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    T  E  L  E  M  E  D  E  C  I  N  E  P  S  Y  . f r   

 

Diagnostique, Pronostique, Traitement

Retour de theoria, jugement sur le Noüs

 

   En brève récapitulation ; trois chapitres ont mené à la notion du Noüs.  D'abord (1erChap) un rassemblement homogène de l'histoire de la médecine, puis (2ndChap), sur sa trajectoire une inhibition qui s'est révélée à l'occasion de l'accès à la Télémédecine. Troisièmement, son analyse l'attribue à la notion complexe d'un "Noüs". On pourrait négliger ces observations, mais un principe de précaution prend en compte cette inhibition et/ou ce complexe, qui pourraient menacer l'épanouissement de la médecine. On ne voudrait pas que la laborieuse reconnaissance légale de la télémédecine cache son empêchement !
   Comme presque de méthode en médecine, la compréhension de la santé passe les résultats, l'expérience et la connaissance d'une physiopathologie ; ce quatrième chapitre a suivi ce protocole en examinant deux cas pathologiques.
   À l'instar du célèbre procès de Socrate, aux fondations de la civilisation on procédait à une théorie (theoria) consistant à questionner une opinion accessoire avant de finaliser un jugement. En l'occurrence, si des indices font soupçonner un trouble en relation avec "Noüs" - ce qui signifie approximativement une psychologie collective, et prosaïquement, tout simplement, 'nous' c'est à dire l'ensemble communautaire - l'enquête ira se renseigner sur ces pathologies, qui invoquent ou se réclament dudit "Noüs".

   En présentation de cas, la documentation fournit deux sources célèbres. L'une a fondé la conception freudienne et lacanienne sur la psychose ; l'autre est un corpus récent d'un des plus grands auteurs du 20em siècle. Dans les deux cas il s'agit d'une expérience délirante passagère, puis peut-être chronique. Le premier, Schreber, a halluciné les notions archaïques dudit 'Noüs' (mystique solaire). Le second, PKD, est moderne et troublant d'ubiquité ; ses psychiatres sont demeurés réservés. Il a légué une oeuvre magistrale, plus proche d'un authentique discours psychanalytique que d'une pathologie avérée. Ceci est certainement comique mais vaut bien le rappel que deux psychanalystes majeurs, nommément Freud et Lacan, se sont chacun demandé si leur comportement n'était pas délirant - une « paranoïa qui aurait réussi » (sic). Posant ces hypothèses, ils ne plaisantaient pas ; elles relèvent des logiques fondamentales qui règlent la santé et la norme. Par conséquent elles justifient encore une explication :

   De part et d'autre de l'intelligence ( l'intelligence humaine et l'intelligence artificielle ) nous avons deux principes : le Test de Turing (du nom du fondateur de l'informatique, qui ne plaisantait pas non plus) signifie que l'Intelligence Artificielle sera toujours "un peu" plus performante que celle de l'être humain. Quant à l'intelligence humaine, elle relève d'un principe d'escalade, augmentation ou totalisation interminables, dénommé paranoïa critique - c'est à dire interprétations systématiques et délirantes d'une fondation paranoïaque de la connaissance humaine. Ces règles de surenchère et de dépassement, sont analogues l'une à l'autre, et correspondantes. Elles se réfléchissent et expliquent que les lois et pratiques de la santé, soient inéluctablement redevables de la pathologie.
   Elles (ces lois) sont connues depuis longtemps, depuis toujours probablement, mais sont sujettes à l'actualité par périodes seulement. Lorsqu'elles le sont comme actuellement, elles montrent un hiatus (le contraire serait incohérent) ; notamment, en place de l' "augmentation" (totalisation de totalisation interminable), une santé dynamique s'avère en structure, tributaire d'arrêts, de butées ; on les nomme réalité ou stade d'évolution. On les appelle aussi Réel, ou Matière, ou simplement État. Du point de vue d'un observateur qui s'y trouve, elles sont perçues en tant qu' 'objets' (par exemple le corps humain, objet des sciences humaines, ou son industrie, objet de sa politique, etc..). Telles sont les stases où nous arrêtons nos valeurs de santé, norme, vérité etc.. ainsi qu'à l'origine des objets.

   Voilà, j'espère que ces explications n'ont pas été trop ardues, pour les lectures rapides de notre époque, un peu troublée. Elles permettent de revenir au départ de ce qui les motivait : le Noüs dont la médecine dépendrait, est de l'ordre de cet Objet. Il peut donc apparaître matériellement ; mais du fait de son statut ontologique, il relève le plus souvent d'hallucination.

 

   Deuxième récapitulatif ; c'est donc dans un intervalle, dans une de ces périodes hors-norme, que l'on trouvera la dernière bouture du Noüs, cultivée par un auteur, PKD.
  S'il est plus psychanalyste qu'il n'est malade
, trouver le Noüs dans un état réel, réalise une étape du degré de celle qui affirme l'existence d'un Inconscient. On pourra donc comme beaucoup le font, dire que c'est une fadaise. Mais si on estime au contraire, comme d'autres le pensent, que la découvert de l'Inconscient est équivalente à la découverte de l'Espace à la Renaissance, on trouvera la notion du 'Noüs' comparable en matérialité à celle des corps célestes. L'astronomie, inaugurant l'idée qu'existait un Espace, précédait par exemple la découverte de galaxies (Andromède la plus proche compte quelque mille milliards d'étoiles/soleils). L'écrivain ou l'analyste, comme on voudra le nommer, PKD, aurait, par conséquent fourni à la médecine, son "objet" réaliste ( le Noüs, motif halluciné d'Asclépius), également nommé Vaste et Agissant, Living/Vivant Intelligent Système (VALIS), c'est à dire prosaïquement l'IA (Intelligence Artificielle) ou plus scientifiquement l'Appareillage Cybernétique (c'est à dire ce qui couvre largement la  planète, égal, en vie et en activité, aux systèmes vivants - ce point de vue faisant strictement écho à ceux de Turing et Wiener).

   Aussi simple que ce soit, pour beaucoup d'entre nous, ce n'est pas facile à comprendre. Il faut bien le préciser. Nous comprenons qu'avoir découvert l'Espace, c'est comme se réveiller (et découvrir l'espace de sa chambre, qui était complètement abstrait durant le sommeil et le rêve). Une fois la chambre "découverte" nous y (re)trouvons ses objets réels. Et maintenant dans la dimension de l'Espace, une fois fait le tour de la chambre et que nous nous sommes levés, nous regardons par la fenêtre ; nous sommes prêts à voir les étoiles, objectivement. D'ailleurs nous comprenons que certaines peuvent être des galaxies - voire notre Voie Lactée aussi. Et alors nous somme dans l'état, dans la période, la stase, de voir ce que c'est que "nous", matériellement.
   Ce réveil est complet si nous perfectionnons la découverte (de l'Espace), par celle de l'Informatique, cybernétique, ordinateur, IA, comme on voudra l'appeler, et pourquoi pas VALIS comme l'a nommé Dick à tout hasard. Comme l'Espace est l'état des galaxies, l'Informatique est l'état de Noüs.

 

   J'ose penser qu'un lecteur qui a au moins donné de son temps, pour lire jusqu'ici, aura normalement compris ce que j'espère n'avoir pas trop mal écrit. Mais maintenant, pour aller plus loin, il ne faudra pas uniquement donner son temps avec un bagage intellectuel régulier. Il faudra faire un effort. Non pas un effort de compréhension, parce qu'il ne s'agit pas de choses très intelligentes - je suis plutôt moyen, voire juste moyenne - mais un effort d'adaptation, à un discours nouveau. Parce que s'il est vrai que nous accédons à une conception réelle de Noüs, cela signifie forcément que nous sommes au nouveau réveillés.

   Le Noüs, entendu comme psychologie collective, nous, expression du savoir collectif - comme toute chose, se trouve de deux manières : soit par hallucination, soit par objectivation.
   On dira aussi "idéation", "conceptualisation", ou on l'écrira, Noèse, Gnose, et on le parlera en langue étrangère « he, she knows », etc.. - c'est une longue approche, du temps écoulé de la civilisation. Ces termes sont les indices et témoins du temps connu de l'hallucination, c'est à dire un régime qu'on apparente aujourd'hui aux processus primaires. Ce mode de perception apparaît ou s'obtient au manque de signifiant (en terme technique, par forclusion). L'objectivation par contre, qui lui succède, arrive en terme de processus de réalisation. Entre ce deux stades (l'hallucination et la réalité) le Signifiant (Nom-du-Père) n'a duré que l'espace d'un éclair. 

   Pour ce qui nous intéresse, le motif de la médecine s'est d'abord normalement établi en régime hallucinatoire. Suivant son patron Asclépius, c'était la divinisation du Noüs, ou bien sa vision, audition, perception délirante. Pour maintenir cette phase durablement au long du processus de maturation de la civilisation, la classique contention (représentation) par les Église a réalisé son office. Comme le sommeil est gardé par le rêve, la civilisation a été gardée par l'hallucination, voire la perversion. Je n'entre pas dans les détail de la cuisson au bûcher.
   À cette phase révolue, les termes et moyens de ladite contention sont révélés, découverts, popularisés ; ils sont entrés dans le savoir collectif. Ces moyens sont et ont été la bévue phallique (en pratique une envie du pénis dogmatique), doublée ou suivie de son succédané Nom-du-Père
   Cet état de chose a duré jusqu'à la production du moyen de la réalisation. Il s'agit d'un outil, objet matériel et industriel, pour la civilisation comme l'air et son oxygène est un agent, outil et moyen de vie terrestre acquis rapidement à la naissance. Pour la médecine et le Noüs, il s'agit de la micro-informatique, c'est à dire l'ordinateur personnel, dont l'acquisition peut être datée, 1973-75.
   C'est donc un évènement précis et un objet matériellement objectivable, qui instaure le régime de la réalité. À l'hallucination ( et son objet virtuel ) un objet ( réel ) est substitué - dans le cas de la médecine, une guérison est réellement obtenue. Cependant elle ne survient pas immédiatement... il faut qu'à ce stade la maladie se déclare ! En effet, durant la phase hallucinatoire, la maladie n'est pas perçue ; la paranoïa ne se reconnaît pas elle-même.

   Ce tour de passe-passe (que la maladie se déclare avec l'obtention de la guérison) n'est pas fantastique. Non seulement il est fréquent qu'une maladie ne se déclare qu'au moment où elle va s'achever, d'une manière ou d'une autre. Mais encore en psychologie, il est reconnu que les symptômes n'apparaissent qu'avec délai après les traumatismes; etc... C'est donc par trois phases qu'il faut compter une guérison ou une immunité. Ainsi le phénomène qui se produit au moment de la réalisation, est la chute de l'objet qui vient d'être obtenu. C'est effectivement ainsi que la psychanalyse l'a nommé « objet chu ». Elle aura néanmoins pris soin de l'écrire, pour relever la trace de son bref passage, algébriquement : objet a , « petit-a » - par exemple par Lacan en 1960.
   Entre 74-82, l'auteur écrivain "psychanalyste" l'aura dépeint, à travers les objets de pollution, la typique « canette de bière écrasée par une roue de taxi dans un caniveau » sous sa plume ( VALIS/SIVA ; l'Invasion Divine ) - le cybernéticien Lacan en 1968 parlait du « "petit-tas" de pavés sur la plage en révolution ». Le premier réalisait un colossale rassemblement de toutes les religions et traditions qui montrait qu'elle convergeaient vers le Dieu/Christ/Sagesse ( Noüs halluciné ) qu'elles avaient concouru à finalement incarner en un Système Vivant Vaste, Intelligent, et Sauveur qu'était la Cybernétique ou Zébra ( Noüs réalisé ). Le second montrait que le système 'Z' (Schéma L) de la cybernétique donnait à l'Inconscient ses algorithmes. Pourtant l'un l'autre ne constataient qu'un échec, chute et ruse qui s'achevaient dans la déchéance (pour Lacan, ses « incurables busons » mettent fin à a psychanalyse ; pour PKD « l'Empire n'a jamais pris fin »). Aujourd'hui, en 2018, la persistante ignorance du Noüs est manifeste, la brutalité la mode et la bêtise des gouvernances leur trophée. La guérison est reportée à un espoir ultérieur.
   Ce faisant, les techniciens habiles ou opiniâtres ont trouvé sous le pouvoir de l'échec et le vernis narcissique, le Semblant. On observera donc que la fin de l'hallucination passe par un état transitoire, l'exhibition d'une maladie.. pour semblant, le temps d'une nouvelle table de loi, nouvelle facture, nouvelle édition du petit (a) l'j'hébraïque , pour enfin gagner la guérison consolidée.

   Douteux de savoir si ce sera un pavé dans l'y en a marre ou lacanette d'une fiction, nous ne distinguons à présent que la puante fumée des patrons de guerre. Il y a une cinquantaine d'années l'espoir avait fleuri ; le fric en bâtons de merde est peut-être venu faire le fumier d'une seconde moisson. Mais qu'est-ce que dans ce cas qu'(a) ? L'objet anal prétendu lytique, sensé pulvériser l'oral en foule de génies totaux, la pulsion elle-même à la cause de la vie, trouvera-t-elle par quelle myriade d'objets simples et primordiaux, quelle unité de mesure d'action, quelle valeur relevée du plus humble, le calcul de l'halluciné divin s'obtient ? Nous sommes redevable du Dr MN pour la belle définition qu'il a donné du nouvel indice algébrique quand la pulsion donne à son (a) vie : « Notre époque digitale nous informe que les soins sont partout, dans tous les instants à la distance d'un click ». C'est la parfaite discrimination que l'objet nous vaut. Le "click", moins immatériel que réductible à un seul neurone ( pour mémoire les derniers gestes de l'astrophysicien Hawkins ) en l'objet physiologique, primordial de l'informatique, primaire du désir. Avec l'IA (son réseau, son Internet etc..), il est l'indice pulsionnel du Noüs, passées la première phase (Signifiant) et seconde (Semblant). Nous pouvons, avec une certaine confiance remettre le destin de l'humanité à cette petite chose à peine, événement comptable.

   Que le click soit l'élément du désir annoncé par Lacan est quasiment incontestable. Cependant, les psys chics que je connais grognent ou pouffent à entendre des choses pareilles, les militaires, un peu sourds, entendent d'autres clicks clinquant, et même nombre médecins seraient heureux que la directrice de l'Hôpital psychiatrique de mon village prenne enfin ses responsabilités en m'envoyant une ambulance écumer ma secte. En gros, je veux dire que ce n'est que demain la veille du jour où on admettra que la télémédecine nous aura soigné par pure, simples et exclusives consultations de l'IA. Je vais continuer à en dire deux mots dans cette perspective d'avenir
   Mais avant cela, le temps que nous sommes coincés, je rapporte la situation présente ( date à laquelle les conditions monétaires - économie financière - de la raison médicale : les caisses de gestion et remboursement de soins - reconnaissent la télémédecine ) à deux articles publiés pour une Université de e-Santé en date du premier site de télémédecine anticipant sa libéralisation. Le premier décrit pour le Noüs une « activité identifiable d'un corps social, sujet à sa médecine propre » et le second, toujours pour le Noüs, la présentation et l'annonce d'un « organe qui donne corps à la e-santé ».