Association BETHEL | Retour |
|
||||
Quels sont les nouveaux produits ? | ||||
La polytoxicomanie est un phénomène déjà ancien, qui se double aujourd’hui d’un détournement (et d’un trafic) de substances à usage thérapeutique, associées à l’alcool. Outre un attrait pour les nouvelles drogues (cristalline par exemple), les effets psychotropes ou « relaxants » de tout médicament peuvent être exploités. On connaît depuis longtemps l’absorption de sirops. Depuis peu, des jeunes détournent le skenan (un analgésique puissant), souvent en association avec d’autres produits dans un cocktail détonnant. | ||||
Comment se déroulent les entretiens ? | ||||
Les entretiens avec les garçons sont des entretiens individuels (et respectueux de la confidentialité), en présence d’au moins deux moniteurs. Ils durent environ 30 minutes et ont lieu tous les quinze jours à trois semaines ou davantage si nécessaire. Ces temps d’écoute et de dialogue sont l’occasion pour les jeunes de faire le point sur leur évolution.. On y évoque des questions de bien-être, de comportement. L’équipe tente de répondre aux angoisses, d’évaluer la motivation des jeunes, d’une façon constructive et toujours axée sur leur projet de réinsertion. Il s’agit de leur insuffler un certain optimisme sur la vie, tout en les mettant face à leurs responsabilités. | ||||
Comment se passe la vie en communauté ? | ||||
La
vie dans le centre est organisée de sorte que chaque jeune voit son
intimité respecter. Chacun dispose d’une chambre individuelle et
dispose de plages de temps libre pour la lecture, l’écriture etc. |
||||
Pourquoi pas de suivi psy ? | ||||
On ne peut pas dire que notre projet thérapeutique ignore la psychologie. Notre approche socio-comportementaliste et ergothérapique fait une large place à l’écoute et à l’introspection, mais ne s’inscrit pas dans le suivi psychologique classique. Beaucoup de chercheurs considèrent que le processus de sortie de la toxicomanie appelle une diversité des solutions. Le suivi psychologique ou psychanalytique existe, et de nombreuses personnes y ont désormais accès. Certains jeunes avant leur arrivée dans le centre ont suivi ce cursus. Mais nous considérons qu’il est parfois prématuré. Un cheminement personnel tel qu’une analyse nécessite une démarche volontaire, une conscience claire, ou tout simplement une mémoire et un cerveau dans un éveil minimal. Or, les toxicomanes en phase de consommation ou de post-consommation n’ont pas, pour la plupart d’entre eux, une réceptivité suffisante. Nous tentons de redonner aux jeunes une dignité qu’ils ont perdue par la consommation des drogues, et de les insérer dans la vie sociale et professionnelle. Cette étape s’inscrit dans une démarche pluridisciplinaire de long terme où d’autres acteurs, en particulier le psychiatre, le psychologue, le psychanalyste, peuvent jouer un rôle bénéfique pour les toxicomanes qui choisissent librement, à un instant T, de s’adresser à eux afin d’entreprendre un autre cheminement. | ||||
La connaissance (l'apprentissage) les métamorphosent ils ? | ||||
Oui ! C’est en tout cas le sentiment que j’ai en voyant l’évolution de certains jeunes après quelques mois de présence. Ce qui frappe, c’est d’abord de voir leur personnalité, complètement masquée par la consommation de produits, se manifester à nouveau. Les jeunes reprennent peu à peu conscience du réel, de leurs difficultés et leur faiblesse, mais se voient proposer des moyens de rebondir. Ils apprennent à nouer des relations de confiance avec les autres. Il ne faut cependant pas céder à l’angélisme. Ces jeunes restent fragiles. Libérés de la drogue, certains manifestent une personnalité très attachante, pleine d’humour et d’esprit, mais la blessure est si profonde qu’il faut beaucoup de temps pour qu’ils soient stabilisés. La formation que nous leur proposons est par ailleurs très valorisante. En apprenant un métier d’art, ces jeunes souvent déscolarisés retrouvent l’estime d’eux-mêmes. Cet apprentissage est aussi l’occasion de découvrir d’autres univers, d’accéder à la culture à travers l’histoire du mobilier et des objets d’art, les visites de musées etc. Certains révèlent une véritable passion pour la matière. D’autres sont plus indifférents mais tous comprennent qu’il y a une vie en dehors des produits. | ||||
Quel
avenir après le centre ? Il y a t'il après un suivi ? Psy ou autres ? |
||||
Notre
centre est confronté à un important « turn-over ». Des
jeunes qui ne s’adaptent pas, ou qui n’ont pas encore trouvé le bon
ressort, quittent le centre, parfois après quelques jours. Nous
cherchons à les réorienter vers d’autres structures mais celles-ci
font défaut (de nombreux centres ont fermé depuis quelques années).
Une fois encore, évitons l’angélisme. Les jeunes qui quittent le
centre prématurément sont souvent amenés à replonger. Il ne nous est
pas possible alors de les aider . Mais ils savent que la porte de
l’association n’est jamais fermée s’ils retrouvent une nouvelle
motivation (après un sevrage, entretien etc. comme pour une première
admission). |