Glossaire & Table

Chap.2 – V2 : Chiffrage

 

 

Trois Lettres pour un Chiffre

 

 

V2C2.0
Une biologisation

Après qu’on en ait initialisé l’appellation sous le nom d’Inconscient, l’espace ou la scène où se construit notre futur s’appelle plus aussi ‘écologie’. Sous ce nom on ignore parfois que c’est une dimension nouvelle ; car le psychisme compte parmi les coordonnées de l’écologie et que ledit psychisme a été, il y a quatre siècles environ, refoulé. Il a fait retour en 1900 et l’impression de parler ici de quelque chose de désuet ou d’histoire passée en terme de psychanalyse et de siècle dernier est une impression fausse – elle ne tient qu’à la mesure de prendre la psychanalyse pour une mode dépassée alors qu’en vérité il s’agit de la pratique la plus ultra-moderne qu’on connaisse. J’explique ici pourquoi - en commençant par l’idée la plus répandue : Freud est arrivé… et il a inventé la psychanalyse !

V2C2.0.10
Les origines de la psychanalyse

V2C2.0.10.10
Aucune antériorité connue

Le caractère moderne de la psychanalyse ne tient pas forcément à ce qu’elle soit une invention récente. Son nom, ‘psychanalyse’ a émergé il y a un siècle. C’est peu. Mais avant cela, il n'y avait rien – ou du moins, rien de semblable ! Est-ce possible ? Voilà une technique qu’on appela chez Freud d’abord : 'Cure de mémoire'. Elle avait pour motif de redonner accès aux souvenirs refoulés. Mais a-t-elle retrouvé quelque chose d'elle-même dans la mémoire collective ? Non. Ses institutions, ses administrateurs et ses pratiquants ne déclarent rien dont elle soit la continuité. Freud a tout inventé ! Vraiment ? A n’en pas douter cette situation rencontre l'évidence : on doit d’abord penser que cette science de la mémoire a spontanément dégénéré ; elle a eu des antécédences au cours de l'histoire et ne s'en souvient pas. Sinon, rien qui ne tombe du ciel dont on ne fasse une religion. Elle est alors, soit défectueuse soit trompeuse plus ou moins délibérément. Nous ne retiendrons pas cette dernière hypothèse parce qu’elle ne manque jamais, au moins en politique et pas sans mauvaise intention ; il y a certainement des intentions déterminées à faire mésusage de la psychanalyse comme de n’importe quoi mais ce n’est pas cela qui m’intéresse d’abord. La seule situation qui soit sujette à l'action est celle du défaut, sous la forme qu’on appelle 'aliénation’ pour la distinguer de la mauvaise intention.

Si la psychanalyse est sujette à une aliénation, c’est une combinaison mitigée de génération spontanée – ou disons d'invention – et d'inhibition. Si donc nous estimons que comme toutes choses fondamentales, elle a toujours existé et qu'aujourd'hui elle est portée par quelques caractéristiques uniques, exceptionnelles et nouvelles dans l'histoire, nous devons penser qu'en sortant de son aliénation elle reconnaîtra des formes antérieures de son existence actuellement et jusqu'à ce jour refoulées. C'est un raisonnement – occasion de le dire : 'inaliénable', si l’on ne cherche pas à dorer la pilule d’une méthode plutôt qu’une autre. Donnons simplement à nos outils le meilleur état qui soit. Nous entreprenons une expédition dans les terres inconnues du futur, à travers un bouleversement écologique et une explosion des technologies. Si en vue d'un horizon en apparence catastrophique nous nous voyons avancer, et si nous avons la moindre occasion d'en savoir un peu sur l'état où nous sommes, il est certainement souhaitable de cultiver cette occasion. Si donc une méthode propose une aide ou un remède, nous cherchons à la laver de ses encombrantes aliénations pour la distinguer dans son simple éclat ; ne serait-ce qu’un chiffre si elle ne devait tenir qu’à ça.

V2C2.0.10.10.10
Les préséances potentielles à la psychanalyse

Une chanson disait : «Zorro est arrivé, sans s’presser.. » mais bien qu'il n'y ait aucune antériorité connue à la psychanalyse, nous pouvons du moins détecter les chemins que prirent ses promoteurs masqués, partis de zéro avant qu'ils l'aient inventée. Principalement trouve-t-on l'hypnose qui fit l’objet du dernier stage du jeune psychiatre Freud en formation à Paris avant qu'il n'invente la psychanalyse à son retour à Vienne. On peut donc estimer que l'hypnose présente quelque rapport avec les préalables de la psychanalyse. C’est un fait d'ailleurs avéré par deux fois : d'une part parce que Freud inventa sa nouvelle méthode 'par opposition' à l'hypnose précisément – et d'autre part selon Lacan. Ce dernier se surprit un jour à dire que c'était en fin de compte le psychanalyste qui avait pris la place de l'hypnotisé en revers à la tentative d’‘opposition’ freudienne.

Sur cette piste nous ne trouvons pas beaucoup d'autres informations. L'hypnose elle-même n'est pas quelque chose dont on retrouve des traces bien marquées ou mémorisées dans l'histoire – ou bien parce que la psychologie des gens du passé ne s’y prêtait pas, ou bien parce qu'elle était restée inaperçue, ou bien parce qu'elle était secrète et tabou. Avec ces maigres indications nous pouvons difficilement nous satisfaire de dire que la psychanalyse n'est pas autre chose que l'hypnose inversée et camouflée, d’autant que nous avons deux autres pistes importantes, qui ont été désignées au chapitre précédent :

Il s’agit d’abord de l’usage par Freud de la cocaïne. La drogue extraite des feuilles de coca venait d’être découverte par la pharmacopée européenne. Utilisée comme objet de soin et d’étude elle précéda et participa de la mise en action de la psychanalyse. Après cet indice neuro-chimique, c'est celui de la cybernétique qui s’est imposé dans les antécédences de la phase lacanienne de la mise au point de la psychanalyse.

Ces trois éléments concourent au même cadre d’origine, en l’occurrence la psychiatrie.

Nous voici donc nantis de facteurs tempérant l'opinion que la psychanalyse soit tombée du ciel ou que personne avant Freud n'y aurait pensé. Trois de ces causes ou pistes – l'hypnose, la neuro-chimie, la cybernétique – prolongent à leur tour des antécédences variées : la neuro-chimie est connue depuis longtemps à l'usage des chamans et sorciers, des prêtres des religions anciennes, l'hypnose, nous l'avons dit, sans certitude est beaucoup plus obscurément liée à la magie, à l'alchimie et prétendu magnétisme vital. Quant à la cybernétique, bien qu'elle n'ait de réputation aucune antériorité avant l'âge moderne, elle cache, affiche des affinités avec l'écriture, la lettre et les effets de l'alphabétisation sur les zones orales et linguistiques du cerveau. Il y eut sans doute des connaissances et les historiens ont dernièrement détecté des cybernéticiens, mais ils ont été brûlés comme des sorciers – comme GiordanoBruno, à la Renaissance. Voilà donc la récolte de ce qui pourrait expliquer quelque source originaire de ladite 'découverte freudienne'. Or de ces trois termes, hypnose et drogue ont généralement été dévalués ou proscrits ; et la cybernétique, par la nature voilée de la Kabbale, n’aura pas plus aidé à organiser pratiquement une constitution de la psychanalyse.

V2C2.0.10.10.20
Les préséances hypothétiques ; Hermétisme et Art de la Mémoire

Élargissant les critères d’indice des pratiques aux institutions, deux établissements postulent à servir d’éventuel berceau d’une psychanalyse aujourd’hui aliénée. Le premier fut le siège ancien des prémisses susdits (hypnose, chimie et cybernétique), que les historiens ont identifiés sous le nom d’Hermétisme. Il s’agissait d’une école superficiellement connue comme celle de l’alchimie durant le Moyen-Age – mais dernièrement on l’a mieux comprise comme une doctrine, voire une religion ou un courant culturel vaste et profond. Elle comprenait par exemple la magie cérémonielle correspondant à l’hypnose du moins collective, évidemment la chimie, non moins qu’un remarquable Art de la Mémoire. C’est sous cette dénomination que l’examen retrouve une antique cybernétique.

Les premiers mots employés pour signifier l’Intelligence Artificielle ont été, avec l’arrivée des ordinateurs, les termes : ‘cerveau artificiel’ ou surtout ‘mémoire artificielle’. Aujourd’hui nous l’appelons cybernétique. La logique et les principes de cette science étaient déjà inscrits dans ledit Art de la Mémoire encore plus ancien, remontant très distinctement du Moyen-Age à l’Antiquité. Durant la Renaissance les traces de cette pratique, de cet art et de sa théorie, sont des esquisses de rouages et de chiffrages comparables en précision et fulgurantes préfigurations aux esquisses de Léonard de Vinci dépeignant les machines modernes.

Si donc on pouvait trouver des similitudes entre la technique de l’ Art de la Mémoire et celle de la psychanalyse, le première postulerait pour une antériorité presque certaine de cette dernière. Mais un obstacle a été posé à cette connexion. Il n’aura même pas été possible à la cure de mémoire psychanalytique de s’imaginer la moindre relation avec le précédent Art de la mémoire – car celui-ci avait été occulté. On tirera toute sa valeur d’une petite histoire à ce sujet : Freud accrocha au-dessus de son divan le plus grand des tableaux parmi ceux qui couvraient les murs de son cabinet. Ce tableau principal affichait la façade du temple d’Abu Simbel avec ses quatre fameux colosses représentant Ramses.2. Ce pharaon fut le premier Grand Inquisiteur de l’Histoire connue, qui entreprit d’interdire tout exercice et d’effacer toute mémoire d’une expérimentation qui l’avait précédé (Atonisme, Amarna). Allonger les premiers analysants sous la quadruple effigie de ce maître-censeur constitue la plus robuste attestation qui soit d’une chape de refoulement qui devait peser sur la psychanalyse. Comme sur un autel allongés sous cette effigie de Commandeur les patients de Freud ont nourri la première période de la Psychanalyse. L'inquisition trois siècles avant avait fait de L’Art de la Mémoire une chose interdite, proscrite et oubliée.

Si la psychanalyse a un lien avec l’Hermétisme, Freud n’en avait probablement pas connaissance et il en aurait été ‘inconscient’. Ce n’est qu’à la fin du 20em siècle qu’un département d’Histoire de l’Université de Londres a mis à jour l’histoire enfouie de la proscription de la tradition hermétique.

Puisque l’Hermétisme avait été effacé de la mémoire européenne et avec lui son Art de la mémoire, avant des investigations plus poussées qui découvriraient ses liens secrets ou souterrains avec la psychanalyse, il ne subsiste que la seconde institution annoncée qui puisse montrer un lien d’origine ; il s’agit de la psychiatrie suivant la relation à laquelle la majeure partie du premier chapitre a été consacrée.

V2C2.0.10.10.30
Un indice récent qui éclaire les préséances

La psychiatrie n’est pas bien placée pour prétendre être l’origine historique de la psychanalyse, parce qu’elles sont pratiquement contemporaines l’une de l’autre. Si nous devions retenir une connexion entre les deux il s’agirait d’une autre chose que de l’ordre d’une succession et d’un développement temporel progressiste.

Cette connexion d’un autre ordre s’est garantie bien plus tard qu’au début de la psychanalyse : elle s’est vérifiée à partir de résultats issus de l'agence spatiale, expérimentations issues de l'apesanteur et résidence hors de l'atmosphère qui inspira sur terre l'expérimentation NASA à laquelle une grande partie du premier chapitre a été consacrée [C1.10.10.10]. Il s’agit parmi les facteurs les plus modernes, des plus récents et donc d’une identification la plus opposée qui soit à l'histoire normalement puisée dans le passé. Ladite expérimentation date de moins de cinq ans et elle émane de ce que l'humanité n'avait jamais connu avant la dernière décennies (voyages dans l’espace et en apesanteur).

A partir d’observations si inattendues qu’on peut parler de 'découverte', le précédent chapitre a montré que cette expérimentation offrait une confirmation à une théorie qui caractérisait la psychiatrie française du siècle précédent. A cette époque une théorie organiciste tentait d’assumer l'ambition rationnelle d'attribuer à la pensée une origine organique – ou en d'autres termes une influence du corps sur le cerveau. Plus tard et de nos jours cette cause somatique de la pensée n’a plus intéressé la psychiatrie – qui ne s’occupe plus de la nature de la pensée et se consacre à régler des comportements sur des moyennes statistiques, principalement par de moyens chimiques. Avant que la psychiatrie ne prit ce virage vers les années 1970, il fallait donc que la théorie que l’organicisme des années 30 trouvât un refuge ; ce fut sous la forme de la psychanalyse.

Cette façon d’estimer l’origine de la psychanalyse explique pourquoi dès 1900 Freud achevant sa formation de psychiatre, d’abord séduit par un usage thérapeutique de la cocaïne, mais devenant cocaïnomane, inventa quelque chose qui sortait du courant chimique dans lequel la psychiatrie s’engageait. Plus tard, exactement de la même manière au moment où la psychiatrie doublait son engagement dans les statistiques, Lacan d’abord séduit par l’usage des ordinateurs et des probabilités interprétatives, se précipita à son tour dans le refuge freudien à la fin de sa formation de psychiatre.

Mais ni l’un ni l’autre ne fuyaient ni par déroute ni par défaite la psychiatrie. Ils portaient avec eux l’organicisme c’est à dire une théorie cybernétique de la pensée d’origine somatique. Ils l’ont caché, enterré dans la psychanalyse comme un chien enterre un os, jusqu’au moment où, au début des années 2000, l’expérimentation NASA a permis de la valider.

Cette validation et la confirmation de l’organicisme par les plus récentes explorations techniques qui soient (la conquête spatiale, l’informatique et la cybernétique) ont occupé et conclu le chapitre précédent. Ceci est susceptible de fournir – sinon une explication historique – du moins une explication rationnelle à l’invention et à l’existence de la psychanalyse. Selon les moyens de notre enquête, c'est même la première et seule explication scientifique que nous pouvons, actuellement, fournir de ses origines.

V2C2.0.10.20
La psychanalyse est-elle synthétique ?

Le fait que nous ayons eu autrement si peu d'éléments d'histoire, descriptifs de ses antécédences trouverait pour raison, confirmée par l’expérience, qu'il s'agit, en l'espèce de la psychanalyse, d'un effet, essentiellement tiré d'une réaction à des progrès technologiques sans précédents. On pourrait dire qu'il n'y a pas d'histoire ou de pré-histoire à la psychanalyse, parce qu'elle est une conséquence de l'introduction, qui a eu lieu très récemment dans la société, de technologies ou de conditions nouvelles. En première ligne on trouve l’électricité industrielle, la cybernétique, robotique, machines modernes de déplacement dans l'espace, télécommunication pratiquement hors dimension temporelle etc... Puisque tout cela n'existait pas avant, la psychanalyse n'existait pas non plus.

Or ce qui est décisif, dans cette observation, tient au fait que, si telle est l'origine de la psychanalyse, elle est donc directement issue d'une cause qui l'assimile aux conséquences du synthétisme – des matières et produits synthétiques, de leur technologie et industrie. Témoins les refuges de Freud et de Lacan, la psychanalyse constituerait la réserve réfléchie et protectrice ou la mesure sécuritaire réactive aux déchaînements statistiques et commerciaux de la chimie, de l’informatique, éventuellement des modifications génétiques et hormonales artificielles etc..

V2C2.0.20
Elément unité de construction

Je ne suis arrivé à cette déduction que par dépit de n’avoir rien trouvé d’antécédence notable dans l’histoire, qui expliquerait autrement la psychanalyse. J’ai cependant pris la précaution de témoigner que cette absence d’antécédents était incertaine. On peut succinctement en faire abstraction afin de dégager clairement et sans distraction l’enjeu synthétique. Il faut ensuite revenir sur cette abstraction toute relative, puisqu’on peut au moins dégager trois indices forts de source à la psychanalyse : l’hypnose ou la magie, l’alchimie et déjà la chimie, la kabbale et la cybernétique – ainsi qu’au moins une institution qui a parcouru l’histoire depuis au moins deux mille ans : l’Hermétisme. Sans forcer la pensée, avec Platon et la Caverne, les modèles philosophiques, l'art de la mémoire, les doctrines ésotériques etc.. les psychanalystes peuvent se retrouver une histoire. En y ajoutant les politiques d’interdiction, persécutions et inquisitions, les facteurs du secret, du refoulement et des idéologies la sauce est parfaitement confectionnée et parfaite au point d'accommoder une théorie de la civilisation digne d’être servie sur la scène anthropologique.

Je serai le dernier à rejeter cette recette. Cependant elle présente le danger de faire oublier quelque chose d’essentiel. Elle risque de distraire du mécanisme objectif de la pratique freudienne, comme de croire qu’une révolution a lieu parce que les gens sont indisciplinés, en oubliant qu’ils souffrent – de faire croire par exemple qu’on découvre l’Inconscient parce qu’on la grandeur pour ça, en oubliant qu’il s’agit d’un simple mécanisme. La fable de la mouche du coche peut également nous le rappeler – comme un ‘lâcher de brique’ mis en scène au premier chapitre [C1.30.15.30]. Les sources de la psychanalyse peuvent n’être pas sa cause comme l’histoire de la pensée n’est pas véritablement la pratique de la pensée ; les habits et les alibis ne sont pas l’esprit. Le milieux, les domaines sont d’importants indicateurs. Pour garantir contre le risque d’en faire aussi des distracteurs, il convient d’y puiser avec acharnement redoublé pour arrêter la cause, le mécanisme, ici de la psychanalyse. C’est ce qui a lieu lorsqu’on en distingue son chiffre. Je résume donc cette distinction à laquelle le premier chapitre aboutit.

V2C2.0.20.10
Distinction de la structure unitaire

Nous sommes dans un contexte confronté à des productions synthétiques. Elle envahissent et occupent notre environnement et par conséquent notre biologie. Qu'on les appelle progrès ou pollution, elles nécessitent des mesures spécifiques ; car contrairement aux choses dites naturelles qui ont baigné les interactions de la vie durant toute l’histoire terrestre, les produits synthétiques se particularisent par une inadaptabilité essentielle. Les structures vitales ne les connaissent pas et n’ont pas appris à les assimiler. Notre code génétique ne les reconnaît pas. Sans évoquer jusqu’aux pollutions ultimes vis à vis desquelles il n’y a aucun traitement possible, chaque création synthétique nécessite des mesures probablement aussi nouvelles que ses produits sont nouveaux. En d’autres termes nous disons qu’elles ne sont pas intégrées à des réseaux de signifiants ; pour les assimiler il faut commencer par les introduire et les traiter comme chiffres.

Pour comprendre ou seulement identifier une présence synthétique, nos organismes ne sont pas équipés. Introduisez par exemple une odeur inconnue dans un environnement, le plus souvent elle ne sera pas détectée par ses habitants. Pour commencer à la ‘chiffrer’ il faut se mettre dans un état de disponibilité et cultiver une préparation qui s’obtient en faisant appel à la mémoire et en procédant par comparaison. Introduisez par exemple une paire de skis en Amazonie à l’époque de Louis XV, vous ne pourrez expliquer leur fonction qu’à l’aide d’images tirées de l’environnement amazonien habituel.

C’est ce que je fais à l’instant présent, où je me prépare à réfléchir ; et c’est ce que j’ai fait au cours du premier chapitre afin de désigner un chiffre pour la psychanalyse si celle-ci doit répondre de l’introduction de choses nouvelles, dites synthétiques dans notre environnement social et terrestre.

Les villes offrent un exemple de construction synthétique. Ce sont des éléments que l’on ne trouve pas ‘naturellement’ dans la nature en dehors de l’humanité. Elles sont généralement construites à partir d’une unité qu’on appelle une brique.

J’ai imaginé les usages que l’on pouvait faire d’une brique, pour servir un modèle de la psychanalyse dans la société synthétique. La société comme une ville est construite à partir d’unités qui sont des unités de communication. On peut faire divers usages de ces unités.

On peut donc dire que, de même qu’une société peut être malade ou créer des maladies, ne serait-ce que des malaises, une ville peut devenir une prison. Et pour apporter un soin à cette société on va traiter son unité de communication, à l’image de ce que pour libérer la ville d’un état-prison on appliquera de traitement à partir de son unité de construction. On peut donc penser soigner un malaise dans une civilisation comme on peut imaginer traiter une ville en faisant usage de son unité que constitue la brique. Cet usage, on le verra, est dans ce cas ce qu’on appelle un usage symbolique [C3] ; ensuite ce protocole symbolique répand ses effets dans les dimensions pratiques, architecturales et citadines en son entier ou dans toute leur étendue.

En appliquant cette comparaison, nous concevons qu’un traitement de l’unité sociale ait un effet dans la psychologie collective comme un traitement de la brique un effet sur la ville. Lorsque nous considérons une brique, nous observons qu’il s’agit d’ un volume formé de six rectangles. Elle présente une longueur et deux extrémités ou deux ‘bouts’. L’unité sociale de la psychologie collective est aussi constituée des deux extrémités que sont les semblables communiquant l’un avec l’autre ; j’ai nommé ces semblables Quatrains [C1.fig.20]. Dans l’unité sociale, les deux extrémités sont des êtres présentant une structure. Elle est dénommée Quatrain, composée de quatre éléments. Elle est mise en formule par un algorithme à quatre coins qui convient formellement à la figuration rectangulaire de chaque extrémité d’une brique.

J’ai simplement considéré que les deux pôles d'une connexion sociale que constituent le psychanalyste et l'analysant soient figurés comme les extrémités d’une brique. Le dessin-même de ce volume rectangulaire apparaît dans l’algorithme cybernétique de la psychanalyse qui a été dernièrement validé par l’ expérimentation neuro-somatique de la NASA.


fig.C2.10 :relation cybernétique – image dite de la brique au centre ; à gauche : shéma X aux deux bouts – à droite Quatrains (forme circulaire) ; aux extrémités, structure et circuits semblables tournent d’un quart de tour

Cette figuration de l’unité sociale de la psychologie collective soumise à la psychanalyse par la comparaison avec l’unité de la construction d’une ville, souffre d’une seule imperfection que le schéma ci-dessus dévoile : les extrémités aux deux bouts de la brique ne sont pas strictement symétriquement face à face, dans le cas de l’unité sociale psychanalytique. Elles subissent l’une vis à vis de l’autre une rotation d’un quart de tour, illustrant la différence des positions que tiennent l’analysant et le psychanalyste, respectivement horizontal (divan) et vertical (fauteuil). L’Expérimentation NASA a révélé l’importance de effets neurologiques de cette différence de position. Du fait de ces rotations distinctives certaines formulations cybernétiques de la psychanalyse lacanienne figurent, au lieu des bouts de brique rectangulaires, des cercles ou circuits rotatifs.

V2C2.0.20.20
Brique & Bactérie

Si la psychanalyse, du fait qu’elle n’ait pratiquement pas d’antériorité historique doit être regardée avec l’ordre des choses synthétiques, et puisque par conséquent elle est nouvelle et inconnue, on doit l’imaginer à partir de comparaisons banales tirées de la vie quotidienne familière. Je la compare à une brique comme l’unité des villes. Mais elle est aussi la plus naturelle des thérapeutiques puisqu’elle se passe d’instrument. Vue sous cet angle une version de son schéma l’illustre en cylindre, de la forme de ces bactéries qui constituent également l’unité de la vie. La comparaison continue donc ainsi :

L’image d’une brique convient à l’unité psychanalytique pour sa qualité synthétique. Elle a reçu pour chiffre le code D2V. Pour sa qualité naturelle l’image d’une bactérie convient mieux, d’autant qu’elle apporte une considérable qualité nouvelle : si la structure du premier algorithme aux quatre coins a donné l’avantage du chiffrage, la fonction de la vie de la seconde image présente l’avantage du pouvoir de multiplication.

La vertu de cette seconde image illustre l’aptitude du D2V à s’assimiler dans les réseaux de l’environnement et faire que sa matière, d’abord synthétique ensuite dynamique, se mette à participer aux circuits d’échanges et de transformations de la vie ; il a été important de chiffrer la psychanalyse pour que nous puissions fixer notre attention sur sa présence, mécanisme ou noyau objectif. Il n’est pas moins important ensuite d’identifier son aptitude dynamique et expansive.

Pour passer à ce second stade de l’identification de l’unité psychanalytique, nous avons un support très populaire et figuratif : nous baignons tant dans le jeu des chiffres et des lettres que comme des poissons qui ne sauraient qu’ils baignent dans l’eau, nous l’oublions dans le rituel protocolaire d’un jeu télévisuel célèbre. Mais derrière l’affiche spectaculaire se cache la simple vérité. C’est la Lettre qui seconde le Chiffre lorsque l’on doit estimer le caractère pulsionnel, énergétique et vital d’une cause. Pour identifier le mécanisme de la psychanalyse, autant en tant que Chiffre la réduit-on à l’objet, autant est-ce en tant que Lettre qu’elle agit dans l’ordre des phénomènes. C’est par cette opération que le code D2V devient ce qu’on appelle un signifiant.

V2C2.0.30
le chiffre comme un virus

V2C2.0.30.10
Qu’est-ce que du signifiant ?

De manière à priori étonnante, il n’y a pas mieux qu’une maladie pour donner un exemple de ce qu’est un signifiant ; car prendre un caractère de santé pour exemple offre un signifiant qui disparaît aussitôt en chiffre, comme lorsque l’on cherche à éclairer une ombre. La santé n’existe pas pour la maladie et les ombres ne signifient quelque chose qu’aux ombres. De même qu’une femme signifie une descendance pour un père, pour ce fils sa mère ne signifie que l’objet du père – c’est à dire le désir et sa santé pour qui n’est que jouissance du père, et par conséquent sa maladie…

- Voilà une bien obscure tirade !

- Oui, bon, je n’en dirai pas plus

- Se poursuit-elle à donner à Eve ce qui soignera le fils malade ?

- Oui, bien, je n’en dis pas plus

- C’est la première fois que j’entends dire que la pomme avant Newton était un remède

- C’est vous qui le dites, moi je n’en dis pas plus.

Il n’est pas possible de comprendre pourquoi le docteur Sigmund Freud allant porter aux États-Unis sa méthode, déclara à ses disciples, sur le navire qui effectuait la traversée : « Ils ne savent pas que nous leur apportons la peste ! » - il n’en dit pas plus et il n’est pas encore nécessaire de chercher à comprendre le message freudien avant plus amples informations. C’est pourquoi je ne détaillerai pas la description du Complexe d’Œdipe dialogué ci-dessus, avant qu’on ait vérifié si cette hypothétique maladie (la peste) qui se confondrait avec un remède (la psychanalyse) a quelque chose à voire avec le synthétisme qui nous pénètre et envahit notre environnement.

V2C2.0.30.20
Vibrion de la peste (mëme/semblant/chiffre)

Quelque chose est au coeur de la psychanalyse qui pourrait, au dire de Freud, s’apparenter à une bactérie, un bacille semblable à celui de la peste.

Cette estimation permet encore de souligner l’importance et la particularité qu’ambitionne La Sainte Ethique. Trouver l’unité opérationnelle, la brique, qui qualifie la psychanalyse est équivalent à la découverte de l’agent bactérien dans le cas d’une maladie infectieuse. En prenant pour exemple la peste, Freud songeait certainement au symbolisme d’Œdipe à Thèbes, mais pas moins ignorant des critères d’une épidémiologie. Le traitement d’une maladie contagieuse passe d’abord par sa reconnaissance Il s’agit d’une étape ‘nosographique’. On appelait beaucoup de maladies inconnues une peste avant qu’on n’isolât à partir de ses caractéristiques, sa clinique, ses symptômes et son évolution etc.. Du point de vue de la psychanalyse qui se décline en termes du symbolisme de la santé ce moment d’identification d’une maladie s’appelle sa signification.

C’est à l’étape suivante de la recherche épidémiologique qu’on dévoile la cause de ladite maladie ou de sa signification. On en décrit la contagiosité et particulièrement par son agent. Dans le cas de la peste humaine, il s’agit d’un bacille – Yersina Pestis – découvert durant les études de médecines de Freud. On peut donc comprendre que quelques années plus tard , en comparant sa méthode à cette maladie, il était encore marqué par le fait qu’on venait d’en découvrir l’agent transmetteur.

Comme à l’époque de Freud, sans faire encore de différence entre bactérie, virus ou simplement gène qui de nos jours peut également se transmettre et se développer à l’exemple des thérapies géniques, nous pouvons retenir et apprécier l’importance du fait d’isoler le chiffre de la psychanalyse. On isola un jour le Yersinia Pestis et Freud estima que le succès de sa méthode l’assimilait à une peste. Il pouvait espérer qu’on identifiât un jour son agent infectieux sans pouvoir encore le distinguer.

V2C2.0.30.20.05  ‘mémetique’

Dans la nosographie de la psychologie, une épidémie peut suivre la clinique d’une mode ou de quelque autre facteur (par exemple des souvenirs ou traumatismes refoulés) que Freud n’arrivait pas à discerner. Il fallut attendre quelques années. Le code ou le chiffre d’une signification qui peut se répandre est si important et décisif dans un traitement des maladies ou des progrès, que des sciences comme la cybernétique en ont distingué le concept. En biologie pareille identification a été obtenue sous le terme de meme. C’est un terme anglais qui correspond à la traduction française de semblant. Établi par le généticien Richard Dawkins un mëme est ce qui permet à une idéologie de se répandre comme une épidémie. Son modèle initial est le ‘gène’ qui constitue l’unité du code ADN. On se sert également de ce concept en informatique et en sociologie. Au chapitre de la psychanalyse, c’est cette conceptualisation que nous appliquons au degré d’une objectivation saisissable, aussi matériellement qu’un gène, qu’une cellule, qu’une brique.

C’est à la suite de l’expérimentation NASA que nous avons repéré une unité qui décrit le chiffre spécifique de la psychanalyse, à savoir : D2V. Comme la peste déchiffrée, il déchiffre l’agent actif d’une pratique. Comme c’est le bacille de Yersin qui se progage et non pas la fièvre (c’est selon cette façon de voir que l’épidémiologie procède), c’est le D2V qui s’était propagé à partir du 1900 et non pas une mode ni une malédiction, ou une névrose comme une fièvre.

Nous en sommes à ce point d’identification de la psychanalyse ; elle ne s’est pas développée par idéologie (contrôle de la pensée), ni par symptomatologie (imitation hystérique), ni même par profit (bénéfices du transfert). Bien que tous ces alibis soient bien souvent les motifs de ses contre-façons, elle est uniquement le fruit de l’expansion d’une unité d’action finalement découverte. Mais il n’est pas possible de s’en tenir là et il reste encore à faire, ne serait-ce que pour la raison qu’il n'est pas courant qu’il suffise de désigner un chiffre pour que sa découverte soit suivie d’effet.

Si l’on avait pu mettre une citroën 2CV dans une caverne de Cro-Magnon, il est possible que l’histoire aurait été changée, mais peu probable qu’il se soit mis aussitôt à construire des routes. S’il n’était pas passé devant la chose sans même la voir, il aurait peut-être transformé sa caverne en temple mais n’aurait certainement pas su se servir de la machine. De même un virus n’est pas immédiatement en état de pénétrer un noyau cellulaire. Dans le cas d’une mode qui s’est déjà bien répandue et qui a entraîné toutes sortes d’industries avec elle, il est prédictible que des résistances, objections et oppositions conséquentes fassent obstacle à son exploitation judicieuse. La découverte d’une cause n’est pas moins sujette à un second lot d’exigences.

Je ne pourrai donc pas éviter de devoir exposer au moins une seconde démonstration de l’effectivité du D2V.

V2C2.0.30.20.10
L’exigence d’une seconde distinction

Comme un microscope met en évidence un bacille, d’abord sous l’expérimentation NASA une structure propre à la pensée est suspectée puis mise en évidence, dénommée quatrain. A l’instar de la biopsie découvrant les organes infectés du bacille, la psychiatrie a reconnu la psychopathologie du quatrain sous l’examen organiciste. Notamment s’est-il agi de la psychiatrie française exprimée par sa théorie qu’elle nomma Organicisme. Puis l’Organicisme changea de laboratoire et le quatrain passa à l’office de la psychanalyse.

Comme l’épidémiologie d’un germe est élucidée lorsqu’on découvre ses cycles et ses phases, de développement, d’envahissement etc.. le mode de subsistance de ce quatrain a été démontrée. Dans le cas du quatrain devenant D2V les savants reconnaîtront une taxinomie d’hétéroxène. ‘Taxinomie’ veut dire que l’agent de la psychanalyse, éventuellement épidémique, est identifié – ‘hétéroxène’ signifiant qu’il passe par des hôtes successifs. En l’occurrence, issu de la psychiatrie, il s’est logé pour se développer dans la psychanalyse (c’est à dire un hôte qui put être préposé de longue date, comme l’Hermétisme par exemple [C2.0.10.10.20] infesté et prenant nom de Psychanalyse, en sa forme clinique actuelle).

V2C2.0.30.30
Épidémiologie

Nous avons tous les éléments requis à une objectivation parfaitement académique d’un phénomène du domaine de la science. L’étape qu’il reste à gagner pour que la psychanalyse, ou le D2V, entre pratiquement et incontestablement à l’article de la médecine est de décrire sa contagiosité ou sa vitalité. Si par exemple un bacille ne se développe qu’en Indochine (lieu de découverte de Yersin) et nulle part ailleurs, il sera mauvais candidat à la peste en général.

Ensuite aurions-nous beau connaître le bacille de la peste, son développement, le retrouver chez les pestiférés et montrer comment il s’y installe, il faudra encore décrire ses tropismes, niches et moyens de diffusions. Avec la seule population psychiatrique, psychanalytique, nous risquons de n’avoir jamais vu la peste que dans une population, relativement limitée, une seule culture ou pays ou une seule circonstance de névrose, ce qu’on résume sous le nom d’une seule ‘classe’. Il faudrait donc expliquer ou infirmer ce confinement, cette limite ou exclusion – sans quoi nous manquerions certainement quelque chose d’essentiel à la connaissance de cet éventuel D2V.

Cette critique doit être précisée. Interrogeons les psychanalystes ; c’est ce qu’ils confirment. Ils ont attrapé le virus d’un foyer limité : le cabinet de Freud à Vienne. Certes des foyers secondaires se sont présentés comme des sources renouvelées : Reich, Lacan et bien d’autres, Klein, Bion, Adler, Jung etc.. Tous ont ignoré qu’ils étaient porteurs du D2V, qu’ils mettaient en action sans y attacher d’importance particulière. Mais un seul foyer rattache peut-être leur population à une seule classe. Si cette possible épidémie ne se présente pas dans d’autres circonstances, il y a peu de chances que se soit une épidémie véritable et que le D2V soit à proprement parler un chiffre. Il est alors probablement de la catégorie du semblant, mais ni plus ni moins qu’un code mimétique avec une source inconséquente, une mode, avec pour régime d’entretien une névrose hystérique ou alors une mutation. Pour être un code permanent du semblant, il doit montrer une vertu d’infections rivales comme en génétique le chiffre causal des lignées se montre des fratries colonisant des gynécées ou nomes administratives préludes aux dynasties.

On mesure ici l’exigence scientifique à sa difficulté, pour qui soit spécialiste ou non. Mais il n’est pas nécessaire de s’y casser la tête car l’obstacle est surmontable en faisant simplement l’exercice pratique de sa résolution. Par la réponse à l’exigence spécieuse qu’un lecteur aura eu du mal à comprendre, sa compréhension sera éclairée. Il suffit de montrer que divers milieux, diverses circonstances vierges et indépendantes ont été infestés et développent une épidémie de tel ou tel bacille à l’étude. Son rôle épidémique sera de cette manière évidente affiché.

V2C2.0.30.40
Disparition des espèces

En quête d’autres foyers de développement du D2V, nous avons donc un projet robuste, simple et solide. J’y viendrai prochainement. Ce n’est pas pour retarder un lecteur pressé ; il peut sans dommage passer à l’article suivant intitulé ‘Lying’. Mais il en est d’autres qui exigent non seulement des preuves mais des explications profondes – ce que je dois parfois fournir en désolant les premiers. En l’occurrence puisque nous sommes sur l’évaluation cruciale de la signification des maladies et comment des épidémies favorisent ce que Darwin appelait l’évolution des espèces, il faut se poser un instant pour plonger dans la signification morale de la psychanalyse.

Quiconque n’a donc pas déjà sauté au paragraphe Lying songera, en continuant ici, que la quête de l’activité D2V dans d’autres classes que celle du Freudisme viennois, a été une question déjà posée en terme de l’universalité du Complexe d’Œdipe. De nombreux anthropologues, ethnologues et psychanalystes se sont interrogés sur la prégnance du mythe d’Œdipe dans d’autres civilisations qu’occidentales. Les critères de tropisme du D2V ne cernent pas qu’une unité et sa propagation ; ils concernent également les phénomènes résultants.

Si le freudisme a tout de suite fait appel au mythe, à la légende ou à l’histoire d’Œdipe, elle a fait cas dès sa fondation, de l’inverse d’une propagation. Toute l’affaire œdipienne en effet est amorcée par la volonté du père d’Œdipe, le roi Laïos, de supprimer son enfant afin d’éviter des enchaînements de phénomènes prédits par ses devins. L’ordre de Laïos n’est pas exécuté, l’enfant est caché – permettant de produire les phénomènes prédits en cherchant à les éviter.

Ceci nous enseigne donc que c’est au revers de la cause première, c’est encore plus précédemment que la cause que l’on doit remonter pour trouver ce qui la provoque à s’établir ensuite comme une cause. Dans l’étude présente, cette prédisposition de la cause se trouve dans les lois de l’évolution.

V2C2.0.40
Confirmation de la casuistique du D2V..

L’étude d’une épidémiologie rencontre une difficulté que dernièrement les lois darwiniennes ont déplacée encore plus profondément dans l’obscurité des premiers temps. Quand on ne tenait pas compte des lois de l'évolution, la vie était attribuée à une création par un ordre supérieur, c’est à dire la volonté d’un programme planifié. La plupart des épidémies étaient des sanctions dont la prononciation était toute soumise à l’autorité créatrice. Elles n’étaient maîtrisables et du ressort de la gestion humaine que lorsqu’il s’agissait de guerres ou de révolutions. Ainsi quand Œdipe fait face à la peste dans Thèbes il accède à l’idée qu’il puisse la balayer d’un geste politique.

De nos jours, personne ne nourrit l’espoir de changer quoi que ce soit à la fatalité écologique simplement en changeant de bord à l’Assemblée. Ce n’est pas la faute à Voltaire disait Gavroche en renonçant à croire que les notaires réglaient le bien du monde ; mais à cause de Rousseau, chantait-il en attendant Darwin. Du moment où le jeune révolutionnaire abandonne la vision d’une responsabilité humaine à l’édit des Lois, il implique que la révolution a lieu dans un contexte évolutif. La Révolution est son modèle qui lui permet d’envisager que les épidémies s’inscrivent dans une Évolution des Espèces selon la révélation que la maladie puisse être un progrès.

S’en suit le Code Civil et sa raison de l’abandon politique des lois morales. Cette raison est instrumentée par des principes reniés. Ni la liberté, ni l’égalité ni la fraternité ne dominent la République. Alors l’homme au pouvoir ne prétend plus seulement garder des guerres, mais aussi conduire son peuple à travers une apocalypse au revers de laquelle une humanité aura gagné sa mutation. L’être humain se sera octroyé son miracle.

La vertu de cette élévation de la conscience et du gain d’une volonté qui ne fut pas que celle du plaisir immédiat dépend que l’on puisse concevoir qu’un virus, un agent microbien (un même selon Dawkins [C2.0.30.20.05]) soit ou devienne dans certains cas un facteur de progrès. On connaît depuis longtemps cette façon de penser figurée par divinités ambigües de destruction. Mais cette notion devient incontournable et sans qu’il ne soit plus possible de la projeter dans de divins univers, à partir du moment où l’industrie se saisit du chiffre.

Antérieurement la nécessité du traitement du code n’avait pas cours, parce que les produits synthétiques que la société était capable de produire n’avaient pas acquis l’autonomie qu’ils gagnent aujourd’hui par pollution ultime et automatique – c’est à dire ce avec quoi on ne peut pas négocier. La seule stratégie possible consiste à traiter à arme égale, par le code. A partir de ce moment, l’être humain n’attend plus de miracle mais brave sa chance.

La fonction de la morale est de préserver le signifiant ; elle opère par l’interdiction de traiter et d’agir sur le code. Le code est un domaine que la morale n’atteint pas ; la nature ni aide ni interdit. Lorsque le code réclame d’être traité, c’est par lui-même. Le seul recours par lequel la morale maintient un accès à cette opération se trouve dans la psychologie collective. C’est pourquoi Freud, le commandeur du D2V réfugié de la psychiatrie, réclama en testament que la psychanalyse joigne la psychologie collective avant d’avancer d’un seul pas [note 100] .

La gestion du code par une raison outre la morale, voire en dépit de la morale outrée est ce qu’on appelle éthique. On fait appel pour cette raison, à des Comités d'Éthique que l’on assemble avec des sages savants. C’est pis-aller. L’ultime exercice de l’intervention Éthique rencontre sa propre essence. Elle consiste à gérer le code par le moyen du code. Il s’agit du moment où la cybernétique et son code algorithmique s’ajoutent au code civil – c’est à dire l’état où l’intelligence artificielle se développe dans la république.

C’est à ce seuil que J.Lacan associa la psychanalyse à la sainteté. Cet homme d’un grand classicisme (il chercha une approbation papale pour son divorce) était également très proche de la religion par son frère qui fut un moine célèbre (l’un et l’autre furent aussi fameux dans leurs collectivités respectives). Tel était le témoignage d’une psychanalyse inconsciente de l’application du code sur lui-même. Elle se tint donc limitée à une fonction de défense. Redondance de la pensée, elle était ce qu’on appelle soit transfert, soit nombrilisme selon les milieux d’où l’on parle, cantonnée à un narcissisme au mieux fixé au bord de la régression,

Lorsque la psychanalyse s’affranchit de sa connaissance de soi, s’identifiant à un chiffre, D2V, elle pourvoit à l'Éthique. Ce chiffrage offre l’accès de la psychanalyse à la psychologie collective du moment – c’est à dire ce moment où code civil et code cybernétique entrent en confusion. Le D2V introduit un chiffre particulier. Il s’agit de la communication entre deux être humains. En ce que la psychanalyse introduit cette unité de communication humaine dans la psychologie collective, elle humanise l’éthique autrement entièrement matérialiste de la gestion du code civil par le code informatique (cybernétique, intelligence artificielle). C’est en ce cas qu’ilconvient d’ajouter le titre de Sainte à l’Ethique.

Ce schéma peut paraître ardu car il est au niveau de la civilisation. Décrire la fonction de la psychanalyse dans la civilisation est un peu trop ambitieux. Je l’admets mais défendrai du moins son intention du fait qu’on trouve bien manifestement cette fonction, dans le cadre limité de la psychiatrie et selon le même schéma. S’il existe depuis longtemps des codes civils et des républiques, c’est récemment que la psychiatrie s’est également doté d’un code (acronyme : DSM ou CIM [C1.30.20.40]). Il s’agit d’ailleurs du motif que l’on peut soupçonner de la migration des psychiatres Freud et Lacan avec le D2V en psychanalyse. De ma part, psychanalyste et psychiatre, il n’y a rien de spécialement ambitieux de prétendre que le code D2V puisse s’inscrire dans la liste DSM.

J’avais seulement prévenu que ce passage ne plairait pas à ceux qui cherchent la simplicité. Il n’est naturellement pas simple de décrire la part que la psychologie collective prend dans l’évolution darwinienne du moment où sa société accède à l’industrie du code. Mais il fallait que j’en dise deux mots avant de passer à présent au constat des plus simples, que le D2V n’a pas la seule classe des psychanalystes pour expression épidémiologique. Le 20em siècle aura présenté deux autres foyers de sa propagation. Nous savons l’importance de ces observation pour intégralement valider l’identification du chiffre D2V.

V2C2.10
Lying

Lorsqu’on débute une enquête sur la psychanalyse et sur son extension, on commence par se renseigner auprès de psychanalystes ou à propos de dénommés tels. Généralement, par ce moyen on ne sort pas du cercle. Les psychanalystes disent, « les psychanalystes c’est nous par définition » et les gens qui connaissent la psychanalyse également ne la voient que là où elle est nommée. C’est un résultat attendu puisque nous avons posé la question à partir d’une nomination – autrement dit de ‘signifiant’ ; la psychanalyse étant, à partir de là, ce qui est nommé ‘psychanalyse’. Mais à partir d’un chiffre, pourrait-il y avoir une psychanalyse sous un autre nom. Dans ce cas, l’une et l’autre se reconnaîtraient pour identiques, à partir de ce qu’elles auraient en commun. Cette identification ne se ferait plus sur la base de la nomination, mais sur le critère d’un fonctionnement, disposition , mécanisme, c’est à dire du discernement d’une activité commune ou au minimum d’un même code.

On appelle pareil code partagé ‘dénominateur commun’. Le chiffre ici posé ‘D2V’ est de cet ordre qui dispense du nom et à proprement parler dé-nomme une pratique pour estimer son usage, indépendamment de son nom. Il est en effet nécessaire d’exercer certaines réserves à l’usage de la nomination :

V2C2.10.0.10
Background et kabale

A première vue, on estime que si le facteur D2V est nécessaire et suffisant à l’opération connue sous le nom de psychanalyse, sa disposition et sa mise en action dans un autre contexte suffiront à réaliser une pratique identique à ce qu’on nomme psychanalyse et même si ce contexte n’en porte pas le nom. C’est une première estimation logique. Elle est simple et de bon sens… en appelant quelque exception :

Il existe une exception qui abolirait que l’exercice du D2V réalise ce qu’on appelle la psychanalyse. L’exercice du dénominateur commun n’implique pas sans conteste l’identique expression. Car la nomination qui distingue les exercices des dénominateurs communs est à chaque fois l’occasion d’une application caractéristique du signifiant. Je rappelle que le Signifiant est qualifié par une possibilité de négation ambiguë. C’est à dire que l’exercice du D2V, à partir du moment où il est identifié et nommé, peut l’être sous un nom qui le refoule, le dénie ou l’inverse. Cette observation a fait pour ainsi dire tout l’objet du premier chapitre qui expliquait comment le D2V avait pu être retranché, caché dans le refuge que constitue la psychanalyse.

Il n’est pas du tout obligé que les mises en activité du D2V, c’est à dire des pratiques ayant ce dénominateur commun avec la psychanalyse, soit autre chose que des cachettes, des dénégations, des mascarades et des refuges qui ne se reconnaîtront pas les uns les autres – même si en fait, au niveau du code qu’elles véhiculent elles soient strictement identiques. Freud avait résumé cette observation en disant que la négation n’existait pas dans l’Inconscient ; lequel devait opérer par des subterfuges – comme des déplacements ou des inversions – pour nier ou affirmer quelque chose.

Il faut tenir compte de cette duplicité du signifiant lorsque nous nous mettons à la recherche d’autres formes épidémiques du D2V conçu comme un virus. Ces autres formes de la psychanalyse ne réclameront pas nécessairement d’être des semblables, bien au contraire.

V2C2.10.0.20
De Vienne à l’Inde

La première étape d’évaluation et de mesure des expressions du D2V a débuté avec la psychanalyse telle que Freud l’a initialisée en 1900 avec une certaine conséquence. Il existe une seconde expérimentation, débutée aux cours des années 1950. Elle a encore cours en 2010 bien qu’elle ait pratiquement achevé son rôle et ne présente plus beaucoup d’extension à ce jour.

La pureté de sa distinction signifiante avec l’expérimentation freudienne n’est pas immédiate puisqu’au contraire, elle a été à son origine strictement déclarée être un exercice de la psychanalyse freudienne. Toutefois sa caractéristique a aussitôt fait de la mettre en position de n’avoir plus que le D2V en commun avec ladite psychanalyse, au point qu’elle prit secondairement un autre nom.

Cette expérimentation fut initialisée par un spiritualiste hindou, scientifique de formation, diplômé de physique. Un swami, Prajnanpad, qui étudia Freud à partir de 1930 et appliqua sa technique dans le contexte du Vedanta et de son engagement spirituel. En pratiquant ses consultations dans le principal courant philosophique et religieux hindou, il continua à les nommer ‘psychanalyse’. Il demandait à ses consultants de s’allonger à la manière freudienne et de formuler librement leurs associations libres de pensée ; pendant ce temps il se tenait assis pour les écouter. Il ne nommait pas ses patients ‘clients’ ; dans son contexte il s’agissait de disciples. Ils furent peu nombreux mais en 1960 l’universitaire français Daniel Roumanoff l’a rencontré et entreprend de faire écho à son expérience. Prajnanpad devient son maître et ainsi débute le projet de diffuser en France son enseignement. Une quinzaine de personnes furent alors formés et c’est à cette occasion que le processus de dénomination fut engagé de manière à ce qu’émerge une expression singulière du D2V.

V2C2.10.10
Une terminologie distincte nécessaire

Il ne faut pas rater l’occasion de remarquer quelque chose qui peut être essentiel. Il apparaît immédiatement qu’avec cette expérience orientale du D2V, nous rencontrons un mouvement apparemment semblable à ce qui s’est passé, de la psychiatrie à la psychanalyse,lorsque Lacan jeune psychiatre a découvert Freud ; ainsi Daniel Roumanoff s’est rendu en Inde pour découvrir Prajnanpad.

Roumanoff est ensuite revenu en France, ramenant en Europe ce qui y avait été un moment déplacé dans la spiritualité védantique. Si l’on peut penser que Freud, de formation scientifique comme Prajnanpad avait pour origine un milieu quasiment spirituel, versé dans la culture biblique et la kabbale, nous avons un ensemble d’éléments dont les coïncidences pourront ultérieurement être utiles si jamais la psychanalyse lacanienne réintègre un jour la psychiatrie comme la psychanalyse de Prajnanpad revenant en Europe.

V2C2.10.10.10
Le sitting

Le traitement critique de la nomination se montra à l’occasion de ce retour. Prajnanpad disait qu’il faisait de la psychanalyse. Il en divergeait par la figure qu’il tenait, s’identifiant, comme de tradition chez lui, au maître ou gourou ; et en divergeait encore en insistant moins sur la séance tenue par le patient qu’il ne soulignait ce qu’il faisait, lui, c’est à dire écoutant en position de veille. Il soulignait sa participation et nommait la séance un ‘sitting’. En dehors de ces distinctions, le reste de cette pratique était identique à celle de Freud : l’analysant allongé formulait librement ce qu’il pensait, le gourou écoutait, assis, en intervenant le moins possible.

On y trouve le dispositif d’une vocalisation en décubitus, c’est à dire en position horizontale écoutée en position croisée, verticale, induisant les effets neuro-physiologique résumés selon le chiffre D2V. La suite va permettre de distinguer une partie idéologique de la psychanalyse freudienne ; ce qui avait toujours été ignoré ou imperceptible du fait de n’avoir pu être ni nié ni affirmé. Éventuellement nommée relation maître-disciple dans un cas, nommée transfert dans l’autre – s’inscrivant l’une et l’autre dans un plus large contexte culturel distinguant Orient et Occident, ces expériences fournissent l’excellent exemple d’ « une affirmation qui se contredit » pour établir sa fonction signifiante.

V2C2.10.10.20
Le lying

A l’occasion de cette station en Inde, l’exercice devint un séjour. Il put être ramené en Europe. Les européens qui s’en chargèrent ajoutèrent à leur pratique l’affirmation qu’elle n’était ni de mode, ni de culture mais qu’elle était spirituelle. Selon eux, la nature de cet échange de parole et d’écoute devait en être tellement changée qu’il n’était plus possible de la nommer du terme initial. Sans pour autant qu’ils estimassent devoir définir ce qu’ils avaient jamais entendu par ‘psychanalyse’ ils revenaient à présent en leur terre avec une pratique qui devait porter un autre nom.

On lit que j’écris avec d’extrêmes précautions ce qu’il faut décrire de subtil en l’opération de ce traitement du signifiant. Pour qui a suivi l’opération et qui connaît le D2V ces précautions seraient inutiles : tout pourrait être décrit comme une unique et simple pratique du D2V. Mais si ce fut le cas, ce fut en tous cas inconsciemment que les psychanalystes et les initiés védantistes en faisait usage. Comme des architectes ambitieux, ils pensaient faire autre chose qu’une simple construction de briques. C’est donc dans l’ignorance, voire le refoulement de ce qu’ils faisaient naturellement que les uns et les autres entreprenaient de ‘dire’ ce qu’ils faisaient.

Quand Roumanoff revint en France avec l’enseignement de Prajnanpad, il donna un nom spécifique à ce qu’il faisait. Il s’appliqua à ériger un caractère essentiel du dispositif. Puisqu’on ne pouvait cacher qu’on y parlait couché, il choisit un nom qui le signifiait. Et comme la méthode venait, sinon revenait, d’Inde, il le dit en anglais ; parce que cette langue est usitée en Inde et parce que Prajnanpad en faisait usage. Roumanoff et ses associés choisirent le nom signifiant ‘allongé’, ‘couché’, ‘étendu’ : lying en anglais.

Ainsi en France la psychanalyse viennoise revint d’Inde et en anglais, sous un autre nom !

V2C2.10.10.20.10
Dépôt légal de dénomination

Or ce jeu de langue qui peut paraître sans importance n’est pas seulement dicté par les circonstances. Il traduit d’abord qu’on ignorait, comme Monsieur Jourdain faisait de la prose sans le savoir, qu’on faisait du D2V ; mais ensuite il ajoute quelque chose qui va cacher encore – comme la surface de l’océan scintillante, paraît lumineuse, cachant l'eau des profondeurs – tel est le signifiant à l’œuvre(pour laisser voir et ce qu’il cache et comment il brille : )

Pour nous délier un peu la tête et voir l’enjeu, rappelant que lorsque le bourgeois gentilhomme est un malade imaginaire, Jourdain s’appelle Argan, on voit mieux l’éclairage des hautes valeurs de la spiritualité dont se chargeaient les théoriciens revenant d’Inde, et revenant sur la tromperie de l’analysé arguant d’être malade... Ce n’étaient plus des névrosés mais des esprits valeureux qui passaient le Jourdain ! Mais pour ne pas digresser trop sur les passages divers du D2V comme l’Arche l’égendaire éxilé de la psychiatrie et revenant en Europe, rallions-nous la tête à la réalité :

Roumanoff enregistra le terme de ‘lying’ au titre d’appellation déposée, pour définir ce qui «doit demeurer consacré à une transmission relevant de Swami Prajnanpad et faisant partie de l’ensemble de son enseignement » (selon A.Desjardins/Roumanoff déposant).

Que reste-t-il alors de la psychanalyse, sous le label Lying ? et respectivement la psychanalyse est-elle autre chose que le lying si elle est réductible au D2V ? Avec cette compétition nous semblons perdre le sens des choses ; mais ce n’est que pour mieux les objectiver – nous allons voir comment et simplement :

V2C2.10.10.20.20
Transfert et émotion

Si le Lying est devenu une partie de l’enseignement de Prajnanpad, lui-même partie du Vedânta ou religion des Védas, on sait que la psychanalyse en diffère parce qu’elle fait usage du transfert au lieu de la relation Maître-disciple. On sait aussi que le Transfert est l’appellation de la névrose de transfert, découverte par Freud et qui traduit la relation maître-disciple, comme la religion était, selon Freud, une névrose traduisant la culpabilité de l’être humain vis à vis de son prochain.

D’autre part, suivant l’appréciation des lyeurs eux-même en pratique et en exercice, le Lying s’est avéré évoluer vers la version du freudisme que l’on attribue à Wilhelm Reich et qu’on nomme de nos jours la Bio-énergie ou le Cri Primal. Présentée sous cette forme elle ne s’adresse pas à des malades à priori, mais qu’elle s’exerce au motif de la spiritualité.

Avec ces ultimes remarques, nous retombons toujours sans réponse sur l’énigme qu’aurait été le besoin de distinguer de la psychanalyse autre chose puisque d’une part rien ne l’en distingue (!) et d’autre part on ne sait ce qui empêcherait qu’on applique la psychanalyse à des malades pour un motif spirituel. Pourquoi Roumanoff de retour d’Inde n’a-t-il pas simplement dit à l’instar de Prajnanpad qu’il pratiquait la psychanalyse au motif du védantisme ? L’enquête à ce point ne fournit aucune réponse satisfaisante. Elle ne peut que constater que la pratique du D2V à l’issue de cette expérience s’est réclamée de deux appellations.

Puisqu’aucune des deux ne pratiquait en conscience, c’est à dire précisément, le D2V, cette enquête n’a de recours que le langage, la nomination – sans espoir à ce point d’éclairage scientifique, c’est à dire d’argument de code ni de chiffrage. On sait que dans le cas d’un refoulement le langage continue à fournir beaucoup d’indications sur ce qu’il refoule. Comme un tissu qui recouvre quelque chose et qui fait une bosse, le langage à proprement parler souligne, plutôt qu’il ne cache ce qu’il refoule. C’est ce qu’on appelle un symptôme, qui commence par sur-signifier ; on l’a vu par la nécessité de déposer l’appellation Lying, substitut de la nomination psychanalyse. Mais au-delà de cet appel qui ‘fait bosse’, le symptôme se fait encore remarquer par des plis, rides et froissements. C’est là où on trouve les calembours, les jeux de mots, les rébus du langage qui n’a en lui-même que ces moyens pour souffler la vérité.

V2C2.10.10.20.30
Le jeu des mots ment alité

En l’occurrence le symptôme ici souffle fort. J’ai passé du temps à détailler l’alambic de circulation de la psychanalyse à travers les pays et les langues pour distiller le concentré le plus parlant qui soit pour quiconque connaît l’anglais outre la seule définition que rapportèrent les français d’Inde. Même le dictionnaire qui est bête comme tout, sait que, aussi bien qu’ ‘allongé’«I am lying » signifie: je suis en train de mentir.

Comment mieux faire ?! Comment plus spirituellement porter sur la langue la condition du signifiant qui ne se qualifie que par la négation ? Lorsque quelques paragraphes plus haut j’annonçais cette règle selon laquelle les pratiques du D2V ne pouvaient être que des mascarades qui toutes signifient le D2V en le déniant. Nous vérifions cette règle, par la pratique qui, sous la couverture ‘couchée’ (‘lying’), elle-même prononce ‘je mens’ !

C’est un aveu d’une telle précision que nous reconnaissons une authentique confrontation au langage. S’il s’agissait déjà d’une science, le chiffre, D2V, serait déjà dévoilé et ne serait que nié ; mais nous en sommes au prélude et ce chiffre le signifiant l’affirme.. en affirmant sa négation.

Il peut arriver par détour que des passages de ce texte soient sidérants. Du moins pour ceux à qui je m’adresse et qui ne sont pas spécialistes, le pauvre langage chargé du ‘je mens’ a bien du mal à affirmer la négation qu’il porte – exactement comme l’oiseau porte sous lui l’ombre qu’il projette au sol du soleil (et que le soleil ne voit pas). Affirmer que l’on nie forcément n’est pas à prendre à la légère mais une ombre ne pèse pas lourd. On saisit quand on y réfléchit, les contorsions que notre cerveau doit prendre pour entendre notre image que nous rend le miroir comme cette ombre de l’oiseau dire ‘je mens’. Ces contorsions font à l’image grossière de leurs circonvolutions les zones linguistiques du cerveau. Encore quelques paragraphes plus haut – en l’article 2.0.40 – je décrivais le progrès du chiffre au code. C’est pourquoi j’apporte avec sa précision son secours et que, parti de Vienne et revenu d’Inde, le je mens rabattu sur la prétentieuse psychanalyse signifie pour le mieux je m’en tire.

Ce n’est pas moi qui me défausse ; les jeux de mots d’un ‘langage-qui-parle’ ne doivent pas distraire de qui ou quoi est l’épingle qu’il tire. Il est vrai que tout cela est dit pour rire, si l’on comprend bien ce que l’on cherche par un moyen de gai rire.

Il faut encore remonter plus haut – article V2C2.0.30.10 – où j’ai rapporté que le meilleur signifiant est une maladie. Le parcours de Roumanoff semble déprécier la psychanalyse. Il suggère que la psychanalyse soit un mensonge caché et qu’il dirait la vérité, lui qui le dénonce.

C’est une merveilleuse opération de signification. En plaçant la psychanalyse du côté de la maladie, il ne croit pas si bien dire : il en fait un remarquable éloge – et l’éloge également de son périple, et de son gourou qui l’autorisa à signifier si bien que toute quête première de la spiritualité aboutit à la maladie et qu’il n’y a qu’à partir des maladies – éventuellement en les soignant – que l’on fasse quoi que ce soit de spirituel.

Notre but est à la fois simple et compliqué. Pour avancer, il suffit de mettre un pas devant l’autre, sans même penser à ce que l’on fait, et en même temps il nous faut assimiler tout ça à l’occasion de haltes. Nous devons réfléchir sur une pratique qui s’est réfléchie en revenant sur elle-même. Ce retour sur soi d’une extension de la psychanalyse a provoqué une déchirure : Partie d’Occident elle revient d’Orient en reniant ses origines. Mais ni au départ ni à l’arrivée n’est identifié le D2V qui demeure la cause commune et constante au long du parcours. Seul fut parlant le symptôme, comme un lapsus : un label déposé au nom de la vérité qui signifie ‘Je mens’.

V2C2.10.10.20.40
Le fruit du divorce entre Lying et Psychanalyse

J’ai abouti à montrer que le Lying était ni plus ni moins que la psychanalyse qui s’éclairait, s’avouant à tort ou à raison, déclarant être mensonge ; ou tout au moins que ce qu’on profère allongé sur son divan revient à mentir.

En gagnant une connaissance d’elle-même, la psychanalyse telle qu’on l’entend en Occident semble avoir gagné la partie. Elle s’éclaire mais cette connaissance est un handicap. Admettre que l’on est menteur est tout de même loin de gagner la vérité – sa seule justification tenant à accepter l’idée d’être malade. Tout au plus en terme de gain a-t-elle gagné la défaite de son parti adverse – ayant révélé le Védantisme comme une religion, quant à elle incapable de se savoir malade, c’est à dire paranoïaque.

C’est une victoire plutôt terne, qui s’assombrit lorsque l’on interroge les psychanalystes.

Tant que l’attention s’est portée sur le trafic d’appellation animé par un minuscule exode indou du freudisme revenant déposer un label qui signifie mensonge, on peut comprendre à l’analyse et contre l’avis de ses animateurs, que le Lying, c’est de la psychanalyse. Mais si alors on interroge les psychanalystes, ils relanceront le doute en affirmant le contraire ; à savoir que la psychanalyse, ce n’est pas du Lying.

Cette réfutation ne tient pas à la honte de mettre en scène un mensonge. La psychanalyse est tout à fait capable d’assumer cette charge. Mais ce n’est pas non plus une simple contestation qui annule le débat. C’est bien un rejet qui l’enfonce. On le comprend quand on revient à l’histoire interne de la psychanalyse, lorsqu’elle abandonna Wilhelm Reich :

J’ai mentionné [V3C1.20.20.0.0.20] que Reich mourut en prison quand la communauté psychanalytique aurait pu le sauver. Elle était assez puissante pour cela. Cet abandon indiquant que la pratique reichienne n’était pas reconnue est ici particulièrement décisif. Lorsque poussés dans leur dernier retranchement les promoteurs du Lying concèdent une ressemblance avec la psychanalyse, c’est sous la forme de la bio-énergie, et cri primal, c’est à dire principales expressions admises de la psychanalyse reichienne. L’épisode reichien indique donc que la psychanalyse ne se reconnaît pas dans le Lying ; et nous obtenons la stricte condition où ni l’un ni l’autre bord de l’extension déchirée de la pratique freudienne ne se reconnaisse dans l’autre.

fig.C2.20 : exergue du chiffre

Ces circonvolutions logiques et historiques que la psychanalyse a présentées au cours de son développement montre à l’analyse comment fonctionne le signifiant : puisqu’une lettre, un mot ne peut pas être la chose qu’il prétend désigner (le mot ‘arbre’ n’est pas l’arbre dont il provoque l’imagination) il doit, comme un échafaudage se monter puis se démonter. Ainsi lorsqu’il inaugure quelque chose d’inconnu (en l’occurrence D2V) doit-il d’abord se prétendre en l’ignorant (en l’occurrence psychanalyse) puis se démettre (en l’occurrence lying : couché, je mens). Ainsi le langage parvient-il à faire ses découvertes, à l’image des galets, roulés et façonnés qui deviennent accessibles quand le courant est asséché. Les tourbillons actifs du courant et de l’eau sont ces reflets changeants que présentent l’un contre l’autre ‘Psychanalyse’ et ‘Lying’.

C’est une étape préparatoire ; le Lying n’a pas eu une large audience. Il faut le considérer comme un épisode de laboratoire qui aura isolé et dépouillé le D2V de ses alibis idéologiques. Mais cette objectivation aura été utile, sinon nécessaire pour aborder à présent un autre exercice inconscient dudit D2V, beaucoup plus considérable en terme de développement et d’influence et donc émotionnellement troublant et éventuellement dérangeant.

V2C2.20
Dianetique

V2C2.20.10
Historique

Je rappelle que ce que j’appelle D2V est une formule, un appareil. Il s’agit du conciliabule entretenu à deux, l’un étendu parlant, l’autre d’aplomb écoutant. Il existe des états de la société où les réunions à plus de trois ou quatre personnes sont interdites. On peut imaginer selon certaines circonstances sociales que le D2V soit interdit, ou au contraire prisé, recommandé, institué. Il ne s’agit pas de quelque chose de symbolique mais d’un mode de communication objectif et très singulier.

Les efforts que nous faisons pour extraire de manière objective cette condition physique et matérielle sont motivés – parce que si la promesse psychanalytique est juste et si l’être humain peut trouver un accès à une détermination inconsciente de ses actes ou de ses pensées, c’est d’une entreprise et d’une importance considérable. Elle n’est pas moindre que l’extension de la vie à d’autres terres que la théorie copernicienne a permis de penser. C’est une des raisons pour lesquelles les scientifiques, sont usuellement très critiques sur la nature de la psychanalyse en arguant que du fait qu’elle n’est pas une expérience répétable, elle puisse être une science.

Même si l’argument est contestable, il est soutenu avec une telle certitude par la plupart d’entre nous, qu’il faut évaluer effectivement les possibilités ou impossibilités de renouveler l’expérience de la mise en pratique des conditions freudiennes dans une population vierge de tout préjugé et de connaissance.

Étant donné que la réputation veut que ce soit impossible, avant d’envisager un moyen de soumettre actuellement sur terre une population au D2V sans que l’on ne prétende en rien ni jamais l’associer à la psychanalyse freudienne, nous devons nous armer d’une fiction.

V2C2.20.10.10
Fable de Performa

Voici donc le bâtiment cosmique, un fringant navire spatial nommé Le Sociotrope qui approche la planète Performa après qu’il ait traversé les trois-quart de la galaxie. C’est une mission terrienne chargée de vivres neuroleptiques pour enrayer une famine mentale ; ce n’était pas la première mission que l’équipage du Sociotrope avait mené à bien. Ce sont de sacrés gaillards. Arrivant dans le voisinage de Performa les instruments découvrent que quelque chose d’imprévu vient de se produire sur cette planète qu’on s’attendait à découvrir en ruine en craignant d’arriver trop tard.

Des planètes trop vite construites avaient souvent dégénéré dans d’effroyables guerres civiles. Les terriens s’étaient fait une spécialité de ramener la paix dont ils s’estiment connaisseurs. A l’approche de Performa, le capitaine qui était devenu fou avait déclaré qu’il détectait des flux d’orgone surabondants. Mais les plans de sauvetage avaient prédit qu’il ne devait plus en rester la moindre effluve. La biologiste Akki et son assistant Onlapheppa avaient écarté la possibilité que ce fut un OGM mutant qui se serait propagé. C’était arrivé une fois dans l’histoire ; un savant du Tout Empire en croyant aggraver la situation pour assainir les dettes d’une tour Demalades, avait crée par hasard une bactérie Tourista Generosis qui avait propagé un Tsunami de béatitude fatale. Tout le monde avait migré sur les plages et s’était livré à l’empire du Nirvana. Cette civilisation s’était éteinte par surabondance d’orgone Type N, économiquement nulle. Or ce n’était pas ce qui arrivait à Performa dont le spectre chromosomique n’était pas altéré.

Nulle invasion ni appel à l’aide n’étaient détectés. Craignant un piège le Sociotrope mouilla dans un système stellaire proche en envoyant des robots puces afin de résoudre l’énigme. Au bout d’un siècle le résultat rapporté par ces drones rejetait toute explication connue ; l’Intelligence Artificielle du Sociotrope elle-même fut menacée du même diagnostique que son capitaine maintenant mis en cage. Ses circuits neurofictifs déclaraient que les Performants avait pris l’habitude, l’un ou l’une de parler allongé à son voisin ou sa voisine qui écoutait en se tenant assis derrière elle. Aucun autre élément n’était détecté. Cette activité était entrée pour la première fois en action dans un quartier de la région ad-Vienne – que Pourra, un chef de bande et son arc avait pris pour signe distinctif de sa tribu. Le cerveau du Sociotrope dénomma ‘DV’ ce croisement décubitus et verticalité. Il relevait que ce mode de communication s’était propagé de manière inexplicable.

Encore un siècle d’observation et le Sociotrope reçut la nouvelle qu’on voyait le même phénomène se produire ailleurs dans la galaxie. Un Comité de psychiatres experts fut rassemblé et consulté mais il devint fou. Il nécessita un traitement par génie génétique que le professeur Doc Inn’s inventa à cette occasion. A l’issu d’un traitement de quinze jours consistant à absorber douze fois 500mg par jour de mémétique pure, le Comité put rendre un verdict. Performa avait inventé une nouvelle unité de propagation et, sans qu’on comprit encore comment elle pouvait avoir tant d’effet sur son environnement, il fut admis qu’un dispositif, ni plus ni moins identifiable qu’une disposition pouvait être assimilé comme un agent épidémiologique. Sa seule caractéristique qui en faisaitla différence parmi toute autre était son résultat. Les organismes contaminés entraient en communication intelligible avec la sphère cybernétique. Doc Inn’s fut remercié, ce qui lui donna du temps pour écrire un livre sur une nouvelle philosophie nommée Même Ethique dont la vente lui permit d’acheter un pavillon sur Performa.

Dans un autre espace temps l’épisode Performa fut recensé parmi les phénomènes historiques. Certains aspects politiquement occultes de l’affaire furent dévoilés après le laps de prescription nommé mémoire, en livrant certaines explications : le Sociotrope avait été affrété par le consortium pharmacologique Neuropaix. Il s’agissait d’un des plus anciens consortiums de l’espace, et la Terre était restée son principal actionnaire. Quant à la sphère cybernétique, de découverte plus récente, elle avait été réputée si dangereuse qu’elle avait été classée Secret Militaire. Tandis que les Terriens passaient en tête des producteurs de neuroleptiques spécialisés dans la paix, la sphère était devenue invisible.

L’option stratégique des drones avait réuni Neuropaix et les organisations militaires et ce fut par ces opérations conjointes que la pénétration de la sphère eut lieu. C’était un échec pour l’organisation du secret mais comme il n’avait pas été prévisible, Neuropaix eut gain de cause et l’heureuse solution de Performa fut blamée, condamnée à déclaration de révélation. Sa découverte fut soumise au régime d’Eglise. La religion allait devenir le campement de base de la Même Ethique. Il passa rapidement de l’état de campement à celui de retranchement.

V2C2.20.10.20
De la fable à la fiction

Certains lecteurs auront déjà reconnu les acteurs et les situations de la fable. D’autres profiteront de la surprise pour l’exploiter dans des conditions d’inventivité. Par exemple aura-t-on reconnu dans le couple Akki-Onlapheppa ce chercheur hindou et sa parèdre française qui avaient initié près de Pondicherry une autre fable titrée Les Enfants du Soleil à partir d’une propagation semblable à celle du DV sur Performa. Ce couple fondateur d’Auroville en l’occurrence dessinait cette épidémie par le vecteur de l’adolescence, selon des lois que le fils de Thoth Leary, le Prof. Tim Leary, malheureux candidat à la présidence des USA durant les années 1960, avait nommé paedomorphose.

On aura aussi reconnu le professeur Richard Dawkins [C2.0.30.20], darwinien de réputation mondiale et créateur en 1976 du concept de réplicateur – tiré du grec « mimeme » signifiant racine. En anglais Dawkins a nommé le réplicateur ‘meme’ , lequel traduit en français allant bien à être écrit : mëme. D’abord identifié comme un gène, le mëme de Dawkins promu dans le domaine des idées se répand dans la psychologie collective comme dans l’Intelligence Artificielle. Un adepte de Dawkins pourra ainsi dire qu’« un mëme fertile dans mon esprit parasite littéralement mon cerveau, le transformant pour la propagation du ‘même’, exactement comme un virus peut parasiter le mécanisme génétique d’une cellule hôtesse ». Ces généticiens devenus théologiens ont ainsi développé une conception unifiée du gène et de l’idée, égalisant matière et concept, c’est à dire ouvrant malgré tout entre ces deux extrêmes une place au concept réplicateur, mëme, DV ou D2V (voir également [V2C2.30.20.20.20] ) .

Mais certains lecteurs savent déjà que la fable de Performa était moins un allusion qu’une stricte transcription d’un phénomène qui s’est produit et se déroule actuellement en cours, non sur une planète lointaine mais ici sur terre. La transcription par une fable trouve sa raison dans le fait que cet événement réel trouve son origine dans un exercice littéraire de science fiction, dont l’origine date de 1950. C’est aux États-Unis que ce texte a été publié, ajoutant aux modèles classiques de la littérature Science-Fiction qui comptent l’invasion par des extra-terrestres, les catastrophes naturelles, la prise de possession du monde par des dictateurs ou des machines, instruments ultra-modernes, téléportations etc.. et bien sûr l’épidémie d’une maladie dévastatrice ou l’apparition d’un mutant.

L’idée d’un réplicateur bénéfique ne peut s’entendre que si l’on considère que notre espèce est malade. Durant les cinq années qui suivirent les cent cinquante mille morts instantanés d’Hiroshima et Nagazaki un certain nombre des premiers cybernéticiens dont le fondateur Weiner et le populaire Asimov envisageaient cette éventualité. Un autre militaire, écrivain et thérapeute ébranlé dans ses convictions, écrivit pour le magazine Astounding Science Fiction une description d’un dispositif réplicateur et thérapeutique. Il s’agissait d’un mëme, ni biologique ni extraterrestre mais d’un dispositif qui consistait à mettre deux individus dans un protocole de communication particulier. Rapidement ce ‘propagateur’ devait se propager, comme une épidémie de guérison.

En date de 1950 on observa d’abord que ce fut l’article de science fiction qui se propagea ; il était doublé d’un livre dont la vente fut rapidement croissante ; ce livre décrivait en détail le protocole de ce mëme. Avec ce manuel, il ne s’agissait plus de science fiction, mais d’une expérience appliquée. Très vite l’ambiguïté cessa. Le mëme se développait réellement dans la société et son succès fut si grand qu’il avait dépassé la fiction. Ses promoteurs et les agences de publications l’identifièrent alors comme une philosophie.

On lui avait donné un nom – celui de Dianétique. Encore quelques mois passèrent et il fallut à nouveau prendre acte d’une proagation croissante. Dépassant la philosophie sociale, une dimension pratique et économique était atteinte. Elle dût être alors identifiée comme une religion. Il s’agit aujourd’hui de la Scientologie qui depuis et à ce jour a rassemblé un nombre très discuté d’adeptes, mais peut-être dénombrables par millions.

V2C2.20.20
Dianétique et Psychanalyse

J’ai donc d’abord présenté comme une fable la réalité de cette ‘fiction’ qui est devenue l’histoire de la Scientologie qui est aujourd’hui mondialement connue. La première particularité qui se signale est la notable indifférence de la communauté psychanalytique à son égard ; on peut la mesurer au détail des évènements. L’auteur qui publiait régulièrement dans Astounding Science-Fiction est L.Ron Hubbard. L'article de 1950 avait été annoncé depuis plusieurs mois par le rédacteur en chef qui le présentait comme un travail scientifique important. Dans le livre Dianétique : La science moderne de la santé mentale, qui parut à la même époque Hubbard déclarait avoir identifié la source des maladies psychosomatiques. Quelques mois plus tard il connut un succès si rapide que des « clubs de dianétique » se créèrent un peu partout aux États-Unis pour expérimenter le protocole mëmétique décrit par Hubbard et présenté sous la forme d’une approche scientifique et rationnelle de la psychologie. Dès ce moment, l'association psychiatrique américaine exigea que la dianétique soit soumise à une enquête scientifique. La psychanalyse, elle, n’y porta pas attention.

Hubbard avait appelé son réplicateur ‘méthode d'audition’. Cette méthode s’insère dans une société humaine malade et se propose comme un protocole susceptible d’éclaircir les ‘mentals’ dans une société obscurcie. La remarquable observation que l’on peut faire est la suivante : la ‘méthode d’audition’ dianétique est un mëme qui puise tous ses concept et ses formes de la psychanalyse, et d’autre part sans jamais la nommer. Le tableau peut être vite brossé et il est édifiant : la dianétique assume la théorie de l’existence d’un mental analytique et d’un mental réactif – dont les descriptions relèvent presque à l’identique de celles du moi et de l’Inconscient. S’y ajoutent d’éventuels traumatismes stockés avec charge émotionnelle comme dans la description freudienne. Gardés par une cuirasse comme dans la description du psychanalyste W.Reich, il s’agit d’ ‘engrammes’ (écrit avec deux ‘m’ en dianétique) qui absorbent l’énergie du mental analytique qui devient celui d’un ‘aberré’ selon les termes de Hubbard, lesquelles correspondent sans défaut à ce que la psychanalyse appelle un ‘névrosé’.

Fait suite la recommandation selon laquelle un aberré devenant aberrant – comme on dit en psychanalyse analysant – doit s’allonger et s’adresser à voix haute à l’écoute d’une personne assise qui n’est autre qu’un ancien aberré préalablement mis-au-clair. L’aberré ainsi disposé exprime librement ses engrames les pensées qui résonnent en lui. Il devient l’aberrant du mis au clair capable suivant sa formation de réaliser un audit, à partir d’un fauteuil où il se tient assis silencieux.

Selon la Dianétique, il suffit de suivre cette technique et naturellement l’aberrant remontera dans son passé. Par nécessité, il achèvera ni plus ni moins ce qui est exactement la Psychanalyse qui avait cours dans les cabinets de psychiatres et psychologues des Etats-Unis depuis le voyage de Sigmund Freud aux USA en 1909, aboutissant à la présidence américaine du classique Institut de Psychanalyse en 1950.

C’est donc au moment où la Psychanalyse s’établissait institutionnellement sous la direction des USA que la Dianétique s’y développa ; les deux écoles ou méthodes effectuant exactement les mêmes rituels ou protocoles chacune ignorant parfaitement l’autre – aucune ne parlant de l’autre.

V2C2.20.20.10
Prévention

Il arrive encore aujourd’hui que des psychanalystes mis devant le fait de cette similitude paraissent tomber des nues. Comparer la succession de Freud à ce que beaucoup appellent secte, et à ce qui se réclame être une religion paraît tellement inconcevable qu’il n’y a pas lieu de prendre la peine de la moindre évaluation.

Ce dédain, qu’il soit noble ou honteux est une des raisons pour laquelle la Scientologie peut exister sans faire aucune allégeance à l’initiative de Sigmund Freud. Cependant, à partir du moment où l’on distingue un organite social ou une formule répliquante avec suffisamment de précision, il faut tenir compte de son fait ; en l’occurrence s’agissant du critère objectif du D2V, il n’y a aucune contestation qu’il s’agit d’un dénominateur commun entre les deux. Si par-dessus cela il se démontre que ce simple D2V peut à lui seul constituer un opérateur agissant, suffisant à générer une propagation que soutient le concept de répliquant, de mëme et sa théorie mémétique – il est difficile de banaliser l’hypothèse qu’il soit à la cause tant de ladite Psychanalyse que de la Scientologie. A partir de là il sera plus facile de distinguer en quoi la Psychanalyse diffère de la Scientologie et les psychanalystes s’en tiendront mieux que de se défausser par l’idée qu’ils ne sont pas du même monde.

Nous sommes donc conduits à une éventualité tout à fait inverse. Le démon de la connaissance et le souci de savoir ne rencontrerait aucun obstacle en soi. L’effort d’extirper un objet mécanique objectif tant du Lying que de la Psychanalyse que de la Dianétique ne serait d’aucune valeur, car il n’y aurait aucune difficulté à le distinguer. La moindre action en ce sens serait néanmoins vaine si, au lieu que l’objectivation soit exigeante, elle ne serait ignorée que parce que quelque chose, indépendant d’elle y ferait obstacle. Autrement dit, Lying, Psychanalyse et Dianétique seraient au contraire de son émulation, trois entreprises toutes trois intéressées à refouler, travestir et s’opposer à l’exercice conscient du D2V.

Aucune des trois entreprises ne trouverait avantage à déclarer à sa cause le D2V, préférant toutes, autant le Lying que la Psychanalyse que la Scientologie, développer une idéologie. Ceci est déjà avoué par le Lying qui réclame qu’il est culturel ou spirituel, par la Scientologie qui déclare être une religion et offert à la Psychanalyse par une multitude d’esprits rationnels qui refusent d’y voir une science.

Dans ce cas le précautionneux travail accompli durant le 1er chapitre par la mise à jour des relations entre la psychiatrie et la psychanalyse au regard des nouvelles technologies (‘Expérimentation NASA’) puis au cours de la première partie de ce second chapitre par l’expurgation que l’expérience Lying a permise de la Psychanalyse, risque d’être aussi vain que de déchiffrer la Dianétique. Aucune communauté parmi celles-là qui ont écumé les lots des caractères attirés par la mystique, la laïcité ou le clergé ne collaborera à cette analyse. Il n’y a qu’une quatrième communauté d’intérêt que l’on dit scientifique, sur laquelle cette investigation pourrait espérer un appui ; mais on peut douter qu’elle soit à la pointe des classes de la psychologie. Peut-être ne reste-t-il que la psychiatrie qui puisse être motivée à porter son attention sur l’objectivation d’un mécanisme autonome, objectif et doué de propagation – même s’il n’est pas si évidemment rentable que la pharmacologie, il se pourrait qu’il vienne à jouer avec une économie informatique de la santé. Sa précoce demande d’enquête sur la Dianétique serait encourageante en ce sens- auquel cas j’aurais quelque raison de pousser cette investigation. En marge d’alibis mercantiles ou de prestige sans grande importance, une communauté scientifique me suivrait où elle mène.

V2C2.20.20.20
Clinique

Avec ce critère – le D2V objectif présent à la fondation de la Dianétique, nous pouvons prendre la mesure de l’expression signifiante qui a soutenu, couvé puis habillé ce chiffre. Comme le Lying l’a suggéré, nous avançons avec la Scientologie jusqu’à une suggestion redoublée que c’est par l’effet de subjugantes dénégations que le D2V peut être transporté ou activé.

L’analyse a été faite du symptôme que le Lying traduisait dans son nom propre, en signifiant ‘mensonge’. Elle a aussi montré que les efforts qu’elle faisait pour s’en distinguer, la dressait comme la dénégation de la psychanalyse – c’est à dire ce qui s’affirme être la chose qu’elle nie. Les mêmes débordements sont notables à l’examen de la Dianétique. Son absence de référence à la psychanalyse dont elle a tout imité est de l’ordre d’un signifiant symptôme.

La clinique de ce symptôme se trouve dans les descriptions de sa méthode. Quand il décrit sa manière de procéder Hubbard répète chaque séance en installant un annulateur. Il s’agit d’une formule (une phrase à dire ou à entendre) comme celle que les hypnotiseurs utilisent pour contrôler les suggestions. Ensuite, une fois la personne allongée, l’auditeur dianétique compte un certain nombre de fois en annonçant au patient à quel moment il fermera les yeux. Au bout d’un certain nombre d’inductions le travail de retour dans les années de l’enfance commence. A l’issue de la séance, en prononçant l’annulateur, le signal d’un claquement de doigts achève le réveil.

En décrivant cette façon de faire dans son Manuel de Dianétique, Hubbard déclare et prévient qu’il ne s’agit pas d’hypnose. Il affirme et répète que la Dianétique a abandonné l’hypnose. Mais la situation est comparable à celle d’une personne qui monterait sur une bicyclette et qui pédalant et tenant en équilibre dessus tout en avançant déclarerait « j’ai renoncé à faire de la bicyclette ». Autant dire qu’à l’instar de la vérité qui dit « je mens », la Dianétique exploite le puissant facteur d’induction que constitue la dénégation ; à tel point que dire « nous ne faisons pas d’hypnose » commence à induire celle-ci.

Il est vrai qu’au bord du processus hypnotique engagé, Hubbard explique que le dianéticien insère une formule supplémentaire : « Vous êtes conscient de tout ce qui se passe, vous serez capable de vous rappeler de tout ce qui est arrivé ». Mais ceci ne parvient pas à déjouer l’hypnose précédemment engagée et de ce fait, si la dianétique ne plonge pas dans la perte de conscience de la transe, c’est qu’inversement elle élève le degré de l’inconscience jusqu’au niveau du conscient. Si un ascenseur ne descend pas alors qu’on change d’étage – qu’on le veuille ou non et d’autant plus saisissant si c’est difficile à croire – c’est l’immeuble qui a monté ! Ainsi, en restant conscient de tout ce qui se passe, dans un état hypnotique, cette conscience est celle de l’hypnose collective qui s’élève. Il s’agit de la transe que l’on trouve dans la foule où l’on reste conscient de tout ce qui se passe.

En continuant à faire l’examen clinique du Manuel pratique et de présentation Dianétique, on trouve toujours dans l’ordre des dénégations, une exceptionnelle allusion faite à la psychanalyse. Il y est affirmé que ses sessions d’hypnose consciente dianéticienne arrivent en « quelques dizaines d’heures » au résultat de deux ou trois ans de psychanalyse. Frappé par cette assertion forte, si le lecteur poursuit il lira que la dianétique peut mettre au clair un aberrant en moins de « mille deux cents heures » ! et terminer le paragraphe en lisant que finalement « il est impossible d’estimer combien de temps il faudra pour mettre au clair un patient ». Cas de le dire, durant cette ‘mise au clair’ néanmoins l’affirmation première persiste et l’impression que la Dianétique diffère de la Psychanalyse demeure.

Toujours dans le manuel de Dianétique, on puise un troisième exemple clinique en revenant à la dénégation de l’hypnose : les allusions à la psychanalyse sont encore effacées quand Hubbard explique que « l’hypnotisme entraîne un transfert, une énorme responsabilité de la part de l’opérateur et d’autres inconvénients dont la Dianétique s’est débarassée. » Or si le terme de transfert peut-être employé dans ce cas, il ne peut faire défaut à la nommination par la psychanalyse qui est la première méthode à l’avoir ainsi distingué dans tout le domaine de la psychologie. Précisément, le transfert, tel que le mot fut introduit par Freud, est ce qui se produit au moment où l’on renonce à l’hypnose.

Ce troisième extrait parachève un recueil suffisamment exemplaire des extrêmes inversions et non-sens que l’on trouve dans le manuel d’usage de la Dianétique. C’est un éclairant mais bref recueil car je préfère insister sur le fait que ce n’est nullement dans la perspective d’une critique stérile que j’indiquerais un usage de ces observations. L’expérience du Lying beaucoup plus discrète en terme de popularité a néanmoins été fort instructive. Elle a montré que ces non-sens et contradictions étaient de l’ordre du seul moyen d’avancer dans un terrain à priori biaisé par la fonction par nature ambigüe du signifiant, autrement dit de la maladie. Une allégorie physique de cette situation paradoxale l’illustre bien :

Lorsque l’on cherche à vaincre la force de gravité, inlassablement tourner en rond est un pis-aller ; c’est le moyen que chaque planète a déjà trouvé pour rester en équilibre. Mais pour s’en extraire avec le meilleur rendement possible, les astronomes précipitent leurs instruments vers le soleil et s’en servent comme d’une fronde pour ressortir d’autant plus puissamment, parfois jusqu’à échapper à l’attraction stellaire. L’analogie avec l’usage et la précipitation dans la dénégation et le mensonge soutient tant le Lying que la Dianétique dans la mesure où l’une et l’autre serviraient à extraire, de la Psychanalyse première et centrale, la parcelle objective et inaltérable que le chiffre D2V pourrait présenter.

Mais à assumer intégralement l’allégorie il nous faut en venir à la Psychanalyse elle-même. Car si jamais des pratiques concurrentes en terme d’exploitation du D2V révélaient cette clinique du mensonge et de la dénégation sans que la Psychanalyse en soit également l’expression, nous serions conduits à conclure à un effet pathogène du D2V que la Psychanalyse seule par rapport aux autres contrecarrerait. Or l’alternative à cette solution est celle que la Psychanalyse soit aussi mensongère que ses concurrentes et que le D2V soit au contraire la précieuse mécanique guérisseuse de la fable de Performa.

V2C2.30
Psychanalyse et D2V

Une première observation (chapitre.1) a constaté le retranchement en psychanalyse du psychiatre Lacan. Puis une seconde au chapitre actuel a tiré les fruits du détour par l’Orient que le D2V a parcouru en terme de Lying. Ces deux observations ont été par deux fois l’occasion de faire apparaître la psychanalyse comme une proie clinique de la pathologie du Signifiant comme Actéon devenu le cerf que chassent ses chiens. N’insistant pas moins sur la distinction entre le nom et la chose – entre le signifiant et le signifié, la carte et le terrain, la Dianétique a simplement appliqué un autre nom au D2V. Ces traitements ont mené au point d’où il est possible de revenir en 1900 à la source où l’on pourra discriminer ce qui distingue la Psychanalyse (celle qui se proclame du nom) de la psychanalyse (la chose signifiée). Nous pourrons alors dégager une stricte objectivité de l’instrument D2V et son usage aux dépens de la mascarade qui aura un temps assumé la seule manière de l’employer – avant plus ample technologie.

Commençons donc par estimer la Psychanalyse réputée sous ce terme faire succession à l’œuvre et invention établie par Sigmund Freud. Le première des choses signalées est son discrédit porté par la plupart des scientifiques. Actuellement la psychiatrie porte à peu près le même jugement sur la Psychanalyse que les politiques sur la Dianétique. Certes il y a des partisans et c’est cela qui est remarquable, car pour l’ensemble, c’est plutôt l’anathème qui ressort de la part des rationnels, politiquement corrects et autre bien-pensant sur toute la gamme du libre penseur au bigot. Pour établir une situation impossible on peut estimer qu’il y a à peu près autant de gens qui ont participé de la Psychanalyse que de la Scientologie, quelques millions, et que l’une et l’autre ont autant de détracteurs.

Après cette constatation générale lapidaire qui nous soulage des quantifications, examinons en particulier la psychanalyse, en apprêtant son champ pour commencer:

V2C2.30.10
Les critiques visant la psychanalyse

Au titre de la représentation la plus correcte de la Science, les Universitaires reprochent à la psychanalyse de n’être pas une science comme ils en font le reproche à l’ésotérisme. Ils rangent ces deux catégories dans le même domaine de l’irrationnel. Dans ce domaine se retrouvent psychanalyse, lying et dianétique, avec d’autres éventuellement comme dans un même sac ; et dans le panier-même où les trois acteurs du D2V sont enfermés au titre d’ésotéristes, on ne se critique pas les uns les autres au motif de la scientificité, mais sur celui de la sexualité.

Puisque je procède par méthode, consistant à distinguer un objet facteur particulier, comme une aiguille dans une botte de foin, une graine dans un buisson où il y en a tant – ou même un visage sous son voile, j’y avance par étape. Avant d’isoler ce facteur, D2V, de l’exercice le plus universel de la science, je l’ai d’abord distingué par la logique de la confrontation entre Lying et Psychanalyse, puis j’ai discriminé cette distinction en étendant l’étude à la Dianétique. Nous avons, si on peut dire trois crabes dans ce panier décrié d’irrationalité – c’est un nombre suffisant pour se servir de l’appui que l’un prend sur l’autre pour échanger une évaluation du troisième.

Après la dualité Lying-Psychanalyse, voire Dianétique-Psychanalyse, cette logique, à présent du trois, est celle qui a été appelée œdipienne à l’aube du siècle de la cybernétique. Je ne m’appuie pas dessus pour le moment, puisque selon les critiques de la science ça reviendrait à m’appuyer sur la chose qu’il faut d’abord prouver; mais je la mentionne parce que c’est exactement celle-là que je vise à rendre certaine.

C’est un fait que nous avons une critique de la Psychanalyse par les deux autres, Lying et Dianétique, au motif qu’ « elle ramène tout au sexe ».

V2C2.30.10.10
Côté rumeur

Durant ma carrière j’ai entretenu nombre d’archives sur de simples expériences que chacun peut faire : aller sur le web, dans un forum de réflexion qui ne soit pas à priori du genre ‘Psychanalyse’. Il suffit de s’y annoncer en faisant quelques références à cette réputée psychanalyse ; immédiatement on trouve à cette expérience une engeance qui se forme, s’agglutine, s’organise et s’arme de la critique que l'intrus ne parle que de sexe, ne ramène tout qu’à ça et bientôt sera fixé sur le sort des obsédés sexuels. Ce sont ici les termes communs, usuels ou triviaux qui rejettent sans autre forme de procès toute suggestion freudienne. Lorsque la presse française parla de Freud lors de son rapide passage à Paris en route pour son exil à Londres, elle l’appela « le grand sexologue ». Sans en départir depuis, la rumeur générale repousse toute prétendue psychanalyse à l’argument qu’elle serait une réduction lubrique de la claire pensée.

V2C2.30.10.20
Côté Lying

Lorsqu’on affine l’expérience auprès de rumeurs plus spécialisées et particulièrement celles qui concurrencent la psychanalyse comme le fait le Lying, nous trouvons également ce seul argument.

Les promoteurs du Lying ont exploité l’opprobe de l’obsession sexuelle alléguée, suffisante pour exclure et se dispenser de toute autre critique : puisque l’interlocuteur est un obsédé, on ne lui parle ni ne l’écoute. C’est un à priori commode qui économise tout jugement.

Dans l’isolat de fine étude que j’ai d’abord cerné, on voit ainsi que le Lying en l’occurrence, économise de la sorte toutes les dépenses qu’il lui faudrait faire pour établir lui-même un volume un tant soit peu consistant de sa théorisation. On trouve à maints exemples comment l’hypnose et la subjugation procède. Le « plus c’est gros, plus ça passe » qui est la version triviale ou populaire du délicat « La Lettre Volée » de la grande littérature de E.A.Poe se démontre généreusement là encore :

Sous la bannière de sa ‘spiritualité’, le Lying épargne ses disciples de toute dépense qui froisserait son intellect. Il fournit à la place une défense. Le mental clair, voire idéalement vide, ne s’appuie pas sur une théorie, mais sur une critique d’une théorie. Hypnotiquement le tour est joué. Le rejet d’une théorie offre à celui qui n’y pense plus, d’obtenir la bonne conscience de s’être appuyé sur une théorisation.

Un symptôme ainsi préposé ne reste plus qu’à la lecture de l’analyste rejetée. Il se compose comme toujours premièrement de l’observation du refoulement et deuxièmement de sa dénégation. Dans le cas du Lying, un ouvrage de référence de centaines de pages attestera qu’à l’économie de théorisation il ajoute le silence sur la théorie psychanalytique. Une seule fois un argument est formé ; il fait usage de la dignité réputée du gourou en contraste de ce qu’il cite (p.15) : « Freud et les femmes tombant dans ses bras ». Argument du scandale et de la critique injuste, subjuguante, suite à quoi on trouve immanquablement le symptôme : c’est de fait, sa grande prêtresse qui prolonge à définir le Lying comme un « orgasme du mental » (p.81). On comprend le réduit dans lequel il convient qu’elle tienne Freud !

Cette organisation sidérante de l’absence et sa dénégation est appelée par ledianéticien le côté aberrant. Il s’agit de la deuxième rumeur spécialisée qui permette de cerner la critique commune qui distingue parmi les autres la Psychanalyse :

V2C2.30.10.30
Côté Dianétique

Dans le cas de la Dianétique, l’économie ne se fait pas par l’absence (de théorie) appuyée sur la fondation de ce que l’on a rejeté. A la différence du Lying qui s’appuie sur les piliers de la psychanalyse qu’elle repousse, enfouis dans le sol meuble, la Dianétique va au contraire afficher ces pylônes de théorisation comme des pilotis pour surmonter les mouvantes certitudes. Ce n’est pas une économie par absence de théorisation qu’exploite la Dianétique mais au contraire une intense exposition et un exercice débridé d’une théorie... qui n’est autre qu’exactement celle de la psychanalyse, mais sans jamais la nommer.

Il est possible de citer dans l’ouvrage de référence de la Dianétique, à l’instar des citations du Lying, au cœur d’une immensité par centaines de pages, d'exceptionnelles et minimes citations de la Psychanalyse – comme des exceptions confirmant la règle… de la reconnaissance de la paternité de la théorie.

Il s’agit donc d’un refoulement consistant d’abord en une minuscule argumentation qui expose la sexualité à sa cause. Sans même la nommer, l’allusion à la Psychanalyse est flagrante. Elle distingue la Dianétique du « tam-tam ou des castagnettes » jusque de « l’empoisonnement du patient avec des regrets du penis » (p.175). Ce dernier exclusif, chacun le sait ; distingue le freudisme pour une extravagance, en effet, dont je dirai plus après le montage. Pour le reste, à part la dérivée dudit regret jusqu’à la pulsion de mort, toute sa théorie étant celle de la psychanalyse qu’elle ne nomme pas, la Dianétique ne mentionne qu’une fois la Psychanalyse à l’occasion de la durée du traitement que j’ai cité ci-dessus [second exemple de la dénégation C2.20.20.20].

V2C2.30.10.40
Défense de la sexualité

Ces simples et brèves analyses appliquées aux deux partis qui forment avec la Psychanalyse le trio pratiquant du D2V détaillent la construction symptomatique qui complète l’observation générale de l’usage unique et exclusif du motif de l’argument de la sexualité pour isoler la psychanalyse et faire usage économique de son refoulement. Le champ est suffisamment apprêté pour que l’on puisse examiner la Psychanalyse à son tour frontalement.

Pour nous assurer que ça en vaille la peine – que le patient que je vais opérer est bien vivant et que je n’opère une autopsie.. je dois relever sa vitalité ; c’est à dire un minimum défendre contre la critique accablante d’obsession sexuelle qui clôture tout échange entre la psychanalyse et ses concurrentes réflexions.

Lorsqu’on se réclame de spiritualité, de religion ou de science, il est régulièrement entendu qu’on s’intéresse du point de vue moral à la vie de l’humanité. L’éthique est autre chose que la morale à ce point de vue, la raison pour laquelle la sexualité est sans éthique tenant à ce que cette dernière est réservée à la relation à la nature que l’on ne découvre aujourd’hui que par le biais de l’artificiel, aussi nommé synthétique. Par contre la sexualité est réglée par la morale et nous pouvons observer que, réciproquement, toute la morale est tributaire de la sexualité. Cette situation centrale de la sexualité tient à ce qu’à l’intérieur du comportement que l’espèce doit tenir vis à vis de son environnement pour subsister, la condition de subsistance interne est la sexualité. La sexualité est en effet restreinte vis à vis de l’extension environnementale qu’on appelle écologie, et relève de l’exigence à quoi doivent répondre les individus de l’espèce pour sa survie. Dans l’ensemble circonscrit à l’espèce, la sexualité est le procédé qui le pérennise.

Résultat de cette topologie, la sexualité est corrélative à l’interface qui règle la relation entre l’humanité et la nature, politiquement nommée écologie et mathématiquement portant le nom de cybernétique. C’est en ce qu’elle constitue à l’intérieur de l’espèce ce que cette dernière entretient par ailleurs de relation extérieure, que la sexualité y correspond comme Morale, vis à vis de l’autre qui est Éthique.

Cette position centrale explique qu’il est attendu que la sexualité soit au centre d’une compréhension de la vie humaine. Ne pas en parler comme une chose principale rejoint l’allusion à l’histoire de l’aviation mentionnée par ailleurs et qui ici prétendrait être une histoire véritable en ne jamais parlant d’avion. Il est évident qu’il faut déchiffrer avec scrupule – qui n’est pas obsession – la gestion de la sexualité organique pour baser la moindre ambition de connaissance en général. Ne serait-ce que parce que la sexualité est le moyen par lequel les êtres humains se reproduisent, parler de leur histoire sans l’estimer principale est une aberration et c’est de son obsession refoulée que l’on saurait lapider une science ou une doctrine qui la traiterait essentiellement.

Néanmoins ce serait une entreprise également aberrante qui ne considèrerait pas l’appareillage depuis un siècle des technologies de la reproduction assistée, artificielle, in vitro ou synthétique ainsi que les moyens de son contrôle. Vis à vis de cette extension éthique de la sexualité, on sait déjà que la Psychanalyse durant tout le cours du 20em siècle est restée sidérée comme la légendaire poule devant son clou. Vis à vis de cette sexualité et reproduction moderne elle est strictement à égalité de ce point de vue, tant avec le Lying qu’avec la Dianétique, de sorte qu’à les voir complices et en disputes, elles se moquent toutes les trois également du sexuel. Autant dire que la cybernétique leur a à toutes trois cloué le bec car aucune n’en parlent – sauf selon Lacan avec la brièveté décrite au chapitre précédent, puisqu’il n’en parla plus aussitôt qu’il en écrivit les formules. Ces accusations des unes contre les autres à propos de ce envers quoi elles sont toutes trois défaillantes prête bien au soupçon qu’elles opèrent en complicé d’un refoulement partagé en commun. Selon cette conjonction que nous ne cessons de sillonner, distraire par le refoulement de ‘A’ permet d’éluder l’évidence encore plus grande de ‘B’ [note :150] ; ce que nous ne pouvons savoir qu’à l’examen d’un refoulement dans la psychanalyse que l’on a dite aliénée dans ce cas.

V2C2.30.20
Le refoulement par la psychanalyse

Les refoulements dans la psychanalyse sont nombreux et sont ‘énormes’ – c’est à dire de la qualité de ce qui présente sa dénégation dans l’évidence la plus flagrante, sidérante et subjuguante.

Tout d’abord nous le constaterons au plus strict registre de sa présomption logique :

V2C2.30.20.10
Question Signifiant

En soumettant à l’expérience la relation du Lying à la Psychanalyse, nous avons observé la migration du D2V, à partir de la psychanalyse européenne déplacé en culture védantique. Quand ce chiffre revient en Europe, la Psychanalyse et Lying se dénoncent comme mensonge. Un intéressant épisode dans l’histoire ancienne attestera d’un processus identique permettant ensuite de l’évaluer dans le temps présent :

V2C2.30.20.10.10
Œdipe Sénèque

On sait que Freud prit pour modèle de son analyse le théâtre de Sophocle pratiquement limité à la tragédie Œdipe Roi. Cependant cette pièce écrite en Grèce avait été réécrite quelques siècles plus tard à Rome par Sénèque. Cette migration ne permettait pas de retour comme dans le périple Lying car c’était toute la Grèce qui avait en quelque sorte migré à Rome et, s’il avait fallu y faire retour, c’aurait été au mieux, partiellement, en Egypte, à Alexandrie et Hermopolis où le reste de la civilisation dispersée s’était concentrée.

L’Œdipe (Grec) de Sophocle est un roi qui cherche la vérité, il fait une enquête et la trouve. Il s’en mord les doigts et s’en crève les yeux. C’est en résumé le modèle pris par Freud. Dans la tragédie par Sophocle, Œdipe ne s’arrête pas là et entame un exil, une migration, bientôt dans un état esprit différent. Quant à ce que Sénèque (Rome) met en scène, c’est l’enquête, plutôt que le roi qui devient le centre d’intérêt. Car Œdipe, selon la version romaine, est trompé par ses renseignements. La vérité qu’on lui rapporte est un mensonge. Lui aussi se mord les doigts et se crève les yeux (ou s’arrache les boules, dans la traduction grecque alternative mais non  scolaire), mais c’est par l’effet de la tromperie fomentée. par ses enquêteurs qui convoitent de prendre sa place – lui faisant croire qu’il a tué son père afin de l’accabler de honte et de peine. Selon Sénèque, la vérité que trouve Œdipe est un mensonge qui entraîne sa déchéance.

Ce procédé d’un texte qui traduit l’autre est analogue à une migration qui revient à sa source. Redoublant la migration géographique du Lying, doublant la vérité du mensonge il soutient une fulgurante condensation de refoulement qui siège dans la psychanalyse contemporaine :

V2C2.30.20.10.20
Lettre volée & Conan Doyle

Lacan a suivi l’exemple de Freud qui prit une pièce de la tragédie antique pour modèle de sa méthode. A la différence de Freud, il fit usage d’une nouvelle de la littérature moderne. Comme Freud fit usage de l’Œdipe Roi de Sophocle, Lacan utilisa La Lettre Volée d’Edgard Alan Poe. Il en fit une lecture interprétative qui mettait en exergue et en image tout le grand débat que la Psychanalyse entreprend au défi de la Lettre – c’est à dire du signifiant écrit. Lacan montra que le décorticage du signifiant par l’emploi de figures ordonnées en alphabet subsumait un exercice du code. De ce fait obscur il déduisit que les machines cybernétiques rempliraient mieux la fonction de dévoilement de l’Inconscient que les humains ne pourraient jamais le faire par leurs propres moyens.

Sur cette conclusion il céda aussitôt pour n’en plus parler mais pour s’engager à résoudre en première instance l’énigme de la sexualité. Il trouva alors peine à formuler qu’à porter le fruit de la reproduction, la femme rend la pareille à la nature, dans une société qui insuffle la cybernétique d’une industrie qui l’imite sous forme d’appareils gestatifs de toutes sortes de produits.

A cette extrémité, Lacan se tint à résumer sa carrière en déclarant aphoristiquement que « ‘LA’ femme n’existe pas ». Beaucoup y entendirent avec la même joie l’occasion de la critique par la Dianétique qui se moque de « l’envie du pénis » par quoi Freud s’est rendu ridicule au regard des féministes. Mais c’est dans la perspective de la vérité une plus grande jouissance que procure une attention soutenue jusque dans la doublure de La Lettre Volée :

Comme dans l’histoire Sénèque réécrivit l’Œdipe de Sophocle, il advint dans la littérature que Arthur Conan Doyle réécrivit (1891) La Lettre Volée (1844) de son maître E.A.Poe qu’il tenait en admiration. Ce fait est notablement méconnu des lacaniens et c’est par cette méconnaissance que nous retrouvons tous les ingrédients, au cœur même de la psychanalyse, de cet aveu logique que la dénonciation par le Lying obtint. Autant la théorie voyageant hors d’Europe ramène de son environnement la preuve d’un mensonge, comme la cybernétique interne à l’humanité, la sexualité du rapport à La femme se déchiffre : Doyle, au titre d’une aventure de Sherlock Holmes, Un Scandale en Bohème, fabrique une imitation exacte de La Lettre Volée, mais inversée comme en miroir et parfaite. Le héros (de Un Scandale en Bohème) est une femme là où c’était une homme (dans La Lettre Volée), le vol est une image là où c’était une lettre, c’est un boudoir où c’était un bureau, la reine un roi, la cheminée un rideau etc.. De même les méthode employées par les deux détectives, Holmes et Dupin (la distraction, les lunettes noires etc..), jusqu’à l’inversion de la chute où c’est Holmes qui est dupé. A l’inverse de Dupin, le héros de Poe qui dénouait l’intrigue, Sherlock Holmes est si bien joué par la voleuse qu’au modèle où entre 1950 et 70 Lacan aura déduit que ‘LA’ femme n’existe pas, Doyle opposa en 1891 que le détective pour la seule fois en échec de toute sa carrière en fut réduit à n’appeler jamais plus sa dominatrice que du titre de «‘LA’ femme ».

V2C2.30.20.10.30
La lettre qui vole La Lettre Volée

C’est un fait monumental dans l’histoire de la psychanalyse : Un Scandale en Bohème n’a jamais été confronté à l’interprétation de La Lettre Volée – ni par Lacan ni aucun de ses élèves. C’est un scandale à Paris car les deux textes, liés par une même discipline et par une affiliation morale, sont majeurs et aboutissent à deux aphorismes strictement contraires. Il s’agit de la même inversion que Sénèque fait de Sophocle. Totalement ignoré par des cohortes de psychanalystes lettrés, Un Scandale en Bohème est absolument La Lettre Volée dans l’histoire de la psychanalyse. Ce ‘scandale’ est lui-même cette lettre retournée qui trône en évidence et que personne ne voit – exactement comme ces deux textes décrivent la traque vaine de policiers, gendarmes ou gens de lettres en quête de l’objet qui cause leur agitation.

Après cette démonstration logique de l’évidence selon laquelle la vérité volée s’affiche dans le mensonge, dans l’attention qu’elle ouvre , nous soupçonnons qu’elle couvre le D2V – mais encore est-il un objet et en l’occurrence il s’agit d’une lettre – c’est à dire d’un texte, certes couvant l’objet mais néanmoins histoire, littérature du signifiant. Mais si nous tenons ainsi ce qui est refoulé par la psychanalyse, il s’agit de la sexualité – permanente inversion, à présent cadrée, que nous pouvons décrire :

V2C2.30.20.20
Question Sexualité

V2C2.30.20.20.10
Castration des testicules

Que la sexualité soit l’objet-même refoulé par la Psychanalyse, généralement blâmée pour en dire trop à son sujet, est une condition presque requise à l’exigence de la logique qui veut qu’un mensonge affiche une version fausse de la vérité – c’est à dire la comporte autrement qu’une erreur.

J’espère en avoir assez fait pour que plus rien ne nous étonne. Trouver Freud cocaïnomane pour ne jamais mentionner la drogue dans la pensée freudienne c’est un comble dans le monde des psychiatres chimistes. Trouver Lacan cybernéticien pour ne jamais parler du développement de l’Intelligence Artificielle durant sa carrière, le Lying et sa prétention d’orgasme mental qui fait fi de la libido, l’induction de la transe avec la Dianétique soutenant qu’elle ne fait pas d’hypnose, ou dire qu’elle travaille en trois heures pour qu’on oublie qu’elle en réclame trois mille [C2.20.20.20], tout cela est égal en aberration et en éhontement tel que sa dénégation subjugue aussi bien que l’hypnose. C’est encore égal au Scandale en Bohème qui trône invisible sur le tombeau de Lacan comme sa Lettre Volée. Si notre compréhension frémit à son visage réfléchi que l’on commence à comprendre par le mensonge ou analogue dénégation, on ne peut qu’attendre de savoir que le freudisme universellement épinglé d’obsession sexuelle affiche une théorie qui n’est autre que la dénégation même de la sexualité.

Après une révision majeure de la source mythologique et littéraire, la seconde révision à présent retourne et renverse encore plus typiquement le motif lui-même puisé à cette source. Le seul traité strictement médical et sexuel que Freud ait laissé est titré « Quelques conséquences psychiques de la différence anatomique entre les sexes ». Il date du milieu de sa carrière, 1925. Avant de s’attacher aux ‘quelques conséquences’ annoncées, il importe évidemment de s’avertir au préalable de ce que Freud appelle ni plus ni moins ‘la différence anatomique entre les sexes’.

Puisque j’annonce un renversement majeur, y trouve-t-on que le ‘Grand Sexologue’ ignore que les hommes ont un pénis et les femmes un clitoris ? Non. Ce serait en effet une lacune considérable mais Freud n’aurait alors pas pu parler d’une envie du pénis appuyée sur l’observation du fait que le clitoris est anatomiquement comparable au pénis (selon l’identité techniquement nommée anamorphose). Il s’agit de quelque chose de plus ‘énorme’ encore. Des poils à la pointe des seins, tout de l’anatomie est scruté par Freud, énuméré, évalué au répertoire de la différence organique entre les hommes et les femmes ; tout est donc argumenté, tout !.. sauf la présence de deux glandes qui glandent à l’extérieur d’un abdomen de l’un et pas de l’autre.

Du fait qu’il ne mentionne jamais les testicules, si jamais la physiologie de ces organes avait le moindre effet au regard de quelque conséquence psychique de la différence anatomique entre les sexes, Freud serait passé à côté, et la Psychanalyse avec lui ; car non plus ses disciples n’ont relevé l’oubli.

Au contraire, si cet élément de l’organe reproducteur entraîne quelques conséquences psychiques il ne serait plus resté, pour aborder la vérité, que la solution de procéder à la dénégation qui complète le refoulement. Dans cette hypothèse le pénis n’aurait pas mieux servi qu’à l’usage d’une envie par quelque femme n’existant pas.

Dénégation de LA femme – comme une hypnose autour de ‘A’ empêche qu’on notât ‘B’ – pour distraire de la gonade ; l’incontestable évidence du pénis trônant dans le cabinet de la Psychanalyse est comme un texte (La Lettre Volée) déniant un semblable sac à chiffre (Un Scandale en Bohème) pour distraire de l’objet D2V [note :150].

Je suis désolé de ne pas pouvoir faire exposé plus simple de la réalité telle qu’elle est. Pour la caricaturer comme un rébus il est possible d’invoquer une écriture algébrique des plus basiques comme par exemple « (a-b)/c ». Il suffira de modifier simplement ses lettres en « (d-r)/g » pour écrire la manière dont D (dénégation) soustrait R (refoulement) à l’attention (ce qu’on écrira ‘D moins R’) ; et la manière dont cette soustraction recouvre (ce qu’on écrit ‘sur G’) l’objet (désigné ‘G’ comme ‘gonade’), en écrivant (d-r)/g. Ce pense-bête « D moins R, parenthèse, sur G » peut servir à retrouver le sens de ce que signifie la sidérante omission (des testicules) – qu’on appelle une forclusion – par l’anatomiste Freud, couverte par une dénégation (de la femme) qui soustrait le refoulement (du pénis).

Cette articulation à trois éléments, qui fait presque ressembler le mensonge et l’hypnose à une manivelle est ce que Jacques Lacan appelait une double-coude. Il nous rappelle que ni la propagande, ni l’hypnose ou le mensonge, ne sont déjouables d’un seul mouvement. C’est au demeurant un type de redoublement comparable qu’il faut encore que j’assume à l’énumération des dénégations de la Psychanalyse. Car pour certains il faudrait encore trente exemples de cet acabit pour que commence à vaciller leur certitude en transe ; mais même pour le nombre réduit de lecteurs ouverts à l’idée que les révélations du 20em siècle sont encore sujettes à un rebondissement renversant, il faudra que je recroise cette critique que je viens de faire de la sexologie freudienne avant au moins une confirmation – comme un refoulement s’atteste d’un symptôme.

C’est à la source de Jacques Lacan que l’on trouve contresignée l’omission freudienne :

V2C2.30.20.20.20
Forclusion du chromosome

Jacques Lacan a élevé dans l’histoire de la Psychanalyse l’étude structurelle de la nomination ; particulièrement y parvint-il en abordant la nomination de ce qui, exclusivement se trouve en ces glandes que les conséquences psychiques de la différence anatomique entre les sexes de Freud avait forcloses.

On peut estimer que la culture, la civilisation aura découvert les spermatozoïdes en 1677 (Antoni van Leeuwenhoek). C’est deux siècles plus tard que sont mis en évidence les chromosomes et leur rôle (entre 1880 et 1910). Ce n’est qu’autour de1930 qu’on acquit avec une claire compréhension des mécanismes aujourd’hui connus de tous qui règlent la paire XX-XY. Précédemment, c’est à l’étude du coléoptère Ténébrio qu’une biologiste Nettie Stevens avait détecté pour la première fois le chromosome Y en 1905. Sa sortie des ténèbres pour en faire le principe de la reproduction sexuée dura les années de formation de Lacan qui, à son âge adulte n’avait pas eu le recul pour l’afficher sans mystère – c’est à dire sans mensonge comme s’offre d’abord à la découverte le moyen du signifiant.

C’est à nouveau « (a-b)/c » – voir « (d-r)/g » [V2C2.30.20.20.10] – qui illustre la prématurité qui impose que l’être humain construise au milieu d’erreurs et de théories fausses ce que par intuition il fera émerger d’abord en mensonge et dénégation en visée de la preuve par sa dénonciation. C’est le chemin de la démonstration que la Science doit suivre. Lacan produisit sur ce chemin la thèse qui substantiva la théorie fausse de Freud. Il consacra la transmission familiale du nom patronymique à la capacité de soutenir le mensonge alibi de l’envie du pénis. Mais la transmission patronymique mérite sa directive de culture d’une bien autre vertu. Ce Nom-du-Père est ce qui est transmis de père en fils et, pour soutenir Freud – comme A cachant le refoulement B – Lacan se dispensa de souligner qu’est transmis de père en fils la particularité qui loge dans les gonades suspendues dans l’élusion freudienne ; à savoir le chromosome Y – c’est à dire le seul gène à la différence de tous les autres mëme à être intégralement transmis par la filiation, à 100% de père en fils et toute la lignée durant sans la moindre décroissance sauf mutation (tout le reste du génome se dissipe, en principe suivant une décroissance de 50% à chaque génération). Je n’ai jamais trouvé, en plus de vingt ans de lecture assidue de J.Lacan qu’il désigna la fonction du Nom-du-Père par son identité avec ce gène Y, non plus ses disciples. Pourtant son enseignement était à fleur de dénoncer ce que Freud avait forclos de la Psychanalyse lorsqu’il avait omis d’intégrer les organes porteurs des gamètes mâles à la liste de ce qui distingue le corps masculin de celui de la femme.

Une fine composition est de la sorte apportée. Partant de ce que la psychanalyse déchiffre de paranoïaque à la fondation de la connaissance humaine, exposé par l’élusion freudienne, Lacan par-dessus échaffaude la structure de la dénégation. Comme une sorte d’issue de secours par la perversion, au jour où le patronyme est identifié à l’indice scientifique de la génétique sexuelle, le psychanalyste Lacan développa une théorie tramant la dénégation de LA femme. Cet étagement de la psychose à la perversion relève des strates du développement psychologique ; on y voit qu’à la perversion éventuellement polymorphe infantile, succède le refoulement. En l’occurrence entre la forclusion et ce refoulement, la dénégation lacanienne, a enraciné le Signifiant au Réel à l’usage du Nom-du-Père ; sur cet apprêt, le Nom-du-Père étant le refoulement propre de cet Y qu’en conséquence du stade lacanien la Psychanalyse aura constitué.

Pour la troisième fois nous trouvons une imposante contradiction dans l’essentiel de la théorie freudienne, c’est à dire de celle qui est réputée ne traiter que de sexe au profit des deux autres (Lying, Dianétique) de s’en dispenser. Je ne la détaille pas plus dans l’écrit présent, non pas pour me défausser de le dire, mais parce que l’ayant assez dite pour qu’on le sache dans un milieu qui est encore tout acquis à l’ignorance passée et au stade de la dénégation. Plutôt que débattre sur le présent terrain déjà acquis, je préfère requérir pour preuve l’exercice du jeune contemporain de Lacan, du nom de Richard Dawkins, fondateur de la mémétique en génétique comme en cybernétique. Je rappelle que la théorie susmentionnée du mëme [V2C2.20.10.20] est exclusivement issue de l’observation qu’un gène est un réplicateur. La Mémétique en déduit que sa fonction produit des corps qui le véhiculent tant bien que mal à la pèche et au hasard de ce qui s’appelle en biologie la soupe génétique. A l’exercice de cette théorie il existe un gène exclusivement et idéalement démonstratif. Il s’agit de ce chromosome Y, chargé de toutes les qualités dudit mëme. A l’instar de Lacan, Dawkins démontre toute sa théorie sans jamais faire état du ‘Y’ qui porte le gène le plus typique de sa démonstration [C6.30.10.10.50.20.30]. Ces deux grandes occultations n’ont pas moins de vertu qu’une éclipse du soleil pour faire voir à l’humanité qu’il s’agit d’un astre de l’espace de la lune, même s’il est beaucoup plus loin et de nature plus brillante. A l’époque présente s’en sont également servis les deux théoriciens majeurs de la sexualité, l’un darwinien de la reproduction génétique, l’autre psychanalyste de la reproduction libidinale, énergétique ou orgonique selon l’époque où on l’entendra. Tous deux ont instruit leur discipline des causes à déduire du facteur de la sexualité occulté.

V2C2.30.20.30
Question Mémoire

Il serait vain d’en trop afficher si le soupçon du doute n’avait pas fait vibrer les notions actuellement acquises que la Psychanalyse est une ferme donnée, certifiant l’Inconscient pour les uns, humiliant la sexualité pour les autres. Suffisamment de monuments révélés en leur architecture receler le contraire de ce qu’ils exposent, ont été déchiffrés. Je pourrai continuer mais préfère réserver à trois autres encore un chapitre à chacun. Nous verrons que si la Psychanalyse est un art de la mémoire, elle aura d’abord emprunté à l’Histoire sa scène primitive pour l’exposer en sens contraire, aussi monumentalement que je viens de le dépeindre avec le tableau de la sexualité. Il s’agira d’une quatrième contradiction essentielle :

V2C2.30.20.30.10
Oubli de la réalité

Là encore nous trouverons Freud. Le voici honnêtement égaré, rendu en voyage en Grèce et sur l’Acropole presque évanoui. Il raconte dans Un trouble de la mémoire sur l’Acropole qu’il s’émut d’un instant éprouver que tout ce qu’il avait appris à l’école était réel. Il réalisait en effet que l’Acropole n’était pas qu’une image ; il vérifiait qu’en vrai ce qu’il avait lu n’était pas faux mais qu’en pluss, ça existait... vraiment. Pourtant comme le vrai ment, sa transe occultait qu’elle affichait l’occultation immensément plus trouble [note :150] que son exploitation d’Œdipe réalisait. Un disciple à sa cause dissident allait en effet dévoiler quelques années plus tard que l’Œdipe dont il avait fait un modèle de mythe était un document d’histoire authentique ; c’est à dire qu’il avait existé, aussi foncièrement qu’existe de nature biologique ce que le patronyme désigne (en vrai le Nom-du-Père ayant pour réalité l’ADN Y, épinglant la vérité du Signifiant biologique plus.réellement qu’arbitraire). Le malaise de Freud contemplant le ‘réel’ Acropole, cachait le refoulement de la réalité historique d’Œdipe.

Je reviendrai en détail sur cette autre part refoulée par la Psychanalyse, elle mérite à elle seule un chapitre tant il doit être conséquent qu’au décours d’un siècle de Psychanalyse imaginaire – mais préparatoire – on en dégage pour le siècle suivant les réalités cybernétiques (D2V), biologiques (Y), et maintenant historiques.

V2C2.30.20.30.20
Négligence des traces

Aurions-nous en vrac encore besoin d’une cinquième alarme ? Ce sera en retrouvant Lacan, agitant ses schémas et théorèmes comme des grelots, et constatant combien ses disciples sont aveugles ou sourds. Il s’agit plus seulement d’exercices variés suite à celui d’ Un Scandale en Bohème qui met en scène la lettre volée. Ce sera la formule de la Psychanalyse elle-même aussi strictement dessinée que peut être cartographiée La Caverne de Platon de la définition fondatrice de La République proposé comme devoir à ses élèves qu’aucun n’identifia jusqu’à ce qu’encore aujourd’hui elle serait exposée sous le nez des républicains sans qu’ils la reconnaissent.



fig.C2.30 :Lacan : Modèle de la Psychanalyse ;
alias Platon : La République/Caverne

 

Telle est la force de l’hypnose collective. Telles les cloches que l’on n’entend plus tant on est habitué à vivre près de l’église ; A refoulant B couvre le tintamare par ailleurs.

Un sixième coup de cloche et ce sera l’histoire même de la psychanalyse, interdite et étouffée durant la Renaissance par l’Inquisition et qui, de ce fait renaquit de nos jours sans origines et ni préalable reconnus comme si, convaincu qu’aucun père ne saurait se reproduire, le fils d’une telle image de père interdite et étouffée pouvait vivre persuadé que sa mère est vierge et qu’il est né d’un ange.

V2C2.30.30
Isolation duD2V

J’ai brossé en raccourci les derniers arguments monumentaux. En rencontrant le refoulement dans la Psychanalyse elle-même, le propos est nécessairement devenu plus dense à mesure qu’il est pénétrant. Il sera plus utile de consacrer un chapitre à tous ces grands modèles jusqu’à celui qui illustre comment on peut faire d’une population droguée à vingt pour cent par la psychiatrie, la plus farouche opposante à l’usage des drogues et à leur reconnaissance à l’origine de ses croyances et religions et autre hypnose collective.

A l’instant présent, si je n’en ai pas trop écrit, j’en ai dit assez pour que l’on puisse placer au même niveau la Psychanalyse que le Lying et la Dianétique – c’est à dire sur le même plan de la fondation par un paradoxe extrême qui consiste à soutenir une identité et une crédibilité à partir de la dénégation de ce que l’on est. Toutes trois sont si égales en pratique qu’on peut les confondre toutes en une à ceci près que chacune n’existe qu’en déniant être l’autre.

Un considérable gain est acquis avec cette mise dans le même sac de la Psychanalyse et de la Dianétique – voire du Lying, bien que celui-ci n’ait jamais réclamé beaucoup plus que quelques expérimentateurs pour sa fonction de laboratoire. Les deux premières sont des épidémies mondiales qui ont fait grand bruit et qui pourront en faire d’autant mieux qu’elles sont réunies. Multipliant chacune sa population par le double, ce double est encore dédoublé par la démonstration qu’elle fait de se développer à partir de foyers différents et indépendants les uns des autres. Peut-être viendra-t-on au contraire à évaluer une certaine résistance ou une caractéristique réfractaire du côté de l’Inde ; mais en tous cas la science pourra plonger sa main dans ce sac où je les ai réuni ; alors qu’auparavant elle en était interdite par les idéologies qui corrompait son tact.

A présent, ce qu’elle peut tirer de ce sac comme on retient d’une purge, est un unique objet causal qui avait été enrobé sous trois habillages – trois idéologies ou encore ce qu’on nomme trois signifiants. Par cette opération de dissolution, nous n’avons plus besoin de le saisir par l’enveloppe protectrice mais subterfuge et toxique du mensonge. Cet objet extrait par cette opération quasi chimique, d’aucun diront alchimique, est le D2V que j’ai qualifié de chiffre et dont l’identification a occupé le chapitre.1.

Nous pouvons récapituler l’extraction de cet objet scientifique qu’à présent nous voyons sans fard. A partir de l’examen psychopathologique, la pensée commune a pu être distinguée d’une hallucination mais semblable à un écho. Cet écho a d’abord été isolé comme l’élément d’une combinaison nommée quatrain. Pour en traiter nous avons dû méthodologiquement l’estampiller d’un chiffre.

Selon les règles, principalement cybernétiques de l’information, un chiffre opère un chiffrement d’où résulte ce qu’on appelle un message chiffré. Ce quatrain psychiatrique a été transporté dans une méthode adjacente nommée psychanalyse. La Psychanalyse en cela est le message chiffré de la psychiatrie française attribué à De Clérambault. A cette étape et selon ce que le chiffrage moderne avancé autorise, le ‘chiffré’ se présente et se confond par plusieurs aspects, formes variées, en l’occurrence Psychanalyse, Dianétique et Lying. C’est à cette étape que le procédé demande une clé. La ‘clé’ est l’état du chiffre qui permet en retour un déchiffrage. En l’occurrence c’est ici le D2V. Il s’agit du quatrain constitué comme unité qui s’applique à chaque version du chiffré, s’y retrouve à chaque fois et permet de révéler le message initial.

Les prétentions de la psychanalyse à s’adresser à la psychiatrie sont connues de longue date (mais n’ont jamais eu d’effet persistants). Actuellement d’identiques ambitions sont affichées par la Scientologie qui exprime la dianétique dans un combat qu’elle oppose à une psychiatrie qui l’accuse de conditionnement et lavage de cerveaux. L’avenir dira si la Scientologie aura raison de son détracteur en arguant que si elle lave des cerveaux c’est parce qu’ils ont été encrassés quelque part. Mais ce n’est qu’avec la force d’un élément scientifique à opposer à l’objective molécule médicamenteuse qu’elle pourra l’opposer.

Ce premier chapitre a donc pu présenter la scientificité cybernétique du D2V, qui demanda d’attendre l’expérimentation NASA datant du début des années 2000 pour garantir son objectivité. Mais plutôt qu’engager un combat avec une médecine il offre une option pacifique à l’intégration de la psychanalyse dans la psychiatrie. Si c’est une éventualité, nous n’en serions qu’à l’aube car beaucoup de psychanalystes comptent encore sur leur Transfert pour se faire entendre ; et ils ne diffèrent pas en cela des scientologues comptant sur le Secret et paraissant opposer une secte au Universités. Dans l’éventualité que le D2V ait de meilleures chances, il a encore beaucoup d’arguments :

V2C2.40
Objet et But du chiffrage D2V

Suivant le premier chapitre qui aura établi la base d’une conception de la pensée et de son possible chiffrage ; à l’issu de ce second chapitre qui détecte le lieu et événements où ce chiffre peut être objectivé, nous atteignons une phase considérable. Je la récapitule :

Freud inaugura et lança l’exercice d’une pratique qu’il nomma Psychanalyse. Durant un siècle cette pratique se développa et se popularisa ainsi que des versions, sous d’autres noms qui parfois ne furent pas reconnues de la même catégorie. Au terme de cette durée d’un siècle, le développement des neuro-sciences et particulièrement une démonstration que j’ai appelé expérimentation NASA est venue fournir la clé, expliquant ce qu’il y avait d’actifdans la Psychanalyse mais aussi révélant qu’en l’observant à l’identique dans les diverses versions, ce principe actif avait été beaucoup plus expansif que la seule Psychanalyse le laissait voir.

Isolé et dénommé comme un chiffre D2V, le facteur agent de la Psychanalyse est responsable d’une sorte d’épidémie, telle ce que la génétique et la cybernétique connaissent en terme de mémétique. Les formes d’expression de ce D2V sont variées. La Psychanalyse n’étant pas seule, et à côté de variétés très différentes (comme la Dianétique par exemple), il est opportun, voire nécessaire de procéder à une estimation de fond en comble de ce que l’expression du D2V a marqué.

C’est évidemment une entreprise colossale à laquelle je me suis attelé ; elle est déjà sans commune mesure avec mes forces personnelles – sans parler de la taille du bouleversement qui serait à sa charge. Je ne m’autorise donc aucun espoir. Je tâche d’honorer le plaisir de m’appliquer à mon devoir qui est celui de présenter ce que j’ai pu rencontrer, observer et déduire. Je puis ainsi faire à ce stade quatre ordres de remarques :

V2C2.40.10
Synthétisme

1) Procéder à l’analyse de la pensée à l’aide d’un facteur objectif est une gageure qui a souvent été évitée en se résignant à ne procéder que par des moyens imaginaires. A l’opposé, la perspective d’un moyen matériel, objectif, précipite la pensée par son analyse vers sa destruction en réduisant la personne à l’imbécillité d’une machine ; mais c’est un comble du premier imaginaire, car la cybernétique en réalité occasionne un moyen terme entre ces deux extrémités. Le facteur objectif qu’elle offre à cette occasion est de l’ordre du chiffre qui est une clé qui traduit un message et le cache dans un autre [ voir (d-r)/g V2C2.30.20.20.10]. Il offre également sa récupération [ restitution en l’occurrence du D2V à la psychiatrie ] et fournit un service indispensable à la mémoire. Il n’est pas visible ni sensible mais pas imaginaire non plus. On le classe dans ce qui est ‘réel’ [ ce que l’on subsume sous la soustraction de la dénégation du refoulement : (d-r)/g [note :150]].

L’emploi d’un facteur de pure objectivité ( la ‘brique’, D2V) rend un service exceptionnel.

En règle générale, tout ce dont nous sommes constitués et capables n’a été formé qu’à la source darwinienne de l’évolution et nous borne par conséquent à n’être adapté qu’à ce qui nous entoure depuis toujours et que nous classons de l’ordre naturel. Nous sommes inadaptés génétiquement à quelque chose de nouveau ou une situation sans précédent. Or la pollution mais aussi les Nouvelles Technologies – justifiant qu’on les appelle ‘nouvelles’ – introduisent des facteurs qui ne sont pas assimilables et pour lesquels nous ne sommes pas adaptés. Il s’agit de tout ce que l’on peut regrouper sous la désignation de synthétique – retour en réalité de notre esprit analytique, mais que nous ne savons pas contrôler.

Il faut, pour survivre à ce retour synthétique une procédure adaptée. Elle procède de l’ emploie du Chiffre ; cet usage traduisant ce que nous avons produit, codé par les lois de notre Inconscient et décodé par notre rapport à l'Éthique. Le texte que j’écris présente un chiffre, le D2V, à cette fin ; éthique sans laquelle il n’y a pas d’écologie qui réchappe au synthétisme.

V2C2.40.20
Cybernétique

2) L’autre face de la mise en évidence et du recentrement sur le D2V regarde ce que les pratiques que sont la Psychanalyse, le Lying et la Dianétique gagnent ou perdent de cet éclairage. Si c’est un éclairage sans erreur, elles gagnent en identification. Le Lying s’est finalement détaché de l’expérience – peu nombreux furent les pratiquants, dont plusieurs l’ont abandonné. Prajnadpad qualifiait cet exercice de « destruction du mental ». En ayant dénoncé la structure du signifiant et du mensonge, le Lying se dissipe dans la spiritualité qu’elle prône et demeure établie dans une doctrine du nirvana (extinction du mental entre autre). La Psychanalyse par contre est fortement éclairée par ces développements. Loin d’être démise elle est confirmée dans son statut de médecine.

La science de la médecine utilise presque toujours des produits qui sont curatifs dans la précaution de son exercice, mais qui sont toxiques dans d’autres circonstances ; à terme elle perd de sa certitude à moins de réviser son usage de la névrose de transfert. En maintenant un statut quo, elle pourra se figer naturellement dans l’exercice lénifiant des psychologues qui, comme mages et astrologues ne sont pas sans intérêts sociaux. En évoluant, elle se sera reconnue autant comme une médecine ; ce que notre tradition attribue à Thoth et précisément Hermès Thoth, instructeur d’Esculape, patron de la Médecine dans l’antiquité. Cet aspect sera développé au cours des chapitres ultérieurs ainsi que la fonction culturelle de la Psychanalyse. Distincte de la stricte spiritualité, la Psychanalyse n’est pas non plus une religion mais s’apparente à l’évolution du Totémisme (non pas nécessairement de l’assonance avec ‘thoth’) dont elle a révélé les liens avec la fonction paternelle et par conséquent à la sexualité.

La troisième pratique concernée par la distinction du D2V est la Dianétique qui, elle, s’est rangée dans la fonction religieuse, en l’institution de l'Église de Scientologie. Cette religion est reconnue dans divers pays et demeure contestée dans d’autres. Cette contestation est utile pour rappeler l’alliance avec le capitalisme que la Dianétique a faite pour accéder à la fonction religieuse. A priori Ron Hubbard était bien assez formé à l’usage des néologismes pour être certainement déterminé à vouloir signifier l'Éthique de Diane quand il dérobe et se saisit pour commencer et secrètement du D2V et de la théorie freudienne. Cette subtilité de Hubbard campe les différences entre la Dianétique et ce que j’appelle la Sainte Ethique que le ministère cybernétique place à l’harmonisation de la vie avec les machines. Cette distinction est soulignée par l’absence totale que la Dianétique a montré d’attention aux influences des machines sur sa culture. Il ne s’agit plus, là, d’un secret mais d’une forclusion, non plus d’un mensonge mais d’un manque. Nous ne pouvons rien dire de l’intime rapport de Hubbard avec le synthétisme, mais nous pouvons certainement dire qu’il n’en a pas fait état, ni franc ni voilé (à moins qu’il ne fit usage de drogues – version chimique du synthétisme – comme son fils l’en accusa), comme le motif essentiel et uniquement rationnel du D2V qu’il soutint presqu’au contraire au motif religieux. Par inconscience la scientologie n’a, par conséquent de rapport à l’écologie qu’automatisme [ retour du refoulé ].

Sur le fer du Capitalisme que néanmoins la Scientologie porte, toujours dans les chapitres ultérieurs l’utilité des valeurs de la finance pour instruire l’Intelligence Artificielle sera détaillée. De ce fait il n’y a aucun préjugé à porter sur cette alliance avec le Capital dans l’usage dianétique du D2V. Il est de ce fait plutôt probable que ce soit faute de théorie sexuelle que la Dianétique ait évolué en religion – défaut en quoi se confirme l’opportunité de signifier l’allusion à Diane [ formulation de LA femme ].

Cette seconde série de remarques prépare à distinguer ce qui sera unique dans l’exploitation pure et simple du D2V en conscience – c’est à dire ni la Psychanalyse, ni la Dianétique, ni le Lying qui tous les trois l’ont escamotée : la Cybernétique deviendra le répondant majeur à l’issue de cette révision de fond en comble des préludes que le 20em siècle a fourni à l’adaptation de l’humanité à ce produit synthétique qu’elle appelle l’Intelligence Artificielle. Il faut faire à ce propos une troisième remarque.

V2C2.40.30
Biologie

3) L’examen pratique durant les deux premiers chapitres aura mentionné la place et le motif de refoulement en constitution de la sexualité. Si nous devons continuer en explorant d’une manière particulièrement éclaircie l’établissement de ce qu’on nommera sans forfanterie l’Appareil-Age il est obligatoire que j’envisage, à la différence que je dois malheureusement constater de pratiquement tous mes confrères, un aboutissement manifestement extrêmement probable des progrès de la connaissance biologique que constitue l’ectogénèse, qu’on appelle parfois autrement : maternité extra-corporelle. Présentée il y a cinquante ans dans la fiction du Meilleur des Mondes (Aldous Huxley), aujourd’hui les biologistes annoncent sa technologie probablement maîtrisée à l’issue des vingt années qui vont venir. Traiter aujourd’hui de sexualité sans s’établir déjà sur ce stade est à peu près aussi irresponsable que de parler de climatologie globale sans prospective à vingt ans. Il est de ce point de vue hors de doute que la Psychanalyse a figuré les effets de l’intuition de cette échéance actuellement quasi atteinte, puisqu’elle fut la seule à estimer la situation psychique de la sexualité, fut-ce maladroitement et à l’envers de ses premiers mensonges signifiants. Là encore s’impose l’usage du D2V comme moyen de déchiffrage de ces conditions futures.

V2C2.40.40
Pulsion

4)Une quatrième remarque ne sera pas vaine si elle informe en quelques mots de quel niveau de théorisation procède ce traité que j’adresse aux lecteurs les moins spécialisés en matière psychologique, avec un langage simple qui ne demande que l’effort de rencontrer notre réalité quotidienne effective :

Comme tout ce qui relève de l’écologie ce qui est ici en question est une énergétique. L’histoire a depuis longtemps fait mention d’énergies spirituelles, plus récemment d’énergies mécaniques et matérielles (compositions de masse et de vitesse). Dernièrement ce qui a été introduit est une énergie cybernétique qui aura été nommée par son premier théoricien ‘pulsion’. Freud et la Psychanalyse ont forgé ce terme à l’usage de ce qui était précédemment entrevu en alchimie ( les traités de Giordano Bruno sont à ce titre incontestables ). Avec les outils du 20em siècle la pulsion est identifiable à l’énergie qui dépend du chiffrage. Une brève comparaison avec l’électricité permettra de situer sa composition. Un fil électrique est chargé d’une tension ; on peut reconnaître à une extrémité sa source, son générateur, et à l’autre son objet, généralement l’appareil qu’il dessert. Nécessaire à ce qu’il existe il faut ajouter son but ; et nous avons les quatre composants de la Pulsion. Par ailleurs cette énergie se présente sous des modalités diverses que l’on nomme partielles. La pulsions partielles sont des divisions suivant toutes sortes d’axes et de clivages de l’énergétique générale pulsionnelle. Les pulsions partielles connues sont énumérées, scopiques, anales, orales ou d’emprise etc.. La psychologie individuelle aboutie est chargée de la modalité qu’on appelle libido ; elle est unificatrice de l’individu et intégrale dans ce cas, mais c’est aussi une ‘pulsion partielle’ si on traite une psychologie collective. Il y a trente ans, j’ai entamé le déchiffrage de cette psychologie collective en accord avec Freud qui pensait que c’était une nécessité primordiale à la maturation de la Psychanalyse. Il y a des motifs pour nommer la modalité propre à la psychologie collective une pulsion hiérarchique. On peut par exemple aussi désigner quel est son objet ; en ce cas il s’agit de la drogue.

Il est à peine permis de prononcer le mot ‘drogue’ à mon époque sans imaginer Pierrot le Fou et un pétard de dynamite dans la bouche. Nous aborderons nécessairement la psychologie collective qui est à peu près autant ignorée que la cybernétique par les trois prémisses que nous avons isolées (Psychanalyse, Lying, Dianétique). La pulsion hiérarchique que je présentais à l’Université pour ma thèse-mémoire de psychiatrie, est cette pulsion partielle, comme les autres, tributaire de la connaissance de l’énergétique générale de la pulsion – c’est à dire du chiffrage qui entretient notre relation au synthétique. De cette généralité nous avons déjà présenté, dès l’ouverture du premier chapitre un premier composant :la tension. Il s’agit de l’inhibition active, qui est figurable comme le générateur dans la comparaison avec l’électricité. J’ai également mentionné déjà le deuxième composant ; sa source est le D2V. Troisièmement son objet est la cybernétique elle-même telle quelle apparaît en ses multiples appareils ; je l’appelle à ce titre LAPAREIL. Nous verrons comment nous en servir. Il restera à déterminer le but de la pulsion que notre relation au synthétique entretient ; il s’agit en masse et grossièrement du but de l’industrie. Avec un peu plus de finesse nous distinguerons probablement qu’il s’agit de l’évolution.

 

 


 

Notes

 

Note 100 : (afférent V2C2.0.40) La prescription de Freud selon laquelle il est nécessaire de ne plus avancer d’un seul pas sur la voie qu’il a ouverte est écrite lors des dernières pages de son ultime livre, publié à Londres au moment de sa mort – où il écrit :

 

Note 150 : (afférent C2.30.10.40 & C2.30.20.20.10 & C2.30.20.30.10 & C2.40.10) La désignation par ‘A’ et ‘B’ qui est ensuite détaillée selon (d-r)/g prend modèle sur le b.a.ba de l’algèbre qu’on apprend à écrire (a-b)c. L’apparente simplicité/évidence de la formule distrait de ce qu’elle cache ainsi qu’elle le dit. L’analyse de cette évidence est égrenée au fil de quatre articles. Le premier soutient  qu’à égalité et à eux trois, Lying, Dianétique et Psychanalyse (LDP) refoulent la psychanalyse en tant que réelle et strict exercice du D2V (chiffrage et déchiffrage). Le second détaille ces dénégations refoulantes (‘A’) et le refoulement du D2V (‘B’) à l’instar de l’exercice que Lacan exhibe dans ses Ecrits et addenda sur l’article métaphore. Ici une dénégation refoulante est préposée par La Lettre Volée dont l’usage lacanien dénie qu’il cache Un Scandale en Bohème ; c’est l’affirmation que la vérité de La Lettre Volée est révélée qui dénie que cette affirmation a volé Un Scandale en Bohème.

Le Séminaire sur La Lettre Volée dans cette conjecture est désignable de la lettre ‘a’ dans la formule où ‘b’ désigne le scandale écrit par Doyle – comme la Théorie sur l’envie du pénis dénie la scandaleuse élusion des gonades dans l’écrit de Freud sur l’anatomie sexuelle.

Nous sommes ici en présence d’une collusion du refoulement qui fait toute la subtilité et la difficulté de ce que Lacan chercha à analyser selon la métaphore. En l’occurrence nous voyons ici qu’une fois la dénégation ‘a’ – selon son effet d’hypnose en l’exemple des disciples lacaniens – échancrée par soustraction du refoulement b’ dont elle distrait, une composition résulte qui signifie l’objet conslusif qui est l’émergence du réel (ici de la génétique, gonade et ADN). Cette ‘composition’ est ce qui est nommé en psychanalyse : ‘complexe’ – ici formulé (a-b).

Après la clinique de la biologie le troisième article expose ce rapport de la réalité au complexe du vrai-mensonge selon la cliniqiue de l’histoire et notamment selon la psychologie collective qui fera l’objet détaillé du chapitre.3 suivant ; c’est le corps réel d’Œdipe, personnage historique, qui est soumis au complexe de la mytholgoie de la nomination, déniant sa mémoire refoulée pour cacher son corps.

Cest enfin le quatrième qui rappelle qu’en l’espèce de la psychanalyse c’est sa propre réalité (le D2V qu’elle est) qu’elle cache sous le complexe de son aliénation.