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part II - Gallerie |
Souvenirs de lecteur (du Chap.1 au présent) : ...L'orchestrateur de la littérature SciFi s'est préparé avec un prof. de cybernétique et une amie. Le jeu logique du trio aboutit à lancer sa maison d'édition. Il reste seul à sa tête et commence la fondation de la psychohistoire. Son premier auteur cependant dénote une conception religieuse à l'appui de la science. Par bonheur il pourrait par hasard et involontairement, aider à retrouver la piste du professeur disparu. |
Quand il descendait de l'avion Bjop se souvenait du dernier regard de sa fille par la fenêtre quand il lui dit au-revoir à la porte du jardin. Puis l'avion l'avait pris au passage de la raide buse.
-- Bienvenu à l'À ce Tout digne, la meilleure de toutes les maisons d'édition de science fonction » ventait Stuart à l'adresse du nouveau venu, guidant son visiteur à travers un dédale de couloirs, de cartons et de secrétaires « J'ai connu les plus grands du MIToy, je suis diplômé de la Nuke ; ici j'ai gravi les échelons jusqu'à la direction. Entrez ! Nous allons parler dans mon bureau » continue-t-il entrant une antre uniquement éclairé des nombreux visiophones « Voilà d'où je dirige la plus influente publication de l'avenir de la planète. Ce bureau que vous croyez vrai est une fiction » - timbre en roué de la séduction - « c'est à l'auteur qu'on doit tout » - pire rouette - « À ce Tout digne n'offre que la chance.. d'une diffusion mondiale ! » - publicité bien roulée - « Assoyez-vous, il paraît que vous êtes venu parce que vous êtes perdu. Qu'apportez-vous qui va devenir un succès historique ?
L'homme fébrile tend un manuscrit
parfaitement paginé. Une copie identique en est déjà parvenue de Norvège à Stuart.
Stuart n'en dit rien sans savoir.
-- C'est l'histoire de quelqu'un qui a un double
cerveau » dit l'écrivain en cherchant sa forme dans le fauteuil.
-- Je suis sûr que c'est passionnant. Un vrai-jumeau
soudé, mais pas juste au bassin, soudé jusqu'aux oreilles je suppose » vazouille Stuart en faisant le niais. Il se demande quel est le vrai du faux
manuscrit et pourquoi cet homme parle de double « Vous êtes bien
Bjop n'est-ce pas ?
-- Prononcez Biop, comme avec un " bi "
-- Je m'en serai douté !
-- Oui ! mais pas des jumeaux - c'est
plutôt l'idée que
l'être humain est normalement équipé d'un double cerveau
10 mais que les
nécessités de développement du premier inhibent le second
» et Bjop déballe son écrasant scénario « cependant
que si on
aménage la condition de développement dudit premier en réduisant son
besoin énergétique, le second peut se développer en bénéficiant de l'économie
gagnée. » (du STAF il avait
réalisé que pour le grand public lecteur du Mûr, il fallait faire simple)
-- Je persiste à croire que c'est une histoire
de jumeaux, une histoire d'opposés, c'est l'un et pas l'autre » objecte Stuart à son habitude d'élever ses auteurs vers des solutions
avancées.
-- Non ! C'est le même, pour signifier la partie embryonnaire de sa
partie seconde, le premier cerveau se fabrique une religion et c'est une
religion monothéiste. Il y en a plein comme ça !
Stuart se lève et chancelle ; il ne s'attendait pas à
quelqu'un qui lui résiste de but en blanc mais surtout, de la religion vient-il juste de sortir avec Hapi
! Cette fois, s'il ne s'en débarrasse
pas sur le champ, il craint de finir dans
les Ordres..
-- Le succès de la maison tient au fait que je conseille mes
auteurs » commence-t-il posément « Certains prétendent que je les
dicte, c'est très exagéré ; simplement je les
oriente de manière à ce que leur génie puisse s'exprimer en toute liberté. Je veux dire libérés d'eux-mêmes. En l'occurrence je
serai votre éditeur et vous introduisez votre roman par le null
» ( avec cet hurluberlu, Stuart n'hésite pas à prescrire une
élucubration ) « Vous avez de l'idée j'en suis certain, mais une
idée sans une bonne direction n'est rien. Et puis arrêtez de chercher quelqu'un, je vous ai trouvé.
Trouvez votre place et cessez de remuer. Êtes-vous d'accord avec mon offre ?
-- Le null est dans mes cordes
» répond Bjop à la grande surprise de l'éditeur « mais je dois dire que
nuller mon histoire me
pose un problème. Je ne suis pas convaincu que le lecteur cherche ce qu'on ne
trouve pas.
C'est inattendu. Normalement il aurait
dû répondre « mais qu'est-ce que c'est le null ? » ou bien « le
Null est terrifiant ! » et l'autre
aurait répondu « ne vous inquiétez pas, je vous aiderai ». Changement
de programme donc - l'homme se pique d'abstraction ; Suart s'ajuste promptement :
-- Bien au contraire » fait-il, comme
s'il parlait à une vieille connaissance « nous
savons que nos lecteurs sont tournés
vers la science par un intense besoin de nouveau et de nouvelles façons
de penser. L'être humain est curieux, non par nature, mais par mature. Les
foules aujourd'hui sont gonflées et les citoyens sont mûrs. Ils veulent tous savoir ce
qu'ils ne savent pas ! C'est une évidence que s'ils
tombent sur quelque chose qu'ils ne comprennent pas, ils seront enthousiasmés de
partir d'un pas certain vers l'avenir.
-- Mais le null est difficile à acquérir !
» réitère Bjop avec une écrasante assurance « On se
souvient comme
le zéro fut difficile ! la grande désillusion de l'an mille quand
on venait de découvrir le chiffre nul ; trois d'un coup et même avec un seul ' l '
; le Pape qui écrivit " 1000 " fut accusé de sorcellerie » puis il continue comme s'il
savait tout « Fraud a détecté une logique synaptique n'admettant pas la
négation - il y a toujours des hormones - on
oppose facilement des 'moins' au lieu de 'riens' ; résultat le méchant est le
bon ! Comme ça on pense. Mais si le null ne dit rien
au lecteur, comment pouvez vous espérer qu'il va savoir que ça lui parle ?
L'éditeur se recule en grimaçant comme on le fait face à un trou noir. Ce Bjop prend le null au sérieux ! Alors que lui, Stuat, s'en sert pour l'esbroufe ; il emploie le Null c'est une fiction, comme Oedipe est un mythe, immatériel comme les machines hiéronymiques qu'il affectionne. Il voulait montrer à Bjop combien les camouflages de la science fonction lui sont transparents ! et l'autre lui répond qu'il les voit sustraités mais solides comme des hormones . Il atteint un secrétaire mural ; tâtonne un tiroir derrière son dos. Bjop croit comprendre que le Mûr est en guerre et qu'il va sortir un pistolet. Mais ce n'est qu'une carte de visite qu'il tire et fourre en un éclair dans sa poche. L'instant suivant il revient avec un calme olympien vers l'auteur. C'est un lion qui toise son interlocuteur.
-- Espérez-vous me donner des leçons ? » sifflote Stuart qui, mine de rien, tremble (intérieurement) à l'idée de se trouver
devant un véritable null.
-- Non ! seulement vous voulez me faire
ré-écrire mon roman » dit Bjop
Stuart est dérouté. Est-ce qu'il s'est emballé ? A tout hasard
il tâtonne « Et comment espérez-vous titrer votre
oeuvre ? »
-- J'avoue que ça va être difficile,
typographiquement » répond Bjop embarrassé « il
faut mettre une barre dessus : Mon deux d'
A
35 - parce que les deux cerveaux de mon héros
proviennent de son exil du Null.
L'angoisse saisit à nouveau Stuart ; il tente un piège « Mais rassurez-moi, vous savez que le Null
n'existe pas ? » et Bjop à nouveau le déconfit « Donc
la question ne se pose pas ». C'est au tour de ce dernier de
reprendre la main. Pour savoir s'il faut que l'autre sache sa part de Null
il demande franchement « Vous suspectez
l'existence du Null ?
-- Pas du tout » répond
Stuart sur ses gardes « mais je m'intéresse à
l'introduction d'idées dans l'opinion quand elle n'en a pas idée - au
catalogue des négations : des opposés, des inhibés, des nuls et des zéros
schémas, des niés et des antis, aux barrés et aux disparus,
je me souviens d'un Lapan qui inventa la barre oblique. Cependant quand il
la mit au-dessus, il n'osa rien en dire
40 tant on sait que
le Null n'existe. Il n'ajoute qu'une commodité. C'est une fiction utile au politicien pour
tout dire en l'air de rien. Mais c'est la pire des difficultés pour un
éditeur des sciences ; il doit faire semblant d'en avoir besoin pour parler
de ce dont il n'y a aucune idée.
-- Ce n'est que
de là que peut venir un homme au cerveau double, sans quoi chacun serait
le cerveau de l'autre, donc en conflit » ajoute Bjop qui voit plus large :
« Mais ce
double d' A n'est pas épargné de problèmes ; il doute toujours de
sa conduite. C'est pourquoi je pense
qu'une machine lui est nécessaire » continue-t-il comme s'il
parlait à lui-même « car son embarras avec ces deux
cerveaux en souligne un que les cerveaux singuliers éprouvent sans le vouloir
savoir : l'embarras de douter, du fait de l'opposition systématique que la
découverte de la négation génère.
-- Vous n'exagérez pas un peu ?
-- Pas du tout
» affirme Bjop «
Les cerveaux singuliers sont en conflit
les un avec les autres. C'est tellement universel qu'ils ne peuvent pas ne pas
douter d'eux-mêmes ; quel bonheur pour la propagande ! tandis qu'avec deux cerveaux
le doute est positif. Ce douteux constate qu'il a besoin d'une prothèse sans plus de complexe que ses ancêtres
quand ils ont constaté par rapport aux oiseaux qu'ils avaient besoin d'un
appareil pour voler. Comme pour voter par conséquent.
À l'idée du vote introduite Stuart
frissonne. Ne viennent-ils pas de parler du Null et maintenant de la
psychologie collective, du
n à laquelle Neiwer
l'avait laissé suspendu
? Il s'empresse de donner sa solution :
-- Pour gouverner sa conduite, votre homme cherche
donc une machine à
gouverner.
Nous l'ajouterons dans votre roman. Je vous approuve totalement. Je connais
cette machine » répond-il avec grandeur « Avec
elle un individu canalise l'éloptique comme une aimant se dirige vers un pôle.
Mais on prétend que le principe ne fonctionne pas en masse...
-- Vous parlez de l'hiéronyme, je suppose,
mais personnellement je parle d'appareil aristotellicien. L'éloptique traite de la matière qui n'est
pas matérielle.
Cela donne forcément l'idée de parvenir à une dématérialisation en en
partant. Le su sidère aussi disant si tu ne vois pas ce
qui nie, nie !
Stuart est stupéfait - l'homme continue à parler avec une
assurance désarmante de ce dont il se sert comme d'un botte secrète pour conquérir ses
plus hauts horizons.
-- On a même imaginé le non-aristotellicisme comme
le moyen le plus sûr de dématérialiser ce que l'anti-matière n'arrive pas à
saisir..
-- À ce point là..
-- Et justement ! ça ne marche pas » dit Bjop
encore sous le choc de la glissade sur l'eau lourde qui l'a éjecté du STAF,
métapulté pour atterrir en nam
carné
« on réalise qu'il n'y a
rien de plus nul que soi-même. On arrive alors par défaut à estimer que la preuve la plus
probable de ce qui n'est pas, c'est notre corps.. notre corps qui n'est qu'hors.
Stuart est envahi d'un grand calme. Tout ce qu'il a escompté de
la dématérialisation est anéanti - réduit à une idée vaine devant un neu-vivant qu'hors. Le
null ne serait qu'à l'hors. Ce serait donc si simple ! Et tout ce temps
perdu avec les alibis et les placebos ! Mais alors..
-- Vous parlez avec légèreté, tant que le
null déjà ne se pose plus, c'est trop facile. Mais j'accepte. Il va cependant
falloir ajouter quelque chose : vous
avez deux cerveaux et du coup deux corps dont l'un qu'hors ; c'est un clone
qui doit occuper ce qui n'est qu'hors.
-- Vous avez oublié la machine » rappelle imperturbablement Bjop
« un corps avec deux
cerveaux qui doutent est impuissant. Il lui faut une machine réelle, qui, elle,
fonctionne en masse. Il lui faut donc être accompagné d'une machine à
gouverner la psychologie collective, comme vous l'avez dit.
Cette fois Stuart profite de la faille « Nous
l'avons déjà dit ! c'est juste ; on voit bien que l'on parle de deux cerveaux
» sourit-il ironique et il ajoute en écrivant sur une liste :
-- On rajoutera une machine. Ce qui nous fait : a) Deux cerveaux, b) un
petit peu de null, c) une machine à
gouverner, d) un corps, e) un clone..! Et quoi encore ?.. Je vais vous dire, moi, à vous
Monsieur-je-sais-tout, mes lecteurs n'accepteront ça que si vous l'envoyez au bout
du monde. Alors pourquoi pas f) et la mettre sur Vénus
votre machine ?
À nouveau Bjop est déconcertant. Il est encore
d'accord ; il propose même de nommer sa politique " Vénuzâge ". C'est à croire
qu'il n'a aucun sens des réalités. Les puissantes ressources de dépassement
qui font l'orgueil de Stuart, sont dépassées. À l'extrémité à laquelle il
l'a poussé Bjop est toujours d'accord et donc ne dit rien ; on le dirait anéanti
mais pour lui tout va bien.
-- On le sauvera, votre roman » dit
Stuart bon père dans la déroute « vous sembliez oublier
que sans autre partenaire que la machine, votre corps qu'hors ne servirait à
rien.
Comme Vénus ramène au bon usage du désir, je suggérais ce
monde lointain » conclut-il en sauvant sa mise « et
nous donnons une déesse vénusienne à ce vain usage.
-- Mais nous avons un problème » dit Bjop
sans réaliser que Stuart est à bout.
-- C'est ce que je me disais depuis que vous êtes
entré » répond l'éditeur.
-- Une "machine à gouverner la psychologie
collective".. c'est très proche de la propagande.
Stuart inspire un grand coup « vous allez
sans doute me dire qu'il y a deux propagandes ! comme il y a deux cerveaux et
que l'électeur hors du consommateur..
-- Oui, oui » interrompt Bjop toujours affirmatif
« par exemple l'opinion et le consentement, ou la publicité
et l'information .
On traite facilement ces suces-idées par ni-ni.
-- Et où est le problème ?
-- Il n'y en a plus, on vient de le dire. Puisque
nous avons deux propagandes, la machine à gouverner n'est ni l'une ni l'autre.
Ni pas-A
ni non-A, mais l'A pareille. D'où l'heure exquise où la masse aura l'anti pour
"A voté!"..
L'éditeur n'en veut plus plus. S'il dit que la masse au ralenti
pourra voter, il a trouvé
quelqu'un à son auteur ; ce ne sera pas un doublon de cerveau, mais le
rouleau compresseur d'une démocratie. Rapporter la douleur au temps, c'est
dépasser la religion d'autant. Il faut qu'il s'en
serve pour convaincre Apimof.
-- Enfin !À côté des machines à
nie-que , l'intelligence artificielle qui pas-nie que ce soit avec son gouvernement universel, il reste le problème individuel des doux leurres
dont l'alibi dit " ne " » conclut-il en signant
"contrat" sous la liste « il faut
que vous rencontriez notre célèbre partenaire et confrontiez votre
appareillage à sa solution de la robotique.
-- Ce ne sera pas compliqué » agrée l'innocent
« distinguer la propagande de la psychohistoire,
c'est faire l'économie de la religion
Stuart qui venait de mettre sa main à sa poche pour tirer
la carte de visite, est arrêté d'une crampe. Il souhaiterait avoir un
désintégrateur dans le fond ; voilà que l'autre maintenant lui parle de psychohistoire !
-- Récapitulons : nous avons dit que ce que nous
cherchons tous, et dont nous ne savons rien, doit être comme pris négativement. Pour
cela il y a une propagande qui nie simplement les choses, qui les censure et les
met au secret, avec un mensonge en prime qu'elle se charge de faire passer pour
placebo. Il y a l'alternative qui met en premier le placebo, prétendant diriger
avec un semblant. Nous avons ajouté qu'une machine pouvait très bien
prendre en charge ces deux négations ; mais comme elle, elle ne peut être duplice, elle performe avec exactitude la nullation
de se faire pareille.
Bjop cette fois ne dis rien. C'est donc ce qu'il pensait. Sa
machine ne fait ni beau ni semblant mais elle rend la pareille. Et sur cette mise au point l'éditeur donne son idée :
« C'est pourquoi je vous suggérais l'éloptique.
La machine de Hiéronymus sur papier répond aux exigences ni-ni ; ni
information ni publicité, elle répond à la loi que de la connaissance
résulte un su si d'erre. Mais en sus elle laisse sur place votre pareil
qui n'empêchera jamais les citoyens de faire semblant si ça leur chante. Cette
machine à gouverner par la pareille n'offre aucune force de résistance. Au nom du semblant, elle n'a aucune chance contre la chose qui procède
par dématérialisation.
Stuart a pensé marquer un point, mais Bjop va toujours bien et répond :
-- Qu'elle concourre au null ne prête pas la
machine au niveau de la dématérialisation. Votre ascèse littéraire et votre
contentement des schémas sont suspects ; c'est sa définition : le null
n'est démontrable que lorsqu'il n'a pas lieu. Il est prouvé que le nirvana ne
peut pas s'atteindre sur papier. Par contre, la pareille d'un pluriel massif ne
change rien - c'est toujours aussi pluriel et massif.
-- Vous cherchez l'hyper-matérialité..
-- Moi je ne sais pas, mais en gouvernant un corps
qu'hors on doit se demander si la machine n'offre pas l'alibi du placebo.
Le vent chaud du désert du souvenir l'emporte des années en
arrière, Stuart n'a pas pu retenir Bjop de dire encore ce qu'il cachait en
pensant : " Nathalie qui dénonce Dernays, sa victoire sur Neiwer et Donna qu'il
attend des heures ". Il a joué avec le feu et sa paranoïa s'enflamme. Puisque Neiwer n'est plus recherché,
Donna est sa complice et il lui ont envoyé une torpille de null. Bjop croit
comprendre qu'il est normalement comme ça et tente une déduction excédante :
-- Ce qu'en fin de compte il reste à se demander,
c'est pourquoi elle n'arrive à produire que des consommateurs
80 ?
Chaque fois
que l'insaisissable Bjop change de place, Stuart change de sens. Il y a encore vingt
mots, il sombrait persécuté - voilà qu'en une pensée il brille pour s'écouter ;
il se remémore du phyziocc de Nath comme du pur sûr et pense que l'autre confond la
machine et l'homme.
-- Ça revient à interroger celui qui a mis en scène l'alibi ?
-- Absolument ! » confirme un Bjop
égal « je parle de Fraud qui a mis en jeu l'
alibi . Tant qu'elle sourd du secret
ou même du placebo, l'objectivation est
toujours placebo.
Stuart est encore dérouté, Bjop fait appel à Fraud qu'il associe
au null comme Nathalie l'avait fait. C'est une
nouvelle fenêtre que s'ouvre. Il lance un autre point : « Fraud,
j'en
étais sûr ! Le grand homme qu'il aura fallu démonter en trois
morceaux pour qu'il passe
85 . Mais s'il a suffisamment déchiffré l'alibi, quel est le démon qui fait le placebo de la propagande ?
-- C'est évidemment Dernays
Le point de Stuart est encore une fois passé au travers. Il
croirait entendre parler Nathalie, en suivant Bjop il va forcément retrouver
Donna. Il ne lui reste que le dernier point à lever, il jette ses gants « Je dois vous demander d'où vous tenez tout
ça
-- C'est dans la Sémantique
Générale » répond naturellement Bjop étonné de la question ; Stuart emporté par son élan continue
:
-- Dernays est un parent complexé de Fraud qui, lui,
était complexé du frère de sa femme qui avait épousé sa
sœur (à lui Fraud), c'est à dire la mère de Dernays
(sa soeur) »
il s'agite, des mains parlant en signes linguistiques, et les yeux
roulant en chiffrant la mémoire « en mission à
la Conférence de la
Paix, ce double avunculaire savait qu'on pouvait militariser une population
facilement, mais que le conditionnement s'amortit. Les gens n'ont plus de sang au bout
d'un moment ou bien n'ont plus de nerf. Or Dernays apprenait qu'une science fonction
suggérait de rester en guerre
jusqu'en 1984
90 - date après
laquelle ce ne
serait plus un réflexe mais une habitude » et il conclut la solution qu'il n'avait pas
trouvé en son temps : « En même temps son oncle
étudiait les traumatismes et, en cherchant son alibi (à
lui son oncle), il lui avait renvoyé (à lui son neveu) un placebo : une psychanalyse inactive. Il
s'empressa de la développer.
Cependant Bjop fait preuve d'une neutre constance à côté de
l'agitation de l'autre : « Mais je ne comprends
pas toujours pas comment dans ce cas,
sinon des
électeurs ,
cette psychanalyse produit des consommateurs au lieu de
militaires.
En revenant à Nathalie, Stuart approche enfin du null. En puisant à la théorie dont l'autre
dit qu'il tient, il comprend que Dernays connut cette Sémantique que la pataphysique gardait à
Piras dans des pare-chemins de travers. L'envahisseur les avait dématérialisés
mais des versions éloptiques avaient spontanément surgi qu'il avait fallu inactiver :
quand il revint à la Maison Rose Dernays fit rapidement
accrocher aux murs des salons des tableaux du président fumant la pipe en
expliquant aux stagiaires « Ceci est une pipe
Monique
». Stuart qui connaît parfaitement la séquence la relate à Bjop qui confirme
:
-- C'est
certainement la Sémantique Générale qui explique que le mot nique - la
Linguistique Générale se contente d'affirmer que le mot que rate
»
-- Chez moi on dirait " ..que le mot ne rate que
" mais nous n'allons pas chipoter pour dire qu'il y a tant d'échec dans la
langue qu'autre chose sera nécessaire pour gouverner les peuples scientifiques.
-- La machine n'est pas la chose - ce qu'on ne peut
pas écrire " la machine = la
chose " mais " la carte = la
chose " » répond en effet Bjop automatiquement.
Pour Stuart l'affaire est dans le sac. Il ne reste plus qu'à
mettre en rapport ses deux auteurs, le bouillant et le bafouillant. Il refouille sa poche en lui racontant l'histoire
: à force de parler de
robots Hapi a reçu un carnet d'un mystérieux correspondant mathématicien.
-- Ça ne l'a mené nulle part, ce n'est donc
certainement pas le territoire mais c'est peut-être la carte » ajoute-t-il pour le convaincre de lui rendre visite.
C'est ce qu'attendait Bjop ! Il a compris que Stuart n'avait rien à lui
apprendre sur son doublon, mais tout indique que c'est le nam de Neiwer que
l'autre détient. Il signe au bas de la liste le contrat de l'éditeur et
accepte avec empressement une rencontre avec le roboticien.
-- Allez le voir il habite sur la Nouille aux Requins
» dit Stuart en lui tendant la carte de visite de Hapi.
notes
10 : une théorie du double-cerveau - a généralement présidé au 20em siècle , expliquant la distinction du cerveau pensant dans le cours de l'évolution des espèces et la phylogénèse. Occasionnellement une théorie de trois cerveaux, végétatif, reptilien, et cortical. On assiste également à partir du 21em siécle à la description d'un cerveau viscéral (neurones intestin) voire bactérien (anciennement : flore intestinale). A.E.vVogt dans son roman Monde des A dote son héros dénommé Vabien, de deux cerveaux - c'est à dire typiquement moderne.
35 : Le Monde des A 1945/A.E.vVogt traduction 1953/B.Vian - met en scène un héros, Vabien, découvrant à l'âge adulte qu'il ne sait qui il est ni d'où il vient (la personne qu'il croyait être n'a jamais existé). Cette révélation se présente lors d'un test d'évaluation par une machine à gouverner. Cette machine gouverne la planète Terre mais aussi Venus. Il découvre qu'il a un cerveau double et que sa vie peut être raisonnée à partir de la sémantique non-Aristotellicienne. L'explication de cette aventure est donnée quand il apprend qu'il fait partie d'une série de clones.
40 : Un historique de la barre du lacanisme recense a) son origine de séparation du Signifiant du signifié selon le linguiste F.deSaussure, suivie de b) sa disposition oblique l'indiquant franchie par la psychanalyse - à l'image de l'oblique du Z de la formule L (1950) , jusqu'au bord topologique d'un Moëbius. Toutefois Lacan l'emploie " au-dessus " à partir de 1971 sans précaution préparatoire ni mention d'aucun historique, l'empruntant aux usages mathématiques de son temps (pour signifier la négation, notamment du quantificateur ou quanteur). Cette rupture dans ses manières suscite un rappel : cet emploi du sustrait se trouve à partir 1899 - et suggère deux remarques : la "barre au-dessus" ( 'sustrait' ) assigne ce qu'elle surmonte au statut de signifié (si on suit l'imagerie saussurienne). On peut comprendre que Lacan prit du temps avant de s'en embarrasser. Secondement et plus symptomatique, le sustrait interpellait farouchement le lacanisme en 1950 ; qu'il l'ignorât explique encore plus vivement son embarras de 1971 quand il cède à l'obligation de l'employer. Le choix de l'ignorance à cette époque emportait la décision de ne jamais mentionner la Sémantique Générale qui faisait grand bruit dans son milieu parisien et surréaliste d'après-guerre - ne serait-ce que de la traduction du Monde des A de VonVogt par Boris Vian.
85 : Le premier Fraud - S.Freud - traite de (la négation) du drog (à l'alibi des cigares), le second de (la négation) de la propagande (qui a détourné le premier en placebo), le troisième de (la négation) de l'histoire (en instrumentant la psychohistoire) - note : il y a deux troisièmes dont l'un - A.Verdiglione - traite (de la négation) du chiffrage (que le second avait arrêté au semblant - de J.Lacan)
80 : La proximité de Stuart du délire s'analyse ou s'explique par la démonstration de Fraud.1er que Nathalie a conclue. Fraud ayant posé l'ébauche sur la table d'examen, lorsque Nathalie a observé sa relation avec son neveu, elle s'est rendu compte que Dernay avait absorbé ou confondu sa caractérisation de l'homme au pouvoir avec les présidents dont il devenait le publicitaire - le propagandiste qui allait se faire appeler de la relation publique. Mais Fraud en analysant le président S avait pris pour cible une défense au lieu de la chose - comme la démonstration inverse de l'hypothèse null. La présidence n'avait plus d'expression que sa production - en l'occurrence des « hommes bâclés à la 642 » dont Dernays « intellectuellement aveuglé » allait faire ses consommateurs. Bjop cherche encore à comprendre une seconde propriété de la démonstration : l'identité du "Président" avec la machine alors que l'expérience de S l'affirme avec La femme
90 : Publication en 1949 par G.Orwell / science fonction de Big Browser
20140625225800
annoncé sur
site-cabinet-DWT
Enregistrement vidéo du commentaire / DWT sur Lascène.Chap.11
index chronographique :
03:07:16 vonVogt/Bjop
& Campbell/Stuart
00:14:47 Le SUSTRAIT annulateur 00:28:45 détail du CHAPITRE 11 00:47:30 SUSTRAIT et BARRE transitive |