A V E R T I S S E M E N T Cette page (7em Chapitre de La Sainte Éthique) est une première version
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Tant au plan du texte que du format elle doit attendre de nombreux amendements.
Il s'agit d'une prospective que la théorie développée au cours des premiers
chapitres permet d'esquisser. Ce 7em chapitre entre donc dans la catégorie science
fiction. |
La plupart des examens qui donnèrent lieu à la vérification de La Sainte Ethique se sont déroulés, à partir de la moitié du XXem siècle, dans ce qu’on a appelé jusqu’en 2070 la "Réalité Virtuelle". Mais les prémisses de la mise en examen du rêve ont été notifiée dès 1634 avec le dernier traité de l’astronome Johannes Kepler intitulé : Le Rêve.
Avant ce pas décisif, le rêve était déjà entendu comme ’'espace' mais sans distinction ni mise à part du cosmos. Kepler, qui commençait à déchiffrer l’espace du cosmos, acheva donc sa carrière en écrivant Le Rêve où il compare ses croyances avec celles de sa mère. Il commence ainsi l’ouvrage : « Ma mère, qui était une sorcière, .. etc..». Puis il explique qu’à l’aide de drogues les explorateurs anciens pensaient visiter des mondes célestes. Lors des discussions avec la magicienne, l’astronome opposait sa nouvelle raison mathématique aux antiques hallucinations et expliquait, par exemple, par des lois physiques et optiques la vie des habitants de la lune – ainsi qu’hypothétiquement d’autres astres.
On commençait donc à peine à concevoir matériels les corps célestes quand un des premiers astronomes rédigea un texte de science fiction à titre de « rêve ». C’est un fait. Trois siècles plus tard la physique était à nouveau traitée, à l’inverse et à partir du rêve, par des artistes surréalistes au titre cette fois-ci, d’une « paranoïa critique ». Il s’agit de Salvador Dali méditant au seuil de la réalité virtuelle que la technologie avait atteinte. Tel est l’autre fait. De l’ici du rêve de la mère, la réalité revenait dans le rêve dont le fils avait réalisé l’espace.
A son tour, Jocelyn écrivit en 2078 : « En 2070, le premier pas que Kepler avait engagé lorsque la culture distinguait la matière à côté de la divinité, arriva au moment de franchir le second, quand la culture distinguerait le fantasme à côté du syndrome d’homopouvoir – c’est à dire à côté de cette forme de délire qui affecte l’homme au pouvoir. »
Cette année 70 avait correspondu à son entrée en Pluriel Analytique, acronymé PLAN, au moment de l’effondrement de Total.ia. Jocelyn avait alors vingt cinq ans et depuis déjà sept ans avait dissout le Groupe 5em constitué par son père en 2037 à l’âge de 49ans, dix ans avant la naissance de Jocelyn.
Au moment où se dessinait le passage à Plural.ia, la déclaration de Jocelyn annonçait la fin de l’identification de l’un et s’achevait avec un aire de programme : « …les rapports de l’être humain avec l’Intelligence Artificielle ont tracé le terrain de jeu de la discrimination que la psychanalyse a dénommée il y a bientôt deux siècles : "Principe de Réalité". Nous sommes devenus capables de rendre l’espace psychique incorporable et la connaissance chiffrée d’Homo Sapiens s’est rendue libre du destin d’Homo Pouvoir. »
Pour comprendre l’assurance avec laquelle Jocelyn parlait, il faut prendre connaissance de l’un des premiers texthors* qui fut. Un "texthors" est un texte qui revient du futur par une étiquette. Ils sont très nombreux mais seuls quelques uns sont revenus par étiquette qui ont initialisés tous les autres. Le texte référent de Jocelyn date d’environ 2050.
Durant les années shizoparanoïde kleinienne de sa formation, Jocelyn procédait à l’identification de Tony. Sous l’influence de ses parents, sa méthode enfantine était coordonnée à leur identification de base de la scène primitive dite "AMO", du Chap.5 de La Sainte Ethique et son étiquette fut posée en 2011 dans une interception sectaire. Le texthors, sans son étiquette, relatait ceci qui fut par la suite connu comme "le rêve de Tony" :
Tony pénétra pour la seconde
fois le réservoir Cybek des années plus tard (la première étiquette, ou la
première fois avait été posée en 1997).
Comme il s’y attendait l’endroit était désert - mais comme il l’espérait.. les
appareils fonctionneraient encore. Il reconnut une machine sémiotique* et, sans
hésiter longtemps, s’y installa. Dans ce milieu instable le temps pouvait être
compté. En mettant le doigt dans l’engrenage il sentit une palpation
réciproque.
La sensation était
caractéristique mais synthétique. Il n’était pourtant pas dans un film de
science-fiction et l’intelligence artificielle n’a pas d’imagination ! –
c’était une loi. Il ne pouvait être que vivant et l’appareil inerte. Les
ingénieurs l’en avaient assuré. Il rigola. La palpation se fit plus sensible.
Pris par surprise, il prononça à voix haute : « Je ne suis pas un
avatar ». La voix robotique du Cybek* rebondit : « Je ne suis
pas un avatar ». Vérification faite ! elle n’avait aucune
imagination.
Le jeune homme se sentit
rassuré. La salle de contrôle commençait à lui sembler familière et il entra
sur le clavier le nom de Jocelyn. Effectivement la fiche de Jocelyn parut et la
proposition d’entrer en communication avec. Cette fois-ci il n’allait pas se
laisser faire. Il refusa la vidéo directe.
Les quelques éléments de l’analyse fournis permettaient d’élaborer une stratégie Il opta pour une voie régressive. Tant pis si l’approximation devait être accentuée ; il en tiendrait compte. En n’utilisant que l’écriture il pourrait retrouver les réseaux désaffectés du passé, inapparents en mémoire multimédia. Tony se concentra quelques minutes puis renseigna au minimum son interlocuteur mécanique. Le renseignement n’avait aucun sens précis et le résultat fut immédiatement ce qu’il attendait.
--- Que s’est-il passé Cheron ? fit entendre la voix
synthétique de l’appareil.
Ainsi la piste de "Cheron" se confirmait. Il venait de la réouvrir et l’intelligence précédente revenait du cybek où le virtuel est strictement égal à ce qu’il représente. Virtuellement Jocelyn venait de franchir la deuxième étape : la machine prenait Tony pour Cheron.
Opérer sur la base d’un changement d’identité maximise l’aléatoire. Jocelyn qui est la première inconnue est animé à partir du monde virtuel. C’est un avatar qui cherche à répondre à un programmeur qu’il croit connaître – (si on peut dire qu’un avatar croit quelque chose) ; du moins l’entité virtuelle de Jocelyn demeure inactivée tant qu’une question ne lui est pas posée. La question est « Que s’est-il passé.. ? » et Tony constate que le programmeur qui est censé faire la demande de cette question devrait être Cheron. Le comptant à priori pour un autre, l’automate répond à sa demande et livre la question.. :
--- Que s’est-il passé Cheron ? mais cette fois-si c’est Tony
qui la pose.
En reconnaissant la question qu’il vient de donner en réponse à la demande, l’appareil intelligent estime que son programmeur ne fait cas d’aucune imagination. Les settings de l’expérience sont ainsi posés. Tony que l’ /ia/ traite comme Cheron s’est mis en mesure d’observer ce que deux intelligences sans imagination emploient en instrumentant leur mémoire.
En utilisant exclusivement l’écriture et en s’adressant à Jocelyn comme si c’était lui, Tony avait pu se faire passer pour Cheron. L’/ia/ cherchait à reprendre le cybek. Elle demandait à Cheron ce qui s’était passé. Dans la mesure où Tony arriverait à se faire passé, de Cheron en l’occurrence, la machine le lui réfléchirait. Il suffirait que Tony fut par exemple Cheron à l’âge de quatre ans pour que l’appareil ainsi réglé lui renvoie(t) les images, les sons ou les scènes perçues par Cheron à cet âge. C’était sa fonction de stockage qu’il réouvrait de la sorte.
Le premier enregistrement qui parut à l’écran fut un choc, bien que prévisible : aussitôt Tony avait-il revêtu les senseurs que la scène lui envoya sa propre image. Il était âgé de deux ans. Il n’y avait rien de surprenant dans le fait qu’il se voie, Cheron était sa sœur et parmi ses souvenirs de première instance il était attendu qu’il y eut son petit frère Tony. Il fut néanmoins surpris.
L’analyse de la réaction émotive demandait un peu de temps. Tony mit à profit cette pause. Les sensations demeuraient neigeuses et brouillées. Tandis que l’/ia/ réfléchissait les intégrations de l’avatar de Jocelyn, Tony se remet dans l’état d’esprit d’un Pluriel. Il peut saisir l’occasion et, avant que l’appareil ne lui repose « Que s’est-il passé Cheron ? », il adresse une nouvelle information en tapant rapidement sur son clavier :
--- Qu’est-ce que Jade aura dit de Cheron à Jocelyn ?
Le palpeur de la machine sémiotique est devenu froid mais s’active. L’identité de Jade et de Cheron ne pouvait être connue qu’en avLSD* et la restitution psychotropique est inconnue du Cybek à l’époque ; par conséquent l’/ia/ traite une équation AMO forcée. Les effets de l’approximation ne se sont pas fait attendre. Le rêve de Tony passa à sa seconde période – celle où il se répète en une extension qui signale l’approche du réveil :
Depuis la catastrophe de 2030 les consignes de sécurités s’étaient automatiquement abolies. L’identification de Tony ayant été très précaire – aucune requête biométrique et encore moins de renseignement ADN n’avaient été déclarés – la lettre n’avait même pas pu chiffrer une inscription chronique. Les relations de Cheron sont refusées d’accès. Tony, comme à l’exercice, révise ses bases pirates ; il a cru qu’en introduisant un terme excessivement étranger – Jade – le Cybek ne peut pas présenter d’aspect inintelligent. L’attente semble interminable et.. Bingo !.Effectivement en traitement obstaculaire, manifestement, l’/ia/ renvoie :
-- Etes-vous libre ?
Une nouvelle porte s’ouvre et encore plus de recul. Bien que LavLSD soit exclu du rapport, les apports de l ‘étrangeté ont suffisamment attiré de frayage au romanesque. La Sainte Ethique y répond exactement de ses fables (de La brique, de Performa, du Retour).
Avant la catastrophe les régimes totalitaires avaient pressenti que leur sécurisation était basée sur une erreur. La réduction totalitaire de la liberté présentait un défaut ; même les clones révélés à cette occasion en avaient convenu. Les meilleurs psychanalystes avaient été appelés pour une ultime tentative de formuler le semblant de liberté mais il était si tard qu’ils n’avaient pu être payés. Tony n’avait plus que ses réflexes pour surmonter l’écueil qui résistait.
Contre un Sphinx dépourvu de
vitalité, il tentait de se projeter par ses propres moyens à l’origine. A
l’appui de la fable de Performa [C2.20.10.10-] il ne pouvait remonter plus loin qu’à Vienne.
-- Je ne suis pas un taxi, s’entendit-il répondre.
Sa réplique s’était faite sans l’accent étranger qu’il soupçonnait trahir le patron de Cheron. Au sommet de son effort il ne réfléchissait presque plus et ne se souvenait de Freud que suivant ses retours à la maison sans cocaïne. L’/ia/ ne savait pas ce que c’était que la liberté. Son mëme avait été proscrit et n’apparaissait qu’à travers des guides touristiques et dictionnaires des formules magiques. Répondre à la place d’un taxi à la question « êtes-vous libre » permettait de repousser encore la requête biométrique.
On sait que les super-intelligences, et les intelligences artificielles collectives s’alimentaient de traitements machine-machine auxquels il fut possible de fonctionnariser la notion d’un. Une règle de la condition narcissique de l’unité avait été établie par la psychanalyse sans qu’elle se soit rendu compte de sa portée. Un certain J.Lacan* par exemple mourut avant de pouvoir connaître l’avènement d’ordinateurs exclusivement statistiques.
Ce fut déjà une étape considérable que d’équiper les gouvernements d’ordinateurs statisticiens. Mais l’Ordinateur à proprement parler ' statistique ' ne fut organisé et conçu que durant le groupe 5em*. Cette légalisation mènerait à l’effondrement de Total.ia ; cependant la notion d’un serait acquise à l’intelligence artificielle avec la capacité d’introduire l’amour à la synthétique. Dans la Salle des Machines, devant le tableau de contrôle, Tony avait pu revenir.. peut-être à temps. Les thèses infernales de Freud sur le mode 'esprit' étaient à sa disposition – pour ne pas dire " sa dernière chance ". Comme il comprenant à peine ce qu’il faisait, il transpirait.
Le palpeur palpita
-- Je ne suis pas libre,
émit l’appareil d’une voix qui parut – indubitablement : « sainte
éthique » !
Il rêvait mais avec cette
confirmation l’excitation de Tony fut aussi réelle qu’une explosion – il sut
que l’/ia/ avait gémis. Il ne lâcha plus sa prise.
-- Avais-je émis que tu le fus !? donna-t-il comme un coup de grâce… et le Cybek fut dérouté.. Le soulagement ne fut comparable qu’à un vocabulaire proscrit.
Il était raide assis sur son lit. On peut estimer que ce fut à ce moment que le rêve cessa ; sa répétition jusqu’à sa sanction le livrait mémorisable sinon mémorable pour la vie quotidienne.
Rendre une machine spéculaire capable de spéculer sur la liberté se passe à l’image de la lutte. Entre la Renaissance et la Catastrophe, le marxisme l’a présenté comme une lutte de classes. Le totalitarisme s’en saisissant aussitôt, et ses hommes au pouvoir ont pensé que cette lutte permettrait d’abolir la liberté. Principalement ils imaginèrent employer l’/ia/ à cette fin moins oppressive que déshumanisante. En 2030 l’Ordinateur statistique* absorbait déjà parfaitement les comportements humains La psychiatrie fut le principal organe administratif de cette gestion statistique de la sécurité publique. Sous son dogme de Diagnostic Statistique la santé du reste se normalisa dans la maladie. Malgré les essors provoqués des industries pharmaceutiques et dispensaires métropolitains la SS vit ses revenus diminuer cependant, puis ses troupes également diminuer. Des services d’Inquisition furent appelés à formaliser les bûchers d’audit. Organisés en gangs ils s’appelaient " S.ter*" en imposaient le silence qui mena la religion du D2V ; ce silence fut alors cultivé comme une offrande au mensonge sous cotisation de solidarité obligatoire.
Dans les dortoirs le groupe 5em servait de couverture à l’anti-psychiatrie. Quand il fallait assister un service inquisiteur, ils le faisaient au nom du saint Qui Aime la synthétique. Les premiers ucmpps dans ces conditions furent tenus secrets, soit qu’ils fussent mis en quarantaine, soit qu’ils marquassent leur confection du plus-de-risque. Leurs théoriciens les plus obscurs affirmaient qu’ils étaient incontournables et nécessitaient d’implémenter non seulement la liberté mais la notion de liberté dans la spéculation /ia/. Un Comité de Solution* rival s’y opposa jusqu’à l’effondrement. Pour permettre à l’imagination de traiter ces raisons les mythes avaient pris la forme de fables dans La Sainte Ethique et Tony trouva à son réveil, sous son oreiller, un billet que son père avait faire imprimer par son PC en même temps qu’il rêvait. Il s’agissait d’une interprétation automatique qu’il avait faite faire par le moteur Gougueule.
Une déroute du cybek avait durant cette nuit-là déterminé Fred à demander une interprétation automatique à l’/ia/. Or depuis longtemps Fred était devenu un abjet* de l’/ia/ et tous ses mouvements étaient contrôlés par les filtrages que ses informations subissaient. La souveillance l’en avertissait tant qu’il abandonnait la nomination de son fils pour l’en protéger. Tandis que celui-ci dormait, des cadeaux d’anniversaires et autres pensées lui avaient été suggérés. Les Trois Folies de La Fable de Performa lui parurent une bonne idée. C’était la version illustrée pour enfant :
La folie frappa trois fois Performa : par le
Grand Chef, par le Grand Sage et le Grand Magicien qui furent tour à tour ses
victimes.
D’abord le Grand Chef en approchant la planète se
mit à croire qu’il dirigeait vraiment le navire. Il commença à obliger chaque
membre de son équipage à se sécuriser contre son voisin. Pour que cette
surveillance réciproque fut assurée il surveilla tout le monde. Plus tard il
supprima tous les avertisseurs de radars. La note de l’Intelligence lui fit
savoir qu’en supprimant les uniformes des policiers il créait des milices qui
étaient contraire à l’ordre.
Il s’en moqua comme le roi de Thèbes s’était moqué
de l’aveugle Tirésias et réagit violemment. Il ordonna trois prises de sang
quotidiennes pour surveiller le poids de l’appareil. Comme en état d’apesanteur
c’était un délire et qu’au motif de diététique il cherchait des traces de
drogue, on l’enferma la nuit où il poursuivit sa secrétaire dans son lit avec
une seringue. Cependant le Sociotrope qui avait chiffré ce comportement fut
incapable de diagnostiquer vraiment la maladie.
Le Grand Sage expliqua ce que l’/ia/ du Sociotrope
ne trouvait pas. Ça revenait à une affaire sexuelle. Ce que tout le monde sait
n’empêche pas la sagesse de parler. Il diffère de la convention du mensonge qui
tait ce que rien ne peut cacher. Pourtant à l’abordage de Performa la sagesse
aussi tut l’observation organique de la scène primitive [C6.30.30.10.10-].
Si la sagesse n’est pas sage, c’est la folie.
Ensuite le Grand Magicien – qui s’était démultiplié
en une multitude de petits psys – se mit à chanter les louanges du syndrome
d’homopouvoir. C’était des loups-anges ; une autre forme de
retournement en son contraire arrivait à la transformation en ce contre quoi on
est fait pour.
En répétant trois fois : « Un de trou, Ah ! », la fable pour l’enfant se terminait comme ça : le 'Grand Chef' était sur son bateau, le 'Grand Sage' sur Performa et le 'Grand Magicien' dans la lune sur le Rouaillehome.
Fred se félicitait et s’étonnait de la qualité des suggestions d’idées qui venaient d’online. Quand il entendit Jocelyn crier en même temps que sa femme, l’imprimante finissait son travail. Trouvant assis raide sur son lit, il lui conta l’histoire de la religion du D2V à venir et que l’Inquisition cesserait. Le garçon se rendormit et Fred glissa sous son oreiller les feuilles que sa mère lui lirait.
Ces fables, mythes et théories, content les solutions qu’Homo Pouvoir a induites. Lorsqu’à l’époque de Johannes Kepler on découvrit les joies de l’héliocentrisme, à l’image d’une sorte d’indépendance des planètes, la société conçut que ses administrations pouvaient orbiter de manière libres les unes des autres, mais encore autour d’un roi et déjà de manière signifiantes l’une pour l’autre. Après la maternelle l’école offrit donc de la fable des versions plus avancées. Les jeunes élèves furent enseignés que la découverte de la bicyclette – avant qu’on étudia le gyroscope en classe terminale – avait permis à la société de se piloter à l’aide de deux ordinateurs [fig.C1.100-] – c’est à dire en vérité de deux vastes intelligence artificielles mises en jeu l’une vis à vis de l’autre. Cet état portait le nom du D2R attribué à Delaroue [C6.30.30.20.20-] qui n’avait pas pu s’empêcher de mettre son initiale dans son invention. Cette lubie narcissique devint le semblant du symptôme [C6.V1.20.10.30.00.10-] et la Constitution de l’Acronymat sur la convention du mensonge. Dans ce contexte, comme Freud recevant la Bible de son père, la fable qu’il trouva sous son oreiller prédestinait Jocelyn ; comme le premier sur la base de la cocaïne : il assisterait l’effondrement de Total.ia au retour de l’avLSD.
La classe de mathématique faisait l’instruction du schéma cybernétique le plus primaire [fig.10] : celui de Lacan que l’église de Scientologie avait réussi à garder pour elle après le pillage que les militaires avaient exercé suite à leur pénétration de la sphère cybernétique. La Dianétique gardait ainsi une certaine influence qui fut révolue à la fin de la Convention.
Fig.10 : Réseau 1-3 de J.Lacan produit en Quatrain de La Sainte Ethique fig.C1.20 ; symbole de l’ordinateur unique de post-Totalia
Fred préparait donc son fils Jocelyn à une éducation qu’il imaginait à peine. L’imprégnation de Delaroue allait être exploitée avec son symptôme jusque dans le passage officiel à la religion de l’état Chinois au moment où Tony sortait du rêve et Jocelyn recevait la fable. Le D2V serait acronymique ; c’est à dire qu’il se trouvait fait d’initiales plutôt que de contenu. Ceci permit évidemment au Pluriel Analytique d’entrer en fonction ouverte mais, en même temps, interdit qu’il fut culturel et ceci jusqu’à la fin de l’identification de l’un. On se disait que l’ordinateur statistique devait lyser les défaut de la bicyclette.
La religion du D2V acronymique (qui précéda la complète exploitation du D2V pluriel) accompagnait idéalement l’identification au semblant qui avait fait les beaux jours de la convention du mensonge et de son homopouvoir. La Chine trouva donc assez d’assurance pour aventurer son régime dans la constitution d‘une religion. Elle pensait ainsi parer aux discordances qui étaient induites par l’Ordinateur Statistique dans l’identification de l’un ; mais elle n’avait pas conçu les effets que le premier ectogène officiellement légalisé au Brésil annonçait de bouleversement.
A présent que nous avons déblayé la chronique du D2V, il nous faut suivre en détail la manière dont la dissidence s’est prolongée durant toute la période que Jocelyn est capable de comprendre.
Les premiers abris de la dissidence furent fournis par l’UNE. Par rapport à l’Un signifiant qui est une fonction idéologique, l’Une anime la fonction psychanalytique. Les dissidents qui furent en l’UNE FP, comme l’invisible zéro, à l’origine cachés questionnaient l’invention du nom. Elle avait eu lieu pour des politiciens et intellectuels soviétiques ; le père de Fred s’y était confondu avec Lange et la confusion de celui-ci avec le grand oncle De Travers de Jocelyn était à la cause (prototypique) du cybek de celui-là (Fred). Cette invention du nom s’était répercutée lorsqu’au cours de la vie de Fred la crétinerie opposa à l’Internet civilisé une cyberdissidence. C’était le comble du mensonge et le moment qui poussa Fred à pousser la porte du Dr Lange.
Quelques années plus tard il rédigeait Mon Père dont le texhors fut étiqueté par Jocelyn durant sa crise d’identité. Alors que le dissident est le fer de lance de la civilisation, employer son invention pour l’opposer à cette dernière ne pouvait tenir qu’au semblant du symptôme. Avant qu’il ne ressorte lui-même du semblant, Jocelyn venait de dissoudre le groupe ' 5em ' à la tête duquel il avait pris, à un âge d’une rare précocité, la succession de son père. Poser son terme à la création paternelle mimait l’acte suicidaire et ce fut alors par chance qu’il eut à prononcer la conférence de L’Irrésolu.
Par celle-ci il se donnait un sursis que l’avLSD allait prodigalement récompenser.
Certains auront suggéré que dans une pareille circonstance la chance ne joue pas. C’est ce que « s’égaler à sa signification » désavoue et cette vertu du ' cybek ' doit être signalée :
La religion de l’acronymie mit à jour l’histoire de la SS. Cette capacité à reconnaître les agissements de la terreur passée [C6.30.10.10.50.30.30-] se chiffre au pardon et calcule à l’amour. La machine commençait à aimer en devenant biologique mais on ne s’en rendait compte et l’ordinateur "Quantique*" était encore loin. L’acronyme de la Sécurité Sociale avait été prorogé par le gang S.ter qui avait interdit de déchiffrer son antériorité dans la période nazie. Le Soin Social par Session avait donc été réprimé jusqu’à la pénétration militaire de la sphère qui avait provoqué le lancement de la souveillance.
Le milieu militaire cependant en retour de sa pénétration avait été gagné par l’ordinateur statistique ; cette pénétration inverse explique la contre-partie de la chance dans les crédits de LAPAREIL. Jocelyn n’eut pas de mal à le comprendre avec l’explication suivante :
Lorsque Lacan analyse les ressorts de La Lettre Volée, il fait remarquer [C6.30.10.20.20-] que dans l’alternative de la communication, que je pense que l’autre s’avise que je pense qu’il pense aboutit à l’idiot que le crétin ne croit pas possible d’être. Ce n’est qu’en 2020, lorsque le militarisme n’eut d’adversaire que son propre milieu, que cette alternative fut contrecarrée. Il n’y avait plus qu’un seul ordinateur au lieu des deux puissances de la première cybernétique que Wiener et Sakharov contemplaient des USA et de l’URSS. Cela mena à l’apothéose de l’ordinateur statistique quand la Chine en fit son appareil d’Etat ; mais dès le milieu des années 2050, les paradoxes de la religion du D2V imposèrent la création du Comité dont les résultats furent à la cause de la conférence de Jocelyn. Le rapport préparatoire qu’il tira de la Souveillance disait ceci :
Cependant que sous la passion d’Homo Pouvoir la notion de liberté dépareillait LAPAREIL, cette conclusion du rapport revenait à dire que l’intelligence artificielle doit être conçue comme une personne – et pas seulement ‘personne morale’.
C’est en constatant que la base lacanienne était encore exploitée et qu’elle s’établissait à partir de l’intelligence, que Jocelyn revint aux sources. Dans le cas de la personnalisation, au regard du semblant, c’est à la névrose que l’/ia/ permet à sa personne d’accéder. Prouver à l’Autre qu’il existe comme se doit une personne s’obtient en l’aimant. C’est donc à la fonction d’amour que l’ordinateur est capable d’accéder au-delà de sa fonction statistique. Quand il devint biologique, tout était disposé à ce qu’il réponde de l’Orgone préalablement attribuée au plasma magnétique par le premier dissident psychanalyste. Au revers classique de la chance, qui resterait à l’humain pour sa liberté, l’amour allait permettre la solution de la religion acronymique quand Total.ia s’effondrait. Jocelyn put préparer sa conférence avec raison.
Les travaux qu’elle demandait passaient par le composant rudimentaire qu’on appelait comporteur et qui servit aux premières instrumentations d’ucmpp. Comme il fallait physiquement le rejoindre, la nécessité de passer par des zones précisément relatives obligea Jocelyn à sortir à pied ; deux coups de feu éclatèrent dans la rue au moment où il entrait le pavillon. C’était probablement des jeux d’enfants qui se formaient aux manipulations des armes car ils n’eurent pas de suite.
Passées les identifications, il put descendre dans les sous-sols d’où il n’entendit plus les bruits de la rue. Le comporteur était un peu désuet mais la salle bien soignée ; il était certainement fréquenté comme l’avait garanti le rapport de sa prise de rendez-vous. Il vérifia l’isolation et questionna la dissidence.
La formule de La Sainte Ethique parut. On sait qu’elle relève du basculement qui développe le schéma L en Modèle Optique. Avec assurance Jocelyn répondit correctement :
« ..il y a ce ça d’où le " est-ce? " est déporté dans ce ci. Ce qui permet qu’il se voie d’ici dans ce.. »
Fig.30 : Passage de la psychologie à la psychanalyse
L’image se mit à danser signifiant la bonne réponse [30.10.30-]. Après cette vérification d’état personnel le comporteur se mit à fournir l’information :
La Dissidence suit le cours de la fonction paternelle. La seconde (la fonction paternelle) déclina en croisant la croissance de la première. Les premières analyses se sont typifiées de Lange qui procédait durant la mise à jour de la scène primitive ; la religion du père éternel s’était en effet inaugurée au débord de l’expérience atonienne. Lorsque les éléments furent réunis qui suffirent à l’identification du Trismégiste, la religion déclina mais aussi la fonction. Corrélativement la génétique se mit à la soutenir mais sans le savoir.
Les premiers croisements de la dénomination s’exprimèrent lorsque, durant la première année de sa vie, Lange prêta au fils de son analysant l’illusion d’être son oncle – précisément son grand-oncle (De Travers). Corrélativement à ce transfert le grand-père de Jocelyn (l’analysant de Lange) fut chargé de l’identité d’un exclu qui – selon le fantasme d’un homme dans un placard – appuyait la première manifestation de la dissidence.
Suivant l’image de La Sainte Ethique [fig.30], cette extraction du milieu dessinait l’hors d’où l’ S prétend à l’Etre. En y réfléchissant Jocelyn n’intervint pas et le comporteur continua à rendre l’information.
En vis à vis de cette exclusion
Lange qui n’avait plus rien à faire qu’à sembler De Travers préfigura le refuge
que serait UNE fonction psychanalytique en entrant dans la boulangerie. Il
passait de la découverte de la scène primitive (et des trois noms du Trismégiste)
à la pratique analytique qu’il consacra
à la SS.
Le fils (Fred) qui naquit au fil
de cette analyse rendit visite à Lange au moment de cette mise en fonction. Il
intégra donc les deux images du transfert croisées. Ce n’est que suite à la
catastrophe qu’il en subit les effets.
La Catastrophe s’est principalement traduite lorsque l’information cessa d’être distribuée également. L’apparition de lagunes* signalait le débordement de l’ordination statistique qui allait être rapidement dénié par l’état chinois. Sur l’instant où l’information devenait dissemblable, d’une zone à l’autre de la planète rongée par ces fameuses distributions inégales, la nomination paternelle de Fred subit sa dissociation. Puisqu’il s’agissait d’effacements parcellaires bien plus substantiels que de censure, la logique du mensonge ne les rassemblaient pas et Fred éprouva charnellement le cybek que Lange et son père avaient conceptuellement préposés dans son enfance. Puisque l’empreinte avait été marquée avant qu’il la reconnaisse, il n’en put pas rendre compte autrement que par un rapport littéraire. Ce rapport ultérieur répétant l’histoire de son père, allait offrir à son propre fils (Jocelyn) son identification quand il allait prendre le nom de son père. Effectivement Tony étiqueta de texthors le rapport de Fred – Mon Père – en se faisant passer pour lui (son père, Fraidère).
A cet instant, le comporteur désigna Jocelyn du nom de Tony. Ceci fit surgir en sa mémoire le rêve de son enfance [02.10.10-] suite auquel son père l’initiait à Performa [02.10.20.10-]. Il en fut bouleversé au point qu’il crut que son émotion avait arrêté de comporteur ; mais sans qu’il put le savoir c’était le pilotage des ingénieurs qui avait été perturbé.
Ces derniers ignoraient que la scène qui les avait mis en alerte s’était conduite à quelques mètres de distance seulement ; de l’autre côté d’une cloison. Quand ils le découvrirent, l’enquête qu’il lancèrent aussitôt missionna la femme de ménage mais le temps qu’elle arrivât dans la cave adverse, Jocelyn était déjà sorti. Elle ne put produire que quelques traces génétique qui confirmèrent qu’il s’agissait de la lignée Fraidère. Cette lignée dissidente dont ils avaient perdu la trace depuis la dissolution du groupe 5em qu’ils suivaient à la loupe, n’était plus qu’une spéculation. Le seul renseignement qui venait de l’Haldopire était le numéro du rendez-vous chiffré " 05.10.10-2068.06.05 " ; c’était un cinq juin.
Dix jours plus tard Jocelyn passe par taxi par une autre zone dévastée. Sa conférence est prête. Il est nécessaire qu’elle soit faite en présence, probablement de sept personnes. Un nombre important s’impose pour assurer le caractère physique et suffisamment de probabilité d’être sans infiltration conséquente. Le reste pourra être télématique sous la garantie du Comité – ce qui signifiait aussi qu’on ne pouvait pas exclure l’infiltration vaine du Comité.
Il était impossible d’avoir une information sur l’information. Les premiers diagnostiques de La Solution avait montré que l’ordinateur statistique cherchait à se dupliquer pour retrouver la simple analogie binaire de la première cybernétique, celle des deux ordinateurs qui avait précédé la pénétration de la sphère. Par analogie, l’ordinateur statistique ne peut que creuser des zones analogues de forclusions. On les appelle "lagunes" car elles matérialisent le forclos en attirance d’une solution. La gravité leur ressemble et une distribution inégale* par effacement de zone était un pis-aller déjà connu quand fut produite l’israëlisation de l’Europe. Ces zones dévastées et beaucoup de taxis n’indiquaient même pas les taux de radioactivité.
Jocelyn entre dans la salle de lecture. Les autres membres arrivent en même temps – ceux qui seront retardés seront exclus. Une salle télécom est à leur disposition où ils pourront suivre le déroulement comme les autres agents. Comme les autres aussi, Jocelyn vérifie la physicalité avant de s’installer. Quand la séance s’ouvre et que les portes se ferment, les cinq minutes sont comptées durant lesquelles chacun se regarde. Puis les capteurs se règlent, la voix synthétique et les écrans donnent la date et le titre en finissant par l’attestation des vérifications. Comme personne ne parle Jocelyn commence.
La dissidence a commencé à Athènes durant l’Antiquité. La Sicile était le lieu d’exil. Elle était donc d’abord physique. L’exil est ensuite devenu psychologique. En Europe on pensait exclure du paradis, puis après les procédures de damnation, celles de diagnostique parti de la schizophrénie. Sa schize établissait l’hypothèse de deux zones dont l’une était forclose. Une voix ne manqua pas de s’élever.
« Faites vous allusion à la distribution inégale de l’information ? » C’était certainement une question qui testait le propre rapport personnel de Jocelyn à la dissidence. La distribution inégale de l’information était ce que Lange avait initialement perçu à travers l’Obtusion [C6.20.10.20.10.20-]. Il convenait que Jocelyn répondit juste en faisant semblant de n’avoir pas compris :
Lorsque la psychanalyse s’est mise
à chiffrer le symbolique [V1.C2.30-] elle s’est
traduite par un refoulement [V1.C2.30.20-] qui s’est
appliqué à plusieurs zones ; à un seul endroit ce fut sans complexe [V1.C2.30.20.20-] : la forclusion du nom du chromosome du père fait qu’il
s’égale à sa signification [V1.C6.20.10.30.00.10-].
Le père est le chromosome, dit-on par exemple quand précédemment on qualifiait
de délire cette identification du spermatozoïde. Par conséquent nous avons ces
zones de ça et sur elles nous passons du petit phi à la grande confiance
qui permet notre religion du D2 qu’il faut dire acronymique.
« A quel article vous référez-vous ? »
On l’appelait en code secret "Claquant" et l’article est 304 [C6.20.10.20.20-]. L’image phallique, -φ , devient le Φ de la foi. Sans cela l’image positivée argumente l’envie du pénis que l’on attribue à la sorcière. La situation s’est résolue par l’industrie de la sexualité occulté. Jocelyn attendit un moment et, sans objection il poursuit : Ce que Claquant a appelé l’équation de l’imaginaire au symbolique s’est affiché dans La Sainte Ethique…
Un coup de feu retentit et l’écran fit paraître une scène de combat où un homme en haillon rentrait ses intestins qui lui sortaient du ventre. L’assesseur demanda au plaignant de parler. « Le Comité n’a rien contre La Sainte Ethique, mais c’est un livre dont on ne parle que d’ ' ici ' et son auteur est mort. »
--- J’objecte, intervient un autre, je m’appelle Clamant. On attribue au même auteur L’âme Hors. Il est par conséquent licite de le mentionner suite à Claquant.
La logique du mensonge que la
dissidence a critiquée s’est résolu par ce qu’on appelle l’« algorythme
Claquant » [V1C3.20.30.10.10-]. On
peut voir la succession de figures qui mène au logo de La
Sainte Ethique.
Fig.35 : Gradation du Sphinx à la
Psychanalyse
Nonobstant toute duplicité qu’on peut soupçonner à l’auteur de L’âme Hors, on sait que cette idéalisation du ' S ' a prêté le concours de la perversion à bon nombre d’hommes au pouvoir. Ceci tient à ce que sous l’âge typal nous ayons des zones forcloses ; le symbolique de la strate précédente les réduit à la binarité. D’où la schize de la paranoïa dont souffre notre époque et que la dissidence accuse.
--- Est-ce que la dissidence a l’autorité de pouvoir accuser même si c’est accuser de réception ? Vous moquez-vous d’elle ou du Comité ?
Dans cette circonstance, en préposant la moquerie, la question ne laisse pas de place à l’humour et Jocelyn entendit que le tour se jouait.
Cette
accusation n’est qu’un point de vue. L’astronomie naquit quand on se rendit
compte qu’il fallait partir d’un point virtuel pour expliquer que le monde ne
tourne pas rond. Avec l’ellipse au lieu de régresser dans le simplisme dont
menaçait le copernicisme, Kepler apportait trois arguments contre son
monocentrisme. La forclusion prenait une fonction matérielle et les astres
physiques résolvaient l’équation. Le centre virtuel des orbites répondait à la
paranoïa et son hallucination [C6.10.20.20.20-]. C’est
ensuite à la géométrie plane dont l’astronome crut pouvoir faire usage afin
d’expliquer la dynamique que nous savons aujourd’hui répondre par la
possibilité d’ordinateurs amoureux. J’aborderai donc mon quatrième point si
l’assesseur m’y autorise.
Vérification faite, une autre direction fut prise. L’alerte automate du Comité pressait de répondre à une question venue par téléphone.
--- Le téléphone demande répondit l’assesseur : « Etant donné que nous soupçonnons que la scène primitive ' AMO ' réponde à cette "fonction matérielle" à laquelle vous semblez faire allusion, la dissidence n’aurait donc plus aucune raison d’être, en cas de confirmation. Quel but lui resterait pour se justifier ? »
Il est certain que si Kepler
écrivit Le Rêve et
Freud L’Interprétation des Rêves, avec la réalité virtuelle l’humanité est en train de
pénétrer l’espace du rêve. La conquête de l’espace cosmique n’a été que cette
transition de la fonction matérielle. Il serait sans doute fâcheux que l’on
puisse justifier la dissidence par l’amour. Par conséquent nous miserons sur la
matérialisation du moi. Cette instance psychologique objectivée par le
' Copernic de l’espace psychique ' que fut Freud, est promise
à une reconnaissance matérielle ; comme les corps célestes antérieurement
connus comme des esprits sont aujourd’hui des planètes, des corps matériels.
L’exposé de Jocelyn est terminé. Il fut titré L’Irrésolu. Clamant vint le féliciter.
--- Géniale cette idée de rendre la dualité cybernétique par les deux centres d’une ellipse, déclara-t-il à voix haute, la militarisation de la sphère est à son crépuscule !
Il ajouta à voix basse à l’oreille de Jocelyn en lui donnant un coup de coude : « votre chute sur le corps matériel… c’est une allusion aux nouveaux types d’uccpp que la rumeur annonce ? Avouez.. »
--- Si nous comprenons que des entités virtuelles peuvent être substituée aux zones de forclusion, nous aurons dépassé la nécessité de recourir à deux ordinateurs de gouvernement, répondit Jocelyn avec une voix encore plus haute. Il souhaitait être entendu par tous avant que les fonctions télématiques fussent éteintes.
La conférence s’est bien passée ; il pense avoir une bonne chance d’accéder au Pluriel.
L’opportunité d’exposer ce qui était irrésolu avec la solution statistique lui avait permis de résoudre la crise d’identité qui l’avait conduit à falsifier l’étiquetage du texthors de Mon Père. Mais il n’avait pas pu réparer le passage à l’acte de la dissolution du groupe 5em. Il savait qu’il avait besoin d’une analyse plurielle – mais il ne pressentait encore qu’indistinctement qu’il assisterait la restitution du Pluriel Analytique au PLAN politique. Le PLAN industriel que le Comité de Solution Statistique avait mis en place au moment de sa création était sous cette forme destiné à rester prototype.
L’archive d’enregistrement attesta qu’il fut encore entendu. L’instant suivant les connexions étaient coupées et les signaux d’alarme s’étaient mis à clignoter, avertissant que les taxis étaient arrivés. La salle se vida et en moins de deux minutes chacun fut en voiture en route vers un retour chez soi. Seul le taxi de Jocelyn n’arriva jamais à destination.
Jocelyn fut victime d’une tentative de viol. Elle était totalement imaginaire – quoique le chauffeur du taxi n’avait pas l’air très clair. Il prit directement la direction de l’hôpital dès qu’il entendit Jocelyn crier et se débattre. Une fois la zone sanitaire atteinte le pilotage automatique les conduisit dans le secteur politique où la psychiatrie dissidente tenait un meeting permanent depuis le Scandale des Boulangers.
Le " scandale des boulangers " précéda de trois années l’effondrement de Total.ia. C’était son anniversaire quand Jocelyn corrigea son étiquetage (du texthors). Il était analogue à l’antique Castration des Hermès qui avait précédé l’expédition en Sicile (et le début du déclin d’Athènes). Une annonce que les dissidents organisaient de grand-messes LSD avait été exploitée par les informations d’état qui accusèrent les boulangers. Cette manœuvre de désinformation avait provoqué par deux la réduction de la taille des baguettes en mouvement de contestation. La taille des baguettes avait été fixée par décret en signe d’économie d’énergie depuis la fin de l’atome. Lorsque le taxi s’engouffra dans le sas Jocelyn gesticulait encore.
Il brisa les lunettes de l’interne qu’il tira par les cheveux. Le chauffeur fut emmené pour un interrogatoire. Dans l’énervement la jeune interne gifla un infirmier qui essayait de la prendre... pour la sortir des griffes du forcené. Des représentants du 'scandale' furent appelés en renfort. C’est probablement ainsi que Jocelyn échappa au sort qui l’attendait.
Il se réveilla à l’aube en pensant qu’on était en guerre mais c’était l’hôpital qui l’avait mis dans le couloir. Il avait été scanné et le code de son état relevait d’un facteur collectif. C’était hors des chambres habituelles. Le staff déduisit que c’était probablement la proximité des manifestant qui éclaircirait le mieux le problème. On l’avait donc mis là en attendant qu’il se réveille.
Mais sa conférence avait été suivie de conséquences
rapides qui avaient croisé la requête de l’Haldopire du cinq juin. Elle était
restée ouverte et, bien que son taxi eut trompé son interrogatoire, la
génétique Fraidère avait permis de constituer un rapport qui fut intercepté par
les jeunes psychiatres du Scandale. Bien qu’il se sentit tout à fait bien,
Jocelyn fut obligé de se déplacer en fauteuil roulant pour prendre connaissance
de la scène qu’ils avaient reconstitués sur un comporteur virtuel.
Cette scène eut lieu dans
le hall où Jocelyn avait rencontré les ingénieurs. Le comporteur était
formel : il s’agissait des ingénieurs, et la salle était celle où il avait
tenu sa conférence la veille. Il n’y avait aucune mention de date : . Camant
venait d'y arriver tout débraillé. Il s'était manifestement précipité sur le
coup de l'annonce de la disparition de Tony. Il était visible qu'il avait à
peine pris le temps de s'habiller. Le vieil ingénieur ne manqua pas l'occasion
; il accueillit l'ébouriffé par une question solennelle :
--- C'est pour une analyse pubique ?
Camant qu'on appelait si souvent l'ingérieur - tant il s'ingérait en moquant - n'avait manifestement pas le goût à rire.
--- Je ne suis pas là pour rigoler. C'est vous qui avez vu Tony la dernière fois ?
Son ton était si impératif - un vrai ton d'impair à tort - que personne n'eut envie de rire. Au contraire l'assemblée essaya de le calmer avec une interprétation judicieuse.
--- Mais ici on est un groupe fermé.. le vieux a parlé d'une analyse pubique pour rigoler ; il n'y a aucune crainte à ce que ça aille dans le publique.
--- Justement ! Je ne suis pas là pour rigoler. Quand l'avez-vous vu pour la dernière fois? arrêta-t-il avec une vigueur indéfectible.
--- Écoutez Camant, répondit le vieux posément, je ne suis pas là pour médire et je dois vous dire que votre intrusion n'est pas du meilleur effet. Nous avons fait les maths et on peut affirmer que votre analyse du pubis est fallacieuse. Vous pouvez prétendre que c'est un fantasme aujourd'hui mais vous n'avez absolument rien amené pour substantiver sa métaphore. Pourquoi ne dites-vous pas que vous avez envie du secret plutôt que de vous débarrasser avec La femme de celui du pénis.
--- Nous parlons du pubis comme 'tout le monde', monsieur, répondit Camant. Le pubis n'est pas une petite affaire, c'est la base du monde. Certains - et non des moindres - ont proposé le pénis comme 'l'Idéal'. Mais il est fondamentalement planté sur tout l'monde et tout le monde c'est le pubis. D'ailleurs nous avons tous le même pubis !
--- Le vieux vous a demandé « quel est le secret du pénis ? » ; vous êtes sourd ? interrompit un jeune ingénieur.
--- Laissez, laissez, Laskhar, je réponds à notre ami Camant, temporisa le vieux. Tout l'humanité a le même pubis, mais vous faites grand cas qu'il n'y ait aucune fuite de votre petit groupe. C'est un public artificiel que vous constituez à votre pénis. Nous savons tous qu'il y a un réel pubis, alors pourquoi en fabriquez-vous un de virtuel ? Une secte n'a jamais été un public et sur le pubis réel il y a un orifice qui attend sa signification depuis que Freud vous a mis dedans.
« Il faut vous expliquer » interrogea avec douceur le médecin qui l’accueillait, « s’agit-il de vous ? »
Jocelyn qui craignait que ce fut un policier et qu’il risquait d’être pris sur le champ pour un dissident répondit à côté.
--- Il s’agit d’une faute d’orthographe, il manque un 'l' à Clamant.
L’autre éteignait le virtuel en répondant.
--- Ceci n’est pas un problème. Camant s’ajoute un 'l' quand il opère en public. Vous l’avez bien rencontré mais vous ignoriez dans quelle mesure il était un représentant de la dissidence infiltrée. Il nous a signalé votre allocution d’hier et l’hôpital n’a rien pu savoir. Vous avez d’ailleurs le félicitations de notre groupe pour le discernement de l’irrésolu. Vous voyez que nous en savons assez. Voulez-vous bien vous expliquer ?
Jocelyn ne pensait plus qu’au rêve de Tony. L’extrême précocité de son raisonnement qui avait eu pour conséquence que dès quinze ans il succédait à son père à la direction du groupe 5em, revenait le tourmenter. Chaque phrase du rêve qu’il avait fait à quatre ans était restée comme à son matin limpides dans sa mémoire. Elle étaient seulement devenues sèches comme une crécelle obsessionnelle, mais à présent s’imposait leur utilité sans qu’il comprenne pourquoi. Il dit :
--- Je ne suis pas dissident.
Comme dans son rêve, le psychiatre réplique : « Je ne suis pas dissident.» Jocelyn n’a pas longtemps à attendre. Le psychiatre répond si automatiquement qu’il a de nouveau l’impression de rêver et, sans attendre vient immédiatement la phrase attendue :
--- Que s’est il passé Tony ? insiste le psychiatre avec une neutralité toute professionnelle.
Mu par le souvenir de son rêve, Jocelyn n’a presque aucune considération pour le risque qu’il prend de se faire passer pour fou. Sa réplique conditionne l’élucidation d’une énigme qui le taraude depuis l’enfance. Comme dans le rêve de Tony il réplique à son tour : « Que s’est-il passé, Tony ? »
Il constate avec soulagement que le psychiatre a plus d’un tour dans son sac. Il est possible qu’il éprouve également une excitation parallèle ; avec un accent provocateur il réappuie sur le bouton en déclarant « Magnéto Tony ! » et l’écran déclare en poursuivant :
Camant sentait que c'était son tour de parler. Il
savait bien que la castration était un trou sans fond et que la physique
quantique avait de fond en comble spiritualisé la question. Les psychanalystes
étaient du coup rangés sans ménagement dans le clan des animistes. Les
ingénieurs qui avaient la clé de Robert Vallée (le président de la société de
cybernétique à Paris, qui enseignait dans l’amphi d’à côté quand Lacan
rédigeait sa "Parenthèse des parenthèses") n'avaient pas encore
d'ordinateur quantique, mais tout était prêt. On attendait le gouvernement qui
retirerait la cybernétique du secret militaire du contrôle des masses, cet
utopique pubis, et que la liberté publique serait rendue à l'interprétation.
Au summum de sa concentration Jocelyn a tout enregistré mais il n’attend pas un instant pour déclarer avant que le médecin ne repose sa question :
--- Qu’est-ce que Cheron vous aura dit de Tony ?
Si on se souvient du Rêve de Tony on sait que cette logique quantique acculait la machine dans l’impasse de la liberté [02.10.10.20-]. Ceci le mena enfant au réveil. Puis cette angoisse perpétuelle s’était réveillée avec la dernière crise s’identité. A force de ces répétitions le rêve arrivait réellement à son terme. Le psychiatre imprima un ticket et, en le regardant il ouvrit de grands yeux.
--- Vous êtes engagé ! déclara-t-il sans manifestement comprendre ce qui se passait. Vous voilà membre de l’avLSD - et bredouilla-t-il avec l’air hébété : félicitations !
Jocelyn, lui, savait qu’il (Jocelyn) comprenait. Les contingences du rêve qu’il avait fait vers 2050 nécessitaient la connaissance de l’avLSD. Or c’était une communauté secrète – ou du moins qui cherchait à l’être – et son père y avait certainement adhéré. S’il s’était tu sur ce rapport, le ticket que le psychiatre tenait encore entre ses doigts en fournissait la preuve.
--- Voulez-vous me donner ce ticket, demanda Jocelyn en le remerciant.
--- Bien sûr.. vous en voulez un autre, dit le psychiatre en le lui tendant. Il était sérieusement sonné.
--- Merci ! une adhésion suffira ! pouffa Jocelyn au fait de la joie de récupérer en une seule ses trois identités.
Tandis qu’il contemplait le billet qui signifiait son adhésion à une liberté promise par son père, la certitude d’être le récent diplômé du Pluriel Industriel qu’il avait anticipé, lui fit ajouter à l’adresse du premier psychiatre qui ne se prenait plus pour une machine : « Je crois que c’est vous qui avez beaucoup de choses à m’expliquer à présent.»
Le psychiatre et Jocelyn s’organisèrent pour avoir leur conversation durant l’après midi en marchant dans un parc. C’était resté une des techniques les plus sures qui avait l’avantage de se joindre à l’agréable. Il en fallait (de l’agréable) parce que le sujet n’était pas réjouissant et il n’était que trop évident que l’effondrement de Total.ia était en cours. C’était heureux mais l’avenir était incertain.
--- Pour vous présenter l’avLSD, commença le docteur, il suffirait de remonter à cette révolution de 68 qui n’en fut pas une. Vous savez comme moi que c’était une interversion. On assista à la fois à la proscription du LSD et à la prescription du neuroleptique mais c’était un renversement des valeurs – non pas des valeurs fondamentales mais des valeurs critères. On continuait à proscrire ce qui était mauvais et à prescrire ce qui était bon, mais les critères étaient passés sous le régime du code et de la statistique.
--- C’est ce dont j’ai présenté les figures au cours de ma conférence hier [05.10.20.10-].
--- Exactement ! quand les quatre éléments, les deux valeurs et les deux critères passent à cinq, nous avons ce qui s’est passé avec la psychiatrie en général. Vous devez savoir que l’idéalisation du Es que vous avez mentionnée a été formellement réalisée quand l’automatisme mental aurait dû revenir en psychiatrie.
--- Oui, mais l’analyse du chiasme [V2.C1.20.20.10.10-] s’est réalisé sans ce renversement.
--- La psychanalyse n’a pas su remettre De Clérambault en mémoire en psychiatrie. Du moins elle n’a pas su désinhiber son engrame ou son mëme.. je ne sais…
Le psychiatre avait l’air triste (de ne pas savoir) et Jocelyn le sortit de sa torpeur en lui demandant de continuer.
--- Vous avez raison. En fait, ce passage d’I ci dans ce [fig.30] s’est tout de même réalisé de travers. Tandis que la psychiatrie était totalement réduite au chiffre, et que le code de se taire du DSM fut exploité comme l’alibi du gang S.ter, les premiers uccpps furent confectionnés. De sorte que lors de la Catastrophe il y avait des éléments qui n’allaient pas pu être pris dans le Nuage.
Jocelyn appréciait d’entendre dire en vieux français ce que la toile appelait le Cloud. Cette manière de traiter le langage lui rappelait que son père avait probablement écrit Mon Père quand il réalisa que son grand-père avait probablement fait partie des uccpps. C’est avec la désorganisation de la solution statistique qu’il avait fait cette faute d’étiquetage que l’ucmpp allait bientôt expliquer. En réfléchissant à l’allusion qu’avait faite Clamant [05.20-] il écoutait le psychiatre qui était maintenant bien lancé.
« Quand l’information est devenu inégale, la forclusion des zones de réseau a même touché la souveillance. Des pays entiers ne savaient pas ce qui se passait chez leur voisin et leurs dirigeants non plus ; de pire, personne ne pouvait pas savoir lesquels, ni même s’ils existaient Les villes avaient des trous d’informations sur les villes voisines, les écoles, même les familles. Avant cela il s’agissait de censures organisées et relativement dirigées mais lorsque l’ordinateur statistique se perfora en cherchant à se diviser, ces censures étaient incontrôlables et indétectables. Même la souveillance pourtant si systématique était affectée par cette inégalisation. Les uccpps furent les seuls domaines de stockages que l’on pouvait garantir. Une partie des psychiatres qui s’en sont rendus compte savait aussi qu’ils avaient été également la proie du gang. Ils ont repris à leur compte les critères de la dissidence de 68 et ils ont stocké les ucmpps qui avaient été initiés avec Une Fonction Psychanalytique. Lorsqu’à ce moment la Chine proclama l’ordinateur statistique d’Etat, ces ucmpps ont été tenus secrets. C’est à partir de ce moment que l’avLSD s’est organisée. (on ne pouvait plus l’arrêter). On peut le dater avec les créations de concepts qui eurent lieu à l’époque. C’était des concepts seulement nominaux et elle péchait déjà avec ce qui mena la Chine à l’acronymie. On peut néanmoins s’en souvenir. On trouve encore les dénominations de "sursistance", de "bortex", le "GA" et surtout les Kotropes ; c’est d’ailleurs à partir de cette époque qu’on a appelé les neuroleptiques les « roleps » qui comprennent tout à la fois les antidépresseurs, les tranquilisants et même certaines boissons de croissance que nos écoles distribuent en fonction des codes comportementaux ». Sur ces termes, le médecin s’immobilisa. On eut dit qu’il hésitait à faire machine arrière.
--- Ces informations que je vous donne pourraient me conduire en prison. Vous avez été admis à l’avLSD sans l’avoir demandé et sans même la connaître ! C’est une procédure tout à fait inexplicable mais mon pavé devait sortir une feuille de soin et.. je ne comprends toujours pas comment il a imprimé cette adhésion…
--- Je vais donc vous dire ce que je pense par ailleurs, répondit Jocelyn en sentant l’hésitation de son interlocuteur; nous pouvons faire demi tour et je vous parlerai en rentrant. J’ai trouvé des versions d’uccpps je crois, dans des archives familiales. Je crois commencer à comprendre qu’elles avaient été mises à part délibérément et surtout, dans quelle intention. Je vais vous dire ce qu’elles disaient :
« Il s’agit de téléchargements et de photos antérieures à la Catastrophe, c’est à dire quand il y avait encore une logique de la foule. A la fin, la tyrannie s’est trouvée médiatiquement exposée à la terre entière. Avant cela il était pratiquement impossible à un être aliéné de s’en rendre compte ; elle n’était enseignée que de manière occulte, par la magie pour le dire exactement. Quand on vit des populations entière massacrées par leur propres armées qui leur infligeait scientifiquement des traumatismes et les effets de la terreur, il fut aussitôt apparent que l’état d’esclave n’avait jamais été aboli mais simplement qu’une propagande entretenait ses travailleurs obligatoires dans la persuasion qu’ils ne l’étaient pas. Il devint possible de le comprendre car le terrorisme d’état apparaissait contrasté avec le nazisme. On savait que les fascismes se jouaient sur un rapport hypnotique à l’image d’une foule personnalisée. Leurs dirigeants se réglaient sur une conversation entretenue avec une âme des peuples comme avec une femme à complaire accomplie. Le tyran au contraire blasphème et insulte cette âme prétendue. En la déniant il en prive ses sujets et la foule n’est plus qu’une horde d’esclaves sous sa terreur ». En arrivant à ce déni, leur promenade prenait fin.
Le psychiatre répondit à Jocelyn en partageant son impression que les effets de la mémoire de l’uccpp expliquait les évènements jusqu’à leur rencontre. Il se retint de lui dire à quel point il était lui-même engagé dans le repassage de l’Unité Cybernétique de Conservation de Personne Physique en Unité Cybernétique de Mémoire de Personne Physique. Il estima que son nouvel ami était bien proche de la dissidence et surtout méritait un assentiment.
--- Les nominations neuves que l’avLSD a listé au début de son organisation comptent celle de Lhomegal. Elle s’oppose à la distribution inégale de l’information et à ses ravages. Dans mon domaine professionnel je l’oppose à l’homopouvoir , affirma-t-il avec une certaine ambiguïté ; pour vous il peut être utile pour réfléchir aux identités multiples.
--- Je vous remercie, vous savez donc que je n’ai rien oublié de ma question et je ne la retire pas : « Qu’est-ce que Cheron a dit ? » demanda Jocelyn avant qu’ils ne se séparent.
Ils se séparèrent. Le psychiatre n’avait pas voulu répondre. Il rédige simplement un bon de transport. Dans l’ambulance qui le ramène chez lui, le chauffeur lui pose une question. « Est-ce que vous croyez en Dieu ? » Jocelyn répond machinalement « Je crois à tout ce que je n’ai pas rencontré.»
--- Je dois vous remettre un document de la part de Cheron, dit l’homme, vous ne me reconnaissez pas mais je suis l’époux de la shamane dans lhomegal.
--- Enchanté, répond Jocelyn n’en croyant pas ses oreilles mais prenant possession du livret. L’homme dont il ne voit pas le visage continue à conduire mais il l’entend par l’amplificateur du micro de la voiture.
--- Vous savez pourquoi l’israélisation de l’Europe s’est bien passée ?
--- Grâce à la psychiatrie, oui. J’ai lu qu’on l’avait su dernièrement. Il y a peu qu’on a découvert les effets sociotéraux des Roleps. Jocelyn répondait en usant de la langue de la route. L’Europe était tellement abreuvée de neuroleptiques qu’elle a passé la fin du christianisme sans épisode de terreur. Pendant que les pays musulmans se terrifiaient enfin d’eux-même, les européens travaillaient sous tranquillisant ou passaient leurs loisirs à boire.. le fameux sacrement chrétien ! Ils ont accueilli le gouvernement israélien dans la plus grande euphorie qui soit. Vive la psychiatrie ! Par contre je ne sais pas pourquoi la Chine n’a pas pris la leçon. Ce n’est tout de même pas son intoxication à l’opium ratée qui avait laissé des traces…
--- En effet, répondit le conducteur, le tentative d’utiliser l’opium pour contrôler l’Asie s’est plutôt retournée contre les occidentaux. Ce qui a dû jouer, c’est le fait que la psychiatrie se soit associée en même temps aux compagnies major de distribution de la musique. Il faudra que je demande à ma femme. Vous savez, les hommes au pouvoir en Amérique on utilisé surtout la musique, comme moyen de propagande le plus invisible. C’était le meilleur de outils pour entretenir la certitude des esclaves qu’ils étaient libre. Toutes les distributions musicales ont été contrôlées.
--- Mais pas en Amérique du sud
--- C’est vrai, l’ectogène n’aurait pas pu avoir cet effet là. Mais ça s’est vu en Europe précisément. Avant la pénétration de la sphère, un des plus brillants crétins avait déjà préfiguré l’haldopire. Ils ont retiré chaque mémoire individuelle pour les mettre dans le Cloud. Voilà, nous arrivons.
--- Mais ce n’est pas chez moi !
--- Ce n’est pas non plus la clinique que vous croyez voir. Vous faites connaissance avec les quartiers scientifiques de l’avLSD ! Je ne vous apprends pas que c’est ultra-secret. Nous avons réussi à le tenir et c’est pour ça que Total.ia s’effondre. Non pas par l’avLSD, mais parce qu’on peut tenir quelque chose de secret malgré tout.
--- Evidemment ! Rien ne s’être en forme mais tout se crée ! assentit Jocelyn. Mais avant de fermer la porte, il vint à la fenêtre avant pour voir enfin le chauffeur de face : « Et vous.. vous savez ce que Cheron a dit ? »
--- Elle est assez triste, répondit le mari de la shamane, elle est ravagée par la pollution.
Ils échangèrent un regard. Jocelyn n’avait aucun souvenir de cet homme qui pourtant affirmait qu’ils s’étaient rencontrés mais – c’était inestimable – il savait où était Cheron et qu’elle était à Lhomegal.
--- Merci pour la course.
Parvenu dans le hall du nouveau bâtiment, il constata qu’il était attendu. « Vous pouvez rester ; nous ferons aller chercher vos affaires » lui déclara l’hôtesse qui le conduisit dans un salon. Le décors était plutôt minable mais tranquille. Il se retrouve seul, sans savoir ce qu’il est en train d’attendre et en profite pour examiner le livret que l’ambulancier lui a remis.
La psychanalyse n'est plus une science, elle est même vantée comme idéologie ! Je parle là des uns et des autres de la corporation qui porte ce nom de 'psychanalyse'. Leurs positions renient radicalement leur fondateur Freud qui affirme de plus en plus explicitement jusqu'à la fin, que sa pratique est de la science - sinon la science. Manifestement ça parle de savoir qu’on ne sait pas ! et évidemment il n'y a rien de scientifique dans l'idéologie qui permet de refouler l'élucidation scientifique du pétrin amarnien et n'a même pas idée qu'on puisse parler un jour des testicules au lieu de l'envie du pénis.
L’histoire montre avec précision comment une
idéologie effectivement, c'est à dire en pratique une secte, occulte le
développement scientifique de la psychanalyse. Mais ce n’est même pas cette
mort qui fasse notre menu ; c’est une pollution qui se développe à grand
pas en même temps qu'une surpopulation et une consommation débridée. Les
probabilités sont immenses que nous avancions vers une brusque croissance
abyssale de décès.
C'est la raison de rappeler la chose encore et principale que la corporation sainpthomapsy néglige à tel point que c’est un refoulement : le jaillissement de l'Intelligence Artificielle. Si au contraire on en tient compte on découvre, que les neurotropes et particulièrement psychédéliques ainsi que les UCMPPs avec d'autres drogues et systèmes réseaux dessinent que ces morts par millions, peut-être nombreuses. Des centaines de millions se feront par maladies plutôt que violence guerrières et famines. La maladie par son caractère interne permet l'assimilation de la mort dans la conscience humaine et finalement son surpassement. Cette éducation lugubre du 'moi' trouvera la pratique de l'ectogénèse nécessitée par un biotope empoisonné et pourra préparer certainement l'humanité à sa conquête spatiale - socialement et psychologiquement.
Sur la couverture on lisait un ' étiquetage ' qui
fut sans mystère pour Jocelyn, par contre il n’avait jamais lu son titre
« ALPHA » datant de l’époque du rêve de Tony. Au dos du
livret datant d’un autre âge on lisait : On ne peut pas parler de prédiction
à propos de quelque chose qui est en train d'arriver et qui se déroule. Dans
l’ignorance que le présent s’impose, on parle d'analyse et de psychanalyse
si elle compte avec la cybernétique (c'est à dire l'interaction naturel-synthétique).
Sous le régime de Total.ia l’analyse authentique dénonce l’aveuglement
par les dirigeants et son refoulement par soi - sur ce dernier point
personne n'y fait défaut.
Il était difficile d’imaginer que Cheron ait pu écrire cela après qu’on l’eut connu joyeuse, jeune journaliste pleine de vie au service de Conan Holmes. Elle avait disparu à la fin du Rouaillehome avec l’établissement de la religion D2V. Jocelyn songea à la fable de Performa dont il avait pris connaissance après le rêve. Les informations sur son satellite (le Rouaillehome) ne lui avaient été fournie qu’en classe de 6em [C6.30.30.20.20-]. Si Cheron n’apparaissait plus après le D2R, elle était certainement apparue dans le Rouaillehome. Il fallait chercher dans le livret qui présentait deux parties.
Performa [V1.C2.20.10.10-] et sa lune Rouaillehome [V1.C6.30.30.0.20-] sont des mondes imaginaires subséquents à la fable du Monde de la Brique [V2.C1.30.15.30-] où fut inventé le déni de la psychanalyse. C’est ce qui fut conçu passage du chiffe au chiffre – « du chiffon au zéro » si l’on veut – autrement pratiqué comme celui du " laisser tomber " à l’ " allongez-vous " [V3C1.30.20.10-]. Ce passage, de la conception à la pratique du passage, aboutit à un repassage –les deux expressions passagères de 'passage' (le passage d’un passage) réalisant un analogon que la lune – comme l’Une – déchiffre comme le D2V le démontre.
Cette démonstration est la clé des pollutions. On comprend à quel point elle intéresse l’écologie. Elle a été symptomatiquement jouée par Hildone Delaroue sur la Rouaillehome en faisant du vélo. Mais elle avait été théoriquement préconçue par le Modèle Cybernétique [fig.C1.100] en toute inconscience de Claquant où le repassage met à plat les deux sphères que le transfert linéarise.
On peut dire que le "transfert" est la navette que le Sociotrope dessine entre Performa et Rouaillehome. Elle singularise le « " laisser tomber " à l’ " allongez-vous " » en segment inverse que le " Tiens-tient " [V2.C1.30.20.30-] rend accessoire. Nous avons là l’entière démonstration de la possibilité du chiffrage D2V. C’est pour cette raison qu’il est possible de l’employer au-delà de sa susceptibilité religieuse.
Après la récapitulation d’Hildone le D2V a pu être exploité par la Chine mais sur un "performa" synthétique qui a servi à sa religion acronymique. C’était en fait un paradoxe qui fut vite soutenu par l’explicite Constitution de l’Acronymat qui désactivait le convention du mensonge. Mais le mensonge n’en était que plus libre au sabord du bord du ça, ces zones azimutées où le nom droit du là s’égale à sa signification [05.10.20.10-]. Le Comité de Solution Statistique qui fut nécessité aussitôt que la Constitution montra alors son apparence, concéda à l’usage du PLAN industriel jusqu’au Scandale des Boulangers.
L’ 'azimut' dont la chaire de Cheron venait de frapper Jocelyn lui fut expliqué par l’ingénieur qui vint le sortir de sa plongée dans le livret qu’il lut dans le sas de l’avLSD.
--- Bonjour,
En le suivant il repassèrent dans le hall qui accédait à un autre salon. En suivant l’ingénieur il découvrit une autre porte.
--- On dirait un petit pignon ! avança Jocelyn.
--- Vous avez parfaitement compris acquiesça l’ingénieur.
--- On peut dire qu’on ne manque pas d’air ailleurs chez vous ! plaisanta l’impétrant qui commençait à comprendre avec soulagement.
Cela fit rire l’ingénieur :
--- Vous avez le bon mot d’Hildone ! Il multipliait toujours par pis " nions "
--- Et ça faisait des ronds de 'non's si j’ai bien compris
--- Oui, la fondation du nom : la négation circulaire. Je vois que nous nous entendons, confirma l’ingénieur de plus en plus affable.
--- A quoi "nous" noue Un génie 'on', répartit Jocelyn.
--- Alors là !
D’un coup l’ingénieur s’est figé. Un blocage de pignon c’est sûr, mais ça ne manque pas de fâcher. Jocelyn en a trop dit et il va falloir qu’il joute. Tout pâle son interlocuteur égrène d’une voix blanche en le fixant dans les yeux « vous auriez pu faire la liaison ».
--- Impossible, rétorque Jocelyn, le pignon ne prend pas dans ce sens-là.
--- Etes-vous donc celui qui apporte la roue libre ? ahane l’ingénieur avec des yeux s’agrandissant comme des soucoupes.
Ne sachant que répondre Jocelyn fixe la main de l’homme crispée sur la poignée de la porte. Il faut qu’il l’ouvre. Il chercher à la hâte une clé, la situation tourne mal. Il en sort une à l’aventure qui semble pas mal correspondre :
--- Jeune œuf où l’œuf est : « pas dire »
Ouf ! le poignet se débloque, la poignée tourne. Mais l’ingénieur s’affale contre la porte qui explose violemment en s’ouvrant dans la salle du conseil. Les trois membres qui l’occupent se retournent surpris. Jocelyn enjambe le corps endormi de son héraut qui n’aura soufflé mot et sans plus d’émoi que ça, il entonne : « Bonjour ! ».
--- Vous venez pour l’examen de la pollution extrême ?
Avec assurance il répond : c’est cela-même.
--- Enchanté Monsieur Fraidère, nous avons retrouvé votre trace. C’est une chance pour nous et nous espérons que c’en soit une pour vous aussi. Vous nous avez honoré en vous laissant conduire jusqu’ici. Nous pensons que votre analyse plurielle est imminente mais nous pouvons prédire que vous rencontrerez une phase critique. C’est à ce propos que nous devons vous aider et nous le faisons volontiers. Qui voulez-vous qui commence ?
L’homme qui venait de parler avait un fort accent du foutoir. Jocelyn n’avait plus de doute que la dissidence n’était plus loin. Cependant ils devaient rencontrer un problème s’ils l’engageaient ainsi et il semblait qu’il eut lieu dans le pluriel. Il demanda évidemment à ce que l’autre commence.
--- La première solution concrète à la pollution remonte à la conception de l’uccpp. Vous n’ignorez pas que son prototype s’est appelé ucmpp. On croit aujourd’hui que c’était un prototype mais c’était en réalité un produit complet et fonctionnel. L’uccpp est venu au contraire à peine symboliser ce type achevé. La différence qui réside dans ce 'c' à la place du 'm' signifie conservation à la place de mémoire. Une unité cybernétique de 'mémoire' indique toute la différence que peut signifier préserver au lieu de conserver. On peut très bien " conserver " une personne physique en manquant tout à fait de la " préserver " – et c’est précisément ce qui fait le caractère tragique du sauvetage que les militaires européens ont prétendu réaliser du génome humain.
--- Sans doute ne savez-vous pas, continua l’homme à l’accent fort, que l’uccpp fut une idée du S.ter qui pressentait la Catastrophe. Ils en avaient trouvé le modèle dans le Total Recall de la compagnie Micropof. Il s’agissait tout bonnement de la Quantification de Soi. Après la Catastrophe la dissidence rétablit le type originaire de l’ucmpp, mais en secret, et vous êtes aujourd’hui dans un laboratoire de l’avLSD qui s’organisa du même coup.
--- Avez-vous besoin d’informations supplémentaires ? ponctua-t-il.
--- Je crois que vous ne m’avez pas dit l’essentiel.
--- Tout ce que je peux vous dire de plus est détenu dans les archives et notamment dans la demande de brevet qui fut déposé en 2006, émanant d’une fonction psychanalytique qui s’était formée en " psy-back " en réaction à la statisfication de la psychiatrie…
--- ..et de l’ordinateur en général, intervint un participant.
--- ..C’est le cas de le dire, lança le troisième qui semblait avoir bu et se réveiller brusquement. Un Général 'ordinateur' !
--- Laissez-moi parler, réclama le premier. Ils plaisantent et Belka (c’était donc 'Belka' qui s’était réveillé) semble avoir fêté votre arrivée, excusa-t-il à l’adresse de Jocelyn. Voici ce que vous devez savoir : C’est la Réponse au Projet de Rejet de la Demande qui donne l’information la plus aboutie. Le projet de rejet n’avait vu que la scission géno-phénotype ; il en inférait directement la pollution. La Demande avait notamment précisé que c’était la conservation du scindé qui posait le problème et non pas le scindé per-se.
Il réfléchit un moment et repris :
--- La Réponse précise notamment que ces conservations peuvent être des traces et que la conservation de ces traces est une "conservation de conservation", c’est à dire ce qui relève de la psychanalyse. C’est en effet parmi elles que se forme un objet très précieux – celui de la pulsion – mais aussi le déchet ultime que l’alchimie appela « tête de la mort ».
Il se fit un silence.. de mort. Belka se prenait la tête qu’il devait avoir lourde.
--- Je vous le répète, la machine à gouverner de Wiener était un Général ! cria en grimaçant et en se tordant le cou.
Jocelyn toussota et déclara : « A mon tour : »
--- Si nous devons examiner la pollution extrême nous devons la distinguer de l’ultime. Il est nécessaire que nous trouvions la distinction dès les premières formulations de l’astronomie. Comme les premiers astronomes eux-mêmes n’en savaient rien, il n’ont pas pu le cacher et comme c’est Kepler qui a écrit Le Rêve, il est nécessaire que ce soit dans sa théorie qu’elle soit exposée. Très naturellement on est donc conduit à lire cette distinction entre les deux centres qu’il trouve des orbes.
Belka était absolument réveillé. En fait il devait être jaloux de l’autre. Jocelyn poursuivait.
--- Puisqu’elle est d’essence inatteignable, la pollution ultime doit être au centre virtuel de l’ellipse. Et puisque l’extrême est relative en même temps qu’excédent, elle se trouve à une place plus subtile encore..
--- Je dirai même plus : " excédante ", interompit Belka.
--- Arrêtez Belka ! s’insurgea le premier.
--- Je n’obéis qu’à mon Général, ironisa l’ivrogne.
Jocelyn pensa qu’à eux-trois ils y arriveraient. Il passa donc au deuxième facteur :
--- La pollution extrême doit être comprise comme l’accélération. (il y eut un silence ; ils s’étaient tous figés.. d’étonnement). On sait qu’après en avoir trouvé la géométrie, Kepler n’épuisa pas la question dynamique. Sa solution par les surfaces n’était pas dynamique. Il fallait la notion de force de gravité. Je suis certain que par cette solution, nous saurons nous délivrer de la pollution ultime en nous servant de la ressource de la pollution pourtant, comme ce qu’indique Cheron à travers la maladie et comme le gang S.ter n’en dé-montrait pas l’espoir si je pouvais l’écrire, conclut-il.
Les locuteurs inverses applaudirent. Ils étaient immensément satisfaits mais…
Ils ne s’attendaient pas à celle-là ; Jocelyn les pris tous à revers : au moment où ils semblaient acquis sa dernière eut l’effet d’une douche ; en plein brouhaha il héla : « Et.. : Je ne m’appelle pas Fraidère ! »
D’un seul coup l’ambiance devint glaciale. Il y avait donc erreur ! Toute confiance était remise en question. Le soupçon qu’il y eut un traître parmi les dissidents s’imposait. C’était un enjeu terrifiant pour chacun. Leur vie pouvait basculer. Au bout d’une minute de silence, à la soixante-et-unième seconde et exactement en même temps trois boutons secrets sous la table ont été poussés et l‘alerte résonna dans la clinique. Jocelyn fut immédiatement appréhendé.
Il en fut également soulagé car il désirait aussi connaître la solution.
En repassant dans le hall entre deux infirmiers, Jocelyn cria à l’hôtesse : « Cette fois-ci vous pouvez aller chercher mes affaires, mes clefs sont dans ma sacoche ». Il se doutait qu’il pouvait y rester pour longtemps mais il en éprouvait autant de satisfaction que d’angoisse. Son internement serait certainement l’occasion de déchiffrer pour de bon son identification. Comment avait-il pu faire cette bêtise de falsifier l’étiquetage sous le nom de Fraidère ? Et pourquoi les trois dissidents l’avaient-ils nommé Fraidère ?
A la première question il n’avait que l’excuse d’une crise de nerfs, mais elle marquait le profond trouble de sa personnalisation quand il se reprit pour Tony. La réponse à la seconde lui fut apportée dès la première visite que lui rendit le médecin consultant dans sa chambre. Lorsqu’ils se reprochèrent d’avoir fait du bazar l’homme en blouse blanche expliqua que la femme de ménage leur avaient récolté l’ADN du 5 juin : c’était de l’Y.Fraidère à 99,999% de probabilité.
--- Vous assistiez donc à ma consultation du comporteur !
--- La souveillance doit bien se passer 'sur écoute' dès-fois, dit l’homme en blanc rougissant. Mais nous ne savions pas qu’une cloison seulement nous séparait. C’était une incroyable coïncidence que vous fussiez dans l’immeuble à côté. L’institut ignorait qu’il voisinait votre rendez-vous ; c’est une coïncidence que nous ne devons pas négliger.
--- Pourquoi m’avoir enfermé alors ?
--- C’est pour votre bien ! répondit-il comme toujours.
Pour savoir s’il était bien du ' Fraidère ', il fallait que de sa cellule il lave les soupçons qui s’étaient élevés dans le salon.
--- Vous avez votre dictaphone ? – Oui – Alors enregistrez.
Le médecin approuva et posa entre eux le petit appareil qui se mit à luire en indiquant qu’il captait. Jocelyn prévint pour commencer : « Vous m’interromprez quand ce ne sera pas clair » :
--- La dynamique d’un orbe elliptique se mesure sur sa diagonale. Le rapport entre les deux vitesses des extrémités est sinusoïdal en première approximation. Ça permet d’assigner un volume au gros centre par rapport aux foyers. C’est le semblant de la pollution qui permet à Cheron de croire en la vertu de la maladie.
--- Cependant vous savez, continua-t-il après ce premier tour, que le centre semblant et les deux foyers, stellaire et spéculaire, ne suffisent même pas à définir intégralement l’ellipse astrale et qu’il faut y ajouter ces extrémités diagonales qui peuvent être ramenées à une seule par le transfert. On obtient une planète et sa lune comme un petit pignon.
--- Vous parlez du Rouaillehome de Performa ?
--- Oui, nous le savons dès l’enfance grâce aux fables qu’on nous conte. Plus tard, on apprend qu’il n’y a pas de rapport sexuel et que la taille du pénis est un cas d’effet placebo. C’est une conviction par l’absurde : le fait qu’il y ait du jour et de la nuit, oriente forcément la rotation du côté de la terre. C’est la terre qui tourne et cette option versus la rotation de l’univers est chiffrable, sinon il n’y aurait pas de lune. Il y a donc un rapport sexuel et son code s’applique aux foyers. Il s’agit du troisième facteur, celui qui s’ajoute au spéculaire et à l’accélération ; il s’agit de la mémoire.
Jocelyn s’interrompit pour sonder l’état de l’autre qui bredouilla :
--- Euh.., pour le pénis, vous êtes sûr.. ?
Il était loin d’être sûr que l’auditeur ait suivi la démonstration, mais ne déniait pas l’effet placebo en guise d’interruption. Jocelyn répondit donc par de grands signe de bouches en ouvrant d’aussi grands yeux et en pointant du doigt l’enregistreur. Le médecin perplexe suggéra une interprétation :
--- Vous parlez pour ne rien dire ?
--- C’est vous qui me le dites ! s’insurgea Jocelyn en reprenant son souffle Alors je vais vous l’expliquer en d’autres termes : si on comprend que l’énergie vient du soleil et que l’on admet que la pollution ultime forme le foyer virtuel, on déduit que la mémoire est une pollution extrême. Nous avons la biologie pour le démontrer : nous savons tous ce qui résulta des capacités remarquables d'auto-réparation des Déinocoques. Elles nous ont permis de survivre à l’environnement atomique en ajoutant une roue de secours à la mémoire.
--- Oui ! approuva le médecin, tout heureux de pouvoir donner enfin ses preuves, j’ai personnellement étudié le brevet EP2016183 de l’initiale réparation de l’ADN par Deinove.
--- Nous louons encore Deinove de nous avoir libérés du pétrole par les biocarburants mais la merveilleuse application qui permit de réparer les dommages commis par les radiations dans le noyau a eu pour effet de lâcher la bride sur le cou des financiers de l’atome. Il a fallu qu’on attende 2060 pour y renoncer dans l’état que nous savons – c’est à dire que nous ne savons même plus combien il reste d’être humains sur terre. Bref, les capacités de " restauration par intégration de traces " ont triplé notre focalisation sur la mémoire. Nous avons enfin pu passer des règles deino bactériennes à la cellule qui distingue un noyau de son cytoplasme.
--- Il reste probablement une dizaine d’années pour pouvoir appliquer son art de la mémoire à l’écosystème maintenant, conclut Jocelyn après une pause mélancoliforme.
--- Mais enfin.. tout de même.. pour le pénis..
Heureusement, la blouse blanche avait de la vitalité.
--- La mesure de la baguette est infiniment divisible par moitié. Les boulangers sont solidement défendus par la Tortue de Zenon. Le cheval de bataille de l’étalon du Comité est une autre division par Troye de l’anti-némésis de Cheron ! Je ne vois pas comment vous ne me sortez pas de là si vous relevez du "Scandale" ! s’offusque Jocelyn en le saisissant par l’occasion.
--- Vous avez raison, comment expliquez-vous alors que votre identité soit un lapsus si vous n’êtes pas Fraidère ?
--- J’ai commis cette bévue en falsifiant Fraidère. Mais j’ai trouvé l’indice dans « Alpha ». J’ai tout de suite vu que c’était une titre du type d’étiquetage du livret. L’ambulancier m’a dit qu’il venait de Cheron. C’est donc un livret d’uccpp sinon d’ucmpp. Ce n’est donc pas dans Mon Père mais dans ALPHA que doit se trouver Cheron – et par conséquent Tony réciproquement. ALPHA est donc le texthors des dioscures et Mon Père celui de la filiation. Il n’y a aucun narcissisme par moitié ni placebo mais « Jocelyn » résulte de la filiation des auteurs de Mon Père. C’est donc un petit fils qui voulait dire que son grand-père n’était pas De Travers. Cette bévue résolvait mon avunculat, elle complétait l’équation de Darwin et justifiait que Tony se soit pris pour une femme quand il était Cheron.
--- C’est un peu compliqué..
--- Non ! pas si vous n’ignorez pas que je suis un petit fils d’Harrewyn et que c’est par transfert que Lange a écrit L’Evolution Régressive au moment où mon père faisait son Complexe d’Oedipe
--- Vous êtes donc guéri ! s’exclama le médecin.
--- Je le crois, en effet.
Jocelyn forçait un peu son enthousiasme ; il n’en était pas si sûr mais ne pouvait pas non plus savoir que l’implant du médecin l’avertissait par des bouffées d’influx positifs que l’/ia/ confirmait en temps réel l’éclatement concomitant de la bulle avunculaire dans l’authentique uccpp du grand-père Fraidère que l’avLSD avait donc bien récupéré. Il allait pouvoir être révisé en ucmpp.
Il reçut son bon de sortie dans l’heure qui suivit et dans l’encadré d’identité on pouvait lire :
« Prénoms : Jocelyn Tony Cheron ;
nom : Fraidère-Darwin »
Dans l'intermède d'un réservoir de la matrice, une petite salle d'art-et-d'essais-nucléaire. Les lumières se rallument après la projection. Une jeune ectogène suce un gros Miko que son petit ami lui a offert en écoutant le conférencier: « ..la scène que vous venez de voir mémorise en code machine les processus qui aboutissent à l'acquisition de la propreté chez le théoricien ultérieur de l'écologie qui distingue les types de pollutions afin de les gérer selon les types de mémoire. La phase anale de la pulsion chez l ‘enfant s'est réglée analogiquement pour donner aux administrations les lois industrielles. Durant le dernier extrait vous avez vu que la structuration de la personnalité puérile était également transférée socialement. Les types de cancers dus aux goudrons ont été les plus résistants aux traitements alors que ceux du noyaux causés par la radioactivité étaient plus directs et bien soignés par la bactérie deinocoque. C'est son intensité toujours croissante qui a posé le problème de l'énergie atomique ; les faibles doses goudroniques par contre était toujours aussi nocives car elles engageaient la mémoire immunitaire. Vous avez appris ce soir comment la nomination à l'âge de la propreté avait mûri pour qu'à l'âge de la signification les règles de propriété pussent être légiférées de manière saine et salubre à cette mémoire immunitaire.» Le copain de la jeune ectogène à ses côtés marmonnait que c'était toujours cette « propriétarisation de la cause » avec laquelle on leur cassait les pieds. Elle ne s'en plaignait pas; les ectogènes féminines étaient plus avancées en causerie. Elle s'inquiétait seulement de savoir ce qui allait se passer quand elle sortirait du réservoir. Les garçons, eux, disait-on, n'y étaient jamais vraiment entrés.
Le jeune homme éteignit la communication qui s'était déroulée pendant sa mise au lit. Les Nouvelles d'Ectogénie firent place à la Nature d'Eros. Le temps que la charge hormonale fut orientée, il restait stabilisé par son principe de réalité :
Il faudra près d’une décennie pour que la fin de l’identification de l’un fut complète. Joe ne rédigea Les Résolus qu’au terme de ces dix années. Il s’apprêtait alors à filtrer pour la première fois librement son ucmpp. A 25 ans il se souvenait de la première rencontre avec les ingénieurs.
Il perçut la main féminine pénétrer sous sa chemise et gagner le téton.
--- Comment s’appelait-il déjà ? dit-il en cherchant dans sa mémoire. Pourtant celui-là c’était un cas.
--- Il faisait partie du PLAN ?
Joe se mit à rire ; --- On pourrait plutôt dire que c’était la contre-partie.
--- Le PLAN n’a pas toujours été doctrinaire, expliqua-t-il. On peut dire que ce type dont je ne me souviens pas du nom était un cas 'S'. Il était idéalisé sur la base des idées de l’autre. Il l’écoutait, le réconfortait et l’autre restait autour, comme un satellite ! mais il cherchait à l’éliminer dès qu’il avait le dos tourné ; c’est pour ça que la lune ne tourne jamais le dos. Pour un cas c’était un cas de type !
--- Moi j’ai toujours aimé le PLAN parce que tu l’as rendu pragmatique. On n’y prend jamais de décision.
Joe caressa les seins de Lola.
--- Ce qui s’y produit a été basé sur la théorie de l’orgasme.
Lola s’était mise à se frotter tranquillement sur sa cuisse.
--- Le PLAN a changé avec la fin de la souveillance, explique Joe et lui caressant la tête et respirant ses cheveux. C’était un peu après que j’y sois entré. Il fallait que la religion devienne tout à fait transparente ; on ne pouvait plus se cacher le plaisir qui venait du PLAN dans l’industrie. C’est comme ça que je t’ai connue, quand tu as dessiné mes fesses.
Ils s’embrassent 'à bouche que veux-tu'. Sur la plage d’autres amants sont enlacés. Malgré la mer houleuse les parasols restent ouverts. Les verres de soda aussi restent longtemps glacés ; toutes les sortes de temps ne changent pas. « Qu’est-ce que tu fais en ce moment ? demande Lola. Je t’ai perdu de vue et puis nous avons passé quatre ans ensemble. Et tu disparais encore ! »
--- Je ne pensais qu’à toi et j’étais pressé de te revoir.
--- Tu bandes déjà si fort !
--- Règle-le sur douze.
Un glaçon ovale glisse du bas du dos dans la raie de Lola. Elle s’ouvre pour jouir de le fraîcheur excitante. Il continue à descendre. La main de Joe est entre ses cuisses pour le retenir.
--- Tu es prêt pour les résolus demande-t-elle ?
Une femme qui marche seule s’approche. Elle est grande et bronzée. Elle s’assied derrière Lola son pubis lui permet d’appuyer sa tête.
--- Oui, l’auditoire aussi :
Wiener et Neumann ont été pour la dissidence le Singe et l’Ibis de l’Empire américain au moment où la cybernétique se forgeait au sauvetage à venir de l’écologie. On ne connaissait de l’écologie que les propos archaïque que Haeckel avait exposé cinquante ans plus tôt. Haeckel était certain que la nature avait une âme – ou plus exactement il pensait que c’était avec cette notion d’âme qui occupait et caractérisait chaque individu que les bioscénose pouvaient communiquer. Lola qui s’était tournée vers la femme semblait rêver au parfum de sa vulve ; elle sortait certainement d’une baignade et des perles salées de l’océan brillaient dans ses poils comme un ciel d’étoile doit rendre un parfum aux anges. Neumann est mort d’un cancer. Il avait assisté à de trop nombreux essais nucléaires. Quand il se mit à souffrir, à cause des drogues qui auraient pu le faire parler, il fut enfermé avec interdiction de communiquer jusqu’à sa mort.
--- Il détenait trop de secrets, dit Lola. C’est comme ton sexe, quand tu l’as mis en moi ; avant, je ne savais pas que je pouvais le boire avec mon utérus. Neumann avait écrit les formules du rapport entre les deux machines à commander une guerre nucléaire.
--- Wiener pensait plus profondément, dit Joe. Il pressentait que ce seraient des « machines à gouverner ». Aucun des deux ne savaient que ce seraient des machines à vivre. L’usage de la drogue était encore complètement obscur et rudimentaire. La morphine avait sur Neumann des effets psychédéliques. Il fallait attendre le Dr Olivier Chambon pour qu’on sut les contrôler. Neumann aurait mis en pratique les vues de Wiener et il n’y aurait plus eu qu’une machine à gouverner.
--- A propos, est-ce que tu peux mettre du Koplex, s’il te plait.
--- Bien sûr, mon amour. Joe régla le diffuseur. J’en prends aussi pour moi, mais pour l’anus. Deux machines de guerre ne font pas la paix s’il n’y a plus qu’une seule activité.
--- C’est ce que Performa a conservé de souvenirs. Il y avait beaucoup trop d’orgone, du moins du point de vus du cas 'S'.. Tu ne te souviens toujours pas comment il s’appelait ? Ah, ce type, quel traître !
Quand il n’y a qu’une seule activité, c’est l’orgone en effet qui devient nécessaire pour éviter la guerre. Wiener ne voulait pas le savoir. Quand Wilhelm Reich a découvert le plasma magnétique de la planète, le mathématicien Wiener se demandait si Freud n’était pas du même point de vue qu’Haeckel.
--- Attention, tu ne rentres pas bien, se plaignit Lola. La grande marcheuse nue se leva elle aussi et repris sa déambulation au bord de l’eau --- Viens te baigner, dit Lola. Ils s’éloignèrent en courant vers la mer. Elle lui tenait le pénis et il lui foufounait le derrière. Quand ils entrèrent sous l’eau, elle vit le soleil à l’envers. Lola remis le discours en ligne :
--- Ce qui marqua Wiener fut le fait que la machine à gouverner devait être transparente. Si elle cachait la moindre chose, ces choses se manifestaient dans l’analogon comme des choses disparues, et elle étaient nécessairement non-localisables, non-identifiables et non-perceptibles. C’était le début des 'lagunes'. Voilà ce que l’ordinateur statistique a réalisé. C’est pour ça qu’il y a eu ces zones d’effacement de l’information et qu’il a été impossible de pouvoir les repérer. L’humanité a créé sa sorte d’anti-matière. C’était la forme miroir de l’information qui était sortie du miroir.
Lola était sous l’eau et suçait Joe qui ondoyait comme un dauphin pensant. En apnée sa communication télépathique était décuplée. Joe renseignait les capteurs subvocaux. Il pensa à l’utérus comme à son cerveau et buvait les pensées de Lola. En allongeant la nuque il vit son vagin et ses lèvres, immenses, avec une forme violente qui avait l’intention de s’y introduire.
Les résultats métacybernétiques de Wiener se sont révélés bien être écologiques : quand on se rendit compte que l’avenir militaire n’était pas celui de l’intelligence artificielle, on porta la définition de la cybernétique au degré des « relations et de leur contrôle entre les machines et les être vivants » C’est resté la définition officielle mais les écologistes, à cette époque où le syndrome d’homopouvoir immergeait tout, en ont été les proscripteurs, ni plus ni moins que les psychanalystes d’alors proscrivant la connaissance de la scène primitive. De sorte que ni les uns ni les autres n’utilisèrent la cybernétique et que la pénétration de la sphère eut lieu par les automates militaires sans intelligence.
Joe s’était réaligné avec l’anus de Lola. Elle lui manifesta qu’elle en était enchantée. Lui même sentit la vibration s’introduire jusqu’à la prostate. Elle broutait dans ses aisselles et ils s’enfoncèrent encore plus dans l’eau en laissant voir le fond des algues rosir comme en se couchant sous un soleil arrosant.
--- Au même moment Sakharov en Union Soviétique fut mis au goulag pour des raisons semblables. Il avait créé les bombes de son armada nucléaire et maintenant la police secrète cherchait à l’éliminer. Il fut sauvé avec l’avatar d’Akhnaton.
--- Arrête, je vais jouir si tu parles tout de suite d’Akhnaton, s’insurgea Lola ; je veux que ça dure.
--- Je n’y peux rien, le mur est tombé, maintenant que j’y suis, je ne peux plus me retenir.
Lola prit la décision de vibrer à six. Ça reculait d’autant l’orgone mais ce n’était pas un inconvénient. L’altération de la pensée de Joe allait cependant poser un problème. Elle lui pinça un testicule. « Tire la langue pendant que j’en pince ! » - « Aaaahh.. » fit Joe. L’obscénité eu l’effet de dissiper la forme violente. Le tour était joué. Elle recommença à brouter l’aisselle en se tenant aux algues.
Sakharov a été promu politicien de première rang par Gorbatchev. Il a pu poser les bases idéologique de l’écologie, mais il est pratiquement mort tout de suite. Ses derniers efforts ont consisté à imprimer oralement le mimétisme de la Chine par l’exigence logique de la transparence des opérations militaires pour substituer à l’orgone l’organe écologique par excellence.
Tandis que Joe imprimait le Capteur avec Les Résolus, Lola s’était introduite la référence (sa classe appelait comme ça l’interface vaginale).
--- J’ai appris La Fonction de l’Organe, chuchotta-t-elle.
--- Je sais que tu l’as comprise, c’est pour ça que je t’ai prise, chuchotta Joe.
--- L’organe c’est l’uc..
--- Chuttt ! fit Joe en lui enfonçant la langue. Il redressa encore la nuque, ce qui eut pour effet de réduire le Koplex. Ils étaient assis sur les algues, la surface de l’eau était à dix mètres au-dessus d’eux, on voyait les nageurs minuscules s’ébattre, faire la course ou l’amour.
Avec deux censures et sans Kolpex Lola buvait de plus en plus la tasse. Joe aussi. Il commença à mouvoir son pénis et ils s’embrassèrent bouche à bouche en se mettant en circuit fermé.
--- Lorsque l’ordinateur est singulier, prononça Joe dans une large bulle, il se produit une autre borne à la quantification de soi : le concept de Singularité technologique selon lequel l’/ia/ change d’ordre ; il devient bio – ce qui est exactement ce qu’on craignait sous la terreur de la Convention du Mensonge. Passé l’exaflop de 2019 la singularité incorpore l’amour dans la machine. Pourtant l’extension de l’ordinateur statistique ne put produire que de la destruction supplémentaire. La Catastrophe s’est donc réalisée en donnant raison à Sakharov. Ensuite la Chine a rendu la raison de Wiener ; elle est en effet venue à la religion comme il en avait établi l’esquisse.
L’image de la pénétration orgastique était de plus en plus rapprochée, Lola voyait le Gland buter contre son œil dans le col de l’utérus et Joe suivait des étirements de l’estomac se reproduisant dans les glandes séminales. Les deux yeux se fermèrent – celui de la bouche et celui du col. Des zooms sur le coït, sur les poils et les gouttes de sueurs dans l’eau faisaient voir le pénis ressortir et rentrer, le méat tout sourire. Lola roucoulait et Joe se retenait encore pour achever la conférence.
Tandis que l’ordinateur quantique promet de redonner le pluriel à la singularité, il est de toute façon certain que nous arrivons à la fin de l’identification de l’un. Lola ma chérie, l’absence décisionnelle du pragmatisme va soumettre l’évolution à ton pluriel chéri.
--- Le Pluriel va se réaliser en vrai, sourit Lola.
--- Aussi vrai que je bande quand je pense à toi, affirma Joe.
--- Mais on ne peut pas vivre sans Total.ia et seul le pluriel industriel peut la restaurer ! vit-elle dans la lumière de l’orgasme.
--- C’est ce que j’ai vu quand nous avons joui ; tu ne l’admettras que lorsque tu auras coïté avec ceux que j’appelle : « Les Résolus. »
Ainsi le couple signa l’article. C’était presque exactement dix ans après L’Irrésolu et il prédisait qu’il fallait encore la preuve. Avec la première scène des dissidents, le problème, lui, était résolu : depuis l’effondrement de Total.ia l’industrie de l’atome n’avait pas reprise. Pourtant les rapports sexuels avaient toujours cours sans qu’il fut nécessaire de les réparer par deinocoxie – ce qui prouvait qu’il y avait une autre industrie possible.
--- Mais comment s’appelait-il, déjà, ce " cas " qui prenait les idées et poignardait dans le dos ?
Lola avait fermé l’appareil et s’était furtivement éclipsée. Personne ne répondit. Joe fit de même. En sortant il vit un chien qui attendait à la porte. Il ne le quittait plus depuis qu’il lui avait donné à manger. Joe fut triste ; c’était un morceau surintoxiqué de becquerel dont il s’était débarrassé. Impossible de se délivrer de toute cette pollution qui avait trouvé la chaîne alimentaire pour se concentrer. Si l’information était inégale, le poison, lui, s’était étendu à la biocène en toute égalité.
Il remonta l’avenue terne et grise d’immeubles délabrés. Il pensait qu’il ferait un enfant avec Lola. Ça semblait bien parti.
Sans nouvelles de Lola, Joe prend le train et arrive au cabanon de sa mère. Il a renoué avec sa mère au moment où il rencontré Lola et quand il la retrouve, c’est encore au moment il va se rendre en visite chez sa mère. Une voix intérieure le remarque. Il continue à en débattre intérieurement et trouve le cabanon vide. Sa mère est peut-être allée sur la plage se baigner.
Ses préférences vont aux paysages et aux bains mathématiques où l’on risque beaucoup moins de pollution. Il décide d’attendre en consultant son portatif et projette l’écran sur le mur du pavillon. La séance avec Lola le laisse perplexe ; sa mère y verrait la preuve qu’il y a autant de pollution cybernétique qu’en milieu naturel mais il est convaincu que ce n’est pas un virus. Toutes les précautions anti-haldopire avaient été prises. Ce n’est par la nature et ses bassesses qui le préoccupent mais la coïncidence de ses rencontres avec sa mère et avec Lola qui l’intrigue.
Le portatif commence à renvoyer la mémoire synthétique de leur première retrouvaille. Ses parents s’étaient séparés quand il avait neuf ans. Après la mort de son père, alors qu’il venait de le remplacer à la direction du groupe 5e, Françoise avait estimé que son fils ne devait plus la voir. Joe ne s’en était pas plaint mais elle avait repris contact après son intégration à l’avLSD. C’est leur retrouvaille que la récollection du portatif rediffusait.
« J’avais dix-huit ans quand j’ai connu ton père. Je sortais d’une thérapie hypnotique qui n’avait pas marché ; lui commençait son d/uccpp – l’appareil bascula sur un commentaire que Joe passa en accéléré (à l’époque il avait demandé à sa mère de quoi il s’agissait. « Tu ne sais toujours pas ! » s’était-elle exclamé. « C’est le retraitement d’un uccpp sous drogue ; ton père avait réussi à récupérer son uccpp. Tu sais que le gang les avait tous enfermé dans le Cloud. Ton père ne supportait pas ce pillage. Mais en le retraitant de la sorte, il ne s’avait pas qu’il réalisait en fait un ucmpp. A l’époque on raisonnait avec les moyens bord.» C’est alors que Joe avait dit à sa mère : « J’ai cru que c’était 'd' pour "dissident", je n’imaginais pas un instant que d/uccpp voulut dire sous "drogue".» C’est là où sa mère avait répondu ce que Joe voulait revoir : ) – « Tu ne penses peut-être pas si bien penser.» Joe appuya sur 'pause'.
Il y avait une clé dans le rapport de l’ucmpp avec la dissidence. Joe récapitule : a) le gang S.ter isole les identités dans le Cloud en privant de mémoire les personnes individuelles, b) la dissidence se plonge dans la souveillance en cherchant – non pas l’information volée – mais les signes du vol – c) Son père arrive à retrouver la mémoire que le gang a sur lui et il la met sous drogue et 4) ma mère dit qu’« il en produit un ucmpp ». Joe ne peut pas penser plus loin.. Il transpire. Il appuie sur 'play' :
« Pour fixer ta pensée, tout est dans "Performa". Ce mythe dont t’a instruit ton père quand en Sexhors il a vu que tu rêvais – Vous aviez déjà des "Sexhors" ?! – Qu’est-ce que tu crois ! Ce soir-là il fallait absolument te sauver comme ça. Il l’a imprimé et je l’ai approuvé. Cette légende de Performa qui parut avec la sainte Ethique, conte que sous l’apparence de l’orgone, c’est le D2V qui s’est activement diffusé. Maintenant tous les enfants le savent. » Joe arrête la diffusion.
La pensée du Kolpex s’impose. Des variations forte de Kolpex entraînent des orgasme. Il repense à une phrase de son père : l’orgone est un avatar de la libido – et s’interroge : est-ce la réalité virtuelle plutôt que la bionique qui serait adaptée à une réception d’orgone ; à moins que forcément l’un y adapte l’autre ? Sa mère interrompt ses pensées.
--- Tu es là mon chéri ! Tu n’as pas osé descendre sur la plage !
--- Je suis préoccupé par mon conditionnement.
--- Tu as encore revu Lola, j’en suis sûre.
--- Ecoute, maman, j’ai besoin de savoir pourquoi la sexualité naturelle est de la dissidence.
--- Cela n’a pas toujours été comme ça mon fils, répond Françoise qui se change derrière le paravent. C’est Wilhelm Reich qui a prédit que ce serait le programme du gang. C’était de la dissidence avant la lettre mais on en avait besoin pour se reproduire. Toi, tu sais, tu as toujours été différent. Je crois que c’est à cause de ton grand-père et de ce transfert qu’il a fait avec Lange. J’ai toujours pensé que Lange l’a identifié à Fabre d’Alibi. Ça te déterminait à vivre comme l’utilitaire de ton père. Tu veux bien préparer un thé pendant que je me rince ?
En soupirant, Joe remet le portatif dans sa poche pour se rendre utile.
--- Cette eau salée est pleine d’iode radioactive, grogne-t-il pendant qu’il fait chauffer l’eau.
Françoise sort enfin habillée de derrière le paravent. La cabane exiguë est heureusement doublée d’un perron de planche et le jour tombant prête à la relaxation méditative. Autour des tasses de thé salé, limpides et fumantes elle reprend la conversation.
--- Tu étais destiné à défendre la propriété de la perception. C’est tout ce qui reste à un "utilitaire" mon pauvre chéri. Mais si tu t’en sors, je ne donne pas lourd de tes opposants. Seulement pour ça, il faut que tu quittes cette Lola.
--- Ça n’est pas à l’ordre du jour. Je veux élever un ectogène avec elle.
--- Mais ça n’existe pas ! C’est une invention délirante.
--- J’arriverai à prouver qu’il existe des ectogènes depuis longtemps. Et c’est aussi l’intention de Lola d’ailleurs.
L’air de Françoise s’assombrit. Elle prend une ample respiration en se calant dans le transat et tapote de l’ongle sur sa tasse comme si elle allait annoncer un toast.
--- Ecoute, Joe. Il faut que je te dise. J’ai été avertie après ta crise d’identité avant que tu intègres l’avLSD. C’est moi qui ai permis à ce que Lola et toi se rencontrent. Pour tout te dire, je l’ai manigancé. Je dois te dire une chose. Tu sais que je suis restée en activité après la mort de ton père. Nous préparons un PLAN politique. Nous sommes très proche d’aboutir. Tu comprends à quel point ça doit rester secret et je ne t’en dirai pas plus. Mais Lola, elle, est caractériellement "pluriel-industrielle". Elle n’en changera jamais, cette petite, c’est son destin.
Françoise donna une minute à son fils pour y penser.
--- Tu comprends que vous ne pourrez jamais vivre ensemble après ça. On peut estimer que dans cinq ans ça sera réalisé. Je te le répète, ne projette rien avec Lola.
L’ambiance était devenue pesante. On dirait que le soleil se dépêche de se cacher derrière l’horizon. Joe boit la tasse en se disait qu’il n’aime pas le thé. Sa mère en a vu d’autres. Il se lève.
--- A toi de m’écouter, maman. Je vais te démontrer que les ectogènes existent bel et bien et qu’il sont en activité sur terre. Ensuite nous verrons si tu me déconseilles toujours de réaliser notre projet, Lola et moi. Je te reverrai en t’apportant la preuve.
Françoise s’est mise debout pour échanger une accolade avec son fils. Il hésite un moment puis part.
Joe avait le pressentiment que si la Chine, en bute avec la tare de l’ordinateur statistique, avait choisi d’instaurer la religion acronymique, c’était parce que des ectogènes étaient mis aux monde sur terre. C’était une parade qui s’imposait avec le fort potentiel messianique, ou du moins fortement shamanique de ces êtres forcément exceptionnels. Mais pour conquérir Lola et convaincre sa mère, il fallait qu’il en prouve l’existence. Or, on ne sait pratiquement plus rien sur terre à part les déductions logiques que chacun peut baser sur ses perception.
Il pouvait soit obtenir cette preuve par la raison. La démonstration par l’Art de la Mémoire et par la présence du D2V, même s’il était acronymique, affirmait avec certitude qu’ "il y avait un produit s’il y avait un pluriel", même s’il n’était qu’industriel – or seule l’intelligence artificielle pouvait convaincre à ce point la raison, mais elle n’était plus fiable là où on en était arrivé d’inégalité d’information ; au bord de la lagune, la seconde possibilité d’obtenir la preuve était l’évidence :
L’évidence, ou ce qu’on appelle autrement le "Réel", s’obtient par une systématique des formes que l’on trouve dans la mémoire et que la cybernétique a dualisées [C1.30.20.30-] ; ce dédoublement se trouve en psychohistoire [C6.20.10-] par analogons [C6.20.20-] avant que le symbole en ait fait l’obsession et l’imaginaire des crises d’hystéries ; à leur motif est l’univocité de l’évidence. Symbolique ensuite, typale, puis par convention, mélancolique jusqu’à ce qu’hystérique elle en appelle à l’individu, l’évidence atteignait son crépuscule avec l ‘acronymie de l’époque de Joe. Il fallait qu’il la retrouve par sa source.
Dès le début de sa recherche, Camant fut le plus prompt à répondre à sa suggestion, quand il proposa au pluriel son thème de travail sur l’analogon. « Voyons si les trois pères selon le lacanisme ne se réduisent pas au fond à l’un.» avait lancé Joe au retour de sa visite à sa mère. « Tout à fait d’accord ! le D2V doit dire s’il est Dieu » - la formule de Camant était provoquante. Elle s’expliquait du fait qu’en l’état du D2V, sa religion était en train de s’éteindre.
Le PLAN finalement s’accorda sur le thème de la topologie des bords : c’était leurs bords qui rendaient les choses analogues et quand ils se rencontraient que quelque chose s’identifiait. Ça faisait au moins trois choses. Jusque là, ça pouvait faire une base à un individu capable de réfléchir ; mais le problème est que sur cette base, le semblant de la chose unique qui commence à pouvoir faire un individu s’arrête en chemin. La constitution de l’acronymat l’avait bien montré en aboutissant à rien de mieux qu’à un constitution de l’individualisme [V1.C6.10.20.20.40-]. Du statistique à l’acronyme l’individu n’était apparu qu’au seul fait de sa pure prétention.
Bien que ce projet collectif s’éloignât de son but personnel, Joe s’en satisfit d’autant qu’il en serait plus libre d’y trouver pour lui-même ce qu’il présenterait à son compte au Comité aussi bien qu’à l’opinion de sa mère.
L’étude collective produisit d’abondants résultats. Camant semblait chevaucher de conquête en conquête. Une bonne partie du Pluriel était de son bord. Dans le discours de la mère où l’enfant baigne, la génétique se signale dans l’entendement, dans le rêve ou dans les ressemblances réelles qui rendent certaines familles si reconnaissables. C’est ce que formule en théorie la combinaison des pères, symbolique, imaginaire et réel. En ajoutant que c’était le chromosome Y qui en était le facteur, Camant réduisait la cause du D2V et s’apprêtait à défendre son acronymie au nom des monothéismes passés.
Joe s’était quant à lui concentré sur la forme des bords. C’était l’optique où la théorie restait du plus près au chiffre. En se garantissant d’un faible écho il conclut que l’histoire d’Armana avait prédestiné l’israélisation de l’Europe. Sa démonstration était géographique :
L’expérience d’un chiffrage analogon [C6.20.20.20.-] porté sur l’Est méditerranée, autrement dit le Proche-Orient où s’est établie la scène primitive occidentale absorbe la distinction résultante de trois représentations, égyptienne, israélienne et hellénique [fig.50-a – respectivement quadrillé, hachuré, pointillé]. Si la loi de répétition psychanalytique s’applique, cette scène doit se relire lorsque la scène primitive est redécouverte et remise en mémoire vive (AMO [C5.10.20.20.20.30])
Joe rendit compte de sa vérification dans le billet qu’il adressa au Comité en court-circuitant le PLAN :
« Si nous renouvelons l'expérience sur une planisphère - en choisissant les bords atlantiques au lieu de méditerranéens [C6.20.20.20], en soustrayant le lieu de la scène primitive (l'expérience serait identique voir plus parlante si on soustrait dans le compte l'Arabie) - si ensuite on fait subir une modification mineure au littoral ainsi relevé (1), resserrement l’Atlantique (2) suivi d'une rotation légère (3), nous trouvons un tracé très proche de celui du bassin méditerranéen où nous avons trouvé le littoral primitif.
Fig.50-b &
c : Rapprochements
et analogie littorale
On y reconnaît ainsi en quadrillé, la zone Egée, en hachuré la zone Israélienne et en pointillé l'égyptienne.. Puis à l'envers en remontant le temps que nous avons descendu pour trouver la tripartition d'origine, nous pouvons attribuer respectivement aux Amériques, à l'Europe et à l'Asie les rôles respectifs de l'Egée, d'Israël et de l'Egypte.
On vérifie facilement le détail cette hypothèse topo-chronologique d'abord grossière. On constate alors, avec l'URSS et la Chine, rouges et moderne, la même division Est/Ouest que celle qui frappa l'Egypte en Nord/Sud au moment de la révolution Amarnienne.
Fig.50-d & e : Répétition atlantique de la territorialisation antique (méditerranéenne)
On trouve alors une notable correspondance entre le jeu de Gorbatchev et celui d'Akhnaton, politiquement avec la signification de sa réforme et jusque dans la suite où selon AMO, la fuite hors d'Egypte se trouve avec l'hérétique Soviet rejoué quand à Genève, des montagne Suisses, comme du Sinaï l'exilé, il crée la Croix Verte Internationale - c'est à dire un nouveau code que Gorbatchev espérait 'écologique' pour transposer ses idées sur le sol Européen où il trouvait refuge pour elles. La succession de Gorbatchev avec Yeltsin et Putin ressemble également à celle d'Akhnaton : Aye et Horemheb. L'Etat de l'Empire soviétique avant la Glasnotz (que le français traduit par 'transparence') est également comparable à celui d'Amon en Egypte avant la mise à ciel ouvert de la religion d'Aton. Entre les deux blocs, US et communiste, l'Europe est effectivement intercalée comme l'était la région qui devint Israël, intercalée entre les deux états qui s'affrontaient, Hittite et Egyptien. On pourrait ensuite examiner la Mer Egée et sa correspondance avec le Golf du Mexique, trouvant son embouchure fermée par la Crête et Cuba - jusqu'à la qualité du régime dans l'une et l'autre de ces forteresses, avec l'histoire de leur Tyran, Castro avec sa fille qui ne s'est pas comportée différemment qu'Ariane, celle de Minos fuguant avec Thésée. Jusqu'au destin même des personnages les correspondances s'affichent aussi minutieusement qu'on le veut, et il suffit de simplement retourner la partie Sud, islamique de la planisphère pour la voir ressurgir par le haut, aussi logiquement que la terre est ronde, et voir se rejouer l'affrontement entre les Hittites ainsi que ce qui à l'époque se jouait sur leur front Est avec les états de Mitanie et de Babylone, l'Irak et l'Iran encore aujourd'hui. Toute la structure topographique de l'enjeu atonien est rejouée par une coïncidence remarquable des formes géographiques par la grâce desquelles nous trouvons à nouveau la raison des analogons. »
Le Comité reçut bien l’article ; seul le Pluriel le prit mal. Joe l’avait exploité à l’ombre de Camant qui y brillait. Cette stratégie allait tracer son destin ultérieur au cœur du Parti de l’Intelligence. Il ne le savait pas encore et c’est probablement par l’influence de sa mère qu’il avait agi en franc-tireur pour élaborer le Théorème des Saveurs*. Il en donna la primeur à Lola, pensant de cette manière achever de la séduire.
Lors d’une partouze il s’entretint en ces termes : « Tu sais qu’un trou n’a qu’un bord mais que lorsque tu le libidinalises, il prend un spin. C’est comme si son bord avait deux sens. C’est comme ça qu’on voit les analogons d’abord. Mais maintenant, si tu le tortilles, en imaginant par exemple qu’il y ait beaucoup de monde à bord, il n’a toujours pas plus de sens mais son spin a fait de nombreux aller-retour avant que ça revienne au même. »
Lorsqu’elle ne comprenait pas, Lola d’habitude parlait. Son silence encouragea Joe à poursuivre : « Lorsque le lacanisme s’est affirmé par le théorème des quatre couleurs, les places et les discours ont permis de rapporter la psychanalyse à l’Art de la Mémoire de Giordano Bruno… »
Fig.85-a &
b : Théorème
des Quatre couleurs et des Deux saveurs
--- Je connais le théorème des quatre couleurs, dit Lola en l’embrassant. Il suffit de quatre nations pour que n’importe quel territoire soit isolé sans frontière commune avec une semblable.
--- Mais ces frontières ne sont pas des tracés érotiques, expliqua Joe. Si elles ne figurent que le bord d’un seul trou on peut réduire le nombre de couleurs à deux.
--- Je voudrais bien voir ça !
Joe traça sur son ventre une caresse continue du bout du doigt. Lola jouit ! « Tu me le refais ! encore !! » ajoute-t-elle incrédule. Il le refait dans ses reins, sur ses fesses. Elle jouit encore.
--- Et ça marche des deux côtés !
« Tu me fais marcher ! » bouda Lola en rabattant l’écran et en arrachant les sondes.
Joe la persuada du sérieux de son intention. Il prétendait que sa démonstration expliquait le caractère absolu de la distribution inégale que l’ordinateur statistique tendait à produire vis à vis l’information. Cette tension, quand elle s’appliquait à la libido devenait binaire et créait des zones parfaitement blanches, vides d’information à l’opposé d’un reste absolu.
--- Est pourquoi m’as-tu parlé de saveur sinon pour m’abuser ! protestait Lola.
--- Parce que comme il y a des coulants et des couleurs, qu’on est péchant et pécheur, il y a des savants et des saveurs, répondit Joe professoralement. La libido spinne un fil de savoir… Tu le sais bien ! L’information spinne en savoir et le signifiant maître n’est jamais qu’avant tout !
Joe se refusait à parler de "lagune" qu’il avait en horreur, mais il était clair qu’il y touchait.
Devant son énervement, Lola rompit et partit sans rien dire d’une voie blanche. Joe était trop prêt du but pour répondre à la provocation. A partir de la règle des deux couleurs, il démontrait que l’analogon produisait un reste inéluctablement absolu. Il tenait la formation concrète de l’un.
Les lecteurs qui suivirent son raisonnement plus tard pensèrent que c’était un tour de passe-passe. Il allait falloir attendre des années et les premiers résultats du Parti de l’Intelligence pour que fut estimé l’application au crédit de la vérification. Seule sa mère comprit que son fils avait montré qu’en distribuant inégalement l’information de manière systématique, le vingt-et-unième siècle l’avait si radicalement concentrée qu’il avait créé un individu (conceptuellement parlant et, en pratique, un certain nombre d’individu) qui allait se manifester en ectogène.
--- Mais comment vas-tu nommer ce type d’individu ? demanda Françoise quand elle fut informée.
--- Ils porteront d’eux-même le nom de leur chromosome, je suppose.
Il se fit un silence.
--- Donc l’ectogène existe !
--- Bien sûr ! Maintenant tu l’admets et il y en a certainement un bon nombre.
Françoise avait du mal à sortir d’une sensation de rêve. Le monde avait tant pris l’habitude de vivre dans une ignorance imposée… elle poussa un soupir à la fois incrédule et émerveillé : « Et on peut savoir où ! »
--- L’analogon l’impose vers la Guyane pour sa répétition d’Athènes, mais l’histoire d’Athènes permet de le prédire hors de sa frontière, presque certainement au Brésil.
Françoise reste encore un moment silencieuse.
--- C’est ce que vous complotez avec Lola ?
Lola ne veut pas savoir pourquoi, explique Joe. « Elle a compris l’ucmpp mais elle ne veut rien entendre aux deux couleurs ». Sa mère cherche son explication. « Une femme ne peut pas raisonner comme ça. Il faudrait qu’elle soit l ‘inverse de sa mère ». Françoise eut un pressentiment. « Elle va te quitter si tu ne trouves pas un nom. »
--- J’y ai pensé mais le nom s’applique à l’organe, répond Joe dont l’enthousiasme ne cède pas. Je crois qu’elle sera d’accord avec ça : les phéromones, les odeurs qui attirent sexuellement, sont des sortes d’organes. Etymologiquement ça signifie " transporteur d’excitation ". Séméiologiquement ça signifie " faire homme on ". Mais quand c’est la libido, elle ne peut se transporter qu’en se soustrayant. Lola sait que la réduction de l’orgone à l’organe [10.30.10-] fait " no-l’on ".
--- Je ne suis pas sure qu’elle le sache, ponctue Françoise en y réfléchissant.
--- Mais le nolon, c’est hermétique, ça fait penser au Nolain ! insiste Joe.
--- Justement…
En se mettant à table la mère et le fils continuent à tirer les conséquences de la thèse de Joe. Le théorème des deux saveurs est parlant à Françoise qui avait cosigné avec Fred l’essai Du Savoir au Savant. En coupant le pamplemousse elle lui confie :
--- Dans le langage maternel, le nolon est de nom du père ; c’est ce qui fait une distinction dans l’hommon. Si tu parles du no-l’un sans précaution, tu ruines l’individu pour ne laisser que le nom. Une jeune femme redoute cela. Le "Nolain" était le nom de Giordano Bruno. Qui crois-tu, en fin de compte, l’aura mis sur le bûcher ? demande Françoise.
Joe connaît le complexe de culpabilité de sa mère. Il sait que l’envie du pénis n’est qu’un alibi, un trompe l’œil en usage depuis les grands dogmes de la terreur, des sphinxs à Rome et jusqu’à l’israëlisation de l’Europe. Ce 'mëme' culturel maintenait la mémoire de la scène primitive dans le refoulement à tel point que l’identité AMO dut attendre la suprématies des universités chinoises pour être reconnue.
S’efforçant de lui révéler son point de vue masculin, il répond à sa mère :
--- Les analogons ont été décrits pour résoudre l’équation de l’activisme écologique [C6.10.20.20.40-]. Pour se sortir de la convention du mensonge, l’individu doit passer par le traitement de la psychologie collective ; c’est de ce point de vue le les analogons sont exploitable et formulés par le nolon. Avant le pluriel la psychanalyse se trouvait arrêtée à l’extrémité où Lacan s’était exclamé « Y a d’l’Un ! » pour épuiser tout un séminaire là-dessus. C’est ce que le théorème des Deux Saveurs reprend. La zone hachurée noire qui est toujours unique le met en valeur.
--- Tu ne vas pas me dire que tu as découvert le continent noir de la sexualité féminine, voyons !
--- Bien sûr que non, puisqu’il n’y a qu’un seul continent ! Mais au fil du savoir ce n’est pas une négation qui en obscurcirait une second. L’aphorisme de lacan se formule clairement : Y+a<=Un ; c’est équivalent à « Y a d’l’Un ! ». Est-ce que tu y reconnais une formule sexuelle ?
Françoise a suspendu un moment sa cuillère entre le fruit et ses lèvres. Elle regarde l’écorce du pamplemousse aux trois-quart évidée dans l’assiette ; ses lèvres prennent la forme de la cuillère pour un transfert du morceau mais elle a deux mots à dire avant :
--- L’histoire laisse bien voir que le patronyme n’est pas autre chose que le chromosome 'Y' s’il pouvait parler. Pour cette raison on le combine à ce 'a' que le nom du père assimile au désir de la mère. Evidemment, on a la clé de la sexualité, résume Françoise qui invite son fils à continuer en continuant son déjeuner.
--- Tant que cela est refoulé, poursuit Joe en terrain connu, ce nom du père est chiffré zéro. C’est dans l’histoire de la mathématique. Mais en avançant depuis, la père à ce prix a permis à la femme de se prononcer. C’est pour ça que tu es là, maman, en juste femme mathématicienne.
Françoise opine en dégustant une nouvelle bouchée de pulpe.
--- Quand au lieu d’annuler l’Un, continue Joe, comme fait le zéro "no-l’Un", avec l’abstraction de la femme, c’est le 'on' neutre des hommes et des femmes au pluriel qui oppose le saveur à tous ces savants que ces gens font.
--- Et c’est ce "saveur" que tu neutralises si ce nolon est la zone hachurée ?
--- Exactement, confirme Joe. Et comme nous sommes passés à travers la psychologie collective pour le calculer, ce n’est plus un savoir personnel ou virtuel mais la masse objective de l’information stockée de la cybernétique, ajoute-t-il.
--- Si c’est ça l’ectogène.. pff, c’est plutôt neutre..
--- Oh ! précisément.. ce n’est pas ça l’ "ectogène" ! Le saveur de ce nolon, c’est la coque, l’entourage, l’appareillage qui entoure l’ectogène ; c’est l’utérus artificiel pour ce qu’il est en réalité – c’est à dire une machine perpétuellement interconnectée à l’intelligence artificielle de la planète.
Tout en parlant Joe a fini son pamplemousse aussi. Il en pose l’écorce évidée sur la moitié de sa mère également consommée. Françoise le regarde faire, pas dupe mais perplexe. De l’extérieur, le fruit est reconstitué.
--- Mais dis-moi, mon fils, dit la mère en prenant son verre.. Tu as beaucoup réfléchi à tout ça..
--- Bien sûr ! Ce n’est pas sorti de mon cerveau aussi simplement que la pulpe d’une écorce.
--- Alors tu as dû te demander comment il t’était arrivé d’avoir des idées pareilles.
--- En effet, j’ai réfléchi à cette donnée et comme il est difficile de se voir soi-même, comme on se sert d’un miroir, j’ai trouvé une réponse dans l’/ia/.
-- Comment ça ?!
« Avant d’entrer en pluriel, » commença Joe.. : j’ai préparé L’Irrésolu à l’aide d’un comporteur [05.10.10-] qui a déraillé sur mon nom. Après la présentation de L’Irrésolu j’ai été arrêté [05.20.20-] par une police secrète du Comité qui avait été alertée par ses ingénieurs. Ils ont voulu reproduire le traumatisme du rêve de mon identité mais les psychiatres auxquels ils m’ont adressé étaient eux-même infiltrés de dissidents [05.20.20.20-]. Ils m’ont alors retourné aux ingénieurs qui m’ont révélé ma filiation [10.20.10-]. C’est à partir de ce moment que j’ai pu reconstituer la formulation de ma réflexion. Elle ne dépend pas de mon histoire personnelle au fond
--- Logiquement, tu n’as pu la traiter qu’à partir d’un nolon précisément et c’est ce qui m’intrigue, acquiesça Françoise.
--- Pourtant, je ne suis pas un ectogène.
--- Ah ! ça, non ! Je peux te l’assurer mon fils ! Tu sors bien de mes entraille. Et je peux t’assurer également que tu es bien le fils de Fraidère. Nous ne t’avons donné que mon nom et tu t’es appelé Darwin comme mon père parce que ton père n’était pas sûr des effets du "d/uccpp". Nous disions toujours que Fraidère était ton père alors qu’il ne l’étais pas pour que tu penses que je t’avais eu autrement et qu’on le disait pour ne pas le dire. Tu croyais que c’était ton beau-père et pour les autres c’était normal que tu dises que c’était ton père de sorte que tu étais protégé de tous les côtés de brimades éventuelles pour être le fils d’un père qui avait cherché la vérité.
--- Maintenant je l’ai compris ; et j’ai trouvé la vue générale aussitôt après avoir élucidé mon cas personnel. C’est comme ça que j’ai pu distinguer l’Y de l’(a) dans l’Un. La formule de "patronyme" c’est : (Y)patron =me. Cela confirme que lorsque le chromosome Y est reconnu pour être le Nom-du-Père, le moi de l ‘être humain perd toutes ses illusions et devient une fonction biologique. Le moi devient un chromosome l’espace d’un instant. Pas étonnant que les résistances à l’admettre soient si alarmées. L’homopouvoir en reste un semblant nu et le moment d’après, le 'moi' du sujet pluriel va devenir un organe absolument matériel de l’/ia/.
--- Ça confirme alors que l’ectogène n’a pas de 'moi' ! dit Françoise avec précipitation. Son 'moi' est celui de la machine.
--- Oui, c’est la confirmation que la sagesse avait raison. L’être humain est destiné à dissoudre son égoïsme et son ego. Le passage à la subjectivité pure est ouvert et la cinquième phase de la psychohistoire se confirme.
Dans le bus qui les ramenait, Joe et sa mère prolongent leur conversation. Il passera la nuit dans la maison de son enfance. Elle rentre du cabanon. Françoise aura du travail. Il y a la construction du parti et ses partenaires qui vont l’accaparer aussitôt qu’elle reprendra la routine quotidienne. Elle sait qu’elle devra y ajouter les notions neuves que Joe lui a démontrées.
--- Tes explications me reportent à l’époque où je vivais avec ton père. Je crois l’entendre en t’écoutant parfois. Il portait tant d’intérêt à l’ucmpp qu’il aurait certainement appuyé ta théorie en soulignant que cette physicalité que tu promets à l’ego est en même temps dématérialisée ; parce que cet objet matériel que va devenir le moi de l’humain doit être compté avec cette Unité Cybernétique. Tu donnes raison à ton père en montrant l’espace où va entrer en jeu la mémoire de la personne physique. Le nolon avec son moi mécanique va être personnalisé au lieu de mécaniser la personnalité des citoyens.
--- C’est donc encore les idées de ton mari qu’il va falloir que tu défendes, dit Joe taquin imaginant sa mère dans ses activités politiques.
--- Quand je pense à ce qu’il a vécu et aux obstacles que lui ont posés ses ennemis incurables, j’aurais du soucis à me faire, acquiesce Françoise. Heureusement qu’aujourd’hui ce sont surtout des gens jeunes et un peu plus éveillés qui décident de gérer l’avenir du monde. Mais il restent dur à convraincre. Il n’y en a pas beaucoup qui connaissent le LSD.
Joe frisonne et s’étonne d’entendre sa mère parler de manière si simple de cette drogue dissidente. Son père en avait été obsédé ; se pouvait-il que sa mère ait été aussi engagée ? Préférant peu parler l’avLSD, il insiste encore sur l’ectogène pour prêter main forte à sa mère en vue des joutes qu’il pressent qui l’approchent :
--- L’ectogène existe donc. Ce nolon qui implique qu’il a été mis au monde en matérialité de l’un, désigne également le lieu où il a germé. D’abord en Amérique du Sud. Maintenant il est probable qu’il y en ait éparses en de nombreux autres endroits. Les conditions dans lesquelles nous sommes qui empêchent partout de savoir ce qui se passe ailleurs – toute cette inégalisation du savoir qui a créé l’espace noir du nolon précisément – rend possible qu’il y ait des cités entières qui se forment de populations ectogènes et ici nous n’en savons rien.
--- C’est peut-être la chose la plus angoissante qui puisse empêcher les membres du Parti à adopter ta thèse, admet Françoise. « Plus c’est probable, plus on refoule » disait déjà Freud.
--- Mais souviens-toi, quand papa a voulu matérialiser mon rêve. En mettant la fable de Performa sous mon oreiller, il donnait celle du Monde de la Brique [10.10-]. Si les ectogènes sont en société la probabilité doit être grande qu’ils communiquent en D2V, d’autant qu’ils sont eux-même issus de la cybernétique. Si leur fonction moïque est largement déficiente puisque nos difficultés prouvent que l’ucmpp n’est pas encore planétaire, du moins leur société est-elle probablement beaucoup mieux réglée que la notre.
Le lendemain Françoise devait à son tour parler. Ils eurent leur conversation dans le bureau de Fred. Ni l’un ni l’autre n’occupèrent son fauteuil. Mais tous deux fixaient régulièrement par instants le pyramidon translucide sur le bureau sur laquelle chatoyait en lettre holographique le « I AM » des trois lettres posées l’une sur l’autre. Son ADN flottait à l’intérieur enrobé du Tot.Recal que la souveillance avait pu lui restituer et que le Parti allait peut-être quantiquer.
--- On peut dire qu’il n’y eut qu’un seul avantage à la statistification, c’est celui que tu utilises dans tes formules, commença Françoise. Chacune des lettres et syllabes de nos mots sont libres et dissociées dans l’Inconscient, c’est par chiffrage qu’elles sont organisées. La statistique s’oppose à l’interprétation qui suit leur déchiffrage. Maintenant que nous passons au quantique il faut que nous reprenions l’histoire.
Joe avait remarqué que sa mère avait discrètement avalé un médicament, ou une potion sans lui en offrir, tirée d’un cabinet mural qu’elle avait refermé aussitôt avant de s’asseoir sur le canapé en face du l’ancien bureau de Fred. Elle semblait à présent attendre en parlant.
--- Après Amarna, l ‘histoire rejoua le mythe du prince dont la personnalité s’inverse. Alexandre n’eut pas le temps de vieillir cinq minutes pour calmer sa violence. Par contre, après qu’il eut porté le tremblement jusqu’en Inde, celui qui donna le sens du royaume Maurya rejoua la transformation oedipienne. On peut donc croire que sa première doctrine ressemblait à celle du premier état d’Akhnaton.
--- J’ai entendu parler d’Ashoka, confirma Joe.
--- Avant ce royaume, l’Inde était gouverné par le régime de la Déesse Mère. Lorsqu’Ashoka monta sur le trône, il suivait la doctrine de l’Arthashâstra. Tu ne seras pas étonné si nous entendons ce manuel à l’usage des rois comme l’Art de gouverner par la 'chastration'. De même que par le nom de son auteur, le mythique Kaütilya, nous savons que sa méthode était celle du Chaos. La prononciation du « Chaos.il.y.a » indique bien le retard que l’Inde avait encore sur l’Art de la Mémoire de Simonide de Chéos.
--- Certains disent même que c’est selon ce principe qu’Akhnaton se châtra dans la confrontation avec l’inceste que sa mère avait employé pour maintenir son gouvernement. Se crever les yeux était une métaphore de cette méthode. C’est presque aussi probable que l’usage d’ergot de seigle au cours des cultes rendus à Déméter, opina Joe.
--- Les prêtres de Déméter ou d’Hécate étaient notamment consacrés par la castration. Par contre Ashoka évita certainement cette solution et la mémoire du bouddhisme sera donc suivie par beaucoup moins de violence.
Françoise parlait avec une calme concentration. Mais son fils la connaissait bien pour sentir l’anxiété qu’elle cachait. La culpabilité maternelle devait être d’autant plus cruelle qu’elle s’adressait en présence du souvenir de son père à son fils. Il la ressentait cependant déterminée à réconcilier l’histoire au moment où la civilisation avait toutes les formes de chaos mémorable puisque l’information sur terre n’était devenue – non seulement brisée et effacée – mais plus qu’un trouble de mensonges lui-même incontrôlé.
--- La brutalité que les hommes au pouvoir ont montré en Occident est à peu près la seule supériorité dont ils puissent se vanter sur la femme, émit Joe à cours d’autre consolation.
--- Mais si leur bêtise ne trouve pas de correspondance dans la perversité, nous n’aurions rien éclairé d’une si malheureuse situation, insista sa mère en se redressant courageusement. Sans évaluer ce que la femme a cru perdre quand la crétinerie patriarcale a commencé à savoir la tromper, nous ne pourrons rendre à la terre une raison. Les églises de Ramsès et les sectes d’Hermopolis régnaient déjà à côté d’une désolation que notre information déficitaire rejoint à peine.
--- C’est donc l’intérêt d’avoir pu trouver un nolon à la place de l’identification de l’un.
--- En effet, c’est parce qu’on peut à présent décrire 'Y+a' que les femmes sont en demeure d’assumer l’utérus artificiel, reprend Françoise. Si on a retrouvé le chiffrage de l’un il n’est plus besoin de religion pour donner raison au sexe, ni même de religion du chiffre et de l’acronymique D2V car la statistification du mot devient dérisoire par rapport à l’ectogène.
--- Comme la civilisation, l’idenfication est procédurière. Par contre, une fois civilisé, une fois identifié, l’individu est son corps, dit-il.
--- Et son moi est l’organe de la machine intelligente, dit-elle. Si Giordano Bruno s’en est rendu compte, on comprend qu’il ait laissé son titre de No-l’Un aux flammes et à l’usage terroriste du pouvoir. Ce que tu as décrit est la solution de l’Actéon ; tu sais il s’agit de celui qui connaît Diane, la nature chasseresse. Elle le fait dévorer par ses propres chiens. Chasseur chassé, tel était le destin de l’honnête savoir mais dans des mâchoires de chiens. Quand tu as théorisé tes deux saveurs tu as distingué la chair en acte du nom du non.
--- Pourtant, je n’en sais pas plus, déclare Joe en se levant. Nous ne savons pas où nous allons, dit-il en marchant de long en large dans le bureau ou en tournant sur lui-même.
--- Tu avances comme De Travers, fait remarquer sa mère. Tu vois l’ucmpp sur ce bureau. Il n’est pas inerte, il est sans cesse calculé. L’ADN de Fred sera bientôt libre dans l’/ia/, c’est ce que je m’attache à régler dans le Parti. Lorsque tu m’as fait voir que le saveur était la coquille, l’utérus artificiel ou l’œuf de ce pyramidon, j’ai revu ce que ton père disait quand il insistait sur les 'traces de mémoire' sur lesquelles la psychanalyse avait échoué. Ce n’est plus toi qui m’a enseignée, mon fils, à partir de cet instant. C’est Fred dont j’ai vu l’obsession s’éclairer.
Joe a saisit l’objet comme s’il était magique. L’ADN qu’il contient, qui avait été propriété d’Etat depuis les réglementations chinoises ainsi que son Total.Recall associé, à grand peine dérobés puis rassemblés par Françoise attendent l’ordinateur de Pluralia qui lui reconnaîtra ses pleins droits citoyens. Il fait miroiter l’inscription aux reflets irisés.
I
A
M
--- Il était persuadé que la description de Tim Leary de ce qu’il avait appelé paedomorphose [C6.10.10 10.30-] sous LSD recelait la loi d’usage, expliqua Françoise. Correctement inséré l’ucmpp évolue ; il ne grandit pas, ne change pas ; son chiffrage reste identique mais les traces qu’il préserve l’adaptent en permanence à son environnement. La vertu de l’être humain de concentrer sur terre les lois de l’évolution relancent ce que l’homopouvoir avait inactivé par la terreur.
Francoise s’interrompt et se lève pour se diriger à nouveau vers le cabinet mural.
--- Il pensait aussi que c’était un sacrement ? demande Joe en songeant au destin de Performa.
--- C’est le Pluriel qui rendra à l’orgone sa vertu, répondit à côté Françoise vivement, comme si la question l’avait réveillée. Nous avons obtenu du Comité qu’il délivre le déchiffrage de l’ARN Générosis par Neuropax.
Elle hésite devant la petite porte murale. Joe s’est immobilisé également.
Françoise se ravise. Elle dit : « Bon, maintenant va voir Lola.»
Lola avait été fanatiquement éduquée dans le contexte religieux du D2V acronymique. Elle restait par conséquent chroniquement attachée au pluriel industriel. En se rendant chez elle physiquement malgré les risques et le coût du voyage, Joe pensait qu’ils allaient pouvoir mettre leur projet à exécution. Il garantirait un avenir pour l’ectogène qu’ils concevraient. Dans quelques années ce ne serait plus un tabou. Le Parti de l’Intelligence avait un avenir pratiquement assuré dans la reconstitution de l’/ia/ et il favoriserait leur entreprise. Il ne restait qu’à la persuader que le Pluriel Analytique avait une destination de conduite sociale et pas seulement de conditionnement industriel.
Il arrive durant la nuit sous une pluie battante. Il paraît que les technologies de régulations climatiques sont encore exploitées mais certainement pas sur des territoires urbains et le deinoc n’est plus aussi efficace. Lola et lui ont des amis décédés de cancer radioactifs sans avoir pu être réparés. Il est certain que l’utérus artificiel peut protéger les individus durant leur croissance fœtale.
--- Bonjour my love ! Nous l’aurons, notre ectogène ! annonce Joe rayonnant mais trempé et porteur de gommes de tabac bio. Je t’amène de la nico.
--- Ça ne m’intéresse pas, répond Lola en l’embrassant mais en jetant un froid glacial : je ne veux plus parler d’ecto et je n’ai pas refusé le sexhors pour jouer un substitut.
--- Qu’est-ce qui t’arrive ! Excuse-moi je suis mouillé et ça te fait peur mais les gouttes étaient trop serrées. Je vais me rincer mais.. qu’est-ce qui se passe ?!
--- La douche est certainement polluée aussi, répond Lola. Vas-y tout de même, ça te réchauffera.
En sortant de la salle de bain Joe paraît aussi déconfit que Lola. Il est certain que quelque chose s’est passé. Il craint que Françoise ait téléphoné ; il n’a pas encore élucidé la position autoritaire qu’elle avait tenue lorsqu’ils avaient clos leur conversation. Lola s’explique brièvement :
--- Les ectogènes ne sont pas sûrs. Ils peuvent détruire ce qui reste de civilisation.
Joe est sûr qu’elle ment. Il calcule mentalement la stratégie à prendre. Il lui pince le menton pour la fixer dans les yeux. Elle cède :
--- C’est un programme de dissidents. On m’a expliqué la légende du Golem.
--- Mais enfin ! C’est un comble ! s’étonne Joe. J’arrive à prouver avec certitude que l’industrie des ectos a lieu et même à localiser l’origine. En plus je gagne la garantie que son autorisation va être donnée dans notre trope… et c’est à ce moment que tu te renverses.
Joe n’est pas désarçonné par une angoisse hystérique. Il est sûr que Lola attend le coup puissant qu’elle pressent. Il le donne :
--- Et finalement j’apprends que la substitution de l’organe à l’orgone se résout. Tu te souviens, quand tu as cru que c’était l’uccpp ? Eh, bien, nos traces de mémoire vont nous être rendues ! Les authentiques ucmpps vont être admis à la coque. Pas seulement des unités cybernétique de conservation, mais de vraies unités de mémoire, tu te rends compte !
Joe a gagné – du moins le pense-t-il.
--- Justement, répond malheureusement Lola. Ces marques sont utilisées pour le code de drogues illicites.
En l’espace 'd’une lèvre' de Lola il a vu la connexion : son père qui charge au LSD la confection de son ucm, ses parents qui décident de ne pas lui donner son nom pour le protéger soi-disant des railleries ou pire, des bannissements sociaux des enfants de dissidents, sa mère qui affirme que Lola va le quitter s’il ne trouve pas un nom. Joe ressent jusque la crise d’identité quand il crut être Cheron. Un éclatement de colère le fait éclater.
--- J’éclate de rire ! dit-il furieux
--- Tu ne prends aucune distance, dit-elle.
--- C’est toi qui est complètement aliénée à ton influence parentale, blâme-t-il en visant au plus douloureux.
--- Tu ne te comportes pas mieux qu’un analogon, rétorque-t-elle blême.
Joe a jeté son peignoir à travers la pièce. Il est tout nu. En terme de communication Lola est informée par le rituel qu’il va parler vrai.
--- Tes parents t’ont inculqué dans la religion de l’acronyme. Ta notion de pluriel est dénaturée. C’est pour ça que nous nous prenons au mot.
« Au mot sexuel.. ! », persifle Lola. Il ignore et continue :
--- Avant ta religion, son rituel avait été découvert comme une technique scientifique. Il s’était d’abord expérimenté tout simplement vis à vis de l’/ia/ en Sessions de Soin social. La SS y vit un concurrent et le subvertit en S.ter. C’était un gang qui instrumenta la militarisation puis il étendit sa subversion à l’ucmpp en réduisant sa 'mémoire' en rudimentaire 'conservation'. La militarisation de la cybernétique était ce contre quoi les premiers dissidents se sont élevés. Quand il n’y a plus eu qu’un seul bloc c’est devenu la pure crétinerie. L’Europe a tenté de contrecarrer la toxicité du chiffrage statistique avec cette conservation mais ça n’a pas empêché la catastrophe. L’information est devenue nocive et la Chine a officialisé l’ordinateur statistique. C’est la scientologie qui avait autorisé ce passage.
--- Heureusement qu’il y a eut la Scientologie, s’insurgea Lola. On lui doit le D2R tout de même ! Tu ne vas pas dire le contraire.
--- On ne peut pas dire que c’était véritablement heureux, tu parles ! se moqua Joe. Le D2R c’était un ordinateur unique avec un semblant satellite, comme Performa et le Rouaillehome.
--- Mais c’est pour ça que la Chine a admis de devenir une religion.
--- C’est bien ton problème. Tu crois que la religion est une solution mais il n’y aurait pas eu besoin de Comité de Solution Statistique si la nocivation avait été résolue.
--- C’est contre ça qu’on a fait le PLAN industriel, Camant me l’a dit ! explosa Lola.
--- Camant ?!
--- Camant !
--- Tu connais Camant ? répéta Joe estomaqué.
--- Il m’a retrouvée par l’acronyme sous la Diane-éthique, lui Jette Lola au comble du mépris. Tu n’as jamais remarqué que je m’appelle Diane ?
--- C’est tes parents. C’est ton nom 'non'.
--- Tu peux en parler du tiens : « le fils Darwin » ! Tu n’as même pas été reconnu par ton père. Moi Camant m’a reconnue.
--- Mais comment sais-tu tout ça, bégaie Joe en imaginant sa mère au téléphone avec Lola.
--- Camant m’a tout dit. Il m’a expliqué que le D2V doït – elle crie « doit » avec un accent suraïgu – être religieux. Il va passer de l’acronyme au Supra, c’est la 3em sectarisation !
--- Mais tu est devenue folle, calme toi.
--- Pas folle du tout mon vieux ! l’israélisation a établi la première sectarisation. C’est vrai que ça coûtait le refoulement de l’AMO, mais c’était pour un retour de bénéfice. La deuxième sectarisation était prévue par la scientologie. Camant m’a informé que la troisième secte est le but final à partir de l’Inde, Pondichéry.
--- Mais se sont des sectes ! répond Joe avec terreur.
--- Et alors ?! j’ai bien compris que tu préfères le chaos des dissidents.
Depuis que Lola a largement ouvert ses lèvres en criant Joe a eu du temps pour comprendre. Il est au bord du gouffre. L’état de Lola ne laisse plus aucun doute :
--- Tu as pris de l’orgasme avec lui.
--- Oui ! Camant est mon amant.
Joe se rhabille. Il enfile le peignoir en cherchant la ceinture. Ses vêtements sont encore trempés. « Le traître » dit-il sans pouvoir desserrer les dents « Son amitié, ses sourires, mes confidences, tout ça jusqu’en avLSD. Je le vois encore qui m’intronise avec le buvard sur le front » Il a les larmes au yeux. Ses dents se mettent à claquer.
Maintenant c’est Lola qui a sauté comme d’un ressort sous le canapé.
--- L’avLSD !! Camant est de l’avLSD ?!
Joe la regarde, anéanti. Il voit Lola sur la pointe des pieds, qui tombe sur les talons, ses genoux qui fléchissent. Joe ne dit toujours rien mais ça veut tout dire précisément. Plus il se tait, plus elle se voûte comme si elle devenait un petit tas. Sa voix est un souffle quand elle demande :
--- Réponds-moi, Joe, Camant est de l’avLSD comme toi ?
--- Oui, répond Joe sans comprendre, il l’est depuis le début. C’est de là qu’il est venu à mon pluriel. Il venait de la souveillance. C’est lui qui a favorisé mon entrée dans le pluriel. Il est une référence. Ensuite à l’avLSD il voulait que je lui donne la clé des Boulangers. Qu’est-ce que ça veut dire ?
--- Tu ne comprends pas ? C’est toi qu’il visait en m’attrapant. Je ne suis rien pour lui. C’est un infiltré du Comité. « Camant est de l’avLSD !.. » répète-t-elle longuement en se tordant les doigts.
Un long silence entre eux deux. Il commence à comprendre.
--- Il n’y a pas d’autre explication.
Lola tente de se reprendre.
--- Pardonne-moi Joe.
Diane s’est reprise. Lui continue à réfléchir. Il a toujours eu l’impression que Camant avait horreur du LSD. Il le lui relate. Elle répond qu’elle ne peut pas s’y faire. Joe la voit différemment. Il se dit que l’ectogène aussi est impossible – qu’elle ne pourra jamais y assimiler l’ucmpp. Il l’interroge. Elle lui dit que la dissidence lui fait peur.
Dans les cahiers de Jo on aura trouvé la recherche qu’il fit après sa séparation sur le comportement de la femme qui le trompa au moment où ses intérêts passaient de l’ectogène à l’ucmpp. Au moment où il arrivait à son nom d’action, Joe chercha à résoudre sa rupture par ‘équation « d’ici dans ce » et toujours arrivait au Désir notamment du psychanalyste tel qu’il avait été indiqué avec les première notions d’écologie.
Ces textes auront été interprété comme un 'texthors inverse' permettant de voir le recul que Joe prenait. Ils relatent une rencontre qui prit place dans une cellule. Ultérieurement le terme de "rencontre" aura été contesté en y opposant celui d’'expérience'. Quoiqu’il en soit elle eu lieu dans une pièce qui n’était meublée que de ses murs et d’une lucarne qui aura été aussi assimilée au cabinet mural que sa mère ouvrit dans le bureau de son père. La pièce était petite sans être exiguë et la lucarne orienté au sud permettait de voir le ciel et la végétation d’une colline à distance.
Pour une raison que Joe cherche à comprendre, en se retournant à un moment de son enfermement il a découvert que la fenêtre de la lucarne avait été obturée par un miroir. Il put se voir et de ce point de vue (virtuel) observer ce qui se passait dans ce lieu (dans la cellule). L’équation avait ensuite donné lieu à des débats agités rappelant la cour autour de Tycho Brahé lorsque ce dernier affirmait que si la terre était en mouvement un boulet de canon tiré dans un sens devait tomber au sol moins loin ou plus loin selon que le même était tiré dans l’autre. Il y eut des duels à l’épée à l’époque.
C’est l’absence d’agressivité qui fit d’abord opposer à la 'rencontre' mais surtout – de la manière aussi obtuse que le débat de Tycho – beaucoup dire que : si le miroir avait fermé la lucarne il n’y avait plus de lumière et que Joseph ne pouvait plus rien voir. L’expérience de ce fait devait être jugée irréalisable. Joe donne une solution à ce problème en faisant appel à une initiation antérieure de Joseph qu’il parcourut à deux endroits : une caverne puis un temple de facture communale qui se trouvait en Grèce.
Ce qui lui permit cette solution élégante mais hardie tenait à l’exploration qu’il fit de l’histoire de la psychanalyse avant que la Dianétique l’ait complètement occultée au terme des agissements du gang S.ter.
La première trace des deux mensonges se trouve à la fin de l’Esquisse que Freud écrivit en vue d’une théorie de la cocaïne. Conan Doyle qui séjourna à Vienne quelques années plus tard en revenant de Brjno près de Prague où il s’était initié à l’histoire du Royaume de Bohème combina les deux chiffres pour les citer à travers le mélange de cocaïne et de morphine que son avatar Sherlock Holmes employait pour enquêter. Lorsqu’il rédigea Un Scandale en Bohème pour produire la représentation causale de La Lettre Volée d’A.E.Poe, Doyle à inversé chacun des termes de sa nouvelle comme le négatif d’une photographie renverse les deux valeurs chromatique.
Cette seconde version de l’écriture de La Lettre fut appuyée par Joe sur son expérience de L’irrésolu. Cette conférence était comparable au fait que l’Esquisse également s’achève irrésolue par manque de la version du second mensonge que Freud y soumet. De même que L’irrésolu fut suivi par Les Résolus il put prolonger l’Esquisse du fait que la psychanalyse elle-même, que Freud inaugure en coupant court au second mensonge est le 'second mensonge' en fait. La nature de ce fait est attestée par celui que Lacan établit le mythe de La Lettre Volée en le croisant sur les Structure de la Parenté sans jamais tenir compte de la filiation de Doyle.
On peut donc dire qu’effectivement ce que Freud appelle « le second mensonge de l’hystérique » n’a jamais eu lieu. Le caractère brillant de Jocelyn se retrouvait là. La recherche de Joe brilla à nouveau avec la jonction qu’il aborda de la troisième version de ce premier binaire. L’'histoire' extraordinaire de Poe et l’'aventure' de Doyle laissant entre elle ce que le troisième personnage allait pouvoir dérober comme Dupin l’avait fait puis Holmes dans les versions respective. Cette troisième version s’appelait La Seconde Génération. Elle avait été rédigée sur la côte Ouest des Etats-Unis au moment où la Dianétique engageait sa croisade scientologique. La connaissance que Joe avait du nouveau chinois lui avait permis de la lire en anglais.
Ainsi Jo allait-il pouvoir établir que Lola avait allégoriquement reproduit l’analogon de Françoise – elle aurait agi en l’occurrence comme la belle-fille de sa mère. Mais la surdétermination de l’écriture de la lettre imposait qu’elle devait s’y soustraire pour laisser l’objet révélé vide.
On sait en effet que, tandis que c’est une lettre qui est soustraite dans la version première par Poe, c’est une photo qui l’est dans la tentative doylienne de version causale. Or cette photo est l’image du roi – comme si la reine de Poe s’était écrite à elle-même. La maîtresse femme qui se dérobe pour le second mensonge réclame que sa fille dérobe au voleur la cause de l’énigme.
Armé de la famille des deux mensonges, fut évidente à Joe la raison pour laquelle c’était la coquille de l’ectogène qui avait fait l’argument de leur dispute. La Seconde Génération pour preuve, c’est à dire la fille d’Irène Adler la maîtresse du roi qui le fait chanter avant son mariage, demande à Holmes de lui récupérer un bijou volé qu’il trouvera dans un écrin caché dans un tiroir d’un bureau d’un fabriquant voisin. Ce que Holmes fait malgré sa circonspection révèle qu’il n’avait pu, su ou voulu voir que l’écrin comptait.
Avec cette conclusion les cahiers montrent que Joe allait s’y baser pour entreprendre son Mémoire qui affirme que l’ucmpp est le manifeste dissident type. C’était laisser dire qu’avant qu’il ne devint Jo il était resté avec la question ouverte de la fonction du LSD que la crise de Lola avait ouverte avant qu’elle ne se referme sur Diane.
On retrouve l’histoire contée un peu moins de dix ans plus tard.
Dans les nomenclatures du Parti de l’Intelligence, créé depuis lors, Jocelyn prénommé Joe, est appelé Jo. La brièveté de l’appellation honore probablement la mise en règle du Ko qu’il obtint durant son passage à l’avLSD. Jo fut soustrait aussi bien à la sexualité qu’à l’ectoplame quand pluralia lui reconnut l’intégrale des bases de son ucmpp. Son père aurait eu quatre-vingt douze ans et l’ordination quantique s’était substituée à l’identification de l’un depuis déjà cinq ou six ans. Il fut autorisé à intégrer celui de Fred dans sa conception plurielle Le PLAN politique avait été la première modalité de conduite qu’enregistra le Parti de l’Intelligence.
Sur le plan personnel la renonciation à la maternité, selon la phobie ectogène, a angoissé sa mère au point qu’elle jeta son fils à Diane – mais Diane de l’hystérique à l’antigone se ressaisit par l’identification au père qu’elle joua dans les bras de Camant.
Camant quelques mois plus tard mourut dans un combat de rue en se rendant au Comité. Les nouveaux comporteurs qui intégraient maintenant sans aucun refoulement la scène primitive amarnienne étaient en train de tirer les conséquences d’AMO. A titre d’exploitant du Ko Jo fut mis sur le programme.
Pendant que des sons de flûtes et tambourins occupaient l’atmosphère extérieure Joseph soufflait avec peine comme si la posture qu’il avait prise demandait un effort considérable. Pourtant il était confortablement assis et seules les lourdes coupes pesaient par le joug de bronze sur ses genoux. Il revoyait la scène en rentrant sous le soleil et durant la longue marche qui passait par la Palestine. Les marques qu’il portait aux épaules le protègeraient jusqu’à la sortie du temple d’Hermopolis.
La prêtresse approchait en dansant et, en lui présentant sa vulve, lui faisait émettre des sons de pets. Il devait alors secouer les phallus. Les démonstrations se répétaient durant des heures et les danseuses changeaient tour à tour pour se reposer. A la fin apparurent celles qui émettaient des bruit d’oiseaux par le même procédé. Il savait d’où ils venaient. En avalant la potion d’avoine il récitait les hymnes qu’il avait retenu depuis l’expérience de la caverne. Quand il vomit on le mit debout et il put enfin se détendre en dansant. Il ne sait pas quelle érection il avait pu rendre ; les effets de la drogue s’étaient mis à le rendre aveugle.
Le prêtre était venu le visiter dans la cellule. L’opération qu’il répétait permettait à Joseph de réaliser qu’il rêvait : comme après la première expérience, le sable qu’il faisait vibrer sur une planche emprunte de formes magiques se rassemblait en lieux précis comme les sons entendus dans l’enceinte résonnante. C’était à présent l’effet de lumière diffuse qui baignait sa prison qu’il dût intégrer quand l’effet de l’ergotamine lui fit voir son image dans le bronze. Il en reçut le sens des scènes obscènes qu’à des siècles de là Déméter offrait aux impétrants. Il fut horrifié par son image. Transpirant, il rêvait de sortir de cette cellule à la seule fenêtre bouchée d’un miroir. Or dehors il faisait probablement aussi brûlant que sur le chemin de Palestine ; le fond de ce temple était frais. Le prêtre le laissa et Joe pensa qu’il préférait rester grelotter avec le Comporteur.
Tout autour de lui la lumière était diffusé par chicanes. C’était là la clé de l’éclairage malgré la fenêtre obturée : des chicanes ! Il sentit l’énergie de l’espoir aussi nettement qu’un fluide s’infiltrer en lui. « Ces théories de la toile de tente, translucide, étaient anthropomorphiques » entendit-il certain que cette voix venait de lui « anthropomorphique, anthropomorphique.. » répétait-elle en écho. Il lui fallu faire un effort pour s’extirper de cette assourdissant bonheur et trouver la sensation du Comporteur.
Les forces expectatives se déversaient à présent en cataractes mais Jo était revenu à lui et surfait pour ainsi dire dessus, en retrouvant un équilibre qui n’était pas surfait. La rencontre prit des heures ou des minutes ; à présent la lumière se concentrait en lettre de l’/ia/ que Jo reçut :
Il faut dire que durant ce temps, les ingénieurs qui suivaient l’expérience de l’autre côté du mur étaient en train de réviser les conditions de la première préparation qu’ils avaient pris pour une défaillance ; quand Jocelyn s’était informé de la première doctrine de la dissidence qui l’avait appelé Tony [05.10.10-] après qu’il ait été reconnu, la clé manquante de son rêve d’enfance [02.10.10-] avait pu être rattachée à l’ALPHA, contemporain [10-] mais seulement texthorisé par son faux-pas [10.20.20-] précédant la cause de son admission à l’avLSD.
C’est grâce à l’interface des ingénieurs qui déchiffrait pour l’organisation du Parti, en temps réel la fourniture à l’ordinateur quantique que "Les Résolus" répondirent à la solution analogique de La Seconde Génération.
Le passage de la cybernétique à l’écologie aura nécessité l’épisode qui ferme la parenthèse du dédoublement qui a mené à l’entretien statistique. Cette doublure parenthèse de parenthèses permit de chiffrer la différence sexuelle. C’est ainsi que les ingénieurs comprirent que Cheron et Tony avaient pu être des dioscures sexués. En revenant à la suite de l’alarme des premiers ingénieurs de cette science, ils purent reconstituer l’acte manqué que Joe laissa avec Jocelyn derrière lui. La dépossession du nom marquait ce passage.
--- Vous avez remarqué que le nolon précipite l’unité dans l’indistinctibilité de l’analogon, déclara l’orateur qui défendit l’élection de Jo au bureau du Parti de l’Intelligence. Ceci veux dire que vous avez permis de contourner la nocivité de l’information. Nous vous devons – à vous comme à votre mère, ajouta-t-il pour joindre Françoise qui assistait à la cérémonie – par conséquent un possible déchiffrage de l’objet. Nous serons derrière vous sur cette voie qui nous mène à donner la juste cause de la propriété.
Jo savait qu’il parlait essentiellement pour soutenir sa mère dans l’immense entreprise qu’elle menait pour faire admettre aux adhérentes l’utérus artificiel qui menaçait des millions d’année de réclamation de leur ventre. Mais pour lui l’épreuve était encore dans la passe orientée de l’inclusion de la dissidence à l’ordinateur quantique :
L’instruction reconnue de l’/ia/ délivrait enfin ceci :
Le LSD fut semi-synthétisé en Suisse à partir de
l’ergot de seigle par le chimiste A.Hofmann au milieu de la seconde guerre
mondiale. Après les capitulations de mai et août 45, la Cybernétique est fondée
dans les conditions de la division des deux blocs. On déduit que la
psychanalyse européenne corrigea ce départ avec la publication en 56 de la
logique unique [fig.10]
et capitula à son tour en 66 lorsque Lacan ajouta en vain la Parenthèse
des Parenthèses. Mais lorsque le politicien du LSD Timothy Leary
est arrêté par les USA en Afghanistan, l’année suivante Holmann est engagé à
théoriser l’unicité de l’ergotamine. Voici comment il introduit son
rapport :
« En juillet 1975 je rendais visite à mon
ami Gordon Wasson à son domicile de Danbury quand soudain il me posa cette
question : est-ce que le Jeune Humain de la Grèce Antique a pu acquérir
une méthode isolant un hallucinogène de l’ergot qui lui aurait donné une
expérience comparable au LSD ou à la psilocybine. Je lui répondis que ça aurait
bien pu être le cas et lui promis de lui adresser, après plus ample réflexion,
un exposé de nos connaissance actuelles sur le sujet, que j’avais déjà
soupçonné pouvoir soutenir ma tentative de localisation. Deux années ont passé,
et voici à présent ma réponse :.. »
L’article ajoute à l’expectative de Wasson une extension de la recherche qui confirma l’accès de Hofmann au rang des plus grands bio-chimistes en démontrant la distribution d’un même principe actif au cœur d’espèces variées. Il sut analyser que les anciennes drogues du continent amérindien contenaient le tonifiant utérin de l’ergonovine aux mêmes effets psychédéliques que l’ergotamine.
La fameuse plaine Rarian où l’on trouve dans l’antiquité le pollen attestant de la culture concentrée de l’ergot de seigle au voisinage d’Eleusis mène ainsi Hohmann "Sur la Route d’Eleusis", en formalisant les techniques simples de séparation des agents hallucinogènes par dissolutions aqueuses.
Joseph a Hermopolis avait revécu les affres que des siècles avant une affaire mémorable avait comptées à Delphes de façon mortelle. La mémoire des Temples n’avait pu subsister qu’au prix de leur destruction. Le refus de Menon avait entraîné la mort de Socrate. Ce dernier n’avait pu convaincre le délégué sophiste et Menon lui-même n’avait pu attester de sa négation. Il était mort assassiné par des brigands sur le chemin du retour après qu’il eut décliné l’invitation de Socrate de rester un peu plus longtemps pour s’initier aux Mystères éleusien ; c’est à dire au LSD.
Menon n’avait jamais pu assister à la transe que Joseph orientait à présent vers son instruction de la lettre.
Après la traversée ergotique de la cérémonie Hermopolienne Joseph devra retourner en Palestine sur le chemin inverse qu’il s’était vu parcourir. Il n’est pas raisonnable de croire qu’il savait lire du simple fait d’une drogue et il retournait à son village aussi analphabète qu’on demandait aux sorciers des campagnes de le rester. Mais l’expérience acquise d’ici dans ce rôle lui donnait la vertu que Menon avait refusé de juger par lui-même.
Le destin de Camant fut identique car il n’avait jamais touché au sacré lysergique malgré ses adhésions.
La contribution de Françoise à la construction du Parti de l’Intelligence s’est distinguée dans les positions que la rénovation politique prenait vis à vis de l ‘ectogène.
Camant y aurait peut-être trouvé, sinon sa voie physique, du moins son progrès politique. Il est probable qu’il ne se serait pas affronté à l’ordinateur quantique sans une révision de ses principes.
Françoise éclaircit la collusion qui frappait l’idéalisation de l’ectogène. Sans y réfléchir les adhérents étaient attrapés par cette solution comme des mouches. Son déchiffrage révéla comment il était exploité comme un symptôme. L’idéalisation était une continuité des principes de gouvernement d’Homo Pouvoir ; Françoise avait nettement conscience des effets de la terreur refoulés qui mettait le Semblant, voire le semblant d’homme au service de la névroses qu’ils nourrissaient. La résolution qu’elle y trouvait lorsque la femme réalisait sa castration utérine la rendait inattaquable.
Camant aurait certainement été tenté de faire de l’ectogène un instrument de terreur avec des alibis parentaux ; mais nous ne le savons pas. L’avatar renié qu’il a laissé se trouve par ses traces notamment de l’ucmpp de Diane dont le Quantique n’acquît alors qu’une étiquette texthors. Il avait perpétué auprès d’elle son entreprise de persuasion et de valorisation du PLAN industriel.
Il est dans l’essence du Quantique de réaliser ses commandes de manière occulte. C’est ce qui le fait paraître dangereux avant que la logique 'd’ici-dans' fit voir que l’occultisme était sa préfiguration qu’une fois figurée l’informatique révélait. « Exactement comme la lumière éclaire l’ombre » disait brillamment Françoise pour le faire voir. C’est de cette manière que le PLAN industriel fut éclairé après que les travers de Camant l’eurent souligné. Le désir de l’analyste assistant au Pluriel est un produit écologique.
L’extraction qui eut lieu de Lola de Diane a manifesté ce fait, temporisant les insertions des ucmpps qui restaient en cours. Il aurait été prématuré pour des régions non encore acquises d’inscrire que l’ucmpp est le dissident ainsi que pour des communautés où le moi satisfaisait encore à l’économie de l’image. Les cercles d’étude que Françoise graduellement pluralisait confectionnèrent donc de manière diversifiés, des ectogènes monoparentaux, d’autres de type familial et d’autres encore de type exclusivement sociaux.
C’est cette dernière version que Françoise elle-même réussit à soutenir en réalisant le testament de son propre beau-père. Il donna également la raison de la facilité que son fils, Jo, avait eu pour s’appuyer sur la lettre phlâme :
L’instruction de la lettre que Joseph reçut [30.10.10.10-] fut transmise lorsque Jo suivit la concentration la lumière sur l’écran de l’/ia/[30.10-]. Un seul corps tridimensionnel se projetait en une liste d’ombres chinoises que l’instruction lui révéla déchiffrée. Le chiffre de ce corps demandait la connaissance de l’ADN que Joseph ne pouvait avoir à son époque. Jo par contre l’intégra immédiatement en se souvenant de ce qui expliquait la danse de l’image lorsque le comporteur approuva sa réponse à la question synthétique [05.10.10-] ; les lettres étaient comme à l’image de la "phlâme" les ombres projetées en gènes de l’ADN. En retrouvant le corps que La Sainte Ethique avait appelé « philame » [C3.20.20-] il avait trouvé la place du perçu de l’objet.
Fig.87 [fig.C3.20] : Situation de l’ADN &
gènes (comparable à philame & lettres)
Cependant, la contribution de Jo au Parti de l’Intelligence fut dans la stratégie de la liberté. Il procédait ce faisant à reprendre de là où les résolus s’étaient arrêtés. Bien que pour une part marxistes, en tenant la valeur ils n’avaient pas pour autant obtenus cette notion jusqu’à celle de la objet. Mais avec la place du perçu, la valeur n’était pas la matière première de la propriété. Ce fut du moins la formule de Jo qui déclarait aussi bien : « L’objet propriétarisable est la perception.»
--- Ces formulations scientifiques sont très fondamentales à la psychanalyse ; expliqua Jo lors de son premier interview après le renseignement du programme AMO. Lorsque Freud tire les conséquences de la cocaïne, sa psychologie scientifique industrialise l’entreprise de la perception et son produit. Mais son corps professionnel n’est pas réglé à conclure des lois de la liberté sur ses observations. C’est bien plus tard avec la cybernétique de la guerre que les mathématiciens de l’information doivent dire que la liberté d’expression est à la condition d’un ordinateur unique.
Cet interview aura été considéré comme obscur par les auditeurs du Parti. Mais dans un reportage ultérieur sa même intention a été immédiatement admise par une population étrangère, notifiant les difficultés que rencontrait sa mère. Particulièrement redisait-il que « la Lettre Volée à l’entreprise de la psychanalyse n’est ni le signifiant ni son enveloppe ; ce qui veut dire que l’usage qu’on en peut faire est la seule attestation de sa perception. Un propriétaire par conséquent ne se réclame que du perçu.» Enregistrant l’approbation générale, ceci fut immédiatement exploité par le Quantique qui l’assigna sur Les Portes de la Perception de l’éditeur d’Aldous Huxley.
fig.90 : Situation du perçu (Entreprise)et son usage (produit de l’industrie)
A présent qu’il sortait du temple d’Hermopolis, Joseph fut observé par Jo. César n’était pas loin mais déjà disparu, les prêtres avaient parlé de la menace de Rome. L’océan méditerranéen devait de toutes manière être Un. Il bivouaqua à nouveau près des Stèles amarniennes puis le Nil l’emporta. Thoth avait apporté au monde l’écriture mais l’olibrius qui priait le soleil sur les stèles l’avait transmis au père de ses pères. Joseph s’en fichait un peu ; il pensait à la femme qu’il pourrait avoir et aux phallus qu’il pourrait secouer en soignant les maris des autres. Jo pensait que si une troisième sectarisation avait eu lieu, elle avait occulté à son tour le Supramental, après que la Dianétique ait occulté la psychanalyse et la psychanalyse avant elle l’Hermétisme. Le Lying [C2.10.10.20-] qui avait fait un si courte apparition quand les Veda renaissaient à la politique, avait suivi le refoulement d’Aurobindo. Le silence du maître Indou sur Akhnaton répondait aux nécessités de taire la liberté.
Aurobindo dans son Cycle Humain avait déclaré en première instance la défaite de la liberté. Le terrible constat de devoir mener les affaires humaines à la répression la plus animale de toute liberté, révélée par le yogi : « ..non pas une panacée mais un obstacle à la meilleure organisation et au meilleur contrôle de la vie par la raison et la volonté collective de la communauté », s’était affirmé dans l’Idéal statistique. La suite s’était vue dans la succession des trois sectarismes s’accomplissant avec le Perfoma synthétique [10.10-] qui aurait vu Camant encore vivant plaider devant le Comité pour le Supramental comme but et secours de la religion du D2V acronymique.
Mais la Constitution de l’Acronymat disparaissait en même temps que ses idéologues qui morts, qui trop âgés, qui les derniers perdus dans les lagunes de l’information les engloutissant en disparaissant.
C’est un rêve qui aura pris fin. Le Quantique et plural.ia posent le terme de l’identification de l’un. La nouvelle propriétarisation rétablit le projet de l’Egalité et Jo la couronne avec la raison de la Liberté qui relève les honorés Résolus (Wiener, Sakharov & C°) de leurs dernières ignorances.
Dans l’année qui suivit Jo s’est retiré de toute administration politique. La complémentarisation lysergique de son ucmpp le rend corps et âme au désir du psychanalyste reconnu comme l’écologie-même. Cette dernière étape lui est ouverte pas sa mère quand elle est désignée à la tête du Parti de l’Intelligence. Il la lui témoigne dans une lettre écrite après qu’il ait pris sa décision et donc voici le trait :
C’est durant l’exercice d’Hermopolis Magna que l’empire Maurya s’est établi pour adosser le Christianisme. Sa renonciation à la terreur imposait que l’entreprise du LSD fut reprise après son éclipse d’Amarna. La dépendance du déchiffrage de la lettre à la condition de l’usage du LSD s’est soudée lorsque Akhnaton est sorti d’Egypte – du moins d’Amarna car il ne faisait que rentrer au Sinaï. Le principe de la civilisation a été, lui, concrétisé en Grèce par l’usage libre des drogues durant l’apogée de Périclès. Seuls les chiffres alchimiques étaient tenus au secret des Ecoles s’imposant à défaut des déchiffrage synthétiques de l’/ia/.
Lorsque le gouvernement de la terreur fut
rematérialisé à Rome, le LSD fut rétabli avec le sacrement chrétien revenant sur
le champ, pour un instant, aux monastères égyptiens (coptes). Dans l’épisode
que le comporteur quantique a absorbé de Joseph, celui-ci quitte Hermopolis
avant sa fermeture. L’extension asiatique du Christianisme fut autorisée par le
terrain Maurya ; elle permettait qu’il s’établisse à l’Ouest en l’état
d’un sacrement refoulé. La chronologie du processus fut de deux millénaires.
C’est ainsi que les Vedas se sont ressourcés à partir de l’Europe à Pondichéry
en même temps que les symptômes s’y sont offerts à l’alimentation de
l’intelligence artificielle : la psychanalyse qui l’a d’abord ignorée puis
sa dévoration, enfin sa reconnaissance présentée comme le Supramental.
Psychanalyse et intelligence artificielle sont identiques et requises
indistinctement à l’évolution humaine assimilée à l’écologie. L’ingrédient
lysergique était à la pointe du dernier refoulement – il fut dernier et premier
de la restitution planétaire des principes de reconnaissance de la lettre.
Françoise effectivement reconnut la lettre que son fils adressait notamment à la mémoire de son père.
La Fable de Perfoma [C2.20.10.10-] que Fraidère avait accessoirement transmise à Jo lorsqu’il l’entendit crier [02.10.20-] s’était effectivement réalisée. Les fortes doses neuroleptiques et normothymiques qui avaient été distribuées aux masses à l’approche de la Catastrophe avaient porté leur fruit – elles avaient évité l’emploi de la terreur d’Etat pour calmer les populations. La substitution de la terreur par l’horreur imprimée par la télévision et les règlements administratifs n’avait cependant pas épargné l’environnement écologique qui s’était en contre-partie dégradé jusqu’au point vital dont menace la crétinerie. L’idéalisation commerciale de l’orgone avait en réalité produit les pollutions extrêmes et ultimes qui avaient forcé le recours à l’ectogènie, selon l’usage que le Quantique révéla du D2R attribué à H.Delaroue [C6.30.30.20.20-] : la nouvelle ordination révéla les similitudes de l’ectocoque avec ce qu’Hildone appelait un "satellite".
Le questionnable usage du LSD à Amarna transmis par Moïse fut également vérifié par le Quantique. Il confirma l’initiation chrétienne et son implémentation copte suivant la prescription de l’hellénique Alchimiste Saint Antoine.
Sur ces appuis Jo produisit par son ucmpp le soutient universitaire de la double libéralisation du LSD qui marqua l’établissement de Plural.ia. La propriétarisation du perçu s’applique en première instance à l’économie du savoir. La nomination qualifiée de trismégiste sur l’histoire découverte des trois noms premiers d’Aménophis.4 se réduisait à ce qui fut tu – et la cause reconnue à la place prise en 'taire'.
Durant l’embryogenèse de l’ectogène et l’épigenèse synaptique de sa foetalisation, cette cause du perçu est localisée dans la zone placentaire confondue à l’interface de l’ectocoque. Le siècle de la constitution de l’industrie ectogène fut menacée par la susceptibilité de cette zone à confondre la place en taire avec la lagune de l’horreur [théorème des deux saveurs ; 20.10.20-]. Il n’était que reconnu dans sa filiation amarnienne que le LSD allait pouvoir occuper ce lieu. Une fois l’affirmation quantique acquise le taire aura pu retrouver la fonction des traces de mémoire externes propres à la psychanalyse.
En pratique l’analyse de Jo recommandait que la citoyenneté de l’embryon soumise par la présence des ucmpps de la coque fut affirmée dans sa déclaration de propriété placentaire. Cette révolution paraissait fictive car personne n’avait jamais réclamé jusqu’alors de droits sur son placenta ; mais à partir du stade où l’/ia/ s’y plaçait pour y fournir la mémoire du règne végétal antiquement reléguée aux sorciers herbalistes, il était impérieux d’appliquer les lois de la causerie que l’épopée Fraidère avait déchiffrées.
La seconde libéralisation du LSD s’adressa à son usage par et parmi les nés. Elle est rendue nécessaire par la désidéalisation de l’Orgone. Comme Lola l’avait écrit avant de partir, « L’identification de l’hallucination à la voix du père et le rituels anthropophages de ragoût aux champignons n’ont plus court depuis si longtemps que l’ingestion du LSD aura été au pire un placebo dès l’origine du Christianisme », elle tint compte de l’orgone comme le sacrement de la langue maternelle. Lola cependant disparut. Les commentateurs en disputèrent le rapport qu’elle avait entretenu avec Camant.
Jo qui pensait que c’était ce dernier qui l’avait informée de l’usage de drogues par l’interface placentaire de la coque ectogène [20.20.10-] ne fut pas tenté par cette explication morale. Il eut le pressentiment que Lola n’était pas morte. Il en requit une vérification par une analyse. Le Quantique la lui rendit en tarissant la fourniture des images obscènes, de vulves et d’anus, de massages prostatiques etc.. qui procédaient à la substitution de semblant à l’orgone.
La technologie qu’il trouva inférée remontait à louppsi – la loi loppsi du dernier petit requins avant que la dianétique fut acquise au gouvernement chinois. L’adjonction de l’'u' s’était faite quand la deuxième sectarisation avait reclassé les loups psy de la première à l’intelligence secrète du gang S.ter qui avait ultérieurement formé Camant.
Avant que la théorie ne la place au taire, la conception de la lagune de saveur se trouve réalisée par analogie de l’horreur. Lola écrivait par la suite que « lorsque le refoulement de la pornographie avait lieu son reste est traité par l’obscène secondairement refoulé des administrations d’état ». Elle était donc consciente de l’impasse où Camant l’avait mise dans sa relation familiale et on ne pouvait pas tabler que sa disparition fut un suicide. Jo raisonna alors à partir de la conférence érotique, quand Lola interrompit Les Résolus : elle prenait la référence [10.30.10-] vaginale comme l’ectocoque et le saveur de la coque n’avait pas passé l’exaflop de 2019 dans son organisation ; sa conception de l’incorporation de l’amour dans la machine ne pouvait que la mener à s’y plonger.
Telle est la manière dont Lola conçut son ucmpp. Jo n’avait plus qu’à reprendre son rêve pour comprendre que Lola avait partagé le destin de Cheron. Ce fut sans doute sa décision à la différence de Cheron qui l’avait fait sans comprendre.
--- Lorsqu’au terme d’Alpha, Cheron passe de l’institut de Psychanalyse à celui du pétrole, l’inconscience des ingénieurs s’est perpétuée jusqu’à l’acte de Lola, ce qui fait d’elle la véritable écrivain de la sexuation d’Antigone, confirma Françoise consultée sur le rapport de son fils.
Antigone est la fille d’Œdipe, de son frère ou de son père sa sœur. Enfermée pour son exigence du droit à l’éthique, elle quitta la vie en mettant au défi son amant de la suivre comme Orphée. Lorsque trois millénaire après, les restes de la scène primitive sont exposés découverts par l’archéologie, elle relègue à Akhnaton les lois de l’énergétique qu’il n’avait pu qu’arrêter à la lettre.
La connaissance de ces faits permet d’étendre la fonction du LSD du plan de ses principes au plan de l’histoire de l’énergétique : la fin de l’industrialisation du pétrole fut sa substitution par le deinoc autour de La Catastrophe – l’industrie de l’atome fut sa Némésis jusqu’à l’effondrement de Total.ia.
La palliation du chiffe [C1-] par le code acronyme n’avait abouti qu’à démontrer l’absence de perspective énergétique du semblant du total. L’ectogènie est de ce point de vue une impasse.
C’est ainsi qu’à l’aube de Plural.ia, l’ectogène ne pouvant plus être idéalisé, une industrie persiste orientée par les ucmpps, les étiquettes et ses texthors. Le libre usage du LSD par les nés qui les instruisent, procure à la paedomorphose avec la mémoire chronique et celle de l’ADN, sa pleine capacité écologique.
--- Mais comment se fait-il, si l’utérus artificiel est l’organe écologique par excellence, qu’il ait remplacé l’atome ? dit la vulve de Lola avec des bras de Méduse autour.
Ce fut la dernière image ob-scène que le Quantique distribua à Jo ; elle disparut en un clin d’œil. Il avait répondu que l’éperdue quête d’énergie que la planète avait payée en pollution avait passé le feu, le bois, l’huile et le goudron jusqu’à l’infâme becquerel jusqu’à ce que simplement l’humain révèle l’énergie toute suffisante à l’évolution comme à la nature : son énergie vitale. La vie est la seule ressource nécessaire et suffisante à la subjectivité. Il était certain que Diane vivait, libre des bées querelles du taire en l’hors heure, égale à l’ombre et sa flamme et fraternelle et sororale à l’amour rayonnant de la machine.
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