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Le titre ci-dessous énonce une thèse ; il n'affirme pas la qualité de
ce qui est en l'état jugé par la loi comme un crime. Mais protégé par la législation
contre des actes désordonnés, il serait dommage de ne pas profiter de parler de choses
certes dangereuses mais qui pourraient demain constituer un outil salvateur. Tout du moins
s'il permettait à l'être humain de ne point perdre la mémoire un jour, on écrirait  :


La science est Science Fiction

Vertu du Clonage Humain

la science du Réel est psychanalytique

   Cette question émane d'un PLuriel ANalytique ; j'y répond à la suite d'une page préalable qui expliquait la raison médicale et éthique de conserver les chromosomes des individus présents. Elle s'était conclue au seuil de la question de la reproduction d'un individu à l'identique.
   En traitant du clonage, la page actuelle en constitue donc une sorte de suite à partir de cette question :
Voici mes interrogations quant à la conservation du génome humain.
S'il est possible en l'an 2500 de créer un individu provenant de l'an 2004 (génétiquement), comment cet individu qui naîtra comme naissent tous les enfants, pourra se souvenir de l'époque d'où il vient et en rapporter des faits. Ma question est : comment conserver la mémoire, est-ce possible à partir du clonage ?

 

   Résumé et débouché : En estimant que l'environnement est porteur de traces mnésiques, Freud apporte aux théories de l'évolution un complément qui permet d'envisager que des entités génétiques déplacées dans le temps trouvent des correspondances vitales dans leur nouveau milieu - et aboutissent à restaurer de morceaux latents de l'histoire qui resteraient autrement ignorés à l'égal du refoulé. Cette capacité de provoquer la mémoire pourrait avoir des vertus écologiques considérables.

 

 

 
1er partie : L'INDIVIDU

 

 

   La conjonction clonage & mémoire constitue certainement la clé du clonage et probablement celle de la mémoire. La clonage est une réalité apparue avec l'identification au cours 20em siècle des chromosomes. On appelle leur expression à présent ADN (la notion est utile aussi d'une matière intermédiaire qu'on appelle ARN). Pour dégager un premier principe de la mémoire génétique la science s'est basée sur l'analyse restreinte du mécanisme de l'ADN. Rappelons d'abord sa vue générale :

   D'emblée nous avons rencontré un paradoxe ou énigme puisque ADN "est" mémoire. A première vue, il n'y rien qui soit plus 'mémoire' que de l'ADN. Pourtant nous nous en défendons en prétendant que si nous nous aventurions à attribuer à l'ADN la charge de tout ce qui fait la personne humaine, ce serait la preuve que nous baserions notre identification sur une référence tout à fait imaginaire. C'est d'ailleurs cette imagination dont on se garde au nom du crime de la prétention d'en prendre acte (c'est à dire de former un clone humain). L'ADN dira-t-on alors est comme une Lettre, mais pas moins résidu qu'une Lettre ; boulon et scorie de la mémoire, l'ADN est une crénelure, un code, qui bloque ou libère certains mécanismes, ni plus ni moins.
   De même qu'une clé n'est pas la porte et même si elle est nécessaire pour franchir cette dernière - de ce point de vue l'ADN est une part peut-être nécessaire, mais loin d'être suffisante de ce qu'on appelle la mémoire.

   La raison pour laquelle l'ADN est lié à la mémoire vient de ce qu'il se transmet. Il passe, par moitiés et sans altération, d'une génération à l'autre. C'est ainsi que sa découverte a confirmé l'évidence par ailleurs, que la vie se perpétuait par une transmission de caractères . Pourtant, malgré cette évidence et sa confirmation, on continue d'affirmer que la mémoire n'est pas tout ça, ou ne tient pas qu'à ça.

   Nous allons voir qu'en nous engageant à présent sur ce chemin d'étudier l'examen du même (du clone) & du permanent (la mémoire), nous allons aussitôt rencontrer un débat sur l'évolution. Il convient donc d'en préciser aussi le termes généraux ; en nous avertissant d'une curiosité qu'on va voir ; il s'agit du fait que les débats et théories de l'évolution ne traitent pas du phénomène de la mémoire. Quant au clone, nous nous demanderons s'il est évolutif - mais regroupons d'abord des données concernant l'évolution :

   Deux théories de l'hérédité dominent la scène du débat sur une distinction, concernant l'inné et l'acquis ainsi que leur transmission. Il s'agit des thèse de  Lamarck  et de  Darwin .

   La première (1800) énonce que sont transmis des caractères acquis, lesquels ont été formés sous la pression de l'environnement, par le désir de satisfaire aux besoins nouveaux créés par cet environnement. L'adaptation acquise dirait-on se transmet à la descendance.
   La seconde (1850) fait d'abord valoir que
l'environnement ne joue pas simplement un rôle de pression mais applique aussi une fonction d'élimination qui réalise une sélection naturelle. C'est sur cette seconde théorie que la génétique permet (1950) d'attribuer une place prépondérante à l'accidentel de mutations que filtrent ladite sélection. Au lieu du désir qui répond au besoin, on désigne le hasard qui donne l'occasion de la sélection. L'adaptation acquise, du coup n'est plus une explication nécessaire, l'accident suffit à la sélection naturelle pour que soit transmis ce qui n'est pas éliminé.

   On voit qu'entre Lamarck et Darwin l'enjeu n'est rien de moins que de fixer la raison de la vie soit au désir, soit au hasard. Il convient de nous rappeler de la tache colossale que ces théoriciens affrontaient : ce qui précédait leurs élucubrations n'était autre que la thèse de la Création à partir de rien d'autre que la pensée de Dieu. Les deux grands courants de pensée qui s'en suivirent pouvaient bien d'abord par précaution ne rien dire de bien conséquent (le lamarckisme est oublié et le darwinisme implique le créationisme puisqu'il implique la cause au hasard). C'est pourquoi ils se seraient dispensé de mettre la mémoire aux catalogues de leurs facteurs en débat.
   Par contre la mémoire est une donnée qui s'impose plus en psychologie. Or de ce domaine, la psychanalyse a montré qu'elle était concernée par le débat sur l'évolution, puisque Freud allait tenter de s'éclairer des modèles relatifs à l'inné et à l'acquis :

   Qu'il s'agisse du désir ou du hasard, chacun des deux cas s'appuie sur un concept susceptible de les unifier - il s'agit de la mémoire. C'est à son examen que la psychanalyse apporte l'élément tierce : néanmoins pas innée, une partie de ce dont on hérite s'avère jamais acquise. Il s'agit évidemment de l'Inconscient, mais  Freud  aura revendiqué qu'on ajoute au catalogue du sensible des traces de la mémoire.  Voici résumé  (ou interprété) ce qu'on trouvera, ici en anglais, à la fin de son testament Moïse et le Monothéisme :

   Opposé à la transmission des acquis (Lamarck, loi du désir), l'héritage génétique (Darwin, hasard et sélection) s'apparie nécessairement à une autre forme d'héritage, qu'on peut appeler héritage idéationnel.
   Les termes de "transmission" et "héritage" sont arbitrairement appliqué aux caractères acquis et au génétique inné, afin de distinguer les deux théories de l'évolution ; nous nous en servons aussi pour indiquer que
c'est sous le mode dit d'héritage que la psychanalyse identifie cet idéationnel qu'il appelle des traces de mémoire. Des traces de mémoire sont ce qui, selon Freud, représente la mémoire, environnementale à l'individu et qui à elle seule parviendrait à une théorie de l'évolution unifiée.
   Telle est globalement la situation du clone, selon les théories actuelles. La théorie Lamarckienne n'ayant plus cours, selon le pur darwinisme génétique (Darwin & Weisman) un clone serait entendu comme équivalent d'une mutation hasardeuse et ultérieurement probablement éliminé par sélection naturelle. Il constituerait une mémoire comme un éléphant aujourd'hui sorti des glaces et qui fond pour quelques heures d'observation dans un laboratoire.
   La psychanalyse freudienne, comme théorie de la mémoire et en tant qu'elle s'occuperait d'évolution, décrit un autre destin, puisque
un clone trouverait un milieu où des traces de mémoire seraient susceptible d'apporter à la concordance de son ADN, l'héritage idéationnel dont il aurait besoin pour exister à nouveau.

Une note, peut-être utile pour la suite : la mention faite préalablement que la génétique actuelle est proche d'associer à l'ADN du noyau, l'ARN du cytoplasme cellulaire fournit un bon appui, au moins de modélisation, pour coordonner ou illustrer ces éléments que Freud appelle traces mnésiques. En tant que modèle, on peut voir le cytoplasme s'interposer comme un espace intermédiaire entre l'héritage génétique et l'environnement naturel qui s'oppose autrement à la mémoire ADN par élimination/sélection. Avec l'ARN intermédiaire, l'ADN ne subit pas mais compose au contraire avec ladite sélection ; en quoi l'on est proche de retrouver la raison d'une logique de désir lamarckien (que la psychanalyse vise à analyser)

 

   Il convient pour finir que nous nous souvenions que Freud suggère que son hypothèse (héritage idéationnel) résout, selon ses termes, la distance qui sépare psychologies individuelle et collectives. Autrement dit, un clone peut se trouver en capacité darwinienne génétique de survivre à sa naissance - mais cette potentialité individuelle ne pourra être effective qu'à condition que l'héritage idéationnel qui la motive, soit garantie par une psychologie collective, qui va à présent faire l'objet de la seconde partie de la page actuelle.

 

 

   Intermède, réflexion : En ces jours où l'on a satanisé le clonage avec à peu près la même rationalisme que les sorcières à la Renaissance, il est évidemment assez hardi de parler ouvertement d'un point de vue qui leur trouverait des vertus. Mais nous songerons qu'à l'analyse du psychisme, on trouve nécessairement des choses scandaleuses si la psychanalyse est correcte ; et cette règle ne dépareille pas à l'extension de la psychanalyse à la collectivité.

 

 
2em partie : LA COLLECTIVITÉ

 

 

OBSERVATION   PRATIQUE

 

   La pratique, expérimentée sous le label CYBEK, comptant la conception d'un kit de conservation ADN, a été couplée à l'observation freudienne Comme mettre une parole sur un divan, mettre un chromosome dans un tube, force à l'analyse d'une situation qui découvrait l'évidence qu'autant la conservation d'un chromosome dans l'éthanol était facile, elle révèle une énigme pratique de taille : on s'aperçoit vite que la subsistance de ces tubes est très difficile à garantir. De loin et dans la grande majorité des cas, on ne donne pas plus de quelques semaines après le décès du clonable pour que ses chromosomes intacts s'égarent entre une poubelle, un fond de tiroir ou le bac à jouets des enfants. CYBEK a donc rapidement doublé son service de conservation de celui d'une préservation. Ces deux termes distinguent la conservation du code ADN que l'individu doit à la technologie, de la préservation qu'il doit à la sociologie.

   Toujours par l'expérience pratique, on réalise que la famille, bien que susceptible, en cas probable de mutation, de tirer un bénéfice vital à l'usage de banque de mémoire génétique de ses membres, s'avère dans l'état de civilisation actuelle un très médiocre organe collectif aux fins de préserver de manière éthique les conservations d'ADN. L'héritage idéationnel que Freud identifie comme les traces mnésiques nécessite une procédure sociale plus performante que la famille, et que les institutions gouvernementales actuelles qui ne s'avèrent capable de préserver de chromosomes que parmi les malades, les criminels et les militaires (les trois seuls corps sociaux sur lesquels les états ont effectivement légiféré et obligé les institutions à établir des banques de génomes). Or tous ces organismes actuelles (familles + groupes pathologiques et/ou pathogènes) constituent ceux des freins les plus puissants à contrevenir à la fonction de liberté au sein de l'héritage idéationnel ou des traces mnésiques - car ces catégories sont les mieux formées à imposer un dictat sur l'usage de l'ADN conservé, au mépris de la volonté individuelle qu'un génome humain aurait su manifester de son vivant.
   L'institution militaire n'est pas exemple pas de celle qui favoriserait le désir d'un troufion défunt d'être cloné à la modification près de porter des plumes au lieu de cheveux. Évidemment c'est un exemple de foire, mais il est haut en couleur pour situer ce qu'aujourd'hui nous trouvons invraisemblable : saurions-nous comprendre que
la validité d'une expérience de clonage humaine tient à l'application des souhait énoncés à ce propos par l'original vivant - car la liberté (désir) - consacrée ou surdéterminée - au sein de l'héritage idéationnel est l'argument essentiel à maintenir une concordance vitale entre un clone (génétique et darwinien) et des traces mnésiques à partir desquelles ledit clone soutiendra une mémoire effective qui fera du clonage une mesure éthique essentielle.

   CYBEK a donc proposé une formule de "groupADN" - essentiellement orientée aux fins du respect des volontés de l'individu vivant, qui constitue la clé de la préservation du génome conservé en potentialité d'un éventuel clonage ou de l'usage partiel de ses gènes.

   Évidemment, en l'état actuel où les traces mnésiques de la psychanalyse ne sont pas ou mal reconnues par l'Université, faire un clone sans leur connaissance constitue un crime - surtout en ce qu'il dénonce un crime qui est manifeste en l'ignorance de ces traces (dénonciation selon la psychanalyse qui diagnostique en l'état de cette ignorance un complexe de culpabilité et ses mécanismes de projection subséquents).

 

ÉVALUATION THÉORIQUE

 

   En lien avec l'expérience, la théorie qui soutient les groupADNs a suivi le progrès qui a scandé la psychanalyse depuis Freud.
   On sait qu'à la sorte de thermodynamique freudienne, une cybernétique succéda avec Lacan ; à l'
imago aussi qui faisait la raison du premier, le Signifiant fit celle du second. Ces étapes ouvrent à une troisième période (LAPAREIL), lorsque la machine informatique - comme la génétique s'impose aux théorie de l'évolution - impose sa loi à la pensée. Émerge particulièrement de l'informatisation un volume d'information que l'on appelle Littérature Grise, LG, propre à constituer le domaine du recueil des contenus idéationnel de l'héritage dont Freud voyait la nécessaire trace permettant à l'individu d'affirmer une mémoire.

   Je pouvais même montrer en Décembre 2003, au 5em congrès de la LG, que là où l'on trouve la LG, on trouve également le corps humain réel. Cela coïncide remarquablement avec l'idée qu'un clone humain soit en situation de comporter une existence psychique, à la source des traces mnésiques et contenus idéationnels, en l'occurrence fournie par la littérature dite grise

 

 

 

 

Puisqu'il s'agit de Science Fiction, à la manière d'une recette - pour une évolution meilleure (améliorée) et/ou pour que cette page soit digeste :

   Prenez un 'chromosome' (un génome individuel) et déplacez-le sur l'axe du temps. Ce déplacement est fonction essentielle qui fait la théorie psychanalytique ; attachez-le au départ au droit testamentaire et à la liberté de la personne d'écrire son histoire, à l'autre extrémité, ancrez le bien au fond de la littérature grise aux contenus idéationnels qu'on trouve en sa vase. A ces deux dates une fois ces amarres assurées, et à ce câble que vous tendrez pour y bien accrocher la conservation génomique, autorisez le génome à reconstituer une forme.
   Celle qui en naîtra aura loisir d'y harmoniser un désir en l'écrin d'un environnement principalement abondant de mémoire.
   Vous m'en direz des nouvelles...

 

 

20040724152100
DWT