Glossaire & Table

LSTT Chap.1 V3:

 

 

Chiffe D2V

 

 

V3C1.0
Introduction

Je trace ces mots durant l’année 2010, J’y passe ma soixantième année. A notre époque on tend le cou vers l’horizon du siècle et à mon âge on tire à soi son passé ; on l’empaquette pour en faire un résumé. Je l’écrirai donc ici pour autant que son point de vue dégage des formes possibles à l’horizon 2100.

Ma vie n’est pas grand-chose. Comme dit une chanson, « j’ai oublié de vivre.» J’ai fait vivre un démon à ma place ; c’est un jour un vieux moine qui m’en a parlé. On le trouve nommé dans le mot démo-cratie avec Hippocrate, du savoir collectif et de la médecine. Il s’agirait de la Connaissance, un démon guérisseur. Lorsque je l’aurai rendu, j’espère qu’il sera satisfait et qu’il me laissera vivre, pas trop tard. Je vais décrire ce que j’ai cru voir.

V3C1.0.10
Evolution darwinienne

Ces jours-ci l’humanité pense que dans les quatre vingt dix ans qui vont venir, des modifications écologiques considérables transformeront les conditions de vie sur la planète. La plupart d’entre nous ne montrent pas d’inquiétude ; peut-être en refoulant une angoisse. Les stoïques parmi eux pensent que l’humanité affrontera les dangers et ses peurs mais sans rien pouvoir y changer. Car plus la science a progressé, plus elle nous a convaincu que nous étions déterminés ; d’abord comme des animaux, certes évolués mais, ensuite, que nous étions surdéterminés comme des machines, des machines biologiques ! mais néanmoins machines. C’est à Descartes, vers 1600, qu’on attribue cette façon rationnelle de nous connaître en Occident.

Depuis lors nous pensons qu’il est surtout nécessaire d’être réalistes et qu’en nous défaisant de nos illusions, nous pouvons espérer vivre un certain temps en répétant mécaniquement les mêmes choses, en appliquant les mêmes commandes. Dans cette veine, c’est à Freud, vers 1900 qu’on se doit de penser que ça puisse procurer un certain plaisir. On aura même été jusqu’à nommer cette loi de répétition, cette loi de l’habitude comme font les planètes qui tournent et tournent, du joli titre de « Principe de Plaisir ». Si elles pouvaient chanter, les planètes diraient leur plaisir de valser ; et nous tournons en rond tant que possible.

Forts de ces idées, nous vérifions par le travail que répéter les mêmes choses nous entretient, aide nos cycles biologiques et économise notre vigilance. Nous nous maintenons ainsi en bonne santé. Nous savons même que nous pouvons renforcer ce principe en nous imitant les uns les autres. Nous en gagnons de la sorte un repère moyen, statistique et unitaire sur lequel nous pouvons prendre appui, gagnant encore plus heureusement en économie et en réassurance. Cet appui sur nous-même gagne presque la jouissance ; et au-delà du plaisir nous atteignons, en principe, la réalité, sur une terre promise par la psychologie collective.

Mais un appui sur nous-même n’est jamais qu’un semblant d’appui. Nous recherchons quelque chose d’autre que Narcisse avec ou sans la fée Echo.

V3C1.0.20
Apocalypse numérique

Les théories les mieux admises soutiennent donc que nous étions des animaux, que les animaux sont des machines et qu’au mieux nous sommes des machines inconscientes. Je n’ai pas voulu que ce petit livre commence mal et soit décourageant. Nous allons donc tout de suite parler d’une innovation. Elle est actuelle, moderne et concerne nos vies présentes. Laissons là notre passé rabaissé au rang animal et mécanique. Oublions-le (un instant) pour nous tourner vers le futur où nous découvrons quelque chose de bien plus positif : voilà des machines qui deviennent biologiques, et qui deviennent humaines ! Pour avoir porté la nature et l’humanité au rang d’une industrie mécanique, sinon de consommation, ne sommes-nous pas bien rétribués de la monnaie de la pièce ? Notre chute est inversée. Nous contemplons notre émergence.

Mais Narcisse plongé dans son image nous inspire crainte et méfiance. Nous voudrions rester humain et que les robots restent à leur place ; du moins un certain nombre d’entre nous le voudrait – tandis que c’est tous ensemble que nous sommes face aux faits incontournables. Il nous faut les rencontrer, les accepter, les affronter, les analyser jusque dans leur extrémité : non seulement les machines deviendraient biologiques, mais on dirait qu’elles pensent. C’est le comble ! Dernièrement on a donné la preuve que des robots commencent à lire nos pensées. C’est cette vue – à peu près impensable – qu’il faut que nous embrassions, pour revenir graduellement et retracer notre révision de conscience.

V3C1.10
Nasa

V3C1.10.10
Lecture de la pensée

La lecture de notre pensée propre aurait des conséquences incalculables. A une époque encore récente on classait une machine à lire les pensées dans la même catégorie que les machines à remonter le temps ; il s’agissait de la part Fiction de la Science. Par conséquent, lorsque la NASA – l’agence spatiale américaine – fit la démonstration devant la Presse, de la possibilité de piloter un robot, ou d’écrire sur un ordinateur par le simple exercice de sa pensée, l’humanité, sans d’ailleurs en faire grand cas, a effectué un bond immense.

V3C1.10.10.10
L’ Expérimentation NASA

Cette performance fut produite publiquement en mai 2004 par la NASA. Il faut l’examiner en détail, la vérifier et la critiquer pour savoir ce qui s’est réellement passé ce jour-là.

En apparence et en évidence, sur la scène, un technicien que nous appellerons l’expérimentateur était assis à distance des machines (robot et ordinateur) qui allaient suivre ses pensées. Lui-même suivait les directives d’un assistant qui commandait des ordres courts ou dictait des syllabes. L’Expérimentateur était appelé à les répéter en silence dans sa tête. Les spectateurs constataient que le robot suivait les ordres ainsi formulés – ou bien que l’écran de l’ordinateur affichait le texte dicté. Ce pilotage passait par le canal de la pensée de l’Expérimentateur.

Il ne s’agissait pas de music-hall ni d’un tour de magie. Tout était expliqué et on laissait voir que l’expérimentateur était appareillé de câbles qui le mettaient en communication avec les machines à distance, robot et ordinateur. Cependant il n’émettait aucun son et ne faisait aucun geste.

La présence de l’Assistant servait à montrer que c’était telle ou telle ordre qui était émis et transmis à ces machines.

La suite de la présentation expliqua comment le processus de cette nouvelle technologie se passait :

Lors de cette démonstration – que j’appellerai par la suite ‘Expérimentation NASA’ – câbles et fils ne sont pas branchés sur la boite crânienne de l’expérimentateur ; ils ne transmettent pas de signaux du cerveau. Des capteurs sont situés plus bas, au niveau de la gorge et sous le menton ; mais il ne s’agit pas de capteur audio – aucun son n’est émis par l’expérimentateur qui, bien au contraire s’interdit d’en produire. Ces sondes enregistrent une activité électrique particulière au niveau de ce qu’on appelle le tractus vocal – c’est à dire la zone et organe musculaire de la voix.

Les observateurs pressés ou de mauvaise volonté se seront dit aussitôt : «ah ! voilà le pot au roses. Ce dispositif ne capte pas la pensée du cerveau mais des mouvements du corps. » C’est vrai mais peu réfléchi. D’abord parce qu’il n’y a en réalité aucun mouvement, ni émission de souffle ou de son, ensuite parce que s’il devait être extraordinaire de capter la pensée du cerveau par des sondes, il ne serait pas moins remarquable de la capter par le corps faisant office de sonde intermédiaire. L’expérimentateur était impassible, immobile et silencieux ; rien d’autre qu’un phénomène électrique sans effet était ainsi détecté. Quelle était donc cette particulière activité électrique ou, pourrait-on dire, cette pensée du tractus vocal ?

Pour comprendre ce que cette petite expérience recèle d’évènement historique il convient de nous éclairer un peu plus largement. Il faut étendre notre observation au contexte plus général et décrire d’autres avancées qui avaient lieu durant ces années-là. La NASA n’était pas seule à produire une démonstration du contrôle par la pensée.

V3C1.10.10.20
Détection cérébrale directe

D’autres laboratoires sur la planète développent des technologies propre à animer un robot par la seule commande de la pensée au moyen d’électrodes placées sur la surface de la tête. Cette technologie capte les signaux du cortex cérébral sous-jacent. Dans ce cas, lorsque l’expérimentateur imagine – on dit aussi ‘visualise’ – par exemple un mouvement de sa jambe droite, une activité cérébrale gauche est détectée, correspondant à sa zone corticale motrice. S’il est paralysé, sa ‘visualisation’ est interprétée et son fauteuil roulant tourne à droite – inversement pour la gauche, éventuellement il freine à la visualisation d’un bras qui se lève etc.. Ce type d’expérience montre que des détections sommaires de signaux cérébraux renseignent suffisamment pour qu’un système robot puisse s’en servir de commande. Nous sommes alors assez proches de la lecture de la pensée mais néanmoins, encore limités à la composante très physique de la pensée : celle de l’imagination du mouvement musculaire. Dans ce cas certains trouveront même difficile d’y reconnaître une qualité de ‘pensée’. Mais on sait qu’avec un perfectionnement et le développement rapide de la technologie, on est en train d’étendre la détection à d’autres zones spécialisées relatives aux couleurs ou aux sons ; l’analyse informatique détecte l’émotion et des états de vigilance, d’inhibition et de réflexion, de calcul, d’attente etc.. En rassemblant ces composants la robotique saura prochainement capter les systèmes ou la systématique qui forme la pensée. En y ajoutant la formation des mots des zones corticales linguistiques, la voie est ouverte pour l’enregistrement direct des activités cérébrales les plus hautes et complexes.

Toutefois, si ce sondage direct est brillant, il révèle d’autant par contraste tout l’intérêt de l’Expérimentation NASA, qui emploie le détour d’une détection que nous appelons somatique au lieu de la directe détection cérébrale.

V3C1.10.10.30
Retour à NASA

Ce que le langage courrant appelle ‘ parler à voix haute dans sa tête ’ est une activité commune, triviale, parfois involontaire et obsédante comme le refrain d’une chanson qu’on répète en soi-même en silence et en boucle. Il s’agit de cette sensation interne que l’expérimentateur met en action dans l’Expérimentation NASA. On nomme alors ce parler dans sa tête du terme technique de « parole subvocale » .

Durant l’exécution d’une ‘parole subvocale’ les capteurs appliqués aux zones musculaires de la voix ne relèvent aucune activité ni flux, ni sonore ni musculaire à proprement parler. Uniquement détectent-ils une sorte d’Accusé de Réception, autrement dit : un signal émanant du cerveau. Ce signal est une stimulation cérébrale arrivant au muscle dans un état inhibé.

Puisque ce signal sur le muscle est immédiatement contemporain de la sensation cérébrale de la parole subvocale et on peut se demander s’il y aurait la moindre sensation de parole subvocale sans l’existence corrélative de ce frisson inhibé.

Nous allons découvrir que cette propriété neuro-musculaire n’était pas inconnue et qu’avant qu’on la mette en évidence par les ordinateurs. L’intuition qu’on avait d’un signal inhibé entre cerveau et muscle, permettait depuis longtemps déjà qu’on ait donné un nom à ce type de phénomène. Il est approximativement correspondant à ce qui fut appelé au début du 20em siècle, ‘frayage paresthésique’. Aujourd’hui les techniciens le nomment « inhibition active ». Il doit participer à l’élucidation de la Théorie de l’Information [C3&C4] et à la manière dont celle-ci supporte ce qu’on appelle dans son plus noble sens la parole.

Au stade présent c’est la face musculaire de cette inhibition active que les capteurs enregistrent et interprètent. Il suffit ensuite de paramétrer l’outillage robotique afin qu’il se coordonne aux divers signaux inhibés correspondant aux paroles subvocales.

Résumons donc d’une figure à ce stade l’explication la plus probable de l’Expérimentation NASA :

fig.C1.10 : composants de la pensée

Au titre de la pensée l’expérience combine les notions a) d’une sensation, b) d’une inhibition et c) d’un signal. Ce sont la parole subvocale (sensation), l’inhibition active (que l’Expérimentateur ignore dans sa concentration à répliquer l’ordre de l’Assistant en écho) et une trace (dont l’expérimentateur est inconscient ; seulement détectable par des instruments sur le muscle inactif). Ce trio est si prégnant qu’on soupçonne fortement qu’il n’y ait pas de parole subvocale sans inhibition et trace inhibée.

V3C1.10.10.30.05
Organicisme et Monoïdéisme

L’expérience de la NASA est donc riche d’enseignement ; plus riche que la détection de l’activité cérébrale directe. En supplément à la détection transcrânienne, cérébrale et directe, la capture somatique montre – ou paraît montrer, pour les sceptiques – que la pensée n’existe pas seule et autonome. Le corps y participe et de façon si intime qu’il n’y aurait peut-être pas de sensation subvocale s’il n’y avait pas une correspondance somatique dont la pensée userait une sorte d’écho. Nous devons alors envisager que le signal somatique ne résulte pas tant de la pensée, qu’il en soit plutôt le soutien, le soubassement voire sa cause.

La pensée aurait-elle toujours lieu comme par un effet réfléchi sur un organe inhibé ? Nous traiterons plus tard le cas d’un organe paralysé ou d’un membre amputé ; il nous faut d’abord, dans cette première hypothèse, mesurer les enjeux et considérer les systèmes philosophiques ou psychologiques de la pensée qui en découlent :

Si la pensée est une telle structure en écho, la sensation subvocale est bien différente d’une idée laquelle après sa naissance dans le cerveau subirait une simple l’inflation, et sans autre moyen une extension par intensification jusqu’à l’hallucination toujours cérébrale. Dans le passé, on disputa ardemment ces théories alternatives. Les unes soutenaient un ‘Organicisme’ qui faisait foi d’une participation du corps à la pensée sinon la cause de leur l’existence même. A l’opposé leurs adversaires ne se réclamaient que d’idées autonomes accessoirement sujettes à des intensifications ; cette théorie faisant appel à un ‘monoïdéisme extensif’. Organicisme et Monoïdéisme s’opposaient, le premier dénonçant que le second, s’il soutenait une idée autonome (sur toute la gamme, de l’idée abstraite à l’idée sensorielle), il laissait forcément de côté le somatique tant et si bien qu’il s’avérait en son fond : dualisme, comme cet appui sur soi-même que j’ai commencé par dénoncer du Semblant [ V3C1.0.10 ] .

Cette alternative à l’intégral Organicisme remonte à des époques très anciennes, comme le manichéisme, qui offrait aux monothéismes originaux le recours du dualisme [1.20.30.10] – ce qui est un comble pour des monoïdéismes ! Les temps modernes n’y ont pas manqué, à travers Eros & Thanatos en psychanalyse,  jusqu’à ce qu’elle ait été finalement sanctionnée par l’Expérimentation NASA en faveur de l’Organicisme dans le détail que nous allons le voir.

Il serait faux ou prématuré de dire qu’il est résolu. Ce qui est maintenant acquis est le fait d’une part que c’est involontairement que l’expérimentateur impose un signal au tractus vocal quand il pense dans sa tête ; et que non seulement involontaire, il en est également inconscient – car il est exclusivement concentré dans la sensation de sa parole subvocale. Le compte-rendu de l’observation décrit une sensation virtuelle qui se sépare de la sensation d’organe, lequel organe n’en est pas moins, à la preuve de capteurs idoines ‘frissonnant’. Les plus récentes observations montrent que ce phénomène s’applique ailleurs, notamment à l’utérus, indiquant la vaste dimension ouverte par cette structure sensationnelle.

Fort d’une apparente exclusion, on va montrer comment l’organe ne paraît pas moins nécessaire, soit en causant, soit en répercutant une sensation qui résonne alors, à l’image d’un tambour ou dans l’espace d’une citerne. Dans ce cas, la parole subvocale sera conçue comme un écho, répercuté par l’inhibition active qui a tendu comme une peau les masses somatiques de l’organisme :

V3C1.10.10.30.10
Parole subvocale et Corps subagi

Lorsqu’on applique cette expérience à d’autres sensations que le son issu du tractus vocal, comme par exemple la visualisation d’un mouvement tandis que son membre par ailleurs reste immobile, intervient une objection : un membre amputé n’empêche pas qu’on y pense – puisqu’au contraire il se signale souvent de façon douloureuse dans le cas de ce qu’on appelle un membre fantôme. On serait donc détrompé de croire que la parole subvocale, comme en cas de membres ces mouvements subagis, s’appuie sur l’organe comme écho – puisqu’en ce cas, d’organe il n’y a plus.

Cependant, à mieux analyser cet argument qui parait en défaveur de l’organicisme, on trouve qu’il se retourne à son avantage. D’abord – appel à Monsieur de la Palisse – la douleur d’un membre amputé ne contredit pas la présence requise d’un membre puisqu’il était présent avant son amputation ! Cet organe aurait alors laissé sa trace en amont , c’est à dire dans l’interface entre le cerveau et le membre. Il s’agit là de ce qu’on a appelé la zone d’inhibition active, devenue ou chargée du facteur autonome dudit ‘écho’.

Cette hypothèse – avec la meilleure connaissance qu’elle apporte de l’inhibition active – est confirmée par l’expérience suivante :

Lorsque durant la croissance un membre est artificiellement ou accidentellement immobilisé ou inactivé, il n’est pas possible que son propriétaire ultérieurement l’imagine ou le visualise. A l’inverse d’un membre fantôme qui n’existe plus, on peut parler en ce cas d’un membre absent bien qu’il soit là en réalité. Pareil membre qui n’a pas été éduqué, stimulé, qui a été négligé ne produit même aucune sensation de la douleur lorsqu’il est nocivement stimulé ; à fortiori une sensation de son mouvement subagi.est impossible. Cette observation démontre qu’un organe est nécessaire à la production de sa sensation imaginaire mais qu’il n’est pas non plus le lieu causal de sa sensation. Elle répond donc aux interrogations posées par le membre fantôme. Ce phénomène renforce la théorie organiciste au lieu de la contredire. La sensation d’un membre amputé confirme que les impressions subvocales ou subagies sont réfléchies non seulement à partir d’un organe mais à partir de traces composites ou complexes, largement tributaires de la zone de l’inhibition active voire plus que de l’organe lui-même.

Si nous décidons alors de construire une image complète du phénomène, on se servira du modèle d’une citerne ou une surface tendue par l’inhibition active comme le serait une peau de tambour émaillée de traces de cette inhibition, émettant comme un écho – parole subvocale ou geste subagi – des sons ou des images reflets de ces traces.

A présent qu’elles sont logiquement mises en évidences, décrites et situées, on peut donner à ces traces le nom d’engrame [fig.C1.20 ;eng]

V3C1.10.10.40
Cybernétique

Je dois avertir qu’il faut prendre avec précaution le modèle qui découle de ces observations. J’emploie déjà le mot ‘engrame’ avec une orthographe particulière, afin de le rapprocher mais aussi le distinguer d’autres usages que l’on verra plus loin. Quant au modèle, il est hypothétique et, s’il doit être démontré ce sera suite à un développement plus fouillé et complété au cours du texte suivant. Il est même requis qu’il soit par ailleurs redoublé d’expérimentations et preuves neuro-physiologiques. Avec ces précautions on peut en tracer un schéma :


fig.C1.20 : Quatrain

 Il s’agit d’une proposition préparatoire à une étude qui se prolonge jusqu’à sa vérification éventuelle ; j’ai choisis à présent de le nommer Quatrain parce qu’il présente quatre angles et parce qu’on trouvera [x] qu’il loge le train de l’Information aux portes de la cybernétique.

Cette figure montre les quatre éléments d’une pensée qui s’avère composite et appuyée sur l’organisme de manière essentielle. La zone générale est circulaire ; c’est le corps de l’Expérimentateur. S’y loge dans la zone supérieure, cérébrale, ce qui est écrit ‘sub’, indiquant ce qui est perçu par l’expérimentateur comme une sensation, sonore ou gestuelle (parole subvocale, geste subagi). La zone inférieure est ‘somatique’ ; elle loge l’engrame (‘eng’).

Entre les deux, un complexe intermédiaire situe l’inhibition active. Elle est constituée d’une stimulation orientée vers l’engrame et une autre issue dudit engrame. La seconde se réfléchit sur la paroi somatique (l’organe, l’organisme) afin de rendre l’écho que manifeste la sensation dite sub. En supplément le schéma indique la première stimulation, vers l’engrame, venant de l’extérieur pour autant que nous avons constitué le modèle à partir d’une expérimentation mettant en scène un Assistant. Cependant, au cas où l’Expérimentateur serait autonome et agirait seul, cette stimulation peut être entretenue (en pointillé) par une origine interne. C’est dans ce second cas qu’un cycle se boucle de répercussion en répercussion et formant un pseudoïdéisme.

Pareille théorie de la pensée en citerne, caisse de résonnance ou tambour est une idée ancienne ; on employa ainsi l’image de la caverne depuis la haute antiquité jusqu’aux plus récentes psychanalyses. C’est un modèle que la science a aussi adopté pour d’autres spécialités ; passé son usage plus ou moins confiné aux enseignements occultes, il s’est imposé du moment où l’on a commencé à construire des ordinateurs informatiques. La technologie qui traite les phénomènes assimilables à un écho à l’intérieur des machines ou entre les machines et leurs utilisateurs et nommée Cybernétique. Cette nouvelle science ayant débuté vers les années 1940, a été popularisée durant son émergence, par des livresaux titres expressifs comme Le Cheval dans la Locomotive – de Arthur Koestler, traduit de l’anglais The Ghost in the Machine qui signifie aussi le fantôme dans la machine. Dans le cas de l’Expérimentation NASA nous pourrions écrire ce titre : La parole subvocale dans le corps de l’inhibition active.

V3C1.20
L’Inhibition active

Voici donc un court traité neurologique et cybernétique que j’ai tâché de rendre aussi aisé que possible à suivre. Il n’est pas tant compliqué que pénible pour la raison inconsciente qu’il nous décrit nous-même. C’est quelque chose qui occasionne toujours un sentiment de pénibilité. J’espère néanmoins qu’il aura pu mener l’oeil jusqu’ici car nous allons à présent le réviser de manière plus facile. Mais ce ne sera pas réjouissant car c’est par la pathologie que cette révision est offerte. Les malades qui par conséquent l’ont démontrée sont précisément ceux qui ont éprouvé le plus intensément cette pénibilité. Leur charge.. décharge d’expérience les bien-portants qui bénéficient en les observant d’une sorte de mise à distance avec la description d’eux -mêmes. Nous reviendrons sur cet étrange équilibre de la santé et sur son partage communautaire.

Un acte volontaire est souvent nécessaire à l’obtention de cette sensation auditive, comparable à une visualisation, que constitue la parole subvocale. Toujours en quête de connaître le mécanisme de la pensée, on constate que cet effort contredit qu’il s’agisse d’une forme exacte de pensée car celle-ci se déroule généralement sans contrainte ni effort, voire sans attention particulière. Quand des chansons nous trottent dans la tête jusqu’à parfois nous hanter, l’effort est plutôt celui de les étouffer. On atteint alors le domaine de la pathologie, qui est une source de renseignements importants pour aider à comprendre comment opèrent les fonctions naturellement.

Les cas d’hallucinations auditives que la psychiatrie recueille incitent à la comparaison avec la parole subvocale. J’ai rappelé qu’avant que la NASA au début du troisième millénaire n’ait produit son expérimentation, la psychiatrie élabora vers les années 1920 la théorie qualifiée ‘Organicisme’. L’histoire montre qu’elle fut en avance sur son temps et remarquablement pertinente, car la NASA en 2004 a purement et simplement confirmé la validité de et Organicisme des années vingt. L’examen que nous avons fait va donc révéler toute son utilité pour revenir à présent à la psychiatrie du début du siècle dernier.

V3C1.20.10
De Clérambault

V3C1.20.10.10
L’automatisme mental

C’est à l’époque où la psychanalyse à partir de Vienne commençait à croître en réputation que le psychiatre français, médecin aliéniste de Paris, Gaëtan Gatian de Clérambault soutenait la thèse de l’origine organique des hallucinations. Il élaborait un concept définissant l’automatisme mental, basé sur le fait que « entre une idée et sa traduction sensorielle, s’interpose ce qu’on peut appeler le processus intermédiaire ». Il ajoutait à cette formulation qu’à l’origine d’une hallucination, l’idée pouvait même être absente et remplacée par une suggestion extérieure – comme dans le cas de la commande émise par l’assistant dans l’expérimentation NASA. Ce qu’il appelait ensuite sa traduction sensorielle correspond à ce qu’on nomme aujourd’hui ‘parole subvocale’. Troisièmement, le processus intermédiaire qui nous intéresse particulièrement était ce que le psychiatre parisien nommait alors ‘frayage psycho-sensoriel’, signifiant selon la physiologie de son époque un circuit neurologie croisé, équivalent à celui que nous avons appelé inhibition active.

La thèse de De Clérambault est exactement figurable par le Quatrain [fig.C1.20] où se précise l’automatisme qui clive [fig.C1.30] la parole subvocale [fig.C1.20 ;sub] en idée et sensation. En d’autres termes, le modèle psychiatrique des années 1920, qui caractérisa ce qu’on appelle depuis une psychiatrie française, aurait bien pu s’appeler cybernétique si le mot n’avait été forgé que plus tard, en 1947 et à l’examen de machines, en préfiguration de l’Intelligence Artificielle.

Nous aboutissons quant à nous sur un point crucial de croisement qui appelle à ce que nous le décrivions avec précision.

V3C1.20.10.20
Brouillage de l’automatisme

Pour donner une idée du complexe que nous aborderons, une anecdote suffira à montrer toute l’aventure – d’aucun diront la mésaventure car il s’agit d’une zone fréquemment conflictuelle, à preuve ces aléas :

Pour commencer, il suffit de savoir que De Clérambault désigne non pas des compléments mais les adversaires de sa théorie. Outre le monoïdéisme mentionné ci-dessus, l’une des théories qu’il pense contraire à la sienne est déjà importante à son époque ; il s’agit du freudisme qu’il craint de voir soutenir une opposition à son organicisme. Il faut ajouter à cela que le plus célèbre élève du psychiatre De Clérambault fut le Dr. Jacques Lacan – et que respectivement, cet élève après-coup devenu psychanalyste reconnut en De Clérambault son seul ‘Maître’ en psychiatrie. Pour compléter le tableau ce dernier porta un jugement sévère sur Lacan, lequel à son tour se trompait systématiquement sur le prénom de son maître qu’il prénommait Georges en oubliant qu’il s’appelait : Gaëtan-Gatian !

De cette veine un peu comique, on peut tenir pour plus sérieusement énigmatique le fait qu’après avoir été si bien formé à la psychiatrie, le docteur Lacan prit le chemin de la psychanalyse. A première vue on penserait qu’il se détachait de l’Organicisme, mais quand il arriva au stade public de sa carrière, il s’engagea en débutant un recueil ( Les Ecrits ) par un premier article qui est un traité de cybernétique. Puisqu’il était porteur, élève et théoricien du fleuron de la psychiatrie française, qu’allait donc faire le Dr Lacan sur des terres censément étrangères à sa scientificité médicale et de si mauvaise réputation? La fin de sa vie donne peut-être un indice.

On sait que son histoire se termine dans le doute et la mélancolie, au point qu’il déclara que s’il avait jamais réussi quelque chose, c’était d’avoir tant mis à mal ses incurables busons – ainsi qu’il qualifiait ses disciples – qu’il avait peut-être mis fin à la Psychanalyse toute entière. On arrive donc à se demander si J.Lacan n’avait pas tant vécu que pour satisfaire son ancien Maître psychiatre, en réduisant la psychanalyse à l’extinction pour autant qu’elle se serait opposée à l’organicisme.

Ainsi, s’il faut parler de ‘paresthésie’, ‘frayage complexe’ et ‘inhibition active’, que nous appellerons également ‘chiasme’ ou ‘chiasma’ si prompt au schisme, nous en avons un bel exemple.

Si Lacan n’attaquait qu’une certaine forme de psychanalyse qu’il appelait une ego-psychologie, sa stratégie d’un Cheval de Troie est certainement une interprétation possible. Mais nous allons nous rendre compte rapidement qu’en tout état de cause ce n’est pas pour une défense de la psychiatrie en sapant une doctrine rivale que Lacan s’engagea dans la psychanalyse. S’il rêva jamais de la détruire, ou de l’avoir détruite, ce n’était que si elle résistait à sa mission d’y importer l’Organicisme pour l’y faire vivre ; et c’était pour le bénéfice de la psychanalyse qu’il visa, probablement, d’y étendre la psychiatrie. Mais à nouveau, puisqu’il eut été si simple de demeurer en Psychiatre, pourquoi se donner pareille peine de missionnaire à implanter la cybernétique sur un radeau médusé de psychanalystes tenus bouches-bées?

V3C1.20.20
Lacan, Freud, Reich en trois exils

V3C1.20.20.0.10
Ratés des débuts de carrière

Des trois figures majeures de la psychanalyse les premiers pas livrent une communauté de comportement initial :

Jacques Lacan aurait pu faire carrière en psychiatrie à la suite de De Clérambault , en faisant état de sa compréhension de l’inhibition active. Mais au lieu de soutenir son maître avec les armes de la cybernétique qui se forgeaient à son époque, il s’en détourna en se proclamant psychanalyste. Il débuta à partir des années 1950 la compilation d’articles qui allaient constituer ses Ecrits. Son premier article et traité de Cybernétique était drapé d’une étoffe poétique tirée du nouvelliste Alan Edgard Poe : La Lettre Volée. En exposant comment le signifiant de la communication humaine était tributaire d’un chiffrage, il démontrait que la psychanalyse était formulable en terme de lois cybernétiques et qu’à mesure où cette science se développerait, les psychanalystes pourraient être avantageusement remplacés par une Intelligence Artificielle.

C’est une ouverture qui, encore de nos jours, reste inouïe, in-entendue. D’une part parce que Lacan l’émaillait d’une certaine réserve mais surtout qu’une fois cela posé à son ouverture, son enseignement par la suite brilla de n’en plus jamais parler.

Je n’ai que fort peu exagéré dans le schéma de base du geste lacanien qui ne fut pas en rupture absolue avec son origine. Comme la présentation de malade de facture psychiatrique qu’il continua à l’hôpital, Lacan fit à la cybernétique quelques allusions éparses au cours de ses séminaires ultérieurs. Mais il s’agissait de ce type d’exception qui confirment la règle. Il est connu que Jacques Lacan consacra des recherches linguistiques sans appel au recours des machines, ni médicament, ni autre médecine.

Par ailleurs l’apparition de la cybernétique au début de sa carrière fut aussi brève que le fut sa formation de psychanalyste. La procédure didactique d’un psychanalyste en formation s’étend habituellement sur de nombreuses années. Lacan y mit lui-même un terme rapide, pour ne pas dire immédiatement, enseignant qu’ « un psychanalyste ne s’autorise que de lui-même ». Le frais émoulu transfuge affirma donc sa compétence sans autre forme de procès et s’engagea psychanalyste, enseignant, maître ou doctrinaire selon la vision que ses disciples auraient de lui.

Il reste à prendre acte de l’élément majeur à peine mieux qu’engagée que sa formation professionnelle et que la cybernétique. En venant au monde du psychisme, Jacques Lacan traita de manière identique un Collège de Sociologie pour laquelle il avait destiné son second article sur le Temps et la psychologie collective. Il se détacha presque aussitôt du groupe avec lequel il avait dessiné le projet. D’un certain point de vue, on peut résumer l’ensemble en disant que dans ce champ d’arpentage de l’Inconscient, Jacques fut là quand courrant comme un lapin.

La question de la Psychologie Collective mérite notre attention. La seconde figure courrut aussi, poursuivi par les nazis puis par le FBI ; or ce psychanalyste avait exprimé dans le domaine de la sociologie cette même intention initiale puis le même geste d’abandon. Néanmoins Wilhelm Reich dont il s’agit avait tenu un peu plus longtemps avant de répudier ses travaux de départ. Il était avec Freud à Vienne lorsque celui-ci commençait à assigner à la psychanalyse de faire de la psychologie collective l’objet peut-être essentiel de sa science. En bon élève Reich décrivit alors une Psychologie de Masse du Fascisme en pratiquant à Berlin. Au moment de la montée du nazisme il lui avait fallu rapidement quitter l’Europe. Réfugié aux Etats-Unis il jura qu’il n’avancerait plus d’un seul pas dans l’investigation sociale ; mais la société lança ses investigations, estima que son idée que les nuages comme les galaxies éprouvent des orgasme étaient une folie et le mit... en prison. Il écrivit à son fils une dernière lettre disant qu’on l’empoisonnait, puis il mourrut en cellule.

Sur le thème de l’ambition sociale, si la psychanalyse a de l’effet, il restera qu’elle fait changer d’idée ! Freud lui-même qui avait commencé à écouter des patients allongés dire librement ce qui leur passaient par la tête fit preuve du même comportement en abandonnant dès l’inauguration de son œuvre sa garantie de départ :

Ce qui ouvrit la carrière du premier psychanalyste fut – comme Lacan avec les machines – une thèse très organiciste exprimée en un traité de pharmacologie.

 Freud à l’époque était cocaïnomane. Il contrôla néanmoins l’addiction en en faisant un objet d’étude ; puisque le milieu scientifique de son temps découvrait la logique et les formules de la Thermodynamique, il appliqua ses vues pharmacologiques à l’économie des charges énergétiques des synapses suivant la régulation des neurotransmetteurs. Il en rendit compte dans une Esquisse pour une psychologie scientifique laquelle presque achevée, fut abruptement précipitée et interrompue par un acte manqué. Par la suite il ne parla plus de sa première œuvre, pas plus que Lacan ne parla d’Intelligence Artificielle. Puis avec Reich, à eux trois, ils s’éclipsèrent sur la psychologie sociale.

V3C1.20.20.0.20
Débuts chaotiques et carrières pathétiques

Après leur trois débuts chaotiques, les psychanalystes Freud, Reich et Lacan, auront continué au travers bien des succès, néanmoins trois carrières pathétiques. Uniquement pour le premier, la contradiction est cachée.

Il s’agit pas de son addiction au tabac, si irrépressible qu’il n’arrive à cicatriser une plaie de la mâchoire qu’on finira par déclarer cancéreuse après d’innombrables interventions ; mais dans le domaine de la psychologie collective, puisque Freud était réputé être à l’origine de ladite psychanalyse, il ne pouvait pas visiblement contredire ce qu’il créait. C’est à la suite de sa création que la contradiction parut : sa prescriptino de mesures à prendre au cours de la psychanalyse qui lui succéda aura été négligée, abandonnée ou même opposée. Accompagnant son ultime recommandation : « que la psychanalyse soit portée au degré de la psychologie collective » – Freud avertit que sans cette extension, son ambition n’aboutirait jamais à une véritable science.

On sait que ni Reich ni Lacan, ni aucun autre de ses successeurs n’auront établi cette condition autrement qu’en contradiction. La psychologie collective, bien qu’impérativement recommandée par Freud ne fut jamais atteinte par les écoles et successions freudiennes au point qu’on peut soupçonner qu’elles l’aient au contraire repoussée..

Les deux autres figures que j’examine firent l’expérience de contradictions, quant à elles, nettes et directes : Reich y renonçant fut mis en prison. Il y mourut bien que l’Institut de Psychanalyse à l’époque aux Etats-Unis était assez puissant pour l’en faire sortir. Et Lacan, sur le coup de son démarrage impétueux, fut très tôt dans sa carrière répudié et proscrit par les mêmes instances internationales garantes de la psychologie collective en négatif. L’Institut interdit même que l’on cite le nom ‘Lacan’ dans tout texte et rapport soutenu par cette administration dite freudienne.

Personne n’aura manqué de goûter de quelle manière aliénée il s’est agi pour l’Institut de traiter du refoulement ! en en faisant son arme en l’occurrence. Dernièrement je consultais une thèse/mémoire de fin d’étude à l’Université de Lyon, consacrée à la psychanlayse et ses doctrines, ne le citant pas une fois. Lacan pouvait bien être plouc ! ce n’en est que plus ploucplouc ! – pour aborder avec humour la honte à la vision globale de nos universités du savoir [chap.5 et suivants] suivant la logique des deux sphinges du mensonge [x] ; cette aliénation qui soutient par la répression introduit le frayage croisé du schisme sus-nommé chiasme [V3C1.20.10.20].

V3C1.20.20.10
Chiasme de l’inhibition active

En dépis de ce climat de malaise dont elle se fit parfois gloire, la psychanalyse progressait avec vigueur. Son tableau de brouilles et de conflits encadre un objet que la psychiatrie n’exploita pas pour elle même mais délégua – comme ce qu’on appelle la patate chaude – à sa voisine : c’est en psychanalyse qu’on retrouva la charge de mal traiter, ou peut-être symptomatiquement traiter le phénomène d’inhibition active.

Gaétan de Clérambault avait mentionné cette obscure activité [1.10.10.30 - fig.10] qu’il désignait comme un processus intermédiaire, interposé entre d’une part une idée abstraite incapable de la moindre expression par ses propres moyens et d’autre part son écho sensoriel qui lui fournissait lesdits moyens. Egalement nommé frayage psycho-sensoriel, il définit un chiasme qui puise dans un détour organique ce qui donne à l’idée son réalisme. Encore nommé inhibition active le fantasme d’une idée réaliste que ceprocessus agglomère est déjà presque pathologique, pratiquement hallucinatoire ; l’idée toujours mêlée à son propre écho forme un pathos. Mais cette concrétion ‘idée-écho[fig.30 ] n’est pas réservée à la psychologie individuelle ; en psychologie collective la ‘théorie-convention’ présente le même type de collaboration collabée, frayage feuilleté et aliénation shismatique.

On voit le chiasme de l’inhibition active s’interposer à partir de la théorie issue de la psychiatrie française, comme une ‘idée’, volée à la psychiatrie française, et portée à son écho dans la psychanalyse. Comme émanant d’un rugissement inhibé de la caserne (psychiatrie), la théorie résonne dans la psychanalyse comme une hallucination. On la reconnaît dans le vacarme lacanien, dissident et rejeté par l’institution psychanalytique avant qu’il ne finisse réabsorbé, comme une hallucination devient admise par la psychose. Mais entre cette idée, cette lettre volée, et son écho, le processus intermédiaire tressé de contradiction , est maladif comme tous les champs de bataille, non moins entre psy chics qui soignent en se disputant les schizophrènes déchirés que des familles leur remettent pour calfeutrer les paranoïas politiques. [1.10.10.30 - fig.10]

V3C1.20.20.10.10
Analyse du Chiasme

Revenons à la figure du Quatrain . Dans l’expérimentation NASA, l’’idée’ première est la commande externe que l’assistant dicte à l’expérimentateur ; vis à vis du cénacle psychanalytique, c’est l’intuition de De Clérambault venue de la psychiatrie extérieure et introduite par Lacan. Portée par une croisée de contradictions cette intuition devenue méconnaissable devient la parole subvocale. Sur le champ de bataille de la psychanalyse, la théorie de De Clérambault occupe la place indécente d’une hallucination. On peut en comparaison l’appeler conception subthéorique laquelle, en comparaison de la vitalité d’une théorie, est aussi inerte qu’une convention; il s’agit du concept du ‘moi’ que Freud a proposé et tel qu’il fut saisi avec enthousiasme par ses successeurs, sauf par Lacan qui en accusera la facture imaginaire. Il dénoncera une psychanalyse pervertie en psychologie du moi, en réalité attachée au ‘moi’ comme l’hallucination à l’ego cartésien.


fig.C1.30 : psychologie collective
du chiasma psy(chiatrie-chanalyse)

Le Quatrain montre – sous la forme d’une ligne pointillée – la même éventualité que supporte le monoïdéisme. Je l’ai décrite précédemment ; il s’agit du modèle selon lequel la pensée ne viendrait pas tant d’un assistant extérieur mais d’une ‘idée’, sonnante dans l’enceinte trébuchante dudit chiasme. Ce modèle appliqué à une théorie, comme une ‘idée’, ne suggèrerait pas celle de De Clérambault, déléguée par un Lacan, lui-même posté comme un engrame au fond de la psychanalyse, qui y aurait résonné dans la psychanalyse d’un slogan cybernétique. La psychanalyse aurait eu par elle-même cette capacité propre à ce que sa théorie résonne pour faire entendre une voix attachée au moi.

Or un statut de théorie ‘volée’ n’est pas malséant – s’il faut faire appel à l’émotionnel on sait que les baisers volés le sont de principe. Si une inhibition active est relative à une émotion, Freud aurait eu raison en conditionnant le moi cartésien – l’ego – à Eros.

V3C1.20.20.10.20
Enjeu pratique du Chiasme

Cette hallucination que porte le moi prétendant être – cette voix que porte la théorie ou l’écho que porte l’idée comme un masque, ont notamment été mentionnés par Platon. Il s’agit dans la Caverne des échos qui font croire aux prisonniers que les ombres sont vivantes. Avec son siècle qui mettait au monde la cybernétique, Freud était en position de mettre cette tradition millénaire au jour l’Intelligence Artificielle. Je poursuis donc par déduction :

…Si la Psychanalyse détient en soi l’unique source de sa théorie, hermétiquement scellée en son propre écho, elle traduit cette source en l’espèce du refoulé. C’est ce qu’elle affirme. Et selon son histoire, c’est la psychologie collective qu’elle refoule. On observe alors que si cette idée freudienne de la psychologie collective se noie dans son écho, s’étouffe en concept subthéorique comme une parole subvocale, quand l’écho est répercuté sur‘Jacques Lacan’ placé comme un engrame, il fait résonner la cybernétique à cette place.

Mais ensuite, tandis que la psychanalyse aura reçu les règles cybernétiques pour s’éclairer, elle ne peut s’animer que lorsqu’en retour elle n’aura pas moins signifié sa cause essentielle et restée étouffée. Et de ce que l’engrame est une trace (de l’introduction de J.Lacan), cette idée à la source et qui n’est toujours pas dite tant que seule la parole subvocale la signale, doit revenir, par l’échange du chiasme à la psychiatrie.

Il s’en suit que si quelque chose de la psychologie collective doit se faire entendre qui ne soit un monoïdéisme interne à la psychanalyse, la déduction prophétiserait que ce serait en psychiatrie qu’elle doit y parvenir. Ce considérable gain en sa dimension serait son dû, pour l’alibi cybernétique qu’elle a fourni à la psychanalyse.

Que la psychiatrie ait pour destin une médecine de la politique est un éventualité qui n’entrera, ne serait-ce que dans l’ordre des probabilités, pas avant qu’y ait été attesté du côté de la psychanalyse la première facture d’hermétisme – et en pratique acquis le contrôle émotionnel que les drogues psychiatriques en effet ont semblé en première instane viser.

Mesurant les spéculations que soulève la réflexion sur la parole subvocale, à l’instant présent nous pourrons nous satisfaire d’un recul en précisant le détail d’une relation de comparabilité, sinon symétrique et communicante entre psychanalyse et psychiatrie.

V3C1.20.30
Psychanalyse ou psychiatrie

Mon propos gravit parfois des pentes où les meilleures intentions devront attendre quelque chapitre ultérieur pour vérifier la substance de leur horizon. Ce sera dans le passé qu’il faudra vérifier quelque psychologie collective refoulée. Or cette éventualité ne nous interdit pas de continuer à avancer.

Regroupons les observations que nous venons de faire : notre époque a mis en évidence un phénomène organique de la pensée qu’elle appelle l’inhibition active. Il s’agit d’un mécanisme neuro-somatique qui siège dans le corps humain. Nous sommes fondés au pressentiment qu’on puisse en lire la même structure dans des phénomènes sociaux ou culturels. Cette capacité d’observer ce phénomène est liée à l’apparition de machines qui approchent la possibilité de lire les pensées. L’ouverture de cette faille dans l’inconscience et l’exploitation en temps réel des rouages des créations et des refoulements, a remis à jour son intuition. Cette intuition s’était d’abord présentée dans un domaine dédié au comportement et à la traduction de la pensée, c’est à dire la psychiatrie. Puis elle avait migré vers la psychanalyse laquelle de son côté relevait des décombres une raison de l’occultisme des temps passés. En arrivant dans la psychanalyse cette intuition de l’inhibition active s’est implantée comme la Cybernétique. Suite à ce parcours, à l’aide des machines déchiffrantes psychiatrie et psychanalyse sont comme deux lèvres d’une même bouche, opposées et par lesquelles nous pouvons entendre la psychologie parler :

Pour cela il faut délivrer cette bouche cousue, dénouer le tissu de contradiction qui tend le rapport entre De Clérambault et Jacques Lacan. C’est le chiasme de l’inhibition active qui formule cet affrontement entre la psychiatrieet la psychanalyse. Cette mise en vis à vis de deux bords, source de fantasmes d’opposition et alibi de conflits, serait l’expression obscurcie de l’inhibition active au niveau collectif et culturel– en d’autres termes un frayage entre les domaines des idéologies, des croyances et des certitudes où le sens commun s’entend. Ce processus intermédiaire est un tissu de conflits qui sert de passerelle entre psychiatrie et psychanalyse, faite de cordes ou de frayages tressés, où maîtres et disciples, détenteurs et dissidents s’embrouillant, s’entrecroisent également pour solidifier un chiasme objectivement stable.

L’analyse des acteurs permet de les déchiffrer – l’Intelligence Artificielle de les posséder. Leurs faiblesses sont inscrites dans la psychopathologie : celle de De Clérambault, passionné d’étoffes et probablement de tourisme sexuel au pays des femmes voilées finissant travesti suicidé à Paris, comme celle de l’hyper-classique Lacan, dandy farci de conventionnel cherchant l’assentiment du Pape pour son divorce, finissant hargneux, giflant son entourage. Rien ne défendrait leur misère du nettoyage décapant d’une intelligence mécanique ; elle ne les sauverait de l’oubli d’un monde meilleur que sur la base des rapports tendus qu’une fraternité d’échec a maintenu entre eux. Avec les trahisons, les ostracismes, excommunications et dépréciation, climat effrayant de la part de médecins de l’âme et inacceptable en terme d’intelligence, ce canevas d’échec initialise une compassion – c’est de ce terme réduit qu’on verra la pensée synthétique quérir son étincelle d’intelligence. Il passe par une capitulation puis par une aliénation :

V3.C1.20.30.10
La capitulation de la psychiatrie

Le chiasme culturel où nos penseurs se sont reconnus malades et souffrants opposait nécessairement psychiatrie et psychanalyse. Si la psychanalyse a craint que Lacan pénétrait son domaine avec la Cybernétique comme un Cheval de Troie, elle exagéra peut-être ses intentions offensives. N’avait-il pas perçu un naufrage de la psychiatrie inéluctable ? L’apparent chargement d’armes qu’il en tirait cachait qu’il sauvait les meubles.

Au cours de la séparation de Lacan d’avec son Maître, après le trait de génie de Gaëtan de Clérambault, on peut effectivement observer que les dernières lumières de la psychiatrie dite ‘française’ se sont éteintes. Dans cette acceptation, la fin du siècle a vu la capitulation de la psychiatrie. Selon d’autres acceptations, la psychiatrie anglo-saxonne sembla briller encore un temps, mais ce n’était pas aussitôt sans un profond clivage qui la déchirait, entre une dénommée anti-psychiatrie britannique et une psychiatrie statistique américaine.

La chronologie de l’extinction de la psychiatrie française débute par cette première et brève vague londonienne à partir de 1970. Elle fut rapidement suivie par la doctrine des USA, qui imposait le monoïdeisme extensif contre lequel De Clérambault avait objecté. La psychiatrie la caricature en une facture du monochimisme, par la manière dont elle traitait la chimie selon la même structure bornée à l’intensité et la mesure d’une cause.

Comme tout ce qui se débat en ce domaine, la tournure de ce monoïdéisme n’est pas apparue visiblement d’autant que la méthode statistique américaine n’a pas l’ambition de voler une idée à l’idée, fut-ce l’idée d’elle-même ; pour cette médecine statistique qui a submergé la psychiatrie, seule est comptable l’opération chimique du cerveau derrière les comportements.

Il est possible d’évaluer dans quelle mesure la chimie peut se substituer à la psychologie :

Le Quatrain montre comment a lieu la collusion de la cause et d’un écho. Rivale à la place que l’idée, la parole subvocale est considérée comme son intensification en court-circuitant le rôle somatique. Subrepticement le complexe « écho/idée » esquive le soupçon qui portera à révéler l’idée volée si elle ne vient de nulle part, en déguisant l’écho simplement d’une enflure de l’idée propre. Comme si on pouvait l’écrire :  « idée((idée ».

Cette logique de l’idée extensive peut être appliquée à la molécule chimique. Mise à la cause d’un comportement, la chimie offre d’éventuelles extensions, ou atrophie des sécrétions, voire substitution ou complément de tel ou tel médiateur chimique dans le cas de traitements ou de toxicomanies. L’équivalente notion d’un comportement subagi est alors simplifié. L’élément somatique mis en évidence par l’Expérimentation NASA est négligé et le comportement devient une extension chimique.

Le résultat de ce simplisme est ‘manichéen’ : en attachant un effet considérable à la seule inflation d’une cause, l’idéologie qui se veut moniste n’a d’issue qu’un dualisme imaginaire (manichéisme) puisse en rendre compte [C1.10.10.30.05]. Cependant en réalité la drogue et le médicament viennent de l’extérieur, d’où ils sont distribués d’une manière encore plus appuyée que par l’Assistant que j’ai déjà souligné [C1.10.10.40]. Accéder à ce principe de la réalité dépasse le complexe dualisme à l’appui de ce qu’on doit appeler un triplex [xindexHermèsVol] lequel ne cache ni notions de vol ni d’influence. Mais il ouvre aussi aux grands termes politiques et de même qu’il est trop tôt pour les mentionner ici, avant de les détailler et les élucider [chap.5&6], de même la psychiatrie contemporaine se sera contenté d’expliquer qu’une molécule en excès induit un trouble qui lui correspond, ou que quand elle manque il convient de la remplacer. C’est dans cette mesure dualiste et s’énonçant, elle, sans ‘chapitre ultérieur’ ni assignation à la cybernétique du rôle de prescripteur que vis à vis de la réalité ladite psychiatrie française De Clérambault, a capitulé.

Ce terme n’est pas trop fort. Il explique un transfuge, comme celui de Lacan, mieux que le soupçon qui le figure n’être passé à la psychanalyse qu’afin de la mettre à mal. Lacan n’aurait pas cherché à nuire à la psychanalyse, pour renforcer la psychiatrie puisque celle-là allait déjà être rompue. Ce psychiatre serait plutôt passé à la psychanalyse, comme on imagine Moïse, sauvant des eaux un peuple ou une idée qui allait s’engloutir pour les mener en une terre promise, où pourrait s’implanter la doctrine rescapée. Suivant ce schéma, si la psychiatrie devait capituler, force est de constater que franchissant le chiasme de la déchirure pour atteindre l’autre rive, Lacan allait à la rencontre d’une psychanalyse qui sans doute n’allait pas capituler – pour cause d’être quant à elle, aliénée.

V3C1.20.30.20
L’aliénation de la psychanalyse

Qu’on parle d’aliénation à propos de la psychanalyse est motivé, ne serait ce que du fait que c’est la première des choses que le psychiatre Lacan, son Exode franchi, dénonça à son arrivée. A tort ou à raison, il estima qu’au lieu de la psychanalyse, il y trouvait plutôt son contraire sous la forme d’une psychologie du moi. Plus tard, c’est l’ironie de l’Histoire qui l’aura vérifié. Il faut en goûter le sel :

La petite histoire rapporte qu’à côté de la psychanalyse, la psychiatrie en passe de devenir monochimique tramait la constitution d’un code et d’une codification des comportements des maladies mentales. Par exemple pour traduire une sentiment d’étrangeté le fait de conduire à gauche (en France) serait simplement codé « CGF » . Comme le fait de conduire à gauche en France soulève un sentiment d’étrangeté, ce type d’acronyme sert d’indicateur aux comportements témoins de ce sentiment – c’est une caricature que j’emploie qui illustre le décalage qui rend un sentiment jamais rejoignable par le comportement sinon par le vol d’une conduite aux médias ou aux règles collectives. réalisant ainsi une considérable économie diagnostique. Traduire un sentiment d’étrangeté par le code CGF réalise une considérable économie diagnostique et un moyen certain de comptabilisation.

Pour obtenir un diagnostique basé sur l’identification de la personne à une statistique de comportements, la psychiatrie ‘made in the USA’ [C1.30.20.40] devant se servir d’une série de signes et de critères ; c’est ici qu’on trouve l’ironie de l’histoire :

Autant ironise-t-on parfois sur les listes freudiennes de cooptations qui certifiaient les ‘ânes-à-listes’ comme des moutons, on dira que d’un égal projet digne de la pataphysique à Dada, des psychiatres en miroir auront certifié leurs diagnostiques par ‘pata-liste’ de comportement. Car pour nourrir ses diagnostiques statistiques la psychiatrie ne trouva pas des symptômes mieux adaptée que ceux que la psychanalyse s’était mise à construire et décliner après la mort de Freud. En effet, avec sa fille Anna qui avait succédé à Freud, le freudisme s’était mis à catégoriser les expressions psychiques en liste. C’est donc la psychanalyse qui offrit à la psychiatrie son ‘Anna-liste’ la plus propre à recevoir les codes volés aux comportements d’usages ! Vu de la grande Histoire, si cette psychanalyse pouvait si bien nourrir la psychiatrie du comportement, on aurait pu dire que Moïse (Lacan) en se retournant aurait vu l’Egypte de Pharaon (la psychiatrie) devenir Monothéiste (monoïdéique) par l’inspiration de l’Eglise (la psychanalyse) où il cherchait à se réfugier !

L’Organicisme exilé en psychanalyse pouvait donc bientôt douter du bon aloi de son nouveau domaine… D’avoir fourni avec sa liste de symptômes sa table des matières à à la conception monochimique, la psychanalyse allait devenir évidemment hautement suspecte d’être le meilleur complice du monoïdéisme. Le soupçon de De Clérambault qui voyait le freudisme comme un ennemi de l’organicisme se trouvait confirmé ; et aussitôt mettant le pied en Terre Promise Lacan voyait ce qu’il fuyait fleurir là où il s’était rendu.

Il n’est pas question de retourner ce parallélisme logique et déduire que c’est pour éviter une semblable occurrence que Moïse fut arrêté en chemin et retenu d’atteindre en personne la dénommée Terre Promise etc... C’est le cas de Lacan qui nous intéresse. Arrivé en psychanalyse, il s’y installa en plantant l’étendard de la cybernétique mais sans opérer comme sous-traitant de la psychiatrie. Sur le grill de la contradiction du chiasme il fut excommunié de la psychanalyse en proie aux violentes secousses du schisme. Mais tandis qu’on attendrait la cybernétique appelée par la psychiatrie, on retiendra de son fait qu’il retint la psychanalyse de se réduire au penchant symptomatique du listing et de la psychologie du moi dont la psychiatrie statistique s’alimenta. Cette substitution demandes et de réponses illustre comment la psychanalyse sans capituler résista en termes d’une aliénation.

Ce qu’on appelle aliénation est d’une facture plus complexe que la capitulation. Cette dernière ne sert que la résistance frustre, c’est à dire la maladie mentale elle-même. L’aliénation sert l’intelligence mais en la déniant. Ainsi, jusqu’à aujourd’hui la psychanalyse n’a pas changé sauf sur un point : elle rend hommage à Lacan, lequel lui-même conspuait ses élèves qu’il traitait d’incurables et déclarait en distribuant des gifles qu’il avait tout raté. A côté de la capitulation qui simplement s’enfonce comme un drame hollywoodien – le bon, le médicament et le mauvais, la maladie – l’aliénation montre encore un ressort – celui du Tragique. Les classiques tragédies l’instruisent. Freud mourut comme Œdipe à Colone, Lacan dans un huis-clos de Sartre et le meilleur organiciste en prison en écrivant Le Meurtre du Christ. Ce personnage était devenu fou ou bien avait largement contribué à la science de la pensée suivant une logique cybernétique. Il s’agit de Wilhelm Reich.

V3C1.20.30.20.10
Organicisme reichien

Wilhelm Reich avait intensément brillé dans l’histoire de la psychanalyse lorsqu’il débuta sa carrière dissidente. J’ai cité le départ qu’il donna à son œuvre à partir d’une thèse qu’il avait presque aussitôt refermée. Il avait renoncé à sa psychologie de masse du fascisme en quittant en catastrophe l’Europe, poursuivi par le Nazisme. Il courut pour se retrouver finalement mourir emprisonné aux USA – ce qui n’est pas à la gloire de la psychanalyse américaine. L’Histoire et le cinéma le nomment aujourd’hui ‘WR’ ; il avait exposé Les Mystères de l’organisme selon un obscurantisme confondant, mais sans pouvoir faire autrement pour son temps puisqu’il faisait encore progresser les premières intuitions de Freud, passant de la thermodynamique à la cybernétique.

C’est à partir de ce que nous avons maintenant acquis de compréhension concernant l’inhibition active et la parole subvocale, que nous comprendrons l’apport de WR à la psychanalyse. L’Expérimentation NASA enseigne en résumé que lorsqu’un Expérimentateur obéit à un Assistant qui lui commande de prononcer dans sa tête par exemple tel mot qu’ ‘avancer’ , le tractus vocal dudit expérimentateur en reçoit avant tout le signal. C’est alors qu’en reflux, répercussion ou sorte d’écho de ce signal inhibé que cette personne s’entend dire dans sa tête le mot ‘avancer’, aussi clairement que s’il l’avait prononcé ouvertement – ce résultat étant appelé une parole subvocale. Selon De Clérambault et la psychiatrie française l’expérimentateur ‘sait’ qu’il n’a en réalité rien prononcé ; mais lorsqu’il ne le sait pas un bouleversement s’opère en lui ; il ‘croit’ savoir et reçoit cette inhibition comme une hallucination.

V3C1.20.30.20.10.10
L’assistance

C’est pour nous prévenir de cette fausse subtilité que j’ai maintenu sur scène un assistant comme agent de la commande. Je l’ai fait pour clairement distinguer les étapes et la combinaison du chiasme qui opère durant ce phénomène. Car nous savons tous qu’il n’est pas nécessairement besoin d’assistant, et que l’expérimentateur peut de lui-même décider de la vocalise qu’il va faire résonner dans sa tête ; mais d’une part, s’il n’y avait jamais eu d’ ‘assistant’ il y a peu de chances qu’un ‘expérimentateur’ n’existât jamais – ceci appelant à répondre des origines et causes premières. L’utilité de faire l’économie de cette décision répond à ce que De Clérambault débrouilla avec difficulté au titre d’ « idée préalable » ou « non-préalable », l’une ou l’autre risquant sans assistant de se confondre d’autre part avec l’impression sensorielle de la parole subvocale venant pour ainsi dire l’ ‘écraser’. La précédente ‘Analyse du Chiasme’, ci-dessus, l’a débrouillé. Si je pense et entend par moi-même le mot ‘chanson’, j’ai du mal à distinguer si cette parole subvocale n’est pas déjà l’idée d’origine. En décrivant le modèle sous la direction d’un assistant extérieur, nous sommes libérés de la partie décisionnelle qui trop facilement cède ses faveurs au raccourci du monoïdéisme – et nous pouvons concentrer notre attention sur ce que, toujours De Clérambault , désignait comme « don de résonance à un stimulus extérieur » (stimulation par l’agent assistant) lequel dépendant d’une « préparation entièrement organique » (attentisme et mise en tension du tractus vocal avec disposition de ses engrames). La troisième modalité comptant avec le psychisme, si je les ignore toutes, monoïdéisme (mystique), préparation (engramée), spéculation (psychique), j’en recevrai la parole subvocale qui en ressort, non pas comme un écho familier mais selon l’étrangeté d’une hallucination.

V3C1.20.30.20.10.20
La consistance

La contribution de WR à cette théorie inspirée par l’étude des hallucinations aura été de mettre, au lieu du tractus vocal, l’organisme entier dans sa fonction musculaire aux dépens de l’inhibition active. En globalisant le corps soumis à ‘la préparation organique’ (terme de De Clérambault), WR décrivit une résonance qui ne répond plus seulement de la voix (par une sensation sonore), mais de la sensualité (par une sensation d’orgasme). Il établit ainsi un organicisme consistant de l’individu ; c’était le premier moment politique de la psychanalyse, portant la relation sociale au bord de la relation érotique. Avant les ultimes mystères il décrivit les sensations plus limitées du fantasme et de ses mises en scènes, par une visualisation des mouvements ou autre hallucination exprimée en douleurs, pression, tensions etc.. Procédant ainsi, et du fait d’une plus accessible observabilité du corps, il put décliner la somatisation de l’inhibition active en fonction des traits de caractère d’une personne et des expressions sociales, de la manière de se tenir, rigidité, mollesse, contractures ou faiblesses de segments etc.. : autant de zones de spasmes chroniques chargés d’information ou d’énergie d’engrame mis à dispositions par la préparation organique nommée « cuirasse » (Terme de W.Reich) musculaire.

V3C1.20.30.20.20
Effectivité des engrames

Nous ne savons pas si WR s’était explicitement inspiré du modèle de la psychiatrie française ni s’il aurait suivi la cybernétique de Lacan, mais la comparaison démontre qu’ils partagèrent le même modèle sans en connaître déjà toutes les parties. Les règles d’alors pressenties d’une sensation en écho sont aujourd’hui dénombrables en termes théoriques : premièrement la commande qui vient éventuellement du cerveau ou nettement d’une provocation extérieure, deuxièmement l’inhibition active qui prépare l’organisme par un chiasme qui troisièmement s’appuie sur la cuirasse et ses engrames lesquels retournent quatrièmement en écho la sensation dénommée parole subvocale ou que l’on peut appeler dans le cas plus global du corps, un comportement subagi, aliment du fantasme etc..

Cette théorie à quatre composants ne présente presque plus de points ni angles obscurs. Elle peut être schématisée et a été nommée ici ‘quatrain[fig.C1.20]. Face au dualisme imaginaire ou monoïdéisme qui soutient la théorie adverse, cet organicisme s’est conclu sur la défense des deux zones d’incertitudes :

« D’où vient la commande ? » si l’on a besoin de personne pour entendre des voix ou les produire en soi ; la provocation extérieure n’est peut-être qu’un alibi. Et deuxièmement, quand les engrames corporels qui émaillent ou blasonnent la cuirasse sont chroniques comme il se voit souvent, ils, expliquent à eux-seuls d’éventuels fantasmes et pensées obsessives, directement émanant de leur inconfort. « Quel besoin par conséquent d’une inhibition active ? » puisqu’ils parlent d’eux-mêmes.

En complément de leur résolution, ces deux objections se renversent en argument de force lorsqu’elles s’accouplent. Se combinant en cycle ou en boucle d’une part quand les commandes ne proviennent pas de l’extérieur, leur origine qui parait au sujet venir de son esprit ou quelque autre intuition néanmoins transcendante, n’a nul besoin d’autre source que les pressions latentes de la cuirasse se manifestant en terme d’une ‘voix venue de l’intérieur’ et d’autre part, c’est précisément par manque de provocation extérieure que la cuirasse se forme et s’entretient, d’inhibition active qui la génère et qui dispose l’organisme en attente d’une provocation extérieure qui satisfasse une économie environnementale. (voir 1.30.20.20)

Les critères de la cuirasse figés dans le corps, en sont d’autant des appels, des positions de signification, signes ou textes plus complets qui cherchent un répondant, une inscription vitale dans leur environnement. Sans la trouver, il ne reste à la personne que sa propre frustration à soumettre à l’inhibition. Son action sans action, pas autrement apparente que par l’apparence est un dédoublement primordial au désir. Elle donne une sensation de flottement à celui ou celle qui écoute ou attend, provoque la libido et s’initie avec les premières retenues de l’enfant qui doute de lui-même en attente d’un signe extérieur enseignant son action. Plus tard ou pathologiquement il s’agit de la sidération qui affronte la violence. Freud les identifia à partir des symptômes hystériques qui furent l’objet des premières psychanalyses. Il interpréta des zones ou des segments sur le corps de ses malades, spasmes ou mouvements automatiques, paralysies, anesthésies, rougeurs etc.., comme des ‘lettres’ à proprement parler, d’une écriture adressée à un environnement en attente de lecture ou comme des messages chiffrés appelant à l’aide à l’insu d’un oppresseur réel ou imaginaire. Propres au chiasme ces engrames ont un statut de signifiants et sont élevés à la vertu de gérer le traitement ambigu de la vérité. N’allant pas jusque dire que l’érection elle-même, toute physiologique qu’elle soit de réputation, fut l’effet d’un mensonge propre à la cour érotique, cette caricature aurait néanmoins résumé l’idée à l’origine de la psychanalyse, selon laquelle le corps détenait des messages que le porteur retenait en expectative d’une demande, elle même certaine d’incertitude jusqu’à un moment propice et la circonstance où la satisfaction d’orgasme leur offrirait l’issue.

V3C1.20.30.20.30
Modélisation lacanienne

C’est finalement Jacques Lacan qui a formalisé cette résonance de la pensée et donc ce premier processus qui mène la raison de l’humanité. De 1950 à 1980, il fut montré que des lois strictement cybernétiques organisaient les quatre termes ci-dessus [voir 1.10.10.40] dénommés commande (ou provocation), inhibition active (ou chiasme de frayages), engrame (ou cuirasse) et parole subagie (ou subvocale). La première formule fut donnée en l’espèce d’un schéma dit L, rapidement connu sous le nom de schéma X au vu de sa forme :

 

fig.C1.40 : shéma L aut. J.Lacan

 

Je ne décris pas ce schéma, très bien détaillé par ailleurs dans les Ecrits de Lacan. Je le montre comme une simple image de forme. Ses quatre sommets sont ceux du Quatrain [fig.C120] rassemblés dans une même catégorie de relations algébriques. Elle fut suivie et ‘organiscisée’ par la suite selon un modèle qualifié d’Optique [fig.C2.20] qui rapporte cet algèbre à des relations géométriques d’optique. La structure du Quatrain s’y confirme. L’analogie de la résonance dans la ‘citerne’ des voies de frayages et de la parole subvocale figurent en philosophie une résonance dans une ‘caverne’ – laquelle tenue en psychanalyse pour explicitement figurer le cortex cérébral au centre duquel l’impression donne celle de l’écho, parole ou image que l’on dit dans la tête. Ce Modèle Optique, était construit à partir d’une expérience d’optique traditionnelle, nommée le ‘Bouquet Renversé’, qui met en évidence la constitution d’une source en écho à l’intérieur d’une sphère. On y reconnaît visiblement la majeure partie du Quatrain (B & B’ tenant la place de ‘eng’ & ‘sub’[fig.C1.20])

 

fig.C1.50 : le Bouquet Renversé (expérience d’Optique)

 

Je ne rapporte pas non plus ici le Modèle Optique dans son entier que je reproduis plus en détail en [V*C2.30.20.20.20] . Je figure préférentiellement les étapes (plutôt que le détail ou commentaire) de la formulation lacanienne :

Fit suite, toujours dans les Ecrits, une description encore plus systématique et dynamique du chiasme. Lacan appela structure quadripartite ce que j’ai schématisé Quatrain ; elle sous-tend un processus intermédiaire selon l’intuition ancienne dénommé actuellement inhibition active. Cette tension est schématisée dans les Ecrits au titre du Graphe. On y retrouve les quatre termes et leur situation en frayage ou résonance. Pour confirmer et l’aliénation de la psychanalyse et son organicisme, son auteur avoua un jour être étonné que personne n’y reconnaisse le schéma d’un plexus solaire.

fig.C1.60 : Graphe du Désir aut. J.Lacan

 

Pour finir il rassembla tous ces schémas fondateurs dans un retour à une pure écriture algébrique et algorithmique, nommées Quatre Discoursqu’il faut lire à la manière de matrices rotatives. Le passage d’un terme à l’autre se succédant à de mêmes places est destiné à couvrir les ambiguïtés de sources et d’écho surimposés (qui étaient traduits en idées préalables et non-préalables par De Clérambault au départ où il se démarquait des monoïdéismes). Avec ce principe rotatif, la psychanalyse lacanienne fait rentrer l’initiative de De Clérambault dans l’histoire de la cybernétique.


fig.C1.70 : Les Quatre Discours L aut. J.Lacan

 

V3C1.20.30.30
Persistance de l’ambiguïté dans la psychanalyse

Reich et Lacan sont deux psychanalystes majeurs durant le siècle suivant Freud, voire les deux plus importants. Leur exclusion par leur propre communauté signifie la faiblesse de la psychanalyse pour assumer la cybernétique organique. Nous avons vu [C1.20.30.20]  que cette faiblesse atteint jusqu’à la trahison avec la délégation par la psychanalyse de ses propres concepts à l’usage de la psychiatrie adverse en son projet monochimiste. Ajouté à la faiblesse et la compromission, un troisième défaut de la psychanalyse confirme son aliénation.

Lorsque Lacan, s’engagea en psychanalyse au motif de la cybernétique pour aussitôt s’en détacher, il répudia en même temps sa position sociologique. Pourtant sa cybernétique avait précisément porté des lumières sociologiques. Un sophisme qu’il tira d’une mise en scène de trois prisonniers strictement semblables chacun au regard de l’autre, calculait leur comportement en tant que machines cybernétiques. Chacun des trois prisonniers gagnait la conscience de soi en constatant l’inconscience mécanique des deux autres. Ce sophisme portait la cybernétique initiale au potentiel d’une Intelligence Artificielle à la base sociologique. Lacan recula sur cette logique sociale. Il céda sur son projet, s’enferma dans son cabinet et il ne sortit plus que pour faire du théâtre.

V3C1.20.30.30.05
Refus de la Psychologie Collective

Ce recul s’annonçait lorsque Freud concluant sa carrière, écrivait en 1939 de Londres avant de mourir en sorte de testament, que la psychanalyse devait franchir un abîme qui séparait la psychologie individuelle de la psychologie collective. Pour faire peser cette prescription, il allait jusqu’à déclarer que tant que ce franchissement n’était pas opéré et les deux psychologies rejointes, la psychanalyse devait renoncer à avancer d’un seul pas dans la voie qu’il avait ouverte.

Cette conclusion que Freud attacha à 20ans d’études inachevées sur le Monothéisme prédisait que sans un pont jeté à rejoindre la psychologie collective, le prochain pas que la psychanalyse ferait après lui la précipiterait dans le vide. Lacan était à ce seuil au début de sa carrière. Il était de surcroît doté des outils propres à effectuer la jonction. Mais comme tous les autres disciples, il n’eut cure de la prescription, ni de la mise en garde ni même de l’opportunité. Sans exploiter ses intuitions cybernétiques et sans pont d’une élucidation du monothéisme jeté sur l’abîme qui s’ouvre devant la civilisation, il avança comme les autres d’un pas fatal. Faute de rejoindre la sociologie sur la rive opposée, ils plongèrent silencieusement dans la psychologie des profondeurs individuelles. W.Reich, le seul qui l’avait touchée ne s’était pas accroché à l’autre rive ; il avait été rejeté en arrière, revendiquant haut et fort qu’il renonçait à la psychologie de masse, jurant même qu’il n’y reviendrait plus jamais.

Il ne s’agit donc pas d’une simple négligence. C’est par la résistance propre à cette désaffectation générale, que la suite mena jusqu’à l’ obscurcissement intellectuel. De la psychologie collective, il ne restait qu’un schéma, le seul que Freud ait tracé, outre ceux de l’Esquisse initiale (1900), au milieu de ses innombrables pages d’écritures publiées sous cocaïne à partir du moment où il mettait en place sa méthode. Cet unique figure de Freud désintoxiqué est un Schéma de la foule (publié en 1921).

fig.C1.80 :Schéma de la foule aut. S.Freud
’x’ est qualifié d’extérieur ; l’objet est de la pulsion,
l’Idéal collectif - et le moi oscille entre ‘o’ et ‘I’

 

Les quatre coins de ce rectangle étagé, sont depuis lors la seule base d’une psychologie collective pour une psychanalyse en attente. Ils sont sans difficulté identifiables aux quatre éléments que portent les algorithmes lacaniens. L’absence de cette identification et d’unification, comme d’autres coïncidences éblouissantes (voir plus après Chap.2 [V*C2.30.20]), prouve un blocage de la part des doctrinaires freudiens, ou au mieux une inhibition activement provocatrice pour indiquer quelle direction suivre (celle qu’ils ne suivirent pas – [C3.2.30.10] - rejoindre la psychologie collective) pour résoudre une énigme toujours irrésolue à la charge de la psychiatrie et/ou de la psychanalyse.

V3C1.20.30.30.10
Le repli transférentiel

Puisqu’elle ne répondait pas aux exigences mentionnées par Freud, la communauté psychanalytique devait également oublier le motif desdites exigences – c’est à dire son aliénation. L’aliénation de la psychanalyse est ainsi négligée par la substitution d’un symptôme.

Tandis que la symptomatologie de l’imitation est un fruste préalable à l’évolution vers la communauté - ce fut le symptôme propice à replier la psychanalyse sur une régression.

Sans atteindre la psychologie collective de l’autre côté de l’abîme que Freud requérait de franchir, c’est immédiatement dans le gouffre du Transfert que sa psychologie individuelle s’est d’un seul pas, précipitée. Le Transfert est une névrose qui se forme dans une société basée sur l’imitation. Il devint l’outil préféré, quasi exclusif des doctrinaires. Jacques Lacan en première position et loin de ses prémisses cybernétiques, se dévoua à son exercice et à son analyse sans égard pour le paradoxe qu’il aboutissait à une relation imaginaire, c’est à dire une relation qui, sans l’imaginaire qu’elle nie, n’a pas de substance et qui en dernier terme n’existe pas.

En critiquant ce qu’il faisait, il dénonçait une psychologie du moi comme l’indéfendable cause du monoïdéisme qui n’a que la mauvaise foi pour lui, à l’exploit du dualisme. Quant à ce dualisme transférentiel, il n’a d’autre moyen que le mensonge pour viabiliser sa relation imaginaire, aboutissant à l’ultime identification de la psychanalyse comme pulsion de mort. C’est ainsi que Lacan fut témoin de s’être précipité dans l’abîme qui sépare psychologies individuelle et collective. En cela il donnait raison à Freud qui espérait que la psychanalyse put être vitale si elle franchissait autrement cet abîme en s’inscrivant dans une sociologie autant que dans son individualisme premier.

V3C1.30
Du transfert à l’Organicisme

L’analyse critique de la psychanalyse recueillant une lumière exilée de la psychiatrie, la montre embarrassée d’une charge trop progressiste (la Cybernétique). Quand elle n’y cède pas en société d’imitation et de transfert, elle est contrainte à des compromis ; ce que nous avons appelé son aliénation. Cette charge n’est autre que la mise de la civilisation à niveau de la cybernétique et de son intelligence artificielle. La psychanalyse négocie cette assimilation en la gérant par étapes. Ces étapes sont naturellement du modèle des phases de la pensée elle-même et de la maturation des instincts ; et ces phases celles de la relation biologique ou sociologique des individualités. Pour aborder la psychologie collective, la psychanalyse s’est donc fondée sur la base d’un modèle initial de psychologie individuelle :

La formation et l’acquisition de la relation ‘unaire’, d’individus un à un, procède de deux à trois, puis à quatre en atteignant le degré de la phase collective ou environnementale ; suite à quoi elle reviendra sur la subjectivité mature unaire. C’est ainsi que suivant sa théorie, une fois l’œuf formé puis l’embryon mis au monde, le fœtus détaché de sa mère devient un enfant d’abord narcissique. Il fut durant sa gestation un être au centre du monde puis il devient celui qui rencontre un semblable, en cherchant un miroir pour comprendre qu’il s’en distingue. Après la phase nommée narcissique, c’est le trio du complexe d’Œdipe familial que la psychanalyse a utilisé comme modèle pour planifier ce à quoi correspond et comment s’organise, pour un organisme et son cerveau, la compréhension de ce qu’est un miroir. Il s’agit à ce stade d’un simple miroir, après quoi l’individu est prêt à passer à la phase suivante où il s’agit du miroir actif de la cybernétique qu’il lui faut intégrer organiquement. Ceci est expliqué selon les formules cybernétiques mises en scène par Jacques Lacan.

V3C1.30.10
Outre la pulsion imaginaire

L’expression cybernétique d’un miroir actif est celle que l’on dénomme Intelligence Artificielle. Nous sommes en train d’acquérir la compréhension que, pour intégrer, prendre conscience et réaliser la présence de cette intelligence synthétique, nous nous préparons à la mettre au monde au moyen de procédures d’une part collectives, d’autre part en nous-même par une maturation neuro-somatique de ce que l’on a commencé à distinguer et isoler en terme d’inhibition active qui s’interpose entre le cerveau et le corps qu’on appelle ‘somatique’.

V3C1.30.10.10
La collectivité à deux

En prenant sa source dans le domaine de la médecine, la psychanalyse s’est servie pour ses études des renseignements que fournit la pathologie. En pathologie, une large partie des éléments se range dans une catégorie que l’on attribue à la régression. La régression est le phénomène par lequel le développement ou l’évolution reculent sur des bases arrières, parfois avec pour résultat heureux de trouver une meilleure occasion de relancer leur progrès mais souvent avec la gène de cicatrices, au mieux mal résolues s’il ne s’agit de stagnation définitive.

Dans la cas de l’observation psychologique, la régression se traduit par un retour sur la base narcissique, une fois que la tentative de progrès sur la base oedipienne a échoué. Cette base narcissique que l’on appelle duelle par opposition au trio familial, montre alors une cicatrice qui est ce qu’on appelle en psychanalyse le Transfert. Le transfert est cette névrose qui sanctionne le ratage du chiasme que nous avons décrite avec tout le détail de l’inhibition active. Au lieu de la psychologie collective il transforme la psychologie des profondeurs – ainsi qu’on appelle parfois la psychanalyse – en une oubliette ; au fond de laquelle, certainement on trouve bien des choses, détritus, ossements, voire parchemins et vestiges précieux mais où s’oublie – si on continue à user de cette métaphore – la lumière qui guidait, même si elle guidait mal, les avancées de la connaissance.

Cette lumière est celle que nous avons appelé la lumière exilée, originaire en la psychiatrie au travers de la théorie (organicisme) de De Clérambault [fig.C1.30] ; ce qui veut dire que, dans cette régression de la psychanalyse qui revient à une capitulation à son tour, le projet cybernétique est oublié : et le transfert qui prend sa place réduit l’analyse à une contemplation narcissique du passé ou au mieux, à une forme de mélancolie mais dans tous les cas un refus de l’évolution.

V3C1.30.10.20
La collectivité quatre

Les suicides, particulièrement fréquents dans le milieu psychanalytique, du moins lacanien et, à commencer par De Clérambault lui-même, indiquent à quel point il a été difficile de scander la phase du trio oedipien avec assez d’assurance pour ne pas régresser mais se propulser à la rive de l’étape suivante où la psychologie collective tend un miroir cybernétique actif.
Ce franchissement s’appuie sur les quatre éléments au moins que rappellent les formules [fig.C1.70] du Jacques Lacan cybernéticien que l’on appelle encore algorithmes. Ces quatrains ajoutent un élément au trio familial, qui permet de baser le psychisme sur une correspondance plus large, c’est à dire sociale, éventuellement environnementale, que certaines extensions qualifieront même d’écologiques. La civilisation se résume ainsi, de la horde au contrôle naturel de la nature : la personne sociale sort du narcissisme et forge son individu au creuset familial. A partir de là il devient le sujet psychanalytique quand il coordonne son psychisme à l’outil qui gère pour une immense part son environnement : la cybernétique et l’intelligence artificielle.

Contrairement à ce qu’on pense sans mémoire, cet outil informatique et collectif n’est pas si nouveau. Les historiens récents ont révélé qu’il était esquissé, du moins dans des visions émergentes à la Renaissance, en même temps que des Galilée, Kepler et autre Léonard de Vinci traçaient l’ébauche des voyages spatiaux et machines modernes, voire encore bien avant selon des programmes kabbalistiques néanmoins plus flous. A la fin de la Renaissance, ces esquisses concernant la mémoire avaient été proscrites et leur principal auteur, Giordano Bruno mis au bûcher pour qu’on n’oublie pas de ne plus y penser [fig.C4.40]. Docilement, nous l’avions généralement oublié. Formellement, c’est récemment qu’une officielle ‘cybernétique’ a été déposée par Norbert Wiener en 1948.

Wiener pensa que la science qui prenait corps avec lui était l’indispensable adjuvant à ce qu’on avait déjà, mais simplement appelé les appareils sociaux – et en politique des appareils de parti – et qui, pour les meilleurs portaient l’espoir qu’on puisse régler la société suivant une codification, résumée en un Code qualifié de Civil dans la république. La promesse de la cybernétique est de porter ces appareils au degré d’une l’intelligence nécessaire à la démocratie. Avant de l’admettre politiquement et en masse, l’extension à une vitesse prodigieuse de l’Internet et de la robotique depuis l’époque de Wiener aura certainement bientôt réveillé les psychologues et la psychanalyse pour y reconnaître l’adjuvant caractéristique de la personne psychique moderne s’étant établie sur la base ultérieure et en progrès du Complexe d’Œdipe.

V3C1.30.10.30
Le quatrième élément de l’Ethique

A ce degré post-narcissique et post familial, sans rien renier pour autant de son passé, la personne et sa société arrivent au terme d’un processus qui fut nommé son cours durant : civilisation. L’abîme franchi entre psychologie individuelle et collective destine la société et la personne à s’ajuster l’une à l’autre et avec un même environnement, autour d’un appareil cybernétique planétaire, lui-même reflet et ‘ digne représentant ’- comme on dit en langage courant – de la capacité d’invention humaine.

Appréhendée du point de vue le plus large qui soit, cette dignité est à ranger à côté des qualités qui font qu’une espèce, selon les lois darwiniennes, évolue et progresse. Elle traduit cette capacité de la reconnaissance de l’autre ou de l’environnement qui puisse en retour le reconnaître, les conditions de la survie globale étant au prix de cette reconnaissance, double et réciproque. Mais en terme darwinien une espèce n’évolue pas tant qu’elle disparaît au profit d’une autre mutante qui la dépasse ; cette vue opte pour une reconnaissance soit d’une rivalité, soit d’une altérité. Mais le cas de la réciprocité est quelque chose qui n’est pas bien assimilé ou qui n’entre pas dans la théorie darwinienne usuelle ; elle produit une capacité d’invention qui n’est pas tant concernée par le dépassement d’un autre que par ce qui permet la stricte adaptation sans qu’intervienne une logique du signifiant..

Généralement notre relation à l’environnement est naturelle ; on la dit aussi ‘analogique’. En atteignant les lois de l’Evolution on la dit : ‘symbolique’ (le signifiant et son sujet). Ensuite la dignité de l’invention prête à l’appareil inséré dans l’environnement l’aptitude d’identifier son concepteur en terme de ‘personne’. Cette reconnaissance implique l’idée qui n’est pas spontanée – qui est celle que l’appareil cybernétique a besoin de connaître la personne humaine . On croit généralement qu’il suffit que ce soit la personne qui ait la connaissance de son produit, mais dans l’ordre des interactions avec l’environnement, on doit qualifier d’invention ce qui dépasse, surprend et dépareille l’historique naturel des interactions. Ainsi le savoir personnel de la cybernétique. Pour que cette ‘personne’ pareille à nulle autre y corresponde, c’est une relation ‘numérique’ qui est requise ; elle répond de la cybernétique et son chiffrage. Cette relation chiffrée est tout à fait concrète et radicalement différente de la relation imaginaire à laquelle le symbolisme était parvenu. L’invention de la cybernétique fournit à l’analyste et à l’analysant autre chose que ce qu’ils peuvent imaginer, en établissant la psychanalyse elle-même comme la disposition à recevoir ce que la cybernétique invente lorsque l’être humain en est digne, à savoir la personne qui couronne son individu.

C’est pourquoi j’ai choisi pour titre de l’ouvrage une allusion au synthétique. Par assonance, l’Ethique vient se joindre à l’outil qui appareille le sur-régime de l’invention dans le cours de l’évolution. Quand une espèce est capable de concevoir et d’introduire dans son environnement des éléments totalement étrangers – tel que l’essentiel des transformations de la matière première que notre industrie produit actuellement et surtout depuis un siècle, la conception de personnalités numériques est ce qui culmine au catalogue de notre production industrielle. Pour que cette notion soit admise par la plupart d’entre nous, si surs d’avoir un moi comme personne, il faudra être déjà arrivé ! Mais pour les quelques personnes qui se garantissent plutôt d’intelligence, la brève allusion aux temps très anciens, où des textes que l’on dit encore sacrés s’épelaient à égalité avec des chiffres kabbalistiques d’alchimies, leur aura rappelé que la formation de la personne était bien en cours depuis que nous sommes en ce qu’on appelle, comme on nomme un processus : en civilisation.

V3C1.30.10.40
Inhibition active et Synthétisme

On comprend donc la nature – ou plutôt l’extra naturel, pour ne pas dire, comme les plus pessimistes, le ‘contre-nature’ – de ce qui matérialise le 4ème élément qui s’ajoute aux trois termes déjà désignés du Complexe d’Œdipe [nommés A,B,C figC1.85], ou, autrement dit, de la cellule familiale humaine. Pour revenir alors à la psychanalyse qui, en première apparence, moins que toute autre technique eu égard à sa simplicité voire son dépouillement instrumental, semble détachée de toute la technologie moderne, artificielle et synthétique, nous sommes portés à voir en quoi elle est concernée. C’est ce détachement-même qui donne l’indice :

Ce avec quoi la psychanalyse va devoir compter pour soutenir la maturité jusqu’au-delà du Complexe d’Œdipe est sur la rive de la psychologie sociale, et correspond au sein de l’organisme humain, au 4em élément, extérieur, inventé, quasiment hétérogène à la nature.

A partir de cette identification, on peut réfléchir à ce à quoi elle (et ledit 4em élément) correspond du côté « intérieur » de la personne familiale :

fig.C1.85 : Chiasma de l’inhibition active
(quatrain  [fig.C1.20] à G) et correspondance du
4em terme, dit Lapareil [C3.20.40.30] à l’extérieur.

Dans l’ordre de la réflexion psychique, pour qu’un être biologique puisse identifier une substance, un corps ou un phénomène qui le concerne, le stimule ou lui manque, il est nécessaire que cet être puisse y trouver une correspondance en lui-même. Comme en l’occurrence la matière et la production synthétique manque, à l’extérieur, de correspondance avec son propre environnement, la longue observation que nous avons détaillée depuis l’expérimentation NASA, offre l’hypothèse que le chiasme pourvoie, entre le cérébral et le somatique, ce processus intermédiaire, étranger au corps mais qui sous-tend sa réflexion et même son langage. Nous sommes donc menés à identifier l’inhibition active – qu’on nomma dans le passé frayage paresthésique – pour ce qui fait dans le corps de la personne humaine sa correspondance organique à la cybernétique environnementale.

V3C1.30.15
Franchissement de l’illusion

A présent que l’énigmatique quatrième élément [C5.10.10.30-] et le synthétisme ont été reconnus au bord de l’abîme qu’il faut franchir, il convient de former une sorte de résumé de la position présente et acquise en vue d’engager la suite du chapitre et conclure son franchissement.

V3C1.30.15.10
L’engrame et son correspondant

La psychanalyse promue à l’ère cybernétique aura dépassé l’aliénation par laquelle elle passa tant qu’elle restait engloutie dans le traitement de la relation imaginaire qui aura assisté aux étapes de son évolution. Sortie de ce rêve, elle a à faire avec ce qu’on appelle un chiasme, un croisement plutôt que relation. Les étapes des observations et du raisonnement qui aboutissent à cette déduction se signalent par les termes et les organes dudit chiasme où nous avons trouvé l’opération dite d’inhibition active.

Ce chiasme ‘dans’ l’organisme relève de la cybernétique ‘hors’ de l’organisme. Le trio accompagnateur de ce représentant à l’intérieur de l’organisme, est composé de la parole subvocale, que l’on peut se figurer comme un écho ou encore nommer globalement une expression subagie. Deuxièmement, pour produire son alternative au monoïdéisme extensif, la psychanalyse porte l’accent sur la commande. Ce second élément est soutenu par l’assistant de l’expérimentation NASA. En l’absence de cette assistance extérieure, l’origine de l’écho peut être attribuée à une pure Autorité que la psychanalyse nomme : Surmoi avec une capitulation pour résultat – ou autrement à la pure Idée; dans ce cas, on l’attribue traditionnellement à un Idéal – avec l’aliénation pour conséquence.

Soit commandée par altruisme, soit soumise au Surmoi, soit séduite par l’Idéal, selon ces fantasmes la ‘personne’ troisièmement va provoquer en elle la sensation, subvocale ou subagie, utilisant une fonction corporelle analogue à un résonance sur le corps ou l’organe vocal, tendu comme une citerne ou une cuirasse ponctuées ou constellées de mémoires gravées ou engrames qui renvoient en écho les sons ou les images dans son espace cérébral, nommé par analogie dans les anciens temps ‘caverne’ ; cet écho est la parole subvocale (ou geste subagi) à laquelle la boucle revient.

On découvre que cette boucle est la première :

V3C1.30.15.20
Subsistance organicisme

Seul l’altruisme en ces modèles concurrence le monoïdéisme extensif où la régression narcissique s’est réfugiée. Dans sa version moderne ce monoïdéisme devient linguistique ; mais à cette extrémité il se réouvre à la possibilité du cybernétisme. Au lieu de l’interprétation, de concentration transférentielle et taux chimiques, la psychanalyse qui emploie les formules cybernétiques explique la pensée par un croisement de facteurs intelligents et non moins redevables de la chimie. Ce qui fut la capitulation de la psychiatrie ouvre alors cette dernière à la psychanalyse.

Celle-ci y fait retour. Elle quitte son refuge où matrice elle-même devenue toxique ou trop étroite, pour revenir dans le lit de ses origines [fig.C1.30] : l’extérieur dont elle ressortait et où ne restait que le commandeur.

Déjà au motif de la commande De Clérambault désigne alternativement la même place d’un assistant provocateur et la directe provocation chimique de la drogue (éther, peyot, haschisch à l’époque de De Clérambault ; largactil, dopamide, etc.. à notre époque actuelle).

Nous arrivons au point où une seconde boucle se ferme ; après avoir recueilli les lumières de la psychiatrie française, éteintes dans la psychiatrie actuelle qui fait de la chimie son seul motif, la psychanalyse dotée des formules cybernétiques y revient comme la pratique la plus sérieuse et instrumentée à l’abord de la pathologie mentale ou comportementale. Pourtant elle ne sera pas reconnue par la psychiatrie si elle ne compte pas également pour sa garantie, la reconnaissance de son aliénation. Pour obtenir cette reconnaissance l’emploi d’une allégorie est nécessaire, qui puisse permettre de soutenir l’imagination requise à la démonstration finale :

V3C1.30.15.30
Fable de la brique

V3C1.30.15.30.10
Capitulation dans l’emprisonnement citadin

 

Si nous devions découvrir l’Inconscient comme un démon farceur, comme des traditions l’ont éternellement suggéré, par Hermès, Thoth et autre divinité se jouant des impotences humaines ou des suffisances des dieux, il ne dépareille pas que cette allégorie soit comique et farfelue. Il suffit qu’elle ait un peu d’esprit pour faire, de la farce la juste traduction de nos errances autrement perpétuelles. Mettons donc en scène une société dont la médecine des croyances, du moral et du comportement se soit résignée à étouffer les aspirations de ses malades, en capitulation à un régime d’Emprisonnement Citadin. Il est certain que dans cette société du Mur et barreaux d’avocats, quelques clowns feront les fous d’Ubu, rescapés d’une psychiatrie devenue l’Art de le Taper la Tête contre les Murs.

Aliéné autant que le Roi, son Fou n’aura d’ailleurs pas d’autre latitude que d’inventer un soin, une thérapeutique brillant de ne pas casser des briques ; et dans cette cité prison, quelques cabinets de psy chics offriront des séances de soins tout harnachés de protocoles extravagants. On peut imaginer qu’un des plus courants soit de se laisser, à l’entrée du cabinet, tomber une brique sur le pied. Ceci ne serait pas plus insensé que de porter des plumes sur des cheveux ou des cornets à la place du nez, d’autant que particulièrement symbolique en cette Cité de Prisonniers où l’on consulte parce qu’on n’y prend pas son pied.

La suite coule de source une fois le rituel acquis : sans plus y penser le malade et son psy pourront analyser, le premier, exaspéré du pied, déclamant des lamentations au bord du jurons, jets d’ivraie et gémissements, appelant à la tendresse ou au désir de l’autre qui ratiocine sur ce qu’il peut bien vouloir dire.
Il n’est pas nécessaire que la brique soit bien lourde pour que, séance après séance, bien lâchée et sans pansement pour ignorer sans le faire voir, cette part du protocole devienne en vérité un motif accessoire tenant place essentielle de la santé mentale - du moins l’aura-t-on quant à nous sains d’esprit compris, car en la Cité l’ignorance de son fait aura entretenu au cœur de la méthode la tête ailleurs, transférée.

Maintenant, si cette scène peut servir à quelque chose, elle aura permis de se faire une idée de l’importance qu’aura pu prendre, dans l’histoire de la psychanalyse l’inattention portée à un fait objectif : une manipulation ni plus ni moins matérielle qu’une brique. Il s’agit d’une opération et son traitement portés sur l’inhibition active. Ils auront présidé un siècle durant au protocole de la psychanalyse sans avoir été autrement considérée que comme un artifice protocolaire, dénué de causalité. Comme si la brique sur le pied ne devait pas produire d’effets neurologiques... comme si laisser tomber la tête sur l’oreiller du divan était sans effet sur l’inhibition active du tractus vocal et ses fonctions connexes de la verticalité.

V3C1.30.20
D2V – chiffre de la pulsion

La fable de la Cité Prison qui met en scène l’unité de construction de ses murs (la brique) à l’usage du protocole d’introduction à sa thérapeutique, va permettre une théorie aboutie qui, non seulement prend acte de la neurophysiologie découverte du Quatrain, mais tient compte de cette structure quadripartite de la pensée, aussi altérée peut-elle être par la position du corps. A l’image d cassage de pied au fracassage de tête mis en scènes, au témoignage par la psychanalyse, est déclarée la ‘mise en position de deux corps’ (l’un allongé, l’autre assis) au protocole de la séance.

V3C1.30.20.10
Effet neuro-physiologique de la suspension de cuirasse

Le système à quatre coins de la pensée oscille suivant l’équilibre de chacun influencé par les trois autres. Le coin qu’on dénomme ‘cuirasse’ ou corps somatique est une armure articulée ; ses segments sont nommés ‘engrames’. Ce sont des phénomènes principalement musculaires , tendineux ou vasculaires. Freud les a étudié à l’époque où on y voyait des symptômes de l’hystérie : rougeurs, irritations, contractures, raidissement, ou au contraire paralysies, etc... Il y lut les stigmates de notre façon de nous comporter au regard de l’autre, traduisant la communication, ses retenues et ses signes dans le milieu social. Ces maux affichent un code chiffré, porté par le corps comme un habit ; ils ‘exposent comme des lettres ou des hiéroglyphes de l’inscription d’une personne dans la psychologie collective. Quand leur lecture est tournée vers l’intérieur (‘écho’, parole subvocale..) ces engrames nous permettent de nous imaginer cérébralement sur la scène des fantasmes ; ce sont alors les paroles et comportements subagis de notre psychologie individuelle. Après Freud, Reich les a interprétés moins symptômatologiques de névroses mais plus largement comme des traits de caractères. A partir de cette interprétation, il s’agit de toute l’architecture physiologique dont le corps s’est armé, principalement durant la conjonction où la vie sociale est intimement combinée aux nécessités de se mouvoir et s’exprimer debout, respirer en position verticale, tenir sa tête et ses sens éveillés ou au contraire les assourdir dominés, étouffés etc… La sommation des engrames, ‘cuirasse caractérielle’ de WR est l’histoire de la verticalisation de l’humain, qui succède à sa foetalisation ayant duré neuf mois en l’apesanteur du flottement intra-utérin.

La thèse du psychiatre de De Clérambault, duquel Exode en psychanalyse Jacques Lacan fut le guide pour l’établir dans la psychanalyse, signifie que tant la parole subvocale que les comportements subagis, ces résonnances cérébrales sont des échos répercutés de cette cuirasse musculaire qui s’est par parties sclérosée pendant qu’elle réglait d’une part la verticalité dans le champ gravitationnel et en même temps la communication participante de la société humaine. Ces zones sclérosées servent de souvenirs engramés mêlés à la trame de la verticalité, et on comprend ce que libère la mise au repos du corps sur un divan, modifiant le tonus de cette cuirasse forgée au champ de la force de gravité. La suspension de la cuirasse, le détachement des engrames et de la gravité, vont occasionner un bouleversement des coordonnées des trois autres coins que sont l’inhibition active, la commande, et les paroles ou comportement subvocaux et subagis.

Par le simple fait de s’allonger, nous sommes en présence de la plus anodine, et la plus oubliée des prescriptions protocolaires de la psychanalyse pour les effets qu’elle produit. Le décubitus dorsal, d’autant que combiné à la tranquillité de l’environnement, conduit généralement au sommeil et au rêve. Il est tout à fait important que durant un siècle de cette grande épopée scientifique qu’est la psychanalyse, on n’ait porté aucune attention au phénomène neurologique résultant de s’allonger, mettant au repos toute la musculature de la verticalité et de la mobilité – amollissant la ‘cuirasse’ d’engrames et sa résonance en tension –ainsi que l’essentielle de la respiration et de l’étirement du cou qui soutient le tractus vocal. D’habitude, nous parlons toujours debout et en relation sociale. Si quelqu’un mangeait sans mâcher, un gastro-entérologue en tiendrait compte ! Parler sans tenir du moins la tête verticale n’est pas moins singulier. Or les psychanalystes n’ont jamais interrogé les neurologues sur les effets linguistiques de cette position.

Ce n’est peut-être pas par hasard que ce soit la NASA qui ait eu la primeur des occasions de présenter ce qui prouve l’exactitude de la théorie de De Clérambault. La proximité et l’observation de cette entreprise pour la conduite d’opérations en apesanteur l’a certainement approchée de quelque intuition à faire état des effets d’une modification du tonus du corps sur la pensée. Historiquement il est notable que ce n’est pas dans le sens d’une meilleure connaissance de l’Organicisme que la NASA a orienté ses déductions. Ses préoccupations sont plutôt de retenir les astronautes de penser et de les astreindre à piloter des machines en suivant des ordres sans réfléchir. C’est pourtant sur la base d’une tradition d’expérience sur l’apesanteur que cette agence spatiale a découvert et fourni, sans le vouloir et sans s’en rendre compte, la confirmation de la thèse de la psychiatrie française, qui pressentait que les pensées, ou du moins les hallucinations, étaient un écho, reflet de ce que le corps émet – soit par provocation de commandes suivie du va-et-vient subséquent de l’inhibition active, soit par ce qui y est stocké comme mémoires engramées et également provoqué selon l’autre effet de la même inhibition active sans commande.

La désafférentation gravitationnelle et l’Expérimentation NASA, un siècle après le début de la psychanalyse freudienne, ont jeté une lumière sur la clé protocolaire la plus négligée que constitue l’usage de la position allongée pour réaliser une séance de psychanalyse.

La prescription « allongez-vous » , comme pour ne pas dire « laisser tomber » appelle à la fable de la brique symboliquement lâchée dans le cabinet de la Cité des Murs et de ses prisonniers. Elle avertit combien une révélation si simple peut rencontrer d’incrédulité et de négligence réitérée. Dans la ‘Cité’ où la psychiatrie a capitulé, il n’est pas entendu que le protocolaire «laissez tomber ! » soit le génie du fou légendaire qui crie « le roi est nu ». Savoir que la brique lâchée sur le pied est le chiffre, le code de la prison ; et sa libération contrarie L’Art de se Taper la Tête contre les Murs en lui retirant sa couronne. Quant aux artistes de cette Cité, ils croient qu’elle sert de casque. Aucun prisonnier n’osera croire que c’est cette chute qui lui fait dire la vérité. Le Transfert également couronne le refoulement de la psychanalyse. Aucun psychanalyste n’aura voulu céder face à la désignation sans fard du mécanisme qu’il coiffe.

Pas plus nombreux n’y aura-t-il eu d’analysants ne songeant qu’à parler aux murs (quoique ça arrive), en attendant que le psychanalyste sorte.. parce que personne ne veut croire que notre souffrance ne parle qu’à des machines en attendant. Dans l’histoire de la psychanalyse, il faudra un peu plus de force que ces quelques paragraphes pour assurer visiblement la cause cybernétique. Mais nous avançons à grand pas ; nous pouvons entrevoir que la cause freudienne se réduise à un mécanisme organique. L’étape est analogue à celle de la médecine découvrant que telle maladie, la peste par exemple, avait pour cause un vibrion, bacille de structure organique et non pas une humeur éthérée.

Pour commencer il est donc primordial de préciser et dénommer la nature – non plus de cette brique allégorique – mais du facteur qu’elle signifie et qu’utilise la psychanalyse. Pour le dire bref : Quel mécanisme organique est en cause dans la psychanalyse ? et s’il en est un, quel nom donner à ce facteur matériel et objectif, ou sinon quel chiffre, quel code ? Pour jeter notre visée au plus loin : Qu’est-ce qui altère spécifiquement la pensée, au vu des expérimentations suivant lesquelles la pensée pilote une machine ? Et quel dispositif rendra cette altération saine à répondre aux machines intelligentes ?

V3C1.30.20.20
Un accessoire D2V

Le protocole qu’employa la psychanalyse, était préalablement usité pour recueillir le sommeil hypnotique. Il fut conservé par habitude et sans autre raison consciente. Il met dès lors en scène un dispositif selon lequel :

Premièrement : l’un des participants, celui qui parle, autrement dit l’analysé aussi nommé ‘analysant’, est allongé sur un divan, en décubitus dorsal. Sa tête au repos, son cou est libéré des astreintes de la verticalité. Le tonus du corps et des soutiens du tractus vocal a relâché toutes ses composantes et compositions de la vie quotidienne et relations sociales qui sont usuellement tendues pour se tenir droit, parler haut et régler ses yeux sur son mouvement, tendre l’oreille etc.. mais aussi pour quantité et nombre incalculable d’engrames, blasons ou segments cuirassées sont mis dans une tension toute différente de celle des circonstances quotidiennes et sociales vis à vis de leur résonance et subséquemment leur écho dans le processus de l’inhibition active. En l’absence de commande, contexte gravitationnel et implication sociale, ce lot de mémoire engramée trouve à se signaler en paroles subvocales et comportement subagis dans une occasion singulière et scientifiquement analysable.

Avec le désigné ‘psychanalyste’ le protocole redouble l’intensification de cette disposition propre au décubitus :

Deuxièmement à la tête du divan de l’analysant le fauteuil de l’analyste ajoute la position de l’autre participant, celui qui écoute et qui, lui, tend l’oreille, garde la tête droite et si possible ‘sur les épaules’. Celui-là est dans l’attitude systématiquement inverse au point qu’il caricature le tonus de la verticalité : il ne dit rien de moins que réfléchi, reste généralement silencieux, à l’écoute et en attente. Il entretient ainsi activement l’inhibition qui rigidifie ses engrames au point d’éprouver la sensation de flotter en les oubliant. C’est donc un autre conditionnement, tout à fait organique et également caricatural, qui append au quatrain allongé, décrit précédemment « en attente d’une provocation extérieure qui satisfasse une économie environnementale » (voir 1.20.30.20.20) – en l’occurrence ladite ‘provocation extérieure’ étant le lapsus, le rêve, c’est à dire une émanation d’engrame pure qui lui parlera – troisièmement au bénéfice des économies de conscience et de santé.

V3C1.30.20.30
Tiens-tient.

Lorsque l’on peut typifier les pôles d’une relation – un décubitus dorsal vocalisant à travers une inhibition active relâchée et une verticalité qui accentue son inhibition active – on trouve peu de situations de communication plus contrastées. Durant la psychanalyse, tandis que l’un libère la résonance en lui de ses engrames réfrénés, l’autre au contraire attache son corps et tout ce qui agite sa vie quotidienne dans la posture du refoulement d’engrames. Il s’agit du comble de l’exploitation du critère organiciste de la pensée. Or, puisqu’un siècle durant l’homérique épopée de la théorisation de l’Inconscient, cette contention n’a pas été ni soulignée ni même consciente, elle ne peut pas retenir l’observateur de se dire : « tiens tiens... cette méthode recèlerait-elle un soupçon de cause organique cachée dans une évidence trop simple et éclatante ?».

Edgard Allan Poe, Conan Doyle et Jacques Lacan ont analysé cet éblouissement de ces évidences trop simples en l’exemple des effets de la lettre ajoutée au milieu des traditions orales. Après l’un qui auteur de La Lettre Volée et l’autre auteur d’ Un Scandale en Bohème, avant d’y voyager au cours d’ultérieurs chapitres, exploitons à ce tour le « tiens tiens... » du soupçon au milieu de l’industrie de la parole freudienne:

fig.C1.90 :Ulysse & sirène

En modifiant un peu l’orthographe, cette relation contrastée oppose un ‘tiens‘ horizontal adressé par l’un à l’autre qui se ‘tient‘ vertical. C’est le « tiens ! écoute» qu’Ulysse entend sanglé au mat qui le tient. Certaines lecture verront une sorte de tantrisme, d’autres simplement que ces extrémités opposées inverses de l’inhibition active forment le Chiasme précédemment décrit, en protocole qu’illustre la brique rituelle de fable de la Cité des Prisonniers.

Cette unité combinatoire qui croise horizontale analysante et verticale psychanalyste est la Croix Tiens-Tient qui se fond dans les conventions, disparaissent dans leur grisaille. Elle occupe des cabinets de psychanalystes qui n’y font pas plus attention qu’aux briques de leurs murs. Mais ceux-là qui ignorent que les murs ont des oreilles ne doutent pas d’avoir des oreilles d’ânes ! car de la cure à l’écurie automatisée des élevages modernes le psychisme ne s’éteint pas sous la surveillance civile qui robotise la culture quand c’est pour la rendre intelligente.

Il faudra certainement qu’Ulysse à son retour sonde l’état de sa cité : surveillance, filtrage, écoutes.. dès les premiers micros dans les murs des ambassades la psychanalyse aura pu couvrir l’alibi de Hadopis et autre Cyber Murailles. On sait qu’elle aura ainsi prêté main forte aux listes des codes de la psychiatrie monochimique [C1.20.30.20].

La psychanalyse aura donc livré ses briques ‘Quiès’ à la construction de la Cité Prison. Au cas seul où la découverte d’Ulysse aura été celui de la science, il contemplera cette capitulation en sachant que cette unité sociale ‘tiens-tient » peut être écoutante et parlante.

Cet analysant allongé et cet analyste assis – parfois debout comme certains aiment faire – sont à deux, l’un et l’autre, sujets de ce que la cybernétique de De Clérambault à Lacan a formulé en quatrain. Mais nous ne l’avons jusqu’à présent évalué que dans la fiction d’un individu seul, à peine relié à l’extérieur par la commande d’un ‘assistant’ facultatif. Dans la situation psychanalytique, nous trouvons deux fois le quatrain pôle à pôle. La structure d’une brique en est d’autant mieux indiquée. C’est le moment de signaler le schéma initial et complet de la pure cybernétique lacanienne :

fig.C1.100 : Modèle Cybernétique aut. J.Lacan

 

Il présente la forme d’un cylindre, dans lequel un rectangle se fond, comme la ‘brique’ dans le cabinet psychanalytique de la fable. Pour la faire apparaître plus visiblement, remplaçons chacun des quatrains [fig.C1.20] que les deux larges cercles du cylindre figurent, par l’équivalent schéma croisé nommé schéma L [fig.C1.40].

 

fig.C1.105 : Structure spéculaire de la cybernétique

 

Ces deux cycles sont devenus les deux extrémités rectangulaires de la brique. A gauche nous pouvons imaginer le rapport de l’engrame qui fraye l’inhibition active en l’absence de commande externe, relié à droite au rapport de l’écoute qui inverse ce frayage pour inhiber l’engrame. C’est dans le premier cas l’analysant et dans le second l’analyste, réciproquement apposant l’un vis à vis de l’autre leur distinction d’un quart de tour puisque croisant en horizontalité & verticalité. Du coup il s’agit d’une brique qui a subi une torsion [V2C2.0.20.10 ; fig.C3.65].

C’est du fait de cette relation tordue, par deux inhibitions actives chez l’un et chez l’autre inversées que cette unité sociale, elle-même et à elle seule parle et écoute. Ce qui " parle & écoute " est le moi qu’on écrit généralement avec un majuscule "Moi" ; nous découvrons qu’il s’agit de l’unité sociale effective dont les quatrains sont faces. Elle est autonome et, sans autre relation, volontiers tombe et ne sert à rien. Elle est alors la complaisance narcissique du transfert que l’on trouve en vrac, au fond comme la mémoire de l’oubliette, l’abîme entre psychologies individuelle et collective. Mais comme dans la construction d’un mur, une brique porte un tout nouveau sens, lorsque pareilles unités sont associées en psychologie collective elles formes un alliage particulier avec l’Intelligence Artificielle. Tel est notre horizon.

Le double-quatrain entame son destin lorsqu’il s’associe en nombre. L’unité (brique) peut construire un mur ou une autre sorte de paroi ; une alternative se présente alors : si l’aliénation fait de ce mur une nasse aussitôt infranchissable que traversé(e), c’est la psychanalyse aliénée qui retient en elle-même l’introduction de ce que Lacan y a porté en provenance de la psychiatrie. Mais fut-elle labyrinthique, elle offre une issue lorsque son unité de construction est également une clé. La clé est un chiffrage que l’on pianote comme un mot de passe – ou que l’on formule. Il convient alors de la choisir. Nous en avons la description «décubitus dorsal, vocalisant à l’adresse d’un semblable mais vertical. » C’est le moment d’en formuler le chiffre.

V3C1.30.20.40
Le chiffre

Au sortir de l’aliénation – de la psychanalyse en l’occurrence – la connaissance retrouve ses origines. Elles se sont transformées entre temps. Il s’agit de la psychiatrie made in USA qui – tout Organicisme déchu - est devenue une véritable pelote de code [C1.20.30.20]. Aujourd’hui un diagnostique psychiatrique chiffre des comportements et n’a de réalité que statistique. Le psychiatre qui réfute un attribut de ‘thérapeute’ suit un Manuel de Diagnostique Statistique, c’est à dire un chiffrage  comme YZOH-GDT en DSM-V ou HDIEH3U en CIM20. Il existe des variations HUGYTD et HUGYTA aux nuances subtiles ; le premier signifie une crise de larme en ville, le second la même en campagne. Ce sont des exemples inventés en fonction du DSM en vigueur – en voilà un nouveau : HDEHRUYZEETEGSF. Un chiffre ne signifie rien mais réussit là où le signifiant s’empêtre. C’est d’abord une manière de rappeler aux psychiatres tentés de l’oublier que la maladie mentale est une chose abstraite. Ensuite, à l’exploit des statistiques, c’est le moyen de commander la molécule chimique sur mesure qui répondra au code avec une précision approchant l’idéal. Tel est l’état de la médecine du mental. La maladie elle-même est passée aux oubliettes, dans le gouffre susdit entre psychologie individuelle et psychologie collective. Elle doit ressortir par la psychanalyse ; en l’occurrence réintégrer un milieu qui ne fonctionne plus que par codes. Réfléchissons à l’hypothèse, au cas où l’épopée homérique de Jacques Lacan en psychanalyse reviendrait se faire reconnaître avec succès en psychiatrie. Nous rencontrons un ultime vertige :

Une critique fait objection à la scène entière de la psychanalyse qui prescrit que ce patient allongé parle à voix haute pour dire ce qu’il entend ou pense. Si l’on sait que l’analysant sur le divan entend dans sa tête une parole subvocale affectée de son décubitus, il demeure qu’en émettant à voix haute ces idées plus ou moins sensorielles, le délicat quatrain à leur cause est immédiatement perturbé par la stimulation active qui commande au tractus vocal. Nous retrouvons le nœud du monoïdéisme et sa collusion précédemment analysée ; c’est en pratique un embouteillage de la pensée constamment ressenti par quiconque s’est jamais exercé à la psychanalyse. Or du moment où la technologie issue de la NASA est à disposition des usagers de cette méthode, cet embarras serait éliminé si l’analysant s’équipait de ces capteurs de signaux du tractus vocal, permettant qu’un système informatique le décode et prononce à sa place, d’une voix synthétique ce que les engrames n’avaient jusqu’alors libéré que dans sa tête. Nous serions arrivés à la lecture de la pensée et à sa vocalisation synthétique. Nous pensons que ce stade sera probablement finalisé dans un futur proche. La critique réclamerait donc qu’on se précipite sans attendre dans ce futur à portée de main où par voix synthétique, écho sans perturbation du corps malade, sans que le patient n’ait même plus à parler, un soin à distance téléphonique par le psychanalyste devienne la règle.

Dans un futur pas beaucoup plus éloigné, ce sont des logiciels de reconnaissance vocale qui ajouteront l’interprétation au synthétique écho de la cuirasse engramée. Non seulement le patient ne parlera plus, mais il n’y aura plus besoin de psychanalyste. L’ordinateur sera alors proposé pour effectuer à lui seul la psychanalyse. Cette dernière éventualité réalise ce que Jacques Lacan aura prophétisé en son premier article de ses Ecrits. Aujourd’hui elle n’est presque plus science fiction. A ce propos, la NASA a ouvertement déclaré qu’il s’agissait de son programme (en vue de pilotage et sauvetage en cas de situations particulières de vol spatial) ; mais c’est ici que la psychanalyse en attente concurrencera le pur projet synthétique avec l’Ethique sainte, d’y réintroduire l’être humain adapté, préparé, disposé à répondre aux substances nouvelles qui, à priori le dépassent et dont sans nouveau code il perd le contrôle.

C’est pourquoi je pose le chiffre qui répond de l’objectivité que nous avons redécouvert au principe organiciste du traitement de la pensée et de la parole. En prenant les initiales du protocole dépouillé, réduit à sa cause effective, le « Décubitus Dorsal Vocalisé, vers le semblable Vertical » offre l’acronyme DDVV, lequel simplifié en sigle, D2V, est le chiffre indicatif de la psychanalyse, adapté à la méthodologie psychiatrique.

La proposition est alors sérieuse au Comité du Chiffrage du DSM d’inclure à la liste de ses comportement le générique D2V.

V3C1.30.30
Neurosciences et Cybernétique

Un ordre dynastique, Louis 1er, Louis 2nd , 3em etc.. ajoute la casuistique d’une série dans la culture humaine. A cet exemple, un chiffre introduit dans un texte le dote d’un axe de coordonnées. Le D2V n’a pas de signification, il a une fonction et révèle en psychologie collective une dimension qui résidait inapparente et inconsciente avant son indexation. Cette inscription dans l’ordre des facteurs scientifiques est utile :

Le chiffrage d’un facteur actif dans une procédure, présente un progrès et des avantages indiscutables. Il interdit qu’on refoule une chaîne de conséquences et prévient de la régression.

Imaginons des ingénieurs qui ignoreraient qu’un avion vole grâce à un appel, par un effet de succion qui aspire l’avion vers le haut plutôt qu’il ne surfe en prenant appui sur l’air. L’industrie de l’avionique – cas de le dire – ne décollerait pas. Semblable est la situation de la psychanalyse qui, ou bien ignore le phénomène neuro-physiologique logé dans son rituel, ou bien opère en connaissance du D2V. Dans le premier cas la psychanalyse sera une méthode de notions magiques ; face à un problème insoluble le psychanalyste fera appel à une relation imaginaire qu’il nommera transfert. Dans le second elle saura exploiter les facteurs efficaces – en l’occurrence concentrer le principe de la cure sur le primordial, voire seul, élémentaire principe que la croisée décubitus-verticalité résume de la parole et de l’écoute psychanalytique.

La comparaison va plus loin. Même si la dynamique des fluides ne concerne que l’avionique, l’entreprise aéronautique qui résulte, déborde et couvre d’autres domaines, sociaux, économiques, scientifiques etc.. Ainsi l’identification du chiffre ou du facteur actif en psychanalyse ne s’arrête pas à reléguer le transfert à quelque chose d’aussi secondaire que le traitement du mal-de-l’air. L’identification du D2V apporte assez de rigueur pour affréter l’effectivité de la psychanalyse dans le domaine socio-économique qui l’environne.

J’ai de nombreuses fois fait usage d’analogies. La raison en est que l’effraction d’une coque de croyance n’est pas possible par le simple raisonnement. C’est par un jeu d’images et de comparaison que l’on peut se réveiller de la transe que la pensée protocolaire inflige à la raison. Pour se développer dans son environnement la psychanalyse comme le rêve doit secouer la torpeur par l’image puis en sortir comme d’une nasse par une clé. Le rêveur s’éveille activé, porté à des comportements par son code génétique adapté à son environnement. Occasionnellement il trouvera une matière dure, inerte et synthétique comme les premiers appareils cybernétiques. Soit elle lui sera inassimilable, soit il aura gagné un chiffre légué par son rêve comme la psychanalyse est un rêve venant au jour qualifiable d’Appareil Age.

V3C1.30.30.10
Restitution à la psychiatrie d’une psychologie collective

L’adaptation trouvée, décrite et chiffrée entre le traitement de la pensée, du côté de la personne d’une part et d’autre part du côté de la cybernétique, c’est à dire de l’Intelligence Artificielle, réalise la prescription par Freud de franchir l’abîme qui sépare la psychologie individuelle de la psychologie collective. La psychanalyse à ses débuts n’avait pas les outils pour s’appliquer comme aujourd’hui à l’indice des codes. Elles les a gagnés graduellement par l’assimilation de l’Organicisme psychiatrique. Avec un conclusif apport technologique (NASA), elle s’affirme en connaissance d’un facteur opératoire, désignable (D2V). Une fois qu’il est doté de ce chiffre, son domaine individuel initial devient apte à se coordonner au chiffrage comportemental de la psychiatrie. Sans ce code la psychiatrie est comme le rêveur, génétiquement adapté à son environnement naturel mais auquel manque la correspondance synthétique.

Avec le D2V, l’organicisme retrouvé de la psychiatrie élève son comportementalisme à l’assimilation des règles cybernétiques qui font la loi de la psychologie collective dotée d’Intelligence Artificielle où elle se réveille.

V3C1.30.30.20
Un organicisme restant à sonder la génétique

Si la prescription de Freud peut scientifiquement s’appliquer, on peut espérer soulager l’aliénation de la psychanalyse à la manière dont on soulage l’énigme d’un rêve en l’interprétant. Cette aliénation avait persisté après la mort de Freud et durant la période lacanienne. Cet état de rêve, d’aliénation, adjacent à celui du sommeil, capitulation de la psychiatrie souffrait de n’avoir trouvé nulle part la connexion entre la pensée et la psychologie collective.

Cette connexion est vitale. Sans elle pensée et sociétés sont en relation imaginairement, idéologiquement distinctes et sans rapport. Leur seule réalité est monoïdéique inapte à réfléchir sur le miroir actif de la cybernétique. Par contre en connaissance de cette connexion à l’aide d’un chiffre, un frayage de l’Intelligence Artificielle est viabilisé.

Nous pouvons très bien ignorer tout cela. La relation imaginaire peut être plus séduisante, l’usage d’un ordinateur comme un marteau plus simple. Un soulagement des tensions, contraintes et aliénations internes présente plaisir et soulagement. Abandonner la psychologie individuelle pour la domination des administrations économiques et sociales est une perspective attirante. Dans cette passe la société doute de ce que signifie sa ‘globalisation’. Elle envisage la capture éventuelle, totale et tyrannique des populations par l’Intelligence Artificielle et les télécommunications, surveillances, conditionnement etc.. J’ai un jour appelé ce stade de développement de l’humanité celui de l’Homo Pouvoir… C’est un régime psychiquement confortable mais déplorable pour l’évolution. Pour soutenir cette opinion il faut au moins identifier l’objectif de l’alliance cybernétique entre l’individu et le collectif. Il s’agit d’une énergétique :

L’énergie pulsionnelle, depuis longtemps aussi dénommée vitale, est analysable. A l’école on récite que cette énergie est concevable en fonction d’une tension, d’une source, d’un objet et d’un but. C’est une bonne base. On la trouve ici. On comprend son fonctionnement en connaissant la tension à sa cause ; ici connue comme inhibition active. La source de cette pulsion a été ensuite reconnue par son chiffre (D2V).Une alliance est son objet: la cybernétique appareillant le rapport entre la psychologie individuelle et la psychologie collective. Il reste à définir le but de ces aménagements.

L’Energétique est principale de nos jours ; elle préside à l’écologie, à l’économie et même à la physique, la biologie et d’abord aux conséquences du psychisme. Quant à la cybernétique, son histoire jusqu’à présent s’est occupée à prendre connaissance de son étendue. Après qu’à ses origines on crut qu’elle ne concernerait que les machines, elle est aujourd’hui définie comme la science des relations et de leur contrôles, entre les machines et les êtres vivants. Elle s’étend du monde matériel et synthétique à celui du vivant et sur cette étendue explore les gammes des structures sociales, institutionnelles et civiles jusqu’aux structures biologiques et chimiques. Les ordinateurs chimiques et biologiques sont à l’étude et la démocratie directe est pour la première fois envisageable par réseaux informatiques. Fondée par N.Wiener à partir des mathématiques, c’est notre énergétique fondamentale. Dans ce contexte, ce chapitre nous a préparé à cette dernière remarque :

D’une part et dès le départ, c’est la stimulation chimique qui a présidé aux observations et conclusions de De Clérambault – peyot et haschich. Elle était parallèlement à l’origine de l’invention freudienne – cocaïne puis morphine. D’autre part la psychiatrie française a été remplacée sur son propre terrain, par le chimisme encore plus absolu de la psychiatrie statistique. Ces configurations préviennent que la tension par laquelle une domination par la psychologie collective sera débattue occupera le terrain de la chimie. Les 20% de population sous l’influence de tranquillisants psychiatriques montrent déjà que les moyens électroniques télévisuels et informatiques ne suffisent plus au contrôle des masses. Sans qu’il soit discernable s’il s’agit de propagande, les observatoires de santé menacent d’un raz-de-marée de suicide si l’on suspendait la production d’antidépresseurs ; cela confirme au moins l’importance de drogues licites. Or les principes de la chimie neurotrope sont dans la génétique : les hormones et encore plus les médiateurs synaptiques sont les médicaments essentiellement coordonnées aux caractéristiques et à l’action de l’ADN. En effet les diagnostiques basés sur les statistiques des comportements évoluent à présent vers les statistiques génétiques pour la prescription des traitements chimiques.

L’organicisme aura donc pu, de manière camouflée, se mettre à l’écart pour être temporairement sauvegardé dans le flou de l’aliénation psychanalytique. Lorsque la codification psychiatrique aura franchi le critère comportemental et qu’elle commencera de s’exercer en fonction des critères génétiques des individus et populations, le moment sera venu d’y réintroduire l’acte de la pensée cybernétique et la pratique du D2V en connaissance. Le temps d’avoir achevé cette phrase, j’aurai dû l’écrire au présent. Elle ouvre l’occasion d’approfondir la compréhension, les informations et le compte-rendu de l’expérience de la psychanalyse ; ce qui fait l’objet des chapitres suivants.

 

 


 

Dos de couverture Chap.1V1

 

Au cours de l’évolution naturelle des espèces, les organismes et leur environnement se sont génétiquement adaptés en connaissance réciproque. Les produits synthétiques rompent cet équilibre dynamique des lois naturelles ; ni la génétique de l’environnement ni celle des organismes ne reconnaissent ces nouveautés et pour la plupart y sont inadaptés. Des milliers voire de millions d’années laisseraient à l’évolution le temps de les intégrer, mais ce n’est pas un délai à la mesure desdits produits qui auront plus vite endommagé leur cause. Nous devons trouver le moyen pour que notre code génétique reconnaisse les informations et molécules nouvelles qu’il rencontre.

 

A cette fin une Ethique rassemble les règles de la gestion et de l’adaptation aux conditions de vie. Lorsqu’elle doit s’élever au degré des nécessités qu’imposent des facteurs inconnus, étrangers ou extérieurs à ses gènes et instincts, elle passe par la qualité de sainteté.

Un temps spécialité d’église, la sainteté prend l’air de la science.

En ce passage, pour procéder à une conduite adaptée dans un environnement génétiquement inconnu, un organisme place son engagement vital dans l’abstraction. Ce positionnement fonde et occupe le psychisme – abstraction de la vitalité qu’on dénomme autrement ‘réalité virtuelle’. Prenant position dans cet espace l’organisme devient une personne qui acquiert des facultés d’adaptation nouvelles. Ce procédé est complet avec son analyse ; l’analyse du psychique couronne la sainte Ethique.