Le Serment d'Hippocrate a continûment présidé
à la pratique de la médecine, du moins occidentale, à travers
quelques variations. Ci-dessous sont recensés deux versions
dite originale et ancienne, puis moderne dont l'une du Canada
qui mentionne l'appui que la pratique saurait prendre sur une
Médecine des Corps Sociaux.
Le dit
'original' :
« Je jure par Apollon,
médecin, par Esculape,
par Hygie
et Panacée,
par tous les dieux et toutes les déesses, les prenant à témoin
que je remplirai, suivant mes forces et ma capacité, le serment et
l'engagement suivant :
Je mettrai mon maître de médecine au même rang que les auteurs
de mes jours, je partagerai avec lui mon avoir et, le cas échéant,
je pourvoirai à ses besoins ; je tiendrai ses enfants pour des
frères, et, s'ils désirent apprendre la médecine, je la leur
enseignerai sans salaire ni engagement. Je ferai part de mes préceptes,
des leçons orales et du reste de l'enseignement à mes fils, à
ceux de mon maître et aux disciples liés par engagement et un
serment suivant la loi médicale, mais à nul autre. »
« Je dirigerai le régime des malades à leur avantage,
suivant mes forces et mon jugement, et je m'abstiendrai de tout mal
et de toute injustice. Je ne remettrai à personne du poison, si on
m'en demande, ni ne prendrai l'initiative d'une pareille suggestion ;
semblablement, je ne remettrai à aucune femme un pessaire abortif.
Je passerai ma vie et j'exercerai mon art dans l'innocence et la
pureté.
Je ne pratiquerai pas l'opération de la taille1.
Dans quelque maison que je rentre, j'y entrerai pour l'utilité
des malades, me préservant de tout méfait volontaire et
corrupteur, et surtout de la séduction des femmes et des garçons,
libres ou esclaves.
Quoi que je voie ou entende dans la société pendant, ou même
hors de l'exercice de ma profession, je
tairai ce qui n'a jamais besoin d'être divulgué, regardant
la discrétion comme un devoir en pareil cas. »
« Si je remplis ce serment sans l'enfreindre, qu'il me soit
donné de jouir heureusement de la vie et de ma profession, honoré
à jamais des hommes ; si je le viole et que je me parjure,
puissè-je avoir un sort contraire. »
1. Ouverture chirurgicale de la vessie ou cystostomie.
Une version
probablement du IVe siècle
av. J.-C :
«En présence des maîtres de cette école et de mes
chers condisciples et selon la tradition d'Hippocrate, je jure et je
promets d'être fidèle aux lois de l'honneur et de la probité dans
l'exercice de la médecine.Je donnerai mes soins gratuits à
l'indigent et n'exigerai jamais un salaire au dessus de mon travail.
Admis à l'intérieur des maisons, mes yeux ne verront pas
ce qui s'y passe, ma langue taira les secrets qui me seront confiés
et mon état ne servira pas à corrompre les mœurs ni à favoriser
le crime. Respectueux et reconnaissant envers mes maîtres, je
donnerai à leurs enfants l'instruction que j'ai reçue de leur père.
Que les Hommes m'accordent leur estime si je suis fidèle à mes
promesses. Que je sois couvert d'opprobre et méprisé de mes confrères
si j'y manque. Je jure! Je jure! Je jure!» |
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Le texte a été réactualisé en
1996
par le professeur Bernard
Hoerni, et publié dans le Bulletin
de l'Ordre des Médecins (Avril 1996, n°4).
Chaque faculté de
Médecine possède en fait sa propre version qui comporte des
variations minimes avec celle-ci.
« Au moment d'être admis(e) à exercer la médecine,
je promets et je jure d'être fidèle aux lois de l'honneur et de la
probité. Mon premier souci sera de rétablir, de préserver ou
de promouvoir la santé dans
tous ses éléments, physiques et mentaux, individuels et sociaux.
Je respecterai toutes les personnes, leur autonomie et leur volonté,
sans aucune discrimination selon leur état ou leurs convictions.
J'interviendrai pour les protéger si elles sont affaiblies, vulnérables
ou menacées dans leur intégrité ou leur dignité. Même sous la
contrainte, je ne ferai pas usage de mes connaissances contre les
lois de l'humanité. J'informerai les patients des décisions
envisagées, de leurs raisons et de leurs conséquences. Je ne
tromperai jamais leur confiance et n'exploiterai pas le pouvoir hérité
des circonstances pour forcer les consciences. Je donnerai mes soins
à l'indigent et à quiconque me les demandera. Je ne me laisserai
pas influencer par la soif du gain ou la recherche de la gloire. Admis(e)
dans l'intimité des personnes, je tairai les secrets qui me seront
confiés. Reçu(e) à l'intérieur des maisons, je respecterai les
secrets des foyers et ma conduite ne servira pas à corrompre
les mœurs. Je ferai tout pour soulager les souffrances. Je ne
prolongerai pas abusivement les agonies. Je ne provoquerai jamais la
mort délibérément. Je préserverai l'indépendance nécessaire à
l'accomplissement de ma mission. Je n'entreprendrai rien qui dépasse
mes compétences. Je les entretiendrai et les perfectionnerai pour
assurer au mieux les services qui me seront demandés. J'apporterai
mon aide à mes confrères ainsi qu'à leurs familles dans
l'adversité. Que les hommes et mes confrères m'accordent leur
estime si je suis fidèle à mes promesses ; que je sois déshonoré(e)
et méprisé(e) si j'y manque ».
Version canadienne
de 1982 :
« Au moment où je vais exercer le métier
pour lequel j'ai eu le privilège d'être formé,
JE JURE de garder intacte la science qui m'a été
transmise, et de la perfectionner autant que me le
permettront mon temps et mes forces.
JE JURE de toujours avoir le courage de douter de moi-même
et de ne jamais prendre, pour mes patients, le risque d'une
erreur qui pourrait mettre leur santé en péril ; je
ferai en sorte d'obtenir, par tous les moyens possibles, la
confirmation d'un diagnostic dont je ne serais pas
absolument sûr.
JE JURE de ne jamais divulguer, hors le cas où la loi
m'en fera un devoir, les secrets dont j'aurais pu avoir
connaissance dans l'exercice de ma profession.
JE JURE de toujours me souvenir qu'un patient n'est pas
seulement un cas pathologique, mais aussi un être humain
qui souffre. À celui qui entrera chez moi pour chercher
simplement un réconfort, ce réconfort ne sera jamais refusé.
Je n'oublierai pas que la prévention est la meilleure
des médecines ; et si je n'y participe pas moi-même,
JE JURE de ne jamais considérer l'action préventive avec négligence
ou hostilité.
Je prends acte de ce que la Médecine devient de plus en
plus sociale à la fois parce qu' elle a pour destinataire la
collectivité humaine toute entière et parce quelle peut désormais
être exercée sous des formes non individuelles. Si je ne
pratique pas moi-même ces formes sociales et collectives de
l'exercice de mon Art, JE JURE de ne pas entrer en lutte
contre ceux qui les auront choisies. Qu'à la fin de ma vie,
je puisse me dire que je n'ai jamais enfreint ce serment. » |
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deux notes/commentaires
a) « Taire les secrets qui me sont confiés » ne signifie par que ce
qui m'est confié est secret . La
clause du serment concernant le secret réclame une précision
redoublée au jour où sont mis en place des procédure
d'Assurance, d'Administration sociale de la santé, voire la
commercialisation des informations privées ou leur enregistrement
politique ou policier. Le droit au secret et la propriété de
l'information prêtent à des usages détournée de la morale et
il est plutôt préjudiciable de garder un cercle d'ignorance dans
un milieu où tout se sait. Ce domaine de l'éthique est porté au
rôle d'une
politique qui intègre la cause de l'Intelligence Artificielle
- autrement dite Cybernétique.
b) Les formes sociales et collectives de la
Médecine ne signifie pas une exclusive séparée d'une
application individuelle. En l'état des évolutions techniques
présentes, l'une sans l'autre est mercantile, l'autre sans l'une
est un fascisme. Pour éviter ces extrêmes des procédures sont
requises ; en l'occurrence l'identification du pluriel aboutissant
à une analyse
qui préserve individualité et sociologie sans transfert.
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