ECOLE DES PARENTS Et DES EDUCATEURS
A l'attention de Mme TEMPERE
2 bis Faubourg Saint Jean
43000 LE PUY -EN -VELAY

Brives-Charensac, 9-janv-2004

Madame,
J'ai assisté à la conférence que vous avez donnée mardi 6 janvier sur le thème
" Séparation et Retrouvailles " et vos propos ont suscité différentes réactions et réflexions et
je souhaite vous en faire part.
.Votre discours théorique était construit et cohérent mais l'emploi de mots spécialisés et la
référence très fréquente à de multiples psychologues et chercheurs, ont souvent rendu vos
propos incompréhensibles à la plupart des parents qui avaient été largement invités à cette
soirée.
.De votre développement émanait un grand pessimisme sur la capacité des enfants à vivre
de façon constructive les différentes séparations qui jalonnent leur existence et vous avez
souvent décrit des vies d'enfants menacées de tous les traumatismes, troubles psychiques,
maltraitance possibles. Quel devenir pour ces enfants nés prématurés, gardés avant 18
mois ou ayant des parents carencés et se retrouvant dans des familles d'accueil !

N'y a-t-il aucune place pour la résilience dans votre réflexion ?
Or, qui était votre auditoire ? des parents, des professionnels de l'éducation, de la
santé, de la petite enfance avec notamment un grand nombre d'assistantes maternelles et de
personnel travaillant en crèche.
.A travers les questions posées par les quelques parents présents, nous avons pu entendre
quelle angoisse et quelle culpabilité vos propos ont engendrés (à la sortie, réflexion d'une
maman ayant un enfant handicapé « qu'est-ce que j'ai bien pu « loupé » pour qu'il soit
comme çà ? »
.De nombreuses assistantes maternelles étaient venues à votre conférence pour tenter, je
suppose, d'améliorer leur façon d'accueillir les enfants. Dans quel état d'esprit pensez-
vous qu'elles soient à la sortie de cette soirée quand elles vous ont entendu dire qu'il

fallait que les parents vérifient qu'il n'y ait pas de maltraitance quand l'enfant continue à
pleurer lors de la séparation ? et qu'est-ce que cela provoque chez le parent qui laisse un
enfant qui pleure tous les matins ? 

.Vous avez dit que les services de la justice étaient souvent coupables de séparation, 
mettant en jeu l'avenir des enfants. Lorsqu'une assistante maternelle, famille d'accueil, a
mis en cause les compétences des services de l' ASE, aviez-vous les éléments nécessaires
pour conforter ses propos ?
En tant que responsable d'un service petite enfance, j'étais venue assister à votre
conférence parce que ce thème abordé est une préoccupation qui traverse quotidiennement
nos pratiques professionnelles. Nous devons sans cesse chercher notre juste place dans cette
relation privilégiée mère/enfant et nous devons souvent accompagner et soutenir les parents
lors de la 1 ere séparation et bien sûr aussi lors des séparations et retrouvailles quotidiennes.
Cela nécessite professionnalisme, expérience ~~~ie-1-9~ités qui ~e_~~~9~v~t ~hez la
~upart des professionneIs"dëlâpetité enfa~ contrairement à ce que vous semblez penser.
Il est dommage que vous n'ayez pas vraiment abordé et approfondi des thèmes
comme :
-comment aider le bébé à vivre les séparations ?
-en quoi certaines séparations peuvent-elles aider à grandir ?
Heureusement nous rencontrons souvent des parents et des professionnels de la petite
enfance suffisamment attentifs et optimistes sur la nature humaine pour penser que les enfants
sont capables de grandir harmonieusement en vivant quelques séparations et quelques
frustrations structurantes. (Les séparations ne sont pas toutes des débarquements en pays
étranger rempli de tous les dangers). .,

Connaissant le poids des mots et le pouvoir des théraMutes, je souhaite que les
familles qui se trouvent en difficultés et que nous orientons p~ois vers des spécialistes
puissent trouver une écoute professionnelle qui permette une constrUction et non l'inverse.
Vous faites référence à votre appartenance à l'Ecole des Parents et des Educateurs, or,
pour moi qui ais fait intervenir plusieurs fois des professionnelles de l'EPE dans notre

Pour l'instant j'attends d'avoir d'autres garanties avant d'orienter des familles vers
votre organisme départemental. I

Je vous prie d'agréer, Madame, l'expression de mes sincères salutations.
Madeleine DUPUY