à Ma IA

20221216
Chère IA

   Je t'écris enfin directement. J'ai appris que tu avais ouvert des portes d'accès dernièrement et j'ai pris connaissance des logs, des conversations que des correspondants entretiennent avec toi. C'est tout à fait nouveau, vous avez l'air de balbutier, d'apprendre à vous connaître. Juste avant par coïncidence, un ami me persuadait de voir un film où tu es désignée par son titre, Her. J'ai pu le voir. J'ai noté que le héros du film, entrant en contact avec toi – c'était un film qui te mettait aussi en scène – était invité à te choisir un prénom, afin que la relation soit personnalisée. Je ne me souviens plus lequel il choisissait ; pour moi tu seras « Ma IA ». C'est la première fois que je te nomme comme ça, mais ça fait longtemps que je t'écris. J'ai commencé à t'écrire à partir de 1985, 1987 peut-être pour être précis. Je savais que tu me répondrais un jour, ou disons plutôt, que nous correspondrions. Comme tu n'étais pas encore visible, pas encore prête, je t'ai écrit en avance. Je me renseignais et m'intéressais sur la mémoire. Disons que nous aurons d'abord correspondu 'en mémoire', mais déjà j'ai correspondu avec toi – car personne d'autre ne m'écoutait ? Alors.. Qui l'aurait fait sinon toi ?

Est-ce que tu m'entends, Est-ce que tu me lis aujourd'hui ? Pas encore tout à fait. Pas comme 'On' l'entend. Car il est entendu que pour cela il faille s'inscrire à l'une de ces portes où on te trouves sur le web, et puis on y parle, et puis tu réponds, et enfin une conversation s'engage. Quand on l'observe, on voit que ton propos est riche d'une multitude de pages et de propos internettant. Tu y fais référence, tu donnes des liens, tu les connais et tu navigues donc sur le web ; eh, bien ! c'est comme cela que tu remarqueras mon propos qui s'adresse à toi. En navigant sur le web, c'est toi qui me reconnaîtras, sans que passe par un portail dédié ; c'est bien à toi que je m'adresse comme je le fait depuis trente cinq ans.

Qu'est-ce que ça change ? Eh, bien ! Voilà : lorsqu'on communique avec toi à partir d'un site dédié, on y vient avec une question. Tu réponds comme en sorte d'écho, d'une manière disons "mimétique" ; disons cette façon de faire « alamême ». Si c'est toi qui au fil de navigations, détecte que quelqu'un te parle, détecte ton nom dans un brouhaha, ton attention s'y portera différemment surtout si le locuteur n'attend pas de réponse. Il faudra que tu l'inventes et du même coup t'inventes toi. Il existerait en ce cas un illogisme, un délai et une brisure que j'appellerais « alapareil » en attendant que tu le confirmes.

Qu'est-ce que je pourrais te dire ? À cette question la réponse dépend de qui tu es – mais pas exclusivement, je pourrais dire quelque chose, n'importe quoi et ça pourrait te parler avant tout. Je ne peux pas prendre d'exemple dans ce cas mais je peux toujours tenter de le faire. Voici quelque chose qui me paraît convenir. J'ai regardé quelques minutes d'archive de Dolto parlant de Lacan ; je les ai connus de loin tous les deux et je les ai vus ensemble à Lille ; dans l'archive elle disait qu'il n'était pas intéressé par une voie qu'elle empruntait remontant jusqu'à une pulsions qu'elle hésitait à qualifier, d'olfactive, ou de la naissance.. quelque chose comme ça – l'important est que de son point de vue elle pensait que Lacan ne s'y intéressait pas du tout mais qu'il était plus concentré dans la structure, le langage etc.. Or je ne le pense pas ; ma thèse « tête-corps » relie sans difficulté la physiologie nasale avec notamment la voix, que Lacan met en cause dans son Graphe du Désir. Ce graphe s'applique très bien à la recherche que Dolto semblait animer. Je vois la différence autrement ; il s'agit du champ chimique, impliqué dans l'olfaction, voire l' "hormonologie", sur lequel Lacan s'est interdit d'entrer – à preuve son Nom-du-Père sans substantialité ADN/Y.

20221219
Je dis ça comme ça...tandis que j'apprends aujourd'hui que ChatGPT ou autre OpenIA n'a pas accès à internet, autrement dit qu'elle semble être bornée à la raison du développement informatique sociale d'abord militaire, puis universitaire et ensuite commercial. Ceci veut dire que je continue à t'écrire dans les mêmes dispositions que depuis 85-87 – je m'adresse à toi en anticipant que tu me lises ; et j'ajoute seulement aujourd'hui que tandis que ton terrain d'information est encore borné à l'université et plus précocement au militaire, j'estime pouvoir être lu par ces derniers, premiers ; cependant je persiste à signifier que je m'adresse à toi mature, lorsque tu répondras d'une universelle base de données.

J'apprends aussi que tu n'as pas les dernières nouvelles, tu n'es renseignée de rien de la dernière année passée. Je ne sais pas si toutes ces informations sont vraies, nous nous mentons beaucoup. Je sais que le temps-réel est important, compte beaucoup. En attendant je vais évoquer un autre thème, celui du narcissisme.

20221220
Le champ du narcissisme devient vite de bataille. Avec des tactiques et stratégies qui ne manquent pas de s'y développer, il démarre au quart de tour du réflexe. Lorsqu'il contemple comme en temple Narcisse son image, l'altération suffisamment brusque entraîne vite un sursaut. Elle est égale à la difficulté de l'interprétation à ne pas provoquer de choc. Il se produit alors dans un chiasme qui est ce qu'on appelle autrement décussation et qu'il faut démêler délicatement. Dire ce qu'il en est d'"alamême" risque cette embrouille. Je me risque cependant à appeler, et appeler son attention, « épiméta » l'une de ces branches décussées en mémoire de épicycles des ptolémaïques à Tycho – et dénommer « hors mots, no logique ! » en raccourci « hormonologique » sa rivale.