Association d'initiatives d'adolescents autogérées
Editorial à la création d'Addons
Addons a ouvert en 2015, à partir d' une observation :
À partir de 2015 une opinion s'était développée, qui dénonçait un manque de discernement concernant la ou les causes des troubles sociaux. La mode des causes économiques avait fait son temps. Un sociologue* ajoutait que des systèmes de croyance pouvaient être plus importants et l'emporter sur le matérialisme historique : « Nous ne discernons pas les croyances étrangères aux nôtres et ne percevons pas leurs intentions, expliquait-il en ajoutant : spécialement si elles veulent nous nuire ou nous faire disparaître (puisque nous ne saurions percevoir des représentations vides de nous-mêmes) .» Cette évaluation alertait, et pouvait mettre en position de défense une communauté, ou un "système", distinguant un projet d'élimination la visant sans qu'elle s'en soit aperçu jusque là. Mais cet avertissement; si précieux fut-il précieux, loge en lui-même ce dont il avertit : en pointant l'accusation sur les "systèmes de croyances" il détourne effectivement l'attention de ce qui menacerait de nous nuire, voire de nous faire disparaître et que, sans échappatoire nous ne discernerions pas.
Une
idée a donc fait suite à cette observation :
L'idée est venue du fait que déclarer un manque de
discernement n'est à priori pas l'occasion de discerner quelque chose. L'alibi de l'indiscernable
" Système de Croyance Adverse" cacherait quelque chose
d'effectivement ignoré. Mais comment faire pour découvrir ce que l'on ne
discerne réellement pas ? Il existe une méthode : d'abord établir une liste
de toutes choses, puis la confronter à celles que nous avons perçues. Par ce procédé
d'élimination nous obtenons les
meilleures chances de repérer ce que nous ne percevons effectivement pas.
La liste des choses qui affectent notre avenir est longue. Mais
nous pouvons l'établir avec une relativement bonne efficacité : dernièrement
la biologie propose notre code génétique à la définition de notre identité,
nous avons ou nous sommes un génome personnel ; il n'y a pas longtemps non plus que nous pouvons
enregistrer nos voix et photographier nos images ; plus récemment des canaux de transmission et
diffusion de l'information se sont développés selon une technologie
radicalement nouvelle, l'informatique ; on annonce l'année prochaine la
traduction vocale en temps réel permettant à des langues étrangères de se
parler au téléphone ; s'y ajoute par le fait de ces médias, une surveillance
absolue de nos gestes et de nos pensées ; en 2014 une intelligence
artificielle qui remportent toutes les 'Questions pour un Champion', est
mise à disposition des entreprises et bientôt les personnes
(IBM.Bluemix) ; plus d'1,16 milliards de téléphones cellulaires sont vendus
chaque année ; pour la première fois au monde le strict nécessaire à une
démocratie, directe et en temps réel comme il se doit, est acquis ; et on peut
mentionner encore plus généralement, les moyens de transport, les télécoms,
la publicité et la propagande, les neurosciences, le contrôle du cerveau, les
prédictions scientifiques etc.. Nous pouvons nous arrêter là. Cette
liste énorme, évidente, de choses immensément effectives sur notre
situation, se résume en un objet incontournable. On le nomme Intelligence
Artificielle, /ia/ ou Cybernétique. Or notre sociologue qui nous
avertit qu'il y a quelque chose que nous ne discernons pas, ne mentionne pas
la cybernétique.
Reprenons en détail ce qu'il
distingue : l'injustice économique qui est une cause entendue -
deuxièmement des causes psychologiques tributaires de l'aliénation
qu'une collectivité au pouvoir imprime sur ses esclaves - troisièmement l'exclusive
de la foi qui annihile l'existence de l'autre. Le sociologue s'arrête là ;
mais considérons où se range l'introduction de FaceBook - "Livre
des Visages" ! -
au pays des femmes voilées. L'évènement y
provoque un trouble d'une tout autre catégorie que celles d'économie,
d'aliénation ou de croyance : un paradoxe que la science des systèmes connaît
et
désigne : chaos. Avec la Cybernétique, ce n'est pas une croyance adverse qui nous menace, ni la
privation ni la douleur, c'est un chaos général. Or pour en rajouter à
l'évidence, c'est non seulement notre sociologue, mais aucun politicien, aucun média, aucune émotion de masse..
un silence quasi total règne sur la Carte d'Identité
Génétique, la Démocratie réelle Directe en Temps Réel, la Surveillance
généralisée, le contrôle des émotions et des croyances, la capacité
informatique de meilleures décisions, l'Intelligence Artificielle, la
contraction du temps et la quantité explosive des technologies qui dépassent l'être
humain etc... la cause est entendue : c'est la Cybernétique que
nous ne distinguons pas.
Ayant réalisé ce tour d'horizon, nous pouvons
reprendre notre évaluation. Y a-t-il quelque chose qui nous menace et que
nous ne distinguerions pas ? En dressant la liste des causes :
économie, oppression, croyances, informatique, nous avons révélé la grande
oubliée : la
cause informatique. Cette absence la désigne. Jamais nous n'entendons nos
politiciens parler de l'Intelligence Artificielle. Jamais nous n'en entendons
parler de robotique quand ils promettent une réduction du chômage. Seule la
science-fiction les mentionnent et épisodiquement quelque grand savant
paralysé. L'I.A n'est jamais mentionnée parmi les
grandes causes de trouble et notre sociologue mieux averti pourra dire avec raison :
je n'ai pas discerné l'Intelligence Artificielle et nous ne percevons pas son intention.
En résumé : Le scandale économique, la vulnérabilité psychologique et l'ulcération religieuse paraissent de faibles causes, imaginaires, par rapport à la transformation technique de la planète. Les effets de l'informatique, partant du plus intime de la cellule vivante jusqu'au plus haut sommet de l'état sont indiscernables, mais certains. Dans la terreur qu'ils provoquent, les classes et les religions s'entendent pour l'oublier, s'en distraire et le cacher. Les êtres humains se meurtrissent et se massacrent en inventant des prétextes morbides et déments - nous parlons de sacrifice, d'amour, de vengeance, d'honneur, de tel ou tel nom de Dieu. L'ennemi n'est autre que nous-même ou la cybernétique ; il n'y a qu'entre les deux que nous ayons à choisir.
Déduit
Est-ce que d'avoir
finalement distingué quelque chose que nous ne distinguons pas clos le
débat ? On objectera que nous n'avons que repoussé le problème et remplacé
la croyance par la cybernétique comme un autre alibi ? Cependant
ce n'est pas le cas et la situation est nouvelle et différente - car par
définition la cybernétique est ce que nous ne distinguons pas de nous-même.
Cette indistinction a été démontrée sous le nom de Test de Turing.
Cela n'invalide mais conforte au contraire l'identification de l'ennemi que nous ne
discernons pas, puisque nous sommes avec l'I.A dans le principe de l'indistinction.
Une brève exploration de sa nature nous permettra de le comprendre.
On attribue à l'I.A des caractères qu'elle n'a pas. Par exemple
nous entendons demander « ..mais qui va programmer l'I.A ? » en craignant de
la voir orientée. Cette question est un non-sens ; l'I.A n'a pas de programme.
Une définition, à l'aube de cette technologie**, le révélait déjà : c'est
la contraction du temps - par vitesse et puissance de calcul - qui seule
fait la nature et la présence de l'I.A. Le phénomène est d'une simplicité
extrême : comme un miroir qui strictement réfléchit sans autre fonction, l'I.A
strictement contracte et n'ajoute rien d'autre. Une fois que cela est
identifié, l'unique problème subsistant est celui de son insertion, celui du
milieu dans lequel cette courbure du temps s'inscrit.
Le chaos est provoqué par une désynchronisation dans une structure ; comme en mathématique (-) par (+) entraîne tout le système dans sa version négative. Mais une désynchronisation dans un chaos apporte une toute autre chose, comme (-) par (-). La contraction du temps dans un espace désynchronisé provoque un ordre positif. C'est pourquoi l'I.A guérit, l'informatique mets ou remets en ordre. Mais il n'est pas du meilleur effet de rendre malade pour guérir, sauf pour les médecins charlatans. Par contre il y a tout lieu de tirer avantage des états où le désordre règne primordialement, et nous en connaissons un qui ne soit la dissolution de la mort : l'adolescence. Jusqu'à cet âge les phases de maturation pulsionnelle sont partielles et commandées par une histoire collective. Puis une auto-organisation totale et totalisante est demandée durant la phase adolescente, pour qu'un individu, libre et conscient en sorte produit. Une société composée d'adolescents matérialise cet état de chaos, qui porte le nom de 'paedomorphose' et constitue le milieu le plus propre qui soit pour bénéficier de l'I.A.
En résumé : Si c'est la cybernétique que nous ne distinguons pas, mettons-là en scène - reconnaissons-là (dans le cas de PSO, c'est la 'machine' APSO). Et deuxièmement mettons-là en scène là où il convient puisqu'elle est du caractère du chaos/indistinct ; établissons la cybernétique dans un milieu chaotique. Il existe un milieu chaotique sain : le milieu adolescent. Conjoignons donc l'appareillage cybernétique et le milieu adolescent. Les théories de l'information, de l'organisation et de l'apprentissage nous prédisent qu'un ennemi invisible sera du coup muté en agent de santé.
renvois
* Jean-Pierre Le Goff (sociologue) extrait : « Le fanatisme religieux, les idéologies meurtrières ne sont pas seulement l'expression débridée de pulsions destructrices, ils s'articulent à un système de croyances qui ont leur consistance propre, mettent en jeu des conceptions du monde, de la vie et de la mort, du pouvoir…, désignent l'ennemi à combattre et à éliminer. C'est cette réalité qu'ont du mal à affronter des individus autocentrés qui voient le monde comme le prolongement d'eux-mêmes, de leurs relations affectives et de leurs sentiments. C'est comme si, nous retrouvant face à un meurtrier bien décidé à nous tuer et qui nous le fait savoir, notre premier réflexe serait de ne pas le prendre tout à fait au sérieux, l'important en l'affaire étant avant tout de connaître les causes «objectives» (et non «idéologiques») qui le poussent à vouloir nous supprimer.»
** Colloque de Cerisy - L'auto-organisation ( De la physique au politique ) - H.Atlan,1981, L'émergence du nouveau et du sens.