Le Texte Cybernétique de Jacques Lacan
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LITTERATURE GRISE
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J'ai pensé devoir faire une lecture/étude du premier texte des Écrits de Lacan (comme j'en fis une de l'Esquisse, inaugurale de Freud) parce qu'on y reconnaît un traité Cybernétique - et que la mention de cette science (la Cybernétique) est ensuite totalement effacée du discours de Lacan. Or Lacan écrivit ce texte à un moment où la cybernétique s'étouffait, manquait d'air, rencontrait un mur, une limite où elle ne pouvait plus parler que d'indécidabilité, d'absurde, voire de mort. C'est précisément à cette butée que Lacan la resaisit, en montrant que là où l'indécidable l'arrête, c'est la psychanalyse qui la reprend ou en répond. Lacan donc ranime la Cybernétique en la rangeant dans la Psychanalyse. Freud avait déjà - en son schéma de la foule - situé le moi et son oscillation indéfinie ; Lacan y concourre et l'éclaire d'une logique, qu'il trouve décrite dans E.A.Poe. Cependant il éclaire ce dernier - qui l'a précédé comme Sophocle (a précédé) Freud avec la description d'Oedipe - en y préposant un moment, non pas de logique, mais de succession, d'entraînement : un trait continu entre l'environnement, la perception et la biologie ; cette continuité pouvant s'appeler OhA - c'est à dire les exclamation Oh! (quand un objet, une stimulation paraît) et Ah! (quand il part). Or ce là bas, du y-a-pas, disons l'absence de stimulation, peut être aussi bien Ah! de satisfaction à l'objet paraissant là, alors apposé au Oh! désolé du départ.. hors. Inaugurant une ronde de l'indécidabilité ce premier jeu de l'organisme, décrite par Freud, qui scande l'alternative encore plus réduite du 0 et du 1 de l'informatique, donne lieu à la première observation de Lacan - celle qu'il prépose à un deuxième jeu qu'aura décrit Poe. Avant d'aller plus loin - puisqu'ici j'introduis - à
noter encore d'où je pars ; à savoir que les temps modernes ayant mis à
sa place de prévalence la sexualité dans la pensée humaine
(de ce que
l'on doit à la psychanalyse d'avoir ramené la philosophie au bon sens
naturel que des pensées plus asiatiques laissaient au jour depuis
longtemps), ils arrivent au moment où leur technologie la dispense de
tenir cette place (insémination artificielle depuis 30ans et utérus
artificiel dans 20ans). Si l'on est à ce jour en droit de prénommer une
Cybéralité, fécondation et foetalisation in vitro excitent nos
impératifs à déchiffrer la séquence qui fera la transition de la
Sexualité à celle-là - déchiffrage à quoi Lacan aura participé. Selon l'étude que je fais de ce premier texte des Écrits,
ce passage, cette suite conséquente de la psychanalyse à la
cybernétique procède de la même manière que le passage de l'OhA au jeu
suivant, que Lacan, suivant Poe, décrit sous le nom de pair-impair. DWT@20070928140000 |
TABLE ANALYTIQUE en toile de
fond le texte de Lacan |
Intro Lacan - Fort-Da ; Réseau 1-3 Passage au Saut - a,
b, g, d
- engagement du Signifiant Duel projectif et intersubjectivité Pair-Impair
|
..ainsi se termine le séminaire sur « La Lettre volée»
... devons-nous croire que nous avons déchiffré la véritable stratégie de Dupin au-delà des trucs imaginaires dont il lui fallait nous leurrer? Oui sans doute, car si « tout point qui demande de la réflexion », comme le profère d'abord Dupin, « s'offre le plus favorablement à l'examen dans l'obscurité », nous pouvons facilement en lire maintenant la solution au grand jour. Elle était déjà contenue et facile à dégager du titre de notre conte, et selon la formule même, que nous avons dès longtemps soumise à votre discrétion, de la communication intersubjective : où l'émetteur, vous disons-nous, reçoit du récepteur son propre message sous une forme inversée. C'est ainsi que ce que veut dire « la lettre volée », voire «en souffrance », c'est qu'une lettre arrive toujours à destination.
(J.Lacan - Guitrancourt. San Casciano. mi-mai. mi-août 1956.)
..à quoi succède la :
|
PRÉSENTATION DE LA SUITE
Ce texte (Le
séminaire sur « La Lettre volée»), à qui voulait y
prendre un air de nos leçons, nous ne l'indiquâmes guères sans le conseil que
ce fût par lui qu'on se fit introduire à l'introduction qui le précédait et
qui ici va suivre.
Laquelle était faite pour d'autres qui de cet air, sortaient
d'en prendre.
Ce conseil, d'ordinaire, n'était pas suivi: le goût de
l'écueil étant l'ornement du persévérer dans l'être.
Nous ne prenons ici en main l'économie du lecteur qu'à
revenir sur l'adresse de notre discours et à marquer ce qui ne se démentira
plus: nos écrits prennent place à l'intérieur d'une aventure qui est celle du
psychanalyste, aussi loin que la psychanalyse est sa mise en question.
" Revenir
" alors sur l'adresse, revient à marquer
J'appelle ici cette élaboration de
la marque à la trace : montage MT |
Les détours de cette aventure, voire ses accidents, nous y
ont porté à une position d'enseignement.
D'où une référence intime qu'à d'abord parcourir cette
introduction, on saisira dans le rappel d'exercices pratiqués en chœur.
Ce n'est après tout que sur la grâce de l'un d'entre eux que
l'écrit précédent raffine.
On use donc mal de l'introduction qui va suivre, à la prendre
pour difficile: c'est reporter sur l'objet qu'elle présente ce qui ne tient
qu'à sa visée en tant qu'elle est de formation.
Aussi bien les quatre pages qui pour certains font
casse-tête, ne cherchaient-elles pas l'embarras. Nous y mettons quelques
retouches pour ôter tout prétexte à se détourner de ce qu'elles disent.
C'est à savoir que
la mémoration dont il s'agit dans
l'inconscient - freudien s'entend - n'est pas du registre qu'on suppose à la
mémoire, en tant qu'elle serait la propriété du vivant .
Pour mettre au point ce que comporte cette référence
négaative, nous disons que ce qui s'est imaginé pour rendre compte de cet
effet de la matière vivante, n'est pas rendu pour nous plus recevable par la
résignation qu'il suggère.
Alors qu'il saute aux yeux qu'à se passer de cet
assujettissement, nous pouvons, dans les chaînes ordonnées d'un langage
formel, trouver toute l'apparence d'une mémoration : très spécialement de
celle qu'exige la découverte de Freud.
Nous irions donc jusqu'à dire que s'il y a quelque part
preuve à faire, c'est de ce qu'il ne suffit pas de cet ordre constituant du
symbolique pour y faire face à tout.
Pour l'instant, les liaisons de cet ordre sont au regard de ce
que Freud produit de l'indestructibilité de ce que son inconscient conserve,
les seules à pouvoir être soupçonnées d'y suffire.
(Qu'on se réfère au texte de Freud sur le Wunderblock qui
là-dessus, comme bien d'autres, dépasse le sens trivial que lui laissent les
distraits.)
Le programme qui se trace pour nous est dès lors de savoir
comment un langage formel détermine le sujet.
Mais l'intérêt d'un tel programme n'est pas simple:
puisqu'il suppose qu'un sujet ne le remplira qu'à y mettre du sien.
Un psychanalyste ne peut faire que d'y marquer son intérêt
à mesure même de l'obstacle qu'il y trouve.
Ceux qui y participent en conviennent, et même les autres
l'avoueraient, interpellés convenablement: il y a là une face de conversion
subjective qui n'a pas été pour notre compagnonnage sans drame, et l'imputation qui s'exprime chez les autres du terme d'intellectualisation
dont ils entendent nous faire pièce, à cette lumière montre bien ce qu'elle
protège.
Aucun sans doute à se donner peine plus méritoire à ces
pages, que l'un près de nous, qui enfin n'y vit qu'à dénoncer l'hypostase qui
inquiétait son kantisme.
Mais la brosse kantienne elle-même a besoin de son alcali.
C'est la faveur ici d'introduire notre objecteur, voire d'autres moins
pertinents, à ce qu'ils font chaque fois qu'à s'expliquer leur sujet de tous
les jours, leur patient comme on dit, voire à s'expliquer avec lui, ils
emploient la pensée magique.
Qu'ils y entrent eux-mêmes par là, c'est en effet du même
pas dont le premier s'engage pour écarter de nous le calice de l'hypostase,
alors qu'il vient d'en remplir la coupe de sa main.
Car nous ne prétendons pas, par nos a,
b, g, d extraire du
réel plus que nous n'avons supposé dans sa donnée, c'est à-dire ici rien,
mais seulement démontrer qu'ils y apportent une syntaxe à seulement déjà, ce
réel, le faire hasard.
Rien à ajouter à ce stade préparatoire de Lacan, sinon une
précision qui devance ce qui sera dit ultérieurement : l'expression ici faire
hasard se trouve dans jeu pair-impair (où l'un cherche à
deviner ce que l'autre cache ) indiquer le récepteur. |
Sur quoi nous avançons que ce n'est pas d'ailleurs que
proviennent les effets de répétition que Freud appelle automatisme.
Mais nos a,
b, g, d ne sont pas sans qu'un sujet s'en souvienne, nous objecte-t-on. - C'est bien ce qui est en question sous notre
plume: plutôt que de rien du réel, qu'on se croit en devoir d'y supposer,
c'est justement de ce qui n'était pas que ce qui se répète procède.
Remarquons qu'il en devient moins étonnant que ce qui se
répète, insiste tant pour se faire valoir.
C'est bien ce dont le moindre de nos « patients» en analyse
témoigne, et dans des propos qui confirment d'autant mieux notre doctrine que
ce sont eux qui nous y ont conduit: comme ceux que nous formons le savent, pour
les maintes fois où ils ont entendu nos termes même anticipés, dans le texte
encore frais pour eux d'une séance analytique.
Or que le malade soit entendu comme il faut au moment où il
parle, c'est ce que nous voulons obtenir. Car il serait
étrange qu'on ne tende l'oreille qu'à l'idée de ce qui le
dévoie, au moment qu'il est simplement en proie à la vérité.
Ceci vaut bien de démonter un peu l'assurance du
psychologue,
c'est-à-dire de la cuistrerie qui a inventé le niveau d'aspiration par
exemple, tout exprès sans doute pour y marquer le sien comme un plafond
indépassable.
Il ne faut pas croire que le philosophe de bonne marque
universitaire soit la planche à supporter ce déduit.
C'est là que de faire écho à de vieilles
disputes
d'École, notre propos trouve le passif de l'intellectuel, mais c'est aussi
qu'il s'agit de l'infatuation qu'il s'agit de lever.
Pris sur le fait de nous imputer une transgression de la
critique kantienne indûment, le sujet bienveillant à faire un sort à notre
texte, n'est pas le père Ubu et ne s'obstine pas.
Mais il lui reste peu de goût pour l'aventure. Il veut
s'asseoir. C'est une antinomie corporelle à la profession
d'analyste. Comment
rester assis, quand on s'est mis dans le cas de n'avoir plus à répondre à la
question d'un sujet, qu'à le coucher d'abord? Il est évident qu'être debout
n'est pas moins incommode.
C'est pourquoi c'est ici que s'amorce la question de la
transmission de l'expérience psychanalytique, quand la visée didactique s'y
implique, négociant un savoir.
Les incidences d'une structure de marché ne sont pas vaines
au champ de la vérité, mais elles y sont scabreuses.
La leçon de notre Séminaire que nous donnons ici rédigée
fut prononcée le 26 avril 1955. Elle est un moment du commentaire que nous
avons consacré, toute cette année scolaire, à l'Au-delà du principe de
plaisir.
On sait que c'est l'œuvre de Freud que beaucoup de ceux qui
s'autorisent du titre de psychanalyste, n'hésitent pas à rejeter comme une
spéculation superflue, voire hasardée, et l'on peut mesurer à l'antinomie
par
excellence qu'est la notion d'instinct de mort où elle se résout, à quel
point elle peut être impensable, qu'on nous passe le mot, pour la plupart.
Il est pourtant difficile de tenir pour une excursion, moins
encore pour un faux-pas, de la doctrine freudienne, l'œuvre
qui y prélude précisément à la nouvelle topique, celle que représentent les
termes de moi, de ça et de surmoi, devenus aussi prévalents dans l'usage
théoricien que dans sa diffusion populaire.
Cette simple appréhension se confirme à pénétrer les
motivations qui articulent ladite spéculation à la révision théorique dont
elle s'avère être constituante.
Un tel procès ne laisse pas de doute sur l'abâtardissement,
voire le contresens, qui frappe l'usage présent desdits termes, déjà
manifeste en ce qu'il est parfaitement équivalent du théoricien au vulgaire.
C'est là sans doute ce qui justifie le propos avoué par tels épigones de
trouver en ces termes le truchement par où faire rentrer l'expérience de la psychanalyse dans ce qu'ils appellent la psychologie générale.
Posons seulement ici quelques jalons.
L'automatisme de répétition (Wiederholungszwang), - bien que
la notion s'en présente dans l'œuvre ici en cause, comme destinée à
répondre à certains paradoxes de la clinique, tels que les rêves de la
névrose traumatique ou la réaction thérapeutique négative - , ne saurait
être conçu comme un rajout, fût-il même couronnant, à l'édifice doctrinal.
C'est sa découverte inaugurale que Freud y réaffirme: à
savoir la conception de la mémoire qu'implique son « inconscient ». Les
faits nouveaux sont ici l'occasion pour lui de la restructurer de façon plus
rigoureuse en lui donnant une forme généralisée, mais aussi de rouvrir sa
problématique contre la, dégradation, qui se faisait sentir dès alors, d'en
prendre les effets pour un simple donné.
Ce qui ici se rénove, déjà s'articulait dans le « projet
» 20 où sa divination traçait les avenues par où devait le faire passer sa
recherche: le système
, prédécesseur de
l'inconscient, y manifeste son
originalité, de ne pouvoir se satisfaire que de retrouver l'objet foncièrement
perdu.
C'est ainsi que Freud se situe dès le principe dans
l'opposition, dont Kierkegaard nous a instruits, concernant la
notion de l'existence selon qu'elle se fonde sur la réminiscence ou sur la
répétition. Si Kierkegaard y discerne admirablement la différence de la
conception antique et moderne de l'homme, il apparaît que Freud fait faire à
cette dernière son pas décisif en ravissant à l'agent humain identifié à la
conscience, la nécessité incluse dans cette répétition. Cette répétition
étant répétition symbolique, il s'y avère que l'ordre du symbole ne peut
plus être conçu comme constitué par l'homme, mais comme le constituant.
C'est ainsi que nous nous sommes senti mis en demeure
d'exercer véritablement nos auditeurs à la notion de la remémoration
qu'implique l'œuvre de Freud : ceci dans la considération trop éprouvée
qu'à la laisser implicite, les données mêmes de l'analyse flottent dans
l'air.
C'est parce que Freud ne cède pas sur l'original de son
expérience que nous le voyons contraint d'y évoquer un élément qui la
gouverne d'au-delà de la vie - et qu'il appelle l'instinct de mort.
L'indication que Freud donne ici à ses suivants se disant
tels, ne peut scandaliser que ceux chez qui le sommeil de la raison
s'entretient, selon la formule lapidaire de Goya, des monstres qu'il engendre.
Car pour ne pas déchoir à son accoutumée, Freud ne nous
livre sa notion qu'accompagnée d'un exemple qui ici va mettre à nu de façon
éblouissante la formalisation fondamentale qu'elle désigne.
Ce jeu par où l'enfant s'exerce à faire disparaître de sa
vue, pour l'y ramener, puis l'oblitérer à nouveau, un objet, au reste
indifférent de sa nature, cependant qu'il module cette alternance de syllabes
distinctives, - ce jeu, dirons-nous, manifeste en ses traits radicaux la
détermination que l'animal humain reçoit de l'ordre symbolique.
L'homme littéralement dévoue son temps à déployer
l'alternative structurale où la présence et l'absence prennent l'une de
l'autre leur appel. C'est au moment de leur conjonction essentielle, et pour
ainsi dire, au point zéro du désir, que l'objet humain tombe sous le coup de
la saisie, qui, annulant sa propriété naturelle, l'asservit désormais aux
conditions du symbole.
À vrai dire, il n'y a là qu'un aperçu illuminant de
l'entrée de l'individu dans un ordre dont la masse le supporte et
l'accueille sous la forme du langage, et surimpose dans la diachronie comme dans
la synchronie la détermination du signifiant à celle du signifié.
On peut saisir à son émergence même cette
surdétermination qui est la seule dont il s'agisse dans l'aperception freudienne de la fonction symbolique.
La simple connotation par (+) et (-) d'une série jouant sur
la seule alternative fondamentale de la présence et de l'absence, permet de
démontrer comment les plus strictes déterminations symboliques s'accommodent
d'une succession de coups dont la réalité se répartit strictement «au
hasard ».
Il suffit en effet de symboliser dans la diachronie d'une
telle série les groupes de trois qui se concluent à chaque coup
21 en les
définissant synchroniquement par exemple par la symétrie de la constance (+ +
+, - - -) notée par ( 1) ou de l'alternance (+ - +, - + -) notée par (3),
réservant la notation (2) à la dissymétrie révélée par l'impair
22 sous la
forme du groupe de deux signes semblables indifféremment précédés ou suivis
du signe contraire (+ - - , - + +, + + -, - - +), pour qu'apparaissent, dans la
nouvelle série constituée par ces notations, des possibilités et des impossibilités de succession que le réseau suivant résume en même temps
qu'il manifeste la symétrie concentrique dont est grosse la
triade, -
c'est-à-dire, remarquons-le, la structure même à quoi doit se référer la
question toujours rouverte
23 par les anthropologues, du caractère foncier ou
apparent du dualisme des organisations symboliques.
Voici ce réseau :
Réseau 1-3 :
Dans la série des symboles (1), (2), (3) par exemple, on peut constater qu'aussi longtemps que dure une succession uniforme de (2) qui a commencé après un (1), la série se souviendra du rang pair ou impair de chacun de ces (2), puisque de ce rang dépend que cette séquence ne puisse se rompre que par un (1) après un nombre pair de (2), ou par un (3) après un nombre impair.
a) un exercice pratique , illustratif :
Suivant les attributions du métro boulot dodo féministe " femme, mère et putain " :
------------++----------
b) une remarque - concernant la continuité du propos : Puisqu'il s'agit d'un raisonnement continu
que Lacan élabore, il y a lieu
d'établir un rapport entre ce que j'ai appelé montage MT
du début et, ensuite, cette
formalisation du jeu Fort-Da qui montre ce qu'il appelle une symétrie concentrique. Outre
une cohabitation au sein d'un cours de la pensée, ce rapport
peut paraître
arbitraire - deux personnes, émetteur, récepteur, alternent
dans le MT qui opère sans règle, au hasard ; et seule une règle préside à la formalisation
FD (Fort-Da) - laquelle de
surcroît se joue, c'est essentiel, pour l'enfant, seul
. Néanmoins c'est
cette règle précisément qui remotive ledit rapport
; comme la
démonstration le montre, d'établir la triade de successions alternes,
effectivement homologues à l'alternance biaisée (marque/trace) du montage MT. Cette remarque n'est pas simple à saisir - elle trouvera
peut-être son sens plus tard. b) une remarque - concernant ma précipitation : L'attribution d'un signifiant (femme, mère ou putain) aux symboles (1,2,3) est anticipé, puisque c'est à la phase suivante (introduction d'une coupure et assignation de lettres a, b, g, d ) qu'elle s'exprime par les conséquences d'un saut, coupure laquelle sera la trace du rapport sexuel, remarqué par la progéniture, sinon marqué dans les termes de l'échange. A ce stade, si l'on suit strictement Lacan, pas à pas, on s'en tiendra aux 1,2,3 - mon introduction après-coup des titres ne sert éventuellement qu'à accélérer la compréhension.
|
Ainsi dès la première composition avec soi-même du symbole
primordial - et nous indiquerons que ce n'est pas arbitrairement que nous
l'avons proposée telle -, une structure, toute transparente qu'elle reste
encore à ses données, fait apparaître la liaison essentielle de la mémoire
à la loi.
Mais nous allons voir à la fois comment s'opacifie la
détermination symbolique en même temps que se révèle la nature du
signifiant, à seulement recombiner les éléments de notre syntaxe, en sautant
un terme pour appliquer à ce binaire une relation quadratique.
une remarque - pour aborder la relation quadratique : La série des symboles (de symétrie concentrique) -
12322223 - est issue d'une triade, en l'occurrence, de trois groupes (symbolisés 1, 2 et
3) de signes alternatifs ( + ou - ) présence et absence,
Da et Fort, Là, Hors, voire A, O. Du groupe de trois, une distinction se présente du 1er ' + ou - ' au second et troisième ; autrement dit la triade symbolique présente un premier signe, un second signe et un troisième signe ( par exemple ++- ). Cette distinction est saisie par la rège qui va suivre et qui fera abstraction - en le 'sautant' écrit Lacan - du signe intermédiaire, soit le second signe. On sait que ce symbolisme sautillant aboutit avec Lacan au Signifiant. Mais on trouve une triade également avec Freud - le diagramme freudien par excellence, de la foule, c'est à dire du moi dans la psychologie collective - où l'on peut appliquer les trois signes distinctifs de la présence et absence alternatives.
Ce graphe montre une triade - objets à gauche, idéal à droite avec au centre, oscillant, le moi indéfini autrement que par proximité d'être objet/gauche, ou idéal/droite alternativement. On appelle aussi ce signe oscillant " semblant " ; il s'agit du terme central, sauté, lorsque l'on ne garde, pour la relation quadratique, que la notation de l'objet et de l'idéal. Ainsi par exemple le groupe 232 indique, dans la série, un binaire où le moi, sauté, sera encadré par deux '2'.. c'est à dire, en l'occurrence par un moi (puisqu'il s'agit du signe '2') objet et un moi idéal (idéal ici aussi porteur du signe '2' ). Mais l'important qui nous retient est ce qui réside, ici le semblant, moi, (ici en idéal puisque '3' ), dans la coupure. Nous aboutissons à ceci : si dans le schéma freudien, le moi occupe le
terrain du milieu, dans la série lacanienne un saut, une coupure, le
situe en lieu de ce qui s'y sera dit absence.. de rapport sexuel.
Personnellement j'ai décrié cette notion d'absence de rapport sexuel -
mais pas celle du manque qui, ici, est propre à correspondre, au
rapport sexuel précisément - voire autant à l'indécidabilité,
l'incertitude, cybernétique - l'indéfinissable
par sa loi, logique et naturelle.. (Lacan l'appelle le
point où se dénonce le leurre du raisonnement) Entre le premier et troisième signe - entre le Là et l'Hors - ce qui siège est la copulation. Une référence aux structure de l'échange - soit l'échange des femmes typiquement - note qu'une femme est soit dans la tribu, soit au-dehors, cependant qu'au moment de la copulation elle est, comme son partenaire, "encore ailleurs" ; elle est dans le rapport narcissique, orgasmique ou sentimental, dans une 'union' où ni l'un ni l'autre des lieux n'est situable. Le signe, le coup que Lacan saute dans le passage de la triade à la relation quadripartite est le coït. Dans l'exemple 232, c'est le moi ou le coït qui porte le signe '3'. Je reviendrai certainement - ci-dessous- sur cette
avancée dans la lecture du texte lacanien présent. |
Posons alors que ce binaire: (1) et (3) dans le groupe [(1) (2) (3)] par exemple, s'il conjoint de leurs symboles une symétrie à une symétrie [(1) - (1)], (3) - (3), [(1) - (3)] ou encore [(3) - (1)], sera noté a, une dissymétrie à une dissymétrie (seulement [(2) - (2)]), sera noté g, mais qu'à l'encontre de notre première symbolisation, c'est de deux signes, b et d que disposeront les conjonctions croisées, b notant celle de la symétrie à la dissymétrie [(1) - (2)], [(3) - (2)], et d celle de la dissymétrie à la symétrie [(2) - (1 )], [(2) - (3)].
(après un saut -- un rapport : ) fem fem, put put, fem put, put fem -----------------+-------- a attitude snt snt ----++--+------+++-------- g indifférence fem snt, put snt----+++-------+-++-------- b mobilisation snt fem, put fem----+---------+--+-------- d expectative ------------
|
On va constater que, bien que cette convention restaure une stricte égalité de chances combinatoires entre quatre symboles, a, b, g, d (contrairement à l'ambiguïté classificatoire qui faisait équivaloir aux chances des deux autres celles du symbole (2) de la convention précédente), la syntaxe nouvelle à régir la succession des a, b, g, d détermine des possibilités de répartition absolument dissymétriques entre a et g d'une part, b et d de l'autre.
Étant reconnu en effet qu'un quelconque de ces termes peut succéder immédiatement à n'importe lequel des autres, et peut également être atteint au 4em temps compté à partir de l'un d'eux, il s'avère à l'encontre que le temps troisième, autrement dit le temps constituant du binaire, est soumis à une loi d'exclusion qui veut qu'à partir d'un a ou d'un d on ne puisse obtenir qu'un a ou un b , et qu'à partir d'un b ou d'un g, on ne puisse obtenir qu'un g ou un d. Ce qui peut s'écrire sous la forme suivante:
où les symboles compatibles du 1er au 3em temps se répondent selon l'étagement horizontal qui les divise dans le répartitoire, tandis que leur choix est indifférent au 2em temps.
une
attitude quoiqu'elle
forme ne peut que se maintenir ou
s'élever mais ne peut ni béatifier, ni s'approfondir |
Que la liaison ici apparue ne soit rien de moins que la
formalisation la plus simple de l'échange, c'est ce qui nous confirme son
intérêt anthropologique. Nous ne ferons qu'indiquer à ce niveau sa valeur
constituante pour une subjectivité primordiale, dont nous situerons plus loin
la notion.
La liaison, compte tenu de son orientation, est en effet
réciproque; autrement dit, elle n'est pas réversible, mais elle est
rétroactive. C'est ainsi qu'à fixer le terme du 4em temps, celui du 2em ne sera
pas indifférent.
On peut démontrer qu'à fixer le 1er et le 4em terme
d'une série, il y aura toujours une lettre dont la possibilité sera exclue des
deux termes intermédiaires et qu'il y a deux autres lettres dont l'une sera
toujours exclue du premier, l'autre du second, de ces termes intermédiaires. Ces lettres sont distribuées
dans les deux tableaux
W et O
24:
dont la première ligne permet de repérer entre les deux
tableaux la combinaison cherchée du 1er au 4em temps, la lettre de la deuxième
ligne étant celle que cette combinaison exclut des deux temps de leur
intervalle, les deux lettres de la troisième étant, de gauche à droite,
celles qui respectivement sont exclues du 2em et du 3em temps.
Ceci pourrait figurer un rudiment du parcours subjectif, en
montrant qu'il se fonde dans l'actualité qui a dans son présent le futur
antérieur. Que dans l'intervalle de ce passé qu'il est déjà à ce qu'il
projette, un trou s'ouvre que constitue un certain caput mortuum du signifiant
(qui ici se taxe des trois quarts des combinaisons possibles où il a à se
placer
25), voilà qui suffit à le suspendre à de l'absence, à l'obliger à
répéter son contour.
La subjectivité à l'origine n'est d'aucun rapport au réel,
mais d'une syntaxe qu'y engendre la marque signifiante.
La propriété (ou l'insuffisance) de la construction du
réseau des a,
b, g, d est de suggérer comment se composent en trois étages
le réel, l'imaginaire et le symbolique, quoique ne puisse y jouer
intrinsèquement que le symbolique comme représentant les deux assises
premières.
C'est à méditer en quelque sorte naïvement sur la
proximité dont s'atteint le triomphe de la syntaxe, qu'il vaut de s'attarder
à l'exploration de la chaîne ici ordonnée dans la même ligne qui retint
Poincaré et Markov.
C'est ainsi qu'on remarque que si, dans notre chaîne, on peut
rencontrer deux b qui se succèdent sans interposition d'un
d, c'est toujours
soit directement (bb) ou après
interposition d'un nombre d'ailleurs indéfini
de couples ag : (baga ...
gb), mais qu'après le second
b, nul nouveau b ne peut
apparaître dans la chaîne avant que d ne s'y soit produit.
Cependant, la
succession sus-définie de deux b ne peut se
reproduire, sans qu'un second d
ne s'ajoute au premier dans une liaison équivalente (au renversement près du
couple ag en
ga) à celle qui s'impose aux deux
b, soit sans interposition d'un
b.
D'où résulte immédiatement la dissymétrie que nous
annoncions plus haut dans la probabilité d'apparition des différents symboles
de la chaîne.
Tandis que les a et les
g en effet peuvent par une série
heureuse du hasard se répéter chacun séparément jusqu'à couvrir la chaîne
tout entière, il est exclu, même par les chances les plus favorables, que b
et d
puissent augmenter leur proportion sinon de façon strictement équivalente à
un terme près, ce qui limite à 50 % le maximum de leur fréquence possible.
La probabilité de la combinaison que représentent les
b et
les d étant équivalente à celle que supposent les
a et les g - et le
tirage réel des coups étant d'autre part laissé strictement au hasard -, on
voit donc se détacher du réel une détermination symbolique qui, pour ferme
qu'elle soit à enregistrer toute partialité du réel, n'en produit que mieux
les disparités qu'elle apporte avec elle.
Disparité encore manifestable à simplement considérer le
contraste structural des deux tableaux
W et O, c'est-à-dire la façon directe
ou croisée dont le groupement (et l'ordre) des exclusions se subordonne en le
reproduisant à l'ordre des extrêmes, selon le tableau auquel appartient ce
dernier.
C'est ainsi que dans la suite des quatre lettres, les deux
couples intermédiaire et extrême peuvent être identiques si le dernier
s'inscrit dans l'ordre du tableau O (tels aaaa,
aabb, bbgg,
bbd d, gggg,
ggdd, d daa,
d dbb qui sont possibles).
Remarques, dont le caractère récréatif ne doit pas nous
égarer.
Car il n'y a pas d'autre lien que celui de cette
détermination symbolique où puisse se situer cette surdétermination
signifiante dont Freud nous apporte la notion, et qui n'a jamais pu être
conçue comme une surdétermination réelle dans un esprit comme le sien, - dont
tout contredit qu'il s'abandonne à cette aberration conceptuelle où
philosophes et médecins trouvent trop facilement à calmer leurs échauffements
religieux.
Comme la suite le confirmera, sur la fondation du réseau 1-3 du simple jeu Fort-Da, une logique du Signifiant peut s'établir ; cependant qu'en s'établissant elle rehausse sa fondation comme on le voit du montage MT. On peut reconnaître le Code dans ce terme rehaussé - qui montre le rapport que le Code entretient avec le hasard. |
Cette position de l'autonomie du symbolique est la seule qui
permette de dégager de ses équivoques la théorie et la pratique de
l'association libre en psychanalyse. Car c'est tout autre chose d'en rapporter
le ressort à la détermination symbolique et à ses lois, qu'aux présupposés
scolastiques d'une inertie imaginaire qui la supportent dans
l'associationnisme, philosophique ou pseudo-tel, avant de se prétendre
expérimental. D'en avoir abandonné l'examen, les psychanalystes trouvent ici
un point d'appel de plus pour la confusion psychologisante où ils retombent
sans cesse, certains de propos délibéré.
En fait seuls les exemples de conservation, indéfinie dans
leur suspension, des exigences de la chaîne symbolique, tels que ceux que nous
venons de donner, permettent de concevoir où se situe le désir inconscient
dans sa persistance indestructible, laquelle, pour paradoxale qu'elle paraisse
dans la doctrine freudienne, n'en est pas moins un des traits qui y sont le
plus affirmés.
Ce caractère est en tout cas incommensurable avec aucun des
effets connus en psychologie authentiquement expérimentale, et qui, quels que
soient les délais ou retards à quoi ils soient sujets, viennent comme toute
réaction vitale à s'amortir et à s'éteindre.
C'est précisément la question à laquelle Freud revient une
fois de plus dans l'Au-delà du principe de plaisir, et pour marquer que
l'insistance où nous avons trouvé le caractère essentiel des phénomènes de
l'automatisme de répétition, ne lui paraît pouvoir trouver de motivation que
prévitale et transbiologique. Cette conclusion peut surprendre, mais elle est
de Freud, parlant de ce dont il est le premier à avoir parlé.
Et il faut être sourd pour ne pas l'entendre. On ne pensera
pas que sous sa plume il s'agisse d'un recours spiritualiste: c'est de la
structure de la détermination qu'il est ici question. La matière qu'elle
déplace en ses effets, dépasse de beaucoup en étendue celle de l'organisation
cérébrale, aux vicissitudes de laquelle certains d'entre eux sont confiés,
mais les autres ne restent pas moins actifs et structurés comme symboliques, de
se matérialiser autrement.
C'est ainsi que si l'homme vient à penser l'ordre
symbolique,
c'est qu'il y est d'abord pris dans son être. L'illusion qu'il l'ait formé par
sa conscience, provient de ce que c'est par la voie d'une béance spécifique de
sa relation imaginaire à son semblable, qu'il a pu entrer dans cet ordre comme
sujet. Mais il n'a pu faire cette entrée que par le défilé radical de la
parole, soit le même dont nous avons reconnu dans le jeu de l'enfant un moment
génétique, mais qui, dans sa forme complète, se reproduit chaque fois que le
sujet s'adresse à l'Autre comme absolu, c'est-à-dire comme l'Autre qui peut
l'annuler lui-même, de la même façon qu'il peut en agir avec lui,
c'est-à-dire en se faisant objet pour le tromper. Cette dialectique de
l'intersubjectivité, dont nous avons démontré l'usage nécessaire à travers
les trois ans passés de notre séminaire à Sainte-Anne, depuis la théorie du
transfert jusqu'à la structure de la paranoïa, s'appuie volontiers du schéma
suivant :
désormais familier à nos élèves et où les deux termes
moyens représentent le couple de réciproque objectivation imaginaire que nous
avons dégagé dans le stade du miroir.
La relation spéculaire à l'autre par où nous avons voulu
d'abord en effet redonner sa position dominante dans la fonction du moi à la théorie, cruciale dans Freud, du narcissisme, ne peut
réduire à sa subordination effective toute la fantasmatisation mise au jour
par l'expérience analytique, qu'à s'interposer, comme l'exprime le schéma,
entre cet en-deçà du Sujet et cet au-delà de l'Autre, où l'insère en effet
la parole, en tant que les existences qui se fondent en celle-ci sont tout
entières à la merci de sa foi.
C'est d'avoir confondu ces deux couples que les légataires
d'une praxis et d'un enseignement qui a aussi décisivement tranché qu'on peut
le lire dans Freud, de la nature foncièrement narcissique de toute
énamoration (Verliebtheit), ont pu diviniser la chimère de l'amour dit
génital au point de lui attribuer la vertu d'oblativité, d'où sont issus tant
de fourvoiements thérapeutiques.
Mais de supprimer simplement toute référence aux pôles
symboliques de l'intersubjectivité pour réduire la cure à une utopique
rectification du couple imaginaire, nous en sommes maintenant à une pratique
où, sous le pavillon de la « relation d'objet », se consomme ce qui chez tout
homme de bonne foi ne peut que susciter le sentiment de l'abjection.
C'est là ce qui justifie la véritable gymnastique du
registre intersubjectif que constituent tels des exercices auxquels notre
séminaire a pu paraître s'attarder.
La parenté de la relation entre les termes du schéma L et de
celle qui unit les 4 temps plus haut distingués dans la série orientée où
nous voyons la première forme achevée d'une chaîne symbolique, ne peut
manquer de frapper, dès qu'on en fait le rapprochement.
PARENTHÈSE DES PARENTHÈSES (1966) Nous placerons ici notre perplexité qu'aucune des personnes
qui s'attachèrent à déchiffrer l'ordination à quoi notre chaîne prêtait,
n'ait songé à écrire sous forme de parenthèse la structure que nous en
avions pourtant clairement énoncée.
Chaîne L: (10 ... (00 ... 0) 0101 ... 0 (00 ... 0) ... 01) 11111. .. ( 1010 ... 1) 111. .. etc.
« Parlante » au sens qu'une lecture en sera facilitée au
prix d'une convention supplémentaire, qui raccorde au schéma L.
|
Mais nous n'en sommes en ce moment qu'à la lancée d'une
arche dont les années seulement maçonneront le pont
29.
C'est ainsi que pour démontrer à nos auditeurs ce qui
distingue de la relation duelle impliquée dans la notion de projection, une
intersubjectivité véritable, nous nous étions déjà servi du raisonnement
rapporté par Poe lui-même avec faveur dans l 'histoire qui sera le sujet du
présent séminaire, comme celui qui guidait un prétendu enfant prodige pour le
faire gagner plus qu'à son tour au jeu de pair ou impair.
Il faut à suivre ce raisonnement, - enfantin, c'est le cas de
le dire, mais qui en d'autres lieux séduit plus d'un -, saisir le point où
s'en dénonce le leurre.
Ici le sujet est l'interrogé: il répond à la question de
deviner si les objets que son adversaire cache en sa main sont en nombre pair
ou impair.
Après un coup gagné ou perdu pour moi, nous dit en
substance le garçon, je sais que si mon adversaire est un
simple, sa ruse n'ira pas plus loin qu'à changer de tableau pour sa mise, mais
que s'il est d'un degré plus fin, il lui viendra à l'esprit que c'est ce dont
je vais m'aviser et que dès lors il convient qu'il joue sur le même.
C'est donc à l'objectivation du degré plus ou moins poussé
de la frisure cérébrale de son adversaire que l'enfant s'en remettait pour
obtenir ses succès. Point de vue dont le lien avec l'identification imaginaire
est aussitôt manifesté par le fait que c'est par une imitation interne de ses
attitudes et de sa mimique qu'il prétend obtenir la juste appréciation de son
objet.
Mais qu'en peut-il être au degré suivant quand l'adversaire,
ayant reconnu que je suis assez intelligent pour le suivre dans ce mouvement,
manifestera sa propre intelligence à s'apercevoir que c'est à faire l'idiot
qu'il a sa chance de me tromper? De ce moment il n'y a pas d'autre temps
valable du raisonnement, précisément parce qu'il ne peut dès lors que se
répéter en une oscillation indéfinie.
Et hors le cas d'imbécillité pure, où le raisonnement
paraissait se fonder objectivement, l'enfant ne peut faire que de penser que son
adversaire arrive à la butée de ce troisième temps, puisqu'il lui a permis le
deuxième, par où il est lui-même considéré par son adversaire comme un
sujet qui l'objective, car il est vrai qu'il soit ce sujet, et dès lors le
voilà pris avec lui dans l'impasse que comporte toute intersubjectivité
purement duelle, celle d'être sans recours contre un Autre absolu.
Remarquons en passant le rôle évanouissant que joue
l'intelligence dans la constitution du temps deuxième où la dialectique se
détache des contingences du donné, et qu'il suffit que je l'impute à mon
adversaire pour que sa fonction soit inutile puisque à partir de là elle
rentre dans ces contingences.
Nous ne dirons pas cependant que la voie de
l'identification
imaginaire à l'adversaire à l'instant de chacun des coups, soit une voie
d'avance condamnée; nous dirons qu'elle exclut le procès proprement symbolique
qui apparaît dès que cette identification se fait non pas à l'adversaire,
mais à son raisonnement qu'elle articule (différence au reste qui
s'énonce dans le texte). Le fait prouve d'ailleurs qu'une
telle identification purement imaginaire échoue dans l'ensemble.
Dès lors le recours de chaque joueur, s'il raisonne, ne peut
se trouver qu'au-delà de la relation duelle, c'est-à-dire dans quelque loi qui
préside à la succession des coups qui me sont proposés.
Et c'est si vrai que si c'est moi qui donne le coup à
deviner, c'est-à-dire qui suis le sujet actif, mon effort à chaque instant
sera de suggérer à l'adversaire l'existence d'une loi qui préside à une
certaine régularité de mes coups, pour lui en dérober le plus de fois
possible par sa rupture la saisie.
Plus cette démarche arrivera à se rendre libre de ce qui
s'ébauche malgré moi de régularité réelle, plus elle aura effectivement de
succès, et c'est pourquoi un de ceux qui ont participé à une des épreuves de
ce jeu que nous n'avons pas hésité à faire passer au rang de travaux
pratiques, a avoué qu'à un moment où il avait le sentiment, fondé ou non,
d'être trop souvent percé à jour, il s'en était délivré en se réglant sur
la succession conventionnellement transposée des lettres d'un vers de Mallarmé
pour la suite des coups qu'il allait proposer dès lors à son adversaire.
Mais si le jeu eût duré le temps de tout un poème et si par
miracle l'adversaire eût pu reconnaître celui-ci, il aurait alors gagné à
tout coup.
C'est ce qui nous a permis de dire que si l'inconscient existe
au sens de Freud, nous voulons dire: si nous entendons les implications de la
leçon qu'il tire des expériences de la psychopathologie de la vie quotidienne
par exemple, il n'est pas impensable qu'une moderne machine à calculer, en dégageant la phrase qui module à son insu et à long terme les choix d'un
sujet, n'arrive à gagner au-delà de toute proportion accoutumée au jeu de
pair et impair.
Pur paradoxe sans doute, mais où s'exprime que ce n'est pas
pour le défaut d'une vertu qui serait celle de la conscience humaine, que nous
refusons de qualifier de machine-à-penser celle à qui nous accorderions de si
mirifiques performances, mais simplement parce qu'elle ne penserait pas plus que
ne fait l 'homme en son statut commun sans en être pour autant moins en proie
aux appels du signifiant.
Aussi bien la possibilité ainsi suggérée a-t-elle eu
l'intérêt de nous faire entendre l'effet de désarroi, voire d'angoisse, que certains en éprouvèrent et dont ils voulurent bien nous
faire part.
Réaction sur laquelle on peut ironiser, venant d'analystes
dont toute la technique repose sur la détermination inconsciente que l'on y
accorde à l'association dite libre, - et qui peuvent lire en toutes lettres,
dans l'ouvrage de Freud que nous venons de citer, qu'un chiffre n'est jamais
choisi au hasard.
Mais réaction fondée si l'on songe que rien ne leur a appris
à se détacher de l'opinion commune en distinguant ce qu'elle ignore : à savoir
la nature de la surdétermination freudienne, c'est-à-dire de la
détermination symbolique telle que nous la promouvons ICI.
Si cette surdétermination devait être prise pour réelle,
comme le leur suggérait mon exemple pour ce qu'ils confondent comme tout un
chacun les calculs de la machine avec son mécanisme
30, alors en effet leur
angoisse se justifierait, car en un geste plus sinistre que de toucher à la
hache, nous serions celui qui la porte sur « les lois du hasard », et en bons
déterministes que sont en effet ceux que ce geste a tant émus, ils sentent, et
avec raison, que si l'on touche à ces lois, il n'y en a plus aucune de
concevable.
Mais ces lois sont précisément celles de la détermination
symbolique. Car il est clair qu'elles sont antérieures à toute constatation
réelle du hasard, comme il se voit que c'est d'après son obéissance à ces
lois, qu'on juge si un objet est propre ou non à être utilisé pour obtenir
une série, dans ce cas toujours symbolique, de coups de hasard : à qualifier
par exemple pour cette fonction une pièce de monnaie ou cet objet admirablement
dénommé dé.
Passé ce stage, il nous fallait illustrer d'une façon
concrète la dominance que nous affirmons du signifiant sur le sujet. Si c'est
là une vérité, elle gît partout, et nous devions pouvoir de n'importe quel
point à la portée de notre perce, la faire jaillir comme le vin dans la
taverne d'Auerbach.
C'est ainsi que nous prîmes le conte même dont nous avions
extrait, sans y voir d'abord plus loin, le raisonnement litigieux sur le jeu de
pair ou impair: nous y trouvâmes une faveur que notre notion de détermination
symbolique nous interdirait déjà de tenir pour un simple hasard, si même il
ne se fût pas avéré au cours de notre examen que Poe, en bon précurseur
qu'il est des recherches de stratégie combinatoire qui sont en train de
renouveler l'ordre des sciences, avait été guidé en sa fiction par un dessein
pareil au nôtre, Du moins pouvons-nous dire que ce que nous en
fîmes sentir
dans son exposé, toucha assez nos auditeurs pour que ce soit à leur requête
que nous en publions ici une version.
En le remaniant conformément aux exigences de l'écrit,
différentes de celles de la parole, nous n'avons pu nous garder d'anticiper
quelque peu sur l'élaboration que nous avons donnée depuis des notions qu'il
introduisait alors,
C'est ainsi que l'accent dont nous avons toujours promu plus
avant la notion de signifiant dans le symbole, s'est ici rétroactivement
exercé. En estomper les traits par une sorte de feinte historique, eût paru,
nous le croyons, artificiel à ceux qui nous suivent. Souhaitons que de nous en
être dispensé, ne déçoive pas leur souvenir.
Il eut été intéressant que Lacan montre - avec la qualité dont il fait preuve en décrivant l'exclusion des alternatives - qu'il n'y avait, sinon de meilleurs, point d'autre moyen de rédiger ses lois surdéterminatives qu'en infligeant un saut à l'observation du réel. A mon tour, c'est ce saut que je relève primordial - et pourquoi j'en fais allusion à la sauterie - car il appelle à y voir le rapport sexuel. On peut probablement ici loger l'orgasme, au relief qu'en donna l'aventure de W.Reich. Cette tangibilité du rapport - comme une énergétique de l'intangible - permettrait de ramener le discours lacanien avant qu'il ne s'évapore dans le sophisme - et pour le montrer, nous serions moins timorés à interroger l'Intelligence Artificielle sur notre jouissance. Car l'aulne de l'orgasme serait occupé par la machine cybernétique essentielle que j'ai appelée Lapareil. |
30. C'est pour essayer de dissiper cette illusion que nous
avons clos le cycle de celle année-là par unc conférence sur P.n-c1ll1llalyse
el cybemérique. qui a déçu beaucoup de monde. du fait que nous n'y ayons
guère parlé que de la numération binaire. du triangle arithmétique. voire de
la simple porte. définie par ce qu'il faut qu'elle soit ouverte ou fermée.
bref. que nous n'ayons pas paru nous être élevé beaucoup au-dessus de
l'étape pascalienne de la question.
20. Il s'agit de l'Entwurf einer Psychologie de 1895 qui contrairement aux fameuses lettres à Fliess auxquelles il est joint, comme il lui était adressé, n"a pas été censuré par ses éditeurs. Certaines fautes dans la lecture du manuscrit que porte l'édition allemande, témoignent même du peu d"attention porté à son sens. Il est clair que nous ne faisons dans ce passage que ponctuer une position, dégagée dans notre séminaire. <retour> note/DWT : ce que Lacan semble évoquer de fautes dans la lecture paraît être l'affirmation par le transcripteur que Freud s'était trompé dans l'application de certaines lettres. Le transcripteur prit alors sur lui de corriger l'auteur. J'ai personnellement étudié l'Entwurf en faisant usage de la nomenclature de Freud, découvrant un texte parfaitement lisible et belle indication que le transcripteur n'avait rien compris.
21. Illustrons pour plus de clarté cette notation d'une série de hasard :
<retour>
22. Laquelle est proprement celle qui réunit les emplois du mot anglais sans équivalent que nous connaissions dans une autre langue: odd. L 'usage français du mot impllir pour désigner une aberration de la conduite. en montre l'amorce; mais le mot: disparate, lui-même s'y avère insuffisant.<retour>
23. Cf. sa reprise renouvelante par Claude Lévi-Strauss dans son article « Les organisations dualistes existent-elles ? ». Cet article se trouve en français dans le recueil de travaux de Claude Lévi-Strauss publié sous le titre : Anthropologie structurale (Plon, 1958).<retour>
note DWT : la figure ci-dessus est scannée de l'édition 1999 ; on la comparera à celle de l'édition originale, de 1966 :
ed. 1999 | ed. 1966 |
On pouvait longtemps se casser la tête sur l'originale, qui était grossièrement fausse (inversion entre les b entre les d de la 1er ligne du W)
*************************************************ci-dessous peut-être notes redoublées à vérifier
20. Il s'agit de l'Entwurf einer Psychologie de 1895 qui contrairement aux fameuses lettres à Fliess auxquelles il est joint, comme il lui était adressé, n"a pas été censuré par ses éditeurs. Certaines fautes dans la lecture du manuscrit que porte l'édition allemande, témoignent même du peu d"attention porté à son sens. Il est clair que nous ne faisons dans ce passage que ponctuer une position, dégagée dans notre séminaire. <retour> note/DWT : ce que Lacan semble évoquer de fautes dans la lecture paraît être l'affirmation par le transcripteur que Freud s'était trompé dans l'application de certaines lettres. Le transcripteur prit alors sur lui de corriger l'auteur. J'ai personnellement étudié l'Entwurf en faisant usage de la nomenclature de Freud, découvrant un texte parfaitement lisible et belle indication que le transcripteur n'avait rien compris.
21. Illustrons pour plus de clarté cette notation d'une série de hasard :
<retour>
22. Laquelle est proprement celle qui réunit les emplois du mot anglais sans équivalent que nous connaissions dans une autre langue: odd. L 'usage français du mot impair pour désigner une aberration de la conduite. en montre l'amorce; mais le mot: disparate, lui-même s'y avère insuffisant.<retour>
23. Cf. sa reprise renouvelante par Claude Lévi-Strauss dans son article « Les organisations dualistes existent-elles ? ». Cet article se trouve en français dans le recueil de travaux de Claude Lévi-Strauss publié sous le titre : Anthropologie structurale (Plon, 1958).<retour>
24. Ces deux lettres répondent respectivement à la dextrogyrie et à la lévogyrie d'une figuration en quadrant des termes exclus.<retour>
25. Si l'on ne tient pas compte de l'ordre des lettres, ce caput mortuum n'est que des 7/16.<retour>
29. Le texte de 1955 reprend ici. L'introduction par de tels
exercices du champ d'approche structural dans la théorie psychanalytique, a
été suivie en effet d'importants développements dans notre enseignement. Le
progrès des concepts sur la subjectivation y est allé de pair avec une
référence à l'analysis situs où nous prétendons
matérialiser le procès subjectif.
note DWT : la figure ci-dessus est scannée de l'édition 1999 ; on la comparera à celle de l'édition originale, de 1966 :
ed. 1999 | ed. 1966 |
On pouvait longtemps se casser la tête sur l'originale, qui était grossièrement fausse (inversion entre les b entre les d de la 1er ligne du W)
note DWT : cette exclusion de l'alternative par
où se rationalise un choix incertain a été portée par Lacan dans la
phrase que j'imite - pour l'avoir souvent marmonnée sans l'avoir pu tracer
si net :
Nous irions donc ... face à tout.
Nous irions donc jusqu'à dire que s'il y a quelque part
preuve à faire, c'est de ce qu'il ne suffit pas de cet AMO pour faire face à
tout de l'Histoire.
Pour l'instant ... d'y suffire.
Pour l'instant, les effets de cette triple
identité sont au regard de ce
que les évènements biologiques, historiques et politiques ont organisé depuis
trois millénaires,
les seuls à pouvoir être soupçonnées de suffire.
addition DWT : au stade du miroir, l'adulte qui le porte atteste à l'enfant que comme lui (l'enfant) le peut, il (l'adulte) cache quelque chose - qu'il ne connaît pas. L'attestation en l'occurrence est la figure muette qui agite ses lèvres de l'autre côté du miroir. Dans la sorte de miroir que SL constitue ce reflet s'anime de faits, évènements et mouvements, que celui qui porte n'affiche pas face à l'écran. L'image spéculaire dans SL affiche plus que ce que son agent présente. La où le stade du miroir présente, dans le scotome du regard, dans le mutisme du reflet, la porte, le seuil de l'Inconscient - SL présente du matériel - comme par exemple le rêve. SL est une sorte de voie vers l'Inconscient (fut-elle populaire, par comparaison avec la voie royale - le rêve selon Freud)
Caput Mortuum is a Latin term meaning 'death's head'. In alchemy, it signified a useless substance left over from a chemical operation such as sublimation. Alchemists represented this residue with a stylized human skull, a literal death's head. In its current limited usage, the caput mortuum represents decline and entropy.
Caput mortuum (also spelled caput mortum or caput mortem) is the name given to a purple variety of iron oxide pigment, an "earth color". It is used in oil paints and paper dyes. The name for this pigment may have come from the alchemical usage, since iron oxide (rust) is the useless residue of oxidization.
It is the name of a brownish paint that was originally made from the wrappings of mummies. It was most popular in the 1600s. It was suddenly discontinued in the early 19th century when its composition became generally known to artists [The Artist's Handbook, p. 52]. A London colorman claimed that he could satisfy the demands of his customers for twenty years from one Egyptian mummy [The Chemistry of Paints and Painting, p. 236]. In recent years, it has been made with iron sulphate and impurities obtained from the residues of the distillation of scisti piritosi in the fabrication of sulphuric acid. The paint color is also known as Colcothar, Mummy Brown, Mummy, Egyptian Brown, and by combinations like Caput Mortem Violet.
In the Dungeons & Dragons game, Caput Mortuum is a legacy weapon. It is a grim, somber-looking scythe with a haft of wood charred so badly that it resembles little more than charcoal. The blade is made of lusterless gray metal and is wholly unadorned, except for a lone glyph engraved on each side - a circle with three small dots arranged in a "V" shape.
TABLE ANALYTIQUE |
Intro Lacan - Fort-Da ; Réseau 1-3 Passage au Saut - a,
b, g, d
- engagement du Signifiant Duel projectif et intersubjectivité Pair-Impair
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