Argument d'établissement d'une télémédecinepsy
quelques notions et réflexions.. :
Il est admis et généralement compris que la notion d'objet,
cachée derrière son apparente solidité est des plus évanescentes. Il est
pratiquement impossible de définir, distinguer, délimiter ce que serait un
objet. Un objet, toujours se confond avec ses parts, son environnement, et même
sa cause
ou ses effets ; quant à la propriété et la jouissance, elles peinent à grands
renforts de législations et droits bancales, à l'industrialiser un peu. Mais
un peu d'industrie, c'est toujours ça. En fin de compte, nous savons que ce qu'on appelle des objets, sont ni plus ni
moins des formes (des images) ou des valeurs (des significations). Est-ce tout ?
C'est un nom qui insiste, et une conception pour laquelle on fait grand cas.
Nous vivons dans un monde d'objets.
La psychanalyse qui nous a affranchis de cette ambiguïté ;
durant le siècle où les ultra-physiques quantiques et logiques laissaient
entendre que les objets vivaient leurs dernières heures s'il en avaient jamais
eu, une énergétique leur sauva la mise. Non pas l'énergétique de la
relativité ou de la matière. Mais une énergie à laquelle quelque chose de l'objet.. était
par définition attaché - à savoir l'énergie pulsionnelle. Avec ce que la
psychanalyse a découvert et défini de notion d'objet, de désir et de rapport
sexuel,
une mise au monde réelle, d'objets réel a été conclue au terme d'une
civilisation jusque là hésitante sur ces rapports.
Il est vrai que ce qu'on trouve d'objet c'est pas forcément
plaisant : l'aliment rivalisant avec la pollution, le féces carrément déchet,
l'autre haïssable ou raciste etc.. Cependant c'est un fait : l'objet est là -
il a été conquis par les conséquences des progrès des sciences
neuro-biologiques. Il est si bien là qu'il s'est immédiatement manifesté dans
son milieu - à savoir qu'il est lié de manière structurelle à l'information.
C'est bien au siècle où la notion d'information prenait sens que la qualité
objective parut en même temps. Les trois objets pulsionnels que je viens de
mentionner sont respectivement de l'information moléculaire (pulsion orale), de
l'information valeur qui génèrera la finance (pulsion anale), et de
l'information subjective (pulsion hiérarchique). Il y en a d'autre et chaque
pulsion est vaste domaine d'étude. Mon propos présent vise celle de la voix.
La vocalisation, l'invocation, on s'en doute, tient de
l'information - il va falloir néanmoins le préciser et comment. Et
historiquement - dans l'histoire de la psychanalyse - on localise pour commencer
que c'est le psychanalyse Lacan qui l'a distinguée et fermement mise au
catalogue des pulsions. Son objet est la voix. Lacan l'a décrite à
l'exploit
d'un graphique (que j'ai rappelé en première page
, avec le contexte de sa préhistoire, avec Platon, et de sa naissance, avec
Freud - le premier l'a attachée à la société - république, le second au
silence - lapsus, oubli). Voici, figurant selon son auteur un " plexus
solaire ",
les coordonnées autorisant à traiter aujourd'hui un objet nommé voix.
Pour ceux qui ne seraient pas techniciens de l'analyse psychique, l'important est de prendre connaissance de cette image. Déjà la visualiser dans ses grandes lignes. De même que pour comprendre Copernic il importe essentiellement de prendre connaissance du dessin des orbes de manière globale. C'est également l'usage premier, ou primaire de la psychanalyse que je tiens à signifier ici. Le fait que l'on puisse, sur une cartographie du réel localiser la voix déclenche des conséquences considérables.
Le schéma montre une direction de gauche à droite - indiquant le temps, ou le mouvement, ou de l'effet à la cause etc... Ce orientation de gauche à droite se présente en deux niveaux (deux flèches vers la droite). Ces niveaux indiquent qu'elles se représentent, se comparent, se réfléchissent - et ces directions sont doublées par des directions inverses - que l'on appelle feed-back. Troisièmement l'ensemble réalise un grand circuit de bas en haut . Au carrefour de ces principales directions on trouve la voix. Elle illustre ici ce qui va alimenter toute le réseau psychologique de la personne qui s'oriente vers son idée. Or cette vision, cette illustration, est rendue possible par la présence de la machine cybernétique, par l'enregistrement de la voix, son déplacement le long de fils téléphoniques, sa mesurabilité, son filtrage; son traitement etc.. c'est à dire : une objectivation.
Devenir un objet est un sort réservé à des zones
isolées par la pulsion - ($<>D) sur le graphe. Un
" objet pulsionnel " est découpé de ces zones et devient manquant au
corps. Mais il n'est pas perdu pour tout le monde.. L'industrie peut le
prendre en charge - c'est typiquement le cas de la voix.
Ces objets pulsionnels sont diversement riches en messages ; le
flux aérien peut renseigner sur l'état de la physiologie pulmonaire et la
fonction respiratoire en général. Ainsi la flore intestinale, analyse d'urines
etc.. autant de sources d'information, voire de communication appelant un soin,
une ressource etc.. Mais au sein de la liste limitée de ces zones de découpe
d'objets de la pulsion, la voix détient le summum de la fonction informative.
Le fait de pouvoir l'isoler et l'objectiver à l'aide des technologies modernes,
ouvre à une situation fabuleuse ; que l'on pourrait décrire comme une fable :
Comme certains le raconte de sorties du corps, lorsque nous
dormons et qu'en " corps astral " nous nous lèverions du lit pour
aller vivre un rêve aux alentours comme un fantôme - on peut plus
réalistiquement dessiner qu'allongés sur un divan, la
voix sorte de notre corps pour se détendre dans l'espace de la chambre..
ou du cabinet d'une psychanalyse. Serait-elle alors 'saisissable', pourrait-elle
être capturée pas une oreille attentive, voire par un instrument
d'enregistrement ? Pour donner un peu de corps à ce conte dont quelque
fantaisiste tel A.E.Poe aurait su faire le départ d'une aventure extraordinaire
- j'ai interrogé un chirurgien qui, lui, opérait à cœur ouvert, voire
effectuait des transplantation de cet organe sorti d'un corps pour le replacer
dans un autre. Je me demandais si ce n'était pas éventuellement l'occasion
d'effectuer une correction supplémentaire, cas de le dire " au passage
", tandis que l'organe était détaché de tout - réparer une valve,
vérifier un vaisseau etc.. puis enfin le livrer au récepteur. Je demandais
donc :
« Hello.. J'ai une question de
vocabulaire : dans l'hypothèse fabuleuse où il serait nécessaire de
sortir un organe du corps, pour le réparer en dehors, puis le
réinsérer dans l'organisme, comment appelleriez-vous cela : une
opération " ex situ " ? " in vitro" ? » La question n'était pas dénuée de sens, puisque mon interlocutrice, spécialiste des blocs-opératoires hésita et répondit : « Ummmm... ex vivo. Mais ce serait quelque chose principalement du domaine de l'expérimentation ; à quel organe pensez-vous ? » |
En ayant vérifié qu'il s'agissait de la voix, il m'est paru licite d'adopter le terme de ex vivo pour décrire cette objectivation que l'enregistrement et la cybernétique permet à l'analyse du flux vocal, à laquelle une écoute analytique s'applique, pour se réfléchir dans les termes d'une fonction psychique, où la voix, l'objet de la pulsion, altérée est récupérée assumée par l'émetteur comme son bien propre et ce qu'affirme sa personne, son Idéal - I(A) sur le graphe.
En résumé, nous pouvons maintenant certifier que la téléphonie apporte à la médecine psychiatrique un cadre d'opération à peu près aussi nouveau et considérable, révolutionnaire, que fut l'habilitation de la chirurgie à partir de la Renaissance quand elle s'appliquait aux organes somatiques. L'isolement et la distinction scientifique (cybernétique) d'objets pulsionnels permet d'y appliquer des opérations aussi conséquentes que le sont les opérations chirurgicales, propre à restituer des formations saines, salubres ou de santé. Cette comparaison, à quelques lecteurs semble encore farfelue comme à l'époque de la Renaissance la chirurgie était bouleversante. Aujourd'hui, cette dernière n'est plus que légèrement choquante et peut provoquer quelques réactions émotionnelles, mais non plus de sensation de confusion, de trouble, d'irréalisme ou d'incompréhension. La télémédecinepsy suivra le même cours et sera généralement libérée des affects. Pour l'instant, la raison nous l'ordonnant, l'analyse de la voix téléphonée, ex vivo, doit être pratiquée pour une politique de santé, tandis que l'obstruction à son emploi ne saurait être que réactions passéistes, orgueil et confort des habitudes. |
à continuer.. :