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22 Juin 1955 Table des séances
Sainte-Anne
Conférence : Psychanalyse et cybernétique ou de la nature du langage.
Monsieur le Professeur, Mesdames, Messieurs, je voudrais, dans mon adresse, distinguer parmi vous ceux qui habituellement m’entendent le mercredi à une heure un peu plus tardive. Ce serait pour les
associer avec moi dans l’hommage et la reconnaissance
que nous témoignons à celui que j’ai nommé d’abord,
à Jean DELAY, qui a bien voulu inaugurer cette série
de conférences et qui aujourd’hui nous fait l’honneur
d’assister à cette séance.
C’est très personnellement que je voudrais aussi
le remercier d’avoir donné à cette sorte d’échange,
d’enseignement sous la forme de séminaires…
que je poursuis ici depuis deux ans
…un lieu, un toit qui par lui-même l’illustre,
qui non seulement l’illustre par sa place et par tous
les souvenirs qui y sont accumulés, mais fait participer
cet enseignement de la résonance de sa propre parole.
Je veux aujourd’hui vous parler de la psychanalyse et
de la cybernétique. C’est tout au moins un sujet qui,
dans cet ordre de rapprochement entre la psychanalyse
et les diverses sciences humaines, m’a paru digne
d’attention, et vous allez voir pourquoi.
Je vous le dis tout de suite, nous n’allons pas
chercher ici les rapports entre notre technique
et les diverses formes plus ou moins sensationnelles
de la cybernétique.
Je ne vous parlerai ni des grosses ni des petites
machines, je ne vous les nommerai pas par leur nom,
je ne vous dirai pas les merveilles de ce qu’elles
réalisent.
En quoi tout ceci nous intéresserait-il ?
Il y a quelque chose pourtant qui m’a paru pouvoir
être dégagé :
- de ce que nous appellerons la contemporanéité, relative
apparition en un même temps de deux techniques,
de deux ordres de pensée et de science,
qui sont la psychanalyse et la cybernétique,
- et d’autre part certaines des significations
intéressées par chacune.
Au milieu de tout cela, il va falloir que je gouverne
le biais par où je voudrais vous faire entrevoir
les significations de la cybernétique.
N’attendez donc pas quelque chose qui, ni d’une part,
ni de l’autre, ait la prétention d’être exhaustive.
Il s’agit de trouver un axe de rapport par quoi
quelque chose soit éclairé de la signification
de l’une et de l’autre.
Et cet axe n’est rien d’autre que le
langage.
Et c’est pour cela que c’est de la nature du langage
dont j’ai à vous faire apercevoir certains aspects,
disons en éclair, dans ce que j’essaierai
de vous expliquer aujourd’hui.
La question dont nous partirons est celle-ci.
C’est une question qui s’est posée…
puisque j’ai fait allusion aux séminaires
je peux légitimement en parler
…dans notre séminaire quand de fil en aiguille,
nous sommes arrivés à poser la question de ce que
signifierait un jeu de hasard poursuivi avec une machine.
Ce jeu de hasard nous l’avions choisi, c’était
le jeu de pair ou impair. Évidemment, ça peut passer
pour étonnant que dans un séminaire où on parle
de psychanalyse on s’intéresse au jeu de pair ou impair.
On y parle aussi d’autres choses.
Nous avons quelquefois parlé, cette année, de NEWTON.
Je crois quand même que ces choses ne viennent pas
là par hasard, c’est le cas de le dire.
C’est justement parce que dans ce séminaire on parle
du jeu de pair ou impair…
et aussi de NEWTON, peut-être
…que la technique de la psychanalyse risque de ne pas
prendre des voies dégradées, sinon dégradantes,
ce qui est notre souci essentiel.
Eh bien, au cours de ce jeu de pair ou impair il s’agissait
de montrer, de rappeler qu’il évoquait quelque chose
à nous analystes, c’était que rien ne se passait au hasard
et qu’aussi bien quelque chose pouvait être révélé
jusque dans le jeu du hasard, qui paraît confiner
au hasard le plus pur.
Le résultat a été fort étonnant.
C’est que chez ce public d’analystes nous avons rencontré
une sorte de véritable indignation à la pensée…
comme quelqu’un me l’a dit
…que je voulais supprimer le hasard.
À la vérité, la personne qui me tenait ce propos
était une personne aux convictions fermement
déterministes et c’est bien cela qui l’effrayait.
Elle avait raison, cette personne, il y a un rapport
étroit entre l’existence du hasard et le fondement
du déterminisme.
Mais réfléchissons un peu sur le hasard.
Qu’est-ce que nous voulons dire quand nous disons
que quelque chose se passe par hasard ?
Nous voulons dire deux choses qui peuvent être fort
différentes :
- nous voulons dire qu’il n’y a pas là d’intention,
- et nous voulons dire - c’est un autre sens -
qu’il y a là une loi.
Or justement la notion même du déterminisme
c’est que la loi soit sans intention.
C’est bien pour cela que tout développement de
la théorie déterministe cherchera toujours à voir
s’engendrer ce qui s’est constitué dans le réel…
ce qui fonctionne selon une loi à partir
de
quelque chose d’originellement indifférencié,
qui est précisément le hasard
…en tant qu’absence d’intention.
Rien n’arrive sans cause assurément, nous dit le
déterminisme, mais c’est une cause sans
intention.
Eh bien, on comprend dès lors que pour autant que
cette sorte d’expérimentation exemplaire pouvait
suggérer à mon interlocuteur que quelque chose
en fin de compte aurait été saisi…
Dieu sait que l’esprit glisse facilement en ces matières
…qui réintroduirait le
déterminisme, non pas
tout à fait dans le jeu de pair ou impair…
car c’est bien là ce qui inquiète et qui
inquiétait l’esprit de mon interlocuteur
…mais jusqu’au jeu de pile ou
face, auquel plus ou moins
intuitivement il identifiait le jeu de pair ou impair :
s’il y a du déterminisme dans le jeu de pile ou face, où allons-nous ?
Plus aucun déterminisme véritable n’est possible.
Cette question ouvre pour nous celle de savoir ce qu’est
alors ce déterminisme que nous, analystes, supposons
fondamentalement à la racine même de notre technique :
- quand nous pensons que quelque chose peut être
mis en valeur de déterminé et de déterminable,
- quand nous nous efforçons d’obtenir du sujet
qu’il nous livre son discours, ses pensées, comme
nous disons, ses propos sans intention, autrement
dit qu’il se rapproche autant que possible
intentionnellement du hasard ?
Qu’est-ce que ce déterminisme qui va être cherché
dans une intention de hasard ?
C’est sur ce sujet, je crois, que la cybernétique
peut nous apporter quelque lumière.
La cybernétique est…
comme je pense qu’un certain nombre
d’entre vous l’entrevoient, le savent déjà
…un domaine aux frontières extrêmement indéterminées.
Trouver son unité
50
est quelque chose qui nous force,
pour un instant, à parcourir du regard des sphères de
rationalisation qui couvrent des parties importantes,
dispersées, regroupées par une certaine unité qu’il s’agit
justement de trouver, comme toutes les sciences humaines.
Et ceci va de la politique, de la théorie des
jeux,
aux théories de la communication, voire à certaines
définitions de quelque chose qui est la grande
originalité de ce qu’a apporté la cybernétique,
à savoir la notion de l’information.
La cybernétique, nous dit-on, est née précisément
de travaux d’ingénieurs concernant l’efficacité de
l’information, l’économie de l’information à travers
certains conducteurs, la façon de réduire
à ses éléments essentiels le mode sous lequel passe
et est transmis un message.
À ce titre, elle daterait à peu près d’une dizaine
d’années, puisqu’elle sort de ces expériences
et le titre a été trouvé par M. Norbert WIENER,
un des ingénieurs les plus éminents de ces sortes
de recherches.
C’est là que nous verrions surgir cette science.
Je crois qu’assurément c’est là bien en limiter
la portée et c’est dans une réflexion qui remonte à
une certaine date que nous allons peut-être essayer
ici de déterminer la naissance de la cybernétique.
Je crois que pour comprendre ce dont il s’agit dans
la cybernétique, c’est autour de ce thème tellement
brûlant pour nous du sens de la signification
du hasard, qu’il faut en chercher l’origine.
Le passé de la cybernétique, je crois, ne consiste
en rien d’autre que dans la formation rationalisée
de ce que nous appellerons, pour les opposer
aux sciences exactes, les sciences conjecturales.
Si nous prenons ceci comme fondement, si nous
appelons conjecture quelque chose de très précis,
que nous allons essayer de définir, et qui je crois
est le véritable nom qu’il faudrait désormais donner
pour désigner l’axe d’un certain groupe de sciences
que le terme de sciences humaines non pas désigne improprement…
car à la vérité dans la conjecture
c’est de l’action humaine qu’il s’agit
…mais je crois le terme de sciences humaines trop vague
et je dirai trop noyauté par toutes sortes d’échos
confus de sciences pseudo-initiatiques, qui ne
peuvent assurément qu’en abaisser la tension et le niveau,
et quelque chose gagnerait à cette définition
plus rigoureuse, plus orientée de sciences de la
conjecture.
Si nous la prenons ainsi, la cybernétique,
nous en trouverons volontiers les ancêtres aussi bien dans [ BOOLE ? ] que chez
CONDORCET lui-même avec sa théorie
des votes - des parties, comme il dit - et plus haut dans
celui qui en serait le père et véritablement
le point de surgissement et d’origine, dans PASCAL
100
.
Nous allons voir ce que ceci signifie.
Pour vous le faire sentir, je vais précisément partir
des notions fondamentales de l’autre sphère des sciences très
exactement, à savoir des sciences exactes, dont le développement
ne remonte pas…
dans son épanouissement moderne
…tellement beaucoup plus haut, et qu’on peut faire
absolument corrélatif du développement des sciences conjecturales,
l’occultant peut-être, l’éclipsant en quelque sorte,
mais étant strictement inséparables l’un de l’autre.
Comment pourrions-nous définir les sciences exactes ?
Les sciences exactes sont quelque chose, dirons-nous…
à la différence des sciences conjecturales
…qui concernent le réel.
Mais qu’est-ce que le réel ?
Je ne crois pas qu’à cet égard l’opinion des hommes
ait jamais beaucoup varié, contrairement à ce qu’essaie
de nous faire croire une généalogie psychologisante
de la pensée humaine qui tendrait à nous faire penser
que l’homme vécut - dans les premiers âges - dans les
rêves et même que les enfants sont en quelque sorte
habituellement hallucinés par leurs désirs.
Singulières conceptions qui vicient…
on peut dire profondément
…toutes les notions de genèse en matière psychologique,
et qui sont tellement contraires à l’observation
que je peux m’exprimer ainsi.
On ne peut pas manquer de chercher la cause de
l’origine de pareils mythes, mais ce n’est pas
assurément aujourd’hui que nous nous y efforcerons.
Le réel si nous cherchions à lui donner un sens,
à voir le sens que lui a toujours donné l’homme,
c’est quelque chose qu’on retrouve à la même place,
qu’on n’ait pas été là ou qu’on y ait été.
Lui a peut-être bougé, mais s’il a bougé on le cherche
ailleurs, on cherche pourquoi on l’a dérangé, on se dit
aussi qu’il a quelquefois bougé de son propre mouvement
mais il est toujours bien à sa place, que nous y soyons ou
que nous n’y soyons pas.
Et nos propres déplacements n’ont pas en principe…
sauf exception
…d’influence efficace sur ce changement de place.
En d’autres termes, le réel aussi nous ne le
promenons pas toujours avec nous.
Les sciences exactes ont assurément le plus grand
rapport avec cette fonction du réel.
Si néanmoins elles n’ont pas toujours existé,
je crois que la […] distinction n’est pas dans cette
prétendue omnipotence de la pensée qu’on identifie
au stade également prétendu archaïque de l’animisme,
ce n’est pas du tout que l’homme auparavant ait vécu
au milieu d’un monde anthropomorphe dont il a attendu
des réponses humaines.
Je crois que cette conception est tout à fait puérile
et implique la notion d’« enfance de l’humanité »
qui ne correspond absolument à rien d’historique.
C’est que l’homme croyait que son action avait quelque
chose à faire avec la conservation de l’ordre de ces places.
En d’autres termes, il pensait bien - comme nous -
que le réel c’est ce qu’on retrouve à point nommé :
- toujours à la même heure de la nuit on retrouvera
telle étoile sur tel méridien,
- elle reviendra là, elle est bien toujours là,
c’est toujours la même.
Ce n’est pas pour rien que je prends le repère céleste
avant le repère terrestre car à la vérité on a fait
la carte du ciel avant de faire la carte du globe.
Eh bien, l’homme a eu pendant longtemps l’idée que
quelque chose était effectué par ces rites, ces cérémonies…
- l’empereur ouvrant le sillon du printemps,
- les danses du printemps garantissant la fécondité
de toute la nature,
…que quelque chose en son action…
- qui était une action ordonnée,
- qui était une action significative,
- qui était une action au véritable sens :
celui d’une parole
…était indispensable au maintien des choses en leur place
150
.
Ils ne pensaient pas que le réel s’évanouirait
s’ils ne participaient pas à cette façon ordonnée,
mais ils pensaient que le réel se dérangerait. 785
Ils ne prétendaient pas faire la loi, ils prétendaient
qu’il était indispensable par sa présence à la permanence de la loi.
Définition tout à fait importante, car à la vérité
elle sauvegarde tout à fait la rigueur de l’existence du réel.
La limite fut franchie à un certain moment.
C’est que l’homme s’est aperçu que ces rites,
ces danses et ces invocations n’étaient vraiment
pour rien dans l’ordre selon lequel […] A-t-il raison ou a-t-il tort ?
Nous n’en savons rien.
Il est bien certain que nous n’avons plus la
conviction qui nous semble nécessaire au retour
inéluctable des saisons.
À partir de ce moment-là a pu naître la perspective
de la science exacte.
Mais alors où allons nous en venir ?
L’homme pense que la grande horloge de la nature
tourne toute seule et continue de marquer l’heure
même quand il n’est pas là.
À partir de ce moment naît l’ordre de la science.
L’ordre de la science est précisément ceci que d’officiant
à la nature, l’homme est devenu son officieux.
Il ne la gouvernera pas sinon en lui obéissant. Et - tel l’esclave - il tente de faire tomber
son maître sous sa dépendance, en le servant bien.
À partir de là, il sait que la nature pourra être exacte au rendez-vous
qu’il lui donnera.
Mais qu’est-ce que cette exactitude, en fin de compte ?
Cette exactitude, c’est précisément la rencontre de deux
temps dans la nature.
- Il y a cet ordre dans la nature, il y a les
choses qui fonctionnent comme des horloges.
Il y a une très grande horloge, qui n’est autre
que le système solaire, dont le diamètre est
parcouru dans un nombre x de temps lumière,
du soleil à la plus lointaine planète,
et cela est une horloge, par exemple, qui est
l’horloge naturelle qu’il a fallu déchiffrer.
Assurément ça a été un des pas les plus décisifs
et les plus essentiels, les plus assurés,
de la constitution de cette science exacte.
- Mais l’homme aussi doit l’avoir son horloge et sa montre.
Il va la fabriquer, avec qui ? Avec quelque chose
que nous essaierons d’indiquer très rapidement
et qu’il a emprunté à l’horloge de la nature.
Mais en fin de compte, il faut bien que cette
horloge-là il la règle sur quelque chose.
Qu’est-ce qui est exact ? Est-ce la nature ?
Il n’est pas sûr qu’elle réponde à tous les rendez-vous.
Bien sûr, naturellement on peut définir que n’est
naturel que ce qui vient répondre au temps du rendez-vous.
Quand M. de VOLTAIRE disait de l’Histoire naturelle de BUFFON
qu’elle n’était pas si naturelle que ça, c’était bien
quelque chose comme ça qu’il voulait dire.
Ceci implique qu’il y a là une question de définition
peut-être un peu simple :
ma promise vient toujours au rendez-vous, car quand
elle n’y vient pas, je ne l’appelle plus ma promise.
D’autre part, est-ce l’homme lui aussi qui est exact ?
Où est le ressort de l’exactitude, si ce n’est
précisément dans cette mise en accord des montres ?
Je ne suis pas là en train de dire des choses
qui soient simplement subtiles.
Observez bien qu’en fin de compte la montre…
une montre qui marche, rigoureuse, qui divise
d’une façon isochrone le temps, une montre
dont la pulsation soit précise, régulière
…n’existe strictement que depuis cette époque
à laquelle déjà tout à l’heure je faisais remonter,
celle de PASCAL.
À savoir au temps où M. HUYGHENS…
nous prononçons ce nom à la française,
je m’excuse pour les flamantophones
…fabriquait, arrivait à fabriquer la première pendule
200
parfaitement
isochrone : 1659, inaugurant « un univers de la précision »…
pour employer une expression
qui est celle de M. Alexandre KOYRÉ
…sans lequel il n’y aurait absolument, et il n’y
avait absolument, aucune possibilité de science
véritablement exacte.
L’exactitude où est-elle ?
L’exactitude est faite de quelque chose que nous
avons fait descendre dans cette pendule et dans cette
montre, à savoir un certain facteur, un certain
facteur emprunté à un certain temps naturel.
Ce facteur est le facteur « g ».
« g », vous le savez, est l’accélération provoquée
par la gravitation, en somme un rapport d’espace
et de temps, c’est quelque chose qui a été dégagé
par une certaine expérience mentale, pour employer
le terme de GALILÉE lui-même, ne l’oubliez pas,
c’est quelque chose qui est une hypothèse,
une hypothèse qui est incarnée dans un instrument.
Et si l’instrument était fait pour confirmer
l’hypothèse, il n’y a aucune espèce de besoin
de faire l’expérience qu’il confirme, puisque déjà,
du seul fait que l’instrument marchait, vous pouvez
vous pencher d’une façon un peu attentive sur
la question pour vous en apercevoir :
l’hypothèse était confirmée. 788
Mais encore faut-il régler cet instrument sur quelque
chose qui soit une unité de temps. Et une unité
de temps est précisément quelque chose d’emprunté
toujours à cette référence au réel, c’est-à-dire
au fait qu’il revient à la même place quelque part,
et cette unité de temps est notre jour sidéral.
Je dois vous dire que si vous consultez un physicien,
prenons par exemple M. BOREL, il vous affirmera
que dans l’état actuel des choses, si un certain
ralentissement…
suffisamment insensible, mais certainement
pas inappréciable au bout d’un certain temps
…se produisant dans la rotation de la terre,
c’est-à-dire notre jour sidéral, nous serions tout à fait
incapables actuellement de le mettre en évidence,
étant donné que la dite horloge qui nous incarne
le temps est isochrone, que nous en réglons quand même
la division à la mesure de ce jour sidéral, c’est-à-dire
de quelque chose que nous ne pouvons pas contrôler.
Autrement dit, cette remarque n’est rien d’autre que
pour vous faire sentir que si l’on mesure l’espace
avec du solide, on mesure du temps avec du temps.
Ce qui n’est pas pareil.
Nul étonnement, dans ces conditions, si une certaine
partie de notre science exacte vient à se résumer
dans un très petit nombre de symboles visant des choses
telles que l’énergie, la matière.
C’est là où va arriver, pendant un certain temps,
notre exigence que tout soit exprimé en termes de
matière et de mouvement. Cela voulait dire de matière et de temps,
car justement le mouvement en tant qu’il était
quelque chose qui était dans le réel, c’est cela.
Nous sommes arrivés à l’éliminer, à le réduire.
Eh bien, c’est quelque chose qui en fin de compte,
ce petit jeu symbolique, ces quelques petites lettres
que je pourrais écrire au tableau, le système de
NEWTON et celui EINSTEIN, c’est quelque chose qui
a finalement fort peu de chose à voir avec le réel. 789
Cette science qui réduit le réel en ce petit paquet
de formules apparaîtra avec le recul des âges sans
doute comme une étonnante épopée…
et cela peut-être aussi s’amincira
dans la perspective des âges
…comme une épopée peut-être dont le circuit est un peu court.
Mais il y a autre chose.
Mais il y a autre chose.
À partir du moment où nous avons vu ce fondement de
l’exactitude des sciences exactes, à savoir l’instrument,
peut-être pouvons-nous demander quelque chose d’autre.
À savoir ceci : « Qu’est-ce que ces places ? ».
Autrement dit, commencer à nous intéresser aux
places en tant que vides.
C’est bien pour cela…
les deux termes sont tellement
associés, cohérents, inséparables
…que c’est exactement corrélativement à la naissance
des sciences exactes que quelque chose a commencé de
naître, qu’on a plus ou moins bien compris, plutôt
mal que bien compris : le calcul des probabilités.
Mais qui originellement…
si nous prenons la date où elle surgit, où elle
apparaît sous la première façon véritablement
moderne, scientifique, rigoureuse : 1654, le traité
de M. PASCAL sur le triangle arithmétique
…se présente comme le calcul, non pas du hasard…
comme on l’implique au fond du terme de probabilité
…mais le calcul des chances en elles-mêmes,
c’est-à-dire de la rencontre, en soi-même.
Ce que PASCAL élabore dans une sorte de première machine…
qui est précisément ce triangle arithmétique
…se recommande à l’attention du monde savant pour
ceci qu’il permet de régler immédiatement, de trouver
immédiatement, ce qu’un joueur a le droit d’espérer
à un certain moment où on suspend, où on interrompt
la succession des coups qui constitue une partie. 790
Qu’est-ce que ça veut dire ?
Cela veut dire que dans une succession de coups,
qui sont la forme la plus simple, la plus réduite
qu’on puisse donner de l’idée de la rencontre,
quelque chose est déjà acquis, est déjà passé.
Mais que tant que :
- la convention n’a pas terminé la suite de ces coups,
- qu’on n’est pas arrivé à son terme,
…quelque chose est encore évaluable, qui est très
précisément ceci :
les possibilités prises comme telles de la rencontre…
prise comme telle, c’est-à-dire de la place
…avec :
- quelque chose qui y vient ou qui n’y vient pas,
- quelque chose qui surgit à cette place
ou qui n’y vient pas, en tant que tel,
- quelque chose qui est strictement équivalent
à sa propre inexistence.
À la science de « ce qui se retrouve à la même place », se substitue
la science de « la combinaison des places » en tant que telles,
ceci dans un registre ordonné qui suppose assurément la notion
de coups, c’est-à-dire la notion de scansion.
À partir de là naît quelque chose…
qui bien entendu trouve tout de suite
à rassembler en quelque sorte sa matière
…où :
- tout ce qui, jusque-là, avait été science des nombres
devient science combinatoire,
- tout ce qui était une sorte de cheminement plus
ou moins confus, hasardeux…
au sens d’accident et non pas de hasard
…dans le monde des symboles, s’ordonne autour de
quelque chose de précis :
la corrélation de l’absence [ 0 ] et de la présence [ 1 ]
250
.
C’est à partir de là que vous pouvez comprendre toute
cette évolution qui fait que la recherche de cette
loi des présence et absence…
et de la suite et de l’ordination
et de la combinaison des présences
…va tendre…
par un processus qu’on peut bien dire,
à juste titre, qualifier de mathématique
…à cette instauration de l’ordre binaire…
qui est précisément l’originalité la
plus remarquable au moins dans la genèse
…l’apparition symbolique de ce qui se dégage, de ce
qui aboutit à être ce que nous appelons cybernétique.
Entendez bien qu’en maintenant sur cette limite,
sur cette frontière, l’originalité de ce qui apparaît
dans notre monde sous la forme de cybernétique,
c’est intentionnellement que je le lie à ce quelque
chose qui est l’attente de l’homme en tant que tel.
Si la science des combinaisons…
de la rencontre scandée en tant que telle
…est venue dans le champ de l’attention de l’homme,
c’est qu’il y est profondément intéressé.
Et ce n’est pas pour rien que ceci sort de l’expérience
des jeux de hasard.
Car ce n’est pas non plus pour rien que le terme de théorie des jeux,
par exemple, au sens où nous l’entendons, d’une façon
extraordinairement complète, ait intéressé par exemple :
- toutes les fonctions de notre vie économique,
la théorie des coalitions, des monopoles,
- la théorie de la guerre, après tout, car la
notion de [ jeu de stratégie ? ] sur la guerre n’est pas autre
chose que de prendre et considérer la guerre dans
ses ressorts de jeu essentiellement, et détaché
de quoi que ce soit qui s’y incarne de réel.
Ce n’est pas pour rien que c’est le même mot qui désigne cela
et le jeu de hasard. 792
Et pourquoi…
puisque, dans les premiers jeux dont
je vous parle, il s’agit d’un rapport
de coordination intersubjective
…l’homme appelle-t-il et cherche-t-il quelque chose…
d’ailleurs aussi bien dans
les calculs qu’il leur consacre
…dans le jeu de hasard, dont il manifeste par cette
homophonie sémantique qu’il doit avoir quelque
rapport avec l’intersubjectivité, alors que
précisément dans le jeu de hasard il paraît éliminé ?
Ceci nous approche tout près de la question centrale
dont je suis parti à savoir, qu’est-ce que ce hasard
de l’inconscient que nous cherchons et que l’homme
a en quelque sorte derrière lui ?
Effectivement dans le jeu de hasard, c’est bien quelque
chose où il va éprouver sa chance, sans aucun doute,
mais aussi où il va lire son sort qui l’intéresse,
c’est l’idée que quelque chose s’y révèle, qui est de
lui et je dirai d’autant mieux de lui qu’il n’a en
face de lui personne d’autre.
Ceci est une remarque latérale, sur laquelle
je reviendrai seulement à la fin, que je vous fais
en passant en un point précis, en une ponctuation
précise de ce que je vous expose en l’instant.
Une fois engagés dans cette théorie de la conjecture,
qu’est-ce qu’il faut pour que nous ayons à proprement parler
cybernétique ?
Je vous ai dit tout à l’heure la convergence de tout
le procès de la théorie vers les thèses de BOOLE,
vers un symbolisme binaire, vers le fait que
n’importe quoi peut s’écrire en terme de 0 et de 1.
Qu’est-ce qu’il faut encore pour que quelque chose naisse, apparaisse
dans le monde, que nous appelons cybernétique, et qui est
une nouveauté ?
Il faut que ceci fonctionne dans le réel et
indépendamment de toute subjectivité. 793
Il faut que cette science…
- des rencontres en tant que telles,
- des places vides en tant que telles,
…se combine, s’additionne, se totalise.
Il faut qu’elle se mette à fonctionner, si je puis dire
toute seule.
Qu’est-ce qu’il faut pour ça ?
Il faut prendre quelque chose dans le réel quand même
qui puisse supporter ça
300
.
Depuis toujours, l’homme a cherché à conjoindre
ce réel et ce jeu de symboles :
- Il a écrit des choses sur les murs.
- Il a même imaginé que des choses de temps en temps
« Mané, Thécel, Pharès » s’écrivaient toutes seules sur les murs.
- Il a mis des chiffres à l’endroit où s’arrêtait,
à chaque heure du jour, l’ombre du soleil.
Mais enfin quand même les symboles restaient toujours
à la place aussi, où ils étaient faits pour être.
Ils étaient englués dans ce réel, on pouvait croire
qu’ils n’étaient que le repérage de ce réel.
La nouveauté, c’est qu’on leur a permis de voler
de leurs propres ailes…
si je puis me permettre de parler ainsi
…et grâce à quoi ?
Grâce à un appareil simple, commun…
à la portée de vos poignets
et il suffit d’appuyer sur la poignée
…une porte.
Une porte n’est pas quelque chose…
je vous prie d’y réfléchir
…de tout à fait réel. La prendre pour quelque chose de réel conduirait
à d’étranges malentendus.
Si vous observez une porte, et par exemple que vous
en déduisiez qu’elle produit des courants d’air,
ceci vous entraînerait à l’emporter sous votre bras
dans le désert pour vous rafraîchir et le résultat serait néant.
J’ai longuement cherché dans tous les dictionnaires
ce que ça voulait dire, une porte.
Il y a deux pages de LITTRÉ sur la porte :
- On y va de la porte en tant qu’ouverture à la porte
en tant que fermeture plus ou moins jointive.
- On y va de la porte orientale, de la sublime porte,
à la porte : « si vous revenez je vous en ferai un masque sur le nez »
comme écrit REGNARD40.
Tout ceci n’est pas très satisfaisant.
Et à la suite, sans commentaire, LITTRÉ écrit
qu’il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée.
Personne ne s’en étonnera, ça ne m’a pas complètement
satisfait, malgré les échos littéraires 41 que cela éveille.
J’ai une méfiance naturelle à l’endroit de la sagesse
des nations. Beaucoup de choses s’y inscrivent, mais
sous une forme toujours un petit peu confusionnelle.
C’est même pour cela que la psychanalyse existe.
Nous y reviendrons tout à l’heure.
Il faut, c’est vrai, qu’une porte soit ouverte ou fermée.
Mais ça n’est pas tout à fait strictement équivalent.
Observez ceci, le langage ici peut nous guider.
Une porte, mon Dieu, ouvre sur les champs, mais on ne
dit pas qu’elle ferme sur la bergerie, ni sur l’enclos.
Je sais bien que là je confonds porta et fores, qui est
la porte de l’enclos, mais enfin nous n’en sommes pas
à ça près et nous pouvons poursuivre notre méditation
sur la porte.
40 Jean-François Regnard (1655-1709 ) cité par Littré : « Mais, ma foi, si jamais chez nous vous revenez,
Je vous fais de la porte un masque sur le nez »
in Ménechmes, II, 5.
41 Cf. l’article de Branko Aleksic : « L’acte poétique absolu de Mallarmé et de Lacan » in Topiques n° 109,
2009/4.
En fait si elle ouvre quelque chose, qu’est-ce que c’est ?
On pourrait croire que parce que j’ai parlé du champ
et de la bergerie il s’agit de l’intérieur et de
l’extérieur. Je crois qu’on se tromperait beaucoup.
Nous vivons une époque assez grandiose pour imaginer
une grande muraille qui ferait exactement le tour
de la terre selon un américain, si vous y percez une
porte, où est l’intérieur, où est l’extérieur ?
C’est toute une vérité.
Une porte, quand elle est ouverte, est quelque chose
qui n’est pas plus généreuse pour ça.
On dit qu’une fenêtre « donne sur la campagne ».
C’est assez curieux que quand on dit qu’une porte
donne quelque part, c’est en général qu’il s’agit
d’une porte qui est habituellement fermée, et même
quelquefois condamnée, et c’est dans ce cas qu’on dit
qu’elle « donne… ».
Une porte, mon Dieu, on la prend quelquefois,
et c’est toujours un acte assez décisif et une porte
il est beaucoup plus fréquent qu’autre chose
qu’on vous la refuse.
Il peut y avoir deux personnes de chaque côté d’une
porte, guettant :
vous n’imaginez pas cela par rapport à une fenêtre.
Une porte, on peut l’enfoncer, même quand elle est
ouverte, naturellement comme disait Alphonse ALLAIS,
ceci est bête et cruel.
Au contraire, entrer par la fenêtre passe toujours
pour un acte plein de désinvolture et en tout cas
assurément délibéré, alors qu’on passe souvent
une porte sans s’en apercevoir.
Bref, cette porte a quelque chose qui est bien distant,
en soi, déjà, à première approximation, de cette
fonction vraiment instrumentale qu’a la fenêtre.
Bien entendu, elle ouvre sur quelque chose dont nous
ne savons pas trop si c’est sur le réel ou l’imaginaire.
Mais c’est sur l’un des deux.
La porte est assurément, déjà par sa nature,
de l’ordre symbolique. Et elle l’est tellement que la clé
de cette dissymétrie entre l’ouverture et la fermeture est
que si l’ouverture règle l’accès, c’est-à-dire quelque chose qui se
passe en direction, à travers la porte, le fait qu’elle ferme règle la
clôture. Ce qu’elle ferme n’est pas l’enclos, c’est le circuit. Plus
précisément, j’ai dit d’abord, c’est la clôture. Et c’est
précisément à partir de ce moment que cette porte est un vrai symbole…en tant que précisément le symbole par excellence
…celui auquel se reconnaîtra toujours le passage de
l’homme quelque part, qui est l’entrecroisement de deux traits, et la croix
qu’elle dessine :
l’accès et la clôture.
C’est à partir du moment où on a eu la possibilité
de rabattre les deux traits l’un sur l’autre…
à savoir de faire la clôture, précisément le circuit,
c’est-à-dire quelque chose :
où ça passe quand c’est fermé [ 1 ],
et où ça ne passe pas quand c’est ouvert [ 0 ],
…que nous avons eu la possibilité de faire passer
la science de la conjecture comme telle dans
les réalisations de la cybernétique.
Car s’il y a des machines qui calculent toutes seules,
des machines qui vous additionnent, qui vous totalisent,
qui font toutes les merveilles que l’homme avait crû
jusque-là être le propre de sa pensée, c’est parce
que nous avons la possibilité d’établir…
grâce à « la fée électricité » comme on dit
…des circuits, des circuits qui s’ouvrent ou qui se ferment,
qui s’interrompent ou se rétablissent, en fonction de l’existence
de portes, c’est-à-dire de portes cybernétisées,
de la porte où l’accès règle la clôture, ce qui est
la définition essentielle à partir de quoi vous
pouvez en développer tout le maniement.
Car observez bien que ce dont il s’agit, c’est de
la relation comme telle, de l’accès et de la clôture,
c’est-à-dire qu’une fois que la porte s’ouvre,
elle se ferme, quand elle se ferme, elle s’ouvre.
Il ne faut pas qu’une porte soit « ouverte ou
fermée » !
Il faut qu’elle soit « ouverte puis
fermée, puis
ouverte, puis
fermée… ».
La base de toute espèce de machine naît en ceci
que vous connaissez, qui est la possibilité, grâce au
circuit électrique et au circuit d’induction branché
sur lui-même, c’est-à-dire ce qu’on appelle un feed-back,
mais très original, qui a pour effet qu’il suffit que
la porte se ferme pour qu’aussitôt elle soit rappelée
par un électro-aimant en état d’ouverture, c’est de
nouveau sa fermeture, et de nouveau son ouverture,
vous engendrez ainsi ce qu’on appelle une oscillation.
Cette oscillation est la scansion, et la scansion
est la base sur laquelle vous allez pouvoir inscrire
indéfiniment l’action ordonnée par une série de montages qui ne
seront plus, c’est le cas de le dire, que des jeux d’enfants.
Toutes les combinaisons sont possibles d’ouverture et de fermeture,
ainsi pouvez-vous, par exemple, faire toutes les opérations qui
consistent en celle-ci, par exemple : 0 0 1 1.
Voilà quatre cas, qui peuvent être :
- dans les deux premiers cas : 0, une porte fermée42,
- et dans les autres, une porte ouverte : 1.
Puis alternativement une porte fermée ou ouverte : 0 1 0 1.
Qu’est-ce qui va en résulter ?
À votre gré vous décréterez par exemple, qu’une
troisième porte sera à la suite de cela, ouverte ou fermée
dans les cas suivants :
0 0 : 0
0 1 : 1
1 0 : 1
1 1 : 1
C’est-à-dire que quand il y a une porte d’ouverte simplement
- 3 cas sur 4 - cela suffira pour que la 3ème soit ouverte.
42 Lacan prend successivement comme exemples :
- le cicuit électrique où le 1 ( ça passe ) correspond à « fermé »,
- puis la porte où le 1 ( ça passe ) correspond à l’ouverture. 798
Il y a autant d’autres formules : vous pouvez décréter qu’il faut
que les deux portes soient ouvertes pour que la troisième le soit.
Vous aurez :
0 0 : 0
0 1 : 0
1 0 : 0
1 1 : 1
Je vais vous en faire une 3ème car elle a bien son intérêt.
Ici, vous décréterez que la troisième porte ne sera ouverte que quand une seule
sur les deux sera ouverte.
0 0 : 0
0 1 : 1
1 0 : 1
1 1 : 0
Qu’est-ce que tout ceci ? C’est tout ce qu’on veut.
Par exemple ceci :
0 0 : 0
0 1 : 1
1 0 : 1
1 1 : 1
peut s’appeler sur le plan logique, réunion ou conjonction.
Une autre traduction encore, c’est « ou…, ou… », « ou ça, ou ça ».
Ça peut être aussi une certaine façon de monter
le circuit, c’est-à-dire deux portes, deux relais mis en série,
dans l’autre cas :
0 0 : 0
0 1 : 0
1 0 : 0
1 1 : 1
C’est là que vous aurez le montage en série, c’est ce
qu’on peut appeler une autre façon de qualifier une
opération logique : une conjonction du terme « et ».
Il faut qu’il y ait « 1 et 1 » pour qu’il y ait 1.
Et ceci se confond aussi, vous voyez, si vous vous
rappelez certaines lois élémentaires des opérations
arithmétiques, celles de la multiplication, c’est pourquoi on
l’appelle quelquefois multiplication logique. 799
Enfin ceci :
0 0 : 0
0 1 : 1
1 0 : 1
1 1 : 0
tout à fait original, a nécessité un terme spécial :
« addition modulo 2 ».
Ce n’est pas quelque chose de tellement étranger,
puisque, si vous faites une addition avec les signes
binaires, vous serez amenés à utiliser ce tableau,
à savoir que quand vous additionner 1 et 1, dans un
monde de notation binaire, ça fait 0 et vous retenez 1.
Ceci simplement pour vous donner la perspective de
ceci, que dans une certaine réduction, simplification
des symboles, et à partir du moment où la possibilité
est donnée d’incarner dans le réel ce 0 et ce 1,
cette notation de la présence et de l’absence comme telle,
et de l’incarner sur un rythme et sur une scansion
fondamentale, quelque chose est passé dans le réel,
dont nous sommes à nous demander…
peut-être pas très longtemps, mais enfin on se
l’est tout de même assez bien demandé, et des
esprits qui ne sont pas tellement négligeables
…si c’est là quelque chose qu’on pourrait appeler,
comme on l’a dit, une machine qui pense.
Bien entendu, on sait bien qu’elle ne pense pas, cette machine.
C’est nous qui l’avons faite, cette machine, et elle
pense, mon Dieu, ce qu’on lui a dit de penser.
Car enfin, quand nous faisons les mêmes choses… et nous faisons les mêmes choses dès que nous prenons avec notre main un crayon et que nous commençons à écrire sur un petit bout de papier un des signes, et à faire des additions, des multiplications, des choses très fastidieuses, très fastidieuses encore qu’elles comportent chacune un type d’action résolument original, c’est à savoir que l’on a fait ces symboles avec son action …et voilà que tout d’un coup il les restitue eux mêmes à l’action c’est-à-dire qu’il a fait une collection.
C’est la base de l’addition.
Et tout d’un coup ce qui était fait est en quelque
sorte réouvert et défait. Et à partir de là, on va en
refaire une autre.
C’est là l’essence du [ mécanisme ? ].
Quand nous l’opérons effectivement, c’est-à-dire
quand nous faisons l’addition de 2, 4, et 5,
si on nous dit que nous ne pensons pas à ce moment-là
400
,
nous sommes plutôt vexés.
Et pourtant c’est clair que si nous refusons la pensée
à la machine, nous ne pensons pas non plus au moment
où nous faisons une opération quelconque, particulière.
Nous suivons exactement les mêmes…
entre guillemets, je vous en prie
…« mécanismes » que la machine.
L’important ici est donc ceci, de s’apercevoir :
- que quelque chose existe, qui est la chaîne
possible de toutes sortes de possibilités
de combinaisons de la rencontre comme telle,
- que ceci peut être étudié comme tel, et que si
on l’étudie comme tel, on voit que c’est un ordre
qui subsiste dans sa rigueur…
je dis rigueur pour ne pas dire tout à fait
vérité, qui nous entraînerait loin maintenant,
…indépendamment de toute subjectivité.
Le symbole, par la cybernétique, s’incarne d’une façon
qui est littéralement transubjective, et qui peut,
comme telle, incarner dans un objet, un appareil.
Ce n’est bien entendu pas l’appareil dont il s’agit…
l’appareil est son support
…ce dont il s’agit c’est d’un jeu symbolique comme tel
et d’un jeu qui comporte quoi ?
Des dimensions qui lui sont propres.
J’ai dû opérer par des voies qui assurément peuvent
vous apparaître lentes.
Mais il faut que vous les ayez soutenues dans
l’esprit pour comprendre le véritable sens de tout ce
qu’on nous apporte dans la cybernétique.
Par exemple, la notion de message.
La notion de message dans la cybernétique n’a rien à faire
avec ce que nous appelons habituellement un message,
c’est-à-dire quelque chose qui a toujours un sens.
Ce message c’est une suite de signes.
Et une suite de signes, ça se ramène toujours à une suite
de 0 ou de 1.
C’est bien pour cela que ce qu’on appelle l’unité
d’information, c’est-à-dire ce quelque chose…
à quoi se mesure l’efficacité de signes quelconques,
…se rapporte toujours à une unité primordiale
qu’on appelle le clavier, et qui n’est autre
que l’alternative, tout simplement.
Le message, à l’intérieur de ce système de symboles,
est pris dans une sorte de réseau basal, qui est
celui de la combinaison comme telle, de la rencontre
comme telle, sur la base d’une scansion unifiée,
c’est-à-dire d’un 1 qui est la scansion.
Ceci définit la perspective du message et vous montre
exactement aussi la limite dans laquelle vous pouvez
admettre ou ne pas admettre des usages plus ou moins
adultérés du mot « message », à l’intérieur de
la cybernétique, qui s’en déduisent.
D’autre part, la notion d’« information », et tout ce
qu’on vous raconte sur l’« information » en tant qu’elle
serait dans un certain rapport ou non avec l’entropie,
c’est aussi simple à voir que ce petit tableau
que je vous ai fait pour vous montrer qu’il était
le principe même de l’introduction dans le réel de
ce système symbolique comme tel.
Observez ceci. Quand je parle par exemple d’une série
de deux coups qui doivent me donner comme résultat
[…] l’enjeu, quand je pars avec ce tableau-là :
0 0 : 0
0 1 : 0
1 0 : 0
1 1 : 1
où il faut que j’aie les deux coups positifs pour
gagner, pour avoir 1, ça veut dire qu’au départ j’ai
une espérance qui est 1/4. Il n’y a que dans 1 cas sur
4 que je gagnerai, parmi les combinaisons possibles.
Supposez que j’aie déjà joué un coup.
Si j’ai déjà joué un coup :
- dans un cas [ 1er coup : 0 ], je n’ai plus aucune chance,
- dans un cas [ 1er coup : 1 ], j’ai une chance sur deux.
Qu’est-ce que ça veut dire ?
Ca veut dire qu’il s’est produit une différenciation
de niveau dans mes chances et que cette différenciation
s’est faite dans un sens croissant.
Les phénomènes dits énergétiques et naturels vont toujours
dans le sens de dénivellation qui s’égalise dans
l’ordre de ce qui est du message et du calcul des chances.
À mesure que l’information survient, la dénivellation
se différencie. Je ne dis pas qu’elle augmente toujours…
vous pourriez trouver un cas où elle n’augmente pas
…mais elle ne se dégrade pas obligatoirement
et elle va toujours plutôt vers la différenciation.
L’existence de cet élément basal autour duquel peut
s’ordonner tout ce que nous appelons langage…
Car qu’est-ce qu’il faut pour que commence à naître
quelque chose qui est langage, qui se rapporte
à ce que nous appelons communément langage ?
Pour que vienne au jour le langage, il faut
que s’introduisent de pauvres petites choses
qu’on appelle l’orthographe, la syntaxe.
Mais tout ça est déjà donné dans le départ.
Car tout ceci est très précisément comme tel une syntaxe.
C’est bien pour ça qu’on peut faire faire aux machines
des opérations logiques. En d’autres termes, la syntaxe
existe avant la sémantique dans cette perspective.
La cybernétique est une science de la syntaxe, et qui
est peut-être aussi bien faite pour nous apercevoir
que tout ce que nous avons appelé sciences exactes
n’est pas non plus autre chose que de lier le réel
à une syntaxe.
Alors, la sémantique, c’est-à-dire les langues
concrètes,
celles que nous manions avec toute leur ambiguïté,
leur contenu émotionnel, leur sens humain,
qu’est-ce que c’est aussi ?
Allons-nous dire aussi qu’elle est peuplée, meublée,
par le désir des hommes ?
C’est nous qui apportons le sens. C’est bien sûr.
C’est très certain pour une grande part de choses.
Mais peut-on dire aussi que tout ce qui circule
dans la machine soit sans aucune espèce de sens ?
Assurément, pas dans tous les sens du mot « sens ».
Car il y a quelque chose que je ne vous ai pas encore dit,
c’est qu’il faut, pour que le message soit message,
non seulement qu’il soit suite de signes,
mais qu’il soit suite de signes orientés.
Et pour qu’il fonctionne selon une syntaxe, il faut
que la machine aille dans un certain sens.
Et quand je dis machine, vous sentez bien qu’il ne
s’agit plus du tout pour l’instant de - simplement -
la petite boîte, quand j’écris tout ça sur mon papier,
quand je donne les hypothèses de transformation
des petits 1 et 0, il s’agit aussi de quelque chose
toujours orienté dans un sens.
Il n’est donc pas…
nous nous en doutions
…absolument rigoureux de dire qu’à l’intérieur de ce
langage primitif ce soit le désir humain en tant que
tel et à lui tout seul, qui introduise tout le sens.
La preuve, c’est qu’en fin de compte tout ceci
ne fonctionne, rien ne sort de la machine que…
je vous prie de le remarquer
…ce que nous en attendons, c’est-à-dire non pas
tellement ce qui nous intéresse, mais le point où
nous avons fixé qu’elle s’arrêterait et que là
se lirait un certain résultat.
Il y a déjà dans le jeu tout le fondement du système.
Bien entendu, comment pourrait-il être établi
s’il ne reposait pas en tant que tel…
puisqu’il repose sur la notion de chance
…sur la notion d’une certaine attente pure,
ce qui est déjà un sens.
Voici donc le symbole sous la forme la plus épurée,
sous celle qui peut donner en elle-même déjà plus que
des fautes de syntaxe, car fautes de syntaxes n’engendrent qu’erreur.
Mais je dirai que fautes de programmation engendrent
quelque chose qui n’est pas simplement l’accident,
mais la fausseté.
Déjà, à ce niveau, le vrai et le faux comme tels sont intéressés.
Qu’est-ce que ceci signifie pour nous analystes ?
À quoi avons-nous affaire dans le discours du sujet
humain qui s’adresse à nous ?
Dans ce discours, nous avons affaire à un discours impur.
Un discours impur, pourquoi ?
Est-ce seulement en raison des fautes de syntaxe ?
Bien entendu pas.
Toute la psychanalyse est justement là fondée sur
le fait que ça n’était pas une question de logique
que de tirer quelque chose de valable du discours
humain, qui a son sens, c’est derrière ce discours,
dans quelque chose qui se manifeste à travers lui,
dans sa fonction symbolique. Qu’est-ce que cet autre sens du mot
symbole, qui surgit
maintenant que nous en cherchons le sens ? Eh bien,
c’est ici qu’intervient un fait précieux que nous
manifeste la cybernétique et qui est celui-ci :
il y a quelque chose qui n’est pas éliminable de la fonction symbolique
du discours humain, et c’est ceci, le rôle qu’y joue l’imaginaire.
Les premiers symboles, les symboles naturels, sont issus
d’un certain nombre d’images prévalentes, l’image du corps humain,
l’image d’un certain nombre d’objets évidents comme
le soleil, la lune et quelques autres et c’est ceci,
nous le savons, qui donne son poids, son ressort, sa vibration
émotionnelle, à toute une partie du langage humain.
Cet imaginaire est-il quelque chose d’homogène au symbolique ?
Non. Le fait que l’analyse tende à l’imposer, à faire
de l’imaginaire de la coaptation du sujet à un objet
électif privilégié prévalent, qui est celui qui nous
donne le module de ce que l’on appelle maintenant
de ce terme à la mode maintenant dans l’analyse,
la relation d’objet.
Réduire la psychanalyse à l’apparition, à la mise en
valeur, à la limite du discours de ces thèmes imaginaires
et de la coaptation du sujet à ces thèmes,
est quelque chose qui, fondamentalement, pervertit
le sens de l’analyse.
S’il y a quelque chose que la cybernétique nous met
en valeur, c’est la distinction de cet ordre symbolique radical
de l’ordre imaginaire et qui se voit en ceci qu’un cybernéticien
m’avouait encore récemment, la difficulté extrême
qu’on a, quoi qu’on en dise, à traduire cybernétiquement
les fonctions de Gestalt, c’est-à-dire la coaptation
de la bonne forme comme telle avec une autre bonne forme :
ce qui est bonne forme dans la nature vivante
est mauvaise forme dans le symbolique.
Puisque tout à l’heure je vous ai parlé de pendule et
de PASCAL, je vais vous faire une simple remarque :
la vraie pendule isochrone, ce qui fait que
la construction de HUYGHENS est une date,
c’est la découverte de la cycloïde.
Or, comme on l’a souvent dit, l’homme a inventé la
roue. La roue n’est pas dans la nature, mais nous
savons que c’est une bonne forme, le cercle.
Par contre, quelle est la véritable différence ?
C’est que la roue ne roule pas dans la nature :
- il n’y a pas de roue qui roule,
- il n’y a pas de roue qui inscrive la trace
d’un de leurs points à chacun de leurs circuits,
- il n’y a pas de cycloïde, dans l’imaginaire.
La cycloïde est une découverte du symbolique.
Elle peut être faite dans une machine cybernétique,
mais on a les plus grandes peines du monde,
sauf de la façon la plus artificielle, à faire…
à travers le dialogue de deux machines
…répondre un rond à un rond.
Voilà la vérité fondamentale, qui peut être ici mise
en évidence et où se distingue ce qui est pour nous
la distinction de deux plans essentiels, à savoir
cette inertie de l’imaginaire que nous voyons intervenir
dans le discours du sujet, en tant qu’il brouille
le discours, qui fait que je n’aperçois pas :
- que quand je veux du bien à quelqu’un je lui veux du mal,
- que quand je l’aime, c’est moi-même que j’aime,
- ou quand je crois m’aimer, c’est à ce moment
précisément que j’en aime un autre.
Cette confusion de l’imaginaire…
qui est précisément l’exercice dialectique
fondamental de l’analyse, qui permet
la restitution du sens du discours
…c’est ce autour de quoi se distinguent deux
orientations fondamentales de l’analyse.
Il s’agit de savoir si le symbolique existe comme tel,
ou si le symbolique est simplement, si on peut dire,
le fantasme au second degré des coaptations imaginaires.
C’est ici que se fait le choix entre deux termes
et deux orientations de l’analyse.
Ce qui forcément…
puisqu’aussi bien tous les sens se sont accumulés
depuis longtemps à travers les aventures
de l’histoire dans le lest de la sémantique
…s’il s’agit de suivre le sujet dans le sens qu’il a
d’ores et déjà donné à son discours, et d’ores et déjà donné
en ce sens qu’il sait qu’il fait de la psychanalyse :
- et que déjà la psychanalyse a donné des normes,
- et que déjà la psychanalyse lui a dit qu’il
fallait être bien gentil,
- c’est-à-dire être un véritable personnage parvenu
à sa maturité instinctuelle et sorti des étapes
et des stades où domine l’image fondamentale
de tel ou tel orifice.
Il s’agit de savoir si ceci a son importance, pour
être réduit, corrigé, dans cette suite du discours
universel où le sujet est engagé, ou si c’est d’une
coaptation à ces images fondamentales qu’il s’agit.
Il s’agit de savoir si c’est d’une normativation,
d’une rectification en termes d’imaginaire,
ou d’une libération du sens dans le discours
qu’il s’agit dans l’analyse.
C’est ici que divergent les orientations et les
écoles, et que je crois pouvoir dire que si FREUD…
qui au maximum a eu ce sens du sens qui fait que
telle ou telle de ses œuvres se lisent à la façon
de celles d’un devin
…prend Le thème des trois coffrets et reconnaît la mort dans
le personnage [ de Portia ? ] On peut dire qu’il est guidé
par quelque chose qui est de l’ordre de l’inspiration
poétique.
Il s’agit de savoir si, oui ou non, l’analyse
poursuivra dans ce sens freudien, dans ce sens qui,
au-delà du langage, cherche non pas l’ineffable,
la limite, le point où adhère le langage, où arrête
le langage, ou au contraire cherche au-delà le
sens.
Et qu’est-ce que veut dire le sens ?
Le sens c’est ceci que l’être humain n’est pas
le maître de ce langage primordial et primitif.
Il y a été jeté
500
, engagé, pris dans un engrenage.
L’origine, nous ne le savons pas.
On nous dit que dans les langues les nombres cardinaux
sont apparus avant les nombres ordinaux.
On ne s’y attendait pas.
Si on pensait effectivement la façon normale dont
l’homme entre dans ce jeu des places :
- c’est l’ordre de la procession,
- c’est l’ordre de la danse, à laquelle j’ai fait
allusion tout à l’heure, de la danse primitive
ou de la procession civile et religieuse,
- l’ordre des préséances,
- l’ordre dans lequel s’image l’organisation de la cité, qui
n’est rien d’autre qu’ordre et hiérarchie,
…finalement c’est le nombre ordinal qui devrait apparaître
avant. Mais le nombre cardinal, les linguistes l’affirment,
apparaît avant.
Il faut nous émerveiller du paradoxe.
L’homme n’est pas ici maître chez lui.
Il y a quelque chose dans quoi il s’intègre
et qui déjà règle par la loi de ses combinaisons.
Les lois de la danse, par où l’homme passe de l’ordre
de la nature à l’ordre de la culture, ce sont les
mêmes tableaux de combinaisons mathématiques qui
serviront à classifier et expliquer.
M. LÉVI-STRAUSS les appelle structures élémentaires de la parenté.
Et pourtant les hommes primitifs ne sont pas supposés
avoir été PASCAL
600
.
Eh bien, l’homme est engagé déjà par tout son être
dans cette procession, cette procession des nombres
ou d’un primitif et fondamental symbolisme qui se
distingue de ces représentations imaginaires,
c’est quelque chose autour de quoi s’établit
le conflit fondamental.
Car en fin de compte l’homme a aussi, au milieu de
cela, à se faire reconnaître. Mais ce quelque chose
qui a à se faire reconnaître, nous dit-on…
c’est cela le sens de ce que nous dit FREUD
…n’est pas exprimé. Il est refoulé.
Si c’était dans une machine, ça serait tout
simplement tombé, ça ne revendiquerait rien,
du moment que ça ne vient pas à temps, ça n’explique
plus le timing de la machine.
Chez l’homme, ce n’est pas la même chose, la scansion
est vivante. Alors, ce qui n’est pas venu à temps
dans la machine reste suspendu, reste refoulé.
C’est de cela qu’il s’agit.
Le sens de l’analyse est ceci :
quelque chose sans doute qui n’est pas exprimé, n’existe pas,
mais est toujours là, qui insiste et qui demande à être.
Le rapport fondamental de l’homme à cet ordre symbolique
est très précisément celui qui fonde l’ordre symbolique
lui-même :
- c’est l’ordre du non-être à l’être,
- ce qui insiste pour être satisfait et qui ne peut
être satisfait que dans la reconnaissance,
c’est le non-être, la fin de ce rapport, de cette
grande aventure de l’homme par rapport au symbolisme.
Nous ne pouvons en séparer ni la psychanalyse,
ni la cybernétique.
Cette fin est que le non-être vienne à être, qu’il soit parce qu’il a parlé.
Comme Ebola lutte par accroissement d'humanité, de rituel, de sacrement, de religiosité -- jusqu'à en ignorer la cause et le remède et la prévention ; voire jusqu'à mettre à mort les équipes médicales soignantes ; cela ne rappelle-t-il pas l'accroissement de l'intégrisme tandis qu'on ignore la cybernétique, l'intelligence artificielle ou l'écologie, selon le nom qu'on veut bien lui donner - disons SIVA, raccourci SIV. SIV s'apparente à l'HIV, autre maladie qu'on aurait ignoré si la science n'avait pas pris de court la passion de l'ignorance. Dans le cas d'Ebola on a vu qu'elle n'a pas toujours été aussi rapide. Et dans le cas de l'ISL la relève des coutumes rituelles rivalise également le progrès de la science. Autrement dit une grave maladie menace l'humanité d'extinction - la dégénérescence de l'écosystème ; à quoi la science offre un écosystème déchiffre, comme un virus décodé et une cybernétique pour remède comme un vaccin ; contre quoi l'ignorance comme elle ignore le virus ebola accentue ses rituels de soins spirituels, d'humanité religieuse, de secours familiales et rituels de funérailles, qui accentuent la propagation du mal.
X D(p)Let
-------------
X L(*)Doy
50 ucmpp
100 Pascal & miracle ; Descartes & rosencrux
150 faux (non pas le ritue faisait-il pleuvoir - mais évitait qu'en voyant les nuages on ne songe à prendre son parapluie)
200 or la clepshydre n'en fait pas la première - outre que l'une à l'exploitation linéaire du "g" (pas-c'est) et la nouvelles à son exploitation oscillatoire (fixe ce-si)
250 "con-si" le 01 rapportée au 'fixe = con=avec/environnementalise+si=probab
300 où l'on va voir JL proposer la "porte" - j'y dis l'électricité - et je souligne qu'elle est que tri citée ; la femme n'existe pas tant qu'elle n'est que tri-cité.trubique
400 Gödel
500 non pas s'il a été identifié au code
600 "pas supposé" mais le xi prouve qu'ils est pascalien dès ses premiers mouvements (la résistance, la difficulté à la cycloïdie qui se découvre au xi/xi l'indique en préceance)