scopique pourrait venir à supporter le choix de la désignation que Pignarre propose de la médecine adverse - à savoir une médecine du "de visu" !
   Ceci pour dire qu'il y a beaucoup de grain à moudre.
   Mais il y a aussi de nombreuses raisons de fausses pistes. L'une d'elles se trouve dans le dévoiement auquel la psychanalyse prête par nature. Je n 'entrerai pas dans le détail de ces méandres mais simplement saisirai le superficiel pour venir aux points que je veux avancer : que " l'idéal de la psychanalyse " soit " représenté par les psychotropes " nous vaut de Pignarre le choc frontal d'un paradoxe. Nous y verrons peut-être plus clair avec les données suivantes :
 
   Quand Pignarre titre son propos : " l'effet placebo n'existe pas " , peut-être ne se doute-t-il pas de la manière dont pourrait tenir son erreur. Car en effet c'est le placebo qui n'existe pas - puisque le placebo a un effet. Je ne parle pas de celui magique qui fait son piège précisément. Je parle d'un effet que Pignarre - à ce que j'en ai lu - ne cite pas et n'aurait donc pas détecté. Je soutiens pour ma part que le placebo a pour effet l'hypnose - qui n'est pas que semblant.
   L'hypnose est la matière première de la psychanalyse. J'y ai donc souvent songé et je pense que sa cause se trouve dans le processus qu'acquiert l'être humain quand il se sert de l'écriture. En gros, en apprenant aux gens à écrire, la société leur insuffle une capacité qui n'est à priori que potentielle : celle d'entrer en transe hypnotique. Le placebo est de la catégorie de ce qui de la lettre a cette hypnose pour effet. Telle est ma première thèse - ici dite résumée. Elle s'étaye d'une observation seconde :
 
   C'est ici que nous abordons un champ - qui précisément de risquer de sortir de la transe, va rencontrer en pratique une indiscibilité.
   Pour commencer, ne risquons qu'un pas, hors du cercle de la bienséance. Les anti-dépresseurs sont une création concommittante des groupes de déprimés. Pignarre justifie cette possibilité par les leviers de la croyance et du désir. Je crois que du désir, la psychanalyse actuellement a déchifré l'algorythme ; mais pas celui de la croyance. Ce retard qu'elle a pris dans ce domaine la laisse sur le bord de la route d'où Pignarre peut la relever, pour l'accuser de nourrir l'idéalisation des psychotropes. Il nous faut donc l'arrêter dans ce geste, si nous pouvons révéler quelque chose de la croyance, avec la psychanalyse - et effectivement l'élucidation de l'hypnose apporte cette autorité.
   Je vais donc risquer un pas supplémentaire. Nous avons de bonnes raisons - probablement même de fortes raisons - de penser que l'usage du placebo avec pour son effet l'hypnose, est au coeur, depuis longtemps et de manière principale, de manière déterminée et éhontée pourrait-on dire, au coeur donc de notre civilisation occidentale.
   J'ai fait allusion tout à l'heures aux biologistes, agronomes, spécialistes de polens anciens et de toutes sortes d'autres domaines, qui tendent à montrer qu'il y eut usage de l'acide lysergique (et de son diéthylamide) durant des phases très anciennes, assimilables à ce qu'on appelle Scène Primitive mais ici dans l'histoire. La région du temple de Déméter était certainement riche en ergot de seigle et s'en suit toute une série d'observations qui passe par des rapports variés, décrivant dans l'histoire son usage dès le complexe moïsiaque - de sorte qu'un nombre considérable d'indices supporte que le sacrement chrétien fit d'abord usage d'une chimie ancienne, assez avancée pour le purifier et offrir - en variété des autres psychotropes connus d'initiations d'Afrique - la base organique d'un acte religieux. Je répète que les indices sont nombreux, même dans l'histoire ultérieure à la fondation de ce sacrement ou de cette religion - qui montre aussi qu'assez rapidement elle posa l'interdit sur cette substance et, plus ou moins le sachant, se rangea dans l'ordre de l'usage placebo (l'eucharistie depuis longtemps est exempte d'ergot). Je dis "plus ou moins" le sachant, car cet ostracisme sur cette substance par ailleurs sacrée ne date probablement pas des premières méandres du christianisme ; à l'époque antérieure, durant telle ou telle phase de l'Egypte antique l'expérience eut déjà lieu - tant l'expérience de l'intoxication elle-même que celle de sa substitution par une sorte de chiffrage qui, entraînant un phénomène hypnotique, enseigna très tôt aux directeurs des foules, l'usage que l'on pouvait prétendre d'un placebo.
 
   On pourra donc dire que la psychanalyse entretient des afinités avec les psychotropes, non seulement de la passion première de Freud pour la cocaïne et non seulement de la dernière que fut la morphine soulageant les douleurs de ce qui fut peut-être un cancer - et sans parler du tabac - mais encore en comptant que, derrière l'oeuvre, la recherche la plus constante de Freud en matière de société - à savoir l'histoire du monothéisme - cachait le refoulement de cette drogue - refoulement que d'aucune manière il n'allait pouvoir élucider puisqu'elle ne fut scientifiquement, officiellemen, redécouverte que longtemps après sa mort. Néanmoins, les faits étant ce qu'ils sont, la psychanalyse sous cet angle s'avère faire de la drogue l'abject (plutôt que l'idéal).
   Aujourd'hui que nous pouvons savoir ces coordonnées refoulées, nous pouvons nous offrir une splendide observation de l'usage de l'effet placebo - c'est à dire d'un conditionnement de masse par les moyens de l'hypnose.
 
   Est-ce qu'un tel état hypnotique peut être levé par l'usage de la drogue interdite ? ce n'est pas sûr car ses racines sont plus profondes, dans la fonction linguistique que l'être humain porte en potentiel. Mais en tous cas - si ces propos sont exacts - un moyen sûr de maintenir cet état est de continuer à maintenir dans l'ignorance de l'histoire de l'eucharistie les populations de la civilisation occidentale.
   A part l'hypnose elle-même en laquelle nous sommes ensommeillés, y a-t-il des raisons volontaires, conscientes qui voudraient maintenir cet état d'hypnose collective ? Bien entendu, je ne sais pas qui pourrait répondre.
 
 
DWT
 
 
 
 
-----Message d'origine-----
De :
Envoyé : samedi 8 mars 2008 09:47
À : williamtheaux@gmail.com
Objet : Philippe Pignare



Bonjour,
Dans la rubrique "croisement de grilles de lectures" en cherchant ce matin à en savoir un peu plus sur Philippe Pignare dont je vous avais parlé à propos de son livre "comment sauver (vraiment) la sécurité sociale", je tombe sur ces articles qu'il me parait intéressant de vous faire partager...

http://www.ethnopsychiatrie.net/actu/DPRES.htm

http://www.recalcitrance.com/placebo.htm

http://www.recalcitrance.com/tribune.htm

Cordialement.